Nuvola apps important.png Attention, suite à une faille de sécurité, la plupart des liens vers les serveurs d'exploration sont désactivés.

-

Empreinte militaire en Lorraine (11-2013) Geoffrey Espel

De Wicri Lorraine
L'empreinte militaire en Belgique : le cas des casernes (1830-1914).


Naviguer dans le projet

______

Retour à la présentation générale
Accéder aux axes de recherche

Auteur : Geoffrey Espel


Définir l'empreinte militaire en Belgique n'est pas une chose aisée. Notre pays a en effet connu des régimes différents, tantôt sous souveraineté espagnole, tantôt sous occupation française en passant par le despotisme éclairé de la maison de Habsbourg. Chacune de ces périodes a été le théâtre d'âpres batailles. Depuis les premières unifications politiques du XVIe siècle, les citoyens des régions de la Belgique actuelle ont payé un lourd tribut dans les multiples guerres de conquête aussi bien que dans les querelles religieuses intestines. Au moment où la Belgique naît en 1830, elle porte déjà les stigmates de plusieurs siècles où elle a servi de champ de bataille européen. Ces faits conditionnent inévitablement l'avenir militaire de notre pays, depuis la conception politique de celui-ci jusqu'à la mise en œuvre de ses moyens de défense.

Les casernes belges construites au XIXe siècle présentent cet intérêt de mettre en lumière non seulement un patrimoine encore méconnu mais surtout un contexte. Elles permettent de brosser un portrait politique, militaire, culturel, économique et social d'un jeune pays en quête d'identité. Tenter de comprendre les évènements du siècle sans évoquer brièvement les siècles précédents serait stérile ; de plus, ces rappels historiques nous permettent également d'aborder la question du logement des soldats au cours des siècles.

L'exposé qui suit entend esquisser un aperçu des casernes belges sous un triple aspect : l'architecture, l'urbanisme et la typologie. Tout d'abord, la question architecturale mettra en évidence la manière dont notre jeune nation cherche et trouve les solutions à sa quête identitaire. Les casernes en sont, au même titre que les bâtiments publics, un excellent marqueur. Dans le contexte instable du XIXe siècle, l'État belge doit inspirer à ses voisins le crédit d'une nation construite sur de solides bases. En second lieu, nous évoquerons l'implantation urbanistique des complexes militaires. En pleine période industrielle, les villes engagent une réflexion à grande échelle sur l'utilisation de l'espace urbain, son confort et son hygiène. Les casernes font partie intégrante de ce phénomène et leur implantation résulte du questionnement hygiéniste. Enfin, nous dresserons un rapide panorama du groupe typologique que forment les casernes belges.

Le travail présenté ci-dessous est le résultat d'une recherche en cours dans le cadre d'une thèse de doctorat. Il n'a donc aucune prétention à l'exhaustivité mais se veut plutôt être une introduction au sujet. Les casernes belges sont en effet un thème vierge de synthèse scientifique. La littérature traitant du sujet est par ailleurs peu abondante et l'essentiel des réflexions porte sur l'observation attentive des archives de l'armée, et en particulier des plans des installations militaires. Ceux-ci sont consignés dans des atlas détaillés réalisés par le Génie militaire et conservés principalement au Musée Royal de l'Armée à Bruxelles. Certains ouvrages de référence comme Les casernes françaises de François Dallemagne[1] sont un appui majeur à notre travail, l'objectif principal étant, à l'instar de cet ouvrage, de mettre en relief un patrimoine trop peu connu et qui témoigne à plus d'un titre de la naissance de nos régions en tant que Nation.


UNE EMPREINTE PLURIELLE

La manière dont l'armée et la guerre ont marqué nos régions depuis plusieurs siècles est à considérer depuis les premières unifications de nos territoires. Elles sont en effet le résultat d'une union d'entités de pouvoirs (principauté, comté ou duché) situées au centre de l'échiquier européen et entourées de grandes puissances comme l'Angleterre, la France, le Saint-Empire Romain et plus tard l'Allemagne. Au fil des héritages, alliances, ententes et mariages, d'autres grands tels que l'Espagne ou l'Autriche interviennent également dans le passé militaire des « pays d'embas », appellation que ces derniers donnent à nos régions par opposition à leurs « terres hautes »[2].

Dès le XVIe siècle, des querelles religieuses intestines bouleversent la relative harmonie de nos régions. La scission catholiques–protestants et Pays-Bas–Provinces-Unies est consommée dès le XVIe siècle, malgré les tentatives sanglantes pour mettre au pas les partisans de la réforme luthérienne. Citons à titre d'exemple la répression du duc d'Albe, missionné par Philippe II d'Espagne en 1567 pour combattre l'hérésie et la rébellion d'une partie de la noblesse contre le Roi[3].

Les grandes dynasties européennes et leurs guerres de succession entrainent aussi les territoires belges dans de nombreux conflits et des occupations militaires, notamment lors des guerres de Succession d'Espagne (1701-1713, traité d'Utrecht) et d'Autriche (1740-1748, traité d'Aix-la-Chapelle). Un siècle plus tard, la Belgique a connu la Révolution, les guerres napoléoniennes, la souveraineté d'Orange-Nassau et la lutte pour son indépendance. Elle repousse encore, avec l'aide de ses alliés, les vaines tentatives revanchardes des hollandais, assiste aux premières loges à la crise franco-prussienne de 1870-71 et ne peut que résister héroïquement lors de la violation de la neutralité son territoire par l'armée allemande en 1914.

Parler de la Belgique comme du champ de bataille de l'Europe ne semble donc pas excessif ! Depuis les premières réunions des territoires belges, ceux-ci ont sans cesse été le théâtre d'affrontements tant intérieurs qu'extérieurs et il est dès lors peu judicieux et réducteur d'envisager une quelconque compréhension de l'impact militaire au XIXe siècle sans aborder brièvement les périodes historiques qui précèdent. La notion d'empreinte militaire dans les territoires belges revêt en outre une dimension tant psychologique et sociale, du fait par exemple du logement des troupes chez les citoyens, que physique et architecturale, lors de l'affectation ou de l'édification de bâtiments spécifiques à l'armée. Elle peut encore être économique si l'on pense aux contributions demandées aux communes pour l'entretien du bâti militaire sur le sol communal[4].

L'armée s'est souvent immiscée au plus profond de la société. Déjà sous la maison de Bourgogne, la convocation des armées fonctionne toujours selon un système féodal, ce qui oblige la noblesse d'armes envers son suzerain. Les vassaux du Duc emmènent avec eux « tous ceux qui ont coutume de porter les armes » pour des services très réguliers. Parallèlement à cette armée féodale, Charles le Téméraire crée vers 1475 les compagnies ou bandes d'ordonnances, qui marquent un premier pas vers la mise en place d'une armée permanente[5].

Dans les siècles qui suivent, l'armée a rythmé la vie quotidienne, particulièrement des citadins, obligés de fournir le logement et les services aux soldats et aux officiers. C'est le cas notamment à Malines dans les Pays-Bas Espagnols ; la répartition diffère selon le grade et est organisée par un magistrat de la ville selon un système de « billets de logement » attribués directement par la ville[6]. Les citoyens français subissent une situation similaire entre les XVe et XVIIe siècles : les soldats logent « chez l'habitant ». La cohabitation difficile amènera les hôtes à organiser l'armée en quartiers entiers – expression passée depuis au vocabulaire militaire – et parfois même à mander l'autorisation du Roi pour l'édification de casernes à leurs frais[7].

L'armée a également eu un impact indiscutable sur le paysage et sur les villes. Dès le XVIe siècle, sous l'impulsion de Charles Quint, une ligne de places fortes assure la frontière méridionale des Pays-Bas (Philippeville, Mariembourg, etc.) et les villes se dotent de nouvelles murailles pour répondre aux progrès de l'artillerie[8]. Plus tard, les maisons de soldats puis les casernes aux architectures imposantes envahiront les villes et leur périphérie. Restent les stigmates psychologiques que plusieurs siècles de guerres et d'occupation ont laissés derrière eux. Ils sont si nombreux qu'il est impossible d'être exhaustif. Citons par exemple la lutte entre Louis XIV et la ligue d'Augsbourg (1688-1697) qui voit l'occupation de Mons, l'incendie de Halle, le bombardement de Liège et la prise de Namur[9] ou encore le traité de la Barrière de 1715, qui impose aux Pays-Bas autrichiens des garnisons des Provinces-Unies dans les places fortes méridionales[10].

LA DÉFENSE NATIONALE DE 1831 À 1914

Après la chute de Napoléon à Waterloo en 1815, la géopolitique européenne est complètement remaniée au congrès de Vienne. Les « grands » d'Europe – la Grande-Bretagne, l'Autriche, la Prusse et la Russie – marchandent leurs possessions. Des États-tampons sont mis en place sur le continent afin de contenir toute nouvelle entreprise française. Le royaume des Pays-Bas en fait partie, au même titre que la Confédération Helvétique ou le royaume de Piémont-Sardaigne[11]. « L'aspiration des peuples à disposer d'eux-mêmes » n'est pas vraiment prise en compte lors du congrès et certains pays en devenir sont finalement annexés à d'autres.

Nos régions, ainsi que le Duché de Luxembourg sont, dès ce moment, intégrées au Royaume des Pays-Bas de Guillaume d'Orange-Nassau. Durant quinze ans, la monarchie hollandaise dirige les « Provinces du Sud » de manière pas toujours équitable. Tant au point de vue politique, en favorisant par exemple les protestants pour les postes ministériels, qu'au niveau économique ou encore militaire avec une participation élevée au contingent – sans pour autant que la répartition des grades soit équilibrée –, les Pays-Bas imposent aux Belges des traitements souvent injustes. À titre d'exemples, citons le partage de la dette – avec un passif hollandais bien plus conséquent – entre les provinces méridionales et septentrionales[12] ou encore la répartition inégale des cadres dirigeants de l'armée[13].

Après les évènements de 1830 et la rébellion contre le royaume batave, la Belgique proclame son indépendance, confirmée par les grandes puissances à la Conférence de Londres, et décide de se doter d'une monarchie constitutionnelle. En 1831, lorsque le choix d'un roi se pose, le Congrès National élit d'abord le fils de Louis-Philippe d'Orléans mais devant l'opposition des nations européennes, c'est finalement Léopold de Saxe-Cobourg-Gotha qui est promu à la tête du pays[14]. L'arrivée d'un chef, militaire de surcroît, marque les débuts de notre armée et de ses réformes.

Les balbutiements de la défense nationale

Lorsque Léopold Ier monte sur le trône, l'armée belge est fragile et disparate. Elle est composée de patriotes révolutionnaires, de hollandais et de français. Cependant, si la majorité des soldats sont belges, les cadres et les officiers sont en revanche pour la plupart hollandais[15]. Mal équipée, l'armée est en outre dispersée chez l'habitant, assujettie à la boisson et coutumière de violences et de pillages. Dès la proclamation de notre indépendance, l'armée, qui compte alors presque 65000 hommes, toutes armes confondues, est prise en charge par le gouvernement provisoire qui met sur pied le Comité de la Guerre, devant s'occuper de l'organisation des troupes[16]. Les premiers projets – optimistes – prévoient l'état de paix et un contingent trop faible alors que la situation au lendemain de 1830 est pourtant loin d'être stable et assurée. Les Hollandais lorgnent toujours une tentative de restauration et la Belgique doit se dépêcher de mettre une armée digne de ce nom sur pied afin de contrer toute agression hollandaise. À peine deux semaines après son accession au trône, le Roi doit déjà faire face au revanchard Guillaume Ier de Hollande qui, sans l'intervention d'un corps expéditionnaire français pour appuyer notre Souverain, aurait concrétisé ses ambitions[17].

Le statut conféré à notre pays par les autres puissances européennes joue aussi un rôle. La Belgique doit en effet occuper une position de neutralité sur l'échiquier européen, et surtout faire écran entre la France et la Prusse. « La Belgique […] formera un État perpétuellement neutre. Les cinq Puissances lui garantissent cette neutralité perpétuelle, ainsi que l'intégrité et l'inviolabilité de son territoire […] »[18]. Cette clause est réciproque et la Belgique a le devoir de protéger sa neutralité[19]. Léopold Ier en a toujours eu la conviction : la neutralité de la Belgique doit être armée puisqu'elle est le pays le plus exposé de la Terre, compte tenu de ses frontières[20].

L'armée de cette époque véhicule pourtant une piètre image, entachée de corruption, de désorganisation et de suspicion de trahison. Le gouvernement, poussé par le Roi, multiplie alors les réformes dans le domaine militaire : de nouveaux officiers étrangers sont engagés pour lutter contre la corruption, le camp permanent de Beverloo est créé[21], le contingent belge est porté à 80.000 puis 100.000 hommes, une école militaire est mise sur pied, le casernement s'organise à partir de 1837[22], la ceinture de forts et le camp retranché d'Anvers sont entièrement revus. Les tensions autour du budget alloué à l'armée sont vives jusqu'à la veille de la première guerre mondiale[23]. Les citoyens et la plupart des ministres le jugent toujours trop élevé et réclament des coupes drastiques. Les crédits octroyés aux dépenses militaires sont ainsi rabotés d'année en année[24] (Annexe 1). Dès 1860, des budgets extraordinaires ajoutés à celui du Ministère de la Guerre, permettent néanmoins divers investissements pour l'armée : habillement, construction de casernes, des forts d'Anvers ou de l'école militaire.

Fichier:Empreinte militaire en Lorraine (11-2013) Geoffrey Espel - Budgets page 1.png
Annexe 1. Tableau des budgets du Ministère de la Guerre de 1830 à 1914 (page 1)[25].
Fichier:Empreinte militaire en Lorraine (11-2013) Geoffrey Espel - Budgets page 2.png
Annexe 1. Tableau des budgets du Ministère de la Guerre de 1830 à 1914 (page 2).
Fichier:Empreinte militaire en Lorraine (11-2013) Geoffrey Espel - Budgets page 3.png
Annexe 1. Tableau des budgets du Ministère de la Guerre de 1830 à 1914 (page 3).
Fichier:Empreinte militaire en Lorraine (11-2013) Geoffrey Espel - Budgets page 4.png
Annexe 1. Tableau des budgets du Ministère de la Guerre de 1830 à 1914 (page 4).

La question militaire

Léopold II (1835-1909) succède à son père en 1865 avec les mêmes convictions militaristes[26]. Les tensions européennes, marquées par la restauration impériale de Napoléon III, par l'unification allemande ou par la guerre franco-prussienne de 1870, renforcent ses convictions. Il écrit à ce propos à son Premier Ministre :

« Nous devons empêcher qu'on puisse sans coup férir traverser avec des armées la Belgique. Ne pas le faire serait un véritable suicide, ce serait redevenir volontairement le champ de bataille entre la France et l'Allemagne et aider au démembrement du pays »[27].

Mais l'opinion publique et les politiques, encouragés par le respect de la neutralité lors de la crise de 1870, restent convaincus que la garantie des grandes puissances est suffisante et qu'il est inutile d'augmenter les dépenses militaires[28]. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l'antimilitarisme se manifeste au sein de toutes les formations politiques ; que ce soient les libéraux, préférant de loin consacrer les crédits aux industries, les catholiques, jugeant presque hérétique la vie militaire ou les socialistes, opposés par nature à l'armée dont le contingent est nourri des classes sociales les moins favorisées[29].

Les réformes de grande envergure sont paralysées par l'imbroglio régnant entre le Souverain et le Parlement jusqu'à la lecture même de la Constitution : le Roi s'appuie sur l'article 68 prévoyant qu'il « commande les forces de terre et de mer » mais les parlementaires y opposent l'article 64 disant « qu'aucun acte du Roi ne peut avoir d'effets s'il n'est contresigné par un ministre […] qui s'en rend responsable »[30]. La zizanie conduit au relatif statu quo jusqu'au début du XXesiècle[31].

La période qui précède la Grande Guerre voit pourtant de profondes modifications dans la structure militaire. La loi prévoyant le service militaire obligatoire d'un fils par famille, voulue de longue date par Léopold II, est signée en 1909, même si ce n'est qu'en 1913 que nous voyons sa première application. Cette loi renforce inévitablement les liens entre l'armée et la population. La presse participe aussi à l'effort, notamment avec le journal Le Soir qui publie en 1911 sa campagne : « Sommes-nous prêts ? ». La Ligue pour la Défense Nationale organise simultanément une propagande nationaliste qui contribue à une meilleure connaissance de l'armée et les grandes manœuvres d'août 1913 attirent les foules[32]. Ce brusque revirement de l'opinion tant publique que politique est sans aucun doute un stimulant psychologique dont l'armée et le milieu militaire belges avaient le plus grand besoin pour affronter les années suivantes.

LES CASERNES BELGES

Le logement des soldats avant l'indépendance

Le besoin de caserner les hommes ne se fait sentir qu'à partir du moment où des armées régulières sont mises sur pieds. Avant les premières tentatives de réforme militaire de Charles le Téméraire à la fin du XVesiècle, aucune armée permanente n'est envisagée et comme nous l'avons évoqué plus haut, les troupes se réunissent toujours à la demande du suzerain envers ses vassaux.

Au XVIe siècle, le contingent reste faible et la sécurité des États est garantie par les bandes d'ordonnances. Dans les Pays-Bas, comme en France et dans la principauté de Liège, on préfère de loin une augmentation importante du contingent en temps de guerre à l'entretien permanent des armées. Les hommes d'armes logent donc la plupart du temps chez eux, chez l'habitant ou dans des camps[33].

De la création de places fortes dans les Pays-Bas naît la nécessité de loger les garnisons chargées de défendre ces points stratégiques. Les troupes sont à cette époque casernées dans les réduits des places fortes[34], locaux qui, sans être adaptés à l'armée, ont néanmoins l'avantage de fournir la promiscuité nécessaire à une défense efficace de la place, ou dans d'autres bâtiments mis à disposition : bâtiments publics, bâtiments religieux, granges, écuries, etc. Ces locaux sont la plupart du temps mal ventilés, froids et humides[35]. Ce genre d'abris est utilisé pour les quartiers d'hiver, l'armée en campagne logeant la plupart du temps dans des huttes de branchages ou dans des tentes pour les officiers[36].

La mention de casernes apparaît pour nos régions au XVIe siècle. Les troupes ordinaires y sont logées tandis que les soldats cantonnés pour l'hiver sont répartis chez l'habitant en ville. Le système est identique en France et pousse certaines villes à organiser des quartiers entiers dédiés à l'armée. Les décrets d'organisation de l'armée française, en fixant les normes de composition de celle-ci, vont ouvrir la voie aux premières réflexions à propos de bâtiments pour les soldats. Si le modèle de maison bourgeoise persiste longtemps, Vauban travaille à l'amélioration d'un modèle de caserne-type[37]. Il conçoit des bâtiments simples ou doubles, pourvus de divisions verticales – escaliers – plutôt qu'horizontales – corridors – qui sont occupés au rez-de-chaussée par les écuries et par les chambres aux niveaux supérieurs. Celles-ci possèdent fenêtre, cheminée et mobilier nécessaire aux tâches quotidiennes. Un exemple de ce type est la caserne de Bouillon (fig.1). La normalisation de Vauban donnera lieu à beaucoup de variantes et d'améliorations déterminées par des facteurs divers tels que le climat, dans ce cas on privilégie parfois les galeries extérieures ou les corridors latéraux, l'amélioration des conditions de vie, avec la multiplication des fenêtres ou la variation de hauteur des plafonds ou encore plus simplement la liberté des ingénieurs[38].

Fichier:Empreinte militaire en Lorraine (11-2013) Geoffrey Espel - Caserne d'infanterie 1764.jpg
Figure 1. Caserne d'infanterie. 1764. Façade, coupe longitudinale et plan des trois niveaux[39].

Malgré ces réflexions sur des bâtiments spécifiquement militaires, plusieurs systèmes de logement cohabitent toujours au XVIIIe siècle. Dans les villes d'Anvers, de Bruxelles ou de Charleroi, les casernements existent pour les troupes régulières. Les autres sont logées chez l'habitant, ou dans des maisons louées pour les officiers. Si les places manquent, les campagnes à proximité immédiate des villes payent aussi cet « impôt du logement »[40]. Les ruralités sont néanmoins épargnées autant que possible puisqu'elles fournissent déjà le gîte ou des espaces de campements à l'armée en campagne. Lorsque le temps de stationnement excède plusieurs semaines, des camps sont érigés. À l'aube du XIXe siècle, la suppression de certains ordres religieux sous Joseph II et la Révolution française fournit à l'armée un parc de bâtiments conséquent, certes peu adapté aux besoins militaires, mais disponible immédiatement et sans frais[41].

Après l'indépendance de la Belgique, ces couvents, abbayes ou monastères sont toujours utilisés comme casernes. Ils coexistent avec des bâtiments plus modernes, reconstruits par les Hollandais lors de la création de la « Nouvelle Barrière » des Pays-Bas et de la reconstruction de certaines places fortes comme à Tournai (fig.2)[42] ou à Namur (fig.3)[43].

Fichier:Empreinte militaire en Lorraine (11-2013) Geoffrey Espel - Caserne à Tournai.jpg
Figure 2. Tournai. Citadelle. Caserne d'infanterie. 1816-1823. Vue de la cour intérieure et d'un bloc de logement.[44].
Fichier:Empreinte militaire en Lorraine (11-2013) Geoffrey Espel - Caserne Terra Nova, Namur.jpg
Figure 3. Namur. Citadelle. Caserne Terra Nova. À partir de 1817. Vue de la façade nord.[45]

Les casernes belges

Lorsque la Belgique acquiert son indépendance, l'hébergement des soldats est organisé d'une part chez l'habitant[46] et d'autre part dans des bâtisses héritées des régimes antérieurs. Bâtiments de récupération, ces « casernes » sont souvent mal adaptées aux besoins de l'armée ; d'autant que la majorité d'entre elles ont souvent plus d'un siècle. Elles se présentent dès lors comme des lieux austères et humides, peu éclairés et mal ventilés[47]. Citons à Bruxelles, les bâtiments de la Cambre, la caserne Sainte-Elizabeth ou encore des Annonciades (fig.4) ; à Gand, la caserne Saint-Pierre ; à Namur, les casernes Saint-Ignace et Saint-Michel ; à Hasselt, la caserne d'Herckenrode.

Les fortifications encore en place fournissent également des logements aux soldats. Nous savons par exemple que les fortifications de Tournai et de Menin, le fort Napoléon à Ostende ainsi que les caves de la citadelle de Gand abritent des militaires[49]. Les quelques bâtiments militaires construits à l'époque hollandaise, dont les casernes de Ath ou de Termonde (fig.5), continuent à être occupés.

Parfois les camps permanents, à Diest (1831), à Zonhoven (1833) ou à Beverloo (1835), soulagent les populations du logement par réquisition[50]. L'hébergement n'y est guère plus confortable ; avant les années 1840, il n'existe pas de blocs en maçonnerie et les soldats logent le plus souvent dans des huttes de paille, de branchages ou de torchis[51].

Fichier:Empreinte militaire en Lorraine (11-2013) Geoffrey Espel - Caserne à Termonde.jpg
Figure 5. Termonde. Caserne d'infanterie. 1828-1830. Vue d'un bloc de logement[52].

Nous avons déjà évoqué les tensions budgétaires que connaît le Ministère de la Guerre. En 1850, le budget global s'élève à quelques 27 millions – contre 49 millions en 1833 ! – parmi lesquels plus de 90% couvrent la solde[53]. Les deux millions restants sont employés aux frais d'entretien, à l'habillement, au matériel, etc. Cette année-là, 581.000 francs, soit 2% du global sont dédiés au casernement. À titre de comparaison, la construction de la caserne de Termonde avait coûté aux Hollandais l'équivalent de 3.350.000 francs en 1828[54].

L'État verse une indemnité de casernement aux villes de garnison qui se chargent de l'entretien des bâtiments militaires. La ville d'Ath reçoit par exemple 5000 florins (90.000 francs) mais n'utilise que le strict minimum pour l'entretien des bâtiments (290 florins – 5.200 francs)[55]. Le chiche budget réservé aux casernes couvre à peine les frais de maintenance, il est dès lors inimaginable à cette époque d'en construire de nouvelles. Les seuls fonds débloqués dans la décennie 1850-1860 sont engloutis par le projet du réduit national d'Anvers et de sa ceinture de fortins[56].

Il faut attendre la fin du règne de Léopold Ier et le début de celui de Léopold II pour voir évoluer la situation. Au lendemain de la guerre franco-prussienne de 1870, qui a soulevé les problèmes liés à la mobilisation et aux infrastructures, Léopold II souhaite moderniser l'armée. Au niveau des casernes, cet effort se traduit par un renouvellement partiel du parc des bâtiments militaires entre 1870 et 1909. L'élément déclencheur est une visite surprise du Souverain à la caserne des Annonciades en 1872. Léopold II y déplore le triste état du casernement et ordonne la création d'une Commission chargée d'étudier la construction et l'entretien des casernes. Dès 1873, les communes sont libérées de la régence des bâtiments militaires, qui incombe désormais à l'Inspection générale du Génie et des fortifications[57]. De nouvelles casernes sont construites à cette époque même si de nombreux bâtiments vétustes restent occupés, et ne seront jamais remplacés.

À partir de 1870, le budget du Ministère de la Guerre dépasse régulièrement les 40 millions et est augmenté chaque année de crédits extraordinaires alloués entre autres à la modernisation du casernement. Ces crédits supplémentaires s'échelonnent entre 1,5 millions en 1874 jusqu'à 32 millions en 1890[58]. Dans le propos qui suit, nous nous intéresserons aux nouvelles casernes construites en éludant volontairement les bâtiments réaffectés qui témoignent d'une typologie toute autre. Le panorama s'organise selon trois axes majeurs : l'architecture, l'implantation urbanistique et la typologie.

Architecture

La Belgique a connu de belles heures néoclassiques à la fin du XVIIIe siècle, avec des figures comme Laurent-Benoît Dewez (1731-1812) qui réalise entre autres le Château de Seneffe et termine le palais de Charles de Lorraine à Bruxelles (fig.6). Au début du XIXe siècle, les tendances aux renouveaux classique et médiéval s'opposent en Europe. Sous influence française, la Belgique reste d'abord imperméable à la redécouverte du passé médiéval. Mais les contacts industriels avec l'Angleterre – la Belgique est le premier pays industrialisé sur le continent – et la richesse du patrimoine médiéval sur le sol belge opèrent un revirement fondamental à partir de 1840[59].

Fichier:Empreinte militaire en Lorraine (11-2013) Geoffrey Espel - Palais de Charles de Lorraine, Bruxelles.jpg
Figure 6. Bruxelles. Palais de Charles de Lorraine. Jan Faulte (achevé par Laurent-Benoît Dewez), 1760-1780[60].

Notre pays est en quête d'une identité nationale et puise dans les formes médiévales un sentiment national fort. D'autres facteurs interviennent simultanément. La traduction du livre The True Principles of Pointed or Christian Architecture de August Welby Pugin (1812-1852) sous le titre Les vrais principes de l'architecture ogivale ou chrétienne, avec des remarques sur leur renaissance au temps actuel ou du Dictionnaire raisonné de l'architecture française d'Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc (1814-1879) jouent indéniablement un rôle dans la redécouverte des formes médiévales. Les progrès de l'archéologie confrontent également les hommes à leur passé. En Belgique, le courant néo-médiéval est appliqué à de nombreux bâtiments de typologies différentes mais qui partagent une caractéristique commune : ils sont symboles de l'État, de sa puissance et de sa prospérité. Ces constructions arborent une architecture d'apparat qui ancre l'identité étatique par ses références au passé.

Les nouvelles prisons construites au XIXesiècle, à l'image de celles de Saint-Gilles (fig.7) ou de Tournai, les constructions industrielles, comme les ascenseurs à bateau de Strépy-Bracquenies, les arches et ponts liés au chemin de fer et les bâtiments militaires comme les casernes ou le Tir National témoignent de l'utilisation des formes médiévales. L'adéquation entre forme et fonction est totale. Nous devons également mentionner l'architecture liturgique avec pas moins de 1200 églises gothiques construites ou reconstruites entre 1830 et 1857[61]. L'éclectisme fait également des émules dans notre pays, et plus particulièrement sous le règne de Léopold II. Notre second souverain est surnommé le Roi bâtisseur et certains auteurs parlent même de style léopoldien[62]. Il dit de l'Antiquité qu'elle avait compris le rôle de l'Art dans la grandeur d'Athènes et de Rome[63]. De fait, les travaux réalisés sous son règne relèvent plus d'une tendance antiquisante que médiévale, autant dans les bâtiments publics, à l'image de l'aménagement du parc du Cinquantenaire (fig.8), que militaires, comme nous le verrons avec certaines casernes bruxelloises.

Fichier:Empreinte militaire en Lorraine (11-2013) Geoffrey Espel - Prison de St Gilles, Bruxelles.jpg
Figure 7. Bruxelles. Prison de Saint-Gilles. François Derre et Joseph-Jonas Dumont. 1878-1884. Vue de la façade principale[64].
Fichier:Empreinte militaire en Lorraine (11-2013) Geoffrey Espel - Parc du Cinquantenaire, Bruxelles.jpg
Figure 8. Bruxelles. Parc du Cinquantenaire. Arcades et galerie. 1888. Gédéon Bordiau[65].

Les casernes belges forment un groupe cohérent possédant des caractéristiques architecturales communes. Les bâtiments exploitant les formes médiévales ou classiques proposent une adéquation parfaite de la forme à la fonction. Il s'agit dans tous les cas d'une architecture ostentatoire. Les bâtiments doivent signifier la puissance de l'armée et de la Nation à travers le vocabulaire architectural.

La monumentalisation s'accompagne d'une notion de façadisme. Les casernes reçoivent en effet un traitement architectural élaboré pour toutes les élévations visibles de l'extérieur. La façade est donc la composante recevant le plus d'attention tandis que l'ornementation et la complexité du programme tendent à décroître jusqu'à parfois disparaître lorsqu'on pénètre les complexes. Nous remarquons par exemple cette différence de traitement sur le pavillon principal de la caserne Prince Baudouin à Bruxelles, où la variation entre les façades antérieure (fig.9) et postérieure (fig.10) est évidente. Si les caractères principaux du bâtiment sont respectés, le traitement de certains éléments comme les frontons ou l'encadrement des baies est moins élaboré pour la façade tournée vers l'intérieur de la caserne. Cette moindre sophistication contribue aussi à unifier les composantes internes des casernes. Les bâtiments de troupe et les annexes sont peu voire pas du tout rehaussés d'éléments ornementaux. La cohérence au sein des casernes est également accentuée par l'effort de standardisation de l'ensemble des bâtiments qui, s'ils peuvent varier en fonction des casernes, présentent très souvent une unité architecturale.

Fichier:Empreinte militaire en Lorraine (11-2013) Geoffrey Espel - Caserne Prince Baudouin, Schaerbeek.jpg
Figure 9. Bruxelles. Schaerbeek. Place Dailly. Caserne des carabiniers (Prince Baudouin). Vue de la façade principale du pavillon d'entrée.[66].
Fichier:Empreinte militaire en Lorraine (11-2013) Geoffrey Espel - Caserne Prince Baudouin, Schaerbeek, 2.jpg
Figure 10. Bruxelles. Schaerbeek. Place Dailly. Caserne des carabiniers (Prince Baudouin).[67].

Les deux tendances principales observées dans les établissements belges sont l'utilisation des formes médiévales (Charleroi, caserne de cavalerie - fig.11), se rapportant principalement à l'architecture castrale, et le vocabulaire classique (Bruxelles, caserne de Laeken - fig.12). L'ensemble des casernes édifiées au XIXe siècle sur notre territoire doit néanmoins être qualifié d'éclectique. Elles mêlent en effet plusieurs styles historiques et des éléments de l'architecture vernaculaire.

Fichier:Empreinte militaire en Lorraine (11-2013) Geoffrey Espel - Caserne Charleroi.jpg
Figure 11. Charleroi. Caserne de cavalerie. Vue de la façade principale du corps de garde.[68].
Fichier:Empreinte militaire en Lorraine (11-2013) Geoffrey Espel - Caserne Laeken.jpg
Figure 12. Bruxelles. Laeken. Caserne. Vue de la façade principale des pavillons d'entrée et du porche.[69].

L'implantation urbanistique

Dès la seconde moitié du XVIIIe siècle, les autorités urbaines ont conscience des problèmes d'hygiène et de salubrité mais ce n'est effectivement qu'avec l'arrivée du siècle suivant et de la mutation sociétale qu'elles remédient réellement à ce problème. Au début du XIXe siècle, la crise de l'Ancien Régime et la révolution industrielle vont bouleverser la ville, sa forme et son fonctionnement. Celles-ci, qui sont jusqu'alors des ensembles compacts s'opposant à la campagne, vont être ébranlées par différents facteurs qui précipitent les évolutions urbaines du siècle[70]. L'industrialisation des villes, l'arrivée des équipements collectifs et le besoin pressant d'hygiène et de confort des centres urbains ouvrent la voie à de grands aménagements au XIXe siècle. Le développement périphérique devient un enjeu majeur à l'heure de l'industrie et du chemin de fer tandis que les autorités s'efforcent de chasser du centre-ville les bâtiments et les équipements jugés inadéquats – en raison de leur salubrité, de leur propension à propager des maladies ou de leur forte empreinte sur le confort urbain.

La Belgique ne fait pas exception. Dès la fin du XVIIIe siècle, le démantèlement des places fortes voulu par le régime autrichien, offre à la place des remparts d'immenses zones à lotir. Certaines villes ayant conservés leurs enceintes voient également un déploiement urbain extra muros. Le phénomène persiste après l'indépendance comme en témoigne l'importante extension de Bruxelles entre 1830 et 1880 (fig.13). La doctrine de Léopold II en matière d'urbanisme est par ailleurs évocatrice de ce phénomène : il prône l'implantation de grandes installations en périphérie et le déplacement d'importants complexes existants aux abords de la ville[71].

Les casernes militaires belges illustrent les tendances urbanistiques du XIXe siècle. Le phénomène du casernement répond à deux grandes constantes : il est urbain et périphérique. Tout d'abord, ce sont les villes qui accueillent les casernes. Au-delà du facteur défensif, décisif tant au dedans qu'au dehors de la cité[73], il faut également considérer le facteur pratique. L'armée s'accommode en effet très bien des nouveaux aménagements du rail ainsi que des équipements collectifs modernes, tels que l'égouttage ou le gaz. L'armée a besoin de la ville et inversement. Le facteur économique, selon Philippe Bragard et Catherine Denys[74], semble même être la clé de voûte de cette interdépendance. Les soldats autant que les officiers sont de grands consommateurs de distractions, de boissons, de produits de luxe ou de services. Plus encore, la caserne doit avoir recours à des services dont elle ne dispose pas en son sein, qu'il s'agisse de médecine, de nourriture ou de vêtements.

Ensuite le casernement est un phénomène majoritairement périphérique. Cette décentralisation résulte d'une combinaison de facteurs. La taille des terrains nécessaires est à l'évidence le premier lorsqu'un régiment de cavalerie a besoin de plusieurs hectares. Le confort des citadins ayant supporté le poids puis la promiscuité du casernement est indéniablement un autre élément d'explication. La caserne est considérée par beaucoup comme un lieu de perdition où se groupe un prolétariat militaire qui vit, depuis la réaffectation de nombreux bâtiments anciens, au contact direct de la population. L'armée et les soldats gagnent aussi au change, puisqu'ils quittent leurs bâtiments vétustes pour de nouvelles installations spacieuses et adaptées.

Le démantèlement des remparts et la création de nouveaux boulevards extérieurs fournissent à l'armée une occasion unique de s'implanter sur des terrains inoccupés où elle déploie sans contraintes de vastes complexes. Les meilleurs exemples sont les casernes d'Etterbeek qui se sont implantées en périphérie de Bruxelles sur le boulevard militaire[75]créé pour elles (fig.14). Le « prix du sol » est un dernier facteur à prendre en compte. La spéculation foncière consécutive à l'industrialisation des centres urbains et l'afflux massif de main d'œuvre rurale vers les industries entraînent inévitablement une surenchère des terrains situés au centre des villes. Enfin, l'hygiénisme du XIXe siècle veut que s'éloignent des centres les bâtiments inadéquats. À ce titre, tant les casernes de cavalerie, avec leurs fosses à fumier, que celles d'artillerie, avec leurs dépôts de munitions, n'ont plus rien à faire au centre des agglomérations.

Fichier:Empreinte militaire en Lorraine (11-2013) Geoffrey Espel - Boulevard militaire, Etterbeek.jpg
Figure 14. Bruxelles. Etterbeek. Vue du boulevard militaire et des bâtiments. 1 et 2. Casernes de cavalerie; 3. Caserne d'artillerie; 4. Plaine des manœuvres; 5. Caserne du corps de transport; 6. Caserne de Gendarmerie; 7. Hôpital militaire.[76].

Aperçu typologique des casernes belges

Il existe peu d'ouvrages qui classifient les casernes. Certains travaux méritent néanmoins d'être soulignés. L'analyse de F. Dallemagne est sans aucun doute l'ouvrage le plus complet et le plus récent dédié aux casernes[77]. L'auteur présente une évolution du casernement français depuis les débuts de l'armée régulière jusqu'à nos jours. Il y présente également les grands ingénieurs qui ont marqué l'histoire militaire.

En Angleterre, signalons le General Report Of The Commission For Improving The Sanitary Condition In Barracks and Hospitals[78]. Ce rapport de 1861 se base sur l'étude de plus de deux cents casernes afin de fournir aux soldats et à l'armée un cadre sanitaire amélioré. Il faut également souligner, pour nos régions, l'étude plus ancienne de Félix Pützeys[79], professeur d'hygiène à l'université de Liège à la fin du XIXe siècle. Bien que datée, cette publication présente l'intérêt d'avoir été rédigée au moment de la rénovation du casernement belge et met en exergue les préoccupations hygiénistes de l'époque. Même si notre étude s'inspire de ce type d'ouvrages, elle résulte plus d'une analyse directe des plans des bâtiments militaires que d'une synthèse bibliographique.

L'implantation des casernes révèle de conceptions spatiales hétéroclites. Deux situations cohabitent. Certains complexes possèdent des plans réguliers et géométriques (Bruxelles, caserne Prince Baudouin – fig.15) là où d'autres présentent une implantation plus aléatoire contrainte par le parcellaire existant (Charleroi, caserne de cavalerie – fig.16). À la manière d'une ville miniature, les casernes belges s'organisent depuis un noyau central, matérialisé par la cour d'honneur.

Fichier:Empreinte militaire en Lorraine (11-2013) Geoffrey Espel - Plan général caserne Prince Baudouin.jpg
Figure 15. Bruxelles. Schaerbeek. Place Dailly. Caserne d'infanterie Prince Baudouin. Plan général. Disposition hybride entre « U » et pavillons parallèles.[80].
Fichier:Empreinte militaire en Lorraine (11-2013) Geoffrey Espel - Plan général caserne Charleroi.jpg
Figure 16. Charleroi. Caserne de cavalerie. Plan général. Disposition autour de la cour.[81].

De grandes dimensions pour permettre les exercices, celle-ci est présente dans toutes les casernes des compagnies de « terrain », où les manœuvres sont prépondérantes. Elle n'apparaît pas ou de manière réduite dans certaines casernes du Génie (Anvers, caserne du Génie – fig.17). Elle est parfois doublée d'une plaine des manœuvres, comme à Etterbeek, de l'autre côté du boulevard militaire. Dans certains cas, plusieurs cours distinctes peuvent coexister dans les complexes militaires (Mons, caserne Léopold – fig.18). Les pavillons ou blocs de logement sont toujours répartis autour de la cour mais leur disposition varie. Nous en observons cinq types différents :

  • en « U »
  • en pavillons parallèles
  • irréguliers
  • en enfilade
  • bâtiment unique
Fichier:Empreinte militaire en Lorraine (11-2013) Geoffrey Espel - Plan général caserne Anvers.jpg
Figure 17. Anvers. Caserne du Génie. Plan général. Bâtiment unique.[82].
Fichier:Empreinte militaire en Lorraine (11-2013) Geoffrey Espel - Plan général caserne Mons.jpg
Figure 18. Mons. Caserne Léopold de cavalerie. Plan général. Disposition en enfilade.[83].

Les aménagements en « U » ou en pavillons parallèles sont les plus fréquents. Le premier cas est observé à la caserne Léopold de Gand (fig.19), Trésignies de Charleroi (fig.20), Prince Baudouin de Bruxelles et Marie-Henriette de Namur. La seconde disposition est observée à la caserne Baron Michel de Malines (fig.21) et Léopold de Namur.

Fichier:Empreinte militaire en Lorraine (11-2013) Geoffrey Espel - Plan général caserne Gand.jpg
Figure 19. Gand. Caserne Léopold d'infanterie. Plan général. Disposition en « U ».[84].
Fichier:Empreinte militaire en Lorraine (11-2013) Geoffrey Espel - Plan général caserne Tresignies.jpg
Figure 20. Charleroi. Caserne Trésignies d'infanterie. Plan général. Disposition en « U ».[85].
Fichier:Empreinte militaire en Lorraine (11-2013) Geoffrey Espel - Plan général caserne Malines.jpg
Figure 21. Malines. Caserne Baron Michel d'artillerie. Plan général. Disposition en pavillons parallèles.[86].

Le troisième cas de figure, représenté par la caserne de cavalerie de Charleroi, témoigne d'une répartition irrégulière des pavillons de soldats autour de la cour. La volonté d'orthogonalité est ici bridée par les formes particulières de la parcelle. Les blocs de logement peuvent aussi être placés en enfilade. C'est le cas à la caserne Léopold de Mons où le plan très hétéroclite résulte de la combinaison entre un nouvel aménagement à la fin du XIXe siècle et la volonté de conserver certains bâtiments préexistants. Enfin, les casernes belges peuvent à l'instar des casernes françaises « à la Vauban » se composer d'un bâtiment unique. Nous observons cet établissement aux casernes du Génie et des pontonniers d'artillerie d'Anvers.

L'accès aux casernes est théâtralisé. Nous avons vu que l'architecture joue son rôle dans cet effet. Le plan corrobore cette monumentalisation. Les corps de garde – régulièrement appelés bâtiment principal ou pavillon d'entrée – sont toujours présents. Le porche qui donne accès à la cour d'honneur est, soit flanqué de deux corps de bâtiments qui, à la manière des portes de ville aux époques médiévales et modernes, prennent souvent la forme symbolique de tours, soit fondu dans un bâtiment d'entrée imposant, s'élevant sur plusieurs niveaux. Régulièrement des annexes mitoyennes prolongent ces bâtiments. D'autres accès sont ménagés dans le mur d'enceinte mais reçoivent un traitement bien moins imposant.

À l'heure où les villes tombent les remparts et ouvrent leur espace urbain, les casernes restent closes par un mur d'enceinte. Celui-ci peut être autonome mais la plupart du temps, il est coiffé d'annexes sur sa face intérieure. Très souvent, les casernes ont également pignon sur rue. À l'image de la caserne Léopold de Namur, plusieurs bâtiments jointifs au mur de clôture, sont placés sur le périmètre du complexe.

Quand la ville du XIXe siècle entend rejeter les équipements bruyants, malodorants ou sanitairement inadaptés en périphérie, la caserne fonctionne de la même manière. Dans la majorité des complexes, les latrines, les fosses, les infirmeries et les espaces de quarantaine ou encore les ateliers (forge, cordonnier, etc.) sont excentrés et accolés au mur d'enceinte.

Sans aller plus avant dans l'analyse, nous pouvons déjà affirmer que les casernes belges semblent regrouper suffisamment de caractéristiques pour être qualifiées de groupe homogène. Il existe en effet des constantes assurant une typologie cohérente parmi lesquelles le parti général, la monumentalisation des accès et l'organisation interne à la manière d'une petite ville. Les éléments architecturaux et les aspects urbanistiques renforcent cette homogénéité. Les casernes reflètent les réponses concrètes aux problèmes urbanistiques et hygiénistes non seulement de l'armée elle-même, cantonnée jusqu'alors dans des locaux souvent insalubres et inadaptés, mais également des villes, qui font face à un fort accroissement de population lié à l'industrialisation.

Le Génie militaire belge répond aux besoins de l'armée par un processus de standardisation des modèles comme le font à l'époque nos voisins – et depuis plus longtemps que nous dans le cas de la France. En Angleterre, le General Report Of The Commission For Improving The Sanitary Condition In Barracks and Hospitals conclut à l'adoption du block system ou organisation pavillonnaire. Ce type influence indéniablement les complexes militaires belges dans leur organisation générale. Les casernes belges sont donc représentatives d'un mélange d'influences extérieures et d'innovations.

CONCLUSION

Au terme de nos réflexions, la représentation d'un ensemble cohérent semble évidente. Ce groupe, représenté par les casernes belges construites au XIXe siècle est d'abord consistant au niveau du langage architectural. Tous les bâtiments empruntent aux vocabulaires en vogue à l'époque – néoclassique, éclectique ou néo-médiéval – et issus du passé architectural national. Bien plus qu'un phénomène de mode, ces formes sont utilisées par une jeune nation pour forger son identité et crédibiliser son image aux yeux des grandes puissances. C'est d'ailleurs là l'aspect le plus intéressant ; les casernes, comme les prisons et les bâtiments publics, développent une architecture de pouvoir et d'apparat. Au-delà du symbolisme formel se superpose donc une dimension idéologique capitale pour le pays.

La caserne belge se pose en second lieu comme un phénomène urbain, témoin d'un siècle hygiéniste. Elle reflète en effet ce besoin récurrent d'assainir les bâtiments publics et, d'une manière plus générale, toutes les villes du XIXe siècle. Les problèmes de ventilation, d'orientation, de luminosité ou d'apport et d'évacuation d'eau sont des préoccupations constantes pour les officiers du Génie militaire à travers tous les bâtiments construits. Tout est pensé et étudié dans le détail de manière à améliorer le confort et le bien-être des troupes. En outre, un certain effort de standardisation émerge de ces réflexions et des distributions internes, des conceptions spatiales et des partis similaires sont adoptés pour toutes les casernes. Le phénomène du casernement se définit aussi comme la migration des soldats vers la périphérie de la ville – sauf cas exceptionnel – et reflète par là-même la modernité urbaine d'un siècle qui pousse les industries et les équipements collectifs vers les faubourgs pour libérer les centres urbains surchargés.

Troisièmement, les casernes belges forment un groupe de constructions homogène typologiquement. Les recherches du Génie, et surtout les solutions concrètes qu'il apporte, poussent à l'adoption d'un type qui fonctionne et à la répétition de celui-ci. Les cas qui ne relèvent pas de cet effort existent mais sont rares et témoignent souvent de constructions antérieures à 1870. Ce sont surtout dans les blocs de logement des soldats, dans les écuries ou encore dans les pavillons d'entrée que se remarque la systématisation des formules, les autres bâtiments étant souvent dépendants des aléas du terrain. L'organisation interne des complexes est également répétée sur les différents sites et s'impose comme une métaphore de la ville, une société autarcique et repliée sur elle-même qui regroupe ses bâtiments importants au centre, ses équipements en périphérie et s'organise autour de sa Grand-place, la cour d'honneur.

Les casernes belges constituent donc un ensemble cohérent, représentatif et bien ancré dans son siècle. Et pourtant la majorité des vastes complexes est aujourd'hui vouée à disparaître depuis leur désaffectation massive dans les années 1970. Ils ne jouissent pas ou peu d'intérêt patrimonial et sont petit à petit démolis, tout ou partie. Au mieux, certaines réaffectations judicieuses parviennent à garder les murs des anciennes casernes debout. C'est pourquoi l'intérêt d'en montrer la représentativité est d'autant plus grand. Elles sont en quelque sorte le miroir d'un siècle où la Belgique s'est constituée comme puissance européenne, le reflet des efforts que notre pays a consenti pour préserver son indépendance et la traduction des ambitions de la patrie.

NOTES

  1. François Dallemagne, Les casernes françaises, Paris, Picard, 1990.
  2. Marie-Thérèse Bitsch, Histoire de la Belgique. De l'Antiquité à nos jours, Bruxelles, Éditions Complexe, 2004, p.37.
  3. Georges-Henri Dumont, La Belgique (Que Sais-Je?), Paris, Presses Universitaires de France, 4e éd., 2008, p.33.
  4. En Belgique, la charge d'entretien des casernes sera à charge des communes jusqu'en 1873. Albert Crahay, Le Roi et la défense du pays de 1831 à nos jours, Bruxelles, Collet, 1987, pp.95-96.
  5. Ces bandes d'ordonnances existent déjà en France depuis 1445. Bertrand Schnerb, Les armées des Ducs de Bourgogne, publié 05/08/2011, consulté 10/07/2013. Bertrand Schnerb est docteur en Histoire médiévale et professeur à l'Université Lille III - Charles de Gaulle. Ses recherches portent essentiellement sur les institutions bourguignonnes des XIVe et XVe siècles. Bertrand Schnerb, www.wikipedia.org, mise à jour 26/05/2012, consulté 18/10/2013.
  6. L. Janssens, "Mechelen, garnizoenplaats tijdens de negenjarige oorlog (1689-1697) (vervolg)" dans Revue belge d'histoire militaire, XXVI, 1985-1986, (Bruxelles), pp.565-573.
  7. François Dallemagne, opcit., pp.27-32.
  8. Charles Terlinden, Histoire militaire des belges, vol.1, Bruxelles, La Renaissance du livre, 1966, pp.98-99.
  9. Charles Terlinden, opcit., p.178.
  10. Philippe Bragard (dir.), Namur, la citadelle hollandaise. Une forteresse mosane de Wellington à Brialmont (1814-1878), Namur, Les Amis de la Citadelle de Namur asbl, 2012, p.17.
  11. Nicolas Bourguinat et Benoît Pellistrandi,Le 19ème siècle en Europe, Armand Colin, Paris, 2003, pp.7-35.
  12. Charles Terlinden, "La politique économique de Guillaume Ier, roi des Pays-Bas, en Belgique (1814-1830)" in Revue Historique, T.139, fasc.1 (1922), pp.1-4.
  13. En 1830, on relève 10 généraux belges sur 76 ; 9 officiers d'État-Major sur 43 ; 263 officiers d'infanterie sur 1454 ; 93 officiers de cavalerie sur 316 ; 33 officiers d'artillerie sur 360 et 9 officiers du génie sur 128. Emile Wanty, Le milieu militaire belge de 1831 à 1914, Gembloux, éditions Duculot, 1957, pp.6-7.
  14. Michel Dumoulin (dir),Nouvelle histoire de Belgique, vol.1, Bruxelles, éditions Complexe, 2005-2007, pp.74-77.
  15. Louis De Ryckel, Historique de l'établissement militaire de la Belgique, Gand, Imprimerie Victor Van Doosselaere, 1907, pp.65-66.
  16. Idem, p.45.
  17. Extrait de la revue Paix et Liberté, 28 novembre 1965. Musée Royal de l'armée et d'histoire militaire (édité par), Léopold Ier, le fondateur, Bruxelles, Musée Royal de l’Armée, 1981, p.49.
  18. Article 5 du protocole adopté à la Conférence de Londres en 1831. Émile Banning, Les origines et les phases de la neutralité belge, Bruxelles, Dewit, 1927, pp.41-47.
  19. Idem
  20. Louis De Lichtervelde, Léopold Ier et la formation de la Belgique contemporaine, Bruxelles, Dewit, 1929, p.315.
  21. Jusque là, seule la frontière méridionale est pourvue de places fortes aptes à offrir une défense valable. Albert Crahay, opcit, p.28.
  22. De Lichtervelde, opcit., p.388.
  23. Pour tout le paragraphe : Émile Wanty, opcit., pp. 79-83.
  24. Luc De Vos, Het effectief van de Belgische Krijgsmacht en de Militiewetgeving, 1830-1914, Centre d'Histoire Militaire – Travaux, n°20, (Bruxelles), Musée Royal de l'Armée, 1985, pp.373-377.
  25. Luc De Vos, Het effectief van de Belgische Krijgsmacht en de Militiewetgeving, 1830-1914, Centre d'Histoire Militaire – Travaux, n°20, (Bruxelles), Musée Royal de l'Armée, pp.373-377
  26. Albert Crahay, pp.66-97.
  27. Louis De Ryckel, opcit., p.264.
  28. Émile Wanty, opcit., p.393.
  29. D'autant que la loi du remplacement est toujours d'application. Elle permet aux fils de familles aisées de payer pour ne pas devoir le service. Nadine Lubelski-Bernard, Léopold II et la défense nationale, in Actes du colloque d'histoire militaire belge (1830-1980). Bruxelles 1980, Bruxelles, Musée Royal de l'Armée, p.218.
  30. Idem, pp.221-227.
  31. À titre informatif, les Allemands possèdent un soldat pour huit habitants, la France un pour sept et la Belgique un pour quarante. Émile Wanty, opcit., pp.235-236.
  32. Idem, pp.234-245
  33. C. Baes, "Les armées dans les Pays-Bas à la fin du règne de Charles-Quint. Contribution à l'étude de leur administration" in Revue belge d'histoire militaire, XXIX, 1991-1992, (Bruxelles), pp.258-264.
  34. François Dallemagne, opcit., p.27.
  35. Remy Van Den Bogaert, "Het materieel onderhoud van het Spaans Zuidnederlandse Leger in dienst van het Anjouaans Regime 1700-1706" in Revue belge d'histoire militaire, XVII-3, 1967, Bruxelles, pp.192-193.
  36. Les tentes pour l'infanterie n'apparaissent en France qu'en 1679. François Dallemagne, opcit., p.28.
  37. François Dallemagne, opcit., pp. 39-47.
  38. Idem, pp. 62-65.
  39. François Dallemagne, Les casernes françaises, Paris, Picard, 1990, p.45
  40. Remy Van Den Bogaert, opcit., pp.192-197. et L. Janssens, opcit., 565-573.
  41. Ces bâtiments appartiennent souvent aux Communes, d'où la régence de celles-ci en matière de bâtiment militaire.
  42. La citadelle hollandaise est construite entre 1816 et 1823. Cinq corps de casernes y sont construites. Philippe Pierquin, Alain Bonnet, Jacques Jacquet et Johann Coopman, Le Tournai militaire-Het militaire Doornik, Tournai, Wapica édtions asbl, 2012, p.97.
  43. La caserne de Terra Nova est construite à partir de 1817 et était prévue pour une garnison de 1200 hommes. Aucun soldat n'y habitera jamais. Philippe Bragard (dir.), opcit., pp.98-101.
  44. Cliché de Pierre Peeters. Philippe Pierquin, Alain Bonnet, Jacques Jacquet et Johan Coopman,Le Tournai militaire-Het militaire Doornik, Tournai, Wapica édtions asbl, 2012, p.98.
  45. Carte Postale ancienne. Collection Jacky Marchal, Philippe Bragard (dir.), Namur, la citadelle hollandaise. Une forteresse mosane de Wellington à Brialmont (1814-1878), Namur, Les Amis de la Citadelle de Namur asbl, 2012, p.99.
  46. Principalement à la frontière Nord tant que pèse la menace de restauration hollandaise. Le logement par réquisition s'explique également par les mouvements très fréquents des troupes durant les périodes de tensions politiques. Émile Wanty, opcit., pp.56-57.
  47. Luc De Vos, "Het dagelijkse leven van de belgische soldaat 1830-1848" in dans Revue belge d'histoire militaire, XXIV, 1981-1982, Bruxelles, pp.472-473.
  48. Archives de la Ville de Bruxelles. Cartes et Plans. n°281. Alexandre Henne, Alphonse Wauters, Histoire de la ville de Bruxelles, vol.4, Bruxelles, éditions Culture et Civilisation, Bruxelles, 1969, p.202
  49. Idem
  50. Emile Wanty, opcit., p.61.
  51. Idem, pp.61-64.
  52. Carte postale ancienne. Luc De Vos (dir.), Burchten en forten en andere versterkingen in Vlanderen, Leuven, Davidsfonds, 2002, p.180.
  53. Idem, p.83.
  54. A. Stroobant, Restante van de hollandse vesting in Dendermonde dans Luc De Vos (dir.), Burchten en forten en andere versterkingen in Vlanderen, Leuven, Davidsfonds, 2002, p.180.
  55. Émile Wanty, opcit., p.58.
  56. Albert Crahay, opcit., pp.51-56.
  57. Idem, pp.95-96.
  58. Luc De Vos, Het effectief krijgsmacht…, opcit., pp.374-376.
  59. Jacques Stiennon(et coll.), L'architecture, la sculpture et l'art des jardins à Bruxelles et en Wallonie, Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1995, p149.
  60. Cliché de Christine Bastin, Jacques Evrard, Jacques Stiennon(et coll.), L'architecture, la sculpture et l'art des jardins à Bruxelles et en Wallonie, Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1995, p.144.
  61. Françoise Dierkens-Aubry et Jos Vandenbreeden, Le XIXe siècle en Belgique : architecture et intérieurs, Bruxelles, Racine, 1994, p.64.
  62. Albert Crahay, opcit., p.97.
  63. G. Stinglhamber et Paul Dresse, Léopold II au travail, Bruxelles-Paris, éditions du Sablon, (1945), p.240.
  64. Cliché de Christine Bastin, Jacques Evrard, Françoise Dierkens-Aubry et Jos Vandenbreeden, Le XIXe siècle en Belgique : architecture et intérieurs (Architecture en Belgique),Bruxelles, Racine, p.66.
  65. Bruxelles air, 2013. http://www.bruxellesair.be/le-parc-du-cinquantenaire-310.html/cinquantenaire-by-night, consult. 10/10/2013.
  66. Cartes postales anciennes. Collection privée. Geoffrey Espel.
  67. Cartes postales anciennes. Collection privée. Geoffrey Espel.
  68. Cartes postales anciennes. Collection privée. Geoffrey Espel.
  69. Cartes postales anciennes. Collection privée. Geoffrey Espel.
  70. Charles Delfante, Grande histoire de la ville, de la Mésopotamie aux États-Unis, Paris, Armand Colin, 1997, pp.233-234.
  71. Piet Lombaerde, Léopold II. Roi-bâtisseur, Gand, Pandora, 1995, pp.18-19 et Liane Ranieri, Léopold II. Urbaniste, Bruxelles, Hayes, 1973, p.14.
  72. CERAA (édité par), Morphologie urbaine à Bruxelles, Bruxelles, 1987.
  73. Selon Jules Audent, bourgmestre de Charleroi en 1886, les émeutes ouvrières de l'époque ont montré la nécessité d'avoir en ville une force armée représentée par un contingent respectable de cavalerie. Institut d'architecture français (édité par), Charleroi. La ville haute, Paris, Norma, 1998, p.25.
  74. Philippe Bragard, Jean-François Chanet, Catherine Denys et Philippe Guignet (eds), L'armée et la ville dans l'Europe du Nord et du Nord-Ouest du XVe siècle à nos jours, Louvain-la-Neuve, Academia-Bruylant, 2006, pp.397-405.
  75. Aujourd'hui Boulevard Général Jacques.
  76. Image Google Earth, 2013. Infographie Geoffrey Espel.
  77. François Dallemagne, opcit.
  78. Great Britain. Barrack and Hospital Improvement Commission (édité par), General Report of the Commission Appointed for Improving the Sanitary Condition of Barracks and Hospitals, London, George Edward Eyre and William Spottiswoode (for H.M.S.O.), 1861.
  79. Félix Pützeys, Hygiène des agglomérations militaires. La construction de casernes, Liège, Nierstrasz, 1892.
  80. Infographie Geoffrey Espel. D'après les Archives du Génie, fonds Cartes et plans, Musée Royal de l'Armée.
  81. Infographie Geoffrey Espel. D'après les Archives du Génie, fonds Cartes et plans, Musée Royal de l'Armée.
  82. Infographie Geoffrey Espel. D'après les Archives du Génie, fonds Cartes et plans, Musée Royal de l'Armée.
  83. Infographie Geoffrey Espel. D'après les Archives du Génie, fonds Cartes et plans, Musée Royal de l'Armée.
  84. Infographie Geoffrey Espel. D'après les Archives du Génie, fonds Cartes et plans, Musée Royal de l'Armée.
  85. Infographie Geoffrey Espel. D'après les Archives du Génie, fonds Cartes et plans, Musée Royal de l'Armée.
  86. Infographie Geoffrey Espel. D'après les Archives du Génie, fonds Cartes et plans, Musée Royal de l'Armée.


  Pour citer cet article :
Geoffrey Espel - L'empreinte militaire en Belgique : le cas des casernes (1830-1914) - Projet Empreinte militaire en Lorraine
Consulté en ligne le <date du jour> - Url : http://ticri.inpl-nancy.fr/wicri-lor.fr/index.php?title=Empreinte_militaire_en_Lorraine_(11-2013)_Geoffrey_Espel

Tous les articles regroupés dans le cadre du projet Empreinte militaire dans les provinces de l'Est sont soumis à la législation concernant les droits d'auteur, et doivent faire l'objet, en cas de citation, de l'indication de l'auteur selon le modèle donné ci-dessus.


Les partenaires d'Empreinte militaire dans les provinces de l'Est
45px 85px 85px 60px 55px Logo Wissembourg.jpeg 100px