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Empreinte militaire en Lorraine (08-2013) Jacques Hantraye

De Wicri Lorraine
Questions autour de la mort et de la sépulture des militaires en Lorraine lors des occupations de la fin du Premier Empire et du début de la Restauration (1813-1817).


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Auteur : Jacques Hantraye

Les historiens se sont assez peu intéressés aux morts des guerres de la Révolution et de l'Empire, de même qu'à la souffrance de ces individus en général. Pourtant, il apparaît nécessaire de se pencher sur ces défunts en raison de leur nombre considérable[1], mais aussi parce qu'à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle la mort et le cadavre se situent au centre des pratiques et des préoccupations, tant sociales - avec la création des cimetières contemporains -, que politiques ou mémorielles[2]. Nous nous intéresserons en l'occurrence aux soldats et aux officiers français et étrangers morts en Lorraine lors des invasions et des occupations de la fin du Premier Empire et des débuts de la Restauration.

La mort des combattants s'inscrit en effet au cœur du fonctionnement de la société au début du XIXe siècle. On le mesure en particulier au grand nombre d'acteurs potentiellement impliqués dans les opérations entourant le décès des militaires. Les voici, par ordre d'apparition : du côté des troupes françaises ou étrangères, on trouve les camarades et les supérieurs des défunts ; en ce qui concerne les civils, citons les simples habitants, qu'ils soient témoins du décès ou qu'ils hébergent des hommes ; le personnel des hôpitaux, depuis ceux qui dispensent des soins jusqu'aux administrateurs qui enregistrent les informations et les conservent ; les maires ou les secrétaires de mairie ; les clercs français ou étrangers, civils ou rattachés aux armées, catholiques, protestants, orthodoxes ou juifs ; les fossoyeurs enfin. La mort des soldats et des officiers mobilise donc beaucoup d'individus, civils et militaires, français et étrangers. Aussi comprend-on que les sources écrites sont très diverses : il s'agit d'archives judiciaires, de récits d'acteurs ou de témoins, d'études médicales, de pièces comptables et de documents administratifs émanant des municipalités et des hôpitaux, ou bien encore d'actes religieux liés à la sépulture. Chaque texte ne révèle de façon fragmentaire qu'une partie de la réalité, au point qu'il est souvent difficile d'avoir une vision claire et globale du problème. Pour chacun des rédacteurs, le cadavre du militaire français ou étranger est certes important, mais il n'est envisagé à chaque fois que sous un angle précis : les formalités administratives et l'éventuelle enquête policière, puis l'inhumation, accompagnée ou non d'un rituel religieux. Ceci est d'autant plus problématique qu'il n'existe à ce sujet aucun document de synthèse contemporain des événements.

D'où le questionnement suivant : quel traitement les occupants et les occupés ménagent-ils aux cadavres des militaires français et étrangers ? Qu'est-ce que ceci révèle au sujet de la perception de l'Autre ? En quoi les pratiques sont-elles semblables ou diffèrent-elles de celles effectuées en temps normal par les Français, y compris à l'égard des militaires ? Par ailleurs, existe-t-il une singularité de la Lorraine de ce point de vue ? Quels seraient les points communs et les différences éventuels avec d'autres régions, sachant que l'on se situe entre la Champagne et ses champs de bataille aux morts nombreux, et des régions davantage épargnées, comme les abords immédiats de Paris ? Envisager cette question oblige tout d'abord à combattre des idées reçues, car le traitement des militaires est envisagé généralement à travers l'image souvent reprise - même si elle n'est pas toujours inexacte - de corps conduits à la fosse commune à la suite des batailles[3], alors que la majorité des décès provient des suites de blessures et de maladies. C'est vrai a fortiori en Lorraine, où il y eut peu de combats.

Une remarque s'impose. En effet, les sources concernant les morts à la guerre sont rares et dispersées[4] , tandis que les traces matérielles ont très largement disparu. Le plus souvent, les monuments funéraires ont été détruits, quand ils ont existé. Cet effacement tient à ce que les militaires sont fréquemment des pauvres, de surcroît sans liens sociaux ou familiaux avec les habitants du lieu dans lequel ils décèdent. D'autres monuments sont apparus plus tard, contemporains de la grande vague d'aménagement des cimetières militaires de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Ces vastes nécropoles ne se généralisent en France qu'après 1870, leur apparition coïncidant avec la grande loi de 1873 sur les sépultures militaires[5].

DES SITUATIONS CONTRASTÉES DANS UN CONTEXTE PEU FAVORABLE À LA PRISE EN COMPTE DES DÉFUNTS

Entre 1813 et 1816, on se situe dans un moment de crise au cours duquel les pertes militaires augmentent considérablement. Ceci implique beaucoup de morts, et autant de corps à inhumer. Il s'agit d'ailleurs davantage de malades que de combattants. Beaucoup ont été blessés ou sont tombés malades ailleurs, parfois de l'autre côté du Rhin, et ils ont été conduits en France lors d'évacuations intervenues à partir de la fin de 1813. La Lorraine constitue de ce point de vue un maillon de la chaîne qui va de la région rhénane au centre-Ouest de la France et à la Haute-Normandie, à l'intérieur de laquelle militaires français et étrangers vont d'hôpitaux en abris divers[6]. Comme l'observe le docteur Thouvenel, alors établi à Pont-à-Mousson, on constate depuis novembre 1813 un afflux de blessés, de dysentériques et de typhiques amenés en voitures. Ils répandent l'infection dans les villes et les villages, de Mayence à Metz, mais aussi à Pont-à-Mousson, Nancy, Bar et Toul[7]. L'épidémie sévit, y compris parmi les civils, de novembre 1813 à la mi-mars 1814[8]. Les prisonniers militaires britanniques présents à Longwy depuis 1811[9] sont touchés pour leur part par le typhus entre le dernier trimestre de 1813 et le début de janvier 1814, surtout à partir de décembre 1813, moment où les malades sont envoyés à Metz faute d'hôpital sur place[10]. Les prisonniers de guerre sont évacués vers l'intérieur du pays début 1814, depuis Bitche et Sarrelouis, bien qu'une ambulance ait été mise en place à Longwy[11]. Les évacués sont conduits à Longwy dans de mauvaises conditions, certains mourant dans les charrettes lors du transport[12]. Ils contribuent à diffuser l'épidémie.

À travers l'exemple suivant, qui concerne l'hôpital civil d'une petite ville du département de la Meurthe-et-Moselle, on mesure bien l'accroissement du nombre des patients militaires à la fin de l'Empire.

Décès à l'hôpital de Vézelise[13] :

1809 1810 1811 1812 1813 1814 1815 TOTAL
2 civils et 2 militaires 1 militaire 1 civil néant 6 civils et 70 militaires 3 civils et 10 militaires 2 civils 14 civils et 83 militaires


Metz, qui compte environ dix hôpitaux provisoires en 1813-1814, présente le cas d'une ville importante submergée sous le nombre des malades[14]. Au 8 décembre 1813, on en recense 5000 dans les hôpitaux civils et militaires et 30 000 militaires auraient été hospitalisés au chef-lieu de la Moselle fin 1813, sur lesquels 7752 sont morts[15]. Nancy n'échappe pas à ce sort, avec une ambulance établie à l'opéra au début de 1814, par exemple[16]. Mais c'est surtout l'hôpital établi dans la chartreuse de Bosserville à Art-sur-Meurthe, près de la ville, qui est surchargé de « fiévreux » en janvier 1814[17]. La mortalité dans ces établissements est élevée. Dans quelques hôpitaux encombrés, près de trois malades sur quatre meurent, et seulement de 12,5 % à un tiers lorsque l'on se montre très prudent. Chez les particuliers, la proportion de morts parmi les militaires ne serait que de 6 à 17 % environ[18]. Les villes soumises au blocus, qui ne sont donc pas exposées aux flux, n'échappent pas aux difficultés, comme l'illustre le cas de Thionville. Les autorités font pourtant de leur mieux dans une situation d'urgence. Le général Léopold Hugo, qui commande la place lors du blocus de 1814, signale le 12 janvier que les hôpitaux sont encombrés. Il les fait par conséquent évacuer en partie[19] . Il a parfaitement compris le lien entre hospitalisation et mortalité, car il écrit que l'on « [n'entrait à l'hôpital] que pour aller au cimetière ». Après consultation des officiers de santé, il prend donc des mesures pour améliorer la situation. Ceci entraîne une permanente adaptation entre janvier et mars pour faire face au nombre de malades en augmentation, du soin pris à l'approvisionnement, au fait de ne placer qu'un malade par lit, sans compter la séparation entre blessés, malades et convalescents[20].

Sans parler du personnel soignant, des civils meurent du typhus contracté lors du passage des soldats, comme à Étain, dans la Meuse[21]. La transmission se fait notamment lors du séjour des militaires chez l'habitant[22]. Les élites aussi sont touchées. Nous ne citerons à ce propos que deux exemples. Le préfet de la Meurthe, Honoré Riouffe, meurt du typhus le 30 novembre 1813 après avoir visité des militaires[23]. Le préfet de la Moselle, M. de Vaublanc, manque également de succomber dans les mêmes circonstances[24]. Les militaires sont soignés majoritairement dans les hôpitaux par des hommes de l'art ; les civils sont pris en charge par des médecins, mais aussi par des charlatans, sans parler des vieillards que l'on ne juge pas bon de soigner[25]. La présence de médecins compétents ne compense pas le problème posé par la forte concentration de patients dans certains hôpitaux.

Du point de vue spirituel, on conserve peu de traces des secours religieux dispensés aux mourants, à part de rares allusions à une question peu documentée pour cette période : les exécutions capitales dans un contexte militaire. Un récit met en évidence une forme d'acceptation de l'étranger fondée sur le principe d'humanité : l'un des vicaires généraux du diocèse de Metz sollicite Noirjean, desservant de Ville-au-Montois, en réclamant « [son] zèle et [sa] charité » pour accompagner un « malheureux » condamné à mort russe[26] dans son « douloureux voyage » le 2 juin 1817[27]. Il ne paraît pas être question ici de sacrements, ce qui lève sans doute les réticences du prêtre concerné. Enfin, il est possible qu'un document fasse référence à un suicide. Le 2 juillet 1815, on trouve le cadavre d'un militaire bavarois à Dombasle-sur-Meurthe, dans les vignes, et le maire et l'adjoint d'écrire : « nous avons remarqué que son fusil etait couché sur son corps, la crosse a coté de ses pieds du coté droit le bassinet ouvert, et le chien couché le bout du canon croisé sur sa poitrine »[28].

DÉCRYPTER LES PRATIQUES ENTOURANT LA MORT[29]

Les pertes infligées à l'ennemi lors des combats sont consignées avec autant de précision que possible, de même que celles subies par les Français. À Thionville, le général Hugo recense fidèlement les pertes de ses troupes et celles de l'adversaire. On relève sous sa plume douze occurrences entre le 22 janvier et le 7 avril 1814, par exemple le 22 janvier 1814, jour où l'ennemi eut sept morts et environ 40 blessés lors d'un combat, et les Français un tué et 14 blessés[30].

Des procédures administratives et judiciaires exceptionnelles qui révèlent l'attention portée aux défunts

Des dispositions sont adoptées à l'égard des militaires morts étrangers à la localité. Quatre exemples tirés de documents policiers et judiciaires concernant les cadavres de soldats étrangers trouvés dans l'espace public permettent d'appréhender le traitement des corps par les différents acteurs. Ces textes nous procurent un éclairage exceptionnel sur les pratiques entourant les défunts avant l'inhumation. En ce qui concerne la grande majorité des morts, nos connaissances sont beaucoup plus réduites[31]. Les quatre cas concernent un lancier silésien, un militaire bavarois, un cavalier russe ou polonais et un Russe ; tous étaient sans doute de simples soldats. Les communes concernées sont Dombasle, Saint-Max, Nancy et Labry en 1815 et 1816[32]. Les acteurs diffèrent. À Labry, c'est la justice de paix qui est impliquée, alors qu'ailleurs le maire se trouve au cœur de la procédure. Dans les quatre cas recensés, le procureur du roi est alerté. À Labry, on observe même une double procédure, menée de façon parallèle : du côté français, elle vise à établir que le défunt ne relève pas de la juridiction locale et à statuer sur la cause de la mort. Côté prussien, il s'agit d'identifier le défunt et d'ordonner son inhumation. La durée du processus varie entre un, deux, cinq ou neuf jours. Le médecin est cité trois fois sur quatre, le maire à deux reprises (avec un membre du personnel de la justice de paix), le garde champêtre, le lieutenant de gendarmerie et le commissaire de police une fois chacun. Le procureur du roi se rend lui-même sur les lieux à une seule occasion. Il y a toujours des témoins. Les Alliés sont présents sur les lieux à une occasion et il est fait référence à eux une autre fois.

À partir de ces différents exemples, on peut constater que la procédure officielle de levée et reconnaissance des cadavres par des administrateurs et des médecins est rigoureusement observée. Le respect des normes et de la légalité dans le cadre d'un État de droit où l'individu est pris en compte constitue un enjeu important pour les Français, de même que s'impose la nécessité de donner l'assurance à un occupant inquiet et exigeant que les siens n'ont pas été victimes d'assassinat[33]. L'important aux yeux des différents acteurs est que l'identité soit établie, ou du moins que le défunt soit enregistré individuellement, mais aussi que la cause de sa mort soit vérifiée et que l'on procède à l'inhumation du corps. Cette démarche est donc ambiguë, car l'application de la procédure est autant destinée à apaiser la hiérarchie qu'à manifester de la considération du respect à l'égard de l'individu[34]. Même si les formalités ne se déroulent jamais complètement de la même façon, retenons un exemple parmi d'autres qui permet malgré tout de saisir le degré de précision de la procédure.

  • 4 septembre 1815 : Un militaire russe disparaît près du pont de Malzéville, à Nancy.
  • 7 septembre 1815 : Des individus découvrent le corps dans la rivière.
  • 8 septembre 1815 : Sur ordre du procureur du roi, le lieutenant de gendarmerie de Nancy et l'un des commissaires de police de Nancy se rendent au pont de Malzéville avec un médecin. Audition de deux témoins. Le procureur du roi donne l'autorisation d'inhumer après réception du procès-verbal.
  • 12 septembre 1815, 15 h : deux témoins déclarent le décès à l'état civil, l'acte faisant référence au document émanant du procureur du roi[35].

Le rôle central des pratiques administratives courantes

Un règlement de 1806 sur les prisonniers de guerre insiste sur l'établissement de l'acte de décès, ce qui s'inscrit dans un processus de contrôle administratif des captifs étrangers par les autorités civiles et militaires[36]. L'administration française accorde une grande attention à cette question. En avril et en mai 1814, on rappelle ainsi aux autorités civiles la circulaire du 25 février 1812 qui prescrit d'adresser les actes de décès des militaires étrangers aux corps auxquels ils ont appartenu, ce qui est effectivement appliqué dans le Maine-et-Loire, par exemple[37]. Malgré tout, l'enregistrement à l'état civil n'est pas systématique, qu'il s'agisse d'oubli ou de négligence, par manque d'information sur l'individu, ou encore par refus des Alliés de recourir aux institutions françaises. Il peut s'accompagner d'un peu de retard, comme on l'a vu dans le cas du noyé du pont de Malzéville. Il peut aussi ne pas avoir lieu, comme à Saint-Max[38]. À Dombasle-sur-Meurthe, on ne trouve pas mention du défunt évoqué dans l'acte judiciaire des premiers jours de juillet 1815, alors que figure celui de François Kasznaÿ, soldat du régiment du prince royal de Würtemberg au service de l'Autriche, mort à 14 heures le 30 juillet 1815, et dont le décès est déclaré au maire une heure plus tard par deux lieutenants du régiment, qui signent, l'un en écriture allemande cursive, et l'autre en caractères latins, le second ajoutant « Lieutenant com̄e [comme] témoigne »[39]. La déclaration à l'état civil est donc bien perçue comme une démarche essentielle, ce que confirme le statut d'officier des deux témoins et la mention complémentaire. Les actes concernant des militaires sont nombreux dans les registres d'état civil, ce qui prouve que l'on a dans l'ensemble accordé de l'importance à cette pratique. Il ne faut pas oublier que l'on se situe pourtant dans un contexte de crise et d'occupation militaire avec tous les désordres que cette situation occasionne.

Les pratiques administratives insistent sur l'identification des individus, ou du moins sur la reconnaissance de leur appartenance nationale. Les opérations sont rendues plus faciles quand le défunt porte sur lui des documents permettant de l'identifier. Le 9 novembre 1813 est décédé à Bénaménil un militaire français appartenant à un convoi de malades et blessés. Son acte de naissance et son livret indiquent qu'il est originaire du département de Marengo et qu'il appartient au 37e d'infanterie légère[40]. Les habitants et les autorités françaises insistent pour établir des actes de décès, y compris quand les informations nécessaires pour identifier les individus sont ténues ou absentes. À Bénaménil toujours, le 8 novembre 1813, on déclare que le même jour est décédé « un militaire français blessé » anonyme. Le rédacteur de l'acte se rend sur place et observe le corps avant d'établir d'après les boutons de l'uniforme que le défunt appartenait au 138e d'infanterie. Dès son arrivée, les renseignements ont manqué à propos de « cet homme très malade », notamment faute de feuille d'évacuation fournie au départ de Lunéville [41]. À Champey-sur-Moselle, petite localité dans laquelle quatre défunts en tout sont enregistrés cette année-là, décède le 18 janvier 1814 un militaire français « sur le nom, la famille et le pays duquel il n'a pu être donné de renseignement », écrit le maire, qui pourtant inscrit l'inconnu à l'état civil[42]. À Étain, dans la Meuse, on parvient généralement à identifier les militaires morts. Lorsque cela n'est pas possible, le rédacteur des actes de décès s'emploie à se justifier, comme lors de la déclaration effectuée le 16 janvier 1814 par un horloger et un propriétaire d'« un militaire évacué de l'hôpital de Metz, et arrivé à l'ambulance d'Étain, moribond, sans parole n'y connaissance, n'ayant sur lui aucun papier n'i habillement qui puisse indiquer a quel corps il appartient, et personne n'ayant pu dire qu'i il était »[43]. L'exemple de Longuyon où, comme dans beaucoup de localités, la plupart des militaires meurent à l'hôpital, permet de comprendre comment s'effectuaient les opérations administratives en lien avec le cadre hospitalier. Ici, elles ont lieu sur présentation des documents appartenant aux militaires morts, sans constatation directe par l'officier d'état civil, à la différence de ce que prévoit le code civil[44]. D'où le risque d'erreur, que l'on a toutefois le souci de corriger. Le 5 décembre 1813 est déclaré le décès de Louis Rousseau, soldat du 155e de ligne, puis le 8 décembre celui de Pierre Hauduroy, maréchal des logis du 13e régiment de chasseurs à cheval ; le 16 décembre, de nouveaux actes sont établis concernant ces derniers, non signés par le maire car entretemps on s'est rendu compte qu'ils avaient été rédigés par erreur. En effet, l'économe étant malade, les livrets ont été présentés une seconde fois au secrétaire de mairie par inadvertance[45].

Le nombre de décès varie considérablement d'un lieu à l'autre. À Champey-sur-Moselle, on l'a vu, un seul militaire français décède en 1813-1814[46]. Par contraste, à Art-sur-Meurthe le nombre de décès de civils et de militaires augmente considérablement par rapport à la normale : pour 14 morts au total dans la commune en 1811 et autant en 1812, on en compte 166 en 1813 et 221 en 1814[47]. À la mi-novembre 1813, les déclarations sont si sommaires que la mention de l'unité a été ajoutée dans la marge pour les huit premiers actes, avant que ces indications ne figurent systématiquement dans le texte pour les actes établis par la suite. On recense aussi des paragraphes collectifs concernant des militaires, par exemple celui du 13 décembre 1813[48]. À Nancy, en marge d'actes de décès d'hommes de l'armée du tsar établis en septembre 1815 figure dans un cercle le mot « Russe », probablement porté à la suite des formalités d'inscription des décès[49].

Le travail administratif augmente, mais toujours dans le cadre des règles fixées en temps de paix. À Art-sur-Meurthe, où le premier décès concernant un militaire est enregistré le 14 novembre 1813, un nouveau cahier est paraphé le 27 du même mois par le président du tribunal d'instance de Nancy[50]. À Longuyon, on est également obligé d'ouvrir un registre supplémentaire le 9 décembre 1813[51]. Les déclarants sont très divers. Dans les villes où des hôpitaux sont établis, ce sont généralement des membres du personnel ou de la direction de l'établissement qui s'en chargent. À Art-sur-Meurthe, l'économe et le commis aux entrées de l'hôpital militaire déclarent les décès[52], mais aussi un employé, le directeur de l'hôpital, etc[53]. À Longuyon, les 5 et 12 décembre 1813, le décès de deux fantassins français est déclaré par Jean Baptiste Apelle, médecin faisant fonction de chirurgien, l'économe François Maillard et un infirmier[54]. Ailleurs ou dans d'autres situations, ce peut être n'importe qui. À Nancy le 12 septembre 1815, un ancien militaire et un cabaretier déclarent le décès d'un militaire russe noyé[55]. À Bénaménil, le 8 novembre 1813, un aubergiste et un charpentier déclarent le décès chez le premier, nommé Claude François Léclère, d'un militaire français[56]. C'est donc l'ensemble de la société qui s'implique dans la prise en charge administrative des défunts.

La sépulture : des pratiques de crise dans un temps de transition

On sait peu de choses à propos de la sépulture de l'ennemi lors des combats, notamment parce que l'envahisseur ne souhaite pas abandonner ses morts aux Français, du moins lorsqu'il en a la possibilité. Le 18 février 1814, après des heurts à La Grange, au cours du siège de Thionville, l'adversaire bat ainsi en retraite « après avoir retiré ses morts et ses blessés (…) »[57]. Lorsque Rodemack est attaqué par les Prussiens en 1815, ceux-ci sont repoussés, emmenant leurs blessés et leurs morts sur des caissons. Les Français donnent « une honorable sépulture » aux corps abandonnés sur place[58]. Quant aux Prussiens, ils enterrent leurs défunts lors des différentes haltes qu'ils effectuent sur la route de Luxembourg au fur et à mesure des décès[59]. La situation est différente dans le cas des prisonniers de guerre et en ce qui concerne les militaires morts lors des occupations. Ceci impose de s'interroger au préalable à propos de la situation des cimetières.

Au début du XIXe siècle, Nancy, comme bien des villes françaises, n'est pas encore touchée par la politique contemporaine de la mort inaugurée par le décret du 23 prairial an XII (12 juin 1804) : du moins n'est-elle pas complètement entrée dans cette dynamique. Les autorités locales tâtonnent et s'adaptent en fonction des besoins, d'où l'existence de plusieurs lieux de sépulture de petite superficie qui sont parfois de création récente sous le Consulat et l'Empire, ou qui ont été remis en service à ce moment. C'est ainsi que le 12 vendémiaire an XII l'on ouvre à nouveau le cimetière Saint-Jean et que l'on en crée un autre à l'Ouest du faubourg Saint-Pierre, en plus de ceux déjà existants[60]. Ces derniers, au nombre de trois, couvrent au total une superficie de 1475 m2. Le 18 février 1806, la municipalité acquiert 90 ares à la Garenne pour l'inhumation des militaires morts dans les « ambulances »[61]. Ce n'est qu'en 1841 que l'on modernise radicalement les lieux de sépulture et la façon de concevoir les funérailles, avec la création de l'actuel cimetière de Préville ; les cimetières Saint-Jean, Saint-Pierre et de Trois-Maisons sont fermés l'année suivante, tandis que le corbillard remplace désormais les porteurs à bras[62]. Attardons-nous plus particulièrement sur le cimetière de la Garenne. Le 14 février 1806, suite à des rapports médicaux, le maire de Nancy décide d'acquérir un sixième cimetière en raison du nombre élevé de décès, notamment de « militaires etrangers », d'où l'achat de 90 ares de jardin et verger « sur le Ban de Nancÿ près la Garenne », où la terre est propre à consommer les corps[63]. Le cimetière est acquis de la veuve Ducreux pour 4800 francs le 22 février 1806[64]. Il est aménagé, puisque l'on y plante 71 sycomores en 1808[65]. En 1821, on l'appelle cimetière des Russes en raison du contexte de sa création, et l'on indique en 1842 que le « Cimetière de la Garenne » est encore « appellé vulgairement cimetière des Russes »[66].

Il s'agit dans tous les cas de cimetières caractéristiques de l'époque moderne, dans lesquels la visibilité des contrastes sociaux s'accompagne à certains moments du spectacle de la mort dans toute sa crudité. Cette situation a perduré longtemps. Entre août 1832 et 1835, les habitants du faubourg St-Jean qui demandent la fermeture du cimetière évoquent tout d'abord les sépultures des individus ou des familles aisées, qui sont couvertes de monuments, ou du moins plantées d'arbres ou d'arbustes. Le reste de l'espace comprend 40 ares destinés à l'inhumation des habitants plus modestes, ainsi que des patients des hôpitaux civils et militaires. Dans le cas des pauvres, les fosses sont souvent ouvertes avant les cinq années règlementaires, parfois au bout de 18 à 24 mois seulement, ce qui peut s'accompagner de la mise au jour de « têtes échevelées en putréfaction »[67]. Toutefois, il arrive dans certaines localités que la crise militaire et sanitaire soit un facteur de changement. À Lunéville passent en 1813-1814 des convois chargés de Français mourants et mutilés. « C'est de ce temps que date la fondation du nouveau cimetière », précise un érudit à la fin de la Restauration[68].

Dans ce contexte, il faut signaler que les militaires morts en 1813-1815 n'ont été ni mieux ni plus mal traités que bien des simples particuliers avant ou pendant la Révolution, la fosse commune étant couramment utilisée dans les villes au cours des années 1790[69]. Le peu de préoccupation à l'égard de la sépulture des combattants tient à plusieurs raisons, notamment l'éloignement des familles, qui empêche de visiter les tombes. Mais la distance géographique n'est pas seule en cause, car parmi les morts de Bosserville on trouve des Lorrains, dont des originaires de Nancy et Lunéville[70]. Ainsi, le 15 décembre 1813, on relève le décès de Pierre Christophe Béchet, 47 ans, né à Nancy, soldat au 9e bataillon du train d'artillerie ; le 18 décembre, on déclare le décès de Nicolas Maréchal, né à Nancy, infirmier à l'hôpital, et de Charles Capitaine, né à Lunéville, infirmier de 21 ans de cet hôpital[71]. Un héritage théologique peut également expliquer ce qui peut apparaître au premier abord comme une forme de négligence. En effet, une tradition chrétienne issue de la période médiévale valorise l'anonymat des sépultures, par choix religieux délibéré. Le cimetière chrétien est en effet défini comme le lieu du mélange de l'individu au sein de la communauté des fidèles[72]. Par ailleurs, l'urgence suppose parfois une inhumation rapide. Le 7 mai 1816, Nicolas François Frutiaux, maire de Labry, pense demander au procureur du roi de Briey l'autorisation de faire inhumer le corps d'un noyé prussien trouvé dans la commune. Toutefois, il est contraint de le faire enterrer sur le champ d'après l'ordre écrit qu'il vient de recevoir du commandant de l'escadron de lanciers, d'autant que le corps est en décomposition. Malgré tout, le défunt a beau être inhumé sans cérémonie, les officiers de son unité se déplacent sur les lieux et se montrent attentifs au respect de la procédure[73].

À vrai dire, les aspects matériels de l'inhumation des militaires ne sont pas bien connus. Le monde médical, par exemple, s'exprime peu par écrit à ce sujet. Le docteur Thouvenel donne ce seul conseil, lors de l'épidémie de typhus : « On doit avoir soin de faire enterrer les morts peu de temps après le décès : les fosses seront très-profondes »[74]. Paradoxalement, on connaît mieux les sépultures collectives que les inhumations individuelles. Citons en particulier deux exemples, à commencer par celui des défunts de l'hôpital militaire établi en 1813-1814 dans l'ancienne chartreuse de Bosserville, à Art-sur-Meurthe, près de Nancy. Il est difficile d'établir combien d'individus ont été inhumés dans cette localité. La tradition locale, qui exagère très certainement, fait état de 1000 à 3000 morts[75]. On relève parmi eux des Français, des étrangers au service de la France, de même que des prisonniers de guerre qui viennent s'ajouter à 500 Français morts en l'an II et en l'an III[76]. On a inhumé là, dans la vase des étangs vidés de leur eau, 10, 20, 30, et même semble-t-il jusqu'à 60 corps par jour[77]. Bien que les morts de Bosserville soient convoyés sous l'autorité du commissaire délégué Marchal, on note des pratiques parfois peu respectueuses des défunts. Ainsi, il arrive que l'on jette des agonisants sur la charrette, ou bien à des morts « on arrachait les boucles d'oreilles (…) ; à d'autres on coupait des pans d'étoffe »[78]. Néanmoins, en dépit du nombre élevé de cadavres, les pratiques liées à l'inhumation en fosse commune ne correspondent pas systématiquement à un anonymat complet. Les « vieux du finage » d'Art se souvenaient ainsi au début du XXesiècle qu'à tel endroit sont enterrés 50, 60 ou 80 morts, et qu'ailleurs se trouve la « charretée du 31 décembre »[79]. On se rappelle aussi qu'un jour on a pris soin de placer dans une fosse particulière une cantinière de régiment et sa famille. Les tranchées se succèdent, couvertes d'une mince couche de terre, avant que les tombes ne soient nivelées, puis que vienne une forme d'oubli. En 1830, on plante même des arbres à l'emplacement des fosses[80]. L'archéologie contemporaine des sépultures militaires, qui n'en est encore qu'à ses débuts[81], apporte des indications complémentaires au sujet d'un site proche. À Nancy, dans l'ancien cimetière de Trois Maisons désaffecté en 1842, des archéologues ont fouillé en 2010 plusieurs tranchées alignées, formant au total un ensemble de 42 à 45 m de long. Il s'agit de « sépultures de catastrophe » renfermant les corps d'hommes jeunes, qui ont été parfois amputés. Chaque fosse reçut de 10 à 20 corps, pour un total de 500 morts. Les archéologues considèrent qu'il pourrait s'agir de militaires disparus autour de 1793-1795. Les corps sont inhumés tête-bêche, en couches superposées, sans objets, déposés parfois dans des cercueils. Ils sont nus ou enveloppés d'un linceul, alors qu'au même moment on commence à revêtir les défunts de vêtements avant la mise en terre. Des inhumations ayant eu lieu ultérieurement au dessus de ce niveau, on peut penser que le souvenir de ces morts s'est très vite perdu, davantage encore que dans le cas de Bosserville[82]. Ce n'est pas seulement la prise en charge des malades et morts étrangers qui est bouleversée à cette occasion, ce sont également les pratiques de deuil des populations qui sont momentanément ébranlées par les événements, même si les funérailles du préfet Riouffe donnèrent lieu à un « imposant cortège »[83]. L'épidémie se répandant à Metz en décembre 1813, les autorités interdisent l'installation de tentures noires sur les façades des maisons, mais aussi les sonneries de cloches et le transport des morts dans les lieux de culte. Ceci est remplacé par la venue d'un vicaire au domicile du défunt, tandis que la levée des corps a lieu à des heures fixées à l'avance[84].

Pour autant, est-il si évident que tous les défunts aient été ensevelis à la va-vite, en particulier dans des sépultures collectives ? Il faut souligner qu'il existe aussi à certains moments un contexte plus calme et plus apaisé qui favorise l'attention individuelle portée aux cadavres. Certains médecins de la Meurthe mettent à profit ce moment pour procéder ainsi à quelques « ouvertures cadavériques »[85]. On trouve parfois mention de soins dispensés aux cadavres. De ce point de vue, l'exemple suivant est à la fois intéressant et problématique, dans la mesure où il témoigne de pratiques inabouties. Le corps d'un militaire russe est ainsi découvert au milieu des prés à Saint-Max le 10 juillet 1815, « sous une baraque construite en planches pour le bivouac des troupes alliées ». Le cercueil est soigné, « construit en planches neuves de sapin, bien clouées avec des clous neufs et parfaitement assemblées ». La « caisse [est] formée avec des planches coupées de même longueur » et le couvercle est cloué. À l'intérieur se trouve le corps d'un cavalier russe ou polonais de 25 à 30 ans portant une chemise et un caleçon. Il est disposé « avec soin » sur de la paille. Rien ne permet d'établir pour quelles raisons il n'a pas été inhumé[86]. Le geste resté en suspens revêt autant d'intérêt que celui qui est mené à son terme.

Le simple fait d'accueillir le corps d'un inconnu parmi les défunts de la localité apparaît digne d'être noté par certains rédacteurs d'actes d'état civil. À Bénaménil, le 8 novembre 1813, on déclare que le même jour est décédé un militaire français anonyme du 138e d'infanterie que l'on a « fait inhumer dans le cimetière », mention qui ne figure pas habituellement dans le registre[87]. Les périodes plus calmes permettent aussi de négocier les conditions d'inhumation avec le clergé. On ménage une place aux dépouilles d'étrangers de différentes confessions dans les lieux de sépulture communaux, en introduisant toutefois des conditions. En effet, la situation suscite parfois la réticence des prêtres. Ainsi, Deniset, desservant de Gandrange, déplore le 8 mai 1814 que lors du décès récent de l'un des « hessoy protestants » en cantonnement dans la commune, le maire ait désigné de son propre chef une place dans le cimetière « pour la sepulture du defunct » ; le prêtre n'en a été informé qu'au moment « de la ceremonie qui a été faite par le ministre de l'armé (sic) hessoise ». Deniset considère que le cimetière est « pollué », aussi demande-t-il à le consacrer à nouveau, sans toutefois s'opposer aux éventuelles inhumations ultérieures. L'un des vicaires généraux lui répond qu'il a lui-même « toléré » des enterrements de ce type à Metz. Le conseil épiscopal recommande à ce propos d'inhumer les protestants dans le secteur réservé aux enfants sans baptême[88]. L'acceptation de l'Autre s'effectue donc au prix d'une ségrégation spatiale. En ceci, l'accommodement encouragé par l'évêché à l'occasion des inhumations s'inscrit dans la continuité des relations habituelles au niveau local entre catholiques et protestants dans le cadre de la pratique concordataire, même si ceci est parsemé de tensions, notamment autour des sépultures[89]. Par conséquent, l'attitude devant la mort apparaît comme un facteur d'assouplissement des relations entre occupants et occupés. Les contrastes sociaux visibles dans les cimetières étaient-ils déjà aussi importants que sous la Monarchie de juillet, moment au cours duquel des monuments ostentatoires voisinent avec les fosses des pauvres dont la reprise intervient rapidement, comme on l'a vu plus haut ? Ce n'est pas sûr, car ces distinctions semblent être apparues plus tard. Ce sont sans doute les soins apportés au cadavre et à l'inhumation qui différaient le plus, mais il est difficile de préciser dans quelle mesure.

MORT, IDÉOLOGIE ET POLITIQUE, DE L'INVASION À LA FIN DES OCCUPATIONS

Dans un contexte marqué par la préoccupation pour la mort, la Lorraine apparaît comme un lieu particulièrement chargé de symboles et d'enjeux politique lors des événements de 1814-1815. Ceci tient à la présence d'administrateurs nommés par les Alliés en 1814[90], au passage du comte d'Artois en mars de la même année[91], et au fait que la Lorraine a été bien souvent le dernier territoire traversé par les troupes alliées avant de quitter la France. N'oublions pas qu'elle fut moins de cinquante ans auparavant un territoire indépendant, placé dans l'orbite de son puissant voisin occidental, mais aussi lié aux puissances du centre de l'Europe. On comprend donc que la mort d'un contemporain ou la célébration de défunts appartenant à un passé plus ou moins lointain aient offert l'occasion d'exprimer plus facilement des préoccupations bien actuelles. Les élites françaises et étrangères, qu'elles soient civiles, militaires ou ecclésiastiques, qu'elles aient émigré auparavant ou qu'elles soient restées en France, se rejoignent ou s'opposent dans ces pratiques que l'on observe pendant et après la séquence guerrière de 1814-1816. La première de ces cérémonies semble avoir eu lieu au cours du blocus de Metz.

L'épouse d'un notable, Anne de Foix de Candale, décède à Metz en mars 1814 à l'âge de 74 ans, avant d'être inhumée dans le transept de la cathédrale[92]. Une célébration prenant pour prétexte la générosité de la défunte envers les prisonniers de guerre présents à Metz est organisée à Ars-sur-Moselle, près de Metz, le 17 mars 1814. Elle intervient à l'initiative du général en chef russe Youséfowitch, commandant le blocus, dont le quartier général fut établi à Ars pendant environ six semaines. D'un côté, le général a fait preuve d'humanité[93], tout en établissant la discipline, de l'autre côté Mme de Foix de Candale a obtenu de lui de pouvoir aider les militaires français et étrangers[94]. Dans une lettre du 13 mars 1814, le général Youséfowitch sollicita l'abbé Thomas, d'Ars, avant la cérémonie, présentant la défunte comme un « modèle illustre de toutes les vertus chrétiennes [qui] appartient à toute la Chrétienté, à l'humanité toute entière ». Il demande un service religieux « où les Russes et Français confondus puissent offrir, au Père commun de tous, leurs vœux et leurs prières » en pendant à celle de Metz en présence du clergé, des chefs civils et militaires, pauvres[95]. La démarche revêt une dimension politique et idéologique : Madame de Foix de Candale est noble et chrétienne[96], la célébration s'accompagnant d'une condamnation de la Révolution. Enfin, on constate que plutôt que d'évoquer les morts des hôpitaux, on commémore le souvenir de ceux qui ont soulagé les malades, puisqu'elle secourait aussi les prisonniers de guerre[97]. La cérémonie a lieu dans un contexte tendu. En effet, les Russes mettent le blocus devant Metz depuis un peu plus d'un mois et demi. Ils poursuivront encore les manoeuvres pendant près de trois semaines. Dix jours avant la célébration, l'attaque du quartier-général par les Français a entraîné des pertes importantes chez l'envahisseur[98]. Lors de la cérémonie religieuse, le général russe est présent à l'église avec 25 officiers, son état-major, « l'Aumônier de l'Armée russe », les maires et les membres des conseils municipaux d'Ars et de Gorze, plusieurs anciens militaires français, huit curés du canton, des dames et un proche parent de la défunte. La messe est célébrée par le curé d'Ancy-sur-Moselle et par l'abbé Thomas, curé du lieu[99]. Le général fait ensuite distribuer de larges aumônes aux pauvres de la paroisse[100].

Le siège apparaît ici comme un moment suspendu au cours duquel on hésite des deux côtés sur l'attitude à adopter. C'est donc autour de la commémoration des morts que les vivants se rapprochent. Il s'agit ici pour l'envahisseur de se faire accepter par les élites françaises et au-delà par la population, ce qui correspond aux buts de guerre du tsar Alexandre Ier. Peut-être s'agit-il de désarmer psychologiquement l'adversaire afin de faciliter l'invasion. À une dimension religieuse sans doute sincère se combine donc la volonté d'améliorer l'image de l'occupant. On notera par ailleurs une démarche syncrétique de la part de l'officier supérieur russe[101]. Au-delà de l'initiative personnelle du général, cette célébration peut être mise en rapport avec les choix religieux et politiques d'Alexandre Ier[102]. En effet, conduit par des idées mystiques, le souverain russe poursuit un rêve de paix générale et de fraternité en Europe[103] . Les célébrations religieuses organisées en France expriment cette volonté politique d'apaisement : lors de son séjour en Europe occidentale en 1814-1815, le tsar s'est montré très soucieux d'apparaître sous un jour positif[104]. Le général Yousefowitch se ferait donc ici l'écho des objectifs poursuivis par son souverain. Par ailleurs, ce rapprochement surprenant avec les catholiques n'est pas sans rappeler la « conception éclectique voire libérale de la religion » d'Alexandre Ier lui-même, selon l'expression de Marie-Pierre Rey[105].

La Lorraine, une « France des larmes » entre invasion et restauration

Chronologie des sépultures des Princes de la maison de Lorraine des XVIIe et XVIIIe siècles (église des Cordeliers) :

  • XVIIe siècle : construction de l'église des Cordeliers à Nancy.
  • XVIIe-XVIIIe siècle : inhumations des ducs et de leur famille.
  • 1762 : visite de reconnaissance faite à la demande de l'empereur François Ier d'Autriche.
  • 1770 : visite de Marie-Antoinette.
  • 1775 et 1777 : visites de membres de la maison de Habsbourg.
  • 1793 : violation des sépultures et inhumation des restes au cimetière de Trois Maisons ; exhumations à l'église de la Chartreuse de Bosserville, entre autres du corps de Charles IV de Lorraine, et transfert des corps au cimetière d'Art-sur-Meurthe.
  • Mars et novembre 1814 : visites du comte d'Artois.
  • 1814 et 6 juillet 1815 : visite de l'empereur François Ier.
  • 1817 : exhumation aux Trois Maisons, début de la restauration des tombeaux.
  • 1826 : exhumation des restes du cimetière d'Art-sur-Meurthe au nom de Louis XVIII[106].


Chronologie de la sépulture Stanislas Leszczyński (église de Bonsecours à Nancy) :

  • 1766 : inhumation du roi et duc Stanislas.
  • 1794 : ouverture des tombeaux de Bonsecours.
  • 1803 et 1807 : réinhumation des corps.
  • 11 juin 1814 : service en hommage à Stanislas célébré par l'évêque diocésain sur demande du général Michel Sockolnicki.
  • Août-octobre 1814 : La municipalité de Nancy s'assure de la présence du corps de Stanislas suite à des rumeurs au sujet de sa disparition et son transport en Pologne par le général Sockolnicki[107].

C'est dans ce contexte troublé qu'ont lieu les célébrations croisées et parfois concurrentes autour des lieux d'inhumation des ducs de Lorraine. La séquence des visites aux sépultures princières inaugure et clôt la période de guerre et d'occupation en 1814 et l'ouvre en 1815. En mars 1814 et en juillet 1815, elle agit pour le vainqueur comme une réappropriation du territoire et de son passé. En juillet 1814, on peut y voir dans l'hommage rendu à Stanislas une double manifestation de deuil de la France et de leur propre patrie de la part des troupes polonaises, en écho à la prise de conscience qui a eu lieu principalement au cours de l'ère napoléonienne, voire lors de l'occupation de la France. La visite constitue comme un élément de réparation et en même temps en tant que séquence programmatique. En ce sens, la Lorraine constitue une exception, car c'est apparemment la seule partie du territoire français où s'est opérée précocement la situation décrite par Emmanuel Fureix dans La France des larmes, car c'est dès avant la défaite de Napoléon et l'arrivée des Bourbons à Paris, que le comte d'Artois vient se recueillir à Nancy. Lors de son arrivée à Nancy fin mars 1814, les Russes refusent qu'il s'affiche en public. Ils le tolèrent seulement et lui interdisent toute déclaration[108]. Aussi, le 19 mars 1814 le frère de Louis XVI se recueille sur le tombeau de ses ancêtres à Bonsecours et proclame, suivant une inscription apposée ultérieurement, qu'il attend pour la France « les desseins de la Providence »[109].

L'empereur François Ier d'Autriche, qui vient se recueillir ici en 1814, ne peut entrer dans la chapelle des Cordeliers et doit se contenter de regarder par une ouverture l'endroit où reposèrent ses ancêtres[110]. Il se recueille en 1814 et le 6 juillet 1815 autour de la chapelle ; il aurait déclaré lors de l'un de ses passages : « Qu'avaient fait ses ossements à ceux qui les profanèrent ? Mes pères n'avaient régné sur la Lorraine que pour la rendre heureuse », ce qu'une inscription rappelle dans la chapelle[111]. François Ier et le comte d'Artois se recueillent non pas sur les restes de leurs ancêtres, à peine dans les chapelles funéraires, et pas sur les fosses communes où sont alors déposés les restes des princes. Ces visites sont le temps d'expression d'un discours, celui du retour dans le pays et au pouvoir (pour Artois), celui de l'expiation (pour Autriche).

Ces pratiques continuent après l'occupation proprement dite. Les Polonais quittant la France pour la Russie en 1814 font dire un service funéraire à Bonsecours où se trouvent les restes de Stanislas ; le général Michel Sokolnicki prononce un discours et fait placer sur le tombeau une inscription en remerciement à la France. Le 11 juin 1814, le corps polonais qu'il commande rend hommage à Stanislas au cours d'un service célébré par l'évêque diocésain auprès du tombeau. Ils voulurent emporter les restes ou du moins « une partie considérable du corps », mais ils n'obtinrent que quelques « reliques ». Le journal de Posen ayant écrit que Sokolnicki avait emporté le corps de Stanislas, l'administration municipale de Nancy démentit ces dires le 12 octobre par une visite solennelle en présence « d'un grand nombre de citoyens ». La municipalité fit ouvrir le cercueil, avant de le transférer à l'église Notre-Dame de Bonsecours[112].

Le souvenir de l'hécatombe au XIXe siècle

À la suite des événements de 1813-1816, une longue période de latence commence, dont l'interprétation s'avère complexe. En effet, latence n'est pas synonyme d'oubli, et l'on constate que des attitudes et des pratiques contradictoires cohabitent, sur fond de souvenir plus ou moins vivace. A Ars-sur-Meurthe, vers le milieu du XIXe siècle, on ouvre une guinguette, et certains dimanches on joue aux quilles avec des tibias et des crânes, tandis que certains dansent[113]. Dans le même temps, vers 1840, un ancien instituteur né à Lenoncourt, Joseph Henry, se dit déçu de ne pas trouver de monument commémoratif lors de sa visite des lieux. À la suite de cela, il consigne quelques réflexions amères à propos de ces « Enfants de la Patrie » dont les corps ont été « abandonnés »[114]. Il n'est pas le seul à se souvenir et à s'interroger. À propos des sépultures, « les gens du pays » évoquent « ces pauvres soldats [qui] mouraient comme des mouches ». Vers 1906, l'ancien maire de la commune compulse parfois les registres d'état civil[115]. En 1906, le publiciste Emile Badel effectue une promenade mélancolique avec le père Bayard, né vers 1826, garde forestier depuis le début des années 1860[116]. Les témoignages de Joseph Henry et du père Bayard suggèrent que le souvenir de ces défunts n'est pas seulement porté par les élites, mais aussi par des gens de milieu plus modeste. Une mémoire des lieux porte donc le souvenir des fosses ; il est important de la saisir pour comprendre le sens que l'on attribue à ces sépultures. L'idée d'un monument naît à l'initiative de Badel dans le contexte patriotique du tournant du XXe siècle. Le Souvenir français veut inhumer ces morts « en terre sainte sous un monument patriotique »[117]. Il lance un appel avec d'autres associations patriotiques afin d'élever une construction durable à la place du monument provisoire élevé quelques années auparavant[118].

Ceci conduit à se demander comment on en est venu à célébrer l'individu mort à la guerre, et de quelle manière on est passé de l'anonymat de la fosse, individuelle ou collective, à l'évocation permanente du souvenir des disparus. Cette évolution est sans doute en lien avec un double mouvement, à la fois national et propre en partie à la Lorraine, qui s'étend sur environ un demi-siècle. On remarque ainsi que les cholériques morts à Morlaincourt (Meuse) en 1832 furent inhumés dans un cimetière particulier dans lequel on édifia une croix commémorative en 1852 comportant les noms des quelque soixante défunts (sur 350 habitants)[119]. L'hypothèse serait donc que le rejet de l'anonymat se construit en deux temps, d'abord en réaction à l'horreur suscitée par la mort de masse au moment de la chute de l'Empire, puis lors des épisodes épidémiques suivants. C'est à ce moment que se serait cristallisé le refus de l'anonymat de la sépulture des combattants qui débouche sur la création de cimetières militaires après 1871. En toile de fond sur le plan national, la commémoration des morts militaires depuis le milieu du siècle, donc avant 1870, sans oublier les victimes des révolutions dont les noms figurent sur la colonne de la place de la Bastillle, à Paris, avec comme toile de fond le souci croissant de l'individu. A ce propos, Emmanuel Fureix a bien montré comment s'est mis en place spontanément à Paris un « culte populaire » des morts de Juillet, dès les événements de 1830, même si la célébration est ambiguë[120]. Le Moniteur du 30 août 1830 publie ainsi les noms des victimes[121], avant que les noms de 289 « martyrs » ne soient inscrits sur des plaques de marbre posées au Panthéon en présence du roi le 27 juillet 1831[122].

Notre société sécularisée et technicisée a modifié l'approche que nous entretenons avec la mort. De nos jours, on prend soin des cadavres d'une manière qui n'était pas envisageable dans le passé, surtout à l'égard des pauvres, a fortiori en temps de guerre. À l'heure actuelle, on peut par exemple identifier beaucoup plus facilement les défunts anonymes, ce qui était impossible jusqu'à une date récente. D'où une exigence plus forte en ce qui concerne les morts et leur sépulture, qui s'accompagne d'un regard rétrospectif très critique à l'égard des pratiques funéraires du passé. Or, contrairement au discours commun, le début du XIXesiècle n'est pas seulement le temps de la fosse commune. Il existe au contraire dès le Premier Empire des formes d'attention aux morts dont témoignent la tombe individuelle, le cercueil, les procès-verbaux concernant des individus et enfin l'enregistrement à l'état civil. Les militaires français ou étrangers morts en Lorraine lors des occupations de la fin du Premier Empire et des premiers temps de la Restauration n'ont pas tous été négligés, car beaucoup d'entre eux ont été enregistrés à l'état civil, l'établissement des conditions du décès et l'identification apparaissant essentiels aux yeux de tous.

Dans une certaine mesure, la fixation de l'attention sur la question de la sépulture peut constituer un obstacle épistémologique dans la compréhension du sort des militaires morts au début du XIXe siècle, car sauf exception la sépulture ne préoccupe pas autant les contemporains de l'Empire ou du début de la Restauration, civils et militaires, que ceux des décennies suivantes, ou du moins pas de la même manière. Dans une certaine mesure, il s'agit pour l'historien d'un phénomène-écran qui dissimule les véritables enjeux que sont le respect des rituels, la question religieuse, les aspects médicaux liés à la mort des militaires, ainsi que l'établissement des conditions du décès et l'identification des individus. Le décès lui-même préoccupe davantage que la sépulture, car techniquement et du point de vue de l'état des cimetières, on ne peut pas proposer mieux alors, avant que le rapatriement des corps ne devienne possible et que ne se généralisent les cimetières militaires. Ceci ne veut pas dire que les inhumations n'ont pas lieu autant que possible de façon décente, mais on ne se fait guère d'illusions sur le maintien ultérieur de la sépulture, ce qui est d'autant plus compréhensible que les défunts sont par définition coupés de leur milieu d'origine. Le sort aléatoire de la sépulture est alors partagé par les autres étrangers et les pauvres en général. C'est d'autant plus vrai que l'on se trouve dans un temps d'entre deux en ce qui concerne la politique de la mort, notamment à propos des cimetières. Ceci est redoublé par un moment de crise au cours duquel l'invasion et l'occupation vont de pair avec une épidémie, du moins en 1813-1814, ce qui entraîne désorganisation et confusion. L'important est donc moins le maintien ultérieur de la sépulture que l'attention portée à l'individu avant et juste après le décès. On peut donc affirmer de façon générale, et ceci se retrouve ailleurs en France[123], que sous l'Empire et la Restauration la prise en charge administrative a précédé la sépulture militaire individuelle et qu'elle a même primé sur elle dans une certaine mesure. Ceci vient des contraintes législatives et juridiques, mais aussi de l'adhésion des autorités locales et des simples particuliers à ces normes.

Ce que l'on observe en Lorraine est en partie comparable à d'autres régions, mais l'inscription de la mort et des funérailles dans une démarche politique et symbolique apparaît ici plus précoce qu'autour de Paris, où la crise se dénoue en 1814 et en 1815, ou même au cœur de la Champagne bouleversée par les combats. Les morts de maladie l'emportent largement en nombre sur les tués au combat, même si beaucoup de défunts ont dû succomber des suites de blessures reçues sur le champ de bataille. Ces deux éléments confirment au passage l'extrême fragmentation de l'expérience de l'invasion et de l'occupation en 1814-1815, en fonction du contexte, de données d'ordre militaire, mais aussi de la chronologie. Une hypothèse, qui reste à confirmer, serait que le décès de militaires et de civils lors d'épidémies au cours de la période 1813-1814 et ensuite en 1832 a entraîné une prise de conscience progressive du sort des sépultures anonymes.

Enfin, le présent article conduit à relativiser la séparation entre le traitement des morts français et étrangers ; ces derniers ne font pas vraiment l'objet de pratiques distinctes. Même si l'on observe des logiques concurrentes, discordantes ou concordantes entre Alliés et Français au sujet des sépultures. L'opposition entre les catholiques et les autres n'est pas vraiment pertinente. Cette étude invite en tout cas à inscrire l'étude des morts dans une réflexion plus générale sur l'ensemble de la prise en charge des corps souffrants à la guerre à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle, depuis la maladie jusqu'à l'inhumation et au-delà, sans négliger l'étude des pratiques administratives.

NOTES

  1. Parmi des évaluations allant de 450 000 à 1 750 000 morts dans les armées impériales, Jacques-Olivier Boudon retient le chiffre de 650 000 morts. Jacques-Olivier Boudon, La France et l'Europe de Napoléon, Paris, Armand Colin, 2006, 343 p., pp. 306-307.
  2. Voir à ce propos, Emmanuel Fureix , La France des larmes, Seyssel, Champ-Vallon, 2009, 501 p.
  3. Yves Le Maner, par exemple, indique que sous l'Empire les fosses communes dominent, mêlant adversaires des deux bords L'Histoire des sépultures militaires de l'Antiquité au XIXe siècle, sur le site internet "Chemins de mémoire 14-18 Nord Pas-de-Calais" consulté le 5 août 2013.
  4. Par exemple, le médecin britannique Mulvey n'évoque pas du tout cette question dans le long récit qu'il consacre à ses compagnons de captivité à Longwy entre 1811 et 1814 (Farrell Mulvey, Sketches of the character, conduct, and treatment of the prisoners of war (…) from (…) 1810 to 1814 (…), Londres, Longman, 1818).
  5. Ce texte législatif est cité in Auguste Chareyre , Traité de la législation relative aux cadavres, Paris, Larose, 1884, 280 p., pp. 136-137. Il y est question de terrains situés dans les cimetières ou à acquérir à l'extérieur de ceux-ci, y compris par voie d'expropriation.
  6. Cf à ce propos Jacques Hantraye, in Yann Lagadec, Youenn Le Prat et Stéphane Perréon, dir., Aux mains de l'ennemi. La captivité de guerre à l'époque moderne (fin XVIe siècle-1815), à paraître, 2013.
  7. Pierre-Sébastien Thouvenel, Traité analytique des fièvres contagieuses et sporadiques (…) qui ont régné dans le département de la Meurthe, vers la fin de 1813, et au commencement de 1814, Pont-à-Mousson, juillet 1814, 466 p., pp. 1, 6 et 17.
  8. Ibid, p. 8.
  9. Mulvey (Farrell), op. cit., p. 39.
  10. Ibid., p. 52 et 55-56.
  11. Id., p. 57-58 et 68.
  12. Id., p. 59.
  13. A.D. 54 : H-dépôt Vézelise 39 (Q 17), registre des décès, 1809-1843.
  14. Verronnais, Département de la Moselle. Statistique générale, t. I, Paris, Res Universis, 1992 (1844), 246 p., pp. 213-214.
  15. Jean-Julien," Metz en 1813 et 1814 ", Le Pays Lorrain, 1913, pp. 577-591, pp. 582 et 584. Parmi eux, 90 % meurent entre décembre et mars, et un tiers du total en février (2365) ; 1294 habitants succombent dans le même temps. Ceci correspond peu ou prou aux chiffres cités par le général Hugo, qui évoque 6940 soldats morts dans les hôpitaux de Metz entre le 1er décembre 1813 et le 31 mars 1814 (Journal historique du blocus de Thionville en 1814, et de Thionville, Sierck et Rodemack, en 1815, Blois, Verdier, 1819, 224 p., p. 165).
  16. A.M. Nancy : 4 H 5, arrêté du conseil municipal de Nancy, 27.1-18.3.1814.
  17. Ibid., médecin en chef Salanich au commissaire des guerres en chef Gilet, 30.1.1814.
  18. Pierre-Sébastien Thouvenel , op. cit., pp. 263-264.
  19. Journal historique du blocus de Thionville, op. cit., pp. 13.
  20. Ibid., p. 39, 45, 55, 61, 63 et 67.
  21. Marc Petit de Baroncourt , Histoire de la ville d'Étain (Meuse), Nîmes, Lacour, 2006 (1835), 140 p., p. 123.
  22. Pierre-Sébastien Thouvenel , op. cit., p. 255.
  23. Jean Cayon, Histoire physique, civile, morale et politique de Nancy, Nancy, Cayon-Liébaut, 1846, 440 p., p. 371. Jean Tulard , Dictionnaire Napoléon, Paris, Fayard, 1987, 1767 p., pp. 1468.
  24. Verronnais, op. cit., t. I, p. 214.
  25. Pierre-Sébastien Thouvenel , op. cit., p. 13.
  26. Ou du moins de « langue russe ».
  27. A.D. Moselle : 29 J 164, conseil épiscopal à Noirjean, curé de Ville-au-Montois, 2.6.1817.
  28. A.D. Meurthe-et-Moselle : 3 U 3-8, procès-verbal des maires et adjoints de Dombasle, 2.7.1815. Ceci correspond à ce que l'on sait du suicide, qui se répand au XIXe siècle dans toute l'Europe en relation avec l'isolement de l'individu, le célibat, et en lien avec le « degré de conscience individuelle » Alain Corbin, « Le secret de l'individu », in Philippe Ariès et Georges Duby, Histoire de la vie privée, t. 4, Paris, Le Seuil, 1987, 636 p., pp. 419-502, pp. 591-593).
  29. C'est à dessein que nous employons cette expression qui englobe et dépasse la simple notion de pratiques funéraires pour inclure ce qui va de la maladie à la commémoration en passant par l'agonie, la mort, la déclaration du décès et l'inhumation.
  30. Journal historique du blocus de Thionville, op cit., p. 35-36, 40, 41, 44, 45, 47, 56, 57, 64, 73, 74, 78, 79 et 87.
  31. Notons que ces pratiques, prévues par le Code civil, précèdent les deux occupations. Ainsi, lors du décès en août 1807 de François Morkel, prisonnier de guerre prussien du dépôt de Nancy, retrouvé dans la Meurthe, le procureur du roi de Nancy au vu du procès-verbal de levée de cadavre et de l'examen par un officier de santé, autorise le maire de Jarville-la-Malgrange à le faire inhumer. L'acte de décès fut établi à Jarville sur la déclaration de Charles Roulloy, « surveillant des prisonniers de guerre a nanci » (sic), et d'un propriétaire habitant dans la commune de Jarville. La lettre du procureur du roi de Nancy au maire figure dans le registre (Bulletin des lois n° 109 bis, Code civil, Livre I, chap IV, art. 81, p. 15. A D Meurthe-et-Moselle : 3 U 3-8, lettre du procureur du roi de Nancy, 29.8.1807 ; A.D. Meurthe-et-Moselle : 5 mi 272/R 2, 29.8.1807).
  32. A.D. Meurthe-et-Moselle : 3 U 1-34, procès-verbal de la justice de paix de Conflans, 7.5.1816. 3 U 3-8, lettre du commissaire spécial de l'armée bavaroise, 6.7.1815. Assignation par un huissier du tribunal civil de Nancy, 3.7.1815. Procès-verbal des maire et adjoint de Dombasle, 2.7.1815. Procès-verbal du premier substitut du procureur du roi de Nancy, 10.7.1815. Procès-verbal du lieutenant de gendarmerie de Nancy, 8.9.1815. Lettre du commissaire de police de Nancy au procureur du roi de Nancy, 8.9.1815. Lettre du procureur du roi de Nancy, 8.9.1815.
  33. La menace est bien réelle. Voir à ce sujet, Jacques Hantraye, Les Cosaques aux Champs-Élysées. L'occupation de la France après la chute de Napoléon, Paris, Belin, 2005, 303 p., p.64.
  34. Au début de 1814, lors du décès d'Henri Cahorti, prisonnier de guerre autrichien, deux médecins requis par les autorités se rendent à l'hospice d'Alençon, dans l'Orne ; ils examinent le corps et avancent un diagnostic. Différentes hypothèses peuvent être avancées pour expliquer cette procédure : les éventuelles réclamations des prisonniers de guerre, la volonté de rassurer les civils, ainsi que la crainte d'un enterrement précipité, jointe peut-être au désir des praticiens de pratiquer un examen (A.D. Orne : M 901, procès-verbal du juge d'instruction d'Alençon, 15.1.1814 et sous-préfet d'Alençon au préfet, 22.2.1814).
  35. A.D. Meurthe-et-Moselle : 3 U 3-8.
  36. A.D. Sarthe : 9 R 1, Règlement pour la direction, la police et le placement des prisonniers de guerre, 8.10.1806. A.D. Sarthe : 9 R 1, Ministre directeur de l'administration de la guerre aux préfets, 8.6.1809.
  37. A.D. Loir-et-Cher : M 126, correspondance militaire du préfet, 1814, réponses. A.D. Maine-et-Loire : 8 R 3, commissaire pour le ministère de l'Intérieur et des cultes au préfet, 30.4.1814 et réponses des sous-préfets de Baugé (5.7.1814) et de Saumur (25.7.1814). A.D. Orne : M 1420, liste de militaires étrangers morts, 26.8-1.10.1814.
  38. Le seul décès enregistré à Saint-Max est celui du fils d'un prisonnier de guerre espagnol décédé le 25 juillet 1813 et déclaré le 26. A.D. Meurthe-et-Moselle : 5 Mi 482/R 3, 1813-1815).
  39. Ibid. : 5 Mi 158/R 6, 30.7.1815.
  40. Id. : 5 Mi 60/R4, Bénaménil, 9.11.1813.
  41. Id. : 5 Mi 60/R4, Bénaménil, 8.11.1813.
  42. Id. : 5 Mi 113, Champey-sur-Moselle, 18.1.1814.
  43. A.D. Meuse : 2 E 185 (5), 16.1.1814. On trouve d'autres actes semblables sous les numéros 24, 27 et 36 du registre des décès de l'année 1814.
  44. Bulletin des lois n° 109 bis, Code civil, Livre I, chap IV, art. 77, p. 14.
  45. A.D. Meurthe-et-Moselle : (Longuyon) 5 Mi 321/R 5, décembre 1813.
  46. Ibid. : 5 Mi 113, Champey-sur-Moselle, 18.1.1814.
  47. Id. : 5 Mi 25/R 4. Les militaires morts en 1813-1814 à la chartreuse de Bosserville ont été enregistrés à l'état civil d'Art-sur-Meurthe, quinze à vingt ans après ceux de l'an II et de l'an III, Emile Badel, Le monument de Bosserville, Malzéville, Thomas, 1911, 116 p., pp. 66-67).
  48. A.D. Meurthe-et-Moselle : 5 Mi 25/R 4.
  49. Ibid. : 5 Mi 394/R 203, 7 au 12.9.1815.
  50. Id. : 5 Mi 25/R 4.
  51. Id. : (Longuyon) 5 Mi 321/R 5, décembre 1813.
  52. Émile Badel, op. cit., p. 93.
  53. Ibid., p. 94-95.
  54. A.D. Meurthe-et-Moselle : 5 Mi 321/R 5, décembre 1813.
  55. Ibid. : 5 Mi 394/R 203, 7 au 12.9.1815.
  56. Id. : 5 Mi 60/R4, Bénaménil, 8.11.1813.
  57. Journal historique du blocus de Thionville en 1814, pp. 56-57.
  58. P-E Prugneaux, Campagne des cent-jours. Combat de Rodemack, 5e éd., Toul, Bastien, 1863, 32 p., p. 8.
  59. Ibid., p. 17.
  60. En l'occurrence sur les glacis, prairie de Tomblaine et aux Trois-Maisons.
  61. Jean Cayon, op. cit., pp. 424-425.
  62. Ibid., p. 424-425.
  63. On relève en effet des actes de décès de prisonniers de guerre à Nancy, notamment en janvier 1806 (A.D. Meurthe-et-Moselle : 5 Mi 394/ R 199).
  64. A.M. Nancy : 4 N 160, minute du 14.2.1806 par le maire de Nancy. Le lieu est vendu par la municipalité en 1848 (ibid., acte de vente du 26.1.1848).
  65. Id.: 2 M 110, devis de plantation d'arbres, 8.4.1808.
  66. Id.: 2 M 110, procès-verbal, 22.1.1821 ; procès-verbal de visite, 26.2.1842. Il comporte un petit carré des suppliciés, les seuls à y être encore inhumés à la fin de la Monarchie de juillet, Jean Cayon, op. cit., pp. 424-425 ; A.M. Nancy : 2 M 110, recettes communales, cahier des charges, 16.4.1842 et affiche, 20.4.1842. En 1842 on écrit que dans le nombre des anciens cimetières dont celui de Préville va entraîner la suppression il y a celui de la Garenne, qu'on peut mettre dès lors en culture, à l'exception du secteur réservé aux suppliciés. Ibid.: 2 M 111, extrait des délibérations du conseil municipal de Nancy, 14.2.1842.
  67. Id.: 2 M 113, habitants du faubourg Saint-Jean au maire de Nancy, 8.7.1835.
  68. Charles Marchal, Histoire de Lunéville, Paris, Res Universis, 1989 (1829), 188 p., p 71.
  69. Voir, pour un exemple parisien, Gaspard-Gilbert Delamalle, L'enterrement de ma mère ou réflexions sur les cérémonies des funérailles et le soin des sépultures, Paris, Boulard, an III, 18 p., p. 7.
  70. Émile Badel, op. cit., p. 22.
  71. A.D. Meurthe-et-Moselle : 5 Mi 2/R 4, 1813.
  72. Michel Lauwers, Naissance du cimetière, Paris, Flammarion, 2005, 393 p., pp. 127-128 et 166.
  73. A.D. Meurthe-et-Moselle : 3 U 1-34, procès-verbal de la justice de paix de Conflans, 7.5.1816.
  74. Pierre-Sébastien Thouvenel, op. cit., p. 412.
  75. Émile Badel, op. cit., p. 5 et 19. Le total des morts civils et militaires enregistrés à l'état civil à Art en 1813-1814 est de 387. A.D. Meurthe-et-Moselle : 5 Mi 2/R 4, 1813.
  76. Émile Badel, op. cit., p. 7.
  77. Émile Badel, « L'étang des Morts à Bosserville », Le pays lorrain, 1906, pp. 572-578, p. 575.
  78. Ibid., p. 576.
  79. Émile Badel, op. cit., p. 22.
  80. Émile Badel, art. cit., p. 576.
  81. Parmi les études pionnières dans ce domaine, citons Michel Signoli, Les oubliés de la retraite de Russie, Paris, Teissèdre, 2008, 176 p.
  82. Informations tirées de deux sites Internet consultés le 22 avril 2013, alimentés par l'archéologue Myriam Dohr (INRAP) : Atelier de Vie de quartier 3 maisons St-Fiacre Crosne Varinge (article « Le souvenir des soldats de l'an II », 2013) et Mylorraine.fr (13 septembre 2011).
  83. Michel Berr, Notice sur M. le baron Riouffe, Paris, Sétier, 1814, 17 p., p. 2.
  84. Jean-Julien, Metz en 1813 et 1814, art. cit., p. 584.
  85. Pierre-Sébastien Thouvenel, op. cit., p. 260.
  86. A.D. Meurthe-et-Moselle : 3 U 3-8, procès-verbal du premier substitut du procureur du roi de Nancy, 10.7.1815.
  87. Même indication concernant le 9 novembre 1813 un militaire français du 37e d'infanterie légère appartenant à un convoi de malades et blessés du département de Marengo. Le 8 décembre, c'est au tour d'un militaire parisien. Ibid. : 5 Mi 60/R4, Bénaménil, 8 et 9.12.1813.
  88. A.D. Moselle : 29 J 440, Deniset, desservant de Gandrange, au conseil épiscopal, 8.5.1814 ; 29 J 164, conseil épiscopal à Deniset, desservant de Gandrange, 11.5.1814.
  89. Laurent Jalabert, « La coexistence confessionnelle à Fénétrange (XVIe-XVIIIe siècle) », Annales de l'Est, 2009-1, pp. 101-122, pp 117 et 119.
  90. Département de la Moselle. Statistique générale, t. I, op. cit., p 224.
  91. Alfred Nettement, Histoire de la Restauration, t. I, Paris, Lecoffre, 1860, 624 p., p. 254.
  92. Jean-Julien, « Metz en 1813 et 1814 », art. cit. Pays Lorrain, 1913, pp. 577-591, p. 590. Procès-verbal de la cérémonie des obsèques de très-illustre Dame Anne Goulet de Montlibert, op. cit.veuve de M. Jacques François de Foix de Candale, Chevalier de l'Ordre militaire de Saint Louis, célébrées dans l'église d'Ars-sur-Moselle, le 17 mars 1814, par ordre de Son Excellence Monsieur Yousefowitch, Général Russe, Commandant les troupes alliées du blocus de Metz, sd [1814], 11 p., p.2. [Cote BNF département des imprimés : 4-Ln27-38 702], p. 3 et 9.
  93. Verronnais, Département de la Moselle. Statistique générale, t. I, op. cit., pp. 225-226. Jean-Julien, « Metz en 1813 et 1814 », art. cit., p. 589.
  94. Ibid., p. 590. Procès-verbal de la cérémonie des obsèques de très-illustre Dame Anne Goulet de Montlibert, op. cit., p. 3 et 9.
  95. Id., pp. 10-11.
  96. Id., p. 59.
  97. Id., pp. 6-7.
  98. Le blocus dure du 27 janvier au 10 avril 1814.
  99. Procès-verbal de la cérémonie des obsèques de très-illustre Dame Anne Goulet de Montlibert, op. cit., p. 2.
  100. Ibid., p. 10.
  101. Cette pratique est exceptionnelle. Il est vrai qu'il est difficile de s'exprimer autour de la mort d'un ennemi, alors qu'à Metz il s'agit d'une Française.
  102. Déjà Paul Ier émit en 1800-1801 l'idée d'un rapprochement entre catholiques et orthodoxes contre la France révolutionnaire. Marie-Pierre Rey, Alexandre Ier, Paris, Flammarion, 2009,592 p., pp. 108-109.
  103. Ibid., pp. 330-332.
  104. Id., pp. 338-339.
  105. Id., p. 388 et 391
  106. Christian Pfister, Histoire de Nancy, t. I, Paris, Berger-Levrault, 1902, XXIV-750 p., p. 639, p. 644, 646-648, 652 et 654-656.
  107. Ibid., pp. 600-601.
  108. Achille de Vaulabelle, Histoire des deux Restaurations, t. I, 5e édition, 1860, 448 p., pp. 270-271.
  109. Christian Pfister, op. cit., p. 601. Une nouvelle visite du comte d'Artois a lieu en novembre 1814, ibid., p. 604.
  110. Id., p. 654.
  111. Id., p. 657.
  112. Charles Marchal, op. cit., p 57. Le général Michel Sokolnicki (1760-1816) participe à l'insurrection polonaise de 1794, avant d'être détenu en Russie. À sa libération, il se met au service de la France, devenant général de brigade. Il combat jusqu'à la bataille de Paris de 1814, avant de rentrer en Pologne avec ses troupes à la chute de l'Empire, Louis-Gabriel Michaud, dir.,Biographie universelle, ancienne et moderne, t. XXXIX, Paris, Thoisnier Desplaces, 733 p., sd, pp. 553-554. Jean Cayon, op. cit., pp. 383-384. Christian Pfister, op. cit., pp. 602-603..
  113. Émile Badel, op. cit., p. 22.
  114. Émile Badel, Ibid., pp. 44-45. Joseph Henry est né à Lenoncourt, non loin de la chartreuse de Bosserville, le 29 messidor an X ; il s'est marié le 9 février 1820 à Laître-sous-Amance avec Anne Thomas ; il est alors instituteur à Laître. Son épouse meurt à l'hôpital Saint-Charles de Nancy le 19 avril 1845 ; à ce moment, il est journalier. Il se remarie à Dombasle le 12 février 1851 avec Marie Catherine Philippe, née vers 1823 ; il est alors receveur buraliste. Il décède à Dombasle-sur-Meurthe le 13 juillet 1871. A.D. Meurthe-et-Moselle : 5 Mi 287/R 2, 9.2.1820 ; 5 Mi 394/R 214, 20.4.1845 ; 5 Mi 158/R 5, 12.2.1851 ; 5 Mi 158/R 6, 13.7.1871).
  115. Émile Badel, art. cit., p. 573. Nul doute que l'épidémie ait marqué les esprits dans la région tout entière. En 1829, on évoque rétrospectivement la « peste » ou « maladie contagieuse » survenue à Longwy en 1813, qui aurait fait disparaître en deux mois un dixième de la population. Charles Clauteaux, Essai sur l'histoire de Longwy, Metz, Verronnais, 1829, 229 p., p. 54). Une lettre d'octobre 1906 reprend à propos de la chartreuse de Bosserville en 1813-1814 ce mot même de « peste », qui réveille les souvenirs de la guerre de Trente ans (Emile Badel, art. cit., p. 572 ; Georges Grignon, dir., Encyclopédie illustrée de la Lorraine. La médecine, Nancy, éditions Serpenoise/PU de Nancy, 1993, 271 p., pp. 18-20).
  116. Émile Badel, art. cit., p. 574. Peut-être s'agit-il de Victor Bayard, demeurant à Bosserville, commune d'Art, âgé de 43 ans en juillet 1870 lors du décès de son père Joseph Bayard, journalier mort à l'âge de 70 ans, époux de Geneviève Mailfert. A.D. Meurthe-et-Moselle : 5 Mi 25/R 4, 15.7.1870).
  117. Émile Badel, art. cit., pp. 577-578. Voir aussi Georges Grignon, dir., op. cit., p. 167.
  118. Émile Badel, op. cit., p. 8 et 50.
  119. Georges Grignon, dir., op. cit., p. 31. Léon Fallon, Petite chronique de Morlaincourt, Bar-le-Duc, Imprimerie du Barrois, sd 1982, 159 p., pp. 24 et 27-28.
  120. Emmanuel Fureix, op. cit., pp. 300 et 291-292.
  121. Ibid., p. 298.
  122. Id., p. 299.
  123. Jacques Hantraye, op. cit., p. 239 et sq.


  Pour citer cet article :
Jacques Hantraye - Questions autour de la mort et de la sépulture des militaires en Lorraine lors des occupations de la fin du Premier Empire et du début de la Restauration (1813-1817) - Projet Empreinte militaire en Lorraine
Consulté en ligne le <date du jour> - Url : http://ticri.inpl-nancy.fr/wicri-lor.fr/index.php?title=Empreinte_militaire_en_Lorraine_(08-2013)_Jacques_Hantraye

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