Nuvola apps important.png Attention, suite à une faille de sécurité, la plupart des liens vers les serveurs d'exploration sont désactivés.

-

Empreinte militaire en Lorraine (10-2014) Pierre Labrude

De Wicri Lorraine
Une empreinte militaire de la période de la Communication Zone en Meuse : les établissements médico-sociaux de l'ADAPEIM à Vassincourt, un ancien hôpital et un ancien dépôt sanitaire américains (1951-1967).


Naviguer dans le projet

______

Retour à la présentation générale
Accéder aux axes de recherche

Auteur : Pierre Labrude


Le voyageur qui quitte Vassincourt pour se rendre à Neuville-sur-Ornain en empruntant la route départementale 122, longe d'abord à sa droite des terrains agricoles puis un grand parc dans lequel se trouvent les bâtiments et les installations de l' Association départementale des amis et parents d'enfants inadaptés de la Meuse (ADAPEIM)[1] avec ses différentes structures (Institut médico-éducatif, ESAT agricole et ESAT industriel, Home familial), puis, une centaine de mètres après un virage marqué vers la droite et avoir longé des bâtiments, il peut apercevoir une surface bétonnée surélevée en partie recouverte d'herbe et de débris végétaux et comportant des escaliers et des emplacements permettant le stationnement de véhicules ; enfin, arrivant à l'écluse du canal de la Marne au Rhin, toujours à droite et à flanc de coteau, s'il est attentif, il découvre la clôture et la porte d'une ancienne station d'épuration. Je reviendrai sur celle-ci.

Fichier:Empreinte militaire en Lorraine (10-2014) Pierre Labrude - bâtiments de l'ancien hôpital.jpg
Figure 1 : les bâtiments de l'ancien hôpital américain qui abritent l'ADAPEIM (photographie P. Labrude, avec l'autorisation du directeur du site).

Ces constructions constituent ce qui reste aujourd'hui d'un ensemble plus important, mais dont les baraquements démontables ont été enlevés il y a environ cinquante ans : l'hôpital militaire et le dépôt sanitaire de l'Armée américaine (US Army) qui occupaient l'ancien terrain d'aviation de Vassincourt-Neuville à la suite des accords franco-américains dont le premier est l'accord Bidault-Caffery du 16 février 1948 octroyant à l' US Army des facilités dans notre pays et l'autorisant à installer en France une ligne de communication (Communication Zone). Le relais est pris par l'OTAN à la suite du traité de Washington du 4 avril 1949 et surtout par l'accord Parodi-Bruce du 6 novembre 1950 spécifiquement consacré à cette ligne ou Line of Communication ou LOC[2], qui est aussi et en même temps une immense zone logistique.

Cette étude se propose de décrire l'histoire de ces installations militaires américaines qui ont fonctionné pendant une quinzaine d'années dans notre région avant de trouver un emploi civil à la suite du retrait de notre pays de l'organisation militaire intégrée du pacte Atlantique (l'OTAN) décidé par le général de Gaulle, président de la République, en 1966[3]. Elle s'adresse à des structures beaucoup moins connues que les grands camps et dépôts qui ont jalonné notre pays de La Rochelle, Rochefort, Bordeaux et Saint-Nazaire à Toul, Verdun, Nancy et Metz[4], et que les bases aériennes[5] dont l'origine est directement liée à l'OTAN. En effet, très peu de travaux ont été spécifiquement consacrés aux hôpitaux militaires américains en France et à cette période, et, à ma connaissance, aucun aux quelques dépôts sanitaires qui s'y trouvaient et dont la localisation a varié au cours des quinze années de la présence de l' US Army.

Nous envisagerons successivement les estimations américaines des besoins hospitaliers en France, le site et l'installation, le plan-type et l'architecture d'un hôpital militaire américain en France, la dévolution de l'ancien aérodrome de Vassincourt-Neuville et les premières constructions, l'hôpital d'infrastructure "en dur", les unités américaines ayant occupé les différents bâtiments, la fermeture du camp, enfin le site à la suite du départ des Américains, avant de conclure.

LES ESTIMATIONS AMÉRICAINES

Au début de la décennie 1950, quand la Communication Zone s'établit dans notre pays et que les infrastructures qui lui sont nécessaires sont créées, les états-majors estiment qu'ils auront besoin, pour accueillir et traiter correctement les blessés évacués du théâtre d'opérations potentiel qui se trouverait en Allemagne, de 15.000 lits d'infrastructure, c'est-à-dire situés dans des hôpitaux fixes, disposés entre les départements de l'Est de la France - le premier rencontré étant celui de Moselle - et la côte atlantique où ils seraient embarqués sur des navires-hôpitaux, soit une quinzaine d'hôpitaux "en dur". Comme la réalisation de cette demande est très urgente, alors même que cela ne peut s'effectuer du jour au lendemain, des bâtiments existants, si possible des hôpitaux actifs ou non, mais pas obligatoirement, sont utilisés ou transformés en hôpitaux militaires en attendant l'achèvement d'hôpitaux neufs dont la construction va être entreprise dans le cadre d'un important programme hospitalier. C'est dans ce contexte qu'en juin 1954, la Mission centrale de liaison pour l'assistance aux armées alliées (MCLAAA) demande l'inscription au plan de réquisition français des locaux nécessaires à l'implantation de ces 15.000 lits d'hospitalisation dans l'attente de la construction des hôpitaux, ce qui d'ailleurs ne représente qu'environ 8.500 lits[6]. Comme le nombre des infrastructures disponibles ou utilisables s'avère insuffisant, deux hôpitaux sous baraquements sont construits, l'un à Bussac-Forêt en Charente-Maritime, qui restera utilisé pendant toute l'existence de la zone de communication et remplacera celui qui aurait dû être construit à Pessac près de Bordeaux ; l'autre à Vassincourt qui fera l'objet d'un programme de construction resté inachevé et qui est le sujet de ce travail.

Les plans de masse et de détail de ces établissements à construire sont d'origine américaine, comme en témoignent les textes parus dans la revue Medical Bulletin of the European Command[7], qui font état de réunions (symposium) relatives à ces questions. Ces publications comportent un grand nombre de plans, parmi lesquels le plan typique que nous connaissons en Lorraine pour avoir été suivi à Verdun (hôpital Desandrouins) et à Dommartin-les-Toul (hôpital Jeanne d'Arc, figure 2)[8] et commencé à Vassincourt. En témoignent également les mentions qui figurent sur les plans de réalisation de ces hôpitaux. Ceux-ci sont conceptuellement proches de ceux de certains hôpitaux américains de la Première Guerre mondiale et de ceux d'établissements modernes dont l' US Army dispose aux États-Unis.

Fichier:Empreinte militaire en Lorraine (10-2014) Pierre Labrude - l'hôpital Jeanne d'Arc.jpg
Figure 2 : l'hôpital Jeanne d'Arc de Dommartin-les-Toul (photographie P. Labrude). On aperçoit de gauche à droite l'extrémité de plusieurs bâtiments d'hospitalisation parallèles, le couloir central blanc avec son toit en pente et derrière lui d'autres bâtiments d'hospitalisation, et, à droite, le bâtiment des cuisines et de la restauration.

Selon le projet établi le 12 septembre 1952 au cours d'une réunion tenue à Paris au Secrétariat général permanent de la Défense nationale[9], les hôpitaux doivent être distants d'au moins trois miles (environ cinq kilomètres) de toute cible militaire, mais être le plus près possible des centres urbains et, en principe, pas à plus de cinq miles (environ neuf kilomètres), pour limiter les déplacements du personnel qui n'y réside pas, les Américains et leurs familles ayant déjà de nombreux véhicules. C'est sans doute à cause de leur proximité avec Paris et Orly que la construction de tels hôpitaux en région parisienne, envisagée à Saint-Michel-sur-Orge et à Viry-Châtillon n'a finalement pas été réalisée. Il en est peut-être de même pour celui prévu à Pessac dans l'agglomération bordelaise.

En VIe région militaire (Metz), le projet est d'établir quatre hôpitaux : un en Meurthe-et-Moselle (Toul), un dans la Marne (Vitry-le-François) et deux en Meuse, l'un à Verdun et l'autre à Vassincourt. A propos de ce dernier, le compte rendu de la réunion évoquée ci-dessus indique : "Vassincourt près de Bar-le-Duc, création d'un hôpital de 1000 lits assorti d'un dépôt médical pour l'Armée de terre. La commission suggère un rapprochement vers Bar-le-Duc mais ce projet semble très (trop ?) avancé pour permettre une telle modification". Une remarque similaire est exprimée pour l'hôpital de Vitry. Le rapport conclut en souhaitant une "déconcentration en Meuse" qui pourrait être obtenue en diminuant l'importance de Vassincourt et en créant un autre hôpital à Saint-Dizier.

Le programme de construction débute en janvier 1953, mais les changements d'organisation et les incertitudes sur les installations et les équipements médicaux à installer accroissent les délais et les coûts. L'Agence de construction (Joint Construction Agency) établie à Boulogne hérite du projet hospitalier et doit gérer un programme de 60 millions de dollars[10]. Comme les fonds ne sont pas inépuisables, elle reçoit en mars 1953 l'ordre de construire des hôpitaux à usage multiple, c'est-à-dire à usage de caserne en temps de paix - car les troupes en ont un grand besoin et sont logées dans des tentes puis des baraquements sur des sites souvent boueux -, puis à usage d'hôpital en temps de guerre à l'issue d'une très rapide transformation préprogrammée. Ce désir se heurte à l'inadéquation entre les nécessités géographiques d'implantation des casernements destinés aux troupes et celles du Medical Corps. En effet, les implantations des troupes sont plus nombreuses et très différentes de celles du Service de santé qui souhaite s'installer loin des cibles militaires potentielles. Ceci aboutira à placer des "hôpitaux-casernes" à des endroits qui ne conviennent ni au commandement ni au Medical Corps… Le choix de Vassincourt relève de cette problématique, et bien sûr aussi des emplacements dont notre pays dispose et que, soit le ministère de la Guerre, soit l'Administration des Domaines veut bien mettre à disposition de l'Armée américaine.

Ce programme prévoit initialement la réalisation de onze hôpitaux et de trois dépôts médicaux répartis le long de la Communication Zone. L'hôpital prévu en région parisienne est supprimé en 1956. En juillet 1957, environ 40% du projet sont réalisés, et, en 1958, six hôpitaux sont en service. Ce total de onze hôpitaux correspond effectivement au dénombrement qui peut être fait des ensembles neufs et de ceux qui, établissent temporairement, ont remplacé des projets non aboutis. Deux établissements ne sont pas inclus dans ce dénombrement : la petite structure établie dans la caserne Lariboisière de Fontainebleau au profit des personnels américains de l' AFCENT - le commandement alliée en Centre-Europe -, et l' Hôpital américain de Neuilly qui fait partie du plan hospitalier militaire américain. Les trois dépôts sanitaires ont changé de place au cours du temps ; ils se situent finalement à Croix-Chapeau/Aigrefeuille d'Aunis, à côté de La Rochelle, à Chanteau-La Foulonnerie à côté d'Orléans, et à Marolles, à côté de Vitry-le-François.

LE SITE ET L'INSTALLATION, LE PLAN-TYPE ET L'ARCHITECTURE D'UN HÔPITAL MILITAIRE AMÉRICAIN EN FRANCE[11], [12].

Les particularités de l'hôpital de Vassincourt nécessitent cet alinéa. Les hôpitaux militaires américains construits en France obéissent au même plan-type[13], sauf celui de Bussac-Forêt déjà évoqué - tout comme le premier hôpital de Vassincourt -, et celui d'Evreux, érigé pour l' US Air Force et tout à fait différent comme le sont les constructions destinées à cette armée. Ce plan-type a été respecté pour les hôpitaux de l'Est édifiés à Vitry-le-François/Marolles, Verdun et Dommartin-les-Toul. Il aurait dû l'être à Vassincourt si la construction avait été menée à terme. Il a aussi été utilisé pour certains hôpitaux d'Allemagne fédérale comme par exemple ceux de Landstuhl près de Kaiserslautern et de Muenchweiler.

Ces établissements[14] sont de type pavillonnaire à un étage et comportent un nombre plus ou moins important de pavillons de soins et d'hospitalisation disposés perpendiculairement et à intervalles réguliers de part et d'autre d'un couloir. Celui-ci est susceptible de se diviser en deux branches, sous la forme d'un V dont chaque branche porte alors un seul pavillon, éventuellement plus long que lorsqu'il y en a un de part et d'autre, mais disposé de manière à ce que tous les pavillons restent parallèles. Un tel V existe à Vassincourt. Ce couloir de desserte des pavillons est lui-même perpendiculaire à un axe de circulation qui joint l'entrée de l'hôpital en avant au bâtiment des cuisines et des magasins en arrière. Ces deux services, entrée et cuisines-magasins, ont la forme d'un T. D'autres bâtiments séparés, à caractère technique, sont disposés sur l'emprise, avec, éventuellement, un autre ensemble de bâtiments correspondant à un dépôt médical. Par ailleurs, il peut y avoir dans cette emprise d'autres éléments militaires : une compagnie du Génie et temporairement une des Transmissions dans le cas de Vassincourt[15].

Dans le couloir qui dessert les pavillons, chacun dispose au rez-de-chaussée d'une sortie vers l'extérieur par l'intermédiaire d'un sas ainsi que d'une cage d'escalier reliant les deux niveaux. Diverses portes permettent de sortir des pavillons, dont une à chaque extrémité.

Un hôpital de 1000 lits est ainsi constitué d'une vingtaine de pavillons, ce qui permet d'évaluer la capacité de chacun à une cinquantaine de lits. Il dispose de cinq salles d'opération, d'un service de radiologie, d'un laboratoire complet et d'une petite morgue avec six tiroirs. Il n'existe généralement pas de service pharmaceutique individualisé mais un dépôt de médicaments placé sous la responsabilité d'un médecin et fonctionnant avec des préparateurs dans les locaux techniques constitués par les blocs opératoires et le service de stérilisation. Les différentes spécialités médicales sont représentées, y compris la neurologie et la psychiatrie.

Le site comporte toujours une chapelle indépendante ou aménagée à l'intérieur d'un bâtiment, un forage et un château d’eau, une chaufferie avec citerne(s), un poste de livraison d'électricité, une station d'épuration des eaux extérieure au site (figure 3), un incinérateur, des ateliers (menuiserie, peinture, électricité, chauffage, plomberie, tôlerie et forge) et plusieurs magasins et entrepôts, un garage avec des véhicules et du matériel de lutte contre l'incendie, une salle de spectacle et de cinéma, éventuellement un bâtiment à usage d'hôtel pour les officiers célibataires et appelé BOQ (Bachelor Officers Quarter), un gymnase, voire un bowling (Vassincourt), ainsi qu'un ou plusieurs terrains de sport (football, volley-ball, basket-ball, base-ball, soft-ball, tennis). Un terrain de golf peut se trouver à proximité comme à Bar-le-Duc et à Verdun.

Fichier:Empreinte militaire en Lorraine (10-2014) Pierre Labrude - ancienne station d'épuration.jpg
Figure 3 : l'ancienne station d'épuration des eaux de l'hôpital (photographie P. Labrude)[16].

Le site est complètement entouré d'une clôture avec plusieurs accès et desservi par une route périphérique avec plusieurs importants parkings, car les voitures sont très nombreuses chez les militaires américains et les déplacements importants vu la disposition des installations à la campagne. Il faut aussi envisager les norias de véhicules sanitaires. Des chemins goudronnés desservent aussi les espaces entre certains des pavillons et permettent d'accéder aux portes du bâtiment de chirurgie.

Le plus coûteux des hôpitaux de l' Eastern Complex France a été celui de Verdun (7.076.100 dollars d'investissement). Les coûts de quelques bâtiments de l'hôpital de Chinon me sont connus[17]. Ils datent de 1956 et sont contemporains de la construction des hôpitaux de l'Est ; leurs coûts ont donc été similaires. Une "demi-barre" longue d'hospitalisation a coûté 102.500 dollars, une barre habituelle 218.000 dollars, le gymnase et le théâtre respectivement 150.600 et 98.500 dollars, enfin le bowling 37.200 dollars… Les investissements réalisés à Vassincourt, plus tardif et non terminé, ont été estimés à 2.035.700 dollars en 1967[18] après l'opération Freloc (Fast Relocalisation from France) consécutive à la décision de la France. Mais il faudrait savoir si cette somme représente la totalité des dépenses effectuées depuis 1952 pour l'ensemble des infrastructures : dépôt médical, hôpital initial, baraquements divers, forage, château d’eau et station d'épuration et hôpital en dur, ou seulement ce dernier avec ses trois seuls pavillons.

LA DÉVOLUTION DE L'ANCIEN AÉRODROME DE VASSINCOURT AUX AMÉRICAINS ET LES PREMIÈRES INFRASTRUCTURES

Le projet envisagé au cours de la réunion du 15 septembre 1952 évoquée plus haut se réalise dans les conditions initialement prévues. C'est ainsi que l'"ancien aérodrome de Bar-le-Duc Vassincourt", appartenant au domaine militaire (ancien terrain d'aviation créé en 1936)[19] et vaste de 89 hectares (les plans américains indiquent 84,98 ha), situé sur les communes de Neuville-sur-Ornain et Vassincourt, jusque-là utilisé par l'aviation de loisir[20], est mis à la disposition de l'Armée des États-Unis le 27 septembre 1951[21] pour en faire un hôpital et un dépôt médical. La prise de jouissance est fixée au 21 janvier 1952[22]. Le terrain occupe une sorte de losange limité par la route départementale 1 de Vassincourt à Mussey, la D 122 de Vassincourt à Neuville, et le bord du plateau à côté duquel passent le canal de la Marne au Rhin et la voie ferrée. Les documents ne font pas toujours état simultanément des deux établissements, mais, à une exception près, aucun des documents en ma possession ne mentionne autre chose que ces structures médicales. C'est en particulier le cas de la Liste des installations mises à la disposition des armées alliées au 31 décembre 1952[23]. En d'autres termes, il n'est jamais question des unités qui utilisent le site et ses installations. Il est vrai qu'elles changent assez souvent.

Le numéro de mai 1952 de la revue Medical Bulletin of the European Command[24] publie un extraordinaire plan de "l'hôpital et du dépôt médical de Bar-le-Duc-Vassincourt", daté du 13 avril 1951 et réalisé sous l'égide du bureau "Terrains" de la direction du Génie de l'Air du ministère des Travaux publics et des Transports, d'après des plans du terrain datant de 1947, des cartes et des photographies aériennes obliques. Deux hôpitaux de 1000 lits sont représentés, l'un parallèle à la piste d'aviation et situé là où se trouvent les actuelles constructions, mais avec son entrée située à peu près à l'emplacement de l'ancien dépôt médical, avec son grand axe perpendiculaire à la route de Neuville, l'autre disposé à l'extrémité opposée de l'aérodrome, de l'autre côté de la piste, avec son entrée placée sur la route de Mussey et à peu près perpendiculaire à elle. De vaste parkings sont situés alentour. Il est indiqué que la piste doit être préservée. Pour sa part, le taxiway l'est presque totalement, sauf à son extrémité. Le dépôt médical est situé entre le virage de la route et la piste à laquelle il est parallèle. L'emplacement de l'actuelle ferme est prévu pour un immense tas de charbon et une zone pour des véhicules. Il s'y trouve le seul bâtiment existant, mentionné explicitement, qui doit être le hangar de l'aéroclub recréé après la Seconde Guerre mondiale. Le site a été inspecté le 13 avril 1951 par le colonel Morgan du Medical Corps, et ce plan est estampillé de la Medical Division du quartier général d' Eucom (European Command) en date du 20 avril 1951. L'aérodrome a effectivement été occupé et construit, mais les réalisations ont été beaucoup plus modestes…

Il est incontestable que ce sont les unités du Medical Corps qui se sont installées en premier. En effet, selon un organigramme du 31 décembre 1952 figurant dans le document US Army Communication Zone, Europe, présenté sur le site Internet US Army in Germany[25], l' Advanced Section (Section avancée) dont le quartier général est à Verdun caserne Maginot, ne dispose sur le plan médical que du 213e bataillon médical et du dépôt médical de Vassincourt. À cette date, d'après le livret souvenir édité le 1er décembre 1952 pour le premier anniversaire de la création dans le Palatinat, à Einsiedlerhof, du Rhine Medical Depot, figure en page 15 la liste du personnel affecté à Vassincourt : 2 officiers et 29 militaires. Ce dépôt, construit entre juin 1951 et mai 1952, est alors le seul dépôt médical de l'Armée américaine en Europe, et Vassincourt en est donc une annexe[26].

Par ailleurs, un plan de l'Armée française, malheureusement non daté mais sans aucun doute tracé au début de l'implantation (figure 4), indique pour ce quadrilatère : Hôpital américain de Vassincourt. On y distingue deux pistes d'atterrissage dites "abandonnées", la principale axée sur les angles est et ouest du terrain et conduisant au survol de Neuville, et une piste secondaire qui lui est presque perpendiculaire. Le dépôt médical est clairement indiqué sous la forme d'un rectangle le long de la route vers Neuville, avec une petite construction derrière lui. L'hôpital militaire est mentionné sous ce nom par de petits rectangles représentant onze baraquements parallèles, neuf alignés au nord dans le grand virage qui précède le dépôt et deux un peu plus loin en oblique par rapport à la route, à peu près où se trouve actuellement l'ancien bowling (figure 5).

Fichier:Empreinte militaire en Lorraine (10-2014) Pierre Labrude - plan des premières installations.jpg
Figure 4 : plan des premières installations, au début de la décennie 1950 (collection particulière).
Fichier:Empreinte militaire en Lorraine (10-2014) Pierre Labrude - l'ancien bowling.jpg
Figure 5 : l'ancien bowling, dans son état actuel (photographie P. Labrude).

Quelle infrastructure ce dépôt occupe-t-il à ce moment ? Les plans américains des installations définitives du site[27], en 1965 (figure 6), et quelques photographies présentes sur Internet[28], montrent qu'il ne comporte qu'un seul bâtiment, métallique, de 125 m de long sur 33 m de large, à deux toits parallèles à double pente, numéroté S-1446, et une sous-station électrique à côté de lui en face du virage (S 1447).

Fichier:Empreinte militaire en Lorraine (10-2014) Pierre Labrude - plan américain des installations définitives.jpg
Figure 6 : plan américain des installations définitives (portefeuille de plans de la Caisse d'allocations familiales de la Meuse, aimablement communiqué par Madame Dufourc).

L'ensemble dispose de sa propre clôture complète, d'une maison de garde et de deux issues, toutes les deux sur la route de Neuville, la première avec le garde à peu près au milieu de la partie rectiligne de la route, et la seconde juste avant le virage qui suit. Six dispositifs permettent aux camions de se positionner contre les quais et ils se voient encore actuellement sur la base cimentée qui marque l'emplacement du bâtiment (figure 7). Derrière lui se trouve une vaste aire bétonnée permettant les stockages à ciel ouvert (open storage). À côté de l'enceinte du dépôt se trouvent deux autres aires clôturées, l'une entre lui et les casernements, et l'autre avec un petit bureau derrière l'aire bétonnée. L'ensemble constitue le 306th Medical Service selon la seule photographie qu'il m'a été donné jusqu'à présent de voir de ce dépôt[29].

Fichier:Empreinte militaire en Lorraine (10-2014) Pierre Labrude - base bétonnée de l'ancien dépôt.jpg
Figure 7 : la base bétonnée de l'ancien dépôt sanitaire avec un emplacement pour camion (photographie P. Labrude).

De quelle nature peuvent être alors les installations hospitalières et les locaux d'habitation ? Au moment de leur arrivée dans notre pays, lorsque les terrains qui leur étaient alloués ne comportaient pas de locaux ou que ceux-ci n'étaient pas habitables, les Américains se sont d'abord installés dans des camps de tentes, reliées par des allées en caillebotis pour éviter autant que possible la boue. Nombre de photographies montrent des bourbiers partout…

Les véhicules stationnent sur l'herbe et, au moment des pluies, s'enfoncent dans la boue jusqu'aux essieux comme on le verra plus loin (figure 15). Compte tenu des conditions hivernales d'alors, ces tentes sont rapidement améliorées par de la toile goudronnée (tarpaper en anglais) qui préserve mieux de la pluie, de la neige et du vent. Le chauffage est assuré par des poêles à charbon ou au fuel, à raison de deux par construction. Le confort est sommaire… Ces tentes ressemblent à de petites maisons avec un toit à double pente et de rares ouvertures (figure 8). À Vassincourt, de telles tentes construites parallèlement les unes aux autres demeurent en place jusqu'en 1956-1957[30].

Fichier:Empreinte militaire en Lorraine (10-2014) Pierre Labrude - tente doublée.jpg
Figure 8 : tente doublée de papier goudronné (photographie 97th Engineer Battalion, avec autorisation du responsable du site).

Ce n'est qu'à partir de ce moment que sont construits des baraquements métalliques plus solides et moins inconfortables, de trois types. Il y a d'abord quarante-six constructions métalliques semi-cylindriques sur une base en ciment, d'origine américaine, appelées Quonset Huts (figure 9), qui sont toutes à usage de casernements et de locaux sanitaires.

Fichier:Empreinte militaire en Lorraine (10-2014) Pierre Labrude - Quonset Huts à Vassincourt.jpg
Figure 9 : Quonset Huts à Vassincourt vers 1963 (photographie 97th Engineer Battalion). Au fond à gauche, de couleur blanche, un bâtiment Fillod.

Il s'agit par ailleurs de baraquements français du constructeur Fillod, qui s'est associé aux Établissements de Wendel à Hayange et qui dispose d'une usine à Florange[31]. Ces constructions sont bien connues avec leurs faces légèrement inclinées, les deux pans du toit de même, de nombreuses petites fenêtres et les portes aux extrémités. Deux modèles, grand et petit, figurent à Vassincourt (figure 9). Les Fillod grand modèle sont au nombre de dix au niveau du virage qui marque l'angle nord du camp et de deux face au dépôt médical et un peu avant lui. Ils abritent quatre mess, le snack-bar, la chapelle-bibliothèque, le théâtre, le "post-exchange" (PX, c'est-à-dire le supermarché du camp), le commandement, le dispensaire, le mess des sous-officiers (NCO) et les sapeurs-pompiers. Les "petits Fillod" sont dispersés et abritent entre autres le commandement des compagnies. Il existe également un troisième type de bâtiment dont je ne connais pas de photographie de l'époque, le type "Acomal" qui doit signifier "Ateliers de construction de Malines" en Belgique, dont l' US Army s'est équipée. Ils sont au nombre de sept à l'apogée du camp.

Les grands bâtiments métalliques sont rares : le dépôt sanitaire et le garage à l'intérieur de l'enceinte du Motor Pool (parc des véhicules). Enfin il existe quelques bâtiments en béton : les installations sanitaires des officiers, le bowling (figure 5) à côté du dispensaire dans le virage et les sous-stations d'électricité. Mais il a subsisté aussi au moins un baraquement en bois goudronné et deux en bois. La maçonnerie n'a été utilisée que pour l'hôpital, la chaufferie, le mess (figures 10 et 11, peut-être destiné aux officiers) et une sous-station. Tous ces bâtiments de types différents perdureront jusqu'au départ de la garnison américaine. Il en subsiste aujourd'hui des traces visibles au sol et sur les photographies aériennes.

Fichier:Empreinte militaire en Lorraine (10-2014) Pierre Labrude - le mess.jpg
Figure 10 : le mess en juillet 1962 (photographie 97th Engineer Battalion).
Fichier:Empreinte militaire en Lorraine (10-2014) Pierre Labrude - le bâtiment du mess.jpg
Figure 11 : le bâtiment du mess dans son état actuel (photographie P. Labrude).

Arrivons-en donc à l'hôpital qui est en principe l'un des deux éléments majeurs du site de Vassincourt. Il ne m'est pas possible actuellement d'indiquer avec certitude quelle était la nature des bâtiments du premier hôpital. Je pense, au vu du plan militaire français non daté signalé plus haut, qu'il a occupé les dix ou douze Quonset Huts qui bordaient le grand virage au nord du site. Il est certainement resté dans ces installations jusqu'en 1958 ou 1959, années où les premiers (et les seuls) bâtiments en dur de ce qui devait être un grand hôpital de 1000 lits me semblent avoir été terminés. J'y reviendrai. Vassincourt n'est pas le seul centre hospitalier à avoir été doté de baraquements ; celui de Bussac-Forêt, déjà cité, est resté ainsi jusqu'au départ des Américains.

L'HÔPITAL D'INFRASTRUCTURE "EN DUR"

Sa création pose plusieurs problèmes d'interprétation. Il avait été prévu à l'origine, 1952, l'année où s'élaborait la doctrine hospitalière américaine, d'édifier un tel hôpital correspondant au dispositif standard qui a été respecté partout dans notre pays, en plus ou moins grand, sauf à Vassincourt… De nombreux documents témoignent de ce projet de réalisation et, entre autres, ce qui a été réalisé sans avoir été achevé. Les travaux de construction semblent débuter un peu plus tard que ceux de la plupart de ses homologues comme en témoignent d'une part un tableau non daté[32] indiquant les noms des entreprises ayant participé à la construction des hôpitaux de 1952 à 1957 et qui n'est pas renseigné pour Vassincourt, d'autre part la mention sur le site Internet du 97th Battalion11 de sa participation à des constructions en 1956-1957, enfin et surtout la photographie et le texte parus dans le journal Le Républicain lorrain du 22 octobre 1958 faisant état du premier coup de pelle symbolique effectué la veille sur le site[33]. Le journal indique : "1 milliard (de francs) - 3 ans de travaux - 1000 lits" et précise que M. Pertuy, "qui dirige l'entreprise chargée des travaux, a fourni les renseignements demandés". En dépit de ce que je viens d'écrire ci-dessus, cet article constitue néanmoins pour moi une énigme car il est en contradiction avec nombre de photographies datées présentes sur le site Internet[34] du 97th Engineer Battalion (Construction) dont une compagnie stationne à Vassincourt et participe aux travaux puisque c'est sa mission. Une autre énigme est qu'au siège de l'Entreprise Pertuy, à Nancy, il m'a été indiqué qu'à l'époque, elle ne s'occupait que de terrassements et ne réalisait pas de constructions. Elle n'a malheureusement pas conservé son dossier sur Vassincourt, ce qui constitue une grande perte pour les historiens… Toujours est-il pourtant, que le 4 novembre 1967, elle a fourni des renseignements techniques précis sur les caractéristiques du gros œuvre et des plans des bâtiments au cabinet d'architecture Juteau de Bar-le-Duc, chargé d'étudier les modifications à apporter à l'hôpital en vue de son emploi civil[35], ce qui constitue à mes yeux une preuve de sa participation à la construction !

Les travaux apparaissent donc comme étant prévus pour trois ans et pour 1000 lits. C'est assez peu si l'on tient compte par exemple qu'à Dommartin-les-Toul, pour un établissement identique et qui été terminé, les terrassements ont commencé au 1er trimestre 1954 et la réception des bâtiments par les services français du Génie à eu lieu à la fin du mois de juin 1957, mais que les travaux et constructions ont duré jusqu'en 1962[36]. À Vassincourt, je ne dispose malheureusement pas des plans de l'hôpital complet et du site avec l’emplacement d'un tel hôpital. Leur examen permettrait de savoir quelles autres constructions étaient envisagées et ce que seraient aussi devenus tous les autres bâtiments qui étaient situés entre l'hôpital et la route de Neuville. La construction des bâtiments que nous connaissons a sans doute commencé en même temps que celle de leurs homologues, c'est-à-dire en 1953 ou 1954, et non, à mon avis, comme indiqué, en 1958. Mais ceci reste à confirmer.

Les travaux me semblent plutôt avoir été repris en 1958, et ils ont été arrêtés en 1959 ou 1960 m'a-t-on dit à Vassincourt, en raison de perspectives d'allègement, voire de suppression, du dépôt de Trois-Fontaines. J'y reviendrai. Comme les hôpitaux servent surtout de casernement, leur usage se restreint en effet si des camps et dépôts perdent de l'importance ou disparaissent. Par ailleurs, à partir de ces années, la présence américaine décroît en France compte tenu de la politique du général de Gaulle, mais d'abord et surtout de choix budgétaires des Etats-Unis. Toujours est-il que l'hôpital ne sera jamais achevé et s'est trouvé restreint à trois bâtiments (figure 6, les trois grands rectangles sombres reliés) qui constituaient forcément, dans le projet initial, une des extrémités de l'ensemble, compte tenu du couloir en V qui s'y trouve, et en même temps dépourvu de structure d'accueil, de soins, de chirurgie, d'administration, etc. Les bâtiments correspondants n'ont jamais existé, à l'exception du bâtiment maçonné des cuisines, séparé des autres, contrairement au plan classique, appelé "mess" (figures 10 et 11) et sur lequel je reviendrai.

Des photographies des travaux permettraient de savoir si toutes les fondations des bâtiments ont été exécutées et dans quel ordre les constructions auraient été réalisées. À Croix-Chapeau, les photographies montrent que tous les pavillons étaient en construction simultanément, et ceci n'a pas été vrai à Vassincourt. En effet, à mon avis, en dépit de ce que laisse croire le journal local le 22 octobre 1958, il ne s'agit pas du démarrage du chantier, car, à cette date et comme le montrent de nombreuses photographies[37], les trois bâtiments que nous connaissons existent. Il m'apparaît à l'examen de ces photographies, que le site est alors un vaste chantier où les tentes sont en cours de remplacement par les constructions plus solides et plus confortables qui sont évoquées plus haut, que des routes sont tracées, damées (un rouleau compresseur est visible sur une photographie), et que le gros œuvre de l'hôpital, avec ses trois bâtiments, est terminé. Si l'entreprise Pertuy ne fait que du terrassement comme on me l'a dit, d'autres entreprises, avec ou sans l'aide de la compagnie du 97e bataillon du Génie qui stationne sur le site dans ce but, doivent intervenir. J'ai par ailleurs noté en examinant des photographies, que le couloir d'extrémité en V a été réalisé en deux temps : celui du rez-de-chaussée puis celui de l'étage, ce qui me semble en faveur de l'existence de plusieurs campagnes de construction.

Que sont devenus les terrassements - s'il y en a effectivement eu - ? Il n'en reste nulle trace… Il faudrait se rendre aux Archives nationales américaines pour en savoir plus : pourquoi cet arrêt des travaux et quand ? y a-t-il eu reprise et quand ? La fermeture de Trois Fontaines Ammunition Depot, non loin de Robert-Espagne, et dont la présence justifie partiellement l'existence du camp de Vassincourt est-elle déjà envisagée au moment de la suspension des travaux ? Ce n'est pas impossible comme nous le verrons plus loin.

La comparaison des plans des bâtiments maçonnés de Vassincourt et de ceux de l'hôpital Jeanne d'Arc de Dommartin-les-Toul, permet de tirer quelques conclusions intéressantes. Le bâtiment le plus au nord, celui qui est séparé en deux parties avec le couloir en V, correspond exactement au bâtiment d'une extrémité de Jeanne d'Arc et en porte les mêmes numéros : III et XIII. Les deux autres, d'un seul tenant, correspondant à ceux qui jouxtent le point central de Dommartin, sont disposés identiquement et en portent les numéros, VII et VIII. Il est curieux de constater aussi que le bâtiment dit du mess, en fait des cuisines, porte le numéro XV, comme celui de Dommartin, dont il a les dimensions… Pour reproduire à Vassincourt les installations hospitalières de Toul avec leurs 1000 lits, il faut ajouter huit ensembles parallèles, le grand couloir médian qui équivaut en largeur à peu près à un bâtiment d'hospitalisation, plus le bâtiment administratif et, à l'autre extrémité, les cuisines (qui existent déjà, bâtiment XV) et la salle de restaurant. La poursuite de la construction d'un tel ensemble sur le site, tel qu'il a été initié, est malaisée car elle empiète sur les dépôts, le POL (Petrol Oil Lubricants), le taxiway en herbe, l'enclos destiné aux chiens (au niveau de la ferme actuelle), et même un peu en dehors du terrain, du côté du village. Il est possible d'y remédier, mais de toute façon, l'hôpital complet aurait été très proche d'une extrémité du terrain, ce qui n'est pas dans l'habitude des ingénieurs américains. Il apparaît d'ailleurs que l'hôpital aurait été plus facile à édifier sur l'autre partie du site, par rapport à la piste, à côté du château d'eau érigé pour les besoins du camp et toujours en place. À ce sujet, il m'a été dit par des habitants du village que l'hôpital devait s'étendre "loin" en direction de cet édifice. C'est en partie le projet du 13 avril 1951…

Quoi qu'il en soit, la réalisation s'est trouvée limitée à trois bâtiments d'hospitalisation parallèles (figures 12 et 13), quatre si on compte pour deux celui qui est coupé, constituant un hôpital d'une capacité de 200 lits comme l'indiquent les plans[38]. Ils sont reliés par un couloir médian, comme cela est habituel et comme le plan initial le prévoyait obligatoirement.

Fichier:Empreinte militaire en Lorraine (10-2014) Pierre Labrude - façade antérieure.jpg
Figure 12 : la façade antérieure des bâtiments hospitaliers avec les deux mâts portant les drapeaux français et américain comme c'est la règle (photographie 97th Engineer Battalion).
Fichier:Empreinte militaire en Lorraine (10-2014) Pierre Labrude - façade arrière.jpg
Figure 13 : la façade arrière des bâtiments hospitaliers vus au travers de la grille de protection du terrain de base-ball (photographie 97th Engineer Battalion).

Je dispose d'un plan d’ensemble[39] très intéressant daté du 1er octobre 1959, qui précise la place, la nature et l'usage de tout ce qui est construit sur le site, à l'exception du château d'eau. Il s'intitule Advanced Section, Usareur Communication Zone, Office of the Engineer ; Master Plan, Trois Fontaines Installation, Trois Fontaines (Station n° 6205)-France, Vassincourt 200 bed Hospital (Station n° 9860), Detail Site and Building Use Map. Les quatre bâtiments hospitaliers en maçonnerie sont numérotés, du nord au sud, c'est-à-dire de l'arrière à l'avant (accueil actuel), de S 1570 à S 1573. S 1570 sert de lieu de distraction, 1571 de locaux d'administration, tandis que 1572 et 1573 sont des casernements.

Ce bâtiment 1570 ou XIII est issu du cabinet d'architectes-ingénieurs Ammann & Whitney, 111 8e avenue à New York dont le nom figure à côté de celui de la Joint Construction Agency Central Office à Boulogne. Son correspondant parisien pour Vassincourt est John and Drew Eberson[40]. Le plan, du 1er avril 1958, précise la disposition et l'équipement des pièces et dégagements, au nombre de 38, parmi lesquelles, par ordre : bureau, chambre forte, cuisine, snack, coiffeur, croix-rouge, atelier, bibliothèque, musique, salle de jeux, salle de musique, atelier de bricolage, chambre noire, laboratoire de photographie, etc. Le plan du premier étage du bâtiment VII ou 1571, de la même date et origine, avec les mêmes mentions, en partie à usage de casernement, permet de connaître la disposition et la destination des pièces : salle de classe, bureau, salle de séjour, chambres à deux lits et quatorze lits - disposition classique dans ces hôpitaux -, magasin, local pour les armes et installations sanitaires[41].

Revenons au plan général. Le site comporte treize entrées, une pour le chenil des membres du Polish Labor Service dont la mission est la garde des installations, une pour les bâtiments maçonnés et le Motor Pool (stationnement des véhicules), huit pour les baraquements divers, deux pour le dépôt médical et une pour le POL. Le site est divisé par des clôtures intérieures. Outre celles déjà décrites, une pour le Motor Pool, une pour le POL, deux pour les enclos des chiens avec quatre bâtiments, et une autre grande aire non dénommée à côté. La piste d'aviation et son taxiway sont mentionnés. L'espace comporte une aire de jeux clôturée, un terrain de tennis, deux terrains de "softball" (une forme de base-ball se jouant sur un terrain réduit avec une équipe de dix joueurs), un terrain de "touch football" (sorte de football-rugby ou "football des écoliers", joué par des amateurs sur un terrain improvisé) et, entre l'aire, le tennis et l'hôpital, un réserve découverte d’eau, sans doute de lutte contre l'incendie, sujet qui préoccupe beaucoup les Américains et dont ils disposent toujours la réserve de cette façon. Les terrains de sport sont situés entre le taxiway et l'hôpital[42]. La figure 6 montre l'essentiel de ces infrastructures.

Comme pour toutes les installations américaines ou presque, un forage assure l'alimentation en eau. Un plan du 29 juin 1957[43] montre qu'il est situé hors du camp, dans la vallée, de l'autre côté du canal, en face du château d'eau, sous la forme d'un terrain clos de 1,16 ha avec une petite construction pour les pompes. C'est très vraisemblablement l'actuelle zone de captage située au bord de la route 122 D en direction de Mussey et appelée "route de Mussey". Du château d'eau, l'eau était dirigée vers les baraquements, puis, quand l'hôpital a été érigé, une nouvelle conduite y a abouti. Le site comporte aussi, comme presque toujours, une station d'épuration des eaux (figure 3) prévue pour 1800 personnes – ce qui confirme encore le projet d'hôpital de 1000 lits avec son personnel nombreux – et située hors de l'emprise, comme indiqué en début d'article. Cette station n'a plus servi après 1967 car les Américains ont enlevé les pompes et parce que le nombre de personnes présentes sur le site est trop restreint pour un fonctionnement optimal. Le camp comporte enfin une station météorologique située près de la patte d'oie que font les routes de Bar-le-Duc, Revigny et Neuville.

Un détachement médical utilise des locaux au rez-de-chaussée du bâtiment 1571 à l'angle au niveau du passage qui le sépare de son homologue 1570 (figure 14). Il a peut-être pour mission de préparer l'ensemble des constructions à une transformation en un véritable hôpital. Les chiffres indiquent habituellement 200 lits, ce qui me semble réalisable aisément. Cependant, un General Site plan de 1963[44] fait état de 144 lits dans le bâtiment 1571, 324 dans le 1572 et 200 dans le 1573, soit au total 668 lits, ce qui me semble irréalisable, sauf à occuper tous les bâtiments du site. Un document difficile à interpréter, conservé au Service historique de la défense[45] fait état de 200 lits "hb" (j'ignore la signification de ce sigle) et de 1000 lits opérationnels, c'est-à-dire en cas de conflit, ce qui me semble signifier l'emploi hospitalier de l'ensemble des bâtiments du site, à moins que cela ne comprenne aussi des bâtiments de Trois-Fontaines ?

Fichier:Empreinte militaire en Lorraine (10-2014) Pierre Labrude - détachement médical.jpg
Figure 14 : le détachement médical (photographie 97th Engineer Battalion).

Le camp abrite une American Elementary School (école primaire) dont je ne connais pas l'emplacement précis11. Il est permis de penser qu'elle occupe des locaux de l'hôpital puisqu'une salle de classe existe dans le bâtiment 1571.

LES UNITÉS AYANT OCCUPÉ LE SITE

En 1953, à côté du 213th Medical Battalion, Vassincourt accueille aussi les 306th et 309th Field Hospitals et la 485th Medical Company (Preventive Medicine)[46]. La sécurité intérieure des sites est assurée par les membres du Polish Labor Service qui disposent de locaux particuliers ainsi que de chiens et d'installations spécifiques. À côté des deux enceintes destinée aux chiens se trouvent quatre bâtiments dont l'un, en face de l'extrémité du taxiway et le plus gros, doit être l'ancien hangar du terrain d'aviation. Les trois autres ont été construits par l' US Army puisqu'ils sont en Acomal. Ils abritent le bureau du responsable des chiens, la clinique vétérinaire et des approvisionnements.

En 1961, à la suite de la création du Mur de Berlin, les États-Unis procèdent à des renforcements de leurs moyens en rapprochant des unités de la RFA et en en faisant venir d'outre-Atlantique. C'est ainsi que le 69th Signal Battalion (69e bataillon de transmissions) est transféré en Europe. Il arrive à Cherbourg le 24 octobre et ses compagnies sont affectées à diverses garnisons. La compagnie B stationne à Vassincourt et plusieurs photographies montrent les bâtiments de l'hôpital et les camions avec leurs shelters et leurs remorques portant un groupe électrogène dont l'un enfoncé dans la boue du Motor Pool (figure 15). Le bataillon est rapatrié aux États-Unis en 1963[47].

Fichier:Empreinte militaire en Lorraine (10-2014) Pierre Labrude - un camion du 69th.jpg
Figure 15 : un camion du 69th Signal Battalion dans la boue de Vassincourt (97th Engineer Battalion).

Mais l'unité qui est le plus attachée à Vassincourt est une compagnie du 97th</sip> Engineer Battalion (Construction) appartenant au 32th Engineer Group et dont la devise est "No Task Too Great ", soit littéralement : "Il n'y a pas de mission trop grande" ou plutôt "Ils sont capables de remplir toutes les missions". Son site Internet présente un grand nombre de photographies et beaucoup de renseignements. Le bataillon est arrivé en France le 24 novembre 1951 et ses compagnies ont été réparties entre plusieurs garnisons de l'Advanced Section, variables selon les moments, en partie en fonction des constructions qu'elles réalisent. C'est ainsi qu'au début de l'année 1956, la compagnie A construit "Vassincourt Kaserne". À l'automne 1961, une réorganisation du bataillon conduit à nommer compagnie A les services de la compagnie de commandement, ce qui aboutit à changer le numéro de la compagnie A qui devient compagnie D. C'est elle qui est à Vassincourt et qui aura pour mission en 1966 de fermer son site de stationnement et Trois Fontaines Ammunition Depot, cependant que le matériel du dépôt sanitaire est transféré à Marolles (Vitry-le-François)[48].

LA FERMETURE DU SITE EN 1966

Diverses réorganisations touchent les installations militaires américaines en France à ce moment. En effet, un rapport américain établi en mars 1964 recommandait la suppression de cent-soixante bases militaires en vue de réaliser des économies et de s'adapter à la situation stratégique[49]. Le 5 janvier 1966 est annoncée la fermeture du grand dépôt de munitions de Trois-Fontaines et de son annexe de Vassincourt à compter du 30 juin 1966. Cette mesure touche d'autres bases dans notre pays, et tout cela n'a rien à voir avec la décision qui sera annoncée par le général de Gaulle le mois suivant. Ces fermetures entraînent cependant 1200 licenciements de personnels civils en Lorraine…[50]. À la suite de ces réorganisations, un peu plus de vingt établissements sont réunis dans une structure nouvelle appelée Nancy Complex. Un état du 1er septembre 1965[51] indique que Vassincourt comporte quatre-vingt-dix bâtiments représentant une surface de 26.200 mètres carrés, d'une valeur de 2.083.500 dollars, chiffre très voisin de celui publié en 1967 dans le rapport FRELOC after Action Report après l'évacuation de notre pays.

L' US Army conserve les installations qu'elle a décidé de fermer et elle en assure le gardiennage. Il m'a été dit, mais je n'en ai pas trouvé confirmation pour l'instant, que le camp sert de garnison à un bataillon logistique (le 82th ?) et est employé au regroupement de pilotes avant leur départ pour le Viet-Nam. Les différents sites et les installations qui y sont restées ne sont restitués à la France qu'au moment fixé par le général de Gaulle et le gouvernement pour la fin de l'évacuation des troupes américaines de notre sol, c'est-à-dire le 1er avril 1967. La réalité est différente, et en particulier pour les hôpitaux. L'avis de remise n° 157 de l' Hospital Site and Medical Depot – Vassincourt date du 8 août 1967, et le transfert à la Direction centrale du Génie qui en assure la prise en compte puis le gardiennage33 est prévu trois jours plus tard, le 11, par la mission de liquidation créée dans ce but.

Étant militaires par nature, les installations, quelle qu'ait été leur destination, échoient au ministère des Armées (M. Messmer) qui les conserve s'il en a l'usage ou qui s'en sépare si ce n'est pas le cas. L'Administration des Domaines les cède aux départements ministériels intéressés ou les vend à des particuliers. Dès l'annonce du départ des troupes, les préfets sont chargés de trouver des acquéreurs publics ou privés. La liquidation des biens américains passe par une structure dépendant du Secrétariat général permanent de la Défense nationale, c'est-à-dire du Premier ministre, M. Pompidou, qui a demandé le 6 janvier 1967 que les hôpitaux ne soient pas démantelés, en d'autres termes que les installations démontables ne le soient pas[52] car cela rendrait un usage ultérieur très difficile, et que les bâtiments et les terrains correspondants - qui reviendront à la France - soient réservés au ministère des Affaires sociales[53] (M. Jeanneney, puis M. Schumann à partir du 31 mai 1968). Ces hôpitaux sont récents et n'ont à peu près pas servi, mais ils ne sont pas terminés et sont plus ou moins éloignés des villes. Ils sont vides, car les installations qui y existaient - ce n'est pas le cas partout - ont été emportées par les Américains puisqu'il s'agit de matériel démontable.

LES INSTALLATIONS DE VASSINCOURT APRÈS LE DÉPART DES AMÉRICAINS

Il est très vraisemblable qu'entre la fermeture du camp et le départ de l' US Army de notre pays, les militaires américains ont démonté tout ou partie des Quonset Huts, Fillod et Acomal. Ils ont aussi certainement vidé l'hôpital d'à peu près tout ce qu'il contenait.

D'après ce qui m'a été dit, mais qu'il m'a été impossible de vérifier faute d'avoir pu trouver les archives correspondantes jusqu'à présent, les installations du bowling ont été remontées à Ligny-en-Barrois, cependant que les structures métalliques du dépôt médical constituent aujourd'hui tout ou partie du Hall des brasseries à Bar-le-Duc. Pour leur part, certaines structures qui avaient servi à l'entretien des chiens, trouvent un emploi en devenant un site de l'élevage de la forêt de Gobessart, comme cela a été à Verdun et à Saint-Mihiel.

Le camp et ses bâtiments en dur ayant été restitués à la France, la question qui se pose est celle de leur réemploi. Les locaux sont récents et en bon état puisqu'ils ont tout au plus dix ans. Il s'agit de l'hôpital, du mess - en réalité les cuisines -, de la chaufferie et du bowling, et d'une partie au moins des constructions qui étaient destinées aux chiens et qui constituent aujourd'hui la ferme. Mais cet ensemble a l'inconvénient d'être éloigné des agglomérations et coûteux en énergie. On retrouve ici certaines des objections faites au moment de la création de ces établissements… Le ministère des Armées a des difficultés pour le réutiliser et dispose déjà d'un immense patrimoine, ancien et coûteux… On sait ce qu'il est advenu des camps de sûreté de la ligne Maginot, qui se trouvaient dans les villages ou en pleine campagne, qui avaient à peine dix ans en 1945 et que le général de Lattre de Tassigny avait fait réemployer.

L'expérience s'est très rapidement terminée en raison des distances et des coûts… Il est clair que M. Messmer ne peut pas faire grand-chose de Vassincourt, même si la garnison de Bar-le-Duc[54] aurait pu s'y déplacer, car le site, bien que suffisamment grand mais ayant perdu ses baraquements, ne dispose pas des infrastructures nécessaires au fonctionnement d'une unité importante. Il aurait certainement fallu construire… Par ailleurs et comme déjà indiqué, M. Pompidou a décidé de l'affectation des hôpitaux.

Or il se trouve que la commission des travaux de la Caisse d'allocations familiales de la Meuse, instituée le 18 avril 1966 et présidée par Monsieur Jean Monvoisin, de Bar-le-Duc, a pour projet la construction d'un centre médico-professionnel au lieu-dit "Droite côte de Vaux le comte" à Bar-le-Duc. Lors de sa séance du 11 juillet 1967, elle est informée qu'à la demande de Monsieur le préfet de la Meuse, il lui est demandé de convertir son projet de construction en un projet de réemploi et de transformation des bâtiments de l'ex-hôpital de Vassincourt. C'est ce qui est réalisé au cours de mois qui suivent[55]. Les emprises abritent aujourd'hui plusieurs structures de l' Association départementale des amis et parents d'enfants inadaptés de la Meuse, comme indiqué au début de cette étude.

CONCLUSION

Pour nos concitoyens lorrains, la présence de l'Armée américaine dans notre région au cours de la quinzaine d'années qui s'échelonne de 1950 ou 1951 à 1966 ou 1967, reste dans nos mémoires, bien qu'elle soit déjà bien lointaine et que les plus jeunes n'en ont aucune idée. En dehors de ceux qui "travaillaient aux Américains" comme on disait alors, les Lorrains ignoraient quelles unités stationnaient dans ces bases et bien sûr ce qui s'y passait et à quoi elles étaient destinées en cas de conflit. Ils n'en voyaient guère que le mouvement incessant des véhicules… Cette ignorance est particulièrement vraie pour l'hôpital de Vassincourt qui, de plus, n'a jamais été hospitalier… car les bâtiments sont peu nombreux, ont vu leur apparence modifiée et sont bien entretenus.

Ces bâtiments ont eu la chance si l'on peut écrire cela, d'être très récents et peu nombreux en 1967, ce qui leur a permis de correspondre assez correctement à la taille et aux besoins du centre médico-professionnel qui se trouvait en projet. Si l'hôpital avait été complet comme à Verdun par exemple, la situation aurait été tout autre et le projet n'aurait sans doute pas abouti vu la taille et le coût de l'ensemble. Qu'aurait-on pu faire d'un hôpital de mille lits à Vassincourt ? Remercions donc après coup les Américains de n'avoir pas mené à terme leur projet et d'avoir ainsi permis à une association et à la Caisse d'allocations familiales de la Meuse d'avoir pu réaliser le leur.

Toutefois, presque un demi-siècle plus tard, en dehors des habitants de Vassincourt et Neuville, et de quelques initiés, rares sont les Lorrains qui reconnaîtraient dans cet ensemble immobilier bien conservé et bien entretenu (figure 16) d'anciens bâtiments militaires, et à plus forte raison, un ancien hôpital militaire américain resté inachevé !


Fichier:Empreinte militaire en Lorraine (10-2014) Pierre Labrude - la façade arrière du bâtiment médian.jpg
Figure 16 : la façade arrière du bâtiment médian S 1572 dans son état actuel, avec à droite le couloir terminal en V (photographie P. Labrude).

NOTES

  1. Voir figure 1.
  2. O. Pottier, Les bases américaines en France 1950-1967, Paris, L'Harmattan, 2003, chap. 1, p. 27-58 et particulièrement 31-33.
  3. R. Dargent, « Le 7 mars 1966, de Gaulle sort de l'OTAN », Espoir (revue de la Fondation Charles de Gaulle), 2006, n° 146, "De Gaulle et l'OTAN". Disponible en ligne.
  4. O. Pottier, La présence militaire américaine en France (1950-1967), thèse d'université en histoire, Université de Reims Champagne-Ardenne, Reims, 1999, 2 volumes, 730 p. ; et son ouvrage Les bases américaines…, op. cit., 376 p.
  5. J.J. McAuliffe, U.S. Air Force in France 1950-1967, San Diego CA (USA), Milspec Press, 2005, 464 p. F. Loubette, Les forces aériennes de l'OTAN en Lorraine 1952-1967, Metz, Éditions Serpenoise, 2008, 247 p.
  6. Service historique de la défense (SHD ultérieurement), Vincennes, dossiers 13 T 13, 13 T 14 et 2 T 63, "Dossiers hôpitaux" de la Mission centrale de liaison pour l'assistance aux armées alliées (MCLAAA ultérieurement), avec de nombreuses mentions éparses.
  7. Medical Bulletin of the European Command, 1951, vol. 8, n° 7, p. 330-350 ; n° 11, p. 524-527 et n° 12, p. 549-567, et 1952, vol. 9, n° 1, p. 40-47 ; n° 2, p. 85-88 ; n° 3, p. 129-136, n° 5, p. 219-223, n° 6, p. 272-273 et n° 7, p. 321-331. Le plan-type (plot plan for proposed 1000 bed hospital) se trouve en 1951 à la page 325 dans le fascicule n° 7, et en 1952, à la page 331 dans le fascicule 7 (ce plan est daté du 14 mai 1951). Ces publications se trouvent en ligne sur le site de la Stimson Library.
  8. P. Labrude et P. Thiébaut, « L'hôpital militaire américain "Jeanne d’Arc" de Dommartin-les-Toul (1953-1967-2007) : origine, évolution, état actuel, avenir », Études touloises, Toul, 2008, n° 126, p. 3-30.
  9. SHD, fonds de la MCLAAA, Château de Vincennes, procès-verbal de la réunion du 12 septembre 1952 tenue au Secrétariat général permanent de la Défense nationale (SGPDN) et organisée par la MCLAAA : "Étude du programme général de construction et d'aménagement d'hôpitaux pour les armées américaines en France", versement 35, carton 8. Ce document m'a été communiqué par M. Pottier que je remercie.
  10. R.P. Grathwol et D.M. Moorhus, Building for peace : U.S. Army Engineeers in Europe 1945-1991, Army Corps of Engineers, US Government Printing Office, Washington DC, USA, 2006, 503 p., ici chap. 4 : "Construction in the mid-1950s", p. 101-114, dont le tableau p. 105 et le plan hospitalier p. 112-113.
  11. P. Labrude et P. Thiébaut, « L'hôpital militaire américain "Jeanne d’Arc" de Dommartin-les-Toul (1953-1967-2007) : origine, évolution, état actuel, avenir », Études touloises, Toul, 2008, n° 126, p. 3-30.
  12. P. Labrude, « Les hôpitaux construits en France pour l'US Army de 1950 à 1967. Organisation, localisation, usages », Histoire des sciences médicales, Paris, 2008, vol. 42, n° 3, p. 301-310.
  13. Medical Bulletin of the European Command, 1951, vol. 8, n° 7, p. 330-350 ; n° 11, p. 524-527 et n° 12, p. 549-567, et 1952, vol. 9, n° 1, p. 40-47 ; n° 2, p. 85-88 ; n° 3, p. 129-136, n° 5, p. 219-223, n° 6, p. 272-273 et n° 7, p. 321-331. Le plan-type (plot plan for proposed 1000 bed hospital) se trouve en 1951 à la page 325 dans le fascicule n° 7, et en 1952, à la page 331 dans le fascicule 7 (ce plan est daté du 14 mai 1951). Ces publications se trouvent en ligne sur le site de la Stimson Library.
  14. Medical Bulletin of the European Command, 1951, vol. 8, n° 7, p. 330-350 ; n° 11, p. 524-527 et n° 12, p. 549-567, et 1952, vol. 9, n° 1, p. 40-47 ; n° 2, p. 85-88 ; n° 3, p. 129-136, n° 5, p. 219-223, n° 6, p. 272-273 et n° 7, p. 321-331. Le plan-type (plot plan for proposed 1000 bed hospital) se trouve en 1951 à la page 325 dans le fascicule n° 7, et en 1952, à la page 331 dans le fascicule 7 (ce plan est daté du 14 mai 1951). Ces publications se trouvent en ligne sur le site de la Stimson Library.
  15. D.M. Ricks, 97th Engineer Battalion (Construction), http://www.catkillers.org/97thEngr/.
  16. Cette photographie qui date de 2009 et montre la porte d'origine, et, en arrière-plan les bassins de décantation de la station, n'est plus réalisable aujourd'hui car la végétation a beaucoup poussé et masque tout. La station apparaît néanmoins intacte avec sa clôture et sa porte d'origine, et ses bassins (visite effectuée le 11 septembre 2014).
  17. "Investissements américains en France dans les hôpitaux d'après un récapitulatif général", dans : HQ US Army Communications Zone Europe, FRELOC after Action Report, US Army Center for military History, Washington DC (USA), 1966-1967, p. 45-51. Ce document m'a été communiqué par M. Pottier.
  18. Nancy Complex, R&U Base Data, 1er septembre 1965, document communiqué par M. Jean Dalier, ancien responsable de l'entretien à Nancy General Depot, dans la Forêt de Haye, entre Nancy et Toul. Je lui exprime ma gratitude.
  19. Archives départementales de la Meuse, dossier 2R 35, "création de terrains d'aviation, acquisitions de parcelles".
  20. Site Internet de l'Aéroclub du sud-meusien, consulté le 15 septembre 2014, http://www.aeroclub-sudmeusien.fr/Laero-club.html
  21. SHD, Vincennes, dossier 13 T 13 : mise à disposition de l' US Army du terrain d'aviation de Vassincourt et Neuville-sur-Ornain.
  22. SHD, Vincennes, dossier 2 T 63, note circulaire n° 1219/EMA/log2/XE 215.
  23. SHD, Vincennes, fonds MCLAAA, carton 1, Rapport de synthèse de la MCLAAA, "liste des installations mises à la disposition des armées alliées, à jour au 31 décembre 1952", 1952, p. 17. Ce document m'a été communiqué par M. Pottier.
  24. « U.S. Army Hospital and Medical Depot Bar-le-Duc-Vassincourt », Medical Bulletin of the European Command, 1952, vol. 9, n° 5, p. 220.
  25. U.S. Army in Germany, http://www.usarmygermany, avec en particulier les documents 4th Logistical Command et US Army Communication Zone, Europe. Ce site est constamment remis à jour et enrichi.
  26. US Army in Germany (référence 21), document Rhine Medical Depot, Einsiedlerhof.
  27. Plans américains des installations militaires de Vassincourt et plans français du Centre médico-professionnel de Vassincourt, réalisés par le cabinet d'architecture Juteau de Bar-le-Duc, communiqués par Madame Duffourc à l'auteur qui lui exprime toute sa reconnaissance pour cette communication et l'autorisation de les reproduire.
  28. D.M. Ricks, 97th Engineer Battalion (Construction), http://www.catkillers.org/97thEngr/.
  29. C. Linguenheld, My American Spirit : Un dépôt de munitions en pleine forêt. http://myamericanspirit.blogspot.com/2010/09/un-depot-de-munitions-en-pleine-foret.html.
  30. D.M. Ricks, 97th Engineer Battalion (Construction), http://www.catkillers.org/97thEngr.
  31. Plusieurs sites Internet présentent les Établissements Fillod, entre autres : "Ferdinand Fillod" sur l'encyclopédie Wikipédia, "Ferdinand Fillod, qui était-t-il ?" et "Usine de menuiserie des Constructions métalliques Fillod".
  32. SHD, Vincennes, fonds MCLAAA, versement 35, carton 10, "Les constructeurs des hôpitaux américains, 1952-1957", sans date. Ce document m'a été communiqué par M. Pottier.
  33. Le Républicain lorrain, édition de Bar-le-Duc, 22 octobre 1958 : "Hôpital US à Vassincourt : 1 milliard, 3 ans de travaux, 1000 lits".
  34. D.M. Ricks, 97th Engineer Battalion (Construction), http://www.catkillers.org/97thEngr/
  35. Plans américains des installations militaires de Vassincourt et plans français du Centre médico-professionnel de Vassincourt, réalisés par le cabinet d'architecture Juteau de Bar-le-Duc, communiqués par Madame Duffourc à l'auteur qui lui exprime toute sa reconnaissance pour cette communication et l'autorisation de les reproduire.
  36. P. Labrude et P.Thiébaut , L'hôpital militaire américain "Jeanne d’Arc" de Dommartin-les-Toul (1953-1967-2007) : origine, évolution, état actuel, avenir, Études touloises, Toul, 2008, n° 126, p. 3-30.
  37. D.M. Ricks, 97th Engineer Battalion (Construction), http://www.catkillers.org/97thEngr/.
  38. Plans américains des installations militaires de Vassincourt et plans français du Centre médico-professionnel de Vassincourt, réalisés par le cabinet d'architecture Juteau de Bar-le-Duc, communiqués par Madame Duffourc à l'auteur qui lui exprime toute sa reconnaissance pour cette communication et l'autorisation de les reproduire.
  39. Plans américains des installations militaires de Vassincourt et plans français du Centre médico-professionnel de Vassincourt, réalisés par le cabinet d'architecture Juteau de Bar-le-Duc, communiqués par Madame Duffourc à l'auteur qui lui exprime toute sa reconnaissance pour cette communication et l'autorisation de les reproduire.
  40. SHD, Vincennes, fonds MCLAAA, versement 35, carton 10, "Les constructeurs des hôpitaux américains, 1952-1957", sans date. Ce document m'a été communiqué par M. Pottier.
  41. Plans américains des installations militaires de Vassincourt et plans français du Centre médico-professionnel de Vassincourt, réalisés par le cabinet d'architecture Juteau de Bar-le-Duc, communiqués par Madame Duffourc à l'auteur qui lui exprime toute sa reconnaissance pour cette communication et l'autorisation de les reproduire.
  42. Plans américains des installations militaires de Vassincourt et plans français du Centre médico-professionnel de Vassincourt, réalisés par le cabinet d'architecture Juteau de Bar-le-Duc, communiqués par Madame Duffourc à l'auteur qui lui exprime toute sa reconnaissance pour cette communication et l'autorisation de les reproduire.
  43. lans américains des installations militaires de Vassincourt et plans français du Centre médico-professionnel de Vassincourt, réalisés par le cabinet d'architecture Juteau de Bar-le-Duc, communiqués par Madame Duffourc à l'auteur qui lui exprime toute sa reconnaissance pour cette communication et l'autorisation de les reproduire.
  44. Plans américains des installations militaires de Vassincourt et plans français du Centre médico-professionnel de Vassincourt, réalisés par le cabinet d'architecture Juteau de Bar-le-Duc, communiqués par Madame Duffourc à l'auteur qui lui exprime toute sa reconnaissance pour cette communication et l'autorisation de les reproduire.
  45. SHD, Vincennes, dossier 12 Q 213, "dossier numéro 2, memorandum for the record, april 22, 1963" (nombre de lits de l’hôpital).
  46. ." Les unités du Service de santé américain dans la zone avant (ADSEC) en 1953", Monthly Statistical Report, octobre 1953, HQ ADSEC USAREUR Communications Zone US Army, RG 338, Box 53, National Archives II, College Park, Maryland, USA. Document communiqué par M. Pottier.
  47. US Army in Germany, document 69th Signal Battalion.
  48. US Army in Germany, document Army Medical Depots (Com Z).
  49. O. Pottier, La présence militaire américaine en France (1950-1967), thèse d'université en histoire, Université de Reims Champagne-Ardenne, Reims, 1999, 2 volumes, 730 p. ; et son ouvrage Les bases américaines..., op. cit., 376 p.
  50. Le Lorrain, Metz, 6 janvier 1966 : "Conséquences de la réorganisation des bases US de notre région, Nancy, Verdun, Trois-Fontaines, 1200 licenciements".
  51. Nancy Complex, R&U Base Data, 1er septembre 1965, document communiqué par M. Jean Dalier, ancien responsable de l'entretien à Nancy General Depot, dans la Forêt de Haye, entre Nancy et Toul. Je lui exprime ma gratitude.
  52. Les Américains distinguent deux types d'installations, ce qui complique les négociations de restitution menées avec la Mission de liquidation créée auprès du gouvernement français : les installations démontables et celles qui ne le sont pas, c'est-à-dire les bâtiments et bien sûr les terrains qui appartiennent d'une façon ou d'une autre à la France (certains ne sont pas domaniaux). L' US Army fait ce qu'elle veut des installations démontables : démontage et enlèvement, mise hors service, destruction, vente, abandon en l'état ou sur le terrain après démontage ou destruction. Aussi les ventes aux administrations ou aux particuliers sont-elles éventuellement doubles : une vente officielle par l' US Army à la préfecture de ce qui se démonte et une vente par l'Administration des Domaines des sites avec leurs terrains et les bâtiments qui y ont éventuellement été construits.
  53. Les Américains distinguent deux types d'installations, ce qui complique les négociations de restitution menées avec la Mission de liquidation créée auprès du gouvernement français : les installations démontables et celles qui ne le sont pas, c'est-à-dire les bâtiments et bien sûr les terrains qui appartiennent d'une façon ou d'une autre à la France (certains ne sont pas domaniaux). L' US Army fait ce qu'elle veut des installations démontables : démontage et enlèvement, mise hors service, destruction, vente, abandon en l'état ou sur le terrain après démontage ou destruction. Aussi les ventes aux administrations ou aux particuliers sont-elles éventuellement doubles : une vente officielle par l' US Army à la préfecture de ce qui se démonte et une vente par l'Administration des Domaines des sites avec leurs terrains et les bâtiments qui y ont éventuellement été construits.
  54. La garnison se compose d'une partie du Centre interrégional d'instruction du Service de santé n° 6 (CIISS 6), créé en 1957 - l'autre partie étant à Toul - qui a la garde du drapeau du 94e régiment d'infanterie, unité de tradition de Bar-le-Duc, dissous en juillet 1962 à son retour d'Algérie. Le 94e RI est recréé le 1er septembre 1967 sur l'ancienne base aérienne américaine dite d'Étain-Rouvres à Rouvres-en-Voëvre. Les infrastructures de celle-ci sont beaucoup plus récentes et modernes que celles des casernements de la ville (la caserne Oudinot), mais bien sûr beaucoup trop vastes et peu adaptées aux besoins d'un régiment de l'Armée de Terre française. Le régiment a quitté la garnison d’Étain en 1980.
  55. Compte rendus des séances des 11 juillet 1967, 11 septembre 1967, 18 décembre 1967 et 19 février 1968 de la commission des travaux de la Caisse d'allocations familiales (CAF) de la Meuse ; compte rendu de la séance du 17 juillet 1967 du Conseil d'administration ; procès-verbal de remise des installations américaines de Vassincourt au ministère des Affaires sociales, avec le concours du Service des Domaines, le 2 janvier 1968. Archives de la CAF, Bar-le-Duc. Ces documents m'ont été communiqués par Mme Duffourc.