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Empreinte militaire en Lorraine (09-2015) Antoine Rivault

De Wicri Lorraine
La naissance d’une frontière : le maréchal de Vieilleville et les Trois-Évêchés (1553-1570) .


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Auteur : Antoine Rivault

En 1552, Henri II s'empare des Trois-Évêchés de Metz, Toul et Verdun, choisissant d'élargir le royaume de France à l'Est plutôt qu'en Italie. Si les historiens connaissent assez bien la campagne de 1552 et l’échec du siège de Metz par Charles Quint la même année, l'administration immédiate des Trois-Évêchés reste méconnue. Dès 1553, un gouverneur militaire y est envoyé afin d'administrer au mieux cette nouvelle frontière du royaume, objet de vives tensions avec l'Empereur. Henri II fait le choix d'un homme qu'il connaît bien, issu de la moyenne noblesse de Bretagne et d'Anjou : François de Scépeaux, maréchal de Vieilleville. Vieilleville a laissé des Mémoires dont l'origine reste douteuse et qu'il faut plutôt écarter[1]. Surtout, au hasard de nos recherches sur les gouverneurs de province au XVIe siècle, nous avons retrouvé l'imposante correspondance de ce gouverneur des Trois-Évêchés à la Bibliothèque nationale de France, à la Bibliothèque de l'Institut et aux archives municipales de Metz et Reims[2]. À la lecture de cette correspondance, Vieilleville, qui réside la plupart de son temps à Metz, est un gouverneur de frontière. Pendant 17 ans, il fut un artisan de la difficile construction d'une nouvelle frontière militaire du royaume de France. Son abondante correspondance avec la monarchie illustre par bien des aspects les modalités concrètes de la naissance d'une frontière militarisée en temps de troubles politiques et religieux.

HENRI II ET LES TROIS-ÉVÊCHÉS

1552 : La prise des Trois-Évêchés

Le règne de Henri II (1547-1559) est marqué par un changement de géostratégie pour le royaume de France. Le rêve italien est progressivement abandonné. Le Milanais, véritable « obsession » de Louis XII puis François Ier, est abandonné à Charles Quint. Henri II est aussi beaucoup plus pragmatique que son père et désire des acquisitions territoriales rapides, tenables et durables. Des petits succès, mais des succès, voilà la politique extérieure henricienne. La prise de Metz en 1552 est ainsi à mettre en perspective avec celle de Calais en 1558 qui chasse une bonne fois pour toutes les Anglais du continent. Et le traité de Cateau-Cambrésis (1559), s'il abandonne les prétentions italiennes, permet de conserver ces acquisitions au Nord et à l'Est du royaume. En effet, sous Henri II débute ainsi la longue marche française vers le Rhin. L'expédition de 1552, appelé voyage d'Allemagne ou encore « voyage d'Austrasie » pour rappeler les droits du roi de France dans cette partie de la Germanie issus du lointain prédécesseur Charlemagne, est décidé au conseil royal en 1552. Il est alors fait le choix d'envoyer le meilleur capitaine au service du roi du moment, François de Lorraine, duc de Guise qui a l'avantage d'être Lorrain puisqu'issu d'une branche cadette des ducs de Lorraine passée au service des Valois au début du XVIesiècle[3]. Guise convie ses propres amis de la bonne noblesse du royaume qui viennent en masse de toutes les provinces, même les plus reculées. Cette noblesse en quête de gloire militaire sera mise à dure épreuve lors du siège très meurtrier de la ville de Metz, citadelle jugée imprenable et une des meilleures de l'Empire. Sans s'étendre sur la prise de la ville, cet épisode ne constitue qu'une partie des combats. L'essentiel se déroule lors de la défense de la ville par les Français face au nouvel assiégeant, impérial cette fois-ci.

L'envoi de Vieilleville à Metz : un choix militaire

En effet, la prise de Metz par Guise est très mal vécue par l'empereur Charles Quint. Ce francophone dont le désir le plus ardent est d'être inhumé dans la nécropole des ducs de Bourgogne, ses aïeux, à Dijon, reste très attaché à ces territoires qui font la jonction territoriale entre la Franche-Comté et les Pays-Bas. L'évêché de Metz fait ainsi partie du camino (le chemin) des troupes espagnoles pour passer dans les Flandres puisqu'il est trop dangereux de passer par l'Atlantique et la Manche alors sous la menace de corsaires français mais aussi des vents et des tempêtes. Pour la France en revanche, Metz et la Lorraine sont des territoires à occuper si l'on veut rompre l'encerclement des Habsbourg[4]. Il faut donc pour le roi que Guise tienne bon devant les troupes de l'Empereur. Minées par les maladies, les armées de Charles Quint doivent lever le siège en 1553. Deux ans plus tard le vieil empereur abdique. Metz reste une des dernières défaites de Charles Quint. Pour Henri II, c'est un heureux début pour son règne de guerre. Les évêchés de Metz, Toul et Verdun sont occupés par les troupes du roi de France et constituent une nouvelle « province » française à laquelle on octroie un gouverneur résidant, vieille pratique des Valois. Après une courte administration par le sieur de Gonnort, un homme se distingue des prétendants. Il s'agit de François de Scépeaux, sieur de Vieilleville et plus tard maréchal de France (1563[5]). Cet homme influent en Anjou et Bretagne[6]aurait pu prétendre au même poste dans cette dernière province mais lui-même et le roi préfèrent Metz car Vieilleville n'y possède aucun client ou parentèle. Ainsi, en 1553, Vieilleville est envoyé en Lorraine[7], pays qui lui est complètement étranger, gage de sa future intégrité[8]. C'est la correspondance de cet homme avec la monarchie d'une part et avec les Messins d'autre part qui constitue la source principale de notre étude. Il s'agit grâce à cette correspondance d'appréhender le quotidien d'un gouverneur qui administre une région de lisière, de frontière militaire avec l'Empire. En effet, Vieilleville est un gouverneur très proche de ses administrés. La majorité de ses lettres est datée de Metz, preuve qu'il y est très souvent. Et quand il n'est pas dans sa place forte, pour des affaires de cour par exemple, il la fait gouverner par son propre neveu, le sieur de Thévalles, lui aussi venu de l'Ouest de la France[9]. Le gouverneur de Metz est ainsi très conscient de son rôle au plus près de la population et sait qu'il ne peut s'absenter de sa ville trop longtemps. Il témoigne par exemple au cardinal de Lorraine qu'il « ne puis sortyr d'icy »[10]. Signalons toutefois que Vieilleville fut à plusieurs reprises pendant les guerres de Religion commissaire aux édits de pacification, en 1563 en Normandie, en 1564 à Lyon, en 1565 en Poitou[11]et en 1570 en Auvergne[12]. En tant que maréchal de France il commanda aussi à plusieurs reprises des contingents de l'armée royale comme en Centre-Ouest en 1568-1569 ce qui l'absenta parfois de Metz. De plus, Vieilleville est gouverneur de trois places fortes qui ne sont pas reliées géographiquement entre elles. Il fait parfois quelques apparitions à Verdun[13] ou à Toul mais le siège de son gouvernement se trouve véritablement à Metz et il délègue le pouvoir dans ces deux autres villes à des lieutenants, comme François de Boucard[14] puis Jean de Losse[15] à Verdun. À Toul, c'est un agent des Guise, Olivier de Gesdon, sieur d'Esclavolles, qui commandait[16]. Tout comme Vieilleville, ces trois hommes ne sont pas Lorrains. Ainsi, c'est un réel choix militaire de la part de la monarchie d'envoyer Vieilleville et ses adjoints dans les Trois-Évêchés, quand dans d'autres provinces réputées acquises et paisibles est privilégié le choix d'individus qui en sont originaires et bien possessionnés[17]. Vieilleville est le stéréotype du gouverneur de guerre envoyé dans une province à défendre, comme ce fut le cas également en Piémont[18].

LES TROIS-ÉVÊCHÉS : UN POSTE AVANCÉ EN TERRE D'EMPIRE

Un plan contre les Habsbourg

Au début, les Trois-Évêchés lorrains ne sont pas vus comme une frontière à proprement parler. La frontière orientale du royaume de France reste la Champagne ou la Bourgogne[19]. La correspondance de Vieilleville avec le duc de Nevers, gouverneur de Champagne, montre bien que la véritable frontière se trouve à Châlons[20]. Les petits territoires lorrains sont davantage vus comme un poste avancé en terre d'Empire qui peut permettre de futures expéditions. C'est aussi un moyen assez sûr de protéger la Lorraine ducale, alors alliée et nettement sous influence française depuis le règne du duc Antoine (1508-1544). En 1554, Vieilleville rapporte au roi qu'il use depuis Metz de toute son influence au-delà de la Moselle. Il est en relation avec l'évêque de Strasbourg et protège les hommes du roi envoyés jusqu'à Francfort[21]. De plus, il ne faut pas croire que les Français se limitent précisément aux frontières des évêchés. Dans une lettre, Vieilleville parle ainsi de son entreprise réussie sur Thionville et déborde alors largement de son gouvernement jusqu'à Pont-à-Mousson[22]. Mais Vieilleville doit aussi faire face aux nombreuses incursions impériales en Lorraine. En 1558, il craint par exemple une entreprise de soldats allemands à « Marsault » et fait assembler toutes les troupes de Metz et Verdun pour les repousser[23]. Car ce poste avancé en terres d'Empire est longtemps un sujet de tensions avec les Impériaux qui ne désespèrent pas de reprendre Metz, même après la paix de 1559[24].

Depuis Metz, Vieilleville doit donc remplir également un rôle diplomatique. Il avait déjà été ambassadeur en Angleterre pour Henri II en 1547-1548. Bon diplomate, il est ainsi souvent employé comme ambassadeur pour les relations avec les princes de l'Empire. Avec le cardinal de Lénoncourt et l'évêque de Vannes, Marillac, il représente le roi de France en Allemagne[25]. En 1554, Vieilleville assiste par exemple le duc de Guise et atteste de ses relations avec le comte Rhingrave[26]. Il envoie aussi des hommes, probablement des espions, en terre d'Empire, même si beaucoup n'osent pas dépasser Strasbourg[27]. Il cherche également des informations en Lorraine comme ce marchand de Pont-à-Mousson qui le renseigne souvent même si le gouverneur avoue : « il m'a semblé à veoir sa lettre que c'est un grand causeur et qui à mon advis en dict plus qu'il n'en scait. Je le feray toutesfois tousjours entretenir pour veoir si l'on en pourra tirer quelque meilleur service »[28].

Ainsi, les Trois-Évêchés sont au centre de la stratégie française en terre d'Empire. Vieilleville use d'espions et est quasiment un agent diplomatique. Mais la tâche qui l'ccupe quotidiennement est avant tout militaire. Il s'agit de la bonne gestion des garnisons qui défendent son territoire.

Des garnisons aux confins du royaume : de dures conditions de vie

Ce qui frappe dans la correspondance de Vieilleville, c'est la très forte présence militaire à Metz. La ville est voulue comme une forteresse qui protège le royaume à ses confins. Quand certaines « bonnes villes de France »[29] sont exemptées de logement de soldats, Metz accueille en moyenne 600 hommes armés en permanence, ce qui est considérable[30]. Quant à la plus modeste ville de Verdun, elle accueille au minimum 400 soldats[31]. Certaines villes françaises se plaignent parfois pour une cinquantaine de soldats tant est mal vécue la présence militaire en milieu urbain. Il faut dire qu'en l'absence de casernes, les soldats logent chez l'habitant.

Dès son arrivée à Metz, Vieilleville décide donc de bâtir une imposante citadelle à Metz et s'appuie sur les ingénieurs du roi, au point des techniques italiennes de fortification, réputées les meilleures. Il écrit au connétable de Montmorency :

« Je fais tousjours continuer nos ouvraiges entre la porte des Allemans et celle de Mazelle, j'espère que dedans Pasques j'auray achevé la contrescarpe, le rempart et le fossé, qui sera bien des plus beaux que l'on voye. Et s'il y avoyt ung boulevart a ladite porte des Allemans, ce costé là ne seroit point assaillable […] mais je vouldrois bien premier que de y commancer qu'il vous pleust de m'envoyer quelque bon ingenyeur pour ung moys, car vous savez très bien que je n'en ay jamais eu depuis que je suis icy… »[32].

Cependant, les travaux sont toujours en cours dix ans plus tard[33]. Pour sa nouvelle citadelle, le gouverneur ne lésine pas à la dépense et trouve des prêteurs de fonds jusqu'à Strasbourg[34]. Des pièces d'artillerie sont montées en grand nombre et des maîtres d'artillerie viennent de tout le royaume[35]. Vieilleville est bien décidé à conserver sa place.

Si l'on se penche sur l'origine géographique des soldats présents à Metz on s'aperçoit que la majorité des noms présents sur les rôles (c'est-à-dire les montres en armes ou en robe) sont originaires du Nord de la France : ils viennent de Picardie, Champagne, Bourgogne ou Île-de-France[36]. Notons également la présence de soldats venus de Gascogne, réputés bons soldats. Des mercenaires italiens sont également présents en 1558[37]. Quant à la compagnie de cavaliers lourds de Vieilleville, ses gendarmes, ils sont majoritairement recrutés en Bretagne, province où il dispose d'une bonne assise féodale[38]. Pour ces soldats, dont très peu sont Lorrains donc, la garnison messine est vécue comme un confins du royaume au climat rude dont peu sont habitués[39]. L'accès à la citadelle de Metz n'est pas aisé pour les troupes. En effet, la ville est ceinte par les terres du duc de Lorraine. À travers la correspondance du gouverneur Vieilleville, on peut aisément percevoir la rudesse des conditions de vie des soldats présents. Par exemple, en 1567, il écrit au roi : « Nous avons faict faire la monstre de nos gens de guerre que j'ay trouvez fort povres »[40].

Vieilleville tient pour responsables la « grande cherté » de vie à Metz, le non paiement de ses soldats (cela fait cinq mois qu'ils n'ont pas reçu leur solde, et ce ne devait pas être le seul retard). Les désertions sont si nombreuses que le gouverneur doit recruter des soldats au Luxembourg. Une autre lettre roi va dans le même sens et Vieilleville explique que des hommes viennent souvent à Metz proposer d'autres emplois militaires aux soldats de la garnison[41]. Quand l'argent du roi n'est toujours pas au rendez-vous, c'est la peste qui mine le moral des soldats qui, selon Vieilleville, « veullent quitter » leur garnison[42]. Il écrit au roi quelques jours plus tard :

« Sire, la peste continue tousjours bien fort en ceste ville qui me faict vous supplyer très humblement vouloir ordonner qui me soict envoyé ung moys pour le payement de noz soldatz et cinq ou six mil francz pour accomoder ce qui est necessaire de faire a la citadelle et avec cela et l'empruntz que je faitz en ceste ville j'entretiendray les soldatz par prestz jusques à la fin de janvier, autrement il me sera mal aisé de retenir lesdits soldatz qui ozent tous les jours dire que ceulx qui sont en campaigne se font riches, et aussy pour éviter le danger de la maladye qui est en ceste ville »[43].

Ainsi, certains soldats estiment qu'il est plus difficile de vivre en garnison qu'en « campagne ». Mal payé par la monarchie, le gouverneur est obligé d'emprunter de l'argent à de riches bourgeois messins. Sa correspondance avec la ville montre qu'il pût au moins compter sur les avances des bourgeois[44] alors qu'à Toul le clergé refusait toute imposition du gouverneur pour entretenir les soldats[45].

À Verdun, les désertions sont telles que les soldats sont bien souvent « mal completz »[46]. À Toul, le capitaine de la place, le sieur d'Esclavolles, fait tout pour donner la garnison aux soldats de son propre fils, qu'il considère comme plus disciplinés que les mercenaires étrangers[47]. Mais à Metz, les candidats au service ne sont pas légion. Réputée comme une place de frontière très dure à vivre, ce n'est clairement pas une place prisée et recherchée par les hommes dont les armes sont le métier[48]. À tel point qu'on force parfois des justiciables à choisir entre la prison ou…servir des années ans à Metz. Les lettres de rémission à ce sujet sont des plus éloquentes. Les condamnés ont parfois le choix avec le service militaire en Piémont, autre champ de bataille réputé sanglant et difficile mais dont les volontaires au départ étaient plus nombreux[49]. Ainsi, lorsque deux jeunes frères qui partaient de Bretagne pour l'Italie sont jugés pour un homicide commis sur le chemin (à Fontenay-le-Comte), la peine de mort du sénéchal de Nantes et du parlement de Bretagne se voit commuée en « l'obligation de servir le roi dix ans à Metz »[50]. C'est un moyen comme un autre pour la monarchie de remplir une garnison très peu prisée par les hommes de guerre mais on peut comprendre que le service à Metz a pu parfois être vécu comme une peine de prison pour certains d'entre eux. Et Vieilleville a bien essayé de rendre moins misérable la condition de vie de ses soldats. Il demande par exemple au roi de l'argent pour la construction de maisons individuelles « car la pitié y est si grande que nous avons tous mys la main à nos bourses pour ayder aux plus povres qui ne pouvaient attendre »[51]. Quelques années auparavant, un effort avait été consenti par Catherine de Médicis pour faire acheter pour Metz entre 700 et 800 matelas pour le bon sommeil des soldats qui, jusque là, devaient en effet dormir chez l'habitant[52]. De plus, de plus modestes garnisons doivent tenir le plat pays. Mais là encore, Vieilleville atteste de la mauvaise discipline des soldats. À propos de la garnison de Marsault, il déclare excédé « j'ay tout plain de plaintes de ce cousté là ». Dans la même lettre, il témoigne que faute d'argent, il dût renvoyer les soldats de la garnison de Pont-à-Mousson[53].

Un plat-pays ravagé par les mercenaires étrangers

À l'existence de garnisons françaises dans les villes s'ajoute en campagne la présence de bandes de mercenaires allemands engagés par le roi de France mais qui faute de paiement régulier se servent sur les habitants. En 1558, ces mercenaires ne se tiennent pas aux étapes royales prévues pour eux et assiègent quasiment Verdun. Le lieutenant de Vieilleville à Verdun, François de Boucard, en fait l'amère expérience et rapporte que ces mercenaires font « tous les maulx et meschansetez que les plus malins et cruelz hommes peuvent inventer »[54]. Il faut un dîner entre Boucard et le chef des mercenaires pour calmer la situation, et encore, ce dernier fait-il « grant semblant d'estre beaulcoup nourriz ». La même année, il doit surveiller « certains coquins qui sont dans les boys qui nous font plus d'alarmes que de mal, et toutefoys ilz les font si souvent que je n'ose mener soldatz avec moy comme m'avoit prié ledit sieur de Vieilleville, craignant qu'ilz ne feissent quelques empeschemens aux vendenges, et qu'ilz ne prinssent quelzques bourgeoys allans veoir leurs vignes »[55]. À Toul, le sieur d'Esclavolles atteste du même phénomène écrivant que « ce jourd'huy, environ deux heures après mydy est arrivé devant ceste ville le marquis Albert [de Brandebourg] avec son armée, lequel incontinant a visité la ville par dehors tout alentour, et est logé aux faulxbourgs de sainct Mausny et ses gens après »[56]. Ayant reçu l'ordre de ne plus fournir ni pain ni vin aux encombrants soldats allemands, Esclavolles craint pour sa ville. À Metz, Vieilleville témoigne du même refus des soldats allemands de suivre l'itinéraire qu'il avait dressé pour eux. Il déclare au duc de Guise :

« Les Rehytres m'ont mandé qu'ils ne veullent poinct prendre le chemin que monsieur de Nevers, monsieur de Vaudémont et moy les avions dresser, et qu'ilz vont droyct à Sainct Mychel et au Pont a Mosson, et de la prendre la Vallée de Sainct Nicollas »[57].

De fait, ces bandes armées sont largement incontrôlables. Ainsi, la situation dans les Trois-Évêchés est loin d'être paisible. Dès l'origine de l'installation française dans les années 1550, ces agrégats de territoires, véritables postes avancés en terre d'Empire, sont des lieux d'affrontements, d'escarmouches, et d'intense présence militaire, très mal vécue par la population. Mais la paix du Cateau-Cambrésis (1559) ne met pas fin aux troubles. Dès les années 1560, ce sont les divisions confessionnelles qui préoccupent de plus en plus le gouverneur Vieilleville.

LES GUERRES DE RELIGION

Vieilleville et les huguenots

Au tournant des années 1560, le royaume de France est largement divisé entre catholiques et huguenots. L'Est du royaume est loin d'être épargné par les divisions confessionnelles. Si les Trois-Évêchés et la Lorraine en général ne sont pas considérés comme des territoires de forte implantation calviniste, des temples protestants sont pour autant érigés. Metz compte même plusieurs pasteurs, ce qui n'est pas pour apaiser les catholiques de la ville. Dans ce contexte de troubles religieux, le seigneur de Vieilleville est un personnage d'apaisement. En effet, quand surviennent des heurs entre catholiques et protestants, le gouverneur est celui qui peut apaiser les tensions. En 1558, Vieilleville expulse par exemple un prédicant hors de la ville « après luy avoir remonstré ses faultes et semblablement à une partie de ses auditeurs »[58] . Vieilleville use ici de dialogue et de pédagogie à l'encontre des protestants messins.

Néanmoins, il s'agit ici de la population messine. Qu'en est-il lorsque des membres dirigeants sont suspectés de calvinisme ? Un cas remarquable dans les Trois-Évêchés mérite d'être relevé. Depuis 1552, le gouverneur de Verdun est François de Boucard cité plus haut. Gentilhomme efficace, il administra bien sa place durant le règne d'Henri II. Mais au début des troubles religieux, il est suspecté de calvinisme. Il s'en serait pris à des clercs à Verdun et entré en conflit avec l'évêque de la ville, Nicolas Psaume[59]. Profitant de son âge avancé ainsi que de sa foi douteuse, la monarchie décide de le remplacer par un autre soldat, Jean de Losse. Et Vieilleville semble n'être pas étranger à une telle nomination. Boucard deviendra par la suite un agent du prince de Condé et bien implanté dans le parti huguenot[60].

Le gouverneur Vieilleville est ainsi extrêmement vigilant quant à la confession de ses subordonnés. Mais c'est avant tout un gouverneur de dialogue, l'éviction de Boucard n'a, semble t-il, pas posé de problème de fond et son grand âge pesa dans la balance. Vieilleville fut lui-même à plusieurs reprises un commissaire de la pacification et c'est réellement un homme de conciliation entre les deux confessions plutôt qu'un belliqueux. Jérémie Foa a bien montré que le maréchal de Vieilleville, commissaire de la paix, était tout dévoué à la politique de paix de Catherine de Médicis, à tel point qu'un ambassadeur espagnol le décrit comme huguenot[61]. En 1568, il correspond avec un Strasbourgeois sur les questions de foi en France en dans l'Empire[62] . Mais davantage que les divisions internes aux Trois-Évêchés, Vieilleville a un rôle conséquent dans la gestion de la frontière face aux protestants allemands venus prêter main forte aux calvinistes français.

La Moselle, une nouvelle frontière confessionnelle ?

Surtout qu'à Metz, la menace est réelle. En effet, les protestants français – et surtout leur chef, l'amiral de Coligny – décident de faire appel aux « reîtres » allemands pour les renforcer dans leur combat pour la Cause calviniste. Ces soldats mal disciplinés qui pillent et rançonnent les terres par lesquelles ils passent transitent assez logiquement par la Lorraine. Le duc de Lorraine se contente de les surveiller de loin et c'est à Vieilleville qu'il incombe bien souvent d'empêcher que ses bandes armées ne passent la Moselle. Dans sa correspondance, il est sans cesse fait mention de ces reîtres et de la mission de Vieilleville de surveiller « la rivière » (la Moselle), véritable frontière militaire. En 1568, il se désole auprès de Catherine de Médicis de n'avoir aucune réponse à ses lettres. En effet, un chef protestant, le prince de Condé est venu engager des troupes allemandes du duc Jean Casimir du Palatinat qui sont déjà dans Pont-à-Mousson prêtes à passer la Moselle[63]. Quelques jours plus tard la situation est des plus confuses. Vieilleville rapporte que le marquis de Baden a déserté les forces de Casimir et s'offre désormais au roi de France, moyennant finances. Pendant ce temps, Jean Casimir, parti du Pont-à-Mousson passe tranquillement en revue ses troupes près de Verdun, sans rencontrer grande résistance[64]. Vieilleville fait alors face à l'éternel problème des troupes allemandes qui passent d'un camp à l'autre, sans grande cohérence sur le plan politico-religieux[65]. Déjà en 1567, il recevait dépité la « démission » du comte de Salm, un autre chef de bande[66]. Ainsi, Vieilleville est ses hommes s'emploient-ils à surveiller quotidiennement la Moselle. Au plus fort de la deuxième guerre de Religion (1567-1568), il renoue avec sa pratique d'espionnage en Allemagne. Ses espions lui apportent bien souvent des nouvelles des reîtres en Allemagne[67]. Pourtant, les entreprises de Vieilleville restent bien souvent inefficaces car en 1568-1569, lors de la troisième guerre de Religion, les troupes allemandes du duc des Deux-Ponts (Zweibrücken) rejoignent sans grande résistance les troupes réformées de l'amiral Coligny jusqu'en Périgord. La frontière militarisée à marche forcée depuis 1552 reste par bien des aspects encore bien trop poreuse.

CONCLUSION

Ainsi, François de Scépeaux, sieur de Vieilleville est un gouverneur de frontière. Étranger à la Lorraine, son action réside avant tout dans la gestion du complexe appareil militaire français. Son territoire est mal défini et est avant tout pensé comme un avant-poste français en terre d'Empire censé rompre le camino espagnol qui chemine de Milan et la Franche-Comté au Pays-Bas espagnols. La citadelle de Metz apporte une présence militaire conséquente dans la ville. La vie de garnison est mal vécue tant par la population que par les soldats eux-mêmes. Vieilleville dût sans cesse veiller au bon paiement de ses soldats ou à leur qualité de vie plus que modeste. Face aux désertions, le gouverneur fait appel à des repris de justice. Et le plat-pays n'est pas épargné par les bandes de mercenaires. Au tournant des années 1560, c'est une nouvelle frontière qui surgit dans les Trois-Évêchés, confessionnelle cette fois-ci. La Moselle apparaît à bien des égards comme le dernier rempart contre « l'invasion » allemande protestante. La correspondance du gouverneur et de ses subordonnés reste une source originale à plus d'un titre pour appréhender le quotidien d'un territoire de frontière entre États et armées[68]. En une rapidité hors norme, ces trois petits évêchés sont devenus des territoires ultra militarisés en situation de confins, de lisière du royaume de France. Le sieur de Vieilleville apporte ainsi un témoignage original sur un moment de « naissance » d'une frontière militaire.


NOTES

  1. Mémoires de la vie de François Scépeaux, sire de Vieilleville, Nouvelle collection de Mémoires pour servir à l'Histoire de France, pub. par Michaud et Poujoulat, Paris, 1838, Ière série, t.IX. Nous faisons le choix délibéré d'écrire cet article sans se référer aux mémoires de Vieilleville qui sont plus qu'incohérentes.
  2. Notons également que la Pierpont Morgan Library de New-York conserve deux documents de Vieilleville : Literary and Historical Manuscripts (LHMS), Misc French marshals, n°119428 : Vieilleville au duc de Guise, 6 novembre 1557 ; n°119429 : sauf-conduit signé de Vieilleville, 17 juillet 1560.
  3. Éric Durot, François de Lorraine, duc de Guise, entre dieu et le roi, Paris, Garnier, 2012, 884 p.
  4. « Casser » l'encerclement géographique des Habsbourg est une constante dans la pensée géostratégique française de la première modernité. Il s'agit avant tout de rompre le chemin des troupes espagnoles à l'Est de la France. Sous Louis XIII, l'affaire de la Valteline s'inscrit dans la même optique.
  5. BnF, Pièces Originales 2661, n°20
  6. Sa famille est originaire d'Anjou et cultive les parentés dans un grand Ouest de la France, en Bretagne (il s'allie aux Espinay) mais aussi en Normandie (sa grand-mère est une Estouteville ce qui le lie au comte de Saint-Pol, favori de François Ier), BnF, P.O. 2661, généalogie des Scépeaux. Dans les années 1530, Vieilleville fut lieutenant de la compagnie de gendarmes de Jean de Laval-Châteaubriant, gouverneur de Bretagne de 1531 à 1543.
  7. Des lettres d'Henri II qui lui donnent de très larges pouvoirs à Metz sont conservées dans son fonds familial : AD Maine-et-Loire, E 3940. Voir aussi BnF, P.O. 2661, n°10.
  8. Sont conservées aux archives de Metz, les quittances pour ses gages reçus de la monarchie en tant que gouverneur des Trois-Évêchés : AM Metz, EE 18. Une autre quittance aux Archives Nationales : K 92, n°17, 7 décembre 1558 mais il s'agit de sa compagnie de gendarmes.
  9. AM Metz, EE 19, f°2 : Vieilleville aux Messins, Moulins, 22 janvier 1566. Vieilleville se trouve alors à Moulins avec la cour.
  10. BnF, Ms. Fr. 15543, f°22 : Vieilleville au cardinal de Lorraine, Metz, 14 novembre 1567.
  11. BnF, NAF 6001, f°78 : Charles IX à Vieilleville [s.l., s.d.].
  12. À ce sujet, voir l'article sur Vieilleville de Jérémie Foa, « La « pacification de la paix » ? La mission du Maréchal de Vieilleville à Clermont en Auvergne (1570)», Bulletin de la Société de l'Histoire du Protestantisme Français, vol. 151, n°2, 2005, p. 231-264.
  13. AM Metz, EE 19, f°5 : Vieilleville aux Messins, Verdun, 29 mars 1568.
  14. Boucard est lui aussi un étranger à la Lorraine. Ce gentilhomme du Berry est à la tête de Verdun pendant tout le règne d'Henri II mais est ensuite remplacé par le périgourdin Jean de Losse, seigneur de Bannes, capitaine du Louvre et des gardes écossais et plus tard lieutenant général en Périgord. Quelques lettres de Boucard au duc de Guise : BnF, Ms. Fr. 6632, f°23, Verdun, 21 mai 1558 ; BnF, Ms. Fr. 3141, f°32, Verdun, 17 septembre 1558 ; f°34 ( à Henri II), Verdun, 17 septembre 1558 ; BnF, Ms. Fr.
  15. Bibl. de l'Institut, Ms. Godefroy 257, f°179 : Vieilleville à Charles IX, Metz, 15 janvier 1567.
  16. BnF, Clair. 346, f°20 : Esclavolles à Montmorency, Toul, 14 octobre 1552 ; f°234 : Esclavolles au duc de Guise, Toul, 16 février 1553 (ou 1554) ; f°300 : Esclavolles au duc de Guise, Toul, 3 juin 1553. Esclavolles est issu de la noblesse de Champagne, fidèle aux Guise. Il est ainsi également capitaine de Saint-Menehould à la frontière champenoise, son commandement à Toul est bien le prolongement de son action frontalière en Champagne (AD Côte-d'Or, B 4134, gages d'Esclavolles, gouverneur de Saint-Menehould, conseiller du roi, bailli de la Montagne).
  17. De nombreux exemples en Bretagne, Normandie ou Guyenne.
  18. Les sieurs de Bourdillon et de Brissac, envoyés en Piémont étaient aussi étrangers à la province qu'ils gouvernaient que ne l'était Vieilleville à Metz.
  19. Laurent Bourquin, Noblesse seconde et pouvoir en Champagne, aux XVIe et XVIIe siècles, Paris, Publications de la Sorbonne, 1995, 333 p.
  20. BnF, Ms. Fr. 23192, f°183 : François de Clèves, duc de Nevers, au duc de Guise, Châlons, 18 novembre 1558.
  21. AM Reims, Collection Tarbé, carton IX, n°52 : Vieilleville à Henri II, Metz, 18 mars 1554.
  22. BnF, Ms. Fr. 23192, f°171 : Vieilleville au duc de Guise, Metz, 17 novembre 1558.
  23. BnF, Ms. Fr. 3141, f°34 : Boucard à Henri II, Verdun, 17 septembre 1558.
  24. C'est le sens d'une lettre de Catherine de Médicis au sieur de Gonnord en 1563 qui évoque les entreprises d'Allemagne pour reprendre les Trois-Évêchés : Lettres de Catherine de Médicis, t. I, p. 549.
  25. BnF, Clair. 346, f°306 : mémoire de Lénoncourt et Vieilleville sur Metz. Sur cet aspect des ambassades de Vieilleville en Allemagne, voir les documents présents dans les Mémoires-journaux du duc de Guise (Nouvelle collection des mémoires pour servir à l'histoire de France, Michaud et Poujoulat, t. VI, Paris, 1839, p. 165-211).
  26. BnF, Clair. 346, f°200 : Vieilleville à Guise, Metz, 2 janvier 1554.
  27. BnF, Clair. 346, f°226 : Vieilleville à Guise, Metz, 11 février 1554. Alors que l'espion avait pour mission d'aller jusqu'aux foires de Francfort.
  28. BnF, Clair. 346, f° 221 : Vieilleville à Montmorency, Metz, 28 janvier [1554].
  29. Bernard Chevalier, Les bonnes villes de France du XIVe au XVIe siècle, Paris, Aubier-Montaigne, 1982, 346 p.
  30. Vieilleville est lui-même à la tête de 500 lances dès 1564 : BnF, P.O. 2661, n°21.
  31. BnF, Ms. Fr. 3141, f°34 : Boucard à Henri II, Verdun, 17 septembre 1558.
  32. BnF, Clair. 346, f°221 : Vieilleville à Montmorency, Metz, 28 janvier [1554].
  33. Bibl. de l'Institut, Ms. Godefroy 257, f°179 : Vieilleville à Charles IX, Metz, 15 janvier 1567.
  34. BnF, Clair. 346, f°221 : Vieilleville à Montmorency, Metz, 28 janvier [1554]. « Ceulx de Strasbourg demandent quelque rente qu'ils ont sur ceste ville, pour quelque argent qu'ils ont par cy devant presté ».
  35. BnF, Clair. 346, f°221 : Vieilleville à Montmorency, Metz, 28 janvier [1554]. Sur l'artillerie, voir aussi BnF, Clair 346, f°200 : Vieilleville à Guise, Metz, 2 janvier 1554. Vieilleville parle de deux pièces d'artillerie montées « en commémoration de l'honneur que vous y avez acquis ». Il fait ici allusion au rôle de Guise lors du siège de 1552.
  36. AN, K 91, n°27 : montre de la garnison de Metz de 270 hommes de pied français et gascons des vieilles bandes, sous le capitaine Salcède, le sieur de Chastillon, amiral de France en est le colonel, Metz, 12 septembre 1554.
  37. BnF, Ms. Fr. 23192, f°147 : les capitaines italiens au duc de Guise, Metz, 15 novembre 1558.
  38. David Potter, Renaissance France at War. Armies, Culture and Society c. 1480-1560, Woodbridge, The Boydell Press, 2008, p. 72 et 83. Ajoutons également que son gendre, Jean d'Espinay, comme son petit-fils, Claude d'Espinay, furent plusieurs fois présents à Metz avec leurs soldats pour défendre la place.
  39. Vieilleville lui-même se plaint des « grandes » neiges « que l'on ne les y a veues jamais telles » : BnF, Clair. 346, f°226 : Vieilleville à Guise, Metz, 11 février 1554. Venu de l'Ouest de la France, il ne devait pas être habitué au climat lorrain.
  40. Bibl. de l'Institut, Ms. Godefroy 257, f°179 : Vieilleville à Charles IX, Metz, 15 janvier 1567.
  41. BnF, Ms. Fr. 15543, f°20 : Vieilleville à Charles IX, Metz, 4 novembre 1567.
  42. BnF, Ms. Fr. 15543, f°25 : Vieilleville à Catherine de Médicis, Metz, 16 novembre 1567.
  43. BnF, Ms. Fr. 15543, f°29 : Vieilleville à Charles IX, Metz, 20 novembre 1567.
  44. AM Metz, EE 19, f°6 : Vieilleville aux Messins, Verdun, 31 mars 1568 ; f°7 : Vieilleville aux Messins, Paris, 15 avril 1568. Ces deux lettres attestent bien de la bonne entente du gouverneur avec ses administrés au sujet du « service » du roi.
  45. Bibl. de l'Institut, Ms. Godefroy 257, f°130 : les habitants de Toul à Vieilleville, Toul, 10 mai 1568.
  46. BnF, Ms. Fr. 3141, f°34 : Boucard à Henri II, Verdun, 17 septembre 1558.
  47. BnF, Clair. 346 : f°234 : Esclavolles au duc de Guise, Toul, 16 février 1553 (ou 1554) ; f° 300 : Esclavolles au duc de Guise, Toul, 3 juin 1553.
  48. Les garnisons de province réputées plus paisibles offrent parfois d'âpres tractations pour obtenir un poste de soldat, dans tout l'Ouest et Sud-Ouest du royaume en général.
  49. AN, JJ 265, f°204 r°, octobre 1567.
  50. AN, JJ 265, f°166 v°, juillet 1567.
  51. Bibl. de l'Institut, Ms. Godefroy 257, f°179 : Vieilleville à Charles IX, Metz, 15 janvier 1567 ; f°114 : Vieilleville à Charles IX, Metz, 17 février 1567.
  52. AD Maine-etLoire, E 3940 : Catherine de Médicis à Vieilleville, Saint-Germain-en-Laye, 25 novembre 1561.
  53. BnF, Clair. 346, f°221 : Vieilleville à Montmorency, Metz, 28 janvier 1554.
  54. BnF, Ms. Fr. 23192, f°218 : Boucard au duc de Guise, Verdun, 21 novembre 1558.
  55. BnF, Ms. Fr. 3141, f°32 : Boucard au duc de Guise, Verdun, 17 septembre 1558.
  56. BnF, Clair. 346, f°20 : Esclavolles à Montmorency, Toul, 14 octobre 1552.
  57. BnF, Ms. Fr. 23192, f°171 : Vieilleville à Guise, Metz, 17 novembre 1558.
  58. BnF, Ms. Fr. 23192, f°169 : Vieilleville à Henri II, Metz, 17 novembre 1558.
  59. Lettres du cardinal Charles de Lorraine (1525-1574), publiées et présentées par Daniel Cuisat, Genève, Droz, travaux d'Humanisme et Renaissance, n° CCCXIX, 1998, p. 440.
  60. En 1568, on retrouve en effet Boucard rentré en Berry à son château de Boucard où il semble s'être retiré des affaires en raison de son âge mais aussi de son adhésion à la foi protestante et semble être devenu un agent du prince de Condé (BnF, Ms. Fr. 15546, f°58 et 60 : Boucard à Charles IX, à Catherine de Médicis, 19 mai 1568). Il rappelle dans ces lettres son bon et ancien service au roi Henri II à Verdun.
  61. Jérémie Foa, Le tombeau de la paix. Une histoire des édits de pacification (1560-1572), Limoges, Presses Universitaires de Limoges, 2015, p. 110-112 : « Plus que tout autre, il [Vieilleville] témoigne de l'art de Catherine de Médicis de transformer ses guerriers en paiseurs » (p. 110-111).
  62. BnF, Ms. Fr. 15545, f°12 : Grabot Salene à Vieilleville, Strasbourg, 3 mars 1568.
  63. BnF, Ms . Fr. 15544, f°3 : Vieilleville à Catherine de Médicis, Metz, 1er janvier 1568.
  64. BnF, Ms. Fr. 15544, f°26 : Vieilleville à Charles IX, Metz, 9 janvier 1568 ; f°27 : Vieilleville au duc d'Anjou Metz, 9 janvier 1568.
  65. David Potter a bien expliqué cela dans son article sur le Rhingrave : « Les Allemands et les armées françaises au XVIe siècle. Jean-Philippe Rhingrave, chef de lansquenets : étude suivie de sa correspondance en France, 1548-1566 », dans Francia - Forschungen zur westeuropäischen Geschichte, première partie : vol. 20/2 (1993), p. 1-20, deuxième partie : vol. 21/2 (1994), p. 1-62.
  66. AM Reims, collection Tarbé, carton X, n°67 : Paul, comte de Salm, à Vieilleville, Nancy, 10 novembre 1567. Salm n'a pas reçu sa pension du roi et en fait le reproche à Vieilleville considérant que c'était son devoir de demander l'argent à Charles IX.
  67. BnF, Ms. Fr. 15543, f°20 : Vieilleville à Charles IX, Metz, 4 novembre 1567.
  68. Au XVIIIe siècle, la correspondance d'un autre gouverneur des Trois-Évêchés, lui aussi issu de l'Ouest de la France, le comte de Belle-Isle, permet de bien comprendre tous les enjeux frontaliers à l'Est du royaume de France. Guillaume Lasconjarias, « « Garder la frontière », Le comte de Belle-Isle dans les Trois Évêchés, de la crise de 1727 à l’ouverture de la guerre de Succession de Pologne », Hypothèses, 1/2005 (8), p. 107-118.


  Pour citer cet article :
Antoine Rivault - La naissance d'une frontière : le maréchal de Vieilleville et les Trois-Évêchés (1553-1570) - Projet Empreinte militaire en Lorraine
Consulté en ligne le <date du jour> - Url : http://http://ticri.univ-lorraine.fr/wicri-lor.fr/index.php?title=Empreinte_militaire_en_Lorraine_(09-2015)_Antoine_Rivault

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