Elon Musk (InfoNum2 2015-2016)

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« Nous sommes en train de changer le monde, de changer l’histoire, et vous en êtes ou pas. » Cette phrase, prêtée au milliardaire américain dans une récente biographie, résumerait-elle le personnage ? Lecture.

Un entrepreneur visionnaire

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Elon Musk est bien moins connu en France que d’autres entrepreneurs de la Silicon Valley[1], comme Mark Zuckerberg[2] (Facebook) ou, évidemment, le défunt Steve Jobs[3] (Apple), tous deux héros de biopics. Pourtant, ce natif d’Afrique du Sud, âgé de 43 ans, devenu un des personnages clés de l’économie numérique, a l’ambition, et les moyens, de mettre sa marque sur le XXIe siècle d’une manière plus décisive encore que les autres ; y compris avec le rêve fou d’aller coloniser la planète Mars. Elon Musk est à la fois :

  • le PDG de Tesla[4], pionnier des voitures électriques aux Etats-Unis,
  • le PDG de SpaceX[5], l’entreprise privée qui concurrence les Etats dans l’espace de la manière dont les low-cost ont réussi à le faire dans le transport aérien ;
  • le président de Solar City[6], entreprise innovante sur l’énergie solaire.

Il est assurément un des artisans de la révolution numérique dans le monde, pour le meilleur ou pour le pire, mêlant la dose d’idéalisme et de bons sentiments nécessaire au démarrage de tout projet dans la Silicon Valley, avec les impératifs de la rentabilité sonnante et trébuchante.

Mais, surtout, Elon Musk, aujourd’hui un des hommes les plus riches de la Silicon Valley avec une fortune estimée à 11 milliards de dollars, a choisi de s’investir – et d’investir – dans l’industrie, en concurrence avec des géants traditionnels, plutôt que dans les services comme beaucoup d’autres.

Son enfance

C’est un gamin de Pretoria, la capitale austère et assoupie de l’Afrique du Sud, dernier endroit au monde pour inspirer des rêves de démesure. Elon Musk est en effet un enfant du pays de l’apartheid, né en 1971 d’un père ingénieur mécanique sud-africain et d’une mère canadienne.

Enfance malheureuse, dit-on, marquée par le divorce des parents et une vie rugueuse avec son père. Mais la découverte d’un ordinateur – un Commodore Vic-20 – à l’age de 10 ans donne du sens à sa vie : il développe tout seul un jeu vidéo qu’il réussit à vendre quelque 500 dollars à un magazine spécialisé. Il n’a que 12 ans.

Le jeune Elon se gave de magazines et de littérature futuriste – sa lecture préférée : « Le Guide du voyageur galactique » de l’écrivain britannique Douglas Adams –, et se met à rêver de conquête de l’espace. Il n’est pourtant pas encore né quand Neil Armstrong pose le pied sur la Lune, en 1969 ; et cette époque est déjà révolue quand il s’y intéresse, puis débarque en Amérique du Nord pour faire des études sans éclat.

Mais dès qu’il en a les moyens, notamment après la vente de la première start-up, Zip2, puis le rachat par eBay du système de paiement en ligne PayPal dont il était le premier actionnaire et qui lui rapporte plus de 100 millions de dollars, Elon Musk se lance dans sa propre conquête de l’espace, en créant sa société SpaceX.

Pour prendre la mesure du chemin parcouru, il suffit de lire, dans Le Figaro de mardi, qu’Ariane Espace a décidé de s’inspirer « du modèle industriel optimisé mis en place par l’américain SpaceX ». Le leader européen des lanceurs de fusées concurrencé, et influencé, par une (ex) start-up californienne ?

SpaceX n’a pourtant été fondé qu’en 2002, par un jeune homme devenu millionnaire comme beaucoup d’autres dans la Silicon Valley, et qui se lançait dans un domaine jusque-là réservé aux Etats, et auquel il ne connaissait pas grand-chose... Mais il a su s’entourer des meilleurs, des plus aventureux, et surtout il apprend vite.

Pour son action « disruptive » dans l’industrie spatiale, Elon Musk a souvent été comparé à Howard Hughes, l’excentrique homme d’affaires américain passionné d’aviation qui se lança dans la fabrication d’avions, racheta et développa la compagnie aérienne TWA.

La comparaison ne doit pas lui déplaire, même si Howard Hughes souffrait parallèlement de troubles mentaux...

Des débuts difficiles

Les débuts n’ont pas été faciles, et, après plusieurs échecs, Elon Musk, joue en permanence la « prise de risque maximale », selon son biographe ; en 2008, il est au bord de la faillite. Il a dilapidé sa fortune, à SpaceX comme à Tesla, son aventure dans la voiture électrique ; il est menacé d’un double dépôt de bilan, et doit emprunter pour payer les salaires.

Mais cette année-là, la Nasa lance un appel d’offres pour approvisionner la Station spatiale internationale, et c’est SpaceX, qui vient seulement de réussir son premier lancement de fusée après plusieurs échecs, qui remporte le contrat : 1,6 milliard de dollars. La société est sauvée, le risque a payé, l’aventure continue.

Le culte du grand

On pourra tout enlever à Elon Musk, sauf sa vision : il voit grand, démesurément grand.

Il y a quelques jours, nous vous parlions de la Gigafactory[7], l’usine géante qu’Elon Musk est en train d’édifier pour ses voitures électriques Tesla pour la bagatelle de 5 milliards de dollars, véritable pari sur l’avenir pour un constructeur automobile atypique sur un marché encore balbutiant. La Gigafactory, c’est près d’un million de mètres carrés de tôle et de pylônes en plein désert du Nevada.

Le même Elon Musk présentait récemment sa «  Powerwall Home Battery  » : un ensemble de batteries électriques de la taille d’un réfrigérateur, qu’entreprises mais aussi particuliers pourront fixer chez eux, contre le mur de leur garage.

Musk propose aux foyers de s’équiper d’un système capable de se recharger la nuit sur le réseau électrique classique, à l’heure où les tarifs sont les plus bas, pour fonctionner le reste du temps grâce à des panneaux solaires. De quoi remettre en question le modèle de la fourniture électrique traditionnelle.

Projets

Los Angeles-San Francisco en 30 minutes

Elon Musk, c’est encore le projet Hyperloop, qui pourrait permettre de voyager de Los Angeles à San Francisco en moins de 30 minutes à plus de 1 100 km/h, plus vite qu’un avion !

Wikipédia nous indique que le projet d’Elon Musk consiste en un double tube surélevé dans lequel se déplacent des capsules. L’intérieur du tube est sous basse pression pour limiter les frictions de l’air. Les capsules se déplacent sur un coussin d’air généré à travers de multiples ouvertures sur la base de celles-ci, ce qui réduit encore les frottements.

Les capsules sont propulsées par un champ magnétique généré par des moteurs à induction linéaires placés à intervalles réguliers à l’intérieur des tubes.

Cap sur Mars

Mais le projet le plus ambitieux, le plus fou, et celui auquel il attache le plus d’importance, est assurément le peuplement de la planète Mars. Pour dément qu’il puisse sembler à l’heure actuelle, le projet n’est pourtant pas irréaliste.

Ashlee Vance explique :

« [Elon Musk] veut réduire le coût des lancements dans l’espace jusqu’au point où il deviendra économique et possible d’envoyer des milliers et des milliers de voyages de ravitaillement vers Mars et d’y installer une colonie. »

Elon Musk envisage d’installer une première base sur Mars d’ici à 2040 – dans vingt-cinq ans ! – avec quelque 80 000 personnes sur place, et imagine qu’un million de personnes pourraient y vivre à terme. Histoire, pour le monde terrien que nous connaissons, d’avoir une solution de repli, au cas où...

Notes

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Source

  • Elon Musk (Tesla, SpaceX) : génie ou prédateur de la Silicon Valley ?, texte repris de L'Obs avec Rue89


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