Roland de Lassus/Ateliers/Chanter ensemble à la Renaissance
Cet article donne des éléments sur l'utilisation des partitions utilisées à la Renaissance, et sur la fin du Moyen-Âge.
Cette période est marquée par deux ruptures « paradigmatiques » :
- l'invention de l'imprimerie,
- le développement de la polyphonie.
Sommaire
Chanter ensemble Au moyen âge
Les chantres à l'unisson sur un livre de chœur
Un livre de chœur est un livre posé sur un lutrin afin d'être lu par un ensemble de choristes.
L'enluminure de droite est extraite d'un bréviaire manuscrit (environ 1420).
Elle montre un groupe de moines en robes noires (bénédictins) chantant, à l'unisson, autour d'un livre de chœur, probablement un graduel.
Sur cette gravure le moine de plus petite taille est « chargé » de tourner les pages.
Les livres liturgiques devaient donc être de grande taille pour être lus par des chœurs conséquents.
Exemples de graduels
Le graduel de Saint-Mihiel offre un exemple typique d'un recueil de partitions grégoriennes destiné à soutenir le chant pendant les offices.
Il a été composé avant 1463.
Il est effectivement volumineux (680 mm de haut, 560 mm de large, 32 kg) et permet bein une lecture simultanée par une dizaine de chantres.
La figure ci contre montre un manuscrit plus ancien du début du XIVe siècle.
On remarque une polyphonie légère (2 voix). La voix basse est fidèle au thème grégorien. La voix haute apporte des enrichissements.
De taille plus réduite (26 cm X 18 cm) que le précédent, il pouvait plus difficilement être utilisé par un groupe consistant. On peut imaginer un duo (ou une directrice de chœur.
Chanter ensemble à la Renaissance
La production artistique de la Renaissance montre également des groupes de personnages qui chantent ensemble en s'appuyant sur un livre commun.
Mais ce ne sont plus seulement des moines.
Sur la gauche, à Florence, une œuvre magistrale de Luca della Robbia, la Cantoria, montre par exemple un groupe de chanteurs portant des costumes évoquant plutôt de citoyens florentins.
Le tableau de droite représente « officiellement » des anges.
Il s'agit d'un panneau extrait d'un retable visible à la Cathédrale Saint-Bavon de Gand.
Les chanteuses sont vêtues de robes très finement décorées qui font plutôt penser à des femmes de la noblesse flamande.
Polyphonie et imprimerie
Deux évolutions fondamentales vont marquer le passage à la Renaissance : l'apparition de l'imprimerie et le développement de la polyphonie.
Des ouvrages volumineux pour une lecture polyphonique groupée
- Ouvrages imprimés
La figure sur la droite montre une ouverture sur un ouvrage imprimé par Adam Berg à Munich en 1574.
C'est le deuxième volume d'une collection nommée Patrocinium musices. Ayant pour titre Missae aliquot, quinque vocum, il contient cinq messes de Roland de Lassus.
L'image montre le début du kyrie d'une messe parodique : « Le berger et la bergère ».
Sa taille est conséquente (30cm X 50cm) et elle peut être utilisée par un chœur pour une lecture collective.
Le psaume 38 (37) dans le manuscrit des psaumes de la pénitence. |
- Manuscrits, richement décorés
L'invention de l'imprimerie n'a pas tué la production de manuscrits.
L'exemple de droite est un « ouvrage de luxe », le Manuscrit des psaumes de la pénitence de Roland de Lassus réalisé par Hans Mielich pour Albert V de Bavière.
Partitions individuelles
Les progrès de l'imprimerie musicale contribuent à démocratiser l'accès aux partitions.
Par exemple, en 1501, Ottaviano Petrucci imprime Harmonice Musices Odhecaton, un recueil de chansons profanes.
Exemple : les Meslanges d'Orlando de Lassus