Art urbain

De Wicri Incubateur
Ce tableau de Albert Anker illustre une activité à caractère pédagogique sur une page Espace dédié à un travail pédagogique
IUT Charlemagne - InfoNum2 2014-2015

Camille Vannesson


Définition et origine

Graffiti, au singulier graffito, vient du mot italien graffiare (griffer), lui même dérivé du latin graphium : éraflure. Depuis toujours les murs ont eu la parole. On trouve donc des graffitis dans les grottes préhistoriques, dans l’empire romain, la Grèce antique, sur les façades des églises et des châteaux, dans les prisons, sur les rochers etc... Les graffitis ont dès le début servis à s’exprimer, à louer ou à dénoncer et c’est toujours le cas. A Pompéi on a retrouvé une caricature d'homme politique. Au XVIIIe siècle voleurs et mendiants dessinent ou gravent, avec une écriture codée, sur les portes des maisons pour indiquer à celui qui connait le code ce qu' il trouvera dans la maison. De nos jours il faut faire la différence entre le tag qui se résume à une signature et le graffiti qui est un dessin avec signature ou autour d'une signature. Désormais les galeries ouvrent leurs portent aux graffiteurs français qui se sont mis à travailler sur toile pour faciliter les ventes. Mais le graffiti reste souvent un art urbain clandestin, illégal et c’est d’ ailleurs cette notion qui intéresse et fédère bon nombre d’artistes. Elle impose également une vitesse d’exécution qui donne son énergie à l’œuvre. Ces fresques urbaines sont souvent considérées comme du vandalisme et coûte très cher aux entreprises de transports. Pour un graffeur l’amende peut aller de 1500 à 30 000 euros.


Les sources d'inspiration

Les sources qui ont inspiré les graffitis contemporains sont multiples :

- Le Madonnaro : peinture à la craie pratiquée sur les trottoirs par les hippies. Le nom dérive de Madonna : la vierge.

- Le Pixaçao : Art de la rue à Sao Polo au Brésil, une typographie très stylisée, très géométrique effectuée par des jeunes sur les parties hautes des bâtiments de préférence. On retrouve ce goût pour la géométrie et pour le travail sous les toîts dans de nombreux graffitis actuels.

- Les premiers tags dans le métro américain à la fin des années 60.

- Les affichettes et les slogans de Mai 68.

- L’univers de la bande dessinée, de l’affiche et le travail issu de la rue de certains artistes comme jacques Villeglé ou Ernest Pignon Ernest.

- La culture Hip Hop.

- La calligraphie arabe.

- L’histoire de l’art : la violence des tableaux du Caravage, les visages tourmentés de Munch, le tableau dénonciateur de guerre Guernica de Picasso, les œuvres abstraites mais très construites de Kandinsky .


Nick Walker, Mickey-Pistols, 2010 Spray paint and stencil on wood © Addict galerie

Les styles et les outils

Ils sont multipliés au fil des ans : Graffiti, affiche, mosaïque, pochoir, ruban adhésif, acide, maillet et ciseau. Deux grandes catégories en ce qui concerne le style: la fresque figurative sauvage et baroque et le bloc lettres. L 'objectif est de le réaliser d' un trait et dans ce cas il s'agit d' un "flop". L’outil principal reste la bombe aérosol.


Les précurseurs en France

L’art urbain commence son épanouissement à partir de mai 1968 mais le Street Art français prend forme à partir des années 80 avec deux pionniers : Bleck le rat et Jérôme Mesnager. Bleck le rat est un graffiteur pochoiriste qui s’inspire d’un personnage de bande dessinée : Bleck le rock. Condamné par un tribunal il abandonne la peinture en direct sur le mur pour des affiches qu’il colle, tout comme Jef Aérosol. Jérôme Mesnager est un ancien élève de L’école Boulle, il crée un petit mouvement artistique au non évocateur : « Zig Zag dans la jungle des villes » et son « Homme Blanc » devenu célèbre commence à envahir les murs de Paris. Il déclare : « Je fais des tableaux et la toile c'est le monde ». En 1982, arrivé à Paris de l’américain Bando qui diffuse « l’art des métros new yorkais », il rencontre en 1987 un autre américain de Paris : Jonone dont l’incroyable énergie va dynamiser le street art français. Pour lui « le métro est un musée qui traverse la ville ».

La fin des années 90

Avec Bansky en Grande Bretagne ou Blu en Italie, deux artistes de grand talent, l’art urbain s’internationalise et s’affirme de plus en plus. En France Invaders sème ses mosaïques aux angles des rues parisiennes avant de s’imposer dans toutes les grandes capitales du monde. Ses visages pixelisés reprennent le motif d’un jeu vidéo « space invaders » édité en 1978. Un autre artiste admire aussi les jeux vidéos : Speedy Graphito, il regarde également du côté des mangas et de la publicité.

Les années 2000

Création d’une association importante : le M.U.R (modulable, urbain et réactif). Elle regroupe quatre vingt artistes et impose un principe simple. Tous les quinze jours un artiste squatte de grands panneaux publicitaires rue Oberkampf à Paris et expose son œuvre. Le groupe VLP (vive la peinture) y exposera son personnage lui faisant dire : « j’existe je résiste ». Il deviendra vite célèbre dans le milieu de l’art. En 2001 Agnés B. expose dans sa galerie du jour : Jonone, Mist, OS Gemeos et Zevs dans une exposition collective. Mars 2009 : 150 tagueurs internationaux expose au Grand Palais, début de reconnaissance officielle et publique. Juillet 2009 : Consécration, exposition collective « Né ans la rue » à la fondation Cartier le street art est reconnu mouvement artistique à part entière et les collectionneurs affluent.

Et aujourd’hui

L’art urbain français est à un tournant, beaucoup d’ artistes exposent leurs œuvres dans les galerie du I ou VIII arrondissements avec succès. Les grandes maisons de ventes aux enchères comme Bonhams, Dreweatts, Artcurial ou Cornette de Saint Cyr ont crée un département spécial consacré à l’ art urbain. Des amateurs célèbres comme Brad Pitt ou Jude Law ont aussi contribués à rendre célèbre cet art. Mais en passant du mur à la toile, et des courses à pied la nuit aux vernissages le jour quelques artistes ont perdu de leur flamme, de leur révolte et de leur énergie. Le "graffiti street art" est à un virage avec le risque soit de la provocation facile, soit de l’ endormissement. Pourtant on trouve des graffs dans chaque ville de France et les jeunes artistes anonymes vandales ne manque pas. C’est peut-être là qu’il faut chercher les grands de demain. Mais une chose est sûr, le street art a sa place dans l’histoire de l’art, sa violence, sa fragilité, son goût prononcée pour la vitesse en font un art qui colle parfaitement à notre époque.

Source

Histoire de l'art urbain culturebox.francetvinfo.fr


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