Interview de Michel Cathelineau
Bonjour Monsieur Cathelineau, pouvez-vous vous présenter ?
Je suis directeur de recherche, chercheur scientifique au CNRS, animateur de l’équipe Ressources Minérales à Géoressources, je m’occupe principalement de la genèse des concentrations métalliques.
Qu’est-ce que le projet Ressources 21?
Je suis le directeur scientifique du LabEx (Laboratoire d’Excellence)qui est un investissement d’avenir : un projet sur 9 ans qui permet d’avoir un axe de recherche très transverse et très mobilisateur pour une partie des chercheurs et laboratoires d’OTELo sur l’ensemble des laboratoires de Nancy. (OTELo est le pôle scientifique qui regroupe quatre laboratoires :LIEC, LSE, CRPG et GéoRessources). Ce projet de recherche est complet puisqu’il s’intéresse au cycle de vie des éléments métalliques : en partant de la genèse dans la lithosphère, en passant par l’exploration, et l’exploitation minière jusqu’au recyclage. Le but de ce projet est aussi de trouver le meilleur traitement du point de vue environnemental et énergétique. Il faut aussi minimiser l’impact sur l’environnement : étudier la dissémination des polluants ainsi que leur impact éco toxicologique. Il faut comprendre les impacts sur les êtres vivants, sur les micro-organismes.
Quelles sont vos responsabilités en tant que directeur du LabEx ?
Je suis en charge de l’animation scientifique, j’essaye de canaliser l’énergie des chercheurs sur les bonnes thématiques qui correspondent à des enjeux sociétaux. J’interviens dans le choix des métaux, le choix d’activités de recherches qui soient suffisamment novatrices, innovantes et transverses . C’est souvent à l’interface de plusieurs disciplines qu’on fait les meilleures découvertes. Il faut aussi favoriser les interactions entre les chercheurs, éviter les travaux isolés et les répétitions. L’avantage de ce projet, c’est qu’il fédère plusieurs laboratoires grâce à élément commun : le métal. Cela donne également la possibilité de diversifier les axes de recherches, les outils et les méthodes de travail.
Quels sont les sujets d’études du LabEx actuellement ?
- L’exploitation d’Or et de Nickel en Guyane . Ces métaux ne sont pas critiques mais ont une forte valeur économique. Le Nickel et le Cobalt, qui peuvent être associés à du manganèse ou/et du Scandium, sont étudiés. Le but est la compréhension de la genèse des minerais, et les problèmes d’impact sur un site en Nouvelle Calédonie et à Cuba. On étudie l’hydrométallurgie et la pyrométallurgie dans ces régions.
- Dans un futur proche, un programme autour des terres rares va être lancé. En travail préparatoire, deux ateliers ont eu lieu pour faire un point sur l’état des connaissances : un sur le Nickel, et un sur les Terres rares : le but est d’identifier l’état des connaissances, les lacunes, et de générer de nouveaux programmes pour déboucher sur un intérêt scientifique publiable et industriel. Mais c’est aussi important pour donner des pistes à l’industrie sur les choses à faire et à ne pas faire dans le domaine de l’environnement.
Comment voyez-vous ce projet dans l’avenir ?
Le but de ce projet est de structurer la communauté scientifique en géosciences, de faire un saut technique-connaissances-organisation qui pourrait permettre un futur financement industriel, et faire perdurer les contacts industriels. Même après 2-3 ans d’existence, il est toujours nécessaire de communiquer à l’international : il faut redynamiser, remobiliser les pays à fort potentiel comme France, Allemagne, Royaume-Uni mais qui n’ont plus de mines ouvertes (il existe néanmoins un projet de mines d’or en France comme l'a annoncé Arnaud Montebourg cette année). Ressources 21 commence à être sollicité par les politiques. Un bon objectif serait de se faire inviter au COMES.