La grippe ou influenza (1908) André/Forme nerveuse
Forme nerveuse
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Cette page introduit un chapitre de l'ouvrage La grippe ou influenza, rédigé en 1908 par Gustave André.
Forme nerveuse
Quand les troubles broncho-pulmonaires et gastro intestinaux, restant au second plan et sou- vent à l'état d'ébauche, l'infection prédomine soit sur le cerveau ou le bulbe, soit sur la moelle et les nerfs périphériques, on se trouve en présence de la grippe à forme nerveuse, . Dans le cas le plus simple, c'est une céphalalgie spéciale qui fait presque tous les frais de la ma- ladie. Nous avons déjà décrit ce symptôme, à propos de la forme commune, en lui donnant l'importance qu'il mérite. Môme dans ce cas, c'est un mal de tôte d'une certaine vivacité, pré- sentant parfois les allures de là migraine et açcompàgnô/d'un abattement extrême. Quand la cépliaîéé occupe toute la scène, ej)e pèùCàcqUérir* up? violencei extraordinaire, sidéranti anéantis- sent en quelque sorte le patiéut qui à perdu toute énergie physique et morale. Intolérable surtout pendant |a ûuit.cétVe douleur frontale provoqué : des gémissements et quelquefois des crïs déchi- rants. Cela est assimilable, à un certain point do Vue, à ia céphalée syphilitique que quelques
sujets comparent à un broiement de la cervelle, à de violents coups de marteau, à une sensation d'arrachement du cerveau ot que Fournier, dans son langage si pittoresque et si coloré, a décoré du nom û'encéphalalgie, Il existe, en môme temps, une sensation de constriction violente au front, aux tempes et une douleur térébrante au niveau des orbites. A l'abattement, à la torpeur existant pendant lo-jour, succède pendant la nuit une vé- ritable excitation ; le malade se lève, se recouché, comprime énergiqùement ses tempes avec ses mains, applique à tout instant des compressés d'eau froide sur le front ou sur le vertox, sans oublier l'antipyrine qui provoque une sédation momentanée ; s'il s'assoupit, il se réveille au bout de quelques minutés, d'une heure au plus, en proie à une véritable épouvante, Si à cela s'ajou- tent un peu dé photophobie et quelques vomis- sements, on songe tout au mo'ins^aU ménin- gismè,
Cette céphalalgie peut persister trois, quatre et même huit jours. Nous avons pu observer cet état torturant chez un homme do cinquante ans qui, en 1901, en temps d'épidémie d'irifluenzaj fut pendant près de deux semaines en proie à cette atroce douleur. Ce malade avait déjà, en 1893, essuyé un violent coryza grippal et une angine qui avaient déterminé Une otite moyenne avec écoulement purulent. Il éprouva, pendant
quinze jours, une céphalalgie si violente qu'on pensa à la possibilité d'une thrombose des sinus veineux, Chose remarquable, dans la seconde grippe, le mal de tôte ressembla trait pour trait à celui de la première atteinte, ce qui démontrait bien que, dans les deux crises, ce symptôme avait été purement névropathique.
Un homme de trente-quatre ans, observé par Jpflroy, en 1890, fut pris d'une fièvre grippale très vive avec céphalalgie intense ; à cette dou- leur crânienne se joignit un délire violent et une agitation maniaque analogues à ce qui s'observe assez fréquemment dons certaines formes graves de la fièvre typhoïde. La fièvre se dissipa vers le dix-huitième jour de la maladie et avec elle le délire.
Dans l'épidémie étudiée par J. Wipfer, en 1691, il exista des symptômes cérébraux alarmants, constitués surtout par dp la céphalalgie, des mou- vements convulsifs, de la somnolence, du délire, de la dyspnée, une toux sèche et violente Nous avons traduit les mots de soporosité et d'oppres- sion de poitrine, employés par l'auteur, par ceux de somnolence et do dyspnée.
Eu Italie, en Angleterre et en Ecosse, pen- dant Tannée 1732, la forme encéphalique prédo- mina.
Dans l'épidémie de 1830 qui fit le tour du globe, les phénomènes principaux furent la céphalal-
gie, l'endolorissement du thorax, le briseriiént des membres et des douleurs continues dans les muscles.
Il existe une grippe à forme douloureuse géné- ralisée (Cezilly). On peut voir, comme dans Un cas cité par cet auteur, une courbature généra- lisée, des douleurs myodyniques multiples qui font jeter des cris au moindre mouvement, une hyperesthésie cutanée diffuse, des crises névral- giques sur plusieurs trajets nerveux.
La variété syncopalè est constituée, d'après Peter» par des syncopes à répétition qui, à elles seules, font toute la maladie. Les extrémités se refroidissent, la pâleur devient excessive ; c'est la mort apparente. Probablement, d'après rémi- nent clinicien, par le ft?H d'une atteinte bulbaire, il se produit un retentissement sur le pneumo- gastrique cardiaque et un arrêt des contractions du ooeur.
La bronchoplégic, pressentie par Graves et intro- duite magistralement dans la clinique par Huchard, est peut-être un phénomène do même ordre. La dyspnée, disait Graves, à propos de la grippe « parait résulter avant tout de quelque « trouble nerveux survenu dans l'activité vitale « du poumon ». 11 s'agit d'un véritable état paré- tiquo des bronches et mémo d'une paralysie pul- monaire pouvant survenir dans la grippe dite suf- focante, comme d'ailleurs chez les Vieillards
souffrant de 1 catarrhe bronchique ou chez les ■■ jeunes gens atteints de bronchite capillaire* Qu£(nd;6n; assiste à ce spectacle dramatique, on peut commettre une- erreur grave, en ne Voyant là ; qu'une bronchite vulgaire. L'infec- tion grippale a frappé d'emblée les muscles de Heiseissën en provoquant sans doute, comme le croit Huchard, un état parétique du nerf vague. . Le Professeur Olinto de 01iveirà»marquable travail que nous résumons, a décrit, en 1003, un syndrome asthmatique dans la grippe, par action des toxines sur le bulbe et détermi- nant soit le syndrome vago-paraly tiqué > soit le syndrome vago-hyperklnétique. Aucun auteur n'aurait abordé cette question qui a été seu-
- lement effleurée par Graves. D'après de 0)1-
voira, les accès se produisent vers trois heu* rcs du matin, précédés de fièvre grippale 1, ces paroxysmes dyspnéiques offrent tous les carac- tères de l'asthme, et disparaissent après la guéri- son de la grippe, Dans la forme loxi-infectieuso, la température est élevée, le catarrhe est généra- lisé et la dyspnée a bien le type asthmatique.
Selon le môme auteur, une dyspnée paroxys- tique, avec expiration difficile et râles sibilants, peut se montrer dans lu grippe, tout comme dans l'asthme des foins, l'hystérie et l'adénopà- thie bronchique. Graves., dans ses cliniques, signale la tendance des asthmatiques à conlroc-
ter la grippe. Trousseau relate aussi dés phéno- mènes de ce genre. G. Sée assimilé l'influenza à la fièvre dés foins. Le Professeur de OJlyeira. méù-î tionne.ià propos d'une épidémie familialéj le fait d'un petit garçon présentant lés caractères top mels de l'accès asthmatique. s l /
Il e3t possible, à notre avis, que dans quelques cas, la cause prédisposante ait résidé dans l'adéno- pathië trachéobronchlque. Cette hypothèse n'en- lève d'iiHleurs rien à l'intérêt de ces faits.
Il Os! peu probable que, dans quelques obser- vations, il se soit agi de laryngite striduléuse. Le stridulisme n'a que des analogies lointaines avec l'asthme.
Dans une "forme toxl-infectieuse de l'asthme grip- pal, la manifestation nerveuse est intimement liée à l'infection. Ici, les allures dramatiques de la maladie pourraient faire porter un pronostic très sombre; heureusement, le dénouement est très rarement fatal. Chez tous ces sujets, la pré- disposition à l'asthme reconnaît une influence héréditaire, et la grippe possède une action déter- minante des plus accentuées en agissant sur le bulbe par ses toxines. Le Professeur dé 011 voira se demande si la grippe ne pourrait pas créer une inflammation spéciale au niveau des aires sensi- tivesgénératrices d'accès d'asthme; l'hypothèse est séduisante. Le pronostic ne serait pas grave, excepté chez les tout petits enfants. LAvuteur, peu
partisan de la quinine, recommande, dans ces cas, le chlorhydrate d'ammoniaque, l'aconit et les enveloppements, humides {Semaine médic, mai 1903). . u.
Nothnagel a, dès 1890, décrit, comme manifes- tation fréquente do la grippe, des accès d'asthme, accidents dramatiques dus très probablement à l'action de toxinos sur le système nerveux, notam- ment sur le nerf phrénique ou le nerf vague, peut-être môme sur les terminaisons nerveuses intra-pulmonaircs.
Parmi les troubles nerveux sine materia, uu- chard a signalé la grippe cardiaque se manifes- tant par « des lipothymies, un état syncopai, des « syncopes qui peuvent être mortelles, par un état « de lenteur du pouls, par des accès d'arythmie « ou d'intermittence cardiaque, par des symptô- « mes graves de collapsus cardiaque et quelque- « fois même par des accidents douloureux res- te semblant à l'angino de poitrine ». 11 est peu probable, suppose Huchard, qu'il s'agisse do myo- cardite. Ces accidents à allures paroxystiques indiquent soit un état parétiquo du nerf vague avecCongestion pulmonaire, lentcurdu pouls, etc., soit un troubte fonctionnel du bulbe, avoo respi- ration de Choyne-Slokes. Vovart, do llordcnux, avait avancé, dès 1881, que la grippe est surtout caractérisée par une névrose du pneumogastrique. Nous avons déjà parlé du pouls instable décrit par
Huchard. La tachycardie avec hypotension arté- rielle a été signalée par co dernier comme un des phénomènes les plus graves de la grippe.
Dans, la sphère du pneumogastrique, il s'agit tantôt d'excitation, tantôt de fyirôsie. Comme troubles relevant de ces états du nerf vagué, on a signalé du ralentissement du pouls, des pneu- monies bâtardes, sans réaction et rapidement envahissantes, des phénomènes asphyxiques, etc. Qu'il s'agisse de troubles bulbaires ou do névrite du pneumogastrique, il y a dans cette symptomato* logte quoique chose de bien spécial à la grippe.
La grippo bulbaire peut se présenter sous deux formes : les syndromes vago-paràlytique et mgo- Jiyperkinêtiquc* H s'agit tantôt de bradycârdie, avec un petit nombre de pulsations, tantôt d'une tachy- cardie, avec diminution considérable de la tension artérielle. Dans ce dernier cas, le pouls se fait re- marquer par sa petitesse, sa mollesse, son inéga- lité et sa fréquence quelquefois extrême.
Dans le cours de la grippo infectieuse, Huchard, Lo Clerc et d'autres observateurs ont constaté des douleurs rétro-sternales ressemblant à de l'angine de poitrine. Kn 1876, Herthollo signalait déjà des fallu do co genre. Malcorps, de Bruxelles; avait parlé en 1874 « d'une douleur qui so fait sentir nu « niveau du quart, du tiers ou de In moitié supé- « ri euro du sternum ». Les irradiations dans le bras gauche ne sont pas mentionnées, mats il est
question d'un état particulier d'angoisse, de sen- timent de mort 'imminente et d'une ébauche d'état syncopal.
Peter cito deux cas d'angine de poitrine grip- pale. L'un dés malades, atteint de « pneumonhé- mie hypostatique », avec crachats sanguinolents, se plaignait d'une douleur sternale avec irradia- tions dans l'épaule et le coude gauches. Il n'exis- tait pas de sensibilité du phrénique ni de douleur péricardique. Co malade mourut subitement. L'autre sujet, une jeune femme, eut trois jours de suito uno crise A'angor pectoris « par hyperhô- mie du plexus cardiaque ».
La moelle allongée est le théâtre où les toxines grippales concentrent fréquemment leur action. Les trois branches du nerf pneumogastrique sont touchées et leur altération peut provoquer des troubles plus ou moins profonds dans le poumon, le coeur ou l'appareil gastro-Intestinal.
Parmi les symptômes qui relèvent de l'atteinte bulbaire, un des plus importants est la respira- tion de Oheyne-Stokes. On sait en quoi consiste ce phénomène morbide : les mouvements respi- ratoires, d'abord énergiques et rapides, devien- nent graduellement plus faibles et plus lents, puis se produit une pause de quelques secondes donnant l'imagé de la mort. Ensuite, les mouve- ments vont en augmentant de rapidité, pour dé- croître bientôt, et ainsi de suite.
Grippe cérébrale
Examinons quelques cas simples. Le Dr E. Sergent a communiqué, en 1904, à la Société médicale des Hôpitaux, une observation de délire post-grippal chez une hysté- rique où le diagnostic fut particulièrement subtil. Cette femme, à l'occasion d'une grippe légère, présenta tout à coup des phénomènes délirants, accompagnés de symptômes méningitiques. La première pensée fut qu'il s'agissait de méningite grippale. Le délire consista en une volubilité excessive et une agitation très bruyante ; la malade chantait des cantiques et composait des prières incohérentes. Il se produisit ensuite de l'inégalité pupillaire, de la raideur généralisée avec signe de Kernig et de la rétention d'urine. Faisant des bonds terribles dans son lit, elle faillit à plusieurs reprises se briser les membres contre le mur. Tous ces troubles se dissipèrent, et, en quelques jours, les derniers vestiges de la confusion men- tale s'éteignirent. On ne put pratiquer la ponction lombaire. On avait pensé un moment à une méningite tuberculeuse.
Pseudo-méningite
Les observations de cet état morbide concernent surtout des enfants. Gaucher, en 1890, eut l'occasion de voir une petito fille de six ans atteinte d'accidents d'apparence méningitique : céphalalgie, cris, fièvre, vomisse- ments, Irrégularité et ralentissement du pouls,
accidents qui disparurent au bout de vingt-quatro heures. Juhel-Rénoy observa un fait semblable qui donna lieu à une double erreur de pronostic et de diagnostic. Il avait existé des symptômes de torticolis, do la raideur do la nuque, de la dépression du ventre en bateau, de la lehteur du pouls et la raie méningitique. Sevcstre, à la même époque, eut l'occasion de voir deux exem- ples de cette forme inquiétante. Nous relevons dans ces observations un groupe de phénomènes significatifs : céphalalgie violente, crises ner- veuses, gémissements douloureux, grincements de dents, douleurs auriculo-temporales, coma, mâchonnement, parésie palpébrale, etc.
Ces accidents d'apparence méningitique, Se- vestre croit qu'avec un peu d'attention on peut les interpréter sans pessimisme. Nous avons vu nous-mème, vers 1895, avec le Dr Soueich, un enfant de trois ans, et, avec le l)r Hambert, une fillette de six ans qui présentèrent l'un et l'autre des troubles cérébraux très sérieux, avec somno- lence, constipation, ventre en bateau, vomisse- ments, strabisme, inégalité pupillaire, gémisse- ments, etc. Or, dans ces deux circonstances, malgré la gravité des symptômes qui ne laissaient plus aucune illusion aux parents, nous crûmes devoir parler de la possibilité de la guérison, en raison d'abord de la grippe régnante, ensuite parce que l'aspect des petits malades ne donnait
pas l'impression absolue de la méningite vraie. Il s'agissait de méningisme, c'est-à-dire d'un groupement morbide qui a été très contesté, surtout au point de vue de la légitimité de l'ex- pression ; c'est là pourtant une appellation peut-être préférable, à notre avis, à celle de pseudo-méningite.
Hutinel, qui a observé souvent ces phénomènes méningés chez les enfants, dans les streptococcies malignes, dans la grippe, etc., déclare qu'il est difficile au médecin le plus sagace d'éviter l'erreur. Dans les quelques autopsies qui ont été pratiquées, on ne découvre aucune altération en- céphalique, mais on peut se rendre compte que les sinus et les vaisseaux veineux sont gorgés de sang et que la substance grise participe à celte congestion passive. On note aussi de l'oedème sous-arachnoïdien et les ventricules sont disten- dus par un liquide séreux. Ces vasodilatations et ces oedèmes sont très certainement dus à l'action de certaines toxines.
Le Dr L. Peyrazat (Thèse Toulouse, 1907) a éta- bli que le méningisme hystérique peut se sura- jouter à un état infectieux persistant tel que la grippe. C'est au déclin de la maladie, au moment où la guérlson parait imminente, que la cépha- lalgie s'accentue et que surgissent des signes de méningisme : vomissements, constipation et fièvre quelquefois. Dans l'observation de Poyraznt,
la céphalalgie était hémi-cranienne, localisée à la région auriculo-temporale, avec irradiations dans, toute la tête, avec photophobie et exacorbation par le mouvement. Fait important, cette céphalée coïncidait avec des zones hyperesthésiques et hystérogènes du cuir chevelu.
Dans certains cas de méningisme hystérique, grippal ou autre, dit l'auteur, on a pu constater du délire tranquille ou violent, du strabisme convergent, de la mydriase, de l'hyperacôusie, du dermographisme, des modifications du rythme respiratoire, enfin, quelquefois le signe de Kernig et le signe de Babinski.
, L'observatipn très intéressante du l)r Pèyrazat, recueillie dans le service du Professeur Mossé, concerne une domestique de vingt ans qui pré- sentait depuis longtemps une impresslonnabilité nerveuse extrême. En mars 1906, à propos du cambriolage de la maison de ses maîtres, elle eut des crises d'hystérie très nettes, crises arrêtées par la pression ovarienne.
En janvier 1907, cette jeune fille contracta la grippe qui régnait alors dans le village où elle était en condition. Les phénomènes grippaux pa- raissaient s'atténuer, lorsque survint brusque- ment une aggravation telle qu'on songea à la méningite. Les principaux symptômes furent les suivants : céphalée violente, siégeant surtout à la région auriculo-temporale droite, photophobie,
hallucinations, raideur de la nuque, vomisse- ments, ventre en bateau, abattement marqué, etc.
Le médecin appelé en ce moment pensa à une méningite. A son entrée à l'Hôtel-Dieu, on cons- tata que la malade se couchait en chien de fusil et qu'elle se plaignait avec insistance dp sa tête ; il existait de la douleur spinale à la pression et le membre inférieur droit était le siège d'une hy- peresthésie marquée. Pas do signe deKernigjpas do troubles do la motricité ; réflexe rotulien nor- mal. L'acuité visuelle examinée par le Profes- seur Frenkel égalait 1 ; un peu de rétrécissement du champ visuel à droite.
Progressivement, tous ces phénomènes s'amen- dèrent, et, le 12 avril 1907, la malade quitta le service. H est utile d'ajouter qu'il n'avait jamais existé de fièvre pendant le séjour à l'hôpital.
De ce qui précède, l'auteur se croit autorisé à déduire que si, « pendant le cours et, mieux « encore, au déclin d'une grippe, on se trouve «. en présence de phénomènes méningitiquès, <( chez un sujet précédemment entaché d'hystérie, « quelle que soit leur intensité, il faudra songer « à la possibilité d'une attaque de méningisme « post-grippal; surtout lorsque, par quelque « symptômes observés, le tableau clinique s'éloi- « gne tlu tableau classique de la méningite vraie « et de la méningite tuberculeuse ».
- ' Pflûger,- Uhtkbfl, Oppehheim, Cornil ont publié
divers cas d'èncéphalopathie d'origine grippale, la plupart suivies de guérison.
" Dans la forme bénigne, lo Professeur Grasset ônumôre des symptômes divers : céphalalgie vio- lente, persistante, gravative, siégeant aux tempes; aux régions sUs-orbitaires, douleur de la nuque, de la région occipitale, rachiàlgie, hébétude où agitation, vomissements, insomnie, quelquefois parôsies d'un ou de plusieurs membres, névral- gies diverses, tachycardie, rétention d'urine, etc. Trouillet et Esprit ont décrit des cas moyens et graves, mais curables, dé méningo-encôphalo-
"pathie grippale, où les symptômes furent vrai- ment alarmants, Ces distingués observateurs ont noté des crises épileptiformés, des contrac- tures, etc., et, dans une période plus avancée, do l'aphasie, de la paraplégie, do l'hémiplégie, etc. Les observations de ménlngooncéphalite avec
' lésions profondes sont nombreuses. L'hémorragie cérébrale peut déterminer des ictus apoplecti- ques (cas de Barthélémy). Chez une femme de quarante ans, Cornil (Acad. de Méd., 1895) cons- tata de la céplialée, de la fièvre, de la somnolence,
' puis dû coma avec stertor, de l'hémiplégie droite,
' de l'incontinence d'urines et des matières fécales. A l'autopsie, H rencontra un épaisslssemént de la
■ pie-riïèréqUi'etàit infiltrée d'Un liquide jaune et opaque. Dans ïe cerveau droit, il existait un petit
foyer hémorragique dans la substance grise ; en plus, foyer hémorragique intracortical dans la première occipitale. A l'examen bactériologique, pas de bacilles. Cornil cite, en outre» trois obser- vations du D* Durante avec guérison, Dans un cas, il avait existé du coma, du stertor, de l'hé- miplégie droite et de l'aphasie.
Dans les cas graves étudiés par Grasset, les altérations anatomo'pathologiques consistaient en piqueté hémorragique, exsudât gélatineux sur la convexité, quelquefois semis do granulations élastiques difficiles à écraser; parfois, présence d'abcès, dilatation des ventricules avec produc- tion de flocons blanchâtres. Pendant la vie, on avait pu relever des symptômes, tels que i crises épilepliformes, opisthotonos, délire violent, strabisme ; dans uno deuxième période, aphasie, paraplégie, hémiplégie, relâchement des sphinc- ters, dilatation pupillalre, coma, dysphagie et tachycardie par lésions bulbaires. La guérison se produisait quelquefois, laissant des reliquats morbides, des paralysies persistantes, des né- vrites de longue durée.
Dans onze autopsies pratiquées par Trouillet et Esprit, les lésions ont varié suivant la durée de la maladie. Dans les cas foudroyants, on ne put constater parfois qu'un processus congestif dans les méninges et dans le cerveau ; dans d'autres cas existaient un exsudai gélatineux et tremblo-