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Empreinte militaire en Lorraine (08-2014) Labrude-Parisot

De Wicri Lorraine
Des empreintes militaires américaines presqu'inconnues de l'époque de la Zone de communication : les dépôts annexes.


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Auteur : Pierre Labrude et Michel Parisot


De 1950 à 1967, la Lorraine a été l'une des principales régions de notre pays où œuvraient les troupes de l'US Army et de l'US Air Force in Europe. Nous connaissons tous les nombreuses infrastructures, généralement vastes et donc bien visibles, qu'elles ont dû abandonner à leur départ : dépôts comme ceux de la Croix-de-Metz à Toul, de la Forêt-de-Haye entre Nancy et Toul, de Woippy au nord de Metz, Chicago et Verdun Textile (dit aussi La Viscose) à Verdun ; hôpitaux comme Jeanne d'Arc à Dommartin-les-Toul ou Desandrouins à Verdun ; bases aériennes de Toul-Rosières, Chambley-Bussières ou Lunéville-Chenevières, pour ne citer que quelques exemples. Mais l'Armée américaine avait aussi besoin d'infrastructures modestes par leurs dimensions comme les stations-relais de son système de télécommunications que de hauts pylônes porteurs d'antennes signalaient de loin à nos regards à Verdun, à Germiny ou à Grand.

Il n'en était pas de même pour les modestes dépôts qui ont été créés très discrètement dans notre pays au début de la décennie 1960, c'est-à-dire assez tardivement. Leurs dimensions réduites, le nombre restreint de leurs bâtiments et l'architecture anodine de ceux-ci ne permettent pas à ceux qui n'ont pas de connaissances particulières de la présence américaine en France de les reconnaître et de les identifier. Ils ont de plus été disséminés dans la campagne lorraine et leur reconversion fréquente en bâtiments agricoles après 1967 n'attire pas l'attention, d'autant que nous ne nous souvenons presque plus de cette présence militaire étrangère qui a cessé il y aura bientôt un demi-siècle. C'est à ces dépôts que ce travail est consacré.

LA CRÉATION DES DÉPÔTS ANNEXES

Au printemps 1961, avant l'édification du Mur de Berlin qui interviendra en août, les Américains savent que des choses se préparent à Berlin et en RDA. D'après Olivier Pottier[1], ils décident de renforcer leur dispositif en Europe, et, en avril, ils demandent au gouvernement français l'autorisation de créer dans notre pays des "points d'approvisionnement" ou "dépôts annexes" qui se situeraient dans un rayon de 35 kilomètres autour d'un dépôt principal, en vue d'y stocker du matériel du Génie "en prévision de cas d'urgence". Neuf terrains sont prévus autour de trois grands dépôts : Saint-Benoît-la-Forêt à côté de Chinon (Chinon Engineer Depot) où de vastes infrastructures ont été construites dans la forêt, La Braconne où existe un important dépôt de matériel (Braconne Ordnance Depot), et la région Nancy-Toul, où se trouvent d'une part le dépôt du Génie de la Croix-de-Metz (Toul Engineer Depot) et d'autre part Nancy General Depot dans la forêt de Haye. Le projet concerne donc ce que les militaires appellent des installations de "desserrement".

Toujours selon Olivier Pottier, qui se fonde sur des documents issus de la Mission centrale de liaison pour l'assistance aux armées alliées (MCLAAA)[2], la réalisation de ces dépôts doit être effectuée par les Américains eux-mêmes entre juillet et décembre 1961. Notre pays accepte de donner suite à la demande américaine, qui s'accroît au cours de l'année. Au début de l'année 1962, la France octroie 28 terrains aux Américains, soit trois fois plus que leur demande initiale, avec des baux de cinq à dix ans, moyennant toutefois les restrictions que ces installations ne doivent pas accueillir de personnels sédentaires, ni abriter des munitions, des mines ou des explosifs.

Les sollicitations américaines portent aussi sur des sites de dispersion d'états-majors, au nombre de huit, et qui concernent tous des villes où des implantations importantes existent. Dans notre région, deux villes sièges d'importantes structures américaines, Verdun et Toul, doivent être dotées d'une telle installation de secours. Nous ne les avons pas identifiées pour l'instant. Peut-être s'agissait t-il d'anciennes fortifications dont elles sont abondamment pourvues.

Comme déjà indiqué, la réalisation de ces infrastructures est confiée à l' US Army elle-même. Il existe en effet dans notre pays des unités du Génie spécialisées dans les constructions. Dans notre région, il s'agit du 97th Engineer Battalion (Construction) dont les compagnies sont réparties entre Verdun (Maginot Barracks), Etain (Etain-Rouvres Air Base puis Sidi-Brahim Barracks), Vassincourt (US Army Hospital) et Dommartin-les-Toul (Jeanne d'Arc US Army Hospital). L'historique de cette unité[3] fait état de la pose de clôtures et de l'installation d'aires et de bâtiments préfabriqués à Graux et Neufchâteau dans les Vosges, et à Void et Lempire-aux-Bois dans la Meuse, plus tôt que ce qu'indique Olivier Pottier : en 1960 et sans doute au premier semestre de cette année. L' US Army a t-elle anticipé la décision française comme elle sait le faire quand elle est pressée ? Pour Graux, il s'agit du terrain connu aussi sous l'appellation "Martigny-les-Gerbonvaux" comme nous le verrons, cependant que pour Neufchâteau existe une incertitude, qui sera elle aussi évoquée plus loin.

LA LOCALISATION DES INSTALLATIONS EN LORRAINE

Fichier:Image-Empreinte militaire en Lorraine (08-2014) Pierre Labrude -la carte de la région .jpg
Figure 1 : la carte de la région figurant sur le site US Army in Germany. Modifié et avec l'autorisation de M. Walter Elkins, responsable du site, que les auteurs remercient.

C'est grâce à une carte[4] présente sur le site internet US Army in Germany[5], qu'il a été possible de localiser certains - et sans doute la plupart - de ces dépôts annexes établis en Lorraine.

Cette carte constitue assurément une énigme pour qui ne connaît pas l'existence de ces infrastructures très modestes. En effet, à côté des noms des localités où elles se trouvent, indiqués sans autre commentaire, figurent ceux de dépôts importants et connus comme Toul Activity et US Army General Depot Nancy, comme Essey-et-Maizerais près duquel se trouve le dépôt de carburants de l'oléoduc qui vient de Donges, ou comme Sampigny où se situe le dépôt d'armes chimiques occupant une partie de l'ancien quartier de cavalerie Harville. Ces localités, rangées ci-dessous par ordre alphabétique, et où nous ne connaissions pas de dépôt américain, sont :

  • en Meurthe-et-Moselle : Azelot, Colombey-les-Belles, Doncourt-les-Conflans et Tantonville ;
  • dans la Meuse : Amanty et Void (Void-Vacon) ;
  • et dans les Vosges : Bouzainville, Graux/Martigny-les-Gerbonvaux et Rouceux.

Notons qu'aucun de ces dépôts ne se trouve en Moselle.

Ces sites, d'après les visites que nous y avons faites et les renseignements que nous avons pu obtenir, constituent selon nous les lieux d'implantation des dépôts annexes demandés par les Américains en 1961 et attribués par la France en 1962. Plusieurs d'entre eux sont ou ont été des terrains d'aviation, soit en 1914-1918 (Amanty), soit de l'Armée de l'Air française en 1939-1940 (Amanty, Azelot et Martigny-les-Gerbonvaux), soit de l' US Army Air Force en 1944-1945 (Doncourt sous le nom de Conflans-en-Jarnisy : A-94, et Tantonville : Y-1)[6].

Les terrains d'Azelot et de Doncourt sont encore actuellement utilisés pour l'aviation de loisir. Il nous a été indiqué à l'aéroclub d'Azelot que les constructions américaines ont été détruites à l'occasion de la réalisation de hangars neufs, et une photographie témoigne de leur présence[7].

Fichier:Fichier-Image-Empreinte militaire en Lorraine (08-2014) Pierre Labrude -les installations d'Azelot .jpg
Figure 2 : les installations d'Azelot (photographie communiquée par l'aéroclub à Pierre Labrude en 2008).

Par contre, nos recherches et les questions que nous avons posées n'ont pas permis de localiser les installations de Doncourt. Peut-être ont-elles également été détruites à l'occasion de la construction de nouveaux hangars.

Certains sites n'ont pas été retrouvés, soit parce qu'ils ont pu disparaître, soit parce que les localisations fournies par la carte précitée[8] sont trop imprécises. C'est le cas de Bouzainville dans le département des Vosges.

À l'opposé, les installations présentes à Colombey-les-Belles et Tantonville en Meurthe-et-Moselle, Graux/Martigny dans les Vosges, et Amanty dans la Meuse ont été aisément localisées. Celle de Void, dans le même département, a été trouvée après quelques difficultés. Nous présentons ci-après des photographies de ces installations pour lesquelles, hormis le nom de la commune où elles se trouvent, nous ne signalerons pas la localisation précise par discrétion vis-à-vis de leurs propriétaires qui les utilisent professionnellement.

L'ASPECT ACTUEL D'UN DE CES DÉPÔTS

Nous avons rencontré le propriétaire de l'un de ces dépôts qui nous l'a présenté et fait visité en nous expliquant ce qu'il savait de son histoire. Trois constructions se trouvent en bordure d'une route et d'un chemin : deux hangars métalliques connus sous le nom de Quonset Huts, de grande dimension et dotés d'un éclairage électrique[9], et une sorte de "shelter" métallique cubique[10], comme les camions en transportent fréquemment aujourd'hui, mais pourvu de portes et de fenêtres dotées de moustiquaires comme la plupart des bâtiments militaires américains. L’ensemble se trouve sur un terrain de deux ou trois hectares, encore assez dégagé aujourd’hui, mais dépourvu actuellement de toute clôture.

Fichier:Image-Empreinte militaire en Lorraine (08-2014) Pierre Labrude -un des hangars appelés Quonset Hut à Graux .jpg
Figure 3 : un des hangars appelés Quonset Hut à Graux (photographie Pierre Labrude).

Les Quonset Huts[11] sont des hangars hémicylindriques constitués ici d'une base en maçonnerie jusqu'à une hauteur d'environ un mètre, et pour le reste d'une structure métallique. Une grande porte, par laquelle passe aisément un camion, s'ouvre à chaque extrémité. L'ensemble fait approximativement 15 mètres de longueur, et la moitié en largeur et hauteur. Un dispositif d'aération est présent au dessus des portes. La couleur initiale, aujourd'hui passée ou dissimulée sous une couche de peinture plus récente, est jaune-brune. Les faces planes des extrémités sont beiges ou jaunes. Plusieurs lampes, typiquement américaines de l'époque (1950 à 1970), éclairent l'intérieur, et des poteaux électriques jalonnent encore quelquefois le terrain, comme à Amanty.

Ces constructions sont généralement au nombre de deux par dépôt et sont disposées l'une derrière l'autre à quelques mètres de distance. Elles peuvent aussi être côte à côte comme le montre la photographie d'Azelot[12]. Il en est de même à Tantonville. Par contre il n'en existe qu'une, à moins que l'autre n'ait été détruite, à Colombey-les-Belles[13]

De tels hangars se trouvent aujourd’hui abondamment dans notre pays en milieu civil, et certains portent la marque de leur passé militaire. L'Armée française, en particulier de l'Air, en a installé un grand nombre sur ses bases et il en subsiste encore.

Fichier:Image-Empreinte militaire en Lorraine (08-2014) Pierre Labrude -le shelter d'habitation de Graux .jpg
Figure 4 : le shelter d'habitation de Graux (photographie Pierre Labrude).

Selon le propriétaire de ce site, le "shelter" présenté ci-dessus[14] constituait le logement de trois militaires américains qui assuraient la garde et l'entretien des installations. Ils étaient, selon lui, ravitaillés et relevés par hélicoptère, et c'est pour cette raison que le site est suffisamment vaste et dégagé. Un tel "shelter" est visible dans plusieurs de ces dépôts mais pas partout. Compte tenu de ses dimensions, il est facile à déplacer, cependant que son emploi à titre de logement et donc son ameublement ne le rendent pas indispensable pour un usage civil. Ceci peut expliquer son déplacement et sa disparition.

Les photographies ci-dessous[15], montrent quelques installations dans leur état actuel.

Fichier:Image-Empreinte militaire en Lorraine (08-2014) Pierre Labrude -le dépôt d'Amanty dans la Meuse .jpg
Figure 5 : le dépôt d'Amanty dans la Meuse (photographie Pierre Labrude).
Fichier:Empreinte militaire en Lorraine (08-2014) Pierre Labrude - un des deux Quonset Huts du dépôt de Void .jpg
Figure 6 : un des deux Quonset Huts du dépôt de Void (photographie Pierre Labrude).
Fichier:Empreinte militaire en Lorraine (08-2014) Pierre Labrude -le Quonset Hut de Colombey-les-Belles .jpg
Figure 7 : le Quonset Hut de Colombey-les-Belles (photographie Pierre Labrude).

Pour ce qui est du site vosgien de Rouceux, indiqué sur la carte[16], il s'agit très clairement du "Fort de Rouceux". Ce nom, "Rouceux", figure seul ou accompagné de celui de Neufchâteau dans les archives, à l'occasion de la restitution à notre pays des biens et installations mis à la disposition des Américains[17], la commune de Rouceux ayant fusionné avec celle de Neufchâteau en 1965. La mention figurant sur la carte est dépourvue d'ambiguïté : les Américains ont bénéficié des installations du fort dit "de Bourlémont", indiqué aussi quelquefois sous le nom "de Rouceux", bien qu'il ne soit sur le ban d'aucune de ces deux communes.

Ce point sur ce dépôt est l'occasion de rappeler que les Américains ont souvent réutilisé des sites qu'ils avaient fréquentés à l'occasion de leur présence en France pendant et peu après la Première Guerre mondiale ; Amanty en est un exemple. Le fort de Rouceux leur avait alors servi de camp de prisonniers. Toutefois, cet usage du fort par l' US Army après la Seconde Guerre mondiale n'est aucunement mentionné par l'association qui y organise actuellement des visites, ni dans l'article sur l'ouvrage récemment paru dans un livre sur Neufchâteau[18]. Par ailleurs, au cours d'une visite effectuée par Pierre Labrude sur le site, il n'a pas pu y entrevoir la présence de la peinture vert pâle que l'Armée de terre américaine utilisait dans toutes les installations anciennes qui lui étaient dévolues et qu'elle remettait en état au début des années 1950. La réponse n'est donc pas encore définitive.

La carte de la figure 1 ne mentionne pas Verdun. Pourtant il a aussi existé un petit dépôt, identique à ceux précédemment décrits, près de Verdun, très exactement à Lempire-aux-Bois. Ce dépôt n'existe plus mais les restitutions d'installations[19] en font état. Il était situé entre Landrecourt et Lempire, communes qui ont aujourd'hui fusionné, du côté droit de la route, derrière un terrain bosselé qui avait dû servir pour entreposer des munitions. La construction de l'autoroute A4 a nécessité la destruction de ce dépôt qui comportait les deux hangars habituels. Nous savons aussi qu'il y existait un "shelter", qui a été ultérieurement réutilisé sur la base de loisirs de Sommedieue, ainsi qu'une photographie du journal régional l'a montré. Enfin, sur une carte que nous possédons des installations américaines à Verdun[20], le site de Lempire est désigné sous le nom de Lempire Off Depot Storage Site et il nous a été indiqué qu'il abritait du matériel divers et des véhicules.


Fichier:Empreinte militaire en Lorraine (08-2014) Pierre Labrude - le fragment de la carte des installations américaines de Verdun .jpg
Figure 8 : le fragment de la carte des installations américaines de Verdun montrant le dépôt de Lempire en bas (collection particulière).

RÉFLEXIONS SUR CES PETITES INFRASTRUCTURES

Olivier Pottier[21] a cité la distance qui devait séparer les grands dépôts - pour nous de Nancy et de Toul - et leurs annexes : 35 kilomètres. A-t-elle été respectée ? La réponse n'est pas univoque. Elle est positive pour la majorité des sites, mais non pour Doncourt, pour Bouzainville et pour Rouceux. Cette clause a dû dépendre des emplacements et des caractéristiques des terrains que l'US Army a pu obtenir en location.

Ces petits dépôts, dont la construction est envisagée au cours de l'année qui a vu s'édifier le Mur de Berlin, n'ont bien sûr pas manqué de susciter des interrogations, comme tout ce qui est mystérieux… Quand la question du contenu de ces hangars est évoquée avec des anciens employés français de l'US Army ou des personnes habitant le voisinage, il est classiquement rapporté qu'ils abritaient des pièces de fusées et d'armes nucléaires ou chimiques, mais aussi plus simplement de l'outillage et des véhicules, plus prosaïquement même, des rations de combat.

Il est sûr que la question de la présence en France d'armes nucléaires américaines pendant cette période est un sujet classiquement débattu et sans réponse précise pour le commun des mortels. Le dépôt de munitions du Rozelier, près de Verdun et dans la zone dont il est question ici, est classiquement présenté comme ayant été le lieu de stockage de tels engins ou charges. L'ancien quartier de cavalerie Harville à Sampigny, dont le nom figure sur la carte, était dévolu au stockage d'armes chimiques qui ont ensuite été transférées à Verdun dans Verdun General Depot, c'est-à-dire l'ancienne usine de la société Verdun Textile qui est actuellement l'Espace Doumenc[22], rue de l'Etang bleu. Les Anciens rapportent aussi la présence de fusées dans le dépôt de la Forêt de Haye à Nancy.

Pour sa part, à l'appui de la réalisation de ces dépôts, Olivier Pottier cite un document précis de la MCLAAA1 et mentionne que ces dépôts ne devaient contenir ni munitions ni mines ni explosifs. Il n'y a aucune raison de ne pas croire ce qu'il écrit, et, de toute façon, il est trop tard aujourd'hui pour enquêter…

LE DEVENIR DE CES INSTALLATIONS APRÈS 1967

Après le départ de l'Armée américaine en 1966-1967, ces installations modestes ont été restituées à notre pays ainsi que les archives le mentionnent[23]. Mais, si les terrains appartenaient à la France - mais pas forcément à l'État car certaines parcelles avaient pu être réquisitionnées avant la Seconde Guerre mondiale pour créer des terrains d'aviation -, il n'en était pas de même des infrastructures qui avaient été construites par les Américains. Il s'en est suivi des difficultés juridiques et financières comme nous l'a indiqué un propriétaire.

Militaires par nature, ces dépôts restitués à notre pays ont été attribués au ministère des Armées qui, n'en ayant pas l'usage, s'en est sans doute séparé rapidement au profit de l'Administration des Domaines qui les a aliénés. Comme ils étaient situés à la campagne et qu'ils étaient récents, un usage agricole était possible, et c'est ce qui s'est produit pour plusieurs d'entre eux qui abritent encore aujourd'hui du fourrage, de la paille ou du matériel. Certains de ceux qui se trouvaient sur d'anciens terrains d'aviation, ont servi dans le cadre de cette activité.

Les hangars sont encore en place pour la plupart d'entre eux, et dans l'ensemble en assez bon état, ce qui n'est pas étonnant, les constructions réalisées pour ou par l'Armée américaine étant d'excellente qualité et ayant été réalisées pour durer au moins cinquante années…

CONCLUSION

Ces petits dépôts annexes ont réuni, depuis leur édification entre 1960 et 1962, toutes les conditions de l'anonymat. Construits tardivement et par les Américains eux-mêmes, perdus dans la campagne, n'ayant servi que pendant quelques années, ils ont été revendus dans l'indifférence, et leur usage actuel, agricole ou industriel, est très banal.

À la différence des grands dépôts et des bases aériennes qui sont encore faciles à voir et à reconnaître, ces installations modestes et atypiques sont à peu près inconnues, voire introuvables, et certainement impossibles à identifier pour le profane, surtout si elles ont été repeintes. De plus, elles n'ont jusqu'à présent aucunement intéressé les historiens de l'armée américaine en France et les spécialistes de l'architecture militaire. Aussi est-il sans doute grand temps d'en faire un signalement et une étude préliminaire en vue de les inciter à y consacrer des recherches approfondies pendant qu'il en est encore temps et que leur empreinte est encore bien visible.

NOTES

  1. Olivier Pottier, Les bases américaines en France (1950-1967), Éditions L'Harmattan, Paris, 2003, p.116. Cet ouvrage est issu de la thèse de doctorat en histoire de l'auteur, La présence militaire américaine en France 1950-1967, soutenue en 1999 à l'Université de Reims-Champagne Ardenne.
  2. Service historique de la défense (SHD), Vincennes, fonds MCLAAA, dossier 35/8.
  3. 97th Engineer Battalion (Construction), History in France, chap. 4, p.5. http: //www.catkillers.org/97thEngr/guestbook.html.
  4. Cf figure 1.
  5. US Army Communication Zone, Europe, Army Depots, http:// www.usarmy germany.com/Sont.htm, carte n°3 "Nancy Depot Complex".
  6. À propos des terrains d'aviation temporaires de la Seconde Guerre mondiale, on pourra consulter : Advanced Landing Ground http://en.wikipedia.org/wiki/Advanced_Landing_Ground.
  7. Cf figure 2.
  8. Cf figure 1.
  9. Cf figure 3.
  10. Cf figure 4.
  11. À propos des Quonset Huts, on pourra consulter : http: //en.wikipedia.org/wiki/Quonset_hut.
  12. Cf figure 2.
  13. Cf figure 7.
  14. Cf figure 4.
  15. Numérotés 5 à 7.
  16. Cf figure 1.
  17. Marie-Anne Corvisier de Villèle (sous la dir. de), Inventaire de la série Q, Secrétariat général de la défense nationale 1944-1978, index général, Service historique de la défense, Vincennes, 2000. Des restitutions sont mentionnées dans les dossiers de la série 12 Q.
  18. Henri Ortolan, Le fort de Bourlémont, dans : Patrimoine et culture du Pays de Neufchâteau, Actes des 10e Journées d'études vosgiennes, Neufchâteau, 2008, Fédération des sociétés savantes des Vosges et Amis du livre et du patrimoine de Neufchâteau, 2009, p.369-382.
  19. Marie-Anne Corvisier de Villèle (sous la dir. de), Inventaire de la série Q, Secrétariat général de la défense nationale 1944-1978, index général, Service historique de la défense, Vincennes, 2000. Des restitutions sont mentionnées dans les dossiers de la série 12 Q.
  20. Cf figure 8.
  21. Olivier Pottier, Les bases américaines en France (1950-1967), Editions L'Harmattan, Paris, 2003, p.116. Cet ouvrage est issu de la thèse de doctorat en histoire de l'auteur, La présence militaire américaine en France 1950-1967, soutenue en 1999 à l'Université de Reims-Champagne Ardenne.
  22. Ce nom est dû au fait que l'Armée française a longtemps conservé ce site après le départ des Américains, et qu'elle lui avait attribué le nom de ce général qui avait œuvré dans la région en 1916 au titre des transports militaires et de la Voie Sacrée.
  23. Marie-Anne Corvisier de Villèle (sous la dir. de), Inventaire de la série Q, Secrétariat général de la défense nationale 1944-1978, index général, Service historique de la défense, Vincennes, 2000. Des restitutions sont mentionnées dans les dossiers de la série 12 Q.


  Pour citer cet article :
Pierre Labrude et Michel Parisot - Des empreintes militaires américaines presqu'inconnues de l'époque de la Zone de communication : les dépôts annexes - Projet Empreinte militaire en Lorraine
Consulté en ligne le <date du jour> - Url : http://ticri.inpl-nancy.fr/wicri-lor.fr/index.php?title=Empreinte_militaire_en_Lorraine_(08-2014)_Pierre_Labrude_et_Michel_Parisot

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