La grippe ou influenza (1908) André/Formes gastro-intestinales

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Formes gastro-intestinales


 
 

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Chapitre
Formes gastro-intestinales
Auteur
Gustave André
Extrait de
La grippe ou influenza (1908)
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Formes gastro-intestinales


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Dans la grande épidémie de 1889-1890, plusieurs observateurs ont signalé la fréquence des troubles digestifs. Parfois, la gastriqité se manifestait comme la note dominante chez certains sujets, déjà dyspeptiques apparemment. Dans bien des cas, l'embarras gastrique aurait été considéré comme banal, si l'on n'eût constaté simultané- ment une prostration extrême.

L'anorexie absolue et les perversions du goût furent assez fréquemment observées.

Les altérations buccales et dentaires ne sont pas rares, comme nous l'avons déjà dit. Il faut signa- ler parmi ces lésions la glossite, la stomatite aph- teuse , la périostito atvéolo-deiitaire. etc. Nous avons déjà parlé des déterminations pharyngées.

A propos des vomissements qui furent très souvent relevés, un certain nombre de prati- ciens considérèrent ce symptôme comme l'indice d'un état inflammalolro de la muqueuso gaslrl-


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que; un petit nombre lui donnent une origine nerveuse ou cérébrale.

La diarrhée et les vomissements survenaient fréquemmentsousformedecholérine. La tuméfac- tion de la rate aurait été très rare. Les symptômes gastriques auraient revêtu des caractères variés et se seraient manifestés dans tous les segments du tube digestif. Il faut faire remarquer que les altérations graves des voies biliaires ou du. pa- renchyme hépatique ne se sont révélées quo dans les cas sévères d'inftuenza. C'est surtout dans les complications sérieuses de l'intestin ou du pé- ritoine que lo fades grippé aurait été constaté.

Depuis la grande épidémie de 1889-1890, les médecins parlent volontiers de grippe intesti- nale; c'est ainsi que, plus d'une fois, nous avons entendu des confrères distingués, appliquer cette étiquette à des cas do fièvre typhoïde dont le diagnostic nous paraissait incontestable. H y a là, à notre avis, un abus de langage qui n'est pas sans inconvénients et qui, par suite d'une orien- tation thérapeutique irrationnelle, peut provo- quer des rechutes.

Nous avons déjà parlé assez longuement de rembarras gastrique et do l'élut de la langue dans la grippe ; il s'agit là, en somme, d'un syndrome habituel. Nous rappellerons que la gastricité peut prendre une allure infectieuse. Mais les troubles gastro-intestinaux peuvent se présenter sous une


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forme plus sévère encore. L'intolérance gastrique peut être absolue pendant un temps plus ou moins long, donnant lieu à des vomissements opiniâtres et à des douleurs gastriques violentes irradiant en divers sens et faisant songer à une gastrite suraiguë d'apparence toxique. Le foie et la rate sont augmentés de volume; les vomissements, presque incoercibles, constituent parfois le phé- nomène dominant. Une fillette de quatre ans, citée par Comby, ne supporta aucun aliment pendant huit jours. Barthélémy a relaté le cas d'une dame âgée qui eut des vomissements pendant vingt- deux jours. Nous avons vu nouar-méme, chez plu- sieurs malades, et avec quelque inquiétude, des troubles similaires.

L'entérite fébrile ou apyrétiquo, avec diarrhée, coliques, ténesme, ballonnement du ventre, peut dominer la scène et durer un certain temps. Ferréol a observé pendant l'épidémie de 1890, consécutivement à la contagion importée dans la maison par le fils du malade, une pérityphllte qui dura plus d'un mois. Le même clinicien a vu mourir un diabétique qui fut emporté en quel- ques heures, au cours d'une grippe de moyenne intensité. Ce malade fut pris subitement d'une diarrhée dysentériforme très douloureuse, avec sensation de barre épigastrique, et succomba dans le coma. Nous croyons devoir faire remarquer qu'il s'agit peut-être là d'une forme d'acétonémie


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suscitée très probablement par l'infection grip- pale.

Certains sujets atteints de vomissements inces- sants et do diarrhée profuse ressemblent, avec ■'■ leur faciès grippé, à de véritables cholériques. L'entérite cholériforme a, d'ailleurs, été observée par divers cliniciens, notamment par Potain.qui a constaté, avec une diarrhée très abondante, des crampes, de la tétanie et de l'algidité.

Quelques auteurs ont relevé des troubles intes- tinaux violents tout à fait analogues à ceux que détermine l'intoxication par le tartre stlbiô; par- fois, le moelena, les épreintes font songer à la dysenterie sporadique.

Des entérites chroniques, voire môme des enté- ralgies muco-membraneuses, peuvent succéder à la grippe ot faire songer parfois à des lésions tuberculeuses de la muqueuse intestinale.

Le Dr Chryssovergis, do Beyrouth, a décrit, nous le savons déjà, une forme colique de la grippe, avec un érythôme palato-pharyngô qui constitue un signe révélateur. C'est là une forme gastro-intestinale que ce clinicien a pu observer pendant trois mois d'hiver, en 1901-1902. Le gros intestin, spécialement altéré, donnait lieu à des troubles coliques accentués de nature surtout spasmodique. La contracture se cantonnait à YS iliaque, au côlon ascendant, au rectum et au coecum. La douleur, variable comme intensité et.


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comme siège, simulait complètement une crise appendiculaire, y compris le point de Mac-Buriiey ; par la palpation, on éprouvait la résistance de la corde colique. Tout cela était accompagné de selles glaireuses, dyséntériformes, avec des épreintes très vives. Cet état persistait, paraît-il, pendant des semaines, sans fièvre, mais avec accompagne- ment de névralgies diverses. Le bacille de Pfeiffer fut reconnu dans trois échantillons de mucus {Semaine médic, 1903). L'inflammation du rectum, d'apparence dysentérique, une entérite avec ul- cérations, ont été notées dans certaines observa- tions. Le Professeur Lemoine a décrit une espèce de paralysie intestinale, due à l'influenza, et,'ca- ractérisée par du météorisme avec constipation ; il s'agissait sans doute d'une inhibition passagère du grand sympathique abdominal pouvant ac- quérir un haut degré de gravité. Les vomisse- ments fréquents et pénibles paraissant succéder - à des accès de gastralgie ont pu simuler, dans certains cas, des coliques hépatiques.

Uno espèce do dysenterie grippale, d'ailleurs assez rare, a été signalée par quelques auteurs, notamment par Furbrlnger et Lo Gendre. Comby et Brochin ont noté des hémorragies intestinales.

11 n'est pas de praticien qui n'ait constaté des déterminations intestinales analogues, et d'assez nombreux malades parlent volontiers d'un état grippal qui avait porté son action sur l'intestin»


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La iforme gastro-intestinale, d'après Ch. Bou- chard, fut fréquente au début de l'épidémie de 1889-1890 et succédait aux grands phénomènes prodroiniques, l'accablement, la céphalalgie et la rachialgie.

Dans cette forme, d'après le Dr Tortue, l'évolu- tion thermique n'affecta pas de caractères parti- culiers, constants. Elle était irrégulière, atypique, sauf l'élévation initiale de la température ; ceHe-ci fut modérée, s'élevant, le plus souvent à 38°, 39° et suivie d'un retour rapide à l'apyrexie. Les ascensions ultérieures purent être expliquées très nettement par des écarts de régime.

Les déterminations hépatiques de la grippe ne sont pas très rares. Stoll rapporte que l'épidémie de 1775, à Vienne, fut remarquable par la prédo- minance des phénomènes bilieux, avec vomisse- ments, anorexie et diarrhée.

Une femme de soixante-cinq ans, traitée par le Dr Dùfour, de la Rochelle, après avoir essuyé les atteintes d'une grippe très sévère, avec trou- bles cardio-pulmonaires, présenta, à un moment donné, une teinte subictérique des téguments avec pigments biliaires et selles mastic. La ma- lade succomba à une hémorragie cérébrale. D'après ce distingué confrère, l'agent infectieux avait envahi les voies biliaires sans marquer son passage à travers le tube intestinal. Dans deux observations de Rendu, au milieu d'un cortège


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ssez bruyant de, phénomènes pulmonaires ou cardiaques, on voit figurer, chez l'un des ma- lades, une teinte subictérique de la peau et des conjonctives, avec un foie énorme ; chez l'autre, il existait de l'ictère vrai, avec langue sèche et vomissements.

A propos de la forme abdominale de l'influenza, Huchard relate l'observation d'un sujet qui, dans la convalescence d'une grippe d'allures bénignes, vit une ascite, existant à l'état d'ébauche, s'ac- centuer rapidement, un oedème considérable en- vahir les membres inférieurs et une cachexie rapido s'établir. Le foie avait notablement aug- menté dé volume el, comme l'explique ce maître; l'organe avait constitué pour la grippe un locus minoris resistentioe ; il avait subi rapidement la transformation graisseuse.

Tout comme la rougeole, la grippe, comme on le sait, prépare les infections secondaires. Les deux maladies donnent lieu à des entérites, en augmentant les putréfactions intestinales, Le Professeur Combe, de Lausanne (L'Auto-intoxi- cation intestinale), rappelle que Marvel; Faisans et Lucas-Chainpionnière ont insisté sur l'in- fluence considérable exercée par les épidémies de grippe sur l'augmentation des infections nées. Cela est, d'après le l)r Combe, la consé- quence d'une hypoleucocytose polynucléaire


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considérable. Le môme mécanisme fait com- prendre l'atteinte des voies biliaires, avec con- gestion hépatique et ictère plus ou moins pro- noncé. • ,

Le Professeur Villard, de Marseille, et son élève, le Dr E. Michel, décrivent une fluxion abdominale analogue a la fluxion de poitrine grippale, U se produit alors des vomissements, des coliques, des selles aqueuses ou glaireuses très fétides. La palpatioh du ventre détermine une douleur plus ou moins vive ; c'est, en somme, une fluxion de tous les plans abdominaux, y com- pris l'intestin.

Dans la grippe abdominale cholêriforme, d'après ces deux auteurs, les vomissements sont inces- sants, là diarrhée est incoercible, les traits sont effilés, les yeux excavés, le ventre est rétracté, le- pouls filiforme, et la mort a lieu dans l'ôpui- sèment par anémie séreuse et tôxômie intesti- nale.

Dans la grippe abdominale pseuilo-péritoniti' missements bilieux, un météorisme excessif, de- là sensibilité abdominale, de l'hypothermie et une altération marquée des traits du visage. Au bout dé quelques jours, tout rentre dans l'ordre.

. Le D'd'Aslros a décrit une grippe abdominale pseudo-muqueuse chez les enfants, Les petits ma-



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lades présentent de l'embarras gastrique fébrile, de l'assoupissement, et la langue est rouge sur les bords. Vers le septième ou le huitième jour, la famille est inquiète et on parle de fièvre mu- queuse, mais les symptômes s'amendent rapide- ment.

La grippe abdominale pseudo-typhoïde dure, d'après Villard, deux septénaires et môme da- vantage. C'est le tableau de la dothiénentér{é; mais, dans ces cas, la marche de la maladie et la courbe thermique ont une importance de tout premier ordre pour le diagnostic. Au bout de trois ou quatre jours, on voit surgir un.collapsus thermique avec phénomènes critiques (sueurs profuses, diarrhée; polyurie). La rémission n'est que temporaire et les symptômes du début se reproduisent; ait bout de quatre ou cinq jours, c'est une nouvelle détente. Apres des sériés de crises, crapyrexie, de rechutes durant deux sep- ténaires, l'amendement est définitif.

C'est dans ces modalités cliniques de là grippe que s'observent l'artôrite et Ja plilôbitë, dès\hô^ morragiés. C'est,, en définitive, une infection typhq-grippale dont la physionomie a' été tracée magistralement par des observateurs tels' ïjiïe Potain, ïlanot, Saint-Ange, FV Widaï, Saîjàtièr; Ombredanne, Vérori, etc. • .

L$ forme typhoïde de la grippe qui fut, parait-il, très fréquente dans l'épidémie de 1837, comhïe



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cela ressort des travaux de Pétrequin, Gintrac, Lombard et Martin, fut plus rare en 1890. Lors- que, comme dans les cas de Moutard-Martin et d'Hérard, les phénomènes typhoïdes durent une semaine environ et sont remplacés par la rhino- trachéo-bronchite caractéristique, il ne peut y avoir le moindre doute sur le jnasque momenta- nément emprunté par la grippe. Mais le tableau tçacé par Delezenne (Iiemic de Médecine) est, il faut bien l'avouer, quelque peu déconcertant à première vue, Pourtant, les six observations recueillies par le Professeur Lemoine et citées dans le travail en question méritent d'ôtre acceptées, avec le bénéfice du doute tout au moins, On y retrouve, dominant la scène, les stigmates caractéristiques de l'influenza. Mais a côté du début brusque, des frissons erratiques, des douleurs musculaires, de la céphalalgie sus- orbitaire, dé l'angine, du coryza, de la laryn- gite, etc., on relève la pléiade suivante : délire, surdité, épistaxis, fuljginosités des dents, diarrhée, ballonnement du ventre, gargouille- ment iléo-coecai, taches rosées lenticulaires, suda- miiia; sans omettre la congestion du foie et dé la rate qui viennent ainsi compléter, le tableau de la dothiénéntérie. Mais, par contre, la courbe thormiqùe avec son évolution cyclique nette- ment déterminée, l'encoche en forme de V pen- dant l'acmé, appartient bien à la grippe. D'ail-



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leurs, dans cetto grippe typhoïde, la durée oscille entre huit jours et trois semaines; les symptômes disparaissent graduellement et la convalescence est longue et train auto; la lassitude, l'abattement, l'asthénie sont à leur summum; enfin, il faut noter la persistance de la toux, de l'anorexie et de la diarrhée. Les taches rosées lenticulaires, si insolites, si inattendues dans la grippe, ont été constatées dans des circonstances identiques par J, Tojssier et Pelon; on a néanmoins le droit d'émettre quelques réserves quand on songe que le diagnostic de la lièvre' typhoïde, à l'époque où ces faits furent observés, ne pouvait encore s'étayer sur les procédés rigoureux que nous pos- sédons aujourd'hui.

Potain, plus* récemment (juin 1900), a commu- niqué à la Société médicale des Hôpitaux six observations do fièvre typhoïde consécutive à la grippe et a suscité une intéressante discussion au sein de cette Société savante. Il était important de savoir s'il n'y avait lu qu'une coïncidence pu- rement fortuite ou si dès fait?- de ce genre sont susceptibles de se produire dans la pratique ordi- naire. Nous croyons, quant à nous, que le méde- cin, en temps d'épidémie simultanée des deux alïeçtioris, éprouve souvent un embarras consi- dérable à les distinguer l'une de l'autre, soit qu'elles évoluent parallèlement, soit qu'il y ïiit une 1 simple succession. Pour les malades de-


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Potain, le diagnostic ne pouvait ôtre douteux, mais ce qui rendait la maladie insolite dans ses allures, c'est qu'il fallait en faire remonter le dé- but à quinze ou vingt jours en moyenne, ayant l'époque de l'apparition des taches, Il ne pouvait s'agir de simples prodromes qui eussent été vrai- ment trop bruyants, et il ne paraissait, pas non plus qu'on pût invoquer une fièvre de réitération. La maladie avait débuté brusquement, puis les phénomènes bien connus de la grippe s'étaient déroulés avec une intensité variable. Dans un cas, eh plein état fébrile, le sérodiagnostic donna un résultat négatif, puis, au dix-neuvième jour, les taches apparurent et la fièvre typhoïde, évolua avec des caractères très nets.

Cette association de la fièvre typhoïde et de la grippe n'était pas une chose nouvelle pour le grand clinicien, car il en avait déjà cité un cas en 1881 et un autre dans l'épidémie de 1889, Nous nous rappelons avoir vu nous-môme, à cette der- nièro époque, dans une môme famille, quatre cas où les épistaxis, la diarrhée, une certaine hébé- tude nous' avaient fait songer à une association dé ce genre, mais l'accentuation dès phénomènes grippaux et là courte durée de la maladie ne pu- rçht nous laisser la moindre hésitation.

Dans deux cas de Ménétrier, la double évolu- tion morbide fut très nettement caractérisée; la grimpe se manifesta d'abord avec une fièvre peu



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intense, des phénomènes de catarrhe diffus et sur- tout la courbature générale si spéciale; puis, les symptômes propres à la dothiônentôrio se dérou- lèrent avec leurs allures habituelles.

Rendu, A. Siredey, Widal ont observé des cas identiques. Hanot, dans une observation publiée en |894 (Semaine médicale), se crut en droit de prononcer la phrase suivante : « D'ailleurs, la « grippe et la fièvre typhoïde, parfois, se juxtapo* « sent et évoluent parallèlement. »

Le Dr Roustan a pu étudier en 1901 une épidé- mie de grippe à forme'abdominale dans la région de Cannes, Les manifestations multiples et diver- ses firent songer a la fièvre typhoïde, à la fièvre méditerranéenne et à la fièvrede Malte. Au milieu de vrais cas de grippe gastro intestinale, on put voir évoluer quelques cas de fièvre typhoïdo vraie. Le plus souvent, le début était brusque, l'abatte- ment extrôme, l'inappétence absolue, la céphalée violente, avec nausées et vomissements. Les uri- nes étaient albumineuses, la constipation était rebelle et il existait de la tuméfaction spîénique. Les courbes thermiques rappelaient, exactement celles du Professeur Teissiér. L'éprouvé du séro- diagnostic futnëgàtivéchezles riialades examinés à ce point de.vue. Il n'y eut pas d'épistàxis; la langue était blanchâtre et il n'existait pas de gar- gouillement iléo-coecal; l'intégrité des, facultés intellectuelles était complète, On eut recours



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avec succès aux bains froids et au sérum de Mar- morek.

Le Dr G, Moine a vu dans le service*du Profes- seur Picot, à Bordeaux, un malade atteint de grippe à forme typhoïde et présentant, en avant et en arrière du thorax, une douzaine de taches ro- sées lenticulaires. La mort ayant eu lieu le on- zième jour, l'autopsie fut pratiquée; l'intestin était sain et la région de localisation des plaques de Peyer absolument normale.

Au point de vue des liens pathogéniques qui unissent ces deux maladies, on peut admettre, avec Le Gendre, que le microbe de Pfeifler, ou bien encore les troubles nutritifs qui accompa- gnent et suivent l'infection grippale favorisent l'infection parle bacille d'Eberlh. Quoi qu'il en soit, les phénomènes grippaux peuvent être telle- ment prédominants, dans l'association en ques- tion, qu'ils masquent presque complètement la lièvre typhoïde, jusqu'au jour où éclate quelque symptôme démonstratif, Nous avons traité, en 1900, année où la grippe fut sévère, avec deux confrères distingués, un homme de trente ans chez qui l'apparition d'une hémorragie intestinale put enfin dessiller nos yeux.

Sifedëy et Bodin, chez un malade dont ils ont rapporté l'histoire (Hullet, Soc. méd,IIôp,, 1895), ont trouvé, au cours de la grippe, comme agent infectieux unique, le coli-bacille qui n'avait pas



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encore été signalé en pareil cas, Au milieu dû symptômes, nerveux et thoraciques sur lesquels nous n'insisterons pas, se rencontraient des phé- nomènes abdominaux très accusés dont voici rénumération : à propos d'un purgatif, selles abon- dantes et extrêmement fétides; plus tard, selles jaunâtres, langue sèche, apparence typhoïde, vomissements alimentaires. Il se produisit dans la suite une aggravation très sensible; le sujet prit de plus en plus l'aspect typhoïde et les vomissements devinrent presque continuels; une adynamie profonde et de l'urémie précédèrent lai mort. L'urine fut recueillie dans les conditions les plus rigoureuses d'asepsie, centrifugée pen- dant cinq minutes, et un ensemencement fut fait avec le dépôt dans différents milieux. On trouva un ensemble de caractères qui permirent d'affir- mer très nettement l'existence du coli-bacille, A

La symptomatologié des infections coli-bacil- laipés varie considérablement, suivant les diverses aflections qui précèdent où açcpmpaghent l'inva- sion de ce micro-orgahismer Dans certaine? circonstances, cette infection a donpô lieu à des manifestations cholériformes avec algiâué.- Daiis certains cas, le colibacille a reproduit assez ejfâQ- téniént lé tableau de là fièvre typhoïde à formé rénale. . . \ • '■).-'; :■'.-■

L'appendicite grippale est admise par P, Alérklén qui! en 1897, en a observé trois cas, et par Jalçgujejr



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qui l'a signalée au cours de l'influenza, de la roifgeole, de la varicelle et des oreillons, Quelques médecins, Golabow en particulier, «considèrent l'appendicite comme une maladio infectieuse et épidémique. Il est d'ailleurs rationnel de penser que, sous l'empire de causes diverses, les micro- organismes de l'intestin deviennent plus virulents et peuvent ainsi déterminer l'infection appendi- culaire,

Les trois observations de Merklen sont intéres- santes, non seulement à cause de leurs relations évidentes avec la grippe, mais encore en raison du développement de l'affection chez des enfants présentant des antécédents familiaux d'appendi- cite, Ces trois cas ne donnèrent pas lieu à une symptomatologie spéciale elles indications théra- peutiques, normales et classiques, ne rendirent pas nécessaire une intervention chirurgicale immédiate, Un confrère distingué de l'armée, le Dr Simonin, est revenu eh 1901 sur la question de l'influence des maladies générales sur l'appendi- cite. La structure lymphoïde de l'appendice, mieux étudiée depuis quelque temps, constitue un véritable point d'appel pour lé localisation des agents infectieux, Sahli, de Berne, a qualifié l'appendice « d'amygdale intestinale » et l'appen- dicite elle-même « d'angine de l'appendice iléo- coecâl ». C'èstrïdrcër peut-être un peu l'analogie. Pillet et Costë imaginèrent peu après le mot



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« d'appendicite folliculaire ». Cela revient à assimiler l'organe à une plaque de Peyer,

Sous l'influence do ces données nouvellos, Jalaguier a pu dire de l'appendicite « qu'elle était l'expression d'une maladie générale ». Nous ad- mettons sans difficulté cette filiation, mais nous tenons à faire remarquer que les fluxions abdo- minales de la grippe peuvent, dans une certaine mesure, simuler l'appendicite, Nous croyons, comme G. Lyon, que l'influenza, au môme titre que la fièvre typhoïde, certaines entérites, les coliques néphrétiques, les salpingites, etc., a pu, dans quelques circonstances, prendre le masque de l'appendicite; cela doit ôtre vrai surtout dans la forme pseudo-péritonitique de la grippe.

Les toxines grippales, d'après le Dr Berlatzky ( Wratcheb, Gaz,, 1905), en diminuant la vitalité des parasites de l'intestin, en favoriseraient l'ex^ pulsion ; il s'agirait surtout de lombrics ou d'an- neaux dé toenia solium, La forme gastro-iritesti: haie de la grippe pourrait ainsi, dans certains cas, ôtre améliorée par l'administration de ver- mifuges. Il est donc utiJe, dans cette forme de

l'influenza, de procéder à la recherche dés yefs intestinaux, et, en cas d'affirmative^dene pas négliger l'administration, soit dé la santonirtè, soit de l'extrait de fougère mâle. Le côté pratiqué de la\çommunication du Dr Bèrlâtzky est tout à fait digne d'intérêt.



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