Zèbre (Larousse - G.D.U. XIXe siècle)

De Wicri Animaux
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Cet article est extrait du Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle.

Il reprend l'article Zèbre

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L'article

Partie dictionnaire

ZÈBRE substantif masculin (zè-bre).

Mammifère.

Espèce de cheval sauvage, dont le corps est rayé de bandes noirâtres transversales  :

  • Le zèbre est peut-être de tous tes animaux quadrupèdes le mieux fait et le plus élégamment vêtu. (Buff.) [1]
  • Il semble que la nature ait employé la règle et le compas pour peindre la robe du zèbre. (Buff.)
  • le zèbre a mérité l'admiration de tous les voyageurs. (V. de Bomare.)[2]
Ichthyologie
Nom vulgaire d'un poisson du genre chétodon.
Nom vulgaire d'un poisson du genre pleuronecte qui vit dans les mers de l'Inde.
Mollusque
Nom vulgaire d'une coquille du genre casque.

Partie encyclopédique

Mammifère

Le zèbre est intermédiaire, pour la taille, entre le cheval et l'âne; il en est de même pour la longueur des oreilles, de la tète et du cou. Il a six incisives à chaque mâchoire, le bout du maseau blanc, la crinière courte, les jambes déliées et bien proportionnées, les pieds et les sa-bots assez semblables à ceux du mulet, la queue terminée par une touffe de longs poils. Mais ce qui caractérise surtout cet animal, c'est son pelage, fauve chez le mâle, blanchâtre chez la femelle, marqué de bandes transversales noires, disposées avec tant de régularité et de symétrie, qu'on dirait qu'elles ont été tracées au compas, En effet, dit V, de Bomare, ces bandes alternatives sont d'autant plus singulières qu'elles sont étroites, parallèles et très- exactement séparées, comme dans une étoffe rayée  ; que d'ailleurs elles s'étendent non seulement sur le corps, mais sur la tête, sur les cuisses et les jambes, et jusque sur les oreilles et la queue  ; elies suivent les contours du corps et en marquent si avantageusement la forme qu'elles en dessinent les muscles, en s'élargissant plus ou moins sur les parties char- nues et plus ou moins arrondies: ces bandes de différentes couleurs sont toujours d'une nuance vive et luisante sur un poil court, fln, fourni, lisse et doux, dont le lustre rend encore le tranchant des couleurs plus sensible. >

Le zèbre habite l'Afrique australe, où il vit en troupes nombreuses  ; on le trouve surtout au Cap de Bonne-Espérance et aussi dans la Guinée, au Congo et jusqu'en Abyssinie. D'après plusieurs voyageurs, les sexes vivent ordinairement séparés, les mâles so tenant de préférence dans les plaines, tandis que les femelles paraissent affectionner surtout le séjour des montagnes. Cette particularité n'avait pas échappé à l'attention des anciens, amis du merveilleux; les troupeaux nombreux de femelles qu'ils voyaient, sans y trouver un seul mâle, et en même temps leur prodigieuse vélocité, leur avaient fait croire que ces animaux étaient fécondés par le vent. On avait aussi donné au zèbre les noms de chevaux du soleil et d'hippotigre (cheval-tigre), k cause de son pelage. Les rois de Perse recherchaient ce quadrupède et en conservaient des dépôts dans quelques îles de la mer Rouge-, ils en immolaient aa soleil, dans les fêtes milhriaques. Les Ro- mains ont aussi possédé cette espèce vivante. Plautius envoya des centurions enlever dans les îles de la mer Erythrée les chevaux du soleil, semblables k des tigres. Caracalla tua un jour, dit-on, un éléphant, un rhinocéros, un tigre et un hippotigre.

D'après M. Ramon de La Sagra, le zèbre aurait existé eu Espagne à une époque reculée. Il se fonde pour cela sur un passage du moine Sarmiento, reprochant aux Espagnols, et particulièrement aux Galiciens, d'avoir détruit ou laissé disparaître les nombreuses bandes ou troupeaux de zèbres qui existaient dans les montagnes élevées con- nues aujourd'hui sous le nom de Zebrero. Dès avant le xvili0 siècle, on aurait chassé ces animaux pour manger leur chair et employer leur peau, qui se vendait k un prix double de celle du cerf. Un écrivain du xmo siècle a traduit le mot zebrero par mons onagrarum (montagnes des onagres), parce qu'il croyait que le zèbre était l'onagre des Grecs et des Latins. D'un autre côté, une ancienne version castillane des psaumes emploie le mot zèbre comme équivalent du terme hébreu qu'on traduit ordinairement par onagre. A peu près vers la même époque, un auteur italien, Brunetto, le maître de Dante, dit que le zèbre était un animal spécial à l'Espagne. M. Ramon de La Sagra se demande s'il était originaire de ce pays ou s'il y avait été in- troduit par les Arabes. La première de ces hypothèses ne saurait être admise aujour- d nui, quoi qu'en dise Sarmiento, commen- tant iin passage d'Oppien. La seconde aurait plus de probabilité; le moine espagnol blâme l'ignorance des écrivains qui rapportent la découverte du zèbre k l'époque ae la con- quête du Congo par les Portugais au xve siè- cle. Depuis lors, cet animal a été introduit plusieurs fois en Europe et on l'a vu souvent dans nos ménageries  ; les souverains de Por- tugal en ont même possédé des attelages complets.

Les zèbres se nourrissent de l'herbe sèche et dure qui croit dans les lieux escarpés ou arides. Ils ont beaucoup de force et se dé- fendent par de vigoureuses ruades, même contre les grandes espèces de carnassiers. Leur caractère est extrêmement deûant, fa- rouche et sauvage  ; leur rapidité et leur lé- gèreté k la course sont si grandes qu'elles sont cassées en proverbe. Aussi y a-t-il peu d'animaux dont la capture soit aussi difficile, ce qui fait que ces animaux sont toujours rares et chers.

I.e zèbre est néanmoins recherché dans certains pays, parce qu'il est peut-être, sui- vant l'expression de Buffon, le mieux fait et le plus élégamment vêtu de tous les quadrupèdes; il réunit lu grâce du cheval et la lé- gèreté du cerf. Il ^apprivoise très difticilement, à moins qu'on ne l'ait pris jeune. «  Les Hollandais, dit V. de Bomare, ont employé tous leurs soins pour dompter ces animaux sauvages et farouches et pour les rendre do- mestiques, sans avoir jusqu'ici pleinement réussi. On était parvenu à monter celui qui était à Versailles, mais il fallait prendre bien des précautions. 11 avait la bouche très-dure  ; pour peu qu'on lui touchât les oreilles, il ruait  ; il était lêtu comme un mulet et rétif comme un cheval vicieux. Tel était aussi le zèbre que nous avons vu à Londres et qui appartenait à la reine. 11 y a cependant toute apparence que si l'on accoutumait le zèbre dès le premier âge à la domesticité et à l'o- béissance, il deviendrait aussi doux que le chevaï et l'âne et pourrait les remplacer tous deux.  » D'après Correa de Serra, la reine Charlotte de Portugal possédait, en 1802, un équipage de huit zèbres, qui lui ve- naient du Cap de Bonne-Espérance  ; ces ani- maux étaient parfaitement domptés et doux comme des agneaux  ; la reine se rendait, avec cet équipage, jusqu'à ses résidences, situées a cinq ou six lieues de Lisbonne.

On a essayé de croiser le zèbre avec les autres espèces du genre cheval; mais les premières tentatives ont été sans succès. Eu 1761, ou présenta au zèbre de la ménagerie de Versailles des ânesses en chaleur, mais elles ne parurent lui causer aucune émotion  ; il jouait avec elles et les montait, mais sans érection ni hennissement; néanmoins ce su- jet, âgé de quatre ans, était fort vif et très- léger a tout autre exercice. Un fait très- singulier, s'il était véridique, est rapporté ainsi qu'il suit pur Allamand: «Milord Clive, en revenant de l'Inde, avait amené avec lui une femelle zèbre dont on lui avait fuit pré- sent au Cap de Bonne-Espérance. Après l'a- voir gardée quelque temps dans son parc en Angleterre, il lui donna un âne pour essayer s'il n'y aurait point d'accouplement entre ces animaux  ; mais cette femelle zèbre ne voulut point s'en laisser approcher. Milord s'avisa de faire peindre cet âne comme un zèbre  ; la femelle, dit-il, en fut la dupe  ; l'accouplement se lit, et il en est né un poulain semblable à la mère. > Au Muséum de Paris, on a obtenu un pareil inélis, qui a vécu pendant quelque temps. Il était gris, avec des bandes noires transversales bien marquées sur la face externe des membres, et d'autres très- étroites et presque effacées sur la tête et sur les flancs. Il avait sur chacune des épau- les une raie noire aussi appareute que celles de l'âne.


Voir aussi

Sources

Sur Gallica : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2053661/f1468

Sur Internet Archive : https://archive.org/details/LarousGrdictionnXIX15bnf/page/1464