La Marche vers Washington

De Wicri Incubateur

Réunissant plus de 200 000 personnes, la « marche sur Washington pour l'emploi et la liberté » du 28 août 1963, appelée en France « marche pour les droits civiques », marque l'apogée du mouvement non violent pour les droits civiques des Noirs, cent ans après leur émancipation par Abraham Lincoln. L'idée d'une manifestation dans la capitale fédérale venait du grand syndicaliste noir Asa Philip Randolph (1889-1979), qui avait déjà arraché au président Roosevelt, en 1941, par la seule menace d'une manifestation, la fin de l'exclusion des Noirs de l'industrie militaire.

La manifestation fut décidée le 2 juillet à Washington par les principaux leaders du mouvement : Randolph (A.F.L.-C.I.O.), Roy Wilkins (N.A.A.C.P.), James Farmer (C.O.R.E.), John Lewis (S.N.C.C.), Whitney Young (Urban League), et Martin Luther King (S.C.L.C.). Ils choisissent pour coordinateur Bayard Rustin (1910-1987), pacifiste, ancien communiste et homosexuel. Les revendications économiques sont abandonnées, pour privilégier le soutien au Civil Rights Bill présenté le 19 juin au Congrès par John Fitzgerald Kennedy.

De nombreux artistes appuient l'initiative, tels Marlon Brando, Paul Newman, Josephine Baker, Joan Baez, Bob Dylan, Marian Anderson. J. Edgar Hoover et le F.B.I. firent tout pour saboter le projet. Les médias et le président lui-même craignaient une émeute. Après un concert donné le matin devant le monument de George Washington, la foule gagna sans incident le mémorial de Lincoln pour entendre le discours de chaque leader, King intervenant en dernier avec son célèbre « I have a dream ».