Instruction pour procéder à la confection du catalogue de chacune des bibliothèques... (1791) Massieu
Ce manuel décrit les normes de catalogages utilisées au verso des cartes à jouer pendant la révolution.
Sommaire
Avant-propos de la rédaction
Le contexte historique
Compte tenu du prix du papier, les cartes à jouer (en particulier le verso) étaient réutilisées. Voici un exemple de fichier de catalogage pendant la Révolution française.
Cet exemple est présenté sur le site Cartes à jouer françaises, 1650-1850 réalisé dans le cadre d'une coopération entre la MIT et la BnF.
Ce site explore l'histoire des cartes à jouer françaises de cette période comme une source inhabituelle et éclairante pour l'histoire de l'Ancien Régime, de la Révolution française et du début du XIXe siècle en France.
En explorant ce site, on arrive sur : https://frenchplayingcards.mit.edu/material-aspects/backs
Et plus précisément :
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Transcription: “Chap. 2892. Cruels effets de la vengeance du Cardinal de Richelieu ou Histoire des diables de Loudun er d’Urbain Grandier. Amsterdam, Roger, 1716. In-12–veau |
Sur la transcription de l'ouvrage
L'orthographe du texte a été modernisée (résolution des « s » et « f » par exemple). Le lecteur peut se reporter aux facsimilés dans la colonne de gauche pour la version initiale.
L'Ouvrage
INSTRUCTIONS
Pour procéder à la confection du catalogue
de chacune des bibliothèques sur lesquelles
les directoires ont dû ou doivent incessamment apposer les scellés.
Les catalogues qu'il est nécessaire de dresser, n'ont
d'autre objet que de procurer une connaissance exacte
de tous les livres, tant imprimés que manuscrits, qui existent
dans celles des bibliothèques de chaque département qui
font partie des biens nationaux.
Quoique la méthode indiquée ci-dessous pour faire ces catalogues, soit la plus simple et la plus facile, il est cependant essentiel que ceux qui feront chargés de ce travail, aient quelque teinture des lettres, et qu'ils sachent au moins la langue latine.
Avant tout, il faudra qu'ils se procurent une quantité de cartes à jouer suffisante pour y écrire tous les titres des livres, et pour faire des fichets ; ces fichets, dont l'usage fera expliqué plus bas, se font en coupant une carte dans sa longueur, en deux ou trois parties.
Il ne faut point que les personnes qui seront introduites
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dans une bibliothèque pour en dresser le catalogue, s’embarrassent de l'ordre ou de la confusion qui
peuvent y régner : elles sont sûres de bien opérer, si
elles suivent exactement la méthode suivante :
Elles commenceront le travail par la première tablette ou armoire à gauche, et elles finiront par la dernière, qui est à droite : elles prendront un de ces morceaux ou bandes de cartes que nous avons appelés fichets, et écriront au haut le numéro premier, puis elles l'inséreront dans le premier volume de la première planche de la première armoire ou rayon, de manière que ce numéro sorte tout entier et soit bien visible. Il faut avoir soin de replier sur la tranche du livre cette partie saillante du fichet, pour empêcher qu'il ne se glisse dans l'intérieur du livre, et ne s'y perde. Si ce volume appartient à un ouvrage qui soit en plusieurs tomes, on ne mettra un fichet qu'au premier seulement.
L'ouvrage suivant recevra un second fichet portant numéro 2 ; le troisième, un troisième fichet portant numéro 3, et ainsi de faite jusqu'au dernier livre de la bibliothèque, dont le numéro pourra être 15,000, 20,000 ou 25,000, etc. si cette bibliothèque contient ce nombre d'articles.
Quand tous les ouvrages auront été ainsi garnis de fichets numérotés, on panera à la seconde opération, qui consiste à prendre sur les cartes les titres de ces livres ; on repérera sur la première ligne de la carte le numéro du fichet de chaque livre ; ainsi la première carte portera le chiffre premier , qui fera le numéro du fichet du premier livre , la fécondé le chiffre 2, numéro du second livre ; la troisième le chiffre 3, numéro du troisième livre.
A la fuite de ce n°, écrit en caractères un peu gros, on
transférera exactement !e titre du livre; ou, s'il est trop
long , on en fera l'extrait avec le plus de précision et de clarté
qu'il sera possible, observant d'y faire entrer et les mots qui
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caractérisent la matière et les noms de l'auteur, avec le
nom du lieu, où l'ouvrage aura été imprimé, celui de
l'imprimeur ou libraire, la date de l'année et le format
du livre, c'est-à-dire, qu'on marquera, si c'est un in-folio , in-fo. ; si c est un in - quarto , in- 4°. si cest un
in-f°., un in-11. , un in-16, &c. On observera scrupu-
leusement de tirer une ligne fous le nom de l'auteur, ainsi
qu'il fera expliqué plus bas.
Exemple (1)
Œuvres de Bochart, qui font supposées être le 49e ouvrage de la bibliothèque , et porter par conséquent le fichet 49. Le titre de ce livre doit être fait ainsi : « N°. 49, » Samuelis Bocharti opéra, Lugduni Batavorum, Bou- » tefteyn, 1771, in f". 3 vol. » Ce titre apprend que ce font les Œuvres de Samuel Boc hart, de l'édition de Leyde, 1711, en trois volumes in-fol. (Voyez le modèle figuré à la fin , numéro Ier. )
Comme il est essentiel d'avoir, autant qu'on peut , le nom de l'auteur, il faut examiner si ce nom , lorsqu'il ne se rencontre pas au froiuifpice du livre, ne se trouve point à l'épîrre dédicataire, dans l'approbation , ou même dans le privilège.
Quand on n'aura aucun moyen de découvrir le nom de l'auteur, on copiera le titre ainsi qu'il a été indiqué plus haut, & on soulignera le mot qui spécifie plus parti- culièrement l'ouvrage. Si c'est lin livre d' architecture, on tracera une ligne fous ce mot ; si c'est un livre sur le patrio- tisme, le mot patriotisme fera souligné ; si c'est une bible , on soulignera le mot bible.
Exemple (2)
« Biblia sacra , Lutetiœ Parisiorum typographie regiæ
3*1641, 8 vol. in-f°. » On reconnoît, par ce titre, la
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bible latine imprimée en 1642 à l'imprimerie royale de
Paris, en 8 volumes in-folio. ( Voyez à la fin le modèle
imprimé, nO. II. )
Si dans l'ouvrage dont on tire le titre, il se trouve des estampes ou des cartes gravées , il faut ajourer ces trois lettres, fig. Si les marges font très-larges, ou plus larges qu'à l'ordinaire, on doit écrire gr. pap., pour in- diquer que le livre est en grand papier. Enfin si on re- marque sur les pages des lignes rouges ou noires, trans- versales & longitudinales, & y formant comme un ca- dre , il est à propos d'ajouter ces mots abrégés, pap. Teg., c'est-à-dire , papier réglé.
EXEMPLE DES DEUX DERNIERS CAS.
« Monumens de la monarchie françoise , par Bernard de » Montfaucon. Paris, 1729 & années suivantes, in-fo, fig.
>3 gr. pap. rég. ». Ces quatre derniers mots abrégés signi- fient que les gravures qui doivent accompagner cet ou- vrage du favanr bénédictin, ne manquent pas à l'exem- plaire de cette bibliothèque ; que les marges en font plus larges que celles des exemplaires communs; qu'il est, comme on dit, en grand papier : enfin les lettres rég. aver- tirent que cet exemplaire eir. en papier réglé, ce qui ajoute encore à son prix. ( Voyez à la fin, le modèle imprimé , n°. III ) Les livres qui font imprimés sur vélin ou parchemin, au lieu de papier, feront indiqués par ces lettres, vél.
ou par.
Dans le cas où le livre feroit imprimé en caractères go- thiques , dont on a usé dans le quinzième & Cizième siècle , on aura foin d'en faire la mention en ces mots : car. got.
Si le livre avoit été relié avec une forte de recherche &
de magnificence, il conviendroit aussi de le marquer. Si,
par exemple , la reliure étoit en maroquin rouge, on
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...
...
Troisième exemple
La carte d'un livre portant le n° 310, de la bibliothèque des Génovéfains d'Ennemont , paroisse de Saint-Léger , district de Saint-Germain-en-Laye , département de Seine & Oise, qui est le soixante-douzième département , se trouvera, selon le modèle ci-dessous , il le livre est avec figures, en grand papier, réglé & couvert de maroquin vert.
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310. Monumens de la monarchie |
72e St-Germain, St-Léger, Gen. |
Il est encore une autre opération que ceux qui feront com- mis par les directoires à U. confection des catalogues des