Histoire naturelle (Buffon)/Tome 32/Du chat

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Georges-Louis Leclerc de Buffon
Histoire Naturelle (1749)
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Addition à l'article du chat

Buffon Hist Nat E.O. Tome 32 f164.jpg[114] J’ai dit à l’article du Chat (Volume VI, page 9), que ces animaux dormaient moins qu’ils ne font semblant de dormir. Quelques personnes ont pensé, d’après ce passage, que j’étais dans l’opinion que les chats ne dormaient point du tout. Cependant je savais très-bien qu’ils dorment, mais j’ignorais que leur sommeil fût quelquefois très-profond ; à cette occasion j’ai reçu de M. Pasumot, de l’Académie de Dijon, qui est fort instruit dans les différentes parties de l’Histoire Naturelle, une lettre dont voici l’extrait :

Permettez-moi, Monsieur, de remarquer que je crois que vous avez dit au sujet du chat, qu’il ne dormoit point. Je puis vous assurer qu’il dort, à la vérité il dort rarement, mais son sommeil est si fort, que c’est une espèce de léthargie. Je l’ai observé dix fois au moins Buffon Hist Nat E.O. Tome 32 f167.jpg[115] sur différens chats. J’étois assez jeune quand j’en fis l’observation pour la première fois. De coutume je couchois avec moi, dans mon lit, un chat que je plaçois toujours à mes pieds ; dans une nuit que je ne dormois pas, je repoussai le chat qui me gênoit. Je fus étonné de le trouver d’un poids si lourd, et en même temps si immobile, que je le crus mort ; je le tirai bien vîte avec la main, et je fus encore tout aussi étonné en le tirant de ne lui sentir aucun mouvement. Je le remuai bien fort, et à force de l’agiter, il se réveilla, mais ce fut avec peine et lentement. J’ai observé le même sommeil par la suite et la même difficulté dans le réveil. Presque toujours c’a été dans la nuit. Je l’ai aussi observé durant le jour, mais une seule fois à la vérité, et c’est depuis que j’ai eu lû ce que vous dites du défaut du sommeil dans cet animal. Je n’ai même cherché à l’observer qu’à cause de ce que vous en avez dit. Je pourrois vous citer encore le témoignage d’une personne qui, comme moi, a souvent observé le sommeil d’un chat, même en plein jour et avec les mêmes circonstances. Cette personne a même reconnu de plus, que quand cet animal dort en plein jour, c’est dans le fort de la chaleur, et sur-tout lors de la proximité des orages.

M. de Lestrée, négociant, de Châlons en Champagne, qui faisoit coucher souvent des chats avec lui, a remarqué :

1.º Que dans le temps que ces animaux font une espèce de ronflement, lorsqu’ils sont tranquilles ou qu’ils semblent dormir, ils font quelquefois une inspiration un peu longue, et aussitôt une forte expiration, et que dans ce moment ils exhalent par la bouche une odeur qui ressemble beaucoup à l’odeur du musc ou de la fouine.
2.º Quand ils aperçoivent quelque chose qui les surprend, comme un chien ou un autre objet qui les frappe inopinément, ils font une sorte de sifflement faux, qui répand encore la même odeur. Cette remarque n’est pas particulière aux mâles, car j’ai fait la même observation sur des chattes comme sur des chats de différentes couleurs et de différens âges.

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De ces faits, M. de Lestrée sembleroit croire que le chat auroit dans la poitrine ou l’estomac quelques vésicules remplies d’une odeur parfumée, qui se répand au dehors par la bouche ; mais l’Anatomie ne nous démontre rien de semblable. Nous avons dit (volume VI, page 14) qu’il y avoit à la Chine des chats à oreilles pendantes ; cette variété ne se trouve nulle part ailleurs, et fait peut-être une espèce différente de celle du chat, car les Voyageurs parlant d’un animal appelé Sumxu, qui est tout-à-fait domestique à la Chine, disent qu’on ne peut mieux le comparer qu’au chat avec lequel il a beaucoup de rapport. Sa couleur est noire ou jaune, et son poil extrêmement luisant. Les Chinois mettent à ces animaux des colliers d’argent au cou, et les rendent extrêmement familiers. Comme ils ne sont pas communs, on les achette fort cher, tant à cause de leur beauté, que parce qu’ils font aux rats la plus cruelle guerre[1].

Il y a aussi à Madagascar des chats sauvages rendus domestiques, dont la plupart ont la queue tortillée, on les appelle Saca ; mais ces chats sauvages sont de la même espèce que les chats domestiques de ce pays, car ils s’accouplent et produisent ensemble[2].

Une autre variété que nous avons observée, c’est que dans notre climat, il naît quelquefois des chats avec des pinceaux à l’extrémité des oreilles. M. de Sève, que j’ai Buffon Hist Nat E.O. Tome 32 f169.jpg[117] déjà plusieurs fois cité, m’écrit (16 Novembre 1773) qu’il est né dans sa maison à Paris, une petite chatte de la race que nous avons appelée Chat d’Espagne, avec des pinceaux au bout des oreilles, quoique le père et la mère eussent les oreilles comme tous les autres chats, c’est-à-dire sans pinceaux, et quelques mois après les pinceaux de cette jeune chatte étoient aussi grands, à proportion de sa taille, que ceux du lynx de Canada.

On m’a envoyé récemment de Cayenne, la peau d’un animal qui ressemble beaucoup à celle de notre chat sauvage. On appelle cet animal Haira dans la Guiane, où l’on en mange la chair qui est blanche et de bon goût ; cela seul suffit pour faire présumer que le haïra, quoique fort ressemblant au chat, est néanmoins d’une espèce différente ; mais il se peut que le nom haïra soit mal appliqué ici, car je présume que ce nom est le même que taïra, et il n’appartient pas à un chat, mais à une petite fouine dont nous avons parlé volume XV, page 155.

Notes de l'article

  1. Journal des Savans, tome I.r in-4.º page 261.
  2. Voyage de Flacourt, page 152.

Le début en facsimilé

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Voir aussi

Sources