Intelligence territoriale

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Mots-clé : intelligence territoriale (IT), plateforme collaborative, médiation, coordination, dispositif d'intelligence économique, gestion des connaissances et des compétences.


Définitions

L’ADIT a proposé en 2004 un guide pratique de l’IT dans lequel faisait apparaître les vingt actions à entreprendre et quatorze façons de définir l’IT. Nous citons une partie des quatorze définitions, telles qu’elles apparaissent sur le guide :

  • cinq composantes essentielles : diagnostic, expertise du territoire, partenariat public- privé, anticipation et valorisation ;
  • la mutualisation de l’information, publique et privée ;
  • du patriotisme économique ;
  • bâtir des réseaux ;
  • l’échange de la connaissance ;
  • le facteur de cohésion et de développement des pôles de compétitivité ;
  • le système qui permet une imbrication réussie du secteur public et du secteur privé dont la finalité est de faire émerger des potentiels d’innovation qui sont souvent cachés ou inexploités ;
  • une politique publique destinée aux acteurs économiques et à l’amélioration des capacités d’influence.


Ensuite, il semblerait qu’il y ait trois visions différentes pour définir l’IT :

  1. l’IT en tant qu’intelligence économique pilotée au niveau d'un territoire, qui consiste à sensibiliser des entreprises aux méthodes et outils de l’IE (opération collective, clusters, pôles, etc.) et à leur fournir tous les moyens pour qu’elles mettent en place une démarche d’IE en leur sein.
  2. l’IT comme utilisation par un territoire (une collectivité ou un groupe de collectivités) des techniques utilisées par l'intelligence économique comme pourrait le faire une entreprise (stratégie, veille, influence,..) qui se traduit par une veille exogène et endogène, des opérations de marketing territorial, en quelque sorte une vision moderne du développement économique ;
  3. l’IT pour la conduite « intelligente d'un territoire » dans son développement par rapport à son contexte social, géographique, ses ressources et son organisation spatiale qui vient plutôt des experts en matière de gestion géographique des ressources (géographes, urbanistes,..) une vision qui se rapproche plutôt du développement économique durable.


Une autre approche est celle proposée par C. Demazière et P. Faugouin qui ont identifié : « deux versants de l’intelligence territoriale : celui issu de l’intelligence économique comprise comme une démarche, des méthodes et des outils propres au monde des entreprises, que l’on « adapterait » au besoin du développement économique d’un territoire. Il serait plus précis de parler « d’intelligence économique territoriale ». Celui plus large, qui comprendrait le contenu des savoirs et des compétences constitutifs d’un territoire, notion même d’intelligence collective, qui porterait l’avenir du territoire selon la démarche plus classique de développement local mais en lui apportant une culture de veille et de stratégie qui lui ont trop souvent fait défaut. »

La région s’inscrit donc dans un rôle fédérateur de l’échelon régional tout en se coordonnant avec l’action de l’Etat pour favoriser le développement des échanges entre collectivités et territoires.

Aussi, notre contribution tend vers la première vision que nous associons à l’expression : « intelligence économique en région ».


Contributions

Les acteurs économiques, entreprises et développeurs s’appuient sur des organisations économiques et sociales de proximité pour redonner un sens aigu au développement local. A l’heure actuelle, les collectivités territoriales irriguent le cœur du tissu économique national qui est composé à plus de 70% de PME-PMI. En effet, c’est bien dans les territoires locaux que sont enracinés les savoir-faire scientifiques, techniques et d’organisation, constituant ainsi le cœur de la production locale et donc de la capacité collective à anticiper pour mieux affronter les mutations et les crises.

A partir de ce constat, des travaux sur les enjeux et perspectives sont apparus au niveau national, touchant aux métiers et formations en intelligence économique (IE) en France. Ces études sont devenues stratégiques et ont donné lieu à l’émergence de nouveaux axes de recherche en IE, tels que l’intelligence territoriale (IT) ou encore les compétences en IE. Cela a commencé par la mise en place d’initiatives régionales en faveur de l’IE à la fin des années 90. Ensuite, la première étude approfondie sur l’IT a été le Rapport Carayon publié en 2003, dont une large part a été consacrée à l’lE et au territoire, avec des propositions de mise en place de dispositifs d’IE en région. Ont été par la suite diffusés le référentiel de formations coordonné par A. Juillet (en 2005) et enfin une première ébauche de liste de métiers de l’IE commanditée également par A. Juillet (en 2006). Ces réflexions ont donné lieu à la mise en place de dispositifs régionaux d’IE (DRIE) (significativement fonctionnels depuis 2003) et des pôles de compétitivité (créés au deuxième semestre 2004 et fonctionnels depuis 2005). Enfin, la circulaire du 21 mars 2007 relative au dispositif d'intelligence économique mis en œuvre au sein des services du Ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie est une des concrétisations de ces réflexions. C’est donc dans ce contexte que l'IT s'intéresse, d'une part aux acteurs et métiers de l’IE et d'autre part, aux dispositifs d’Intelligence Territoriale (DIT). Il s’agit de déterminer l’ensemble des compétences nécessaires à la conduite et à l’efficacité des dispositifs territoriaux d’appui aux entreprises (DRIE, pôle de compétitivité, clusters,..), impliquant les sphères publiques et les sphères privées. Ces compétences doivent prendre en compte trois niveaux d’intervention :


  1. Le niveau humain (individuel et collectif / privé et public) par la gestion des acteurs de l’IE (et de leur relation) et des compétences au sein du dispositif d’IE ; par l’apport de conseil et d’expertise auprès de ces acteurs ;
  2. Le niveau informationnel en captant des signaux venant de l’intérieur et de l’extérieur des dispositifs, en les analysant et en les centralisant en vue d’une phase de capitalisation (en apportant des informations validées et qualifiées et en contrôlant celles apportées par des tiers) ;
  3. Le niveau organisationnel, en gérant la structuration des acteurs et des tâches, en assurant l’interaction entre chacun et en animant des réseaux d’échange.


Liste non exhaustive de références

  • ADIT. Dispositif opérationnel d’intelligence territoriale et de sécurité économique, Ministère de l’Intérieur, guide remis aux Préfets de Région
  • Besson, B. et Possin, J.C. Dix ans d’intelligence économique en France, paru dans : Intelligence économique et gouvernance compétitive, la documentation française, 2006
  • Canepa, D. Le Ministère de l’Intérieur et l’intelligence territoriale, paru dans : Intelligence économique et gouvernance compétitive. La documentation française, 2006, p.52-58.
  • Carayon, B. Intelligence économique et territoires. Intelligence économique, compétitivité et cohésion sociale, La documentation française, 2003
  • Colletis, G. Entreprises et territoires : proximités et développement local, paru dans : Entreprises, réseaux et territoires, le 22 mars 2005
  • Demazière C. et Faugouin P. Anticiper les mutations économiques des territoires : quelles implications pour l’action publique locale ? Paru dans : Actes colloque Atelier d’Intelligence Stratégique (ATELIS), Poitiers, janvier 2005, p. 387-395.
  • Dupuy, C. et Burmeister, A. Entreprises et territoires : les nouveaux enjeux de la proximité, éditions La documentation française, 2003
  • Goria, S. et Knauf, A. Présentation d’une étude fonctionnelle de diverses formes d’intelligences territoriales mises en œuvre par les pôles de compétitivité, paru dans Pôles de compétitivité et développement économique régional (Liège, Belgique), mars 2009
  • Guesnier, B. Gouvernance et performance des territoires, CRIEF, 2004
  • Knauf, A. Caractérisation des rôles du coordinateur-animateur : émergence d’un acteur nécessaire à la mise en pratique d’un dispositif régional d’intelligence économique, thèse de doctorat soutenue le 12 octobre 2007, Université Nancy2, 400 p.
  • Knauf, A. et Goria, S. Spécification des métiers et compétences impliqués dans le dispositif d’intelligence économique : identification d’un métier émergent pour le pilotage et l’animation des actions dédiées à l’intelligence économique en région. Paru dans Intelligence Territoriale : l’intelligence économique appliquée au territoire, sous la direction de Ludovic François, édition Lavoisier, déc. 2008, (120 pages).
  • Prax, J.Y. Le management territorial à l’heure des réseaux, éditions d’Organisation, 2002
  • Voisin, C. et al. Les réseaux : dimensions stratégiques et organisationnelles, éditions Economica, 2004


Voir aussi Références sur l'intelligence économique