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Exposition des BU de Lorraine 2018 - Illustration et Identité(s) / Illustrating Identity/ies

De Wicri Lorraine
Exposition des BU de Lorraine 2018 - Illustration et Identité(s) / Illustrating Identity/ies

Evénements de la Direction de la documentation et de l'édition
- Bibliothèque universitaire de lettres, sciences humaines et sociales
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Programmation 2017 - 2018
Septembre Arkhae Mundi
Octobre Fonds Taveneaux
Novembre Illustration et Identité(s) / Illustrating Identity/ies
Novembre-Décembre Autour d'un verre
Janvier Gargouilles - Une légende urbaine
Février Frank Lloyd Wright
Mars Le Labyrinthe du Monde
Avril-Mai-Juin La Faculté des Lettres en Mai 1968
Affiche de l'événement Illustration et Identité(s) / Illustrating Identity/ies

Présentation de l'exposition

Brigitte Friant-Kessler, Maître de Conférence à l'Université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis, organise une exposition Illustration et Identité(s) / Illustrating Identity/ies du 6 novembre 2017 au 30 novembre 2017 au 1er étage de la Bibliothèque universitaire de lettres, sciences humaines et sociales.

ID-entités / ID-entities

Exposition 6-30 novembre 2017 (BU Lettres, Sciences Humaines et Sociales, CLSH, Nancy)

Brigitte Friant-Kessler, Maître de Conférence à l’Université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis, et Louise Germain, étudiante à l’Université de Lorraine, organisent une exposition intitulée « ID-entités / ID-entities » en marge du colloque international « Illustration et Identité-s / Illustrating Identity/ies » organisé par l’EA2338, IDEA, les 8-10 novembre 2017, à l’Université de Lorraine, sur le CLSH de Nancy. L’exposition aura lieu du 6 au 30 novembre 2017 au 1er étage de la Bibliothèque Universitaire de Lettres, Sciences Humaines et Sociales.

“Who are we, if not a combination of experiences, information, books we have read, things imagined? Each life is an encyclopaedia, a library, an inventory of objects, a series of styles, and everything can be constantly reshuffled and reordered in every conceivable way.” Italo Calvino, Six Memos for the Next Millennium (1988)

L’identité peut être définie comme le « caractère de ce qui, sous divers noms ou aspects, ne fait qu’une seule et même chose ». Dans son Dictionnaire philosophique, Voltaire dit au lecteur : « C’est la mémoire qui fait votre identité ; si vous avez perdu la mémoire, comment serez-vous le même homme ? ». Mais comme le souligne Italo Calvino, nous sommes, par essence, l’agrégation et l’intégration de nos expériences de vie, de l’information qui nous parvient par des sources multiples, de récits, imaginaires ou non, qui participent de la construction de notre identité. Cette exposition rassemble quatre regards artistiques et esthétiques sur ce que peut être l’identité, à travers des langues et des cultures diverses. L’identité peut être individuelle et propre à l’artiste, comme l’histoire imaginée et illustrée par CLAIRE CAILLEBOTTE dans laquelle un musicien, en quête d’inspiration, poursuit des entités sorties de son instrument de musique. L’identité est aussi constitutive d’un patrimoine immatériel. Lorsque celui-ci est mis en images et en voix par une création artistique interactive, il devient à la fois sensible et tangible. XIMENA MIRANDA nous invite à écouter et à regarder des fragments d’identité nationale et culturelle de son pays d’origine, le Costa Rica. Issus de l’aire culturelle des îles britanniques, les personnages traditionnels des estampes de DESDEMONA MCCANNON inspirent une réflexion sur le passé qui nourrit le présent et la perception de qui nous sommes, avons pu, ou aurions pu être. À travers ses êtres fantasques et la reprise de motifs populaires, l’artiste nous permet de suivre la trace d’un cordon ombilical qui nous relie à la terre et crée notre éco-identité. Plus proche du songe et du fantasme, l’identité peut aussi être celle d’une (im)possible hybridation entre humain et non humain, qu’elle soit désir ou manifestation de l’inconscient. C’est dans un espace onirique que les dessins de BFK s’articulent, à la manière d’une version revisitée du « Discours sur l’identité des choses » de Tchouang-tseu. Le parcours de cette exposition est à entrées multiples, et la circulation y est volontairement conçue pour être libre de toute chronologie. À chaque visiteur nous disons de quatre façons différentes qu’il est possible de mieux se re-trouver, pour encore et toujours se ré-inventer.

Les artistes ont la parole

  • CLAIRE CAILLEBOTTE

Osmose

Après avoir passé mon enfance à Chartres, je découvre Strasbourg en 2015 en entrant à la Haute École des Arts du Rhin (HEAR). Diplômée en 2017 d’un DNAP en illustration, j’y poursuis mes études pour encore deux années de spécialisation. À travers mes réalisations, je cherche à développer une manière de m’exprimer qui me soit personnelle et qui soit accessible à tous. J’envisage mon travail comme un laboratoire de l’image. À cet égard, le carnet y occupe une place importante, car c’est un lieu de liberté et de spontanéité. Le choix de plus en plus fréquent de grands formats contribue également à trouver une liberté dans le geste qui puisse se retrouver ensuite dans les illustrations. La couleur y occupe aussi une grande place. J’intègre de nouvelles teintes, je cherche sans cesse de nouvelles associations. La narration prend aussi toute son importance. Mes propres histoires sont souvent enrichies par des expériences personnelles, des rencontres, et sont nourries de recherches documentaires. Il est aussi important pour moi d’être en lien avec l’actualité et de véhiculer mes propres interrogations en lien avec les questionnements actuels. Je souhaite apporter une lecture sensible et critique du monde qui nous entoure. Enfin, ma pratique musicale influence elle aussi souvent mon travail. Le thème de la musique y est en effet récurrent. Finalement, ma pratique artistique est aussi le reflet de ma propre individualité. Osmose est un livre muet qui parle de la peur de jouer de la musique en public. Au début du livre, un saxophoniste est tétanisé par le trac et ne parvient pas à jouer devant les spectateurs. Ceux-ci, las d’attendre en vain, quittent la salle les uns après les autres. Mais le musicien va commencer à jouer une première note, puis deux, puis trois. À mesure qu’il joue, des entités s’échappent du saxophone et viennent danser, encerclant le musicien. Ce sont des êtres protecteurs, symboles de la musique et du rêve. Il se sent maintenant en confiance et joue sans inquiétude. Les spectateurs réapparaissent peu à peu dans la salle de spectacle. Chacun trouve sa place au milieu de la musique et se laisse emporter. Finalement, ces entités qui s’échappent du saxophone forment l’image de l’identité du personnage. Ce sont en effet ce trac et cette capacité à le dépasser qui font sa personnalité.

  • XIMENA MIRANDA

InTonation

Pour moi, l’illustration enrichit un texte existant par des strates d’interprétations personnelles. Ces strates émanent de l’univers de l’auteur caractérisé par son contexte, sa mémoire, son identité. Depuis le début de ma formation en sculpture et design graphique à l’Université du Costa Rica, j’ai inscrit mon identité dans mon travail plastique en combinant des techniques traditionnelles et l’utilisation de technologies contemporaines pour illustrer les textes issus de mon contexte culturel. Je vise à les préserver, les diffuser, pour qu’ils se tatouent littéralement dans mon travail, et pour que mon patrimoine culturel soit diffusé par l’intermédiaire de l’identité de mon trait. J’ai créé un livre d’artiste avec des objets qui témoignent du quotidien de mes grands-parents. Avec mon collectif multidisciplinaire d’artistes costariciens, nous avons photographié les métiers traditionnels en nous donnant pour objectif de rendre visible ce qui était invisible. Mon travail consiste donc à transmettre par des images et des voix l’humour, la sagesse populaire, et la riche diversité culturelle de mon pays. Identité... oui, bien sûr ! C’est un grand débat en Amérique Latine. Je suis Costaricienne. Mon pays n’est ni en Amérique du Nord, ni en Amérique du Sud. Mon peuple et moi sommes au milieu, entre la culture indigène des Bribri, Maleku et Huatuso et la culture coloniale héritée des Espagnols. Entre les habitudes du peuple « américain » et des paysans qui cultivent la canne à sucre et le café, je suis, comme nous tous, un hybride – et mes illustrations aussi. Pour colorier ces images, je m’inspire de l’héritage esthétique issu de la tradition céramiste du peuple autochtone Bribri, dont il reste encore des survivants. Mes peintures numériques sont réalisées avec les couleurs rougeâtres de ma terre, mais aussi la couleur de ma peau. Par contre, les mots de mes récits illustrés sont prononcés dans la langue coloniale, l’espagnol. Mais la voix des Costariciens (qui vous parvient aujourd’hui) est celle d’un langage qui s’est construit autour des métiers traditionnels de toute la population. C’est ce que l’on nomme des « costarriqueñismos ». À travers ces expressions idiomatiques populaires, des grands-pères mettent leur mémoire à votre disposition. Écoutons-les car ils peuvent nous apprendre bien des choses. Je vous offre ces images. Peut-être vont-elles vous aider à mieux comprendre ma langue et ma culture. D’ailleurs, je vous invite à jouer. Chaque image correspond à une expression idiomatique populaire. Vous pouvez les écouter en vous connectant sur mon site HYPERLINK à cette adresse : https://xmirandablog.wordpress.com/. Le challenge ? Avec six illustrations devant vous, êtes-vous capables d’identifier l’expression qui est représentée visuellement pour chacune d’elle?

  • DESDEMONA MCCANNON

Eco-Identities

“The past lingers into the present and does important imaginative work in forming ideas about identity at the level of nation and region.” Caroline Larrington, In Search of the Green Man (2017) My work investigates synergies between illustration practice and ‘folk’ arts, incorporating decorative and functional modes of image making, traditional skills, and narratives based on communal and personal memories. I am interested in the fragmentary and elusive nature of our contemporary understanding of ‘folk’ culture. Mon travail porte sur les synergies entre la pratique de l’illustration et les arts populaires, intégrant ainsi des modes d’expression qui relèvent de domaines aussi divers que les arts décoratifs, les procédés de fabrication des images, les techniques traditionnelles, et les récits issus de souvenirs collectifs et individuels. Ce qui m’intéresse est la compréhension actuelle de la culture ‘populaire’ dans ce qu’elle a de fragmentaire et de difficile à circonscrire. The Wodwose The etymology of the English word for ‘wood’ is ‘wod’ or ‘mad’. To venture into the forest is to become lost both within and without, and become ‘wild’ – separated from the civilising effects of society. The wodwose also represents untrammelled masculinity in its ‘natural’ state. I have always enjoyed finding the foliate men hidden in full view in church carvings, and find the vigour and directness of the cut line accesses some of the vitality of the Wodwose. The Corn Dolly Corn Dollies are a manifestation of anthropomorphic thinking about nature and were traditionally fashioned from the ‘nek’ or last vestige of the harvest. The word ‘dolly’ is a corruption of the word ‘idol’. They are variously presented in visual culture on a spectrum of significances, as survivals from a pre-Christian, pagan distant past, imbued with magical and ritual properties, but also at times representative of rural kitsch, appearing on tea towels or as cheap mass produced and imported Christmas tree decorations, a shorthand for anodyne ‘country style’. Jack in the Green The carnivalesque costume associated with ‘Jack in the Green’, a ‘calendar custom’ that takes place each year in Hastings, in the South of England, encourages participants to paint themselves green and array their faces and bodies with leaves. This performance of hybridised human/plant identities perhaps enables a less rational, more liminal encounter with the natural world we inhabit.

  • BFK

R-Evolution d’un songe

Depuis le début de mon travail plastique dans l’atelier d’Hélène Fuhs, j’ai une prédilection pour le portrait, qui me permet de questionner les limites de l’humain et les multiples formes que prend l’état d’exil. En 2014, une exposition avec le collectif Insolites/Originales artistiques m’a permis de présenter un auto-portrait intitulé Là-bas (50 x 70, acrylique, craie et fusain). Aujourd’hui, je continue à explorer, avec d’autres sujets, cette relation « autre-ailleurs » qui, je crois, est en chacun de nous. Hybridation entre un strip en cinq cases et une narration en cinq actes inspirée des polyptiques classiques, la série R-Evolution d’un songe se présente comme une respiration en cinq temps, entre une chimère qui cherche un envol et un improbable pas de deux. Dans la tradition chinoise, Tchouang-tseu, au chapitre II du « Discours sur l’identité des choses », raconte que Zhuangzi avait rêvé qu’il était un papillon. Mais n’est-ce point le papillon qui rêve qu’il est Zhuangzi ?

Au commencement était la bactérie. Entre cette cellule originelle et les hominidés, il y eut l’oiseau. Parfois menaçant et rapace, parfois compagnon des mauvais jours, l’oiseau archaïque qui est en nous veille et guette. Fascinés par sa liberté inatteignable, nous sommes les spectres éphémères de nos identités passées, de toutes celles qui changent avec le temps, qui germent en nous et se métamorphosent ; mais aussi celles, qui, à la manière des cycles ou des saisons, reviennent et se régénèrent pour mieux nous observer à distance. À l’heure de la transgénèse et des OGMs, une nouvelle histoire des limites de l’humain et de l’hybridité est en train de s’écrire. Inspiré par la fable chinoise de Tchouang-tseu, Raymond Queneau écrit en 1965 Les Fleurs bleues, qui sont aussi les fleurs de la mémoire. En creusant dans nos mémoires profondes, mes images invitent à chercher, par l’expérience d’un songe en forme de symbiose, une brèche dans le réel, et à se demander, l’espace d’un instant, les yeux grands fermés, suis-je homme ? Ou oiseau? Ou ni l’un ni l’autre ; ou peut-être les deux à la fois ? Dans notre humain plus qu’humain sommeille à la fois la peur et le désir de l’autre, parce que tout ce qui nous visite, par le plaisir ou la douleur, nous habite et nous hante, et, inéluctablement, nous donne à voir une autre ID-entité.

Commissariat de l’exposition: Brigitte Friant-Kessler (Université de Valenciennes) et Louise Germain (Université de Lorraine). Nous remercions tout particulièrement Frédérique Péguiron, conservateur en chef, responsable de la Bibliothèque universitaire de lettres, sciences humaines et sociales, pour son accueil.

L'exposition en pratique

Notes