Histoire naturelle (Buffon)/Tome 32/Du chat
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Addition à l'article du chat
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J’ai dit à l’article du Chat (Volume VI, page 9), que ces
animaux dormaient moins qu’ils ne font semblant de dormir. Quelques personnes ont pensé, d’après ce
passage, que j’étais dans l’opinion que les chats ne dormaient point du tout. Cependant je savais
très-bien qu’ils dorment, mais j’ignorais que leur sommeil fût quelquefois très-profond ; à cette
occasion j’ai reçu de M. Pasumot, de l’Académie de Dijon, qui est fort instruit dans les différentes
parties de l’Histoire Naturelle, une lettre dont voici l’extrait :
- Permettez-moi, Monsieur, de remarquer que je crois que vous avez dit au sujet du chat, qu’il ne dormoit point. Je puis vous assurer qu’il dort, à la vérité il dort rarement, mais son sommeil est si fort, que c’est une espèce de léthargie. Je l’ai observé dix fois au moins
[115] sur différens chats. J’étois assez jeune quand j’en fis l’observation pour la première fois. De coutume je couchois avec moi, dans mon lit, un chat que je plaçois toujours à mes pieds ; dans une nuit que je ne dormois pas, je repoussai le chat qui me gênoit. Je fus étonné de le trouver d’un poids si lourd, et en même temps si immobile, que je le crus mort ; je le tirai bien vîte avec la main, et je fus encore tout aussi étonné en le tirant de ne lui sentir aucun mouvement. Je le remuai bien fort, et à force de l’agiter, il se réveilla, mais ce fut avec peine et lentement. J’ai observé le même sommeil par la suite et la même difficulté dans le réveil. Presque toujours c’a été dans la nuit. Je l’ai aussi observé durant le jour, mais une seule fois à la vérité, et c’est depuis que j’ai eu lû ce que vous dites du défaut du sommeil dans cet animal. Je n’ai même cherché à l’observer qu’à cause de ce que vous en avez dit. Je pourrois vous citer encore le témoignage d’une personne qui, comme moi, a souvent observé le sommeil d’un chat, même en plein jour et avec les mêmes circonstances. Cette personne a même reconnu de plus, que quand cet animal dort en plein jour, c’est dans le fort de la chaleur, et sur-tout lors de la proximité des orages.
M. de Lestrée, négociant, de Châlons en Champagne, qui faisoit coucher souvent des chats avec lui, a remarqué :
- 1.º Que dans le temps que ces animaux font une espèce de ronflement, lorsqu’ils sont tranquilles ou qu’ils semblent dormir, ils font quelquefois une inspiration un peu longue, et aussitôt une forte expiration, et que dans ce moment ils exhalent par la bouche une odeur qui ressemble beaucoup à l’odeur du musc ou de la fouine.
- 2.º Quand ils aperçoivent quelque chose qui les surprend, comme un chien ou un autre objet qui les frappe inopinément, ils font une sorte de sifflement faux, qui répand encore la même odeur. Cette remarque n’est pas particulière aux mâles, car j’ai fait la même observation sur des chattes comme sur des chats de différentes couleurs et de différens âges.
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Voir aussi
- Sources
- version originale
- rééditions