La grippe ou influenza (1908) André/Traitement
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Cette page introduit un chapitre de l'ouvrage La grippe ou influenza, rédigé en 1908 par Gustave André.
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Prophylaxie
Peut-on sellalterde pouvoir em- pêcher, un jour, par des mesures internationales, comme pour le choléra, la peste, le typhus, etc., la propagation de la grippe épidémique ? Sisley, au Congrès international de Londres, a proposé d'exiger par une loi la déclaration des cas d'in- lluenza. La mesure serait absolument illusoire, car le médecin n'intervient guère au début de la maladie, c'est-à-dire au moment où le diagnostic précoce est surtout utile. Tenter de mettre obsta- cle à l'envahissement d'une région, d'une ville, par l'influenza, c'est chercher à résoudre un pro- blème insoluble ; c'est un rêve, une utopie scien- tifique ; dans sa marche capricieuse ot vagabondé, la grippe déjouera tous les règlements sanitaires, toutes les mesures administratives et toutes les quarantaines. Tout au plus, peut-on songer rai- sonnablement à préserver certains groupes hu- mains, comme les salles d'hôpital, les prisons, les collèges, les couvents, etc.
L'isolement, si efficace pour toutes les maladies, contagieuses en général, est ici irréalisable, à
moins d'interrompre, pendant un temps déter- miné, les relations sociales et les contacts qu'elles, nécessitent. L'isolement rigoureux n'est applica- ble qu'à un petit nombre d'agglomérations d'in- dividus; on n'a pu guère en obtenir des effets réels que dans quelques rares établissements, quelques phares anglais, par exemple, ou quelques collectivités, comme certaines communautés re- ligieuses auxquelles les règles de l'ordre interdi- sent toute communication avec l'extérieur. D'ail- leurs, une épidémie en quelque sorte planétaire et ubiquitaire déjoue toutes les mesurés pro- phylactiques internationales ; seule, la pro- phylaxie individuelle peut avoir quelques chances d'aboutir à des résultats positifs. On a préconisé dans ce but des méthodes plus ou moins ingé- nieuses. Il convient tout d'abord de mettre, dès les premières heures, à l'abri de la contagion, les individus les plus exposés aux complications graves, tels les vieillards, les phtisiques, les diabétiques, les cardiaques, en un mot, tous ceux qu'une tare manifeste désigne comme une proie toute naturelle aux coups du terrible mal.
On a cherché, par des médications diverses,,à obtenir Y immunité. Goldschmidt croit qu'une ré- cente vaccination jennérienne peut mettre à l'abri de la grippe ôpidémique. Par contre, le Dr Kûss, en 1890, a découvert, par le plus grand des hasards, un effet fort singulier de l'influenza.
sur l'immunité conférée par la vaccine el même par la variole. C'est ainsi quo chez un certain nombre de personnes vaccinées sans succès quel- que temps auparavant, la grippe aurait eu cet étrange résultat de rendre positive une nouvelle inoculation vaccinale. Personnellement, leDrKûss, après avoir eu une varioloïdo en 1870, s'était depuis lors vacciné un certain nombre de fois sans succès ; il eut la grippe le 4 janvier 1890 et cette fois, sur quatre piqûres, il eut un superbe bouton vaccinal aussi classique que possible. A noter que la dernière revaccination, infructueuse d'ailleurs, avait eu lieu deux mois environ aupa- ravant, avec un virus de même provenance et de qualité supérieure. Sur une personne de sa fa- mille, à la même époque, un fait identique se produisit. Dans l'intérêt de tout le monde, il vau- drait mieux, selon le Dr Kûss, que ces faits fus- sent erronés.
D'après le Professeur Mossé, de Toulouse [Rev. de M éd., 1895), la quinine exerce une action pré- ventive et frénatrice sur les manifeslations de l'infection grippale. Comme médicament abortif, la quinine doit être prescrite à doses relative- ment élevées. En cas d'envahissement de l'orga- nisme par les agents des infections secondaires, il faut d'emblée avoir recours aux injections hypodermiques de quinine. L'auteur déclare avoir immunisé des lapins, en leur injectant du
sulfate de quinine dans les veines. Il résulterait des expériences de Mossé que la présence de la quinine dans le sang rend ce milieu peu favora- ble à la vie et au développement de la virulence du microbe do Pfeiffer.
Nous avons nous-même, dans une communica- tion faite au Congrès de Toulouse, en 1902, pré- conisé, comme médication préventive, les prépa- rations de quinquina, et, notamment, le vin de quinium que nous prescrivions fréquemment pendant l'épidémie de 1901.
Bruschettini déclare avoir vacciné des animaux en injectant des cultures de Yinfluenza-bacillus dans le sang ; le sérum de ces animaux constitue- rait un véritable vaccin contre l'influenza. A. Can- tani aurait obtenu des résultats positifs chez les cobayes, soit avec des cultures du bacille de Pfeiffer stérilisées à 56°, soit avec les exsudais péritonéaux et les émulsions de substance céré- brale recueillies chez des animaux ayant suc- combé à la grippe.
Il est rationnel de procéder à l'antisepsie rigou- reuse de la bouche et des fosses nasales, réceptacles de nombreux microbes à virulence aggravée et peut-être mêmedu microbe de Pfeiffer. On a préco- nisé, dans ce but, des solutions d'acide phonique, d'acide thymique, d'acide borique, etc. On vise surtout les infections secondaires dues au pneu- mocoque, au streptocoque, au staphylocoque, etc.
On procédera, comme pour la diphtérie, la fièvre typhoïde, la scarlatine, à la désinfection des vêtements, des linges, de la literie, des ten- tures, soit au moyen do l'étuve Geneste et Hers- cher, soit par le formol (appareil Treillat), soit par les vapeurs d'acide sulfureux, soit encore par les pulvérisations de sublimé, ces deux der- niers procédés étant d'une application plus facile à la campagne.
Traitement général
Que quelques cas légers de grippo guérissent, comme le voulait Peter, « les pieds sur les chenets », la chose est possible ; le repos au lit ou même à la chambre, les boissons chaudes peuvent suffire lorsque la fièvre est légère et qu'il n'existe qu'un peu de courbature et de trachéite; mais l'exjpectation, comme méthode prépondérante, n'a point rallié la majorité des praticiens. En réalité, dans une maladie où les infections secondaires jouent un si grand rôle, où les formes cliniques sont sou- vent si tranchées, où des complications graves peuvent éclater à l'improviste, le médecin doit, par une analyse clinique subtile, dégager les in- dications tenant à l'âge, à l'existence de tares or- ganiques, favoriser les fonctions du rein, tonifier de bonne heure le myocarde, relever, dès les pre- miers \jours, les forces du sujet, si enclin à l'as- thénie et à l'épuisement,i aux rechutes; bref,