Empreinte militaire en Lorraine (12-2013) Julien Trapp
L'enceinte médiévale de Metz (XIIIe - XVIe siècles). |
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Auteur : Julien Trapp
L'enceinte fortifiée demeure un des derniers symboles de la puissance messine au cours de la République messine, période d'indépendance de la ville envers le royaume de France et le Saint-Empire romain germanique entre 1234 et 1552. Jusqu'au milieu du XIIe siècle, la cité de Metz n'est protégée que par son enceinte datant de l'Antiquité tardive, réparée et légèrement agrandie au tournant des IXe et Xe siècles. Des faubourgs abritant des activités économiques commencent à se développer en dehors des fortifications. Les bourgeois de la cité décident alors de mettre à l'abri ces intérêts en construisant une nouvelle enceinte. Débutée en 1196, son édification est achevée à la fin du premier quart du XIIIe siècle : elle protège dès lors environ vingt mille âmes réparties sur un territoire de 160[1].
Des cinq mille cinq cent mètres originels, seuls mille mètres subsistent de cette fortification. Depuis 2011, l'association Historia Metensis s'est attelée à son étude, grâce au soutien du Service Régional de l'Archéologie de Lorraine, de Metz-Métropole et de la ville de Metz.
En règle générale, le mur de courtine présentait autrefois une hauteur de onze à treize mètres et une épaisseur d'environ trois mètres. Un chemin de ronde, équipé de créneaux abattus en 1676, le couronnait. Des tours de forme rondes, carrées ou polygonales viennent garnir le mur. Certaines d'entre elles étaient entretenues au Moyen Âge par des corporations de métiers, alors que d'autres l'étaient par la cité de Metz[3].
Douze portes et poternes permettaient de pénétrer dans la ville, auxquelles il faut ajouter sept portes de plus petite taille. Les portes Mazelle, des Allemands, Sainte-Barbe[5], du Pontiffroy, du Pont-des-Morts, Serpenoise et Saint-Thiébault constituaient les sept principales entrées de la cité. Néanmoins, seuls deux accès subsistent actuellement dans le secteur du front de Seille : la poterne en Chadeleirue, percée dans le mur d'enceinte au XIIIe siècle[6], et la porte des Allemands[7]. À l'origine, deux tours semi-circulaires la composent et encadrent un passage voûté permettant d'accéder à la ville. La porte se voit doter d'un boulevard extérieur en 1445, puis d'une basse-cour (baile) en 1480. Entre 1529 et 1552, deux salles, étudiées par Historia Metensis en 2012, sont ajoutées successivement, s'adaptant par là même aux évolutions de l'artillerie par la mise en place de canonnières.
,Le front de Seille présente la particularité d'être installé à la confluence de la Moselle et de la Seille. Afin de protéger au mieux ces secteurs, quatre ponts fortifiés sont construits : le pont des grilles et le Moyen-Pont sur la Moselle, ainsi que le pont des Grilles de la Haute-Seille, détruit en 1739 lors de l'aménagement de la place Mazelle, et le pont des Grilles de la Basse-Seille, encore visible dans sa partie supérieure dans le secteur du front de Seille[11]. Plus que de simples ouvrages de franchissement, ils constituaient autrefois un prolongement du mur d'enceinte. Long de quarante-sept mètres et large de quatre mètres, le pont des Grilles de la Basse-Seille était à l'origine haut de plus de 13m depuis ses fondations[12]. L'ouvrage vient se raccrocher à l'enceinte du XIIIe siècle, au sud de l'ancienne poterne en Chadeleirue. Seule la partie supérieure du pont, constituée de deux arches, l'une en plein cintre, l'autre en arc brisé, est encore visible. L'ouvrage était également équipé de grilles, dont le mécanisme était abrité sous les deux arches, sous lesquelles la Seille passait encore jusqu'en 1905. Au XVe siècle, le pont était entretenu par la cité de Metz. Remblayé en 1905 sur plus de 6m afin d'assainir la zone, l'ouvrage perd son parement en 1930, laissant apparentes les deux arches.
Par ailleurs, l'évolution de l'armement à feu a contraint la fortification messine à s'adapter en remplaçant les archères du XIIIe siècle par des canonnières et des meurtrières. Répandue en Occident vers 1430-1440, la canonnière semble n'être mise en place à Metz qu'à la fin du XVe siècle, la première mention dans les textes datant de 1484. Cette évolution s'observe sur les trois tours de la Cité, qui comportent à la fois archères et canonnières, ainsi que sur la porte des Allemands.
Dès le XIVe siècle, un mur de fausse braie vient doubler ponctuellement le mur d'enceinte originel. Percé parfois de meurtrières, comme celui protégeant la porte en Chadeleirue à la fin du XVe siècle, le mur de fausse braie est une enceinte basse remparée qui offrait une bonne protection de la base du mur principal contre les tirs en brèche, ainsi qu'un sol pour la mise en batterie basse de pièces d'artillerie pour un tir plus rasant. L'exemple le plus remarquable demeure le mur de fausse braie localisé au nord de la porte des Allemands[15]. Construit entre 1526 et 1527 par Philippe Desch, alors gouverneur des Murs de la cité, il comporte à sa base, au bord de la Seille, une caponnière décorée de bas-reliefs.
L'enceinte fortifiée de Metz prouvera son efficacité jusqu'en 1552, date à laquelle la ville est prise par le roi de France Henri II. Elle a résisté aux nombreuses guerres et sièges notamment menés contre les ducs de Lorraine. Subissant les modifications de Vauban et de Cormontaigne entre la fin du XVIIe siècle et le milieu du XVIIIe siècle, elle est noyée dans les nouvelles fortifications bastionnées, voire détruite à certains endroits de la ville. Depuis la première annexion allemande (1870-1919), seul le front de Seille a subsisté suite au déclassement de la fortification.
BIBLIOGRAPHIE.
- Mylène Didiot, L'enceinte urbaine messine : étude des Chroniques de la ville et des comptes des gouverneurs des Murs de 1494 à 1541, Mémoire de Master 2, sous la direction de Christine Barralis, Université Paul Verlaine-Metz, 2011, 219p.
- Jean Thiriot, Portes, tours et murailles de la cité de Metz, Metz, Est-Imprimerie, 1970, 85p.
- Julien Trapp et alii, « Défendre Metz au Moyen Âge », Cahiers Lorrains, 1/2, 2013 (à paraître).
- Julien Trapp, « L'enceinte médiévale de Metz (XIIIe - XVIe siècles) », Histoire et Images médiévales, 50, juin-juillet 2013.
- Pierre-Édouard Wagner, « L'enceinte de Metz au Moyen Âge », Annales de l'Est, 2003, p.35-54.
NOTES.
- ↑ Figure 1.
- ↑ Cartographie : Julien Trapp extraite de Julien Trapp et Sébastien Wagner (dir.), Atlas historique de Metz, Metz, Paraiges, 2013, p.89.
- ↑ Figure 2.
- ↑ © Historia Metensis, 2012.
- ↑ Figure 3.
- ↑ Figure 4.
- ↑ Figure 5.
- ↑ © Nicolas Gasseau, Historia Metensis.
- ↑ © Historia Metensis, 2012.
- ↑ © Historia Metensis, 2012.
- ↑ Figure 6.
- ↑ Figure 7.
- ↑ © Historia Metensis, 2011.
- ↑ © Nicolas Gasseau, Historia Metensis.
- ↑ Figure 8.
- ↑ © Historia Metensis, 2013.
Pour citer cet article : Julien Trapp - L'enceinte médiévale de Metz (XIIIe - XVIe siècles) - Projet Empreinte militaire en Lorraine Consulté en ligne le <date du jour> - Url : http://ticri.univ-lorraine.fr/wicri-lor.fr/index.php/Empreinte_militaire_en_Lorraine_(12-2013)_Julien_Trapp Tous les articles regroupés dans le cadre du projet Empreinte militaire dans les provinces de l'Est sont soumis à la législation concernant les droits d'auteur, et doivent faire l'objet, en cas de citation, de l'indication de l'auteur selon le modèle donné ci-dessus. |
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