Le Buffon choisi de Benjamin Rabier/Sauvages/Rongeurs/Rat

De Wicri Animaux

Le rat



Le rat

Le Buffon choisi de Benjamin Rabier, page f85.jpg L'on a comprit et confondu, sous le nom générique de rat, plusieurs espèces de petits animaux: nous ne donnerons ce nom qu'au rat commun qui est noirâtre et qui habite dans les maisons; chacune des autres espèces aura sa dénomination particulière, parce que, ne se mélant point ensemble, chacune est differente de toutes les autres.

Rabier Rat 1.jpg .png

Le rat est assez connu par l'incommodité qu'il nous cause il habite ordinairement les greniers où l'on entasse le grain, où l'on serre les fruits, et de là descend et se répand dans la maison. Il est carnassier, et même omnivore: il semble préférer les choses les plus dures aux plus tendres, il ronge la laine, les étoffes, les meubles, perce le bois, fait des trous dans les murs, se loge dans l'épaisseur des planchers, dans les vides de la charpente ou de la boiserie: il en sort pour chercher sa subsistance, et souvent il y transporte tout ce qu'il peut trainer, il y fait même quelquefois magasin, surtout lorsqu'il a des petits. Il produit plusieurs fois par an, presque toujours en été il a d'ordinaire cinq ou six petits.

II cherche les lieux chauds et se niche en hiver auprès des cheminées ou dans le foin, dans la paille. Malgre les chats, le poison, les pièges, ces animaux pullulent si fort qu'ils causent souvent de grands dommages; c'est surtout dans les vieilles maisons à la campagne, où l'on garde du blé dans les greniers, et où le voisinage des granger en des magasins à foin facilite leur retraite et leur multiplication, qu'ils sont en si grand nombre qu'on serait obligé de démeubler, de déserter, s'ils ne se détruisent eux-mêmes: mais nous avons vu par l'expérience qu'ils se tuent, qu'ils se mangent entre eux pour peu que la faim les presse en sorte que, quand il y a disette à cause du trop grand nombre, les plus forts se jettent sur les plus faibles, leur ouvrent la tête et mangent d'abord la cervelle, et ensuite le reste du cadavre; le lendemain, la guerre recommence et dure ainsi jusqu'à la destruction du plus grand nombre; c'est par cette raison qu'il arrive ordinairement qu'après avoir été infesté de ces animaux pendant un temps, ils semblent souvent disparaître tout à coup quelquefois pour longtemps.

Les rats crient quand ils se battent. Ils préparent un lit pour leurs petits et leur apportent bientôt à manger: lorsqu'ils commencent à sortir de leur trou, la mère veille, les défend, et se bat même contre les chats pour les sauver. Un gros rat est plus méchant et presque aussi fort qu'un jeune chat; il a les dents de devant longues et fortes; le chat mord mal, et comme il ne se sert guère de ses griffes, il faut qu'il soit non seulement vigoureux, mais aguerri. La belette, quoique plus petite, est un ennemi dangereux, et que le rat redoute davantage.

On trouve des variétés dans cette espèce comme dans toutes celles qui sont très nombreuses en individus; outre les rats ordinaires, qui sont noirâtres, il y en a de bruns, de presque noirs, d'autres d'un gris plus blanc ou plus roux et d'autres tout à fait blancs.