La grippe ou influenza (1908) André/Traitement

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Gustave André
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La grippe ou influenza (1908)
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Prophylaxie

Peut-on sellalterde pouvoir em- pêcher, un jour, par des mesures internationales, comme pour le choléra, la peste, le typhus, etc., la propagation de la grippe épidémique ? Sisley, au Congrès international de Londres, a proposé d'exiger par une loi la déclaration des cas d'in- lluenza. La mesure serait absolument illusoire, car le médecin n'intervient guère au début de la maladie, c'est-à-dire au moment où le diagnostic précoce est surtout utile. Tenter de mettre obsta- cle à l'envahissement d'une région, d'une ville, par l'influenza, c'est chercher à résoudre un pro- blème insoluble ; c'est un rêve, une utopie scien- tifique ; dans sa marche capricieuse ot vagabondé, la grippe déjouera tous les règlements sanitaires, toutes les mesures administratives et toutes les quarantaines. Tout au plus, peut-on songer rai- sonnablement à préserver certains groupes hu- mains, comme les salles d'hôpital, les prisons, les collèges, les couvents, etc.

L'isolement, si efficace pour toutes les maladies, contagieuses en général, est ici irréalisable, à



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moins d'interrompre, pendant un temps déter- miné, les relations sociales et les contacts qu'elles, nécessitent. L'isolement rigoureux n'est applica- ble qu'à un petit nombre d'agglomérations d'in- dividus; on n'a pu guère en obtenir des effets réels que dans quelques rares établissements, quelques phares anglais, par exemple, ou quelques collectivités, comme certaines communautés re- ligieuses auxquelles les règles de l'ordre interdi- sent toute communication avec l'extérieur. D'ail- leurs, une épidémie en quelque sorte planétaire et ubiquitaire déjoue toutes les mesurés pro- phylactiques internationales ; seule, la pro- phylaxie individuelle peut avoir quelques chances d'aboutir à des résultats positifs. On a préconisé dans ce but des méthodes plus ou moins ingé- nieuses. Il convient tout d'abord de mettre, dès les premières heures, à l'abri de la contagion, les individus les plus exposés aux complications graves, tels les vieillards, les phtisiques, les diabétiques, les cardiaques, en un mot, tous ceux qu'une tare manifeste désigne comme une proie toute naturelle aux coups du terrible mal.

On a cherché, par des médications diverses,,à obtenir Y immunité. Goldschmidt croit qu'une ré- cente vaccination jennérienne peut mettre à l'abri de la grippe ôpidémique. Par contre, le Dr Kûss, en 1890, a découvert, par le plus grand des hasards, un effet fort singulier de l'influenza.



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sur l'immunité conférée par la vaccine el même par la variole. C'est ainsi quo chez un certain nombre de personnes vaccinées sans succès quel- que temps auparavant, la grippe aurait eu cet étrange résultat de rendre positive une nouvelle inoculation vaccinale. Personnellement, leDrKûss, après avoir eu une varioloïdo en 1870, s'était depuis lors vacciné un certain nombre de fois sans succès ; il eut la grippe le 4 janvier 1890 et cette fois, sur quatre piqûres, il eut un superbe bouton vaccinal aussi classique que possible. A noter que la dernière revaccination, infructueuse d'ailleurs, avait eu lieu deux mois environ aupa- ravant, avec un virus de même provenance et de qualité supérieure. Sur une personne de sa fa- mille, à la même époque, un fait identique se produisit. Dans l'intérêt de tout le monde, il vau- drait mieux, selon le Dr Kûss, que ces faits fus- sent erronés.

D'après le Professeur Mossé, de Toulouse [Rev. de M éd., 1895), la quinine exerce une action pré- ventive et frénatrice sur les manifeslations de l'infection grippale. Comme médicament abortif, la quinine doit être prescrite à doses relative- ment élevées. En cas d'envahissement de l'orga- nisme par les agents des infections secondaires, il faut d'emblée avoir recours aux injections hypodermiques de quinine. L'auteur déclare avoir immunisé des lapins, en leur injectant du


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sulfate de quinine dans les veines. Il résulterait des expériences de Mossé que la présence de la quinine dans le sang rend ce milieu peu favora- ble à la vie et au développement de la virulence du microbe do Pfeiffer.

Nous avons nous-même, dans une communica- tion faite au Congrès de Toulouse, en 1902, pré- conisé, comme médication préventive, les prépa- rations de quinquina, et, notamment, le vin de quinium que nous prescrivions fréquemment pendant l'épidémie de 1901.

Bruschettini déclare avoir vacciné des animaux en injectant des cultures de Yinfluenza-bacillus dans le sang ; le sérum de ces animaux constitue- rait un véritable vaccin contre l'influenza. A. Can- tani aurait obtenu des résultats positifs chez les cobayes, soit avec des cultures du bacille de Pfeiffer stérilisées à 56°, soit avec les exsudais péritonéaux et les émulsions de substance céré- brale recueillies chez des animaux ayant suc- combé à la grippe.

Il est rationnel de procéder à l'antisepsie rigou- reuse de la bouche et des fosses nasales, réceptacles de nombreux microbes à virulence aggravée et peut-être mêmedu microbe de Pfeiffer. On a préco- nisé, dans ce but, des solutions d'acide phonique, d'acide thymique, d'acide borique, etc. On vise surtout les infections secondaires dues au pneu- mocoque, au streptocoque, au staphylocoque, etc.



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On procédera, comme pour la diphtérie, la fièvre typhoïde, la scarlatine, à la désinfection des vêtements, des linges, de la literie, des ten- tures, soit au moyen do l'étuve Geneste et Hers- cher, soit par le formol (appareil Treillat), soit par les vapeurs d'acide sulfureux, soit encore par les pulvérisations de sublimé, ces deux der- niers procédés étant d'une application plus facile à la campagne.

Traitement général

Que quelques cas légers de grippo guérissent, comme le voulait Peter, « les pieds sur les chenets », la chose est possible ; le repos au lit ou même à la chambre, les boissons chaudes peuvent suffire lorsque la fièvre est légère et qu'il n'existe qu'un peu de courbature et de trachéite; mais l'exjpectation, comme méthode prépondérante, n'a point rallié la majorité des praticiens. En réalité, dans une maladie où les infections secondaires jouent un si grand rôle, où les formes cliniques sont sou- vent si tranchées, où des complications graves peuvent éclater à l'improviste, le médecin doit, par une analyse clinique subtile, dégager les in- dications tenant à l'âge, à l'existence de tares or- ganiques, favoriser les fonctions du rein, tonifier de bonne heure le myocarde, relever, dès les pre- miers \jours, les forces du sujet, si enclin à l'as- thénie et à l'épuisement,i aux rechutes; bref,



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dans une maladie aussi protéiforme, les indica- tions sont multiples et le scepticisme ne peut être admis.

En raison de la facilité déplorable avec laquelle les malades peuvent contracter, pour la moindre imprudence, des complications pulmonaires graves, il est formellement indiqué de garder le lit jusqu'à la disparition de la fièvre et de la tra- chéite. Pendant toute cette période, le régime ali- mentaire doit surtout consister en lait additionné d'un peu d'alcool, de café ou de quelques gouttes de teinture de kola, en bouillon dégraissé, en limonade vineuse; plus tard, les premiers ali- ments seront des végétaux. Le régime lacto-végé- tarien, comme le dit très bien Huchard, favorise la diurèse et diminue à la fois la toxicité intesti- nale et urinaire; on favorise ainsi la neutralisa- tion et l'élimination des toxines microbiennes en visant l'insuffisance rénale et hépatique, cette dernière étant trop souvent méconnue dans les maladies infectieuses.

Les premiers médicaments administrés ont pour but de combattre la fièvre, de calmer les algies qui manquent rarement et dé s'opposer à l'encombrement de l'arbre bronchique.

Le sulfate de quinine, contestable peut-être au point de vue de sa valeur prophylactique et de sa spécificité dans la maladie déclarée, doit être employé de très bonne heure. Pour Huchard, la


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quinine est' un médicament antifluxionnaire, tonique, vaso-constricteur et hypertenseur ; l'hy- potension artérielle domine en effet dans la grippe. L'éminent clinicien associe l'ergot de seigle au sulfate de quinine (0,10 centigrammes d'extrait aqueux d'ergot et 0,10 centigrammes de sel quinique pour une pilule). Six à dix pilules par jour.

La quinine n'agit pas seulement commeantither- mique, mais encore comme antiseptique et comme tonique ; elle abrégerait la convalescence et s'op- poserait efficacement à l'asthénie grippale ; mais pour combattre les manifestations douloureuses, il convient de prescrire en même temps l'anti- pyrine. Ce dernier médicament, précieux dans ces circonstances, a été libéralement employé dans la grande épidémie de 1889-1890, mais n'a pas tardé, prescrit à fortes doses, à provoquer des accidents fâcheux consistant en sueurs pro- fuses, nausées, lipothymies, vomissements, ano- rexie, diminution de la sécrétion urinaire, etc. ; on l'a accusée aussi de faire naître des érup- tions variées. On a conseillé encore, comme agents antipyrétiques, la salipyrine dont l'action hypnotique se fait sentir sur la céphalalgie 4Von Mosengeil), la phénacéline, le salophène, le pyramidon ; l'aconit surtout a été préconisé par Grasset, associé à l'antipyrine, selon la formule suivante : ' ' -


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Antjpyrine 2 grammes.

Teinture d'aconit 12 à 15gouttes.

Eau de tilleul 90 grammes.

Sirop de fleurs d'oranger. 30 —

Une cuillerée toutes les deux heures.

L'antipyrine et la quinine peuvent se prescrire conjointement :

Sulfate de quinine 0 gr. 25

Antipyrine 0 gr. 75

Pour un cachet : 2 à 3 par jour.

La salipyrine peut être employée à la dose de

'0,40 à 0,50 centigrammes chez l'adulte, la phéna-

cétine à celle de 0,50 centigrammes à 1 gramme,

le pyramidon de 0,50 centigrammes h 1 gramme.

Tous ces succédanés de la quinine ont des pro- priétés antithermiques peu désirables'; ce sont des dépresseurs du système nerveux et des inhi- biteurs de la sécrétion rénale. Huchard fait re- marquer que les formes apyréliques de la grippe sont les plus susceptibles de devenir graves et do se compliquer ; si bien qu'on peut soutenir que la fièvre, en favorisant les combustions et en soustrayant à l'organisme les toxines qui l'en- combrent, est souvent un réel élément de dé- fense. Pour Huchard, l'association de la quinine et de l'antipyrine est antiphysiologique ; c'est un mariage contre nature.


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La balnéation tiède a été préconisée par le Professeur Manasséine, comme préventif immé- diat ou môme comme abortif. Cette médication d'ailleurs rationnelle est redoutée par certains malades.

Aux divers moyens que nous venons d'énumé- rer, il est indispensable de joindre l'ingestion abondante de boissons chaudes, tilleul, thé, légè- rement additionnées de rhum. Lorsque, malgré des doses suffisantes de quinine administrées pendant plusieurs jours, la fièvre se prolonge d'une façon désespérante, on pourra continuer quelque temps encore ce médicament à petites doses, mais peut-être conviendrait-il de le rem- placer par l'extrait de quinquina ou le vin de qui- nium.

Dans certaines formes sévères, sans complica- tions d'ailleurs, mais avec élévation thermique considérable et constante, il est indiqué de pres- crire plus que jamais la balnéation tiède en mênié temps que de grands lavements froids répétés matin et soir.

Le Dr Dumas, de Lédignan, emploie systémati- quement le calomel et n'a qu'à se louer de son efficacité; ce médicament, d'après le distingué praticien, agirait surtout On augmentant l'action antiloxique du foie. Le Dr Felsenthal préconise aussi le calomel qui, administré dès le début de la maladie, la jugulerait en quelque sorte et em-


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pécherait, en tout cas, les complications habi- tuelles. La fièvre, la céphalée, la toux, les dou- leurs lombaires se dissiperaient en quelques heures.

Le Dr O'Neill, de New-York, associe le calomel a la poudre de Dower.

Pour prévenir les infections secondaires, il est formellement indiqué de pratiquer l'antisepsie et l'asepsie rigoureuse des cavités naturelles et de la surface de la peau. Les lavages de la bouche seront effectués avec diverses solutions : liqueur de Van Swietten (2 cuillerées à soupe dans un verre d'eau), solution de formol (0,50 cenligr, pour 1000), solutions mentholées(lgr. pour 1000), solution phéniquée (5 gr. pour 1000), d'acide thymique au 4000°, de phénosalyl (1 cuillerée à café par litre d'eau). PoUr l'antisepsie nasale, on instillera dans les narines quelques gouttes d'huile mentholée (à 2 ou 5 pour 100). On peut encore utiliser dans ce but les tubes Robert à la vaseline résorcinée,

Introduire trois fois par jour, gros comme un pois, de cette pommade dans chaque narine.

En ce qui concerne la peau, balnéation tiède, surtout abstention de vésicatoires. Pour Graves, de Dublin, d'ailleurs, l'impuissance des vésica- toires est une des particularités les plus remar- quables de l'histoire de la grippe. Il les remplaçait par des fomentations avec l'eau très chaude sur


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la région trachéale et sur la poitrine ; ce moyen rendrait, d'après lui, d'incontestables services.

Dans les oreilles, on instillera trois fois par jour quelques gouttes de l'une des préparations suivantes :

Liqueur de Van Swietten. 10 grammes. Glycérine 30 --

ou :

Menthol 0 gr. 05.

Glycérine 25 grammes.

Pour ce qui concerne les lavages de là gorge, on pourra, trois fois par jour, faire des attouche- ments avec l'eau oxygénée au 10e.

On recommande aussi des pulvérisations du nez et de la gorge avec :

Phénosalyl : 0 gr, 50.

Chlorure de sodium 3 grammes.

Eau distillée bouillie.... 300 —

Les troubles respiratoires à peu près constants dans la grippe doivent être, traités avec la plus grande sollicitude

Le coryza, pren: 1ère manifestation de l'infection, ne doit pas être négligé. On fera pratiquer des pulvérisations de vaseline liquide, contenant 1 oul2 pour 100 de menthol, dans les deux nari- nes alternativement. Le nialade pourra priser de



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emps en temps une petite quantité de la poudre suivante :

Sous-nitrate de bismuth... 6 grammes.

Benjoin pulvérisé........! 6 —.

Acide borique 0 gr. 20.

Menthol Ogr. 10.

Les irrigations nasales avec le siphon peuvent avoir des inconvénients graves, notamment la production d'une otite.

La laryngite réclame rarement une intervention sérieuse; les compresses chaudes, préconisées par Graves, au-devant du cou, apaisent assez ra- pidement les douleurs et l'enrouement.

Pour la trachéo-bronehite, les opiacés, très re- commandés par Graves, seront administrés sous forme de sirop diacode, de sirop de codéine, de lactucarium, de dionine et pourront être asso- ciés à l'eau de laurier-cerise, à la teinture d'aconit et à la belladone, selon la formule suivante :

Infusion d'espèces butiques. 125 grammes.

Sirop de codéine 15 —

Sirop de belladone......... 10 —

Eau de laurler-cerlse 5 —

Alcoolature de racine* d'aconit... 5 gouttes. Benzoate de soude.......... 1 gramme.

Une cuillerée à bouche toutes les deux heures. La poudre de Dowcr, excellente préparation,


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peut être administrée à la dose de 0,20 à 0,30 cen- tigrammes par jour.

Le chlorhydrate d'ammoniaque a été très vanté, dès 1847, par Marrottecontrelapleurésiegrippale ; il est revenu en honneur dans ces derniers temps, mais est surtout employé pour favoriser l'expec- toration ; il se prescrit à la dose de 1 à 2 grammes par jour dans une potion appropriée contenant du sirop thébaïque à petites doses.

D'après Marrotte, le chlorhydrate d'ammo* niaque, utile dans les fièvres intermittentes pa- ludéennes, jst surtout efficace dans les affections catarrhales sporadiques. Il cite la guérison très rapide d'une dame de soixante ans atteinte de dyspnée, toux sibilante et fièvre vive. Il déclare avoir eu également des succès remarquables dans la broncho-pneumonie, la pneumonie infectieuse etdanslagrippeà formede congestion pulmonaire.

Marrotte préconise aussi le jaborandi dont il a pu constater l'efficacité remarquable chez un ma- lade atteint de grippe à forme sudorale. Il prescri- vit 1 gr. 50 de poudre de jaborandi dans un demi- verre d'eau chaude. Quelques semaines après, nouvelle attaque et succès avec le môme moyen.

D'après le D'Gilbert Serslron, de la Bourboule, le cacodylate de gnïacol, en injections sous-cuta- nées, constituerait un remède spécifique contre la grippe. Le Dr Durlureaux, professeur nu Vol-de- Gràce, affirme qu'une ou deux doses de 0,05 ccn*



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tigrammes suffisent à juguler la maladie ; la con- valescence se trouverait surtout notablement abrégée.

Le Dr Allson, de Baccarat [Arch. gén. de Méd., 1890), a obtenu des résultats remarquables do l'usage du tannin qu'il a employé depuis 1887. Ce médicament, à la dose de 2 grammes par jour et en trois fois, entraîne des modifications très heureuses dans les diverses fluxions catar- rhales que provoque la grippe. Le coryza, l'an- gine, la laryngo-trachéite se modifient à ce point que la période de coction se produit presque d'emblée ; l'écoulement nasal se transforme très rapidement en un mucus épais et jaunâtre ; les sécrétions de la gorge, du larynx, de la trachée et des bronches deviennent moins abondantes et plus épaisses; la toux est moins quinleuse et plus facile. Le tannin aurait, en outre, une effi- cacité réelle dans l'amélioration des troubles ner- veux, surtout de la céphalalgie fronto-temporale. Les algies se reproduisent dès que l'on supprime le médicament. Le Dr Alison proteste contro les méfaits du tannin, tels que inappétence, douleurs abdominales, ballonnement, etc. Le tannin, pour lui, s'oppose surtout aux fermentations putrides et diminue, par son nstrlngcnce, les hyperhémies et les fluxions catarrhalos créées par la grippe. Contre la toux quinleuse, coqueluchoïdo qui est parfois d'une opiniâtreté désespérante, on a


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recommandé le bromoforme associé à l'aconit. Le bromure de potassium peut, dans ce cas, rendre aussi quelques services :

Bromoforme 0 gr. 30

Alcoolature de racines d'aconit.. 0 gr. 30

Eau-de-vie vieille 30 gr. »

Sirop de codéine. 25 gr. »

Sirop de Tolu., 200 gr. »

Bromure de potassium 3 gr. »

Trois cuillerées à soupe par jour.

Huchard, dans ce cas, recommande la formule suivante :

Sulfate do quinine 0 gr. 10

Extrait de quinquina 0 gr. 10

Extrait de racines d'aconit 0 gr. 005

Pour une pilule : 3 deux fois par jour.

Dès que l'expectoration mucopurulente se pro- duit, la terpine est utilisée suivant des formes variées :

Terpine 0 gr. 10

Acide benzoïque 0 gr. 10

Poudre d'opium brut 0 gr. 01

Pour une pilule : 4 par jour.

L'éllxtr do terplno est employé à la dose de 2 à 4 cuillerées à dessert par jour dans une infu- sion d'espèces pectorales.

L'encombrement bronchique peut être com*



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battu par l'ipéca, non pas à dose vomitive, mais sous forme de quelques grammes de sirop dans une potion renfermant, en outre, 1 ou 2 grammes de chlorhydrate d'ammoniaque. La poudre de Dower, qui contient de l'ipéca, de l'opium et du nitrate de potasse, peut être utilisée dans le môme but. La bronchoplégie (paralysie pulmo- naire de Graves), bien étudiée par Huchard et ■qui aboutit à l'asphyxie, sans que l'auscultation révèle le moindre signe physique, est justi- ciable de l'emploi de la strychnine qu'on peut administrer soit par la bouche, soit par injections hypodermiques. Par la voie stomacale, on peut en prescrire 1 à 2 milligrammes par jour dans une potion appropriée. Par la voie sous-cutanée* on doit administrer dans les vingt-quatre heures le contenu de deux demi-seringues de Pravaz d'une solution renfermant 0,01 centigramme de sulfate de strychnine dans 10 grammes d'eau dis- tillée. Nous avons eu l'occasion de faire pratiquer avec succès, dans un cas de ce genre, l'électrisa- tlon du pneumogastrique.

La congestion pulmonaire, dont les allures sont -si souvent capricieuses et qui peut donner lieu à de petites hémoptysles, notamment chez'des ■sujets à myocarde suspect, doit être combattue avec persévérance. Peter n'hésitait pas à appliquer un véstcatoiro \ aujourd'hui, cette médication est •considérée comme dangereuse. On peut employer



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v dès le début l'enveloppement ouaté du thorax, les cataplasmes sinapisés, les ventouses sèches, lès feuilles iodées, voire môme l'enveloppement d'un côté du thorax par des compresses imbibées d'eau froidoàl8°,laisséesen place une demi-heure, après avoir été recouvertes de taffetas chiffon.

L'ergotine peut ôtre associée, dans ces cas, à la strychnine :

Ergotine 1 gr. 50

Sulfate de strychnine 0 gr. 001

Julepgommeux 125 gr. »

Une cuillerée à soupe toutes les deux heures.

Le tannin, à la dose de 0,60 centigrammes deux fois par jour, pourrait être utilisé ; il en est de même de l'ipéca que Pécholier considérait comme un excellent décongestionnant du poumon.

Dans les cas de faiblesse du myocarde et de menace d'oedème pulmonaire, on peut adminis- trer la caféine en potions ou en injections hypo- dermiques, mais c'est surtout à la digitale qu'il faut avoir recours. Nous la recommanderions volontiers sous forme d'infusion de feuilles de digitale à doses décroissantes pendant trois jours.

Le Professeur Grasset n'hésite pas à prescrire l'ipéca à hautes doses, dans le traitement de la congestion pulmonaire t

Ipéca 2 grammes.

Ecorces d'oranges amères 1 4 —• Eau 100 -


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Faire bouillir jusqu'à réduction à 90 grammes, laisser infuser, filtrer, ajouter :

Sirop do polygala 30 grammes.

Une cuillerée à bouche toutes les deux heures.

Les pneumonies grippales, nous le savons, ont des caractères un peu spéciaux, tels que l'insi- diosité du début, le peu do netteté de la défer- vescence, la multiplicité des formes, l'irrégula- rité de la marche, l'évolution par poussées, l'expectoration plutôt muco-purulente, la pros- tration, l'asthénie, etc. Pneumonies loba ires et broncho-pneumonies, avec dés différences radi- cales dans les lésions anatomo-pathologlques, ont de grandes analogies cliniques. L'hépatisa- tion grise, la gangrène sont des aboutissants fréquents. Les vésicatoires, les antimoniaux sont ici détestables. Le D* Poulet, de Plancher- des-MInes, recommande, presque à l'égal d'un spécifique, le chlorhydrate de pilocarpine à la dose quotidienne de 0,0b centigrammes pen- dant deux jours Sur 108 malades, il n'aurait eu que 4 décès. Mais la conduite à* observer, sans perdre du temps, consiste à soutenir le coeur par la digitaline en solution au millième, à la dose de 30, 40 ou même 50 gouttes à la fois dès le premier ou le second Jour. Huchard recom- mande, en outre, les injections sous-cutanées de



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caféine, le bromhydrate de quinine à la dose de 1 gramme, les injections d'éther, d'huile cam- phrée, voire même de strychnine, l'antisepsie in- testinale par le bénzo-naphtol et le régime lacté. Comme moyens adjuvants, on prescrit d'ordi- naire la teinture de kola et de quinquina, la solu- tion officinale d'acétate d'ammoniaque, le Cham- pagne, le porto, le xérès, etc.

Les enveloppements froids du thorax et la bal- néation tiède doivent être aussi employés sans timidité dans certains cas. Les inhalations de nitrite d'amyle, préconisées par Hayem; pour- raient rendre des services. Toits ces moyens doi- vent être mis en oeuvre dès les premières heures, constituant ce que Grasset appelle les méthodes de vitesse.

Les pleurésies grippales peuvent être sèches et bilatérales; ce sont les pleuro-ccllulites décrites par Morel-Lavallée et s'accompagnant de dou- leurs pleurodyniques assez vives. Les applications réitérées de pointes de feu, les badigeonnages gaïacolésà petites doses, les badigeonnages iodés seront employés avec succès. Certaines pleurésies séro-fibrlneuses guérissent parfois sans l'inter- vention de la thoracentèse ; mais la transforma- tion purulente se produit avec une facilité déplorable, d'où l'Indication d'avoir' recours hâtivement à Y opération de l'empyème, dès que l'état général devient mauvais et qu'une ponction



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exploratrice a révélé la purulence* de l'épanché^ nient. Le coeur doit être surveillé ayeo une grande, attention; il fléchit, comme nous le savons déjà, dans là pneumonie, mais la myocardite peut exister isolément. Lorsque les battements du coeiîr sont irréguliers, mal frappés, quiB le pouls est Instable et, que l'hypotension apparaît, sans attendre.la tachycardie ou le rythme foetal, il faut stimuler la fibre cardiaque parles injections sous-cutanées dé caféine et d'éther et par l'emploi du sérum artificiel à hautes doses. Comme moyens auxiliaires, on peut utiliser l'extrait de quinquina, la teinture de kola, le Champa- gne, etc.

Les déterminations gastro-intestinales occupent une place importante dans l'évolution de la grippe; parfois même, elles jouent un rôlo pré- pondérant, quand, surtout, le malade est déjà un dyspeptique. D'ailleurs, tout l'appareil digestif peut être en cause, soit dans sa totalité, soit dons l'une quelconque de ses parties. La cavité buc- cale et le pharynx sont assez fréquemment inté- ressés et le praticien ne doit pas négliger l'exa- men de ces cavités.

Nous avons déjà parlé de certaines éruptions rubéoliformes envahissant parfois la région pala- tine, ainsi que de quelques complications buc- cales et dentaires ; nous renvoyons le lecteur aux descriptions précédemment faites; nous avons


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étudié aussi la langue grippale, la tuméfaction des papilles de la langue avec aspect framboise, les ulcérations géométriques du type aphteux, la gingivite, etc., etc. Ces lésions buccales peu- vent être assez facilement enrayées par des lava- ges antiseptiques avec une solution borlquée ou une solution de phénosalyl à 2 pour 1000. On petit faire des attouchements avec la vaseline sa- lolée, ou des eautérisn lions avec le mélange pho- nique de Gaucher. Dans les gingivites, badigeon- nages avec un mélange à parties égales de teinture d'iode et d'aconit.

Les angines infectieuses aiguës sont plus fré- quentes, plus graves et doivent êtro traitées éner- gtquement. (Consulter Escat, Maladies du pha- rynx,)

Dans les angines infectieuses aiguës avec lésions superficielles, on prescrira des gorgarismes ré- pétés toutes les deux heures avec une des prépa- rations suivantes :

1° Phénosalyl à 2 p. 1000, 2° Hésorcine... 1 à 2 p. 1000.

Chez l'enfant, on fera pratiquer des douches pharyngées avec l'une des solutions suivantes :

1° Acide salyctilque...... 1 gramme.

Alcool..... 00 -^

Eau bouillie........... 000 —

2<> Mlcrocldine......*..».. 1 à 2 p. 100. •


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On prescrira, s'il y a lieu, des badigeonnages toutes les trois heures avec un pinceau ouaté im- bibé dès collutoires suivants :

1° Acide phénique......... 1 gramme.

Glycérine BO —

2° Phénosalyl 1 ',—

Glycérine 50

3° Résorclne 4 —

Glycérine «0 —

L'angine phlegmoneuse réclame l'emploi de gargàrismes antiseptiques :

. 1° Thymol 1 p. 1000.

2° Acide phénique 1 p. 1000.

3° Phénosalyl 1 p. 800.

4° Acide salycilique 1 p. 1000.

La formule suivante est aussi recommandée par Escat : ;

Salol............. G gr. »

. Menthol 1 gr. »

Thymol 1 gr. »

Saccharine 0 gr. 80

Alcool à 90o...... ioo gr. »

Une .cuillerée à café dans 50 grammes d'eau pour un gargarisme qui devra être utilisé immé- diatement.:



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Le même auteur emploie des pulvérisations avecun pulvérisateur à soufflerie, contenant :

phi. d'holocaïne 0 gr. 80

Alcool à 90o.... y

> Glycérine \ aa 10 gr. »

" Eau de laurier-cerise..... 30 gr. »

On appliquera des compresses froides sur la région du cou et le malade laissera fondre dans sa gorge de petits morceaux de glace, tout cela alternant avec des irrigations pharyngiennes aussi chaudes que possible.

H faudra, en temps opportun, inciser l'abcès intra-amygdalien avec un bistouri dont la lamo . sera entourée jusqu'à 1 centimètre dé la pointe avec une bande de diachylon ou de ruban de fil. Si on no rencontre pas de pus, on aura recours au crochet à dlscisston tranchant. On fait péné- trer la pointe dons la crypte la plus centrale du foyer phlcgmoneux, et, après l'avoir fait ressortir, soit par une outre crypte, soit à travers les tissus, on sectionne en tirant à soi (Escat).

Dans la péri-amygdalite palatine, l'ouverture de la collection purulente est encore plus utile, d'après Escat, que dans l'amygdalite phlegmo- ncuse, car elle fait cesser immédiatement lo symptôme douleur. Il faut s'assurer d'abord que l'abcès est formé avant d'intervenir; quelques


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signes permettent d'acquérir cette certitude, no- tamment l'oedème transparent de la. luette et le signe de J. Lemaistre qui consiste dans la sensa- tion de la fluctuation au niveau d'une sorte de boutonnière formée dans le voile du palais, au- , dessous de la muqueuse, par l'écartement des fibres musculaires.

Dans Yadéno-phlegmon rétro-pharyngien, le ma- lade fera fondre des pastilles de glace dans la bouche. L'ouverture do la collection purulente pourra être pratiquée, soit par la voie pharyngée (méthode ancienne), soit par la voie cutanée (méthode de Chiene, d'Edimbourg) (Escat).

Pour ce qui concerne Yadéno-phlegmon ïatêro- pharyngien, l'incision pharyngée est ici condam- nable; elle expose à la blessure des gros Vais- seaux, 11 faut donc recourir à l'incision cutanée qui sera pratiquée sur lo bord antérieur du sterno- mastoïdien, en procédant lentement et toujours avec la sonde cannelée (Escat). '

Parmi les troubles digestifs proprement dits, il faut signaler surtout Yanorexie qui peut être opiniâtre et qui est le résultat d'une infection grippale accusée. Dans les premiers jours, on se bornera à prescrire du lait additionné d'eau de Vais, du bouillon dégraissé et des boissons acidu- lées. Plus tard, on devra faire intervenir la macé- ration de quinquina, la teinture de gentiane et de noix vomlque associées, la rhubarbe en macéra-



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. tion, la pep.tonesèche, le jus de viande; un laxatif léger, calomel, huile de ricin, extrait fluide de bourdaine associé à l'extrait fluide de cascarà sagraqa, sera administré au début, pour combat- tre l'embarras gastrique.

Les vomissements fréquents, complication peu commune, mais rebelle, chez les femmes névro- pathes surtout, seront combattus par la potion, de Rivière, le Champagne frappé étendu d'eau, le képhyr pur, l'eau chloroformée saturée dédou- blée, l'Ingestion dé fragments de glace et, si cela devenait nécessaire,, les lavements alimentaires. Dans ces conditions, aucun médicament n'étant toléré, la quinine sera administrée sous forme de suppositoires. Si les vomissements devenaient incoercibles, on aurait recours aux 'inhalations d'oxygène, aux pulvérisations d'ôther ou de chlo- rured'éthylesurlo creux éplgastrlque,et on pres- crirait de la cocaïne en potion :

Chlorhydrate de cocaïne...' 0 gr. 01

Eau chloroformée J Gû

Eau de fleurs d'oranger.. ) aa ' ' ' uu gl ' w

Sirop de codéine ) ÛA

Sirop de belladone j aa " • 20 gr.. »

Une cuillerée à soupe toutes les deux heures.

La constipation sera combattue surtout par les grands lavages intestinaux, au moyen d'une


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Canule en caoutchouc rouge, avec de l'eau bouillie additionnée de bicarbonate do soude ou d'ich- thyol. On peut employer aussi des poudres laxa- tives, telles que magnésie calcinée, fleurs de \ soufre, rhubarbe, etc.

Dans la diarrhée fétide, profuse, infectieuse, avec état typhoïde, avec albuminurie et splôno- mégalle, le meilleur purgatif est le calomel. On pourra prescrire, en outre, du benzo-naphtol associé au salycilate de bismuth, le tannigène et surtout les grands lavages intestinaux, Ventéro- colite dysentériforme réclame l'usage des opiacés, de l'ipéca au besoin, du calomel, et des lavements astringents au ratanhia. Dans la forme cholérique, il faut, sans tarder, pratiquer des injections sous- cutanées do sérum caféine, d'ëlheret faire inhaler de l'oxygène. Si les troubles aboutissaient au péri- tonisme, avec tympanisme, vomissements et liy- peresthésie cutanée, on appliquerait une ou deux vessies dé glace sur l'abdomen avec les précau- tions usitées dans ce cas ; le malade serait sou- mis à la diète hydrique et on pratiquerait des injections sous-cutanées de morphine. Il fout, d'ailleurs, dans ces cas dramatiques, songer à la possibilité de Y appendicite,

L'intoxication grippale peut quelquefois déter- miner une atonie extrême de l'intestin, une cnté- rùplègie, une sorte d'iléus nerveux; dans ce cas, aux injections sous-cutanées de sulfate de strych-



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ni ne (1 milligramme), il faut joindre l'applica- tion des courants continus. Cette atonie gàstro- -t intestinale, plus adoucie, s'associe pendant la '■', convalescence à Y asthénie nerveuse.; Dans ce cas, on peut prescrire les gouttes amères de Baume (2 ou 3 gouttes matin et soir), les granules de sul- fate de strychnine à 1 milligramme (2 à 4 par jour). L'élixir tonique de Gendrin, préparation ofllcinale excellente, se prescrit à la dose d'une cuillerée à café, cinq minutes avant les deux prin- cipaux repas, dans un peu d'eau.

Les frictions générales avec la brosse de fla- nelle imbibée d'une petite quantité d'alcool de lavande, le massage de l'abdomen, les inhalations d'oxygène et les injections sous-cutanées de caco- dylate de soude ont pour résultat de ramener assez rapidement les forces.

On a signalé, dans le cours de la grippé, des troubles hépatiques, ictère, abcès du foie, notam- ment. Le régime lacté, le calomel, les grands la- vements frais, la teinture de Boldo, voilà les di- vers moyens à mettre en oeuvre. Dans quatre cas d'abcès du foie d'origine grippale, Tédenat a obtenu quatre guérlsons par l'ouverture en un seul temps.

Lès trouble* rénaux consistent en néphrite aiguë, pyélo-néphrite, uréthritcs, cystites et prostatites.

La néphrite aiguë a été constatée plusieurs fols. 11 est plus fréquent do voir l'albuminurie persls*



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ter après \ la^ convalescence, témoignage d'une lésion chronique du rein. Il est plus fréquent en- core de voir éclater des accidents urétniques chez; des sujets atteints d'insuffisance rénale, accidents provoqués d'une façon soudaine par l'infection grippale. Le régime lacté, la lactose, l'eau d'Évian, la théobromine, le tannin,Topothéràpie rénale, les purgatifs drastiques, la saignée, peuvent, suivant les indications, être employés successi- vement.

Les uréthrites, les pyélo-néphrites doivent être traitées par les balsamiques, la térébenthine, les capsules de Harlem, le benzoate de soude, etc. La cystite réclamé aussi l'emploi do tous ces moyens avec addition de lavages de la vessie, au moyen de solutions variées.

La prostatite sera traitée par les bains chauds, les sangsues au périnée, les lavements chauds et le cathêlérlsme avec une sonde à béquille n° 15.

Les pyodermites, acné, furoncles, eczéma, ec-

, thyma, doivent, d'après Lclolr, être combattues

par le calomel, le benzonaphtolet de petites

doses de quinine. On pourrait y joindre la levure

de bière et les préparations arsenicales.

Vaortite aiguë doit être dépistée de bonne heure et traitée éherglqucment par des révulsifs (petits véslcatotres, pointes de feu, badigeonna- ges iodés), plus tard par des doses suffisantes. d'iodure de potassium.



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La phlébite, grippale" nécessitera le renos au, lit pondant plusieurs semaines, des applications externes de pommade iodurée, d'une solution^ ^concentrée de chlprhydra.te d'ammoniaque, l'en- veloppement ouaté, l'emploi d'une gouttière, plus tard la révulsion sur le trajet du cordon veineux, un massage doux (eflleurage), les bains généraux additionnés de sels do Bagnolesde-l'Orne, les gra- nulés de Bagnoles à l'intérieur, l'extrait fluide d'hamamelis virginka et l'antisepsie gastro-intes- tinale.

Les complications dans la sphère du système nerveux central et périphérique sont, on le sait, fréquentes et souvent sévères. L'asthénie, qu'on peut considérer comme un stigmate de la grippe, se manifeste à la première heure et se prolonge parfois d'une manière désespérante coïncidant avec l'atonie gastro-intestinale. Pendant la pé- riode fébrile, nous ne voyons pas de grands In- convénients à prescrire déjà la teinture de quin- quina, de coca et do kola, l'infusion de maté, de café, la liqueur anodine d'Hoffmann, la solution officinale d'acétate d'ammoniaque, médicaments dont on secondera l'action par l'usage de certains vins généreux, Champagne, porto, malagn,samos, xérès, etc. Plus tard, l'emploi un peu prolongé du vieux bordeaux et du bourgogne sera associé à une alimentation réparatrice, Jaunes d'oeufs dé- layés, laitage, pâtes alimentaires, viande crue



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râpée, maigre de jambon Cru, volaille hachée; képhyr, etc. Le sérum de Chéron pqurra être; in-; jecté à petites doses,, de même le glycéro-phoç- phate de chaux injectable. On prescrira aussi déj?r l'ovo-lécythine granulée, la teinture de noix vomique, les granules de sulfate de strychnine à 1 milligramme (2 à 4pro die), les injections soUs- cutanées de cacodylate de soude. 11 ne faudra pas négliger les frictions générales avec la brosse de flanelle imbibée d'un peu d'eau de Cologne ou d'alcool de lavande.

Le délire nerveux, sine materia, sera apaisé par la balnéation tiède (bains de tilleul ou de valet riane), la valérlanale d'ammoniaque (0,10 à 0,20 centigrammes, associée à l'extrait de valé- riane), le vatérlanate de zinc aux mômes doses, la teinture de castoreum» le bromure de potas- sium, le bromure de camphre (0,30 à 0,60.centi- grammes). En cas d'insomnie avec agitation, on prescrira le trional ou l'hédonal (1 gramme).

Les pfiénomènes douloureux ou algies,-cépha- lalgie, brisement, courbature, douleurs muscu- laires, témoignages probables d'un certain état d'irritation cérébro-spinale, sontd'ordinoire com- battus par l'antipyrine associée à la quinine, le pyramldon (0,80 à.0,78 centigrammes), le salo- phène associé à laphénacétlne (2 ou 3 grammes de salophèno et 0,30 centigrammes de phénacé- tlne pro die), Le .salycllate de pyramldon (0,30 a



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0,40 centigrammes) parait avoir une réelle effica- cité dans les douleurs rhùmatoïdès de là grippe. ' Le Professeur Bourget, dé Lausanne, qui consi- dère lai grippe comme ayant certaines affinités avec le rhumatisme, conseille d'utiliser la voie cutanée, en faisant pratiquer des frictions sur le dos et le thorax avec le Uniment suivant dont la formule nous parait très heureuse :

, Acide salyciïique 4 grammes. .

Salycilate de méthyle.. .10. ,—

Essence d'eucalyptus... S —

Essence do sauge....... 3 —

Beurre de cacao 6 —

Huile camphrée....;... 30 . —

Alcool de genièvre 120 —

Les frictions doivent être pratiquées assez éner- giquement en vue de l'absorption cutanée. Le malade doit passer de temps en temps là tête hors do la couverture pour que la médication puisse agir sur les muqueuses nasale et bronchique.

Quand il s'agit de méningisme, état morbide curable et bien difficile à préciser, il est bien rare que le médecin ne mette pas en oeuvre une thé- rapeutique Intensive; aussi, la médication se confond-elle, la plupart du temps, avec Celle des encéphalopathies grippales, méningites vraies ou troubles cérébro-méningés. 11 faut avoir alors recours à ce que Grasset appelle les méthodes de vitesse.



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Oh se trouve en face de phénomènes d'une grâft; vite particulière, délire violent, opisthotonos;' ; contracture douloureuse, dysphagie, asphyxie, etc. On; peut employer le ciijoral, l'antipyrine, les. bains tièdes prolongés, la glace sur la tôte, la'di&l gitalo, la caféine, l'iodure de potassium. La ponc- tion lombaire ne parait pas avoir, à son actif, de résultats bien efficaces.

Dans un cas de troubles cérébro-nléningés ma- nifestes avec fièvre septieémique, céphalalgie, vomissements, etc., Carrieu et Pelon, de Mont- pellier, ont vu guérir le malade, nous l'avons déjà dit, après des injections sous-cutanées de sérum; de Marmorek; il y avait, il est vrai, des strepto- coques' dans les crachats. .11 existe une forme'bulbaire grave caractérisée ' par des syncopes répétées (Duilocq), un vertige intense, de la douleur et de la raideur de la nuque, une dyspnée singulière sans lésion pul- monaire, du ralentissement du pouls, etc. Un véslcatolre à la nuque ou des pointes de feu dans la même région pataissent indiqués dans ce cas. Le sulfate de strychnine en injections sous-cutanées doit être immédiatement employé. Huchard recommande, en outre, la trinitrine on injections sous-cutanées :

Solution alcoolique de trlni» trineaulOO*; 40gouttes.

Eau distillée. 10 grammes.



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Injecter trois ou quatre fois par jour le qqart djùne seringue de Pravaz. ■ La rachialgie violente peut être l'indice d'une véritable myélite. On sait que le syndrome de Landry (paralysie ascendante aigUô) n'est pas rare dans la grippe. Les ventouses sèches, les pointes de feu sur la région lombaire rendront de réels services. Lorsque l'infection a envahi la moelle, la situation est grave. On peut adminis- trer le salol, l'iodure de potassium, l'arsenic. Il faut prévenir les eschares par un matelas d'eau ou tout autre moyen analogue. On pourrait, dans ces cas, faire usage de l'argent colloïdal en fric- tions au pli de l'aine (15 grammes de collargoï pour'iOO grammes d'axonge).

Dans un cas de tétanie grippale, B. Gomez a obtenu la guérison avec le lavage du sang.

Les polynévrites sont surtout, comme nous l'avons vu, motrices. Elles sont justiciables dos courants continus qu'on associe quelque* fols à la faradisalion, tout cela avec ménage- ment. Le massage, les frictions excitantes, les bains salés ou sulfureux viendront en aide à l'électrothérapie. La strychnine a été aussi em- ployée avec succès.

Les névralgies peuvent survivre a la convales* cence de la grippe, marchant de pair avec la dé- pression physique, intellectuelle et morale, avec l'asthénie médullaire et génitale, l'hystérie et la,


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neurasthénie/Les névralgies faciales, à accès pa- roxystiques, sont justiciables, d'après,Gilles dê> la Tourette, du bromhydrate de quinine, un vrai spécifique, à doses progressivement croissantes., * puis décroissantes. Le traitement doit durer trente jours environ. v

Là tachycardie avec tremblement; ràppelantrun peu le syndrome de Basedow, a été traitée avec; succès par la liqueur de Fowler, le bromure de sodium, la phénàcétine, l'antipyrine, la glace sur la région thyroïdienne et la galvanisation du pneumogastrique (Sansom).

Traitement de la convalescence

« Là grippe, dit Huchardi aime le système nerveux. » Cette .. vérité, nous l'avons démontrée en énumérant les troubles nerveux si variés qu'entraîne cette ma- ladie ; elle est encore évidente dans la convoies^ cence. C'est ce que démontre le Dr Mancel dans sa thèse récente sur la Dépression nerveuse post- grippale. Les méningites ou les maladies de la moelle, constate cet auteur, ne sont pas rares dans la convalescence de l'influenza. Les névral: gtos et les névrites sont encore beaucoup plus communes. Nous avons vu que l'hystérie et les psychoses, qu'il s'agisse d'excitation maniaque ou de psychoses idiopathiques, peuvent éclater à l'occasion de cette maladie infectieuse. De toutes èes névroses, la plus fréquente, sans contesté,


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pç^st'";Ià neurasthénie (Drescnfêljï)» Ce qùj domine^ Jg'est l'aflaiblissenient marqué de l'énergie mus- çciilaire, aboutissant souvent à un véritable anéan-;; iijsenïenL Delahunt énumôrè i'ihsômhie, l'a no- ; rrexïe, le vertige accompagné de vomissements, fia dyspnée au moindre effort, des sueurs pro* fuses. L'amaigrissement peut être extrême (Léyy). Byrne signale l'abaissement de la température et la diminution de la fréquence du pouls.. • y. Mancel a relevé les troubles du sommeil avec cauchemars et rêves pénibles, des secousses élec- triques comme dans le mal de Bright, la névralgie précordiale, la rachialgle, la céphalée en casque et "lès sueurs profuses. H s'agit, en somme, de trou- bles neurasthéniques poussés à l'extrême, parfois jusqu'à la psychasthénle. Le faciès est anxieux/ suppliant, c'est la a limite d'expression » de Delahunt. « Un fait important à signaler, dit «Huchard, c'est que cette asthénie généralisée «ou ces asthénies localisées ne sont pas toujours $ en rapport avec la sévérité ou la gravité des « attaques de grippe. » Certains cas frustes de. grippe, d'après Mancel, ne se traduiraient que par un état d'anéantissement survenant peu à peu. -Heureusement,dans la plupart des cas, le pronos- tic est bénin et la guérison est la règle ; mais la durée de l'affection peut être longue/ Parmi les moyens curât ifs, Mancel place eh première ligne l'hydrothérapie intensive. Ce n'est plus, dit le



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)r Lémarcharid, cité dans la thèse, un simple ha- digeonnage à l'eau froide, mais une percussion énergique, fouettant la périphérie , nerveuse, congestionnant les téguments et dégorgeant les viscères ainsi que les centres nerveux. Comme moyens adjuvants; Mancel préconise là surali- mentation et le séjour à la campagne; Quant aux agents médicamenteux, il recommande, comme Huchard, les préparations de strych- nine, de caféine et le phosphure de zinc (2 ou 3 granules par jour). On peut ajoutera cela les frictions excitantes, l'arsenic, le fer, le quin- quina et le kola :

Extrait fluide de coca... 120 grammes. Extrait fluide de kola... 80 —

Deux cuillerées à café par jour dans du lait ou mélangées à du curaçao (G. Lyon).

La teinture de Mars tartarisée, affectionnée par Charcot, peut être prescrite à ladose de dix gouttes au début des deux principaux repas. Signalons; encore l'ovolécythlne et les injections sous-cuta- nées de cacodylate de soude.

Contre les névralgies tenaces, on peut mettre en oeuvré successivement les opiacés à bonne dose, l'antipyrine ou le pyramldon, l'aspirine, le bromhydrate de quinine, le bleu de méthylène. Les moyens externes les plus efllcaces sont lés suivants : pulvérisations de chlorure de mé-



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tthyle par la méthode du stypage en surface,'-\ celle du Dr Bailly, de Lambly; les compresses chaudes, au besoin do petits vésicatoires mor- phines ou non, les liniments calmants ; chloro- forme, térébenthine avec huile d'olive, le men- thol, le gaïacol à petites doses, le salycilate de méthyle. Par voie hypodermique, on peut utiliser la morphine, la cocaïne, l'antipyrine ; on préco- nise aussi depuis peu le3 injections épidurales avec de très minimes doses de cocaïne. On peut utiliser encore les bains de chaleur radiante avec

. l'appareil de Dowsing* Quant à l'électricité (gai-' vanisation avec larges électrodes, faradisation, électricité statique), elle sera mise en oeuvre par un spécialiste autant que possible.

Traitement de la grippe infantile

Nous avons vu, en parlant des remarquables travaux do Comby notamment, que la grippe était par- ticulièrement bénigne chez les enfants. Ici, Yan- tipyrine est le médicament de choix ; on peut la prescrire à la dose de 1 gramme en potion. La quinine doit être administrée en suppositoires.

La bronchite pouvant quelquefois entraîner la broncho-pneumonie, on peut, au point de vue préventif, employer les bains chauds répétés, suivant-la méthode du Professeur Benaut, de Lyon. On ne saurait trop préconiser cette médi- cation utilisée un peu trop timidement encore



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par les praticiens. La révulsion devra consister^ encataplasmes sinapisés et, s'il y a lieu, en envô-1' loppements froids du thorax. L'ipéca, l'alcool, la;■ j_ terpine devront être employés avec ménagements. ; v, C'est surtout chez les enfants qu'on constate dèswî troubles cérébraux d'apparence grave, épisodes toujours dramatiques qui, trop souvent, sont combattus avec une énergie fâcheuse ; il s'agit la plupart du temps de méningisme; ici, la bal- néation liède est encore la médication la plus rationnelle. Le calomel, le bromure de potassium et l'infusion de valériane sont des moyens adju- • vants d'une certaine eftlcacité. Mais il serait dé* plorablu d'employer les sangsues, les vésicatoires et Tiodure de potassium.

H va sans dire que dans la période d'activité de ? la grippe, l'alimentation sera surtout lactée.

D'après le Dr L. Eurst, le spécifique de la/• grippé chez les enfants serait la salipyrine qu'on , peut administrer à la dose do 0,25 centigrammes, trois fois par jour, jusqu'à cinq ans.

Le traitement des complications oculaires, récla- mant det notions toutes spéciales, ne saurait être, «xposô dans ce travail. Nous estimons, par con- tre, que, pour Ce qui concerne les troubles auricu- , laires, quelques données thérapeutiques peuvent être accessibles à tous les praticiens.

Dans Yolite externe, le Professeur Moure recom- mande des fomentations d'eau chaude, des lava-


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ges ausubljmé (1 pour 1000). S'il y avait lieu do pratiquer une.incision précoce, il serait bon dé\ s'adressera un otologiste. .'";: Dans la myringite, hémorragique ou autre, le même auteur recommande des bains locaux d'eau; bouillie tiède, des instillations de glycérine phé- niquée au 10°, après avoir opéré un nettoyage complet du conduit avec une solution de sublimé à 2 ou 3 pour 1000. Après l'incision pratiquée, cela va sans dire, par un spécialiste, on pourra insuffler un peu d'iodoforme finement pulvérisé.

Dans le traitementde Y otite moyenne, catarrhale, exsudâtivo, simple ou hémorragique, certains otologistes sont opposés à la paracentèse et se bornent à l'emploi des antiphlogistlques, des diaphoniques, l'insufflation d'air dans la caisse avec la poire de Politzer, etc. Au contraire, quelques auteurs sont partisans d'une prompte intervention chirurgicale, en s'inspirant d'ail- leurs des circonstances. La paracentèse est indi- quée en cas de douleurs vives avec tendance à la perforation du tympan.

Dans certaines mastoïdites violentes, l'interven- tion doit être rapide, sous peine de voir éclater des complications graves, notamment du côté de la cavité crânienne. L'opération sera confiée, bien entendu, à un chirurgien expérimenté.

I$n terminant cet exposé thérapeutique, nous croyons nécessaire de rappeler que la grippe est, ,


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par excellence, uno maladio à rechutes et qu'on no saurait trop prendre do précautions pour éviter les agressions nouvelles de la maladio.

Nous considérons comme indispensable do garder la chambre dès qu'en temps d'épidémie surgit la moindre indisposition, quelques fris- sons, du coryza, par exemple. On ne saurait trop insister sur la gravité des réduites dans la grippe. Les malades ne devront affronter l'air extérieur qu'après une apyrexio réelle datant de deux jours au moins et lorsque l'auscultation des poumons ne laissera plus la moindre inquiétude au méde- cin. C'est là le meilleur moyen, comme nous le disons volontiers aux patients étreints par l'in- fluenza, d'éviter le deuxième ou môme le troi- sième acte do ce drame.


Voir aussi