L'acte de résistance du pasteur Steffen Reiche (InfoNum2 2019-2020)

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IUT Charlemagne - Infonum2 2019-2020

SteffenReiche.jpg L'acte de résistance du pasteur Steffen Reiche

1989, mon dernier été en RDA[1] (2/6). Le Berlinois rêvait de fonder un SPD autonome pour forcer la démocratisation du régime. Début août, une rencontre déterminante lui permet d'intégrer un groupe de dix pasteurs. Leur projet : fonder le nouveau parti d'ici au 40e anniversaire du pays, le 7 octobre.

Thomas Wieder

Berlin correspondant - C'est en robe pastorale blanche qu'il arrive au rendez-vous, débarquant du cimetière d'à côté où il vient de célébrer un enterrement. Quelques instants plus tard, c'est en bras de chemise qu'il nous reçoit dans la cuisine de son petit appartement, où il nous propose d'emblée une bière bien fraîche sous l'oeil sévère de Luther, dont le portrait est accroché à côté de la fenêtre.

Paroisse de Nikolassee, arrondissement de Steglitz-Zehlendorf. C'est ici,dans ce quartier résidentiel et boisé de la périphérie sud du Berlin, que vit aujourd'hui Steffen Reiche [2]. Âgé de 59 ans, cet ancien ministre du Land de Brandebourg (1994-2004), qui fut aussi député au Bundestag(2005-2009),est redevenu pasteur il y a une dizaine d'années après pratiquement deux décennies entièrement consacrées à la politique. Un destin qu'il n'avait pas prévu mais qui s'est joué au coeur de l'été 1989 quand, avec quelques autres, lui prit l'idée folle de fonder un nouveau parti politique, d'inspiration sociale-démocrate, dans l'espoir de faire bouger les choses dans son pays, la République démocratique allemande (RDA).

« Jeune pasteur, père d'une petite fille, mari heureux. » Voilà ce que répond Steffen Reiche quand on lui demande quel homme il était début 1989, à l'orée de cette année dont rien ne laissait présager qu'il verrait sa propre vie basculer en même temps que l'histoire nationale. Que s'est-il donc passé? C'est la question que nous sommes allés lui poser, afin d'éclairer ce phénomène fascinant, propre aux époques de grande fièvre collective, où des anonymes à l'existence apparemment des plus tranquilles peuvent se voir confier, en un temps record, des responsabilités auxquelles ils ne s'étaient pas préparés.

Au début de l'année 1989, Steffen Reiche n'a encore aucune idée de ce qui l'attend dans les mois suivants. Alors âgé de 28 ans,il partage son temps entre Christinendorf, la paroisse rurale de Brandebourg où il a été nommé pasteur il y a moins d'un an, et l'appartement de Prenzlauer Berg, à Berlin-Est, où vivent sa femme et leur fille de 4 ans, à une soixantaine de kilomètres de là. Ce quotidien sans histoire, routinier au possible, ne l'empêche cependant pas de nourrir des envies d'autre chose. Surtout depuis les vacances passées chez ses grands-parents, du côté de Dortmund, en République fédérale d'Allemagne (RFA), en 1987.

Deux lectures fondamentales

Trois décennies plus tard, dans une Europe où l'on s'est habitué à circuler d'un Etat à un autre sans contrôle, c'est avec une émotion intacte qu'il évoque sa chance d'avoir pu, à l'époque, franchir le rideau de fer, et goûter, quelques semaines durant, à la vie de « l'autre côté. Comment avait-il pu bénéficier d'un tel privilège ?

Selon une loi de 1964, seuls les retraités avaient le droit de rendre visite, une fois par an, à leur famille dans « un pays étranger non socialiste », selon la terminologie d'usage. Pour les autres candidats au voyage, tout dépendait de l'examen par les autorités du formulaire officiel (un document de couleur jaune) où ils devaient indiquer la durée du voyage, le nom et l'adresse de leurs hôtes et la liste de leurs précédents séjours hors de RDA. Une procédure que Steffen Reiche avait alors trouvé insupportable. « Je n'en n'avais pas pleinement conscience auparavant mais, à mon retour, j'ai trouvé aberrant de me dire qu'il fallait que j'attende d'avoir 65 ans c'est-à-dire l'année 2025 pour pouvoir voyager un peu plus librement. »

Ces premières vacances à l'Ouest ne sont pas seulement celles d'une confrontation avec le réel. Elles marquent aussi le début de son apprentissage politique. Dans sa valise, le jeune pasteur rapporte en effet deux ouvrages introuvables en RDA. Tous deux ont été rédigés par d'anciens communistes devenus des contempteurs acharnés du système soviétique. Le premier est Geschichte der DDR (« L'Histoire de la RDA ») de l'universitaire Hermann Weber, paru en 1985. Steffen Reiche a le sentiment d'y « découvrir enfin la vérité » sur le pays dans lequel il a grandi. Ce livre-là, il le comprend vite, n'a rien à voir avec ceux qu'il a lu jusqu'à présent, où « 95 % des faits étaient faux et où le reste était faussement interprété.

Le second livre qu'il parvient à rapporter chez lui est l'autobiographie de Wolfgang Leonhard, Die Revolution entlässt ihre Kinder (« La Révolution chasse ses propres enfants »), publiée en 1955 en RFA. « Un livre central où l'auteur raconte de l'intérieur comment il a pris conscience de la tromperie qu'était le système communiste en vivant plusieurs années dans l'URSS de Staline puis dans la partie de l'Allemagne occupée par les Soviétiques après la seconde guerre mondiale », résume Steffen Reiche.

Nourri par ces lectures, le jeune pasteur se sent, mois après mois, de plus en plus « travaillé intérieurement par le besoin de faire quelque chose. L'actualité le conforte dans cette volonté. « Avec Mikhaïl Gorbatchev, il y avait enfin à la tête de l'URSS un dirigeant qui méritait le respect. C'était le début de l'ouverture, la glasnost, la perestroïka. En Pologne, il y avait le syndicat Solidarnosc. L'histoire avançait. Je ne sais pas comment le formuler, mais je sentais confusément, au fond de moi, une force qui me disait : "Vas-y ! Lance-toi ! C'est le moment." »

Le déclic a lieu au début de l'été 1989, dans la foulée des élections communales du 7 mai, marquées par des fraudes manifestes de la part des autorités. Ces tricheries renforcent l'opposition au régime. Des collectifs citoyens se constituent dans plusieurs grandes villes, notamment à Berlin-Est et à Leipzig. Des manifestations sont organisées, rassemblant plusieurs milliers de personnes.

Six mois avant la chute du mur de Berlin, c'est un premier avertissement sévère pour le régime, dont le numéro deux, Egon Krenz, n'a pas imaginé un seul instant la colère qu'il provoquerait en venant lui-même annoncer à la télévision contre toute évidence que les candidats aux élections communales soutenus par le gouvernement avaient obtenu 98,95 % des voix.

Un jour, Steffen Reiche se décide enfin à mettre par écrit les idées qui le travaillent. La démarche peut paraître anodine, mais dans le contexte est-allemand où la Stasi, la police politique, veille à tout, c'est déjà un acte de courage qui nécessite de prendre d'infinies précautions. Car le pasteur le sait : même si les relations entre les Eglises et l'Etat se sont normalisées depuis les années 1970 en RDA, le régime n'a pas relâché sa surveillance vis-à-vis d'un milieu qu'il considère en partie à juste titre comme un foyer naturel de l'opposition. Et le souvenir de la fameuse « descente » de la Stasi dans la Bibliothèque de l'environnement de la Zionskirche, à Berlin-Est, moins de deux ans auparavant, pendant laquelle plusieurs militants de l'opposition ont été arrêtés, est encore vif.

« De la possibilité et de la nécessité d'une politique sociale-démocrate en RDA » : tel est le titre du texte d'une dizaine de pages que Steffen Reiche rédige alors sur son ordinateur Amstrad. Dans ce texte, il explique que la condition d'une démocratisation du régime impose de fonder un Parti social-démocrate (SPD) autonome. Autrement dit, il faut revenir sur ce qu'il appelle « l'alliance forcée » de 1946, cette année où les Soviétiques contraignirent le SPD de l'époque à fusionner avec le Parti communiste (DKP) dans la partie de l'Allemagne placée sous leur contrôle, donnant naissance au Parti socialiste unifié (SED). Une formation qui assura la mainmise de Moscou sur la RDA dès la naissance de celle-ci, en 1949.

Aux yeux de Steffen Reiche, seule la création d'une nouvelle formation peut faire bouger les choses. « Il y avait à l'époque d'innombrables mouvements citoyens de toutes sortes en RDA, raconte-t-il. Je trouvais ça évidemment très bien, mais, selon moi, ce genre de structures avait sa raison d'être dans un système démocratique où existaient déjà des partis politiques. Dans un Etat non démocratique, il me semblait que la priorité était de commencer par le début, c'est-à-dire en fondant un parti, au sens classique du terme. »

Une rencontre décisive

Fonder un parti, donc. Reste à trouver des partenaires prêts à mener à bien le projet. Dans les semaines qui suivent la rédaction de son manifeste, Steffen Reiche prend contact avec plusieurs amis de confiance, qu'il informe de son idée. A l'occasion de ces discussions, il découvre qu'il n'est pas le seul à caresser la même ambition.

Début Août 1989, l'un de ses amis lui organise même un tête-à-tête dans un bar à glaces d'Alexanderplatz, au coeur de Berlin-Est. L'endroit se trouve juste en dessous de la célèbre Tour de la télévision, tout à côté du métro, dans la zone la plus commerciale de la ville, où l'on se fond facilement dans la masse des passants, surtout au coeur de l'après-midi, le moment auquel a été fixé le rendez-vous. Steffen Reiche s'y présente avec un petit cartable, et dans ce petit cartable, le texte de dix pages qu'il a tapé quelques semaines plus tôt sur son ordinateur.

L'homme qu'il doit rencontrer s'appelle Martin Gutzeit. D'une dizaine d'années plus âgé que lui, il est également pasteur et réfléchit aussi depuis quelques mois à refonder un Parti social-démocrate autonome en RDA. L'échange est d'abord assez froid. « Je lui ai fait lire mon texte, mais au début, j'ai vu qu'il se méfiait, témoigne Steffen Reiche. Il se demandait si je n'étais pas de la Stasi. Au bout d'un moment, j'ai senti qu'il avait compris que j'étais sincère. Il a alors commencé à se détendre, et, après une longue discussion qui a peut-être duré une heure et demie, il m'a fixé un autre rendez-vous, quelques jours plus tard. »

Contrairement à la première, destinée à « tester » la fiabilité de Steffen Reiche, cette seconde rencontre n'a pas lieu dans un lieu neutre. Cette fois, c'est au domicile même de Martin Gutzeit que le jeune pasteur a rendez-vous. Borsigstrasse 5. L'adresse ne lui est pas inconnue : c'est l'endroit où se trouve le « Sprachenkonvikt », le séminaire de l'Eglise protestante de RDA consacré à l'étude des langues.

C'est donc là, dans une chambre située dans une arrière-cour du bâtiment, que se tient le rendez-vous. « C'était une pièce toute petite, 5 ou 6 mètres carrés maximum. Un lit, une table, une armoire. Nous étions dix. Dix pasteurs. Nous nous sommes ensuite retrouvés là deux fois par semaine. Evidemment, nous faisions très attention à ne pas être suivis. Nous avions un peu l'impression d'être dans un polar, même si, une fois à l'intérieur, nous pensions surtout à la suite. Je me souviens que nous avons débattu pendant des heures de ce qu'il fallait faire, notamment question timing : les uns pensaient qu'il fallait prendre du temps, les autres, dont je faisais partie, voulaient au contraire aller vite. »

La deuxième option l'emporte. Pour la majorité des « conjurés », il y a une occasion à ne pas manquer : le quarantième anniversaire de la RDA, début octobre. Des commémorations grandioses sont prévues. Même le numéro un soviétique, Mikhaïl Gorbatchev, sera présent. Pareil contexte offre une belle « fenêtre de tir » au groupe de pasteurs. « A cause des cérémonies du quarantième anniversaire, qui l'exposaient aux yeux du monde entier, on se disait que le régime allait devoir montrer une bonne image, poursuit Steffen Reiche. Après, on craignait en revanche qu'il donne un tour de vis. »

Aller vite, le plus vite possible

La décision est donc prise. Aller vite, le plus vite possible. Symboliquement, la date choisie pour fonder le nouveau parti est celle du 7 octobre, le jour même de l'anniversaire de la RDA. Reste à savoir où. Plusieurs lieux sont envisagés, parmi lesquels l'église de Christinendorf, où officie Steffen Reiche. L'endroit n'est pas retenu. Dans les jours précédents, des voitures suspectes ont rôdé dans les parages. Des agents de la Stasi ? Le jeune pasteur joue la prudence. Quelques jours avant le jour J, il prévient ses camarades qu'il vaut mieux trouver une autre adresse. La veille du rendez-vous, lui-même quitte sa petite paroisse pour dormir à quelques kilomètres de là, histoire de semer d'éventuels espions.

Organisée avec les plus extrêmes précautions, la réunion fondatrice du nouveau Parti social-démocrate de RDA a donc lieu dans l'église du village de Schwante, à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Berlin. Une réunion de quelques heures où sont actés les statuts du nouveau parti et élus ses premiers dirigeants. Steffen Reiche quitte ses amis dès la mi-journée, à bord de sa Trabant, afin de rejoindre Berlin. Sa mission : transmettre un communiqué de presse aux correspondants des médias de l'Ouest, en l'occurrence le quotidien Süddeutsche Zeitung et l'agence DPA.

Pour lui, les jours suivants seront encore plus fous. Mi-octobre, il a prévu de se rendre une nouvelle fois à l'Ouest, comme en 1987, mais cette fois pour l'anniversaire de sa grand-mère. Contre toute attente, l'autorisation lui est accordée. « Je m'étais dit qu'ils ne me laisseraient jamais partir, confie-t-il. Avec ce que j'avais fait dans les semaines précédentes, j'étais sûr d'être grillé. Eh bien non, j'ai pu partir. Sur le moment, je n'ai pas vraiment réalisé, mais après coup j'ai compris que ça voulait dire que le régime était à bout de souffle, incapable de maîtriser quoi que ce soit. »

Parvenu en RFA, Steffen Reiche n'a en fait qu'un seul but : informer le plus grand nombre de personnes possible de l'existence de ce nouveau SPD de l'Est. Hasard du calendrier, son arrivée à l'Ouest coïncide avec le départ d'Erich Honecker, le numéro un de RDA, au pouvoir depuis 1971. A Bonn, en ce 18 octobre 1989, l'ARD, la première chaîne de télévision publique, se met en édition spéciale et cherche donc d'urgence un Allemand de l'Est pour commenter en direct les événements. Voilà le pasteur propulsé d'un coup sur le plateau, aux côtés de plusieurs poids lourds de la scène politique ouest-allemande, dont l'ancien chancelier social-démocrate Helmut Schmidt.

Dans les jours suivants, les sollicitations s'enchaînent : avec des journalistes, avec des dirigeants politiques, y compris avec le président de la République fédérale, Richard von Weizsäcker, désireux de le rencontrer. « Je n'avais rien à me mettre ! se souvient Steffen Reiche. Heureusement qu'une collaboratrice du groupe SPD au Bundestag m'a trouvé une chemise, une cravate et un costume. »

Inconnu quelques jours plus tôt, le jeune pasteur revient en RDA auréolé d'une notoriété à laquelle il ne s'était pas préparé. Officiellement, son parti n'est pas autorisé, mais la nouvelle de sa formation s'est répandue un peu partout et, dans l'effervescence de ce début d'automne, les demandes d'adhésion affluent par centaines. Pour Steffen Reiche comme pour ses camarades, l'histoire connaît cependant un nouveau coup d'accélérateur le 9 novembre.

Soudaine notoriété

Ce soir-là, en début de soirée, un de ses voisins dans la paroisse de Christinendorf lui explique qu'il vient de voir à la télévision que « quelque chose se passe avec le Mur. » Steffen Reiche saute dans sa Trabant, fonce à Berlin, où il retrouve sa femme et sa fille endormies dans leur modeste appartement de Prenzlauer Berg. « Je leur ai dit : " Réveillez-vous! " Nous sommes alors partis tous les trois à pied vers le Mur. On a été pris dans un flot extraordinaire. Il y avait du monde partout. Les gens affluaient de partout. C'était incroyable... »

Trente ans plus tard, il n'en revient toujours pas d'avoir eu « la chance », comme il dit, de contribuer à sa « petite échelle » à la « grande histoire ». Quand il refait le film, il tient surtout à rappeler le « caractère totalement imprévisible » des événements survenus cette année-là. «Rétrospectivement, on peut avoir l'impression que les choses étaient écrites d'avance, mais rien ne s'est passé comme prévu », assure-t-il.

Un exemple : le devenir du Parti social démocrate de RDA. A l'été 1989, au moment de leurs réunions clandestines dans le séminaire des langues de l'Eglise protestante de Berlin-Est, aucun des pasteurs n'imaginait que, quelques mois plus tard, le parti serait autorisé à présenter des candidats aux premières (et dernières) élections législatives libres de RDA, où Steffen Reiche serait lui-même élu député, en mars 1990, tandis qu'un autre membre de la bande, Markus Meckel, serait appelé au ministère des affaires étrangères...

Autre exemple : la réunification du pays. A l'été 1989, les fondateurs du Parti social-démocrate de RDA ne l'ont pas en tête. « Au mois d'août, quand nous commençons à nous réunir dans la chambre de Martin Gutzeit, notre ambition est de démocratiser le régime, nous pensons toujours dans le cadre de deux Allemagnes », indique-t-il. Ce n'est qu'une fois le Mur tombé que l'idée de la réunification fait son chemin. Même si, comme le précise Steffen Reiche, celle-ci est envisagée par ce groupe de pasteurs dans une perspective plus morale que politique. « Nous avions écrit quelque part que la séparation de l'Allemagne en deux était la conséquence de sa culpabilité passée. Venant de théologiens, cela veut dire quelque chose de très précis : qu'il y a une faute, qu'elle peut être pardonnée, et que c'est seulement alors que l'on peut commencer quelque chose de nouveau. »

Les pasteurs, justement. Leur contribution à la « révolution pacifique » de 1989 en RDA a été maintes fois soulignée, le plus célèbre étant sans doute Christian Führer, celui de la Nikolaikirche de Leipzig, épicentre des fameuses « manifestations du lundi » lancées le 9 octobre 1989 et qui précipiteront l'ouverture du mur de Berlin.

Trente ans plus tard, Steffen Reiche continue de s'interroger sur la place occupée par les hommes de foi dans ce basculement historique : « C'est une question que je me pose souvent, mais à laquelle je n'ai pas la réponse. Pourquoi nous, pasteurs, avons-nous eu cette idée folle de vouloir fonder un parti politique à l'été 1989 ? Peut-être parce que, pour faire cela, il fallait la combinaison d'une force intérieure profonde et d'une conscience historique... Peut-être aussi parce que nous n'avions pas grand-chose à perdre. Qui j'étais, moi, à l'époque ? Personne. Je n'avais aucune position à défendre. Je pouvais tout me permettre. »

Notes et références

  1. Entre 1949 et 1990, l'Allemagne était divisée en deux parties, Est (RDA) et Ouest (RFA), occupées par les puissances vainqueurs de la seconde guerre mondiale.
  2. Steffen Reiche était un pasteur allemand, né en 1960 à Potsdam et encore en vie à l'heure actuelle.


Source

  • "L'acte de résistance du pasteur Steffen Reiche", texte repris dans Europresse, issu de : Le Monde.

Ce texte a été choisi par Quentin Starck.

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