Les bibliothéques françoises (1773) Du Verdier/Orlande de Lassus

De Wicri Musique

Cette page introduit un article d'Antoine du Verdier sur Roland de Lassus.

Texte original

Il est extrait du tome cinquième de l'édition de 1773 des bibliothéques françoises de La Croix du Maine et de Du Verdier.

Plus précisément, il s'agit d'une réédition du Tome 3 d'un ouvrage d'Antoine du Verdier dont la première édition date de 1585 à Lyon.

Cet ouvrage a été numérisé par Google (à partir d'une version de la Bibliothèque de l'Université d'Oxford) et sur Gallica.

Bibliothèque Du Verdier 1776 Lassus.png

Une transcription

Orlande De Lassus

Flamand de Nation, le plus excellent Musicien qui ait été devant lui, et qui semble avoir seul dérobé l'harmonie des cieux pour nous en réjouir en la terre surpassant les anciens et se montrant en son art, la merveille de notre temps ; a mis en musique à quatre , cinq , six, huit, dix parties , plusieurs épigrammes , chansons et sonnets tant de Marot, Ronsard que autres poètes françois : le tout contenu au Livre de Les Mélanges, qui est un recueil de ses plus beaux ouvrages et musique bien reçue en tous lieux et digne d'être ouïe et chantée ; imprimés à Paris, par Adrien le Roy et Robert Ballard, 1576.. Continuation des Mélanges d'Orlando de Lassus, & c. imprimée à Paris par Adrien le Roy, 1584. Estienne Jodelle a fait un chapitre de cent soixante-douze vers en faveur d'Orlande , excellent Musicien, duquel il me prend envie mettre ici le commencement :

S'il faut que tes chansons graves ensemble et douces
Sur l'aile des beaux chants qu'on leur doit inventer
Jusqu'aux Roys (ô ma. Muse ) ains jusqu'aux Dieux tu pousses
Des vers en contr'échange ici tu dois chanter
Pour Orlande, qui peut aux vers l'aile si belle,
D'un heur, d'un air, d'un art admirable, prêter.
L'aile qu'Orlande peut donner aux vers, est telle,
Que son vol animé de mouvements si beaux,
Si prompts, si hauts surpasse en volant toute autre aile.
D'Enfer au Ciel, du Ciel aux infernales eaux,
Mercure en un moment remonte et redevale,
Ayant au chef, aux pieds ses ailerons jumeaux.
Ce beau vol peut porter à la rive infernale
Nos vers, au Ciel, aux coins de la terre, sans peur
De ce qui fit en mer cheoir le fils de Dédale.
Mercure aussi, qu'on fait fort subtil inventeur
En Musique, peut-être est la Musique même
Haussant, baissant par tout ce beau Vol enchanteur.
Puis donc qu'en tel art donne et course et force extrême
Aux vers, et puis qu'Orlande un tel vers façonnant,
Est des vieux et nouveaux ouvriers l'ouvrier suprême :
Muses, qui de tel art irez toujours tenant,
Comme l'art tient de vous, il ne faut qu'on refuse
D'orner ce qui vous peut donner tant d'ornement
Puis la Musique a pris son beau nom de la Muse
Même l'air des beaux chants inspirés dans les vers,
Est, comme en un beau corps une bellc âme infuse

  • Orlande Lassus est le même que Roland Lassus, né , en 1520, à Mons, et mort le 13 Juin 1593, à Munich , dans sa soixante-treizième année. Ayant été jeune en Italie, où il fit un assez long séjour » il y tourna son nom à l'Italienne, et se fit appeler Orlando Lasso. Il fut de son temps le Musicien le plus célèbre de l'Europe. Voyez sa vie dans Melchior Adam.

Voir aussi