Grippe aviaire et transmission chez l'homme (2006) Delvallée/Grippe humaine/Prévention : Différence entre versions

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(Les vaccins vivants atténués)
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Le  transfert  des  six  gènes  des  protéines  internes  d’une  souche  mère  de  virus  influenza  A/Ann  Arbor/-/60  (AA)(H2N2)  (ou  AA  ca)  vivante,  atténuée,  adaptée  au  froid, dans chacune des trois souches sauvages circulantes, contenant les gènes HA et NA recommandés par l’OMS, permet de générer des vaccins réassortis possédant un  phénotype  d’atténuation  (spécifié  par  des  mutations  au  niveau  des  gènes  internes)  et  d’immunogénicité  adapté  pour  l’homme,  une  stabilité  génétique  et  une transmissibilité absente ou négligeable des sujets vaccinés aux sujets contacts non immunisés (Girard, Cherian et al. 2005 [74]). La génération des virus réassortis se fait de manière classique, par la co-infection de la cavité allantoïdienne d’œufs embryonnés par la souche virale sauvage et la souche mère. Les souches vaccinales se  multiplient  efficacement  dans  des  cultures  primaires  de  cellules  rénales  de  poulet et dans les œufs fertilisés à 25-33°C ; elles ont un taux de réplication faible à 37°C.  
 
Le  transfert  des  six  gènes  des  protéines  internes  d’une  souche  mère  de  virus  influenza  A/Ann  Arbor/-/60  (AA)(H2N2)  (ou  AA  ca)  vivante,  atténuée,  adaptée  au  froid, dans chacune des trois souches sauvages circulantes, contenant les gènes HA et NA recommandés par l’OMS, permet de générer des vaccins réassortis possédant un  phénotype  d’atténuation  (spécifié  par  des  mutations  au  niveau  des  gènes  internes)  et  d’immunogénicité  adapté  pour  l’homme,  une  stabilité  génétique  et  une transmissibilité absente ou négligeable des sujets vaccinés aux sujets contacts non immunisés (Girard, Cherian et al. 2005 [74]). La génération des virus réassortis se fait de manière classique, par la co-infection de la cavité allantoïdienne d’œufs embryonnés par la souche virale sauvage et la souche mère. Les souches vaccinales se  multiplient  efficacement  dans  des  cultures  primaires  de  cellules  rénales  de  poulet et dans les œufs fertilisés à 25-33°C ; elles ont un taux de réplication faible à 37°C.  
  
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Les vaccins vivants atténués semblent être d’une efficacité protectrice comparable aux  vaccins  trivalents  inactivés.  Ils  induisent  principalement  une  sécrétion  d'IgA  locale  au  niveau  des  voies  respiratoires  supérieures,  qui  contribuent  à  une  résistance  à  l’infection.  Des  études  de  pharmacovigilance  ont  été  menées  aux  Etats-Unis  pendant  les  saisons  grippales  de  2003-2004  et  2004-2005.  Quatre  cent  soixante  effets  secondaires  ont  été  répertoriés  sur  ces  périodes  parmi  lesquels  9%  sont  considérés  comme  sérieux.  Les  accidents  allergiques  à  type  de  réaction  anaphylactique  et  les  problèmes  respiratoires,  notamment  à  type  d’aggravation  d’asthme  préexistant,  sont   les  complications  les  plus  fréquentes.  On  cite  également  deux  cas  de  syndrome  de  Guillain  Barré  et  une  paralysie  faciale  périphérique  (Izurieta,  Haber  et  al.  2005  [97]).  Les  contre  indications  sont  notamment les allergies aux protéines d’œuf, le premier trimestre de la grossesse et les états d’immunodépression.
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Dans  son  bulletin  du  30  janvier  2004<ref>lien cassé : https://www.who.int/influenza/human_animal_interface/guidelines/seasonal_vaccine/en/</ref>,  l’Organisation  Mondiale  de  la  Santé  (OMS)  recommande    la    vaccination    par    le    vaccin    saisonnier,    des    populations    potentiellement  exposées  aux  virus  A  (H5N1),  dans  les  régions  atteintes  par  les  épizooties.  Cette  vaccination  ne  protège  pas  contre  les  souches  virales  d’origine  aviaire.  Elle  se  justifie  par  la  crainte  de  voir  apparaître  des  réassortiments  entre  les virus aviaires et humains, en cas d’infection mixte. De tels échanges de gènes pourraient  favoriser  l’apparition  de  souches  mutantes  capables  de  s’adapter  rapidement à l’homme.
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Les  vaccins  antigrippaux  saisonniers  sont  produits  selon  des  méthodes  classiques,  mises au point il y a une cinquantaine d’années. Chaque souche virale de référence est injectée et mise en culture dans des œufs de poule embryonnés d’une dizaine de  jours.  Il  est  ensuite  isolé,  purifié  (débarrassé  des  protéines  d’œuf)  et  tué  chimiquement par le formol ou la beta-propiolactone, avant son inclusion dans les vaccins.  Il  faut  en  moyenne  un  à  deux  œufs  pour  produire  une  dose  annuelle  de  vaccin  inactivé,  et  le  processus  de  fabrication  est  long    :  il  demande  environ  six  mois.  
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Ces méthodes traditionnelles ne conviennent pas pour les virus aviaires hautement pathogènes  tels  que  le  virus  A  (H5N1),  en  raison  de  leur  virulence  létale  pour  les  embryons  où  ils  n’ont  guère  le  temps  de  s’y  multiplier. D’autres  techniques  de  production  se  sont  développées,  et  utilisent  notamment  les  cultures  cellulaires  et  la génétique inverse.
  
 
=====Perspectives dans la recherche et le développement de vaccins anti-grippaux =====
 
=====Perspectives dans la recherche et le développement de vaccins anti-grippaux =====

Version du 10 avril 2020 à 09:14

Prévention

Actualités sur la grippe aviaire et sa transmission chez l’homme, Grippe humaine d'origine aviaire


 
 

Delvallée page 2.png
Rapport
Actualités sur la grippe aviaire et sa transmission chez l’homme
Chapitre
Prévention
Section
Aspects cliniques et diagnostiques - Traitement
Auteur
Thérèse Delvallée (INIST)
Date
2006
En ligne
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Section du rapport

Prévention chez l’homme

Les vaccins

La prévention repose presque exclusivement sur la vaccination dont le but est d’initier une réponse immune protectrice adéquate en cas de contact avec un virus grippal. Dans l’Union Européenne, les critères d’immunogénicité d’un vaccin sont basés sur la mesure d’un taux sérique efficace d’anticorps neutralisants dirigés contre les glycoprotéines de l’enveloppe virale  : l’hémagglutinine et la neuraminidase, l’hémagglutinine étant la plus antigénique (Aymard, Gerentes et al. 1999 [15]).

Selon les recommandations de l’OMS, les vaccins ayant une autorisation de mise sur le marché (AMM) comportent les deux sous-types H3N2 et H1N1 de virus de type A et un virus de type B, correspondant aux souches circulant dans la population humaine au cours des épidémies saisonnières. Chaque année, les trois souches sont sélectionnées par des experts virologues, à partir de dizaines de milliers de prélèvements effectués sur tous les continents et caractérisés par les centres nationaux de référence du réseau mondial de surveillance de la grippe. L’OMS fournit les souches virales prototypes aux fabricants de vaccins afin qu’ils mettent à jour la composition des vaccins saisonniers pour la période à venir. Deux réunions ont lieu chaque année, une, en février pour l’hémisphère nord et six mois plus tard pour l’hémisphère sud.

On dispose actuellement de deux types de vaccins antigrippaux  : les vaccins inactivés et les vaccins vivants atténués (Demicheli, Jefferson et al. 2000 [54]).

Les vaccins antigrippaux trivalents inactivés (VTI)

Les vaccins inactivés faisant l’objet d’une autorisation de mise sur le marché exploitent la nature segmentaire du génome des virus grippaux  ; depuis le début des années 1970, ils sont composés de virus réassortis contenant les segments codant pour l’hémagglutinine et la neuraminidase des souches saisonnières et les six gènes internes provenant d’une souche mère A/Puerto Rico/8/34 (PR8) (H1N1), avirulente, adaptée en laboratoire. La recombinaison se fait par l’injection simultanée des deux souches virales (sauvage et PR8) dans des embryons de poulet. Les virus réassortis possèdent ainsi les propriétés antigéniques des souches circulantes, l’innocuité et les capacités de multiplication de la souche PR8.

Il existe trois types de VTI  : les vaccins à virus entier, les vaccins à virus fragmenté et les vaccins sous-unités. Ces deux derniers sont de loin les plus utilisés, car moins réactogènes que les préparations à virus entier.

Les vaccins à virions fragmentés sont constitués de particules obtenues après dissociation du virus par un détergent. Les vaccins sous-unités sont composés de neuraminidase et d’hémagglutinine virales purifiées après élimination des autres constituants (OMS 2005 [150]).

L’utilisation d’adjuvants immunologiques permet d’augmenter l’immunogénicité des vaccins inactivés. L’Union Européenne a récemment homologué un vaccin adjuvé avec une émulsion huile dans l’eau, le MF59 (FluAD®) ; celui-ci s’est montré plus performant que les vaccins sans adjuvant chez les personnes naïves.

Les vaccins inactivés virosomaux sont apparus récemment sur le marché dans quelques pays européens  : Influvac Plus®, Inflexal V® en Suisse et Invivac® aux Pays-Bas. Ils se sont montrés plus efficaces que les vaccins classiques chez la personne âgée pour laquelle les défenses immunes sont affaiblies (de Bruijn, Nauta et al. 2005 [50]). Ils ouvrent une nouvelle voie dans la prévention de la grippe, notamment par l’inclusion d’adjuvants immunologiques.

Les VTI ont en général une efficacité protectrice comparable, étroitement liée à la correspondance antigénique entre la souche vaccinale et la souche circulante saisonnière. La durée moyenne de la protection est estimée de quatre à six mois. Leur tolérance est bonne et meilleure pour les VTI à virus fragmenté et les vaccins sous-unités. Les effets secondaires sont à type de réactions locales au point d’injection, ou plus rarement de réactions généralisées à type de syndrome pseudo-grippal. Une augmentation du risque de syndrome de Guillain Barré a également été signalée au cours de certaines saisons grippales (OMS 2005 [150]).

Les VTI sont administrés par voie intramusculaire, dans le deltoïde ou la face antérolatérale de la cuisse, chez l’adulte, la personne âgée et l’enfant à partir de six mois.

Les vaccins utilisés en France sont des vaccins inactivés. La vaccination est recommandée par le Conseil supérieur d’hygiène publique pour les sujets à risque (personnes de plus de 65 ans, dans certaines affections de longue durée et pour toutes les personnes exposées professionnellement aux sujets à risque). Pour la saison hivernale 2006/2007 , seule la souche A (H3N2) sera modifiée par rapport à la période 2005-2006 , selon les recommandations de l’OMS.

Huit vaccins sont commercialisés en France, correspondant à des préparations vaccinales différentes  : six d’entre eux sont des vaccins classiques trivalents inactivés, sous forme de virus fragmentés (Fluarix®) ou d’antigènes de surface purifiés (Influvac®)  ; un vaccin VTI adjuvé a été mis sur le marché en 2004 (Gripguard), et le vaccin Tetagrip® associe la vaccination antitétanique. Le ministère de la santé[1] émet chaque année un guide de vaccination antigrippale.

Suite à l’épisode de grippe aviaire de Hong Kong en février 2003, les laboratoires de référence et les centres collaborateurs de l’OMS pour la grippe ont développé plusieurs souches vaccinales recombinantes prototypes, à partir des virus de 2003 et 2004 ; ces souches pandémiques ont été mises à disposition d’un certain nombre d’institutions et de compagnies pharmaceutiques pour la fabrication et la production de différents vaccins destinés à protéger l’homme contre la souche A (H5N1) de l’influenza (OMS 2003 [2]).

Les vaccins vivants atténués

Le développement de vaccins vivants atténués, administrés par voie nasale, représente une alternative aux vaccins inactivés. Ils sont utilisés depuis plusieurs années en Russie. En 2003, la FDA américaine a autorisé la mise sur le marché d’un vaccin trivalent vivant atténué pour administration nasale, chez les personnes de 5 à 49 ans (FluMist). Chaque dose contient les virus réassortis des trois souches virales épidémiques.

Le transfert des six gènes des protéines internes d’une souche mère de virus influenza A/Ann Arbor/-/60 (AA)(H2N2) (ou AA ca) vivante, atténuée, adaptée au froid, dans chacune des trois souches sauvages circulantes, contenant les gènes HA et NA recommandés par l’OMS, permet de générer des vaccins réassortis possédant un phénotype d’atténuation (spécifié par des mutations au niveau des gènes internes) et d’immunogénicité adapté pour l’homme, une stabilité génétique et une transmissibilité absente ou négligeable des sujets vaccinés aux sujets contacts non immunisés (Girard, Cherian et al. 2005 [74]). La génération des virus réassortis se fait de manière classique, par la co-infection de la cavité allantoïdienne d’œufs embryonnés par la souche virale sauvage et la souche mère. Les souches vaccinales se multiplient efficacement dans des cultures primaires de cellules rénales de poulet et dans les œufs fertilisés à 25-33°C ; elles ont un taux de réplication faible à 37°C.

Les vaccins vivants atténués semblent être d’une efficacité protectrice comparable aux vaccins trivalents inactivés. Ils induisent principalement une sécrétion d'IgA locale au niveau des voies respiratoires supérieures, qui contribuent à une résistance à l’infection. Des études de pharmacovigilance ont été menées aux Etats-Unis pendant les saisons grippales de 2003-2004 et 2004-2005. Quatre cent soixante effets secondaires ont été répertoriés sur ces périodes parmi lesquels 9% sont considérés comme sérieux. Les accidents allergiques à type de réaction anaphylactique et les problèmes respiratoires, notamment à type d’aggravation d’asthme préexistant, sont les complications les plus fréquentes. On cite également deux cas de syndrome de Guillain Barré et une paralysie faciale périphérique (Izurieta, Haber et al. 2005 [97]). Les contre indications sont notamment les allergies aux protéines d’œuf, le premier trimestre de la grossesse et les états d’immunodépression.

Dans son bulletin du 30 janvier 2004[2], l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande la vaccination par le vaccin saisonnier, des populations potentiellement exposées aux virus A (H5N1), dans les régions atteintes par les épizooties. Cette vaccination ne protège pas contre les souches virales d’origine aviaire. Elle se justifie par la crainte de voir apparaître des réassortiments entre les virus aviaires et humains, en cas d’infection mixte. De tels échanges de gènes pourraient favoriser l’apparition de souches mutantes capables de s’adapter rapidement à l’homme.

Les vaccins antigrippaux saisonniers sont produits selon des méthodes classiques, mises au point il y a une cinquantaine d’années. Chaque souche virale de référence est injectée et mise en culture dans des œufs de poule embryonnés d’une dizaine de jours. Il est ensuite isolé, purifié (débarrassé des protéines d’œuf) et tué chimiquement par le formol ou la beta-propiolactone, avant son inclusion dans les vaccins. Il faut en moyenne un à deux œufs pour produire une dose annuelle de vaccin inactivé, et le processus de fabrication est long  : il demande environ six mois.

Ces méthodes traditionnelles ne conviennent pas pour les virus aviaires hautement pathogènes tels que le virus A (H5N1), en raison de leur virulence létale pour les embryons où ils n’ont guère le temps de s’y multiplier. D’autres techniques de production se sont développées, et utilisent notamment les cultures cellulaires et la génétique inverse.

Perspectives dans la recherche et le développement de vaccins anti-grippaux
La génétique inverse et les cultures cellulaires

En virologie moléculaire, la génétique inverse définit la génération de virus dont le génome est produit à partir d’ADNc (ADN complémentaire). L’ARN viral est isolé et transcrit en ADNc par une transcriptase inverse. L’ADNc est amplifié par amorces spécifiques des segments viraux puis cloné (Marsh and Tannock 2005 [128]). La préparation des virus réassortis entrant dans la composition des vaccins fait appel à la coinfection de cellules par deux souches de virus influenza et peut générer théoriquement 254 (28 ) virus recombinés. La sélection indispensable des « bons réassortis » nécessite des procédures d’analyse et de vérification longues et dispendieuses. Le développement des techniques de génétique inverse permet de réduire le nombre de virus réassortis résultants.

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Les virosomes et les ISCOMs

Les virosomes sont des systèmes de transport liposomal et représentent un nouveau système de délivrance des vaccins. Ils ressemblent étroitement au virus naturel. Ce sont des pseudo particules virales, constituées de l’enveloppe virale, sans aucun matériel génétique où l’hémagglutinine et la neuraminidase du virus grippal sont intercalées entre deux couches de phospholipides. Ils sont obtenus après solubilisation à l’aide d’un détergent et reconstruction. Ils ont une morphologie et des capacités de pénétration cellulaire identiques au virus original, et conservent leurs propriétés de fixation au récepteur cellulaire et de fusion membranaire qui sont propres à l’hémagglutinine virale. En raison de l’absence de l’ARN viral, les virosomes n’infectent pas les cellules avec lesquelles ils fusionnent.

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Les adjuvants immunologiques

Un certain nombre d’adjuvants, en raison de leurs capacités à booster la réponse immune, font l’objet d’études expérimentales pour leur inclusion dans les vaccins anti-grippaux.

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