Mélopée (Jean-Jacques Rousseau)

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C’était dans l'ancienne musique l'usage régulier de toutes les parties harmoniques ; c'est-à-dire l'art ou les règles de la composition du chant desquelles la pratique & l'effet s’appelaient mélodie.

Les Anciens avaient diverses règles pour la manière de conduire le chant par degrés conjoints disjoints ou mêlés en montant ou en descendant. On en trouve plusieurs dans Aristoxène lesquelles dépendent toutes de ce principe que dans tout système harmonique le troisième ou le quatrième son après le fondamental en doit toujours frapper la quarte ou la quinte juste selon que les tétracordes sont conjoints ou disjoints différence qui rend un mode authentique ou plagal au gré du compositeur C est le recueil de toutes ces règles qui s appelle mélopée

La mélopée est composée de trois parties ;


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à savoir la Prise, Lepsis qui enseigne au musicien eu quel lieu de la voix il doit établir son diapason ; le Mélange, Mixis selon lequel il entrelace ou mêle à propos les genres & les modes & l'usage chrèses qui se subdivise en trois autres parties

La première appelée euthia guide la marche du chant laquelle ou directe du grave à l'aigu ou renversée de l aigu au grave ou mixte c est a dire composée de l une & de l autre
La deuxième appelée agogé marche alternativément par degrés disjoints en montant & conjoints en descendant ou le contraire
La troisième appelée petteia par laquelle il discerne & choisit les sons qu il faut rejeter ceux qu il faut admettre & ceux qu il faut employer le plus fréquemment.

Aristide Quintilien divise toute la mélopée en trois espèces qui se rapportent à autant de modes en prenant ce dernier nom dans un nouveau sens.

La première espèce étoit l'hypatoide appelée ainsi de la corde hypate la principale ou la plus basse parce que le chant régnant seulement sur les sons graves ne s'éloignoit pas de cette corde & ce chant étoit propre au mode tragique
La seconde espèce étoit la mésoide de mèse la corde du milieu parce que le chant régnoit sur les sons moyens & celle ci répondoit au mode nomique consacré à Apollon
La troisième s appeloit nétoïde de nète la dernière corde ou la plus haute son chant ne s étendoit que sur les sons aigus & constituoit le mode dithyrambique ou bachique

Ces modes en avoient d autres qui leur étoient subordonnés & varioient la mélopée tels que l érotique ou amoureux le comique l encômiaque destiné aux louanges.

Tous ces modes étant propres à exciter ou calmer certaines passions influoient beaucoup sur les mœurs & par rapport à cette influence la mélopée se partageoit encore en trois genres savoir 1 le systalirque ou celui qui inspiroit les passions tendres ou afsectueuses les passions tristes ou capables de resserrer le cœur suivant le sens du mot grec 2 le diastaltique ou celui qui étoit propre à l épanouir en excitant la joie le courage la magnanimité les grands sentimens l euchastique qui tencit le milieu entre les deux autres qui ramenoit l ame à un état tranquille

La première espèce de mélopée converoit aux poésies amoureuses aux plaintes aux regrets & aux autres expressions semblables la seconde étoit propre aux tragédies aux chants de guerre aux sujets héroïques la troisième aux hymnes aux lonanges aux instructions JJ Rousseau