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Plomb du Cantal

De Wicri Linguistique
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De l'origine du toponyme

Extrait des annales de géographie (1895)[w 1]

LE « PLOMB » DU CANTAL

Quel est le sens et étymologie du mot « plomb » dans expression courante de « Plomb du Cantal » par laquelle on désigne le sommet le plus élevé du massif du Cantal ? Ni les géographes ni les philologues ne en sont expliqués catégoriquement.


Il est question du Cantal - assez inopinément - dans le poème provençal composé au treizième siècle par Guillem Anelier sur la guerre de Navarre de 1276-1277. Notre poète a choisi pour héros le célèbre Eustache de Beaumarchais, et comme son héros a été sénéchal d'Auvergne, il nous trace un tableau très détaillé, au point de vue topographique, des brigandages dont la Haute-Auvergne était le théâtre avant que Beaumarchais en fût nommé sénéchal :

En riba de Cantbon marchant descavalgar,
E a pont de Cantal maint orne desraubar,
E per totz las ribcras qu'ai pont van afrontar
Solian matar ornes, aucir et degolar.[1]

L'éditeur de la Guerre de Navarre, feu Francisque Michel, commente en ces termes l'expression « pont de Cantal », qui ne se trouve que dans les vers que nous venons de citer :

« M. Delalo pense que pont a été mis ici pour plon ou plomb, la montagne qui a donné son nom au département étant la seule de la Haute-Auvergne qui soit distinguée par le mot de plon (en patois ploun), synonyme de puy, de suc, appliqué aux autres montagnes. On remarque encore, ajoute-t-il, auprès du Plomb du Cantal, les vestiges d'une ancienne voie, très fréquentée au moyen âge, par laquelle les villes de Saint-Flour et d'Aurillac, et leurs territoires, communiquaient ensemble. N'en déplaise au savant président du tribunal de Mauriac, je persiste à maintenir pont de Cantal, me fondant sur une curieuse charte, où l'on trouve pom de Cantal bien distinctement écrit. »

Là dessus F. Michel donne in-extenso le texte de sa charte latine, qui est de l'année 1268, d'après l'original des Archives Nationales (J 313, n° 93), où on lit effectivement « usque ad pom de Cantal et ad Teron [2] de Rocaita » ; puis il passe outre, comme si « pom » et « pont » étaient bonnet blanc et blanc bonnet.

Or, Delalo a absolument raison contre F. Michel : malgré le « pont » du texte provençal, c'est bien ce que nous appelons aujourd'hui le « Plomb du Cantal » que le poète a voulu désigner. Mais il est heureux que F. Michel ait produit sa charte de 1268, même à l'appui d'une opinion erronée, car c'est d'elle que vient la lumière. Dans le texte de Guillem Anelier « pont » une simple faute de copiste pour « pom[3] », et ce mot pom doit être considéré comme proprement « pomme », qui convient fort bien à la butte basaltique arrondie qui forme le sommet du Plomb du Cantal.

  1. Histoire de la guerre de Navarre...,par Guillaume Anelier de Toulouse, publiée par Francisque Michel (Paris, 1836, Collection des Documents inédits), v. 1356, et suivi
  2. Pour le dire en passant, il n'y a pas de raison pour mettre une majuscule à te-ron, du moment que l'on n'en met pas h pom. Ce mot est une forme secondaire de toron, et signifie « montagne au sommet aplati». (Cf. Mistral, Trésor dou Felihrige, v° turoun, et Godefroy, Dict. de Vanc. langue franc., v" toron.)
  3. C'est ainsi qu'au vers 1336, il écrit Cantbon, pour Cambon.

A vrai dire, je ne connais pas d'autre exemple où pom soit appliqué précisément au sommet d'une montagne dans la langue de France du moyen âge, ni du Midi, ni du Nord, mais son emploi dans ce sens figuré n'a rien que de naturel. D'ordinaire, pom désigne, en ancien français et en provençal, le « pommeau » de l'épée. Il a disparu d'assez bonne heure, chassé par son dérivé pommel, pommeau, que nous avons conservé dans cette acception de bonne heure aussi les scribes ont altéré soit en pont comme dans le manuscrit de la Guerre de Navarre soit en poing[1] Parfois porn appliquait comme son dérivé pommel aux boules de métal qui décoraient le sommet des clochers des tentes etc Quand dans la chanson du Pèlerinage de Jérusalem Charlemagne et les douze pairs arrivent en vue de Constantinople ils aperçoivent :

Les clochiers et les aigles et les ponz reluisans[2]

Il faudrait écrire poms pour bien marquer il ne agit pas de ponts mais de boules de métal au sommet des édifices Or il pas loin du porn un édifice au sommet arrondi une montagne.

Et maintenant pourquoi la forme normale du xnie siècle est-elle alté rée et a-t-elle fait place la forme actuelle :

Comment en un plomb vil or pur est-il changé ?

Quand l'étymologie populaire entre en jeu il n'est pas toujours facile d'en déterminer avec rigueur le moment psychologique. Il est certain que de bonne heure pom a cessé être compris mais nous ne saurions dire quelle époque a lieu la confusion avec plomb dont la signification ne semble guère avoir de point commun avec pom[3]Remarquons seulement que le proven al pome/ pommeau épée est confondu avec plombel poire contre-poids une romaine et se présente souvent dans les dia lectes actuels sous la forme ploumbe[4].

ANTOINE THOMAS
  1. C'est sous le mot pont que Gi odefroy cru devoir rapporter les nombreux exemples où est mentionné lepom de il ne faut pas confondre avec la poignée.
  2. Vers 263 edit Koschwitz
  3. Nous espérions que le Dictionnaire topographique du Cantal dont on annonce la prochaine publication dans la collection nciellein-40 apporterait quelques données nouvelles ce sujet Mais Longnon qui eu en main les bonnes feuilles veut bien noas apprendre il ne trouve rien de nature nous éclairer auteur ne cite même pas le passage de Graillem Anelier et la Charte de 1268 publiée par Francisque Michel
  4. Mistral Trésor don Feiihrige aux mots ploumbeu et poumeu La confusion entre et plom doit avoir commencé dans le nom de la boule des clochers qui était souvent en plomb Il est dit dans un texte de 1499 relatif la cathédrale de Lavaur on place des reliques infra lo porn plombeum dejots lo pe de la crox de la syrna de la agulha du Tarn série III

Voir aussi

Notes