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Festival international de géographie 2012 St-Dié

De Wicri Lorraine
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La 23e édition du Festival international de géographie (FIG) se déroule à Saint-Dié-des-Vosges du 11 au 14 octobre 2012. Le thème de cette édition est : Les facettes du paysage : nature, culture, économie. Le pays invité est la Turquie.

Présentation du festival

(l'essentiel des éléments de cette présentation sont repris du site internet du FIG)

Fondé en 1990, le Festival international de géographie a pour objectif d'être un rassemblement qui ne connaît pas de frontières physiques et humaines. Lieu de découverte, d'apprentissage, de divertissement et d'échange, le FIG célèbre la géographie et la fait redécouvrir sous un nouveau jour.

Saint-Dié-des-Vosges était le lieu idéal pour une telle manifestation. La "marraine de l'Amérique", ainsi nommée depuis qu'en 1507, Martin Waldseemüller[1], fameux cartographe allemand de son époque devenu déodatien, fait apparaître sur une carte le nouveau monde découvert par Christophe Colomb, un nouveau monde qu'il baptise "America", pensant que c'est Amerigo Vespucci (dont les voyages sont, à l'époque, notablement plus médiatisés que ceux de Christophe Colomb) qui était à l'origine de cette découverte.

Le FIG s’appuie sur la géographie comme outil scientifique pour faire le lien avec les questions posées par toutes les sciences humaines, l’économie, l’écologie et faire sans a priori le constat de l’évolution des savoirs, des expressions culturelles, de la géopolitique.

La particularité du FIG, comme sa réussite, tient dans sa capacité à satisfaire un large public (le FIG accueille chaque année 50 000 festivaliers), de nature particulièrement éclectique ; il rassemble dans les mêmes lieux spécialistes venus des quatre coins du monde et simples amateurs de culture et d’animation. Environ 200 temps de rencontres sont organisés sous diverses formes (conférences-débat, tables rondes, cafés géographiques...) permettent aux chercheurs de confronter leur savoir à la critique d’un public exigeant, et à leurs auditeurs d’être informés des dernières découvertes de la recherche scientifique en géographie.

Les itinéraires scientifiques

Six itinéraires scientifiques sont proposés à l'occasion du Festival international de géographie 2012 (les éléments repris ici sont extraits du site internet du FIG).

  1. Aménagements et paysages
    Il ne passe pas une journée sans que l’on manifeste ou s’interroge, ici et là, contre la construction d’un mur mitoyen qui bouche la vue, l’implantation d’éoliennes, le passage d’une voie de chemin de fer à grande vitesse, l’installation d’une ligne à très haute tension, ou l’implantation d’une usine de retraitement des ordures ménagères ! Que défend-on ? Le paysage, bien sûr, mais quel paysage et pour qui ? Cette question territoriale appelle des réponses complexes, qui font intervenir la nature des aménagements, l’ampleur des emprises géographiques et le profit que peuvent en retirer ceux qui en sont proches. Le paysage est donc, et depuis les années 1970, un enjeu majeur des politiques publiques et privées. Mais dans le temps où le problème s’invitait dans tous les débats nationaux, la conception de l’aménagement évoluait. Sur quoi doit-on agir ? Les paysages exceptionnels à totalement protéger ou le cadre de vie « ordinaire » des populations ? Et qui, en fin de compte a la responsabilité du paysage ? Les États ou les groupements d’initiative locale ? La dilution de l’action induit une banalisation du « paysage extraordinaire » ou supposé tel, que traduit l’inflation des demandes de Le barrage de Vinça sur la Têt (Pyrénées-Orientales / B. Lemartinel) classement à l’UNESCO : la dimension internationale s’avère paradoxalement de plus en plus prégnante lorsque les échelons subsidiaires veulent s’opposer aux décisions des États « souverains ». C’est ainsi que l’Europe, souvent contestée par ailleurs, a, par le biais d’une convention très largement ratifiée, pris une place essentielle dans les questions d’aménagement. Le géographe, spécialiste des paysages, se doit donc d’être au cœur du débat souvent très polémique durant lequel se discute notre futur quotidien !
  2. Le paysage naturel existe-t-il ?
    Le paysage n’est pas qu’un reflet plus ou moins flatteur des organisations sociales qui structurent les territoires de notre planète. Les forces naturelles s’y manifestent et l’invisible même y devient visible : le vent court sur les landes qu’il dénude ; les arbres se tordent et se couchent sous son souffle puissant. Les flux d’énergie qui traversent les milieux ne suffisent certes pas à les façonner ; mais les hommes qui les habitent seraient bien inspirés, qu’ils les dégradent ou les protègent, de ne pas oublier la dimension écologique, pour ne pas dire naturelle, de nos paysages. Les écologues et les biogéographes doivent redire que ceux-ci ne sauraient se réduire à la question trop à la mode de la biodiversité, et que les approches paysagères, en ce qu’elles ont de synthétique, peuvent apporter de remarquables éclairages sur l’ensemble des faits de nature… tout en en mesurant les limites. En effet, à la surface du globe, y-a-t-il encore des forêts primaires et une nature vierge, qu’il importerait de protéger à tout prix ? Les espaces qui semblent inviolés ne sont-ils pas, souvent, l’expression d’une construction religieuse de lieux considérés comme sacrés ? Et la protection de la Nature (avec une initiale majuscule), en fait réduite à sa dimension biologique, n’est-elle pas parfois la manifestation d’une nouvelle religiosité ? Cette question dérangeante ne doit toutefois pas nous détourner du soin à apporter à la gestion de nos environnements : la géographie, à la fois naturaliste et sociale, est bien placée pour aider à le faire.
  3. Comment pense-t-on le paysage ?
    Les paysages ne sont pas une donnée qui s’impose de façon identique à tous et en tous lieux. Pour s’en convaincre, il suffit d’en voir les représentations : telle carte coréenne du début du vingtième siècle mêle le plan et la vue perspective ; tout en montrant le chemin de fer et ses gares, elle reste conçue de la même manière qu’une gravure du dix-huitième siècle ! Encore aujourd’hui, la façon de voir et donc de concevoir les paysages dépend nettement des religions, des cultures et des savoirs vernaculaires : une forêt peut être une divinité, et traitée comme telle. Cela est évidemment lourd de conséquences. Il est clair que les choix que nous opérons – ici et ailleurs – en matière d’aménagement, comme les objectifs de protection que nous nous fixons dépendent très largement des conceptions que nous avons de cette notion géographique fondamentale. Les futaies plantées que nous croyons naturelles, les villages provençaux pastiches répondent à des exigences qui sont tout autant de représentations mal construites par les citadins de ce qu’ils pensent être l’esprit des lieux. Les paysages industriels ont été souvent méprisés et rejetés parce que l’usine, tenue par « les rois de la mine et du rail », a longtemps été jugée lieu de souffrance pour les hommes. Les conséquences n’en sont pas minces… Parfois même, c’est la notion de paysage qui semble ignorée, au point qu’Augustin Berque classe les civilisations comme étant paysagères ou non. Comment pensons-nous les paysages ? Voilà encore une nécessaire question posée par le FIG !
  4. La valeur du paysage
    Ce que nous voyons, mais que nous ne possédons pas, peut-il être vendu ? A l’évidence, oui, puisque la « vue sur la mer » ou sur un panorama grandiose contribue à faire monter les prix des transactions immobilières : la centralité chère aux géographes ne fait pas tout. C’est aussi pour cela que les agences de voyage « vendent », parfois chèrement, des panoramas « naturels » ou réputés tels, par définition fort éloignés des grandes villes. Comme le disait dès 1886 Cornélius Van Horne, « l’inventeur » du chemin de fer Canadien Pacifique, « puisque nous ne pouvons exporter les paysages, nous importons des touristes ». Mais il est nécessaire de ne pas s’en tenir là : un paysage « vaut » aussi l’économie et la société qui l’ont produit. Dans cette perspective, il n’est plus simplement un objet marchand, fût-il immatériel, mais un étalon visible qui permet d’estimer le bon ou le mauvais fonctionnement, sur le moyen et long terme, de structures territorialisées. Ainsi, les paysages agricoles, caractérisés par des permanences ou des recompositions foncières rapides, ont beaucoup à nous apprendre des contraintes internes ou externes qui les font évoluer. Les barriadas de La Paz, les squats de Johannesburg ou les barres impersonnelles de Pyongyang ne sont pas seulement l’expression d’une pauvreté localisée ou d’un régime stalinien mais bien la formalisation géographique des ressorts du pouvoir dans une aire déterminée. Entre économie, règles de droit et fabrique géographique, les paysages et leur valeur nous disent beaucoup sur ce que nous sommes.
  5. Des écrans dans le paysage
    Le monde change, l’information géographique évolue et investit de nouveaux domaines. Des paysages autrefois ignorés sont maintenant représentés : le capitaine Nemo serait surpris de voir représentées en 3D les profondeurs des abysses. Les modèles numériques de terrain à très haute résolution, autrefois réservés à la programmation militaire, permettent aujourd’hui, grâce aux habillages faits d’images satellite, la construction de paysages virtuels extrêmement détaillés. Les grandes entreprises de travaux publics visualisent dans les paysages réels, les ouvrages petits et grands, pourtant encore à l’état de projet (ponts, bâtiments, éoliennes etc.) : dans le débat public qui souvent précède maintenant la réalisation effective des chantiers les plus considérables, ils constituent une aide majeure à la formation de l’opinion et à la décision. Les pilotes, dans leurs simulateurs, se posent à bon compte et sans prise de risque sur des pistes qu’ils n’ont encore jamais réellement pratiquées. L’impact économique de ces nouveaux outils est immense. Le grand public n’est pas oublié. Les affichages en trois dimensions de Google Earth lui montrent des horizons autrefois inconnus. Les jeux vidéo non seulement font évoluer les passionnés dans des paysages réels qu’ils apprennent à connaître sans y avoir jamais été, mais encore inventent de nouveaux mondes qui façonnent nos représentations… Il ne fait pas de doute que les géographes doivent – au-delà des considérations techniques qui ont conduit aux développements que nous connaissons – ouvrir grand la voie des réflexions sur les paysages numériques.
  6. La Turquie
    La Turquie s’affirme comme une puissante émergente tant par sa croissance économique et urbaine que par l’action de son gouvernement islamo-libéral. Elle intéresse les géographes par la dialectique entre modèle unitaire, diversité culturelle et paysagère et disparités socio-économiques comme par son positionnement géopolitique entre trois mondes.
    L’itinéraire scientifique consacré au pays hôte associera un nombre significatif d’universitaires et d’étudiants de géographie venus de Turquie aux quelques géographes français qui travaillent sur ce pays. La table ronde et les conférences-débat porteront sur les diverses caractéristiques qui font de la Turquie une puissante émergente, sur les composantes de son dynamisme économique et sur ses relations avec l’Europe. D’autres conférences traiteront des grands secteurs d’activité – une agriculture variée aux structures fragiles, une industrie en croissance soutenue, un boom touristique qui a doublé la capacité hôtelière en 10 ans -, d’une urbanisation vigoureuse qui propulse Istanbul parmi les villes mondiales du XXIe siècle et rejaillit sur le processus de régionalisation, du rôle géographique des identités alimentaires, et de diverses questions géopolitiques. Un panel important de posters fera une grande place aux paysages de la Turquie, de même qu’une exposition de photographies préparées par les universités turques.

Direction scientifique du Festival

La direction scientifique du Festival international de géographie est assurée par Louis Marrou et Bertrand Lemartinel.

Voir aussi

Notes

  1. Voir sa fiche sur Wikipédia.