Grippe aviaire et transmission chez l'homme (2006) Delvallée/Grippe humaine/Prévention

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Prévention

Actualités sur la grippe aviaire et sa transmission chez l’homme, Grippe humaine d'origine aviaire


 
 

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Rapport
Actualités sur la grippe aviaire et sa transmission chez l’homme
Chapitre
Prévention
Section
Aspects cliniques et diagnostiques - Traitement
Auteur
Thérèse Delvallée (INIST)
Date
2006
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Section du rapport

Prévention chez l’homme

Les vaccins

La prévention repose presque exclusivement sur la vaccination dont le but est d’initier une réponse immune protectrice adéquate en cas de contact avec un virus grippal. Dans l’Union Européenne, les critères d’immunogénicité d’un vaccin sont basés sur la mesure d’un taux sérique efficace d’anticorps neutralisants dirigés contre les glycoprotéines de l’enveloppe virale  : l’hémagglutinine et la neuraminidase, l’hémagglutinine étant la plus antigénique (Aymard, Gerentes et al. 1999 [15]).

Selon les recommandations de l’OMS, les vaccins ayant une autorisation de mise sur le marché (AMM) comportent les deux sous-types H3N2 et H1N1 de virus de type A et un virus de type B, correspondant aux souches circulant dans la population humaine au cours des épidémies saisonnières. Chaque année, les trois souches sont sélectionnées par des experts virologues, à partir de dizaines de milliers de prélèvements effectués sur tous les continents et caractérisés par les centres nationaux de référence du réseau mondial de surveillance de la grippe. L’OMS fournit les souches virales prototypes aux fabricants de vaccins afin qu’ils mettent à jour la composition des vaccins saisonniers pour la période à venir. Deux réunions ont lieu chaque année, une, en février pour l’hémisphère nord et six mois plus tard pour l’hémisphère sud.

On dispose actuellement de deux types de vaccins antigrippaux  : les vaccins inactivés et les vaccins vivants atténués (Demicheli, Jefferson et al. 2000 [54]).

Les vaccins antigrippaux trivalents inactivés (VTI)

Les vaccins inactivés faisant l’objet d’une autorisation de mise sur le marché exploitent la nature segmentaire du génome des virus grippaux  ; depuis le début des années 1970, ils sont composés de virus réassortis contenant les segments codant pour l’hémagglutinine et la neuraminidase des souches saisonnières et les six gènes internes provenant d’une souche mère A/Puerto Rico/8/34 (PR8) (H1N1), avirulente, adaptée en laboratoire. La recombinaison se fait par l’injection simultanée des deux souches virales (sauvage et PR8) dans des embryons de poulet. Les virus réassortis possèdent ainsi les propriétés antigéniques des souches circulantes, l’innocuité et les capacités de multiplication de la souche PR8.

Il existe trois types de VTI  : les vaccins à virus entier, les vaccins à virus fragmenté et les vaccins sous-unités. Ces deux derniers sont de loin les plus utilisés, car moins réactogènes que les préparations à virus entier.

Les vaccins à virions fragmentés sont constitués de particules obtenues après dissociation du virus par un détergent. Les vaccins sous-unités sont composés de neuraminidase et d’hémagglutinine virales purifiées après élimination des autres constituants (OMS 2005 [150]).

L’utilisation d’adjuvants immunologiques permet d’augmenter l’immunogénicité des vaccins inactivés. L’Union Européenne a récemment homologué un vaccin adjuvé avec une émulsion huile dans l’eau, le MF59 (FluAD®) ; celui-ci s’est montré plus performant que les vaccins sans adjuvant chez les personnes naïves.

Les vaccins inactivés virosomaux sont apparus récemment sur le marché dans quelques pays européens  : Influvac Plus®, Inflexal V® en Suisse et Invivac® aux Pays-Bas. Ils se sont montrés plus efficaces que les vaccins classiques chez la personne âgée pour laquelle les défenses immunes sont affaiblies (de Bruijn, Nauta et al. 2005 [50]). Ils ouvrent une nouvelle voie dans la prévention de la grippe, notamment par l’inclusion d’adjuvants immunologiques[1].

Les VTI ont en général une efficacité protectrice comparable, étroitement liée à la correspondance antigénique entre la souche vaccinale et la souche circulante saisonnière. La durée moyenne de la protection est estimée de quatre à six mois. Leur tolérance est bonne et meilleure pour les VTI à virus fragmenté et les vaccins sous-unités. Les effets secondaires sont à type de réactions locales au point d’injection, ou plus rarement de réactions généralisées à type de syndrome pseudo-grippal. Une augmentation du risque de syndrome de Guillain Barré a également été signalée au cours de certaines saisons grippales (OMS 2005 [150]).

Les VTI sont administrés par voie intramusculaire, dans le deltoïde ou la face antérolatérale de la cuisse, chez l’adulte, la personne âgée et l’enfant à partir de six mois.

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Les vaccins vivants atténués

Le développement de vaccins vivants atténués, administrés par voie nasale, représente une alternative aux vaccins inactivés. Ils sont utilisés depuis plusieurs années en Russie. En 2003, la FDA américaine a autorisé la mise sur le marché d’un vaccin trivalent vivant atténué pour administration nasale, chez les personnes de 5 à 49 ans (FluMist). Chaque dose contient les virus réassortis des trois souches virales épidémiques.

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Perspectives dans la recherche et le développement de vaccins anti-grippaux
La génétique inverse et les cultures cellulaires

En virologie moléculaire, la génétique inverse définit la génération de virus dont le génome est produit à partir d’ADNc (ADN complémentaire). L’ARN viral est isolé et transcrit en ADNc par une transcriptase inverse. L’ADNc est amplifié par amorces spécifiques des segments viraux puis cloné (Marsh and Tannock 2005 [128]). La préparation des virus réassortis entrant dans la composition des vaccins fait appel à la coinfection de cellules par deux souches de virus influenza et peut générer théoriquement 254 (28 ) virus recombinés. La sélection indispensable des « bons réassortis » nécessite des procédures d’analyse et de vérification longues et dispendieuses. Le développement des techniques de génétique inverse permet de réduire le nombre de virus réassortis résultants.

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Les virosomes et les ISCOMs
Les virosomes sont des systèmes de transport liposomal et représentent un nouveau système de délivrance des vaccins. Ils ressemblent étroitement au virus naturel. Ce sont des pseudo particules virales, constituées de l’enveloppe virale, sans aucun matériel génétique où l’hémagglutinine et la neuraminidase du virus grippal sont intercalées entre deux couches de phospholipides. Ils sont obtenus après solubilisation à l’aide d’un détergent et reconstruction. Ils ont une morphologie et des capacités de pénétration cellulaire identiques au virus original, et conservent leurs propriétés de fixation au récepteur cellulaire et de fusion membranaire qui sont propres à l’hémagglutinine virale. En raison de l’absence de l’ARN viral, les virosomes n’infectent pas les cellules avec lesquelles ils fusionnent.