Histoire naturelle (Buffon)/Tome 6/Le cerf

Georges-Louis Leclerc de Buffon
Histoire Naturelle (1749)
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Sommaire

1 Le cerf (par Monsieur de Buffon)
2 Planches de l'article
3 Description du cerf (par Monsieur Daubenton)
4 Dans le Cabinet du Roi
5 Iconographie complémentaire
6 Voir aussi

Le cerf (par Monsieur de Buffon)

[167]

Le cerf

[l 6] Voici (*) l'un de ces animaux innocents, doux et tranquilles qui ne sem- blent être faits que pour embellir, animer la solitude des forêts et occuper loin de nous les retraites paisibles de ces jardins de la nature. Sa forme élé- gante et légère, sa taille aussi svelte que bien prise, ses membres flexibles et nerveux, sa tête parée plutôt qu'armée d'un bois vivant, et qui, comme la cime des arbres, tous les ans se renouvelle, sa grandeur, sa légèreté, sa force, le distinguent assez des autres habitants des bois ; et comme il est le plus noble d'entre eux, il ne sert aussi qu'aux plaisirs des plus nobles des hommes ; il a dans tous les temps occupé le loisir des héros : l'exercice de la chasse doit succéder aux travaux de la guerre, il doit même les précéder : savoir manier les chevaux et les armes sont des talents communs au chas- seur, au guerrier; l'habitude au mouvement, à la fatigue, l'adresse, la légè- reté du corps, si nécessaires pour soutenir et même pour seconder le courage, se prennent à la chasse et se portent à la guerre ; c'est l'école agréable d'un art nécessaire; c'est encore le seul amusement qui fasse diversion entière aux affaires, le seul délassement sans mollesse, le seul qui donne un plaisir vif sans langueur, sans mélange et sans satiété.

Que peuvent faire de mieux les hommes qui, par état, sont sans cesse fati- gués de la présence des autres hommes? Toujours environnés, obsédés et gênés, pour ainsi dire, par le nombre, toujours en butte à leurs demandes, à

(*) Le Cerf (Cervus Elaphus L.) est un Mammifère de l'ordre des Arctiodactyles Rumi- nants et de la famille des Cervidés, qui est caractérisée par un corps élancé, la présence d'une ramure chez le mâle, deux doigts accessoires et habituellement des larmiers. Les cornes sont formées d'une saillie osseuse du front sur laquelle se développe d'abord une proéminence très riche en vaisseaux qui donne naissance à la corne proprement dite. Celle-ci est de nature épidermique. Elle se détache tous les ans à l'entrée de l'hiver, au niveau de sa base, qui est renflée en bourrelet. A l'approche du printemps, de nouvelles cornes se for- ment et atteignent leur entier développement au moment du rut. La première année, les cornes sont simples, c'est-à-dire constituées chacune par une seule saillie conique. A la fin de la deuxième année, ces premières cornes tombent. Au commencement de la troisième année, les cornes qui se développent sont formées d'une tige ou andouiller fourchu au som- met. Dans les cornes de la troisième année, chacune des branches de l'andouiller nouveau est elle-même fourchue, de sorte qu'il y a trois fourches et six branches à chaque corne.

Les années suivantes, le nombre des branches augmente encore.