Ametist 1, éditorial
Éditorial
- Par Sylvie Lainé-Cruzel, Présidente du Comité de rédaction
Voici le numéro 1 de la revue AMETIST, un numéro de stabilisation et de confirmation d’un certain nombre de tendances, et de mise en visibilité de thématiques que nous commencions à explorer dans le numéro 0.
Nous avons maintenant le plaisir de publier à la fois des auteurs que nous avons sollicités, et des auteurs qui nous ont fait des envois spontanés – preuve que la revue commence à se faire connaître, et à se faire connaître au-delà du cercle des chercheurs et des spécialistes des nouvelles technologies de l’information (SIC, TIC , IST et autres STIC).
Pour ce numéro, la structure ne varie pas par rapport à celle du numéro 0, et vous y retrouverez les quatre parties qui constituent notre fil conducteur éditorial.
En première partie (Appropriation : besoins, conditions…) nous vous proposons deux contributions fort différentes. La première témoigne de l’expérience Hypergeo : une expérience que nous avons souhaité mettre en lumière parce qu’elle est un exemple remarquable d’appropriation par une communauté (ici la communauté des géographes) de technologies innovantes au moment du démarrage du projet. Mais la réelle innovation n’est pas tant dans les technologies mises en œuvre, et qui d’ailleurs depuis sont devenues des classiques, que dans l’envie qu’ont eu les maîtres d’œuvre du projet de concevoir un outil pertinent pour les géographes : une encyclopédie alimentée collaborativement, permettant une navigation articulée sur les concepts significatifs du domaine – et ce sans investir de manière excessivement lourde dans la technique – sans que les auteurs cessent d’être des géographes pour devenir des informaticiens. Il a fallu pour cela bien de la curiosité, de l’inventivité, et surtout l’envie d’impulser un travail autour des potentialités de l’hypertextualité, devenue dès lors un ferment productif pour une réflexion et une réalisation collective dont les auteurs peuvent maintenant dresser un bilan riche.
La seconde contribution témoigne par contre d’un travail de recherche centré en sciences de l’information, qui nous propose une vision comparative (entre France et Etats-Unis) de la manière dont évoluent les rôles et les missions des bibliothèques universitaires dans le passage au numérique, et plus précisément sur la manière dont elles prennent en charge la diffusion et la mise en visibilité éditoriale de la production de leurs établissements. Ce travail rend accessible aux chercheurs francophones des bilans qui ont été dressés pour l’Amérique du Nord, et ébauche des possibilités de comparaison entre les évolutions respectives de nos situations, en clarifiant des mutations significatives qui se font jour, et la forme qu’elles peuvent adopter.
Dans la deuxième partie (Capitalisation, Mutualisation) nous vous proposons en lecture trois articles.
Le premier présente l’infocentre qui a été mis en place au sein de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, et les choix qui ont été faits ici de coupler une mission classique de service d’information, et une autre plus novatrice d’archive institutionnelle. L’ensemble est intégré de manière à valoriser non seulement le patrimoine documentaire, mais aussi le patrimoine humain et le potentiel de recherche de l’établissement. Décrivant les différents aspects du service et de sa gestion, l’article propose une réponse concrète aux interrogations soulevées dans la première partie, en insistant sur la nouvelle définition des rôles que peuvent se voir confier les services d’information et bibliothèques académiques.
Le second article fait le point sur le choix de métadonnées permettant de décrire des thèses produites en France. L’intérêt de l’article réside en grande partie dans le fait qu’il a été écrit collaborativement par un certain nombre d’acteurs impliqués dans des projets majeurs en France sur l’archivage de thèses numériques : le choix de métadonnées est en effet, plus qu’un choix technique permettant d’améliorer la recherche d’information de manière locale, un choix politique de valorisation des thématiques françaises de la recherche dans un cadre international. L’article effectue un état des lieux et des normes approfondi, et soulève un certain nombre de questions importantes sur les spécificités de la situation française.
Enfin le troisième article, qui nous vient des Etats-Unis, continue une réflexion amorcée dans le numéro 0, sur la transformation d’un thésaurus en ontologie : dans le domaine de l’agriculture, la FAO a déployé la conversion d’un langage documentaire vers un « entrepôt de concepts ». L’article commente et justifie les choix méthodologiques qui ont été effectués et a clairement valeur de témoignage recommandable pour une conversion maîtrisée.
La troisième partie (coups de flash) est l’occasion de présenter deux expérimentations. La première concerne une initiative de capitalisation des mémoires et thèses à l’Ecole des Mines de Nantes. Elle donne aux auteurs l’occasion d’exposer la démarche de construction d’un état des lieux ou d’une analyse de besoins liés à ce type de projet, et de décrire les choix organisationnels permettant d’accompagner le changement et d’en maîtriser les effets. La seconde concerne un champ d’application que nous n’avons pas encore évoqué dans la revue : celui du e-learning et de la description des ressources pédagogiques – les auteurs analysent la question du point de vue du Royaume-Uni, et dressent un bilan sur les langages et les approches qui peuvent se révéler pertinents.
Quelques éléments sur l’activité du groupe ARTIST viennent compléter ce numéro en 4e partie.
Nous vous souhaitons une bonne lecture de ce numéro, et espérons que vous trouverez dans la diversité (nationale ou scientifique) de ses points de vue des réponses pertinentes à vos questions, ainsi que l’envie d’approfondir, d’innover et surtout de vous approprier les mutations que rendent possibles les nouveaux dispositifs.