Biographie universelle des musiciens (1866) Fétis/Gallus (Jacques)

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< Léopold-Bastien Desormery

Biographie de Jacques Gallus par François-Joseph Fétis


 
 

Cette page reproduit la biographie de Jacobus Gallus à partir de la Biographie universelle des musiciens de François-Joseph Fétis.

Origine

Le texte original est accessible sur Gallica :

Le texte original

Gallus (Jacques), [1] compositeur de grand mérite, né à Kraïn dans la Carniole, vers 15S0. Son nom véritable était Hænel ou Hæehn ou Hændl, suivant la prononciation ancienne et populaire (mot qui signifie Coq) d'après l'usage de son temps, il l'avait latinisé. Après avoir été quelque temps maître de chapelle de Stanislas Pawlowski, évéque d'Olmütz, il fut appelé à remplir les mêmes fonctions dans la maison de l'empereur. Il mourut à l'âge de quarante et un ans, à Prague, le 4 juillet 1591.

Plusieurs poètes, entre autres Jean Kerner Plltcniut et Jean Uylius Vodniaaus déplorèrent sa mort dans des pièces de vers, dont le nombre fut si considérable, que Wonccslas Dobrzimky en a formé un recueil conservé encore aujourd'hui dans la bibliothèque du couvent de Strahow, près de Prague. Dlabacz a rapporté dans sa statistique de la Bohéme dix-huit vers latins à la louange de Gallus, composés par le fils de cet artiste (Martin Gallus), et Gerber nous fait connaltre un même nombre de vers allemands qui se trouvent au bas du portrait du compositeur, gravé sur bois en 1503, avec cette inscription Image du très-célèbre musicien Jacquea Gallus, autrement appelé Handl. Un autre portrait, également gravé sur bois, en 1590, porte cette inscription latine Jacobus Händl Gallus dictus Carniolus, ætatis suæ XL. Anno M.D.XC.

L'empereur avait accordé un privilège de dix ans à Gallus, pour la publication de ses ouvrages; il les a fait paraitre sous ces titres

Missae selectiones quædam, pro ecclesia Dei non inutiles, quinque, sex et octo vocum, Prague, 1580, in -4". Un exemplaire de cet ouvrage rarissime, divisé en quatre livres, est à la Bibliothèque royale de Berlin; malheureusement il y manque.la partie d'alto. La Bibllothèque Impériale de Vienne en possède un exemplaire complet.
Musicum opus quinque, sex et octo vocum, première partie, Prague, 1580, deuxième et troisième parties, ibid., 1587 ; quatrième partie, ibid., 1590. Il a été donné de nouvelles éditions de cet ouvrage à Francfort et à Nuremberg, 1588 à 1591. Le dernier motet de la dernière partie est à vingt-quatre voix divisées en quatre chœurs de six parties chacun.
Moralia quinque, ses et ocio vocibus concinnata, atque tam seriis quam festivis cantibus voluptati humanw accommodata, Norimbergm, 1586, in-4°. Ce recueil contient quarante-sept morceaux de différents genres. L'édition de 1506, publiée dans la même ville et citée par Gerber, me parait douteuse.
Harmoniæ variæ quatuor vocum, Prague, 1501.
5° Lib. III Harmoniarum moralium 4 vocum, ibid., 1591, in-4". on
Sacræ eantiones de præcipuis fetis per tolum annum 4, 5, 0, 8 et plur. voc., Nuremberg, 1507, in-4°.
Motettæ quæ præstant omnes, Francfort, 1610. Trente-trois morceaux choisis dans les œuvres de Gallus ont été recueillis par Bodenschatz, dans s grande collection de motets intitulée Florilegium portense (voyez Bodenschatz). On a publié un motet de ce musicien (Ecce quomodo moritur juslus) dans le volume de la douzième année de la Gazette musicale de Leipsick

Gallus partage avec Léon Hassler et Adam Gumpelzhaimer, la gloire d'avoir représenté dignement l'école de composition de l'Allemagne pendant la dernière partie du seizième siècle. Ainsi que le dernier de ces auteura, il a souvent hasardé de nouvelles harmonies d'un bon effet, qui préparaient l'art à la transformation de la tonalité mais sa manière d'écrire était moins élégante que celle d'Adam Gumpelzhaimer. Il faisait un usage fréquent de changements de tons qui n'étaient pas toujours doux a l'oreille, i ne pouvait guère en être autrement, car l'élément harmonique de la transition naturelle n'existait pas encore. L'auteur de l'article Gallus du Lexique universel de musique publié par Schilling assure que les œuvres de cet artiste peuvent être comparées avec avantage aux productions des meilleurs maîtres italiens de son temps, et même avec les ouvrages de Palestrina. Il s'agit Ici de choses si différentes, et dans les conceptions générales, et dans les détails, qu'il n'y a réellement pas de comparaison possible; en ce qui concerne Palestrina, on ne peut voir qu'une chose dans l'assertion de l'écrivain, à savoir une ignorance complète de la valeur des compositions de l'illustre >maître de l'école romaine. Ii faut avoir vu beaucoup de ces compositions, et les avoir étudiées longtemps pour comprendre l'immense supériorité de leur auteur sur Gallus dans l'art d'écrire, malgré le mérite incontestable de celui-ci.


Voir aussi

Notes
  1. La dénomination Jacques Gallus semble peu fréquente.