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Les journaux scientifiques électroniques ou la communication de la science à l'heure du réseau mondial(1994) Le crosnier

De Wicri SIC

Cette page contient une réédition hypertexte d'un article de Hervé Le Crosnier, « Les journaux scientifiques électroniques ou la communication de la science à l'heure du réseau mondial » publié dans la revue Solaris en 1994.

Le contenu et le style initial ont été respectés. La seule adaptation dans le corps de l'article concerne l'insertion de liens hypertextes.

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Les journaux scientifiques électroniques ou la communication de la science à l'heure du réseau mondial

Hervé LE CROSNIER


Bibliothèque Scientifique,Université de Caen
LeCrosnier@unicaen.fr
Caen, le 8 mars 1994


Paru dans : CEM - GRESIC. La communication de l'IST dans l'enseignement supérieur et la recherche : l'effet Renater / Internet. - Paris : ADBS Editions,
1995. (Actes du colloque des 16, 17 et 18 mars 1995, Bordeaux)


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Les journaux scientifiques représentent depuis 1665 le mode privilégié de diffusion de la connaissance scientifique. Avant cette date, qui correspond à la publication du Journal des scavans en France et du Philosophical Transaction en Angleterre, le principal moyen de communication de la science revenait aux lettres [1]. Toutefois, celles-ci n'avaient pas le sens actuel d'une correspondance privée, mais au contraire étaient destinées à circuler parmi de petits groupes de scientifiques, rappelant ce qui se met en oeuvre actuellement au travers des messageries électroniques.

La place centrale des périodiques scientifiques tient à la conjonction de trois phénomènes propres à la science occidentale moderne :

  • la conception d'une science expérimentale qui se développe de façon incrémentale. Chaque expérience permet une "publication" qui vient s'accumuler sur le stock de la science. Les refontes d'ensemble des visions scientifiques (les changements de paradigme de Thomas Kuhn [2] sont exceptionnelles, et s'appuient elles-mêmes sur l'accumulation incrémentale des recherches fondant le nouveau paradigme. Le document scientifique de base devient alors l'article de périodique.
  • le besoin de conserver le cheminement des découvertes scientifiques. C'est l'accumulation des expériences qui fonde la science, et dès lors, les "acquis scientifiques" doivent être conservés et valorisés (par le biais de la citation). Cela favorise la forme "journal", par rapport à la forme de distribution des items scientifiques "à l'unité" (comme dans le système ancien des "lettres" ou le système actuel des prépublications). Le journal répond à deux besoins :
    • un regroupement thématique, la tendance étant d'ailleurs à complémenter les grands périodiques de domaines par des périodiques hyperspécialisés.
    • une méthode efficace d'archivage qui tienne compte de la chronologie (la numérotation par date, volume et numéro).
  • la nécessité d'une validation des découvertes. Les items qui représentent chaque pas incrémental de la science doivent être validés pour venir "enrichir le patrimoine de la connaissance". Les journaux scientifiques remplissent ce rôle de deux façons :
    • en définissant une procédure de validation (le "contrôle par les pairs")
    • et en introduisant une hiérarchie de filtrage (des grandes revues scientifiques de portée internationale aux revues locales en passant par les revues thématiques). Cette hiérarchie vient d'ailleurs conforter le processus de validation par les pairs en étant conçue comme une hiérarchie des "conseils scientifiques" des revues.

Ces trois fonctions des journaux scientifiques se doublent d'une caractéristique étrange : un chercheur écrit pour diffuser la connaissance qu'il a acquise et s'adresse uniquement à ceux de ses collègues qui travaillent dans le même domaine que lui. Si bien que le phénomène "d'écriture de la science" est prioritaire par rapport au phénomène de "lecture de la science". Pour signe, la très grande majorité des articles scientifiques n'est jamais citée par d'autres articles scientifiques.

L'ensemble de cette architecture de création-validation-diffusion de la science occidentale moderne est aujourd'hui confronté à une mutation majeure : l'apparition d'un réseau informatique mondial qui permet de relier les divers chercheurs. Les limites posées par l'existence de la forme imprimée des journaux scientifiques et leur modèle de diffusion (par le biais des bibliothèques) pourraient aujourd'hui être déplacées. Deux limites sont aujourd'hui soulignées par de nombreux scientifiques :

  • les délais de publication. Dans certains domaines, comme la physique des hautes énergies, la diffusion de prépublications est devenue depuis des années le moyen privilégié de répandre les résultats des expériences, la publication en article devenant une marque de prestige.
  • les limites posées à la diffusion d'un article donné vers ses destinataires putatifs. Les coûts des périodiques scientifiques mis en regard des budgets restreints des bibliothèques sont le frein principal... qui en a introduit un autre : la faible fréquentation des bibliothèques par les scientifiques.

Le réseau permet la mise en contact directe et rapide des chercheurs. Cette situation peut créer un basculement rapide de l'édifice de publication/diffusion de la science. Plusieurs hypothèses sont ouvertes :

  • la diffusion des prépublications. Celle-ci se répand très vite, notamment dans les secteurs fortement informatisés comme la physique des hautes énergies et les mathématiques appliquées. Deux méthodes sont disponibles : l'envoi direct par un auteur de son article à une liste de ses collègues qu'il maintient lui-même ou la constitution de services spécialisés de regroupement des prépublications électroniques [3]. En brisant la barrière liée à l'appartenance à un groupe défini qui caractérise la première solution, cette deuxième méthode peut déboucher sur une faillite du processus de validation obtenue par le "contrôle par les pairs". Ce qui ne serait pas sans poser des problèmes importants quant à la crédibilité de l'édifice scientifique. Les affaires de fraude scientifique [4] qui apparaissent de plus en plus fréquemment dans la presse spécialisée ou même dans la presse grand-public nous rappellent que dans le domaine scientifique pas plus que dans d'autres domaines de l'activité humaine, la recherche de positions de pouvoir l'emporte souvent sur la volonté de connaissance. La "hiérarchie de prestige" associée aux journaux scientifiques est en retour une méthode qui porte l'accent sur les publications les plus déterminantes dans le progrès d'un domaine scientifique. Un filtre établi et institutionnalisé qui épargne aux lecteurs d'avoir à lire un nombre excessivement important de publications pour choisir lui-même la faible partie qui l'intéresse.
  • la création de journaux scientifiques électroniques qui installent sur ce nouveau média les méthodes de validation mises au point dans le domaine des journaux imprimés. C'est dans ce cadre que nous nous situons. Les journaux électroniques présentent divers apports qui en font un mode crédible de diffusion/validation de la science dans les années qui viennent. Il faudra toutefois travailler à définir des modes d'existence, des types d'interaction avec le lecteur et des chemins de diffusion qui permettent à ce média d'exister pleinement.

Avant d'aborder les problèmes de la diffusion des journaux électroniques, il faut tordre le cou à quelques mythes qui encombrent la réflexion dans ce domaine :

  • Premier mythe : la lecture électronique. Un journal électronique est différent des listes de diffusions ou des babillards électroniques qui sont destinés à une simple consultation sur l'écran. La lecture sur écran de l'article scientifique n'est pas nécessairement une finalité. Au contraire, un item scientifique ("l'article" de journal électronique... des guillemets car la situation n'est pas si simple comme nous le verrons) est déplacé du serveur de journal électronique (la "bibliothèque virtuelle" qui conserve les collections de documents électroniques) vers le poste de travail de l'utilisateur. Par ce processus, celui-ci se trouve en possession d'un "document électronique" qu'il pourra traiter avec les instruments dont il dispose. Gageons que dans la majeure partie des cas, du moins pour notre génération, il imprimera le document pour le lire et l'annoter. Ainsi, des formats destinés à l'impression comme PostScript sont totalement adaptés à ce cas de figure.
    Bien entendu, le lecteur peut aussi vouloir simplement balayer le document sur son écran, extraire des paragraphes significatifs, annoter électroniquement... Cela résulte de son propre choix d'organisation de son travail.
  • Deuxième mythe : la rapidité de diffusion de l'information scientifique. Le principal délai est lié à l'opération de contrôle par les pairs (lecture par deux spécialistes, modifications de l'article original) et par la préparation de copie (traitement du fichier électronique fourni par l'auteur pour le rendre plus lisible). Ces deux opérations subsisteront dès lors que l'on souhaite conserver le système de validation des publications scientifiques et assurer les meilleures conditions de réception pour les articles sélectionnés. Le reste des gains (sur les envois postaux, sur l'impression) est marginal.
    Ce qui est vrai en revanche, c'est la rapidité d'annonce à un destinataire de la disponibilité d'un document. Les listes de diffusion, l'envoi de résumés et de sommaires sont des outils puissants. Ainsi, des gains sont à attendre du passage de l'imprimé à l'électronique, mais moins importants que d'aucuns veulent le faire croire... si l'on conserve le système de validation et la préparation de copie, que je crois indispensables.
  • Troisième mythe : les journaux électroniques seraient largement plus économiques. C'est à la fois vrai et faux. De nombreux débats ont lieu actuellement sur ce thème, comme nous le verrons plus loin. C'est vrai si l'on considère que l'on achète des items spécifiques plutôt que la totalité des publications d'une revue. C'est faux si l'on considère l'ensemble des coûts induits : réseau, impression locale, ordinateurs pour la connexion au réseau.

Essayons d'étudier les modes d'existence des journaux électroniques sur le réseau. Admettons qu'il n'y a aucune raison pour que les modèles de validation de la science par le biais des comités de lecture scientifiques ne puissent s'imposer sur le réseau [5]. Il reste trois problèmes à aborder :

  • les formes que prennent les journaux électroniques ;
  • les modèles de fonctionnement économique de la documentation scientifique électronique ;
  • l'organisation de l'accès aux journaux électroniques et le rôle des bibliothèques dans ce cadre.

Solaris Btnup2.gif Les formes d'un journal électronique

L'unité de base de la documentation scientifique a évolué depuis une cinquantaine d'années : le périodique ayant dans un premier temps supplanté le livre, c'est maintenant l'article qui est l'unité documentaire, grâce au développement des banques de données et des services d'information documentaire (A&I services). Avec les journaux électroniques, la notion même d'article va prendre une nouvelle dimension :


  • Il devient possible de diffuser un article dès qu'il a été validé par le comité de lecture scientifique. Les rythmes et délais liés aux regroupements, notamment thématiques, disparaissent.

  • L'article change de forme, quittant le seul domaine du texte pour intégrer d'autres médias, et pour devenir le support d'un débat interactif offert publiquement à la communauté scientifique :
    • Pour l'instant, les articles scientifiques imprimés se contentent de délivrer principalement du texte et dans certains domaines (biologie, mathématiques appliquées...) des images. Avec le réseau, on va voir apparaître des articles proposant, grâce aux liens hypertextes, des images animées, des simulations, des sons, et plus encore, la totalité des données qui fondent le raisonnement (les "cahiers de laboratoire"). Pour l'instant, les journaux limitent ces annexes, en raison de leur très fort encombrement (listing de programmes informatiques, relevés d'instruments scientifiques, enquêtes statistiques...). Avec la diminution du coût de la mémoire, avec la notion de lien hypertexte, il devient possible de diffuser aussi ces annexes uniquement aux personnes intéressées, à un coût négligeable. Actuellement, on trouve une situation hybride qui montre bien ce que sera l'avenir : des journaux imprimés, voire même des livres, proposent ces annexes sur Internet, et indiquent dans la publication imprimée l'adresse ftp permettant de les obtenir.
    • le journal électronique devra prendre complètement la mesure de l'interactivité proposée par le réseau. Notamment pour adjoindre au "texte central", coeur de l'article, des commentaires et des relances de débats émanant de la communauté scientifique. Ce qui deviendra nécessaire pour les concepteurs de tels journaux sera de gérer cette interactivité, afin de maintenir la cohérence scientifique du nouvel ensemble, que nous appellerons toujours "l'article", même s'il est devenu composite. L'exemple de Behavorial & Brain Science(journal imprimé édité par Stevan Harnad) montre une voie : après sélection, un article est envoyé à une vingtaine de commentateurs potentiels, chacun devant répondre par un court texte qui sera associé à la publication... à la même date que la publication. Ces commentateurs sont choisis par le comité de rédaction de la revue en raison de leurs compétences particulières. Ce modèle développé par Stevan Harnad a été élargi pour la revue électronique Psycoloquy. Même la presse généraliste s'empare de cette possibilité de suite et de rebond grâce à l'interactivité du réseau, comme le montre la version réseau HotWired du journal Wired.

L'article changeant de forme, la diffusion elle aussi devra se modifier complètement. On trouve aujourd'hui principalement quatre alternatives pour la diffusion des journaux électroniques [6] :


  • Distribution par messagerie. Mode aujourd'hui majoritaire, la messagerie permet de toucher des utilisateurs du réseau largement au-delà de l'Internet (BITNET, UUCP, utilisation du réseau téléphonique...). La messagerie permet la diffusion immédiate, ce qui en fait le support privilégié des "lettres d'information" [7]. Enfin, la messagerie permet d'associer lecture d'articles et débats collectifs.
    Les inconvénients de la messagerie portent sur la longueur des textes transmis, sur la difficulté à transmettre de bout en bout les caractères diacritiques, sur l'absence de présentation typographique. Avec le développement de messageries aux normes MIME, ces limites devraient toutefois disparaître, la messagerie devenant capable de supporter les ajouts non-textuels aux articles (images, vidéos, simulations...).

  • Distribution par FTP. Les articles sont mis à disposition du public sur un serveur FTP (et éventuellement des "miroirs" pour éviter la surcharge tant du serveur que du réseau). Les sommaires des revues sont en général envoyés par messagerie, les utilisateurs intéressés se chargeant d'aller chercher les articles de leur choix par transfert de fichier. La distribution par FTP permet la diffusion d'articles de taille importante, mais aussi de version en format Word, TeX, PostScript... qui respectent la typographie choisie par le journal électronique.
    L'inconvénient du serveur FTP est de ne pas pouvoir proposer un moyen de connaître le contenu d'un article avant de le transférer. L'information est en général simplement limitée au nom du fichier. Enfin, les liens hypertexte entre les divers fichiers qui composent un "article" du nouveau type décrit plus haut disparaissent.

  • Distribution en sessions interactives via Telnet. Ce modèle de diffusion est le plus ancien : pensez aux banques de données en "texte intégral" des années quatre-vingts, qui permettent la diffusion de nombreux journaux et lettres d'information (cf. Newsletter database de Predicast, ou les nombreux quotidiens diffusés par le serveur Dialog). Ce modèle garde son actualité en raison de ses capacités à contrôler la lecture et à obtenir une compensation financière (mot de passe + facturation). Ce mode de diffusion est aujourd'hui repris sous une forme particulière par les journaux scientifiques qui sont diffusés par OCLC. L'interface Guidon permet en mode client-serveur de contacter la banque de données de périodiques scientifiques de l'OCLC et de lire les articles, tout en disposant de liens hypertexte, notamment vers les citations : appeler une note sur la version électronique du journal Electronic Letters permet soit de lire directement l'article s'il est issu du même journal, soit de disposer du résumé de l'article conçu par la banque de données bibliographique [[A pour base citée::Inspec (base de données)|INSPEC].
    La diffusion par Telnet, suivant un modèle client-serveur proposant un protocole "propriétaire", semble être celui que privilégient les acteurs de l'édition imprimée. Il ressemble le plus fortement aux systèmes mis en place pour les banques de données professionnelles, mieux connu et maîtrisé par les acteurs économiques, et dont l'expérience a prouvé qu'ils pouvaient générer des rentrées financières.
    Ses inconvénients sont de deux ordres : rédiger un logiciel spécifique est onéreux alors que se diffusent rapidement et largement des visualiseurs du "domaine public" ; la promotion de grands serveurs centralisés ne cadre pas entièrement avec les règles du réseau Internet, et pourrait facilement provoquer des délais d'attente trop importants pour une lecture aisée. C'est déjà le cas des liens transatlantiques en après-midi (heure française).

  • La diffusion dans l'hypertexte en réseau W3 [8]. Les visualiseurs largement distribués comme Mosaic ou NetScape, et les serveurs HTTP du domaine public encouragent le développement d'applications hypertexte en réseau. Les journaux électroniques peuvent largement bénéficier de ces possibilités. Chaque article composite est introduit par une page d'accueil proposant les liens hypertexte vers les annexes, les documents non-textuels, les programmes et les simulations... La forte normalisation de W3 (HTTP + HTML) permet le développement de services nouveaux sans perdre temps et argent dans des développements logiciels hasardeux.

L'ensemble de ces modèles de diffusion ne doivent pas empêcher les éditeurs de penser à ceux qui ne peuvent accéder aux moyens techniques complets du réseau. Il convient pour les concepteurs de journaux électroniques de penser en permanence aux versions appauvries de leur titre (distribution strictement ASCII par messagerie), aux versions imprimées [9], et aux versions sur CD-Rom (qui permettent de conserver la typographie d'origine, et les liens hypertexte avec les autres formes de l'information).

Il faut aussi citer ici le problème des journaux imprimés qui souhaitent diffuser une version électronique par copie en mode image (numérisation) des pages imprimées [10]. On peut s'interroger sur la crédibilité de ce type de pratiques : les journaux imprimés excellent dans leur domaine, et le déplacement de support doit être vu comme un renouvellement profond des règles de lecture, de diffusion et de conception des articles scientifiques. La simple continuation d'une pratique antérieure ne saurait pas apporter le supplément justifiant le basculement vers la diffusion électronique. Stevan Harnad parle de "papyrocentrisme" pour décrire cette pratique malheureusement majoritaire actuellement, qu'il oppose à un nouveau mode d'écriture "sur le ciel" destiné à toucher rapidement et sur une vaste échelle les destinataires [11]. Ann Okerson souligne néanmoins les difficultés que rencontrent les éditeurs : "les déplacement des journaux existant vers une diffusion électronique implique de modifier tous les processus de production, et de former les gens. Cela peut être financièrement risqué" [12]. Elle en dégage cinq lignes de conduite :

  • utiliser les logiciels du domaine public plutôt que des interfaces propriétaires ;
  • employer les normes (SGML [13] notamment et son sous-ensemble HTML [14]) ;
  • connaître le réseau de l'intérieur avant de faire des projets ;
  • ne pas oublier les accès strictement ASCII ;
  • faire des choses nouvelles.

Elle en déduit que les journaux créés directement pour l'Internet ont plus de succès que la migration de journaux existants sur le réseau.


Solaris Btnup2.gif L'économie des journaux électroniques

Il y a de nombreux débats sur le réseau concernant l'économie des journaux électroniques. Citons notamment le débat qui a été diffusé par la liste VPIEJ-L à la fin de l'été 1994, qui a vu participer Stevan Harnad, Paul Ginsparg, Andrew Odzlyko,Frank Quinn, Janet Fisher, Jean-Claude Guédon et Bernard Naylor [15].

Plusieurs auteurs, notamment Stevan Harnad, estiment que le fonctionnement actuel des journaux scientifiques place les universitaires sous la dépendance des éditeurs [16] : alors qu'ils sont payés par leur université pour leurs recherches, les auteurs doivent reverser leurs droits de copie à un éditeur, qui se charge de distribuer leurs textes dans des journaux qui sont vendus à ces mêmes universités, par le biais de leurs bibliothèques. Il estime que les universités peuvent reprendre la main sur ce processus, en favorisant un financement par l'amont (payer la fabrication du journal) et une distribution gratuite via le réseau.

En regard, les éditeurs estiment que les coûts de réalisation des journaux électroniques sont d'un ordre de grandeur semblable à ceux de réalisation des journaux imprimés. Les frais principaux n'étant pas ceux d'impression et de diffusion, mais au contraire les coûts liés au maintien de la qualité intellectuelle des revues (financement des comités de lectures, qui sont onéreux même si les éditeurs scientifiques ne sont pas payés... mais demandent de plus en plus fréquemment de l'être en fonction de l'alourdissement de leur charge) et du confort du lecteur (préparation de copie, typographie, secrétariat de rédaction). Janet Fisher (MIT Press) souligne aussi que les coûts liés à un article refusé sont du même ordre que ceux d'un article accepté. [17]

Dans un article provocateur [18], le mathématicien Andrew Odlyzko estime que : "les universitaires peuvent gérer les journaux électroniques par eux-mêmes [...] en utilisant les capacités des ordinateurs et des réseaux qui leur sont offerts pour leur travail. Cela demande un peu plus de travail pour les auteurs et les éditeurs scientifiques, mais les avancées technologiques réduisent cet effort supplémentaire. L'avantage principal de ce système est que les journaux électroniques deviennent accessibles gratuitement à n'importe quel moment, en n'importe quel endroit qu'atteint le réseau." Si ses conclusions sont terribles pour les éditeurs, elles le sont aussi pour les bibliothèques : "Si les journaux de résumés et de synthèses (review journals) évoluent dans le sens suggéré, ils offriront directement aux universitaires tous les services que rendent aujourd'hui les bibliothèques. Avec un accès électronique immédiat à toute l'information d'un domaine donné, avec les outils de navigation, avec les autres aides , quelques bibliothécaires et universitaires dans les journaux de résumés et de synthèses seront capable de se substituer à des milliers de bibliothécaires des services de référence."

Frank Quinn [19], lui aussi mathématicien [20], accorde au contraire une place plus centrale aux bibliothèques : "Chaque bibliothèque de recherche devrait publier des journaux scientifiques électroniques. [...] "Publier" signifiant maintenir en permanence un accès à des articles soumis à un contrôle par les pairs. [...] "Pourquoi les bibliothèques" ? : d'abord pour maintenir des normes et une crédibilité, les éditeurs scientifiques doivent s'appuyer sur quelqu'un. Comme les éditeurs commerciaux renâclent, c'est le moment pour les bibliothécaires de faire un pas supplémentaire dans la chaîne de contrôle de la qualité. La majeure partie des journaux scientifiques est soutenue par les bibliothèques, qui paient les abonnements, ce qui donne aux bibliothèques une place centrale dans le soutien et la gestion des périodiques électroniques."

Plus pragmatique, le bibliothécaire de Southampton Bernard Naylor constate au contraire que l'évolution sera bien plus lente. Les universitaires sont sous pression de la part de leurs départements pour publier dans les revues prestigieuses, car les budgets des départements en dépendent. En regard, les éditeurs et plus généralement l'ensemble de la communauté de diffusion de la science sont plus réticents pour changer de mode de financement des revues, par peur du saut vers l'inconnu, et parce qu'il manque encore une "préparation mentale des universitaires". Enfin, notamment en Europe, il souligne qu'il y aurait une contradiction si les universités, financées sur fonds publics, voulaient remplacer les éditeurs commerciaux et conduisaient leur industrie et les emplois attachés directement vers le mur [21].

En réalité, la question est un peu obscurcie car personne ne parle de la même chose. Les éditeurs commerciaux ne voient que la continuation de leurs pratiques actuelles sur le réseau... ce qui ne peut qu'entraîner des coûts supplémentaires sans même garantir le maintien des sources de revenus actuels. Alors que leurs critiques ne jurent que par un basculement vers l'édition électronique partant des universitaires eux-mêmes. Notre expérience de bibliothécaires nous laisse entrevoir que chacun voit "midi à sa porte" sans porter attention aux freins et aux limites de leur propre expérience. Ainsi, qui peut raisonnablement penser que dans dix ans les périodiques scientifiques seront encore distribués sous la forme imprimée que nous connaissons maintenant : toujours plus de revues, chaque fois plus spécialisées et au lectorat restreint ? La notion de marché captif qui est au coeur de l'économie actuelle des périodiques scientifiques va disparaître avec la concurrence du réseau, notamment des distributions de prépublications électroniques. En revanche, qui peut penser que les universitaires vont adopter en masse et rapidement le réseau et les outils électroniques ? Il n'est que de voir la difficulté que rencontrent les bibliothécaires pour former les utilisateurs aux pratiques bibliographiques et même à l'utilisation efficace de CD-Rom pour s'en convaincre.

L'évolution qui se dessine risque de couper en deux la communauté scientifique, du moins dans un premier temps. Le danger apparaît alors de réduire les journaux électroniques à des revues de deuxième choix, qui hériteraient des articles refusés par les prestigieuses revues imprimées. Cela se double d'une corrélation forte entre l'utilisation de l'outil informatique et l'âge (et la notoriété) des chercheurs. Pour empêcher cette distorsion qui serait préjudiciable à la recherche, il convient de créer des revues électroniques qui bénéficient du même traitement que les revues imprimées : comité de lecture, mais aussi préparation de copie, publicité, apport d'images et de vidéo... Ce qui coûte cher.

L'enjeu des revues électroniques est d'offrir de nouveaux modes d'approche de la connaissance, avec des liens hypertexte et des articles composites. Or le savoir-faire associé à la rédaction de tels articles composites n'est encore ni stabilisé, ni répandu. Il sera donc onéreux de créer de telles revues. Si on peut facilement envisager que la puissance publique finance les premières expériences (mise à disposition de postes dans les universités pour ce type de travail, comme aujourd'hui dans les presses universitaires), cela ne garantit pas la généralisation sur des bases économiques crédibles du système.


Solaris Btnup2.gif Le rôle des bibliothèques


  • Conserver et offrir l'accès aux collections de journaux électroniques
  • Offrir un accès démocratique à la connaissance

Actuellement, les bibliothèques jouent un rôle central dans le fonctionnement des journaux scientifiques. Elles fournissent l'apport financier qui permet aux éditeurs de multiplier les titres... et elles assurent aux lecteurs les moyens de trouver tout article qui pourrait les intéresser, soit dans leurs propres collections, soit par le biais du prêt inter-bibliothèques, soit en liaison avec les centrales documentaires. Enfin, les bibliothèques jouent un rôle déterminant dans l'introduction des méthodes de l'informatique documentaire auprès des chercheurs et des étudiants.

Qu'en est-il du rôle des bibliothèques dans la phase de transition vers les journaux électroniques ?

On doit aborder cette question sous deux angles :

  • le rôle de stockage habituellement dévolu aux bibliothèques
  • le rôle d'aide à la diffusion de la science en offrant gratuitement des services de consultation pour les étudiants et les enseignants-chercheurs.

Solaris Btnup2.gif 1 - Conserver et offrir l'accès aux collections de journaux électroniques

La question de savoir sous quelle responsabilité seront stockés les journaux électroniques n'est pas encore tranchée. Certains arguent pour une gestion centralisée des périodiques électroniques, éventuellement assumée par les éditeurs (fussent-ils privés ou des presses universitaires suivant le débat du chapitre précédent). Il y a là trois limites :

  • les temps d'accès aux serveurs sont dépendants de la distance parcourue. Or la lecture d'hypertextes requiert des réponses immédiates aux sollicitations de l'utilisateur.
  • les accidents ou les contraintes géopolitiques sont toujours possibles qui viendraient priver les lecteurs de ressources documentaires placées en un point unique (le syndrome de la bibliothèque d'Alexandrie). Songeons par exemple à la décision récente des États-Unis de classer "secret défense" tous les documents, les algorithmes et les logiciels concernant la cryptographie : que tous ces documents fussent centralisés dans ce pays aurait constitué une perte considérable pour la recherche mondiale dans ce domaine.
  • les dangers d'une falsification des documents sont permanents, que ces falsifications soient l'oeuvre de personnes qui souhaitent effacer des marques de leur passé, voire même d'États qui cherchent à réécrire leur histoire.

La démarche d'une duplication des ressources est plus proche des pratiques habituelles des bibliothèques. Il reste cependant à organiser cette duplication. Actuellement, pour constituer une collection de journaux électroniques, il faut que chaque bibliothèque délègue une personne afin de suivre les parutions d'un titre et se charge de rapatrier en mode local les numéros à parution. Cela est possible (mais lourd) pour les journaux en format ASCII. C'est plus complexe pour les journaux diffusés par W3 tant que des protocoles de transmission globale des hypertextes n'ont pas été établis. Sinon, il convient de déplacer chaque ressource (texte-coeur et informations associées) et de renommer les URL en fonction de l'ordinateur serveur de la bibliothèque, ce qui n'est pas un travail évident. Si de surcroît on considère un article comme un document composite toujours ouvert et dynamique en fonction des annotations portées par les lecteurs, le déplacement devient bi-directionnel (puis multi-directionnel), afin de tenir compte des annotations des lecteurs des bibliothèques "miroir". Ajoutons que certains journaux électroniques actuels visent à briser le cycle de parution régulière, avec son corollaire d'annonce d'une nouvelle parution, pour au contraire se former par croissance irrégulière autour d'un service W3, par agrégation de nouveaux documents dans un serveur particulier, avec les difficultés de suivi bibliographique qui en découlent.

Enfin, le stockage des documents électroniques ne peut pas être entièrement dupliqué, bibliothèque par bibliothèque. Il faut au contraire constituer des consortiums, qui gèrent en commun certains titres [22]. On peut ainsi penser à des structures coopératives régionales ou nationales, se répartissant les titres, et s'appuyant sur des politiques nationales d'infrastructure de télécommunication. Un avantage de cette organisation serait aussi d'offrir des "chemins d'accès" aux journaux scientifiques dans les diverses langues. Si un chercheur peut lire des documents de sa spécialité dans une autre langue, il lui est beaucoup plus difficile de lire des conseils, des guides, des modes d'emploi ou des pages de navigation. À la difficulté linguistique s'ajoute la difficulté conceptuelle et le manque d'expérience pratique des systèmes de navigation dans l'univers informationnel.


Solaris Btnup2.gif 2 - Offrir un accès démocratique à la connaissance

Le problème de l'accès démocratique, en dehors des contraintes du marché, aux informations scientifiques est différent, mais tout autant lourd de conséquences. Jusqu'à présent, les bibliothèques achetaient des abonnements de périodiques, puis proposaient gratuitement la consultation aux lecteurs locaux, qui pouvaient faire des photocopies des articles qui les intéressaient à partir de l'exemplaire de la bibliothèque. Le degré d'ouverture de la bibliothèque dépendait de sa mission (quel public spécifique ?) et de l'origine de son budget (les sommes versées par la puissance publique devant être utilisées pour la promotion la plus large de la connaissance).

Or les grands groupes éditoriaux tendent à développer une tout autre pratique, qui consisterait à faire payer chaque transmission électronique d'un article, limitant les diffusions forfaitaires pré-financées par les bibliothèques [23]. Prenant appui sur le désir des chercheurs d'accéder à tout moment aux documents depuis leur propre lieu de travail (ce que permet le réseau informatique), les éditeurs cherchent à détourner les missions traditionnelles des bibliothèques (diffuser la connaissance scientifique dans un cadre démocratique et égalitaire, en dehors des contraintes du marché) pour les considérer en simples promoteurs de l'information auprès des chercheurs, charge à ceux qui sont intéressés d'acheter directement auprès des éditeurs leur copie électronique personnelle. La menace pour la diffusion démocratique du savoir devient alors très sensible, et il semble urgent que les bibliothécaires se mobilisent pour faire valoir ce versant de leurs missions et valorisent leur culture professionnelle d'altruisme et de prise en charge collective de la diffusion du savoir. Soulevons enfin un dernier problème : que devient le feuilletage d'un journal quand il faut d'abord payer l'article avant même de le lire ?

Il est urgent de trouver un réel équilibre entre la nécessaire protection des investissements intellectuels des éditeurs et des auteurs et la protection du droit fondamental à la connaissance pour tous. La solution du paiement forfaitaire par les bibliothèques a rempli ce rôle jusqu'à présent. Les tendances actuelles, qui se manifestent aussi bien dans la notion de "droit de prêt" que dans la taxe pour photocopie dans les établissements scolaires et universitaires, ou dans les projets d'un paiement pour chaque utilisation d'un document électronique font irrésistiblement pencher la balance en faveur des éditeurs.


Solaris Btnup2.gif La diffusion de la science à la fin du vingtième siècle

Les journaux scientifiques électroniques sont un excellent modèle concernant l'avenir de la diffusion de la connaissance. Les figures de styles faciles, les envolées lyriques sont confrontées dans ce domaine à une réalité intangible, qui mêle dans une même préoccupation :

  • la qualité scientifique des documents proposés au public, avec ses corollaires de contrôle par les pairs et de hiérarchisation de la reconnaissance apportée à tel ou tel titre de journal ;
  • l'évolution des modes de lecture et d'écriture, allant vers la réalisation de documents composites utilisant les techniques de l'hypertexte ;
  • la survie économique d'une industrie de diffusion de la connaissance, valorisant les investissements intellectuels ;
  • la garantie d'un accès durable et organisé à l'information scientifique ;
  • la nécessaire obstination démocratique permettant à tous (tous les chercheurs, de tous les pays, notamment des pays en voie de développement) d'accéder à la connaissance.

Les bibliothèques doivent prendre toute leur place dans ce phénomène de transition que nous allons connaître dans les années qui viennent. Deux dangers symétriques menacent l'équilibre actuel :

  • le maintien artificiel d'une structure de diffusion de la science qui explose en raison de l'hyperspécialisation des recherches, de la croissance démographique des chercheurs et du poids trop fort des budgets d'achats de périodiques (qui souvent empêchent l'achat de livres, dont la fonction est pourtant différente, mais néanmoins indispensable).
  • la naissance au forceps d'une structure incontrôlée, lourde de dérives pseudo-scientifiques, qui viserait à sacrifier le contrôle de qualité mis en place pour les périodiques scientifiques sur l'autel de la rapidité de diffusion des prépublications.

Ce court article ne peut faire le point sur tous les éléments qui permettent de tirer profit des réseaux informatiques pour trouver des solutions qui puissent garantir pour les siècles futurs la diffusion démocratique de la connaissance, tant au niveau économique, qu'au niveau de la qualité scientifique même des documents archivés dans les bibliothèques. Cependant, quelques pistes semblent centrales :

  • trouver un modèle économique durable, qui ne soit pas alimenté par une opposition trop caricaturale entre les auteurs-chercheurs et les éditeurs commerciaux ;
  • assurer qu'un modèle de validation du contenu scientifique soit bien au coeur de l'évolution en cours. Celui-ci peut prendre une forme intermédiaire entre les actuels "comités scientifiques", qui ont souvent montré leurs faiblesses et l'idée, émise ici ou là, d'une validation a posteriori (dite à l'applaudimètre par Stevan Harnad pour montrer les dangers potentiels d'une généralisation de ce seul critère) liée au nombre de citations d'un document ;
  • concevoir que le changement de média, comme tout changement technique d'importance, va provoquer un effet en retour sur la manière d'exprimer et de lire la science. Les journaux électroniques doivent s'appuyer sur le nouveau mode de lecture-écriture pour trouver leur place et prouver leur importance dans le modelage de la science de demain.

Notes

[1]

Lambert, Jill. - Scientific and technical journals. - Londres : Clive Bingley, 1985

[2]

Kuhn, Thomas. - La structure des révolutions scientifiques. - Flammarion, 1983

[3]

Le meilleur exemple de ce type de serveur de prépublications est celui animé par Paul Ginsparg dans le domaine de la physique <ftp://xxx.lanl.gov>. On trouve de même des serveurs de prépublications dans les domaines de la philosophie (IPPE : <ftp://Phil-Preprints.L.Chiba-U.ac.jp/pub/preprints/> ou de la linguisitique informatique (Computational and Language E-Print archive, <http://xxx.lanl.gov/cmp-lg/>).

[4]

Broad, William ; Wade, Nicholas. - La souris truquée : enquête sur la fraude scientifique. - Paris : Seuil, 1987.

[5]

Harnad, Stevan. - Implementing peer review on the net : scientifi quality control in scholarly electronic journals. - Proceedings of international conference on refeered electronic journals : toward a consortium for networked publications. University of Manitoba, Winnipeg, 1-2 octobre 1993
(aussi disponible en verion électronique :
<URL : ftp://cogsci.ecs.soton.ac.uk/pub/harnad/Harnad/harnad95.peer.review>).

[6]

Pullinger, David. - Journals published on the Net. - Serials, 1994, 7(3), p. 243-248.

[7]

Citons par exemple FYIFrance, lettre d'information rédigée par Jack Kessler décrivant l'évolution des bibliothèques françaises. Cette lettre est diffusée suivant plusieurs listes de diffusions (notamment PACS-L et BIBLIO-FR). La lettre Computer News de Olcay Cirit a choisi de constituer son propre réseau indépendant de diffusion (pour s'abonner, envoyer le message "subscribe cn" à "majordomo@libtech.com".

[8]

Le Crosnier, Hervé. - L'hypertexte en réseau : repenser la bibliothèque. - Bulletin des Bibliothèques de France, 1995, 40(2), p. 23-31.

[9]

Mais oui, cela marche aussi dans le sens journal électronique vers journal imprimé, comme le montre l'exemple de PACS-Review.

[10]

Par exemple Right Pages produit par les Bell Labs, qui offre l'accès à 60 journaux techniques émanant de différents éditeurs. Les premières pages sont reproduites et le système permet d'obtenir une copie imprimée de l'ensemble de l'article. On peut citer aussi le projet CORE (Chemistry Online Retrieval Experience) de rétroconversion numérique en format image (bitmap) des journaux imprimés de l'ACS (American Chemical Society) réalisée par OCLC.

[11]

Harnad, Stevan. - Scholarly skywriting and the prepublication continuum of scientific inquiry. - Psychological Science. - 1990, 45, p. 9-13.

[12]

Okerson, Ann. - How to succeed electronically. - Diffusé originellement sur la liste eptalk. Repris sur SLA-PAM le 12 septembre 1994

[13]

Pour une excellente introduction à SGML :
Goossens, Michel. - Introduction pratique à SGML. - Cahiers GUTemberg, 1995, 19, p. 27-58.

[14]

HTML permet de préparer les pages pour W3. Pour un article introductif :
Barry, Jeff. - The HyperText Markup Language (HTML) and the World Wide Web : raising ASCII text to a new level of usability. - PACS Review, 1994, 5(5), p. 5-62. (pour obtenir cet article par courrier électronique, envoyer le message : "GET BARRY PRV5N5 F=MAIL" à l'adresse : "listserv@uhupvm1.uh.edu").

[15]

Paying the piper : débat électronique archivé à l'URL :
<ftp://ftp.princeton.edu/pub/harnad/Psycoloquy/Subversive.Proposal/>.

[16]

Harnad, Stevan. - Publicly retrievable FTP archives for esoteric science and scholarship : a subversive proposal. Présenté à : Network Services Conference, Londres, 28-30 novembre 1994. <URL : ftp://ftp.princeton.edu/pub/harnad/Psycoloquy/Subversive.Proposal/archive.NOW>.

[17]

Fisher, Janet. - Editorial Costs. - VPIEJ-L, 29 juillet 1994.

[18]

Odlyzko, Andrew M. - Tragic loss or good riddance ? the impending of traditional scholarly journals.
URL : <http://www-mathdoc.ujf-grenoble.fr/textes/Odlyzko/amo94/amo94.html>.

[19]

Quinn, Frank. - A role for libraries in electronic publication (diffusé sur VPIEJ-L le 19 janvier 1994).

[20]

La communauté des mathématiciens est aujourd'hui largement préoccupée par la question des journaux électroniques. Il est vraisemblable que le premier journal électronique français soit celui de la communauté des mathématiciens. cf. La gazette des mathématiciens, janvier 1995.

[21]

Naylor, Bernard. - A small contribution to the subversive discussion. - Diffusé sur VPIEJ-L le 9 août 1994.

[22]

Suivant en cela l'exemple du CICNet, qui regroupe plusieurs bibliothèques du Michigan.

[23]

Working group on Intellectual Property rights, Information Infrastructure Task Force. Green Paper : intellectual property and the National information infrastructure (draft juillet 1994)
et un excellent article de critique :
Samuelson, Pamela. - The NII intellectual property report. - Communications of the ACM, 1994, 37(12), p. 21-27 (une traduction de cet article par Hervé Le Crosnier et Alain Michard a été distribuée sur BIBLIO-FR en mars 1995).

© "Solaris", nº 3, Juin 1996.


Voir aussi