Le rechargement des rails ferroviaires, destiné à lutter contre l'usure due aux roulements des trains, s'effectue grâce à des procédés de soudage à l'arc. Environ 500 soudeurs assurent ces interventions. La majeure partie des opérations s'effectue manuellement et expose les soudeurs à l'inhalation de fumées irritantes et potentiellement toxiques; les soudeurs effectuent aussi le meulage des pièces. Des électrodes enrobées basiques sont utilisées manuellement pour le rechargement de rails et de cours de voies (zone de croisement des rails). Par ailleurs, des fils fourrés sans gaz sont utilisés, mais surtout pour les cours ; le processus est dans ce cas en partie automatisé. Les cours de voies sont des pièces particulièrement riches en manganèse (13 %), pour des raisons de contraintes mécaniques; les interventions sur ces cours exposent donc à un risque d'intoxication par le manganèse. D'autres risques sont présents, liés aux éléments contenus dans les rails et les baguettes de soudure: essentiellement fer, chrome, nickel et fluorures. La principale nuisance est représentée par le manganèse dont les effets les plus fréquents sont au niveau local une irritation muqueuse avec pneumopathie sévère en cas d'exposition massive et au niveau systémique une atteinte neurologique appelée le parkinson manganique ; des troubles neurologiques liés au manganèse ont déjà été décrits chez des employés des chemins de fer. Un cas d'encéphalopathie a été rapporté chez un soudeur de rails (Nelson, 1993). Il s'agissait d'un soudeur de 44 ans utilisant des baguettes enrobées riches en manganèse depuis plus de 20 ans et chez qui sont apparus, progressivement, en deux ans, des troubles neuropsychiatriques: irritabilité, syndrome confusionnel, troubles moteurs. L'IRM a objectivé une augmentation de l'intensité du signal au niveau des noyaux gris centraux, lieu de fixation du manganèse. Le niveau d'exposition atmosphérique est inconnu; la concentration urinaire de manganèse était à 17 μg/g de créatinine. L'IRM s'est normalisée en 6 mois après l'arrêt de l'exposition, mais des troubles neurologiques cliniques ont persisté. Fairfax en 1994 a exposé le cas d'un soudeur de voies ferrées travaillant depuis 11 ans et présentant des troubles neurologiques cliniques rapportés au manganèse pour une exposition à 7,2 mg/m³ sur 15 min, soit 0,32 mg/m³ sur 8 heures; le taux de manganèse sanguin était de 11,3 μg/l. Sjögren en 1990, lors d'une étude par questionnaire chez des soudeurs de rails exposés au manganèse, a mis en évidence une fréquence accrue des troubles neurologiques centraux: concentration, mémoire, humeur, rapidité de réaction, à partir d'une durée d'exposition équivalente à deux ans temps plein; dans un sous-groupe exposé en moyenne depuis 16 ans à des taux de 1 à 4 mg/m³ de manganèse, il existait une relation durée d'exposition - allongement du temps de réaction. Le taux de manganèse dans les électrodes était de 20 à 25 % et les soudeurs soudaient en moyenne 4 heures par jour.

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