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Empreinte militaire en Lorraine (06-2014) Laurent Jalabert

De Wicri Lorraine
La forteresse de La Mothe en Bassigny.


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Auteur : Laurent Jalabert

Dans le passé militaire des duchés lorrains, la forteresse de La Mothe apparaît comme essentielle en raison de son emplacement, de son importance mais aussi des sièges auxquels elle a dû faire face au XVIIe siècle. La Mothe n'est pas une création ex-nihilo liée au « nouvel art » de fortifier au XVIe siècle : il s'agit bien d'une forteresse implantée au XIIIe siècle, renforcée et adaptée à l'évolution de l'artillerie et de l'art du siège aux XVIe et XVIIe siècles. Une autre particularité de cette place tient à ce qu'elle représente dans l'histoire lorraine : symbole de la résistance à la France, elle est aussi devenue, avant de sombrer dans l'oubli, l'incarnation de l'emprise française dans l'espace lorrain. En effet, si les Français ont consolidé ou construit des places fortes, ils en ont également détruit : des modestes, telle Jametz, Villefranche, d'importantes comme Nancy ou comme La Mothe. Ironie, La Mothe est devenue l'image de la résistance… française dans le contexte de la défaite de 1870 et de la préparation de la « Revanche » ! Quoi qu'il en soit, la colline est à présent souvent bien oubliée des Lorrains, parce qu'il ne reste que bien peu de traces physiques de cette imposante forteresse de La Mothe mais aussi, certainement, parce que le découpage administratif de la Révolution française a intégré le Bassigny au département de la Haute-Marne.

UNE VILLE NEUVE DU MOYEN ÂGE

Géographiquement, le Bassigny est situé dans le haut bassin supérieur de la Meuse qui s'ouvre vers le Pays de Neufchâteau au nord ; il s'intercale entre les plateaux du Barrois forestier au nord-ouest, les plateaux de la Saône à l'Est et au sud-est ainsi que le piémont septentrional du Plateau de Langres au sud-ouest. Ces éléments géographiques assurent une position importante pour la défense des États lorrains dont le Bassigny formait la partie la plus occidentale, ici dans le comté de Bar. En effet, l'altitude peut paraître modeste – 506m – mais elle permettait de voir loin par beau temps, de percevoir l'environnement d'une trentaine de villages alentours[1], de dominer et contrôler la vallée du Mouzon. Le site permet aussi de contrôler l'ancienne voie romaine venant du sud qui remonte vers Toul.

C'est en juillet 1258 que le comte Thiebault II de Bar (1221-1291) fonde la ville neuve (les premières murailles ?) de La Mothe sur le site de Saint-Hilairemont, déjà occupé par un château, revendiqué par les comtes de Champagne[2] et qui est affranchi cette même année. Dès 1255, le comte a déjà racheté la seigneurie des terres autour de Saint-Hilairemont[3]. Cette fondation est l'une des conséquences des tensions existantes entre le comté de Bar et le duché de Lorraine, encore bien distincts en ce XIIIe siècle et représentés par deux maisons différentes. Le comte Henri II de Bar avait eu une politique assez entreprenante à l'égard du duché de Lorraine, allant jusqu'à la guerre et des prises de châteaux. Après sa disparition en 1240, Mathieu II de Lorraine (v. 1193-1251), cherche à reprendre l'initiative et les positions perdues et réaffirmer ses positions, notamment dans la région de Neufchâteau. C'est cependant lors de la minorité de son fils Ferry III (1240-1303) que La Mothe est édifiée, comme en témoigne une charte de juillet 1258 :

« Je Tiébaud, comte de Bar, fais connoissant à tous ceux qui ores sont et qui à venir seront, que j'ai affranchi mon chastel de Saint-Hilairemont, et juré la franchise en telle manière qui suit : tels qui en seront bourgeois, seront francs de toutes choses, etc »[4].

Nous possédons des chartes qui évoquent les droits et privilèges des bourgeois de La Mothe[5]. Peu après l'octroi de la charte, Thiebault II fait élever une première muraille autour de ce qui devient la ville de La Mothe[6]. Si l'on en croit l'abbé Liébaut, ce sont pour partie les habitants du village d'Outremécourt qui peuplèrent la ville, ainsi que la totalité de ceux d'Offrécourt et Boisdeville[7]. Quoi qu'il en soit, La Mothe devient le siège d'une sénéchaussée qui compte un peu moins de trente villages[8].

La ville est fortifiée[9] mais nous ne savons pas grand-chose du tracé précis de cette enceinte médiévale, si ce n'est sur la partie du retranchement qui reprendrait en cet endroit l'emplacement de la courtine médiévale[10] et la présence de deux portes[11]. Pour veiller aux murs, les habitants sont soumis au guet en complément de la présence de la garnison. C'est cette ville qui a pu compter peut-être 4000 habitants au début du XVIIe siècle et qui va voir se développer l'un des plus impressionnant bastionnement de Lorraine.

LE DÉVELOPPEMENT DU BASTIONNEMENT À L'ÉPOQUE MODERNE

Le bastionnement se met progressivement en place sur ce plateau rocheux de 32 ha en remplacement de l'ancienne fortification médiévale dont il ne reste rien à la fin du XVIe siècle, hormis le tracé du « retranchement » et au niveau de la porte d'Outremécourt. Comme le suppose Jean Charles : « l'enceinte du XVIe siècle paraît intégrer l'essentiel, sinon la totalité de la courtine médiévale »[12].

Les prémisses du bastionnement ont lieu à la fin du XVe siècle. En 1497, il y a eu des travaux sur le « belouart » (boulevard) du côté de la porte d'Outremécourt, prière trace d'une adaptation à l'artillerie[13]. Sous René II sont jetés « les fondemens du bastion Saint-Georges, qui enfermait au midi toute la face du château du côté de la France. Son successeur, le duc Antoine, y ajoute au septentrion les deux boulevards de Saint-Nicolas et de Sainte-Barbe »[14]. Ces deux derniers bastions font face à la colline de Fréhaut qu'ils surplombaient d'une trentaine de mètres[15]. La France, même si peu amène à l'égard de ce développement des fortifications sur une frontière et surtout une terre qu'elle regarde comme intégrée à son aire d'influence, laisse faire le duc, lequel se retranche derrière la menace des bandes de reîtres. La seconde phase des travaux, à compter de 1545, pose en revanche davantage de soucis à la France.

En 1545, c'est l'architecte Ambrogio Precipiano[16] qui dresse les plans des nouvelles fortifications[17]. En 1547, un profond fossé est creusé dans la roche, permettant de dresser courtines et bastions à une hauteur de 20 mètres et même plus de 30 m pour le bastion Le Duc. Lorsque Chrétienne fut contrainte par le roi de France à céder la régence à Nicolas, deux bastions ont été achevés au nord, les bastions de Danemark et de Vaudémont. Ils sont précédés d'un retranchement. Le premier contrôle la côte de Chatillon et celui de Vaudémont la vallée du Mouzon. Le bastion Le Duc, construit sous les ordres de Charles III, fait face aux coteaux de Roche. La courtine entre les bastions de Danemark et de Vaudémont est protégée par un retranchement suivi d'un fossé profond ; à l'opposé, la courtine entre les bastions Sainte-Barbe et Saint-Nicolas se place sous le couvert d'une demi-lune. La plate-forme Saint-François sépare ce dernier du bastion de Danemark. Elle est parfois considérée, à tort, comme un bastion.

Les éléments défensifs sont aussi renforcés dans le sens de la longueur « par deux bons retranchements sous lesquels, comme sous les bastions, existait une espèce de fossé taillé dans le roc, puis une contre-escarpe ou fausse-braie de 40 pieds de hauteur, fraisée partout et d'aussi difficile accès qu'un bastion. Des talus et des glacis mettent aussi à couvert les deux chemins ardus par lesquels on arrivait à la seule porte de la ville qui eût été conservée ouverte »[18]. Si à l'origine deux entrées permettent l'accès à la ville, les portes de Nancy (au nord) et la porte de France (au sud), chacune protégées par un pont-levis et par le bastion le Duc pour la première, le bastion Saint-Georges pour la seconde, vers 1620, la ville ne compte plus qu'une porte accessible aux charrois. Située à l'ouest, elle est appelée porte de Soulaucourt ou de France et est surmontée d'un fronton aux armes de Lorraine. Précédée d'un fossé, elle est défendue par un pont-levis et couverte par l'un des orillons du bastion Saint-Georges tout proche[19].

Au moment de la guerre de Trente ans, avant le premier siège, les fortifications de La Mothe s'étendent ainsi sur une superficie d'environ trente-sept hectares, de sept cents mètres de longueur et de deux cent cinquante mètres de largeur. L’approvisionnement en eau est entre autres assuré par la grande citerne, située sous la place du même nom et une plus petite dans la rue de Montfort. La garnison de la place peut s'entraîner sur la place d'armes, à l'ouest de la ville, séparée de la forteresse par un large fossé. La liaison était assurée par un pont-levis[20].

D'après les gravures de l'époque, La Mothe donne une impression de puissance en raison de la topographie et parce que l'enceinte bastionnée est précédée d'un large fossé sec taillé dans le roc et profond d'environ 2,50 m lui-même défendu par une contrescarpe, imposant ouvrage extérieur en maçonnerie. Les murailles atteignaient par endroit 17 à 20 m de hauteur.

Le développement et l'entretien de la place impliquent les habitants de la cité. En effet, ils doivent des corvées de charrois, normalement sans que cela n'obèrent pour autant leurs activités :

« et pour la difficulté de l'assiette de ladite Mothe, avons confirmé et confirmons, selon leur forme et teneur, fors et excepté que pour la nécessité, ou faulte de charroy qu'il convient faire et employer à la fortification de ladite ville, nosdits bourgeois y demeureront subjectz, mais afin que ce soit à la moindre foule que possible sera, ordonnons audit seigneur de Ligneville et à ses successeurs audit estat, les y employer et faire fournir en temps et saison si commode que pour ce ne soient distraictz et contrainctz d'abandonner leurs labourages, moissons et recolte de leurs autres biens, fruictz et chaptelz provenans de leurs heritages »[21].

Une partie des matériaux nécessaires – ici le bois – viennent du bois de Fréhaut dont l'accès est interdit aux soldats de la garnison « saulf les droitz que nous avons d'y prendre bois pour nos bastimens et fortifications de ladite Mothe »[22].

C'est cette ville bastionnée et ses habitants qui connaissent trois sièges de la part des troupes française avant de connaître le funeste destin de la destruction.

SIÈGES ET DESTRUCTIONS DE LA MOTHE

Avant d'être bastionnée, la ville fortifiée avait déjà eu à subir des attaques et des sièges, comme en 1435 lorsque les troupes du duc cherchent à reprendre La Mothe à Guillequin d'Aigremont[23]. Pourtant, rien à voir avec ce qui se passe au XVIIe siècle.

Le destin de La Mothe, comme d'autres places de l'espace lorrain d'ailleurs, est lié à la politique de Charles IV de Lorraine, dans un contexte de d'affermissement de la frontière militaire française. L'attitude de Charles IV, accueillant Gaston d'Orléans, le frère de Louis XIII, aidant militairement l'empereur Ferdinand II en proie à des difficultés avec les Suédois alliés à la France pousse le roi à intervenir et à imposer ses vues d'abord au traité de Vic (6 janvier 1632) puis au traité de Liverdun (26 juin 1632). À cette date, le Barrois est déjà occupé et le Clermontois passe à la France. Charles IV, passé l'orage, ne se plie guère aux clauses du traité ; pis, la nouvelle du mariage secret de Gaston d'Orléans avec Marguerite de Lorraine (janvier 1632) est maintenant connue en Cour de France. Louis XIII use alors du droit féodal pour prononcer la commise du Barrois mouvant, pour défaut d'hommage de Charles IV : le 24 août 1633, le roi entre à Bar-le-Duc. Nancy est sous la menace d'une occupation et des négociations ont cours avec le frère du duc, Nicolas-François. Le 28 août, ce dernier annonce à Richelieu l'accord de Charles IV pour céder La Mothe en garantie aux mains des Français et à livrer Marguerite de Lorraine. Cela ne change rien, Nancy est assiégée et ouvre ses portes le 24 septembre. L'occupation militaire des duchés s'organise, d'abord par la prise de Bitche (18 mai 1634) puis par celle de La Mothe (26 juillet) par les troupes du maréchal de La Force. La prise de la ville, racontée dans le détail par Nicolas Dubois de Riocourt, débute par une demande au gouverneur Antoine de Choiseul, seigneur D'Ische, de livrer la ville (5 mars 1634). Les Français prennent position à compter du 8 mars, des villages alentours sont détruits, des fortins établis ; une importante artillerie, drainée de divers places, est progressivement mise en place. À compter de début juin, canons et mortiers frappent la ville et les tranchées de sapes s'approchent ; parmi les victimes de l'artillerie, le gouverneur Antoine de Choiseul, tué le 21 juin sur le pont du retranchement. Le siège est dur pour les habitants et la garnison, alors commandée par Sarazin de Germainvillers. Dans la nuit du 25 au 26 juillet, une mine saute sous le bastion Saint-Nicolas, ouvrant une brèche, difficilement colmatée par les défenseurs. Dès le lendemain, un conseil décide de la reddition après une défense honorable : l'accord[24] est rapidement trouvé avec le maréchal de La Force et respecté. Le 28 juillet, le régiment de Navarre entre dans la place et la garnison lorraine sort, mèches allumées. À la suite de ce siège et de cette première occupation française, La Mothe n'appartient pas au cortège des villes démantelées : à l'exemple de Clermont-en-Argonne et de Moyenvic, les dégâts sont effacés par une remise en état.

La place reste entre les mains françaises jusqu'au traité de Saint-Germain-en-Laye (29 mars 1641). Comme le duc Charles IV se rapproche dès juillet 1641 des Espagnols, l'occupation des duchés par la France reprend. Des places sont à reconquérir : La Mothe est à nouveau la cible des Français. Le place est en effet source d'insécurité car des raids en partent et mettent à rançon une partie du Barrois, d'où l'intervention de M. Arnaud, à l'automne 1642[25] avec cependant peu de troupes :

« Le plus difficile est fait ayant empêché cet hiver qu'il n'y soit rien entré. Mais les habitants du pays sont généralement si portés pour les intérêts du duc Charles, qu'ils font continuellement tout ce qui leur est possible pour jeter des vivres dans la place et pour retirer les bouches inutiles que ceux du dedans tâchent toujours de mettre dehors. On m'ôté la plus grande partie des troupes que j'avais… »[26].

Dans une autre lettre écrite du camp de Vrécourt, le 18 mai 1643, Arnauld demande des troupes, disant que le peu qu'il a ne lui suffit même pas pour empêcher les habitants de travailler et de faire leur récolte. Il n'est guère entendu et les dernières troupes doivent quitter les environs de La Mothe pour contribuer au siège de Thionville assiégée. La Mothe n'est pas pour autant complètement libérée de la pression française : Du Hallier a ordre, à la fin 1642, d'assiéger la ville. Son armée, dont le quartier général est à Soulaucourt, se partage entre le camp de Vrécourt et celui de Sommerécourt ; un fort et des redoutes sont installés sur la colline de Fréhaut. 1200 hommes défendent alors La Mothe, sous les ordres du gouverneur Laurent Cliquot. Charles IV intervient avec une armée, défait Du Hallier à la bataille de Liffol-le-Grand, libérant ainsi La Mothe des Français.

Peu de temps après débute le dernier siège de La Mothe à compter de l'ordre de Mazarin, du 6 décembre 1644, de réduire définitivement la place. Le gouverneur de La Mothe, Cliquot, dispose alors d'environ 1000 hommes et de quelques centaines de bourgeois pour la défense de la ville. En face, l'armée française était commandée par le comte de Magalotti, proche de Mazarin, qui commandait le régiment Royal-Italien du cardinal Mazarin. À sa disposition, douze régiments, soit un nombre de soldats plus important mais nécessaire dans l'entreprise d'un siège. Au début, quelques escarmouches alors que les Français creusent progressivement une circonvallation d'un total de six kilomètres, pour laquelle il a fallu mobiliser 2000 paysans[27] ; les travaux sont achevés début mai 1645. Pour le creusement de cette circonvallation et des parallèles d'approche, l'édification des fortifications de campagne, des bras sont certes nécessaires mais aussi des matériaux : dans le pays de Langres sont requis 800 hottes à porter de la terre, 2000 pioches, 1000 pelles de bois, 200 serpes, 30000 clous de trois pouces de long, 200 toises de cordeau[28].

Le bombardement de la ville débute vraiment à la fin de février 1645 et les travaux d’approche sont mis en œuvre début mai. Jusque-là des accrochages ont eu lieu, impliquant jusqu'à plusieurs centaines d'hommes, à l'exemple de celui du 6 mars 1645 où 500 hommes font une sortie sur le quartier de M. de Bar, maréchal de camp, et bousculent une redoute française inachevée. La situation de La Mothe empire cependant ; les assiégés en appellent à la protection de la Vierge et de saint Nicolas. La progression française est inexorable, ne pouvant guère espérer l'arrivée d'une armée lorraine de secours. Un difficile travail de sape est organisé sous le bastion de Sainte-Barbe et la pointe d'Ische, la demi-lune de protection de la courtine menant au bastion Saint-Nicolas. Le 18 juin, la mine sous le bastion de Sainte-Barbe saute et les Français attaquent mais ils sont repoussés. Deux jours plus tard, Magalotti est grièvement blessé et meurt peu de temps après. Il est remplacé par le maréchal de Villeroy qui fait poursuivre le bombardement et la réduction du bastion de Sainte-Barbe, effective le 28 juin. Dès le soir de ce même jour, un appel à négociation est lancé ; le lendemain, Cliquot ne peut accepter les conditions. Villeroy fait alors pilonner à nouveau la ville le 30 juin. Dès le milieu de matinée, les pourparlers reprennent avec Du Boys de Riocourt du côté lorrain. La reddition est signée le 7 juillet 1645, après sept mois de siège.

À la suite de cette dernière reddition, le destin de la place est scellé. L'acte de reddition est rédigé par les défenseurs de La Mothe, présenté au marquis de Villeroy le 1er juillet 1645 par le conseiller Du Boys de Riocourt, lieutenant-général de Charles IV pour le Bassigny. La reddition est finalement signée le 7 juillet. Malgré les rigueurs du siège, les clauses sont assez favorables tant au duc – pour ses biens - qu'aux habitants, pour lesquels il est prévu la liberté de rester ou de partir de La Mothe sans être dépossédés de leurs biens. De même, les murs et fortifications ne doivent pas être rasés[29]. Cependant, telle n'était pas la volonté du pouvoir royal. En effet, La Ferté Senetterre avait déjà souligné la gêne occasionnée sur la frontière par l'existence de cette place qu'il faut absolument réduire[30]. Richelieu, si l'on en croit Du Boys de Riocour, indique qu'il est nécessaire d'en « faire un exemple à la postérité et la mettre en tel état qu'elle ne pût jamais être rétablie »[31]. Surtout, Mazarin en ordonne la destruction, suivant la volonté de la Reine Mère qui « avait si vivement ressenti les injures atroces dont on l'avait outragée, qu'Elle aima mieux manquer à sa parole qu'à sa vengeance »[32]. Le 10 juillet, le marquis de Villeroy fait connaître la volonté royale de faire détruire les fortifications et raser toute la ville. Les choses semblent avoir été décidées avant même la reddition du 7 juillet. Dès le 5 juillet 1645, l'intendant d'armée Gombaut ordonne la mobilisation des habitants du bailliage d'Épinal pour opérer la destruction de la ville. Environ 1500 paysans « des élections de Langres, Chaumont, Bar-sur-Aube et autres villes voisines »[33] sont réquisitionnés pour aider à la destruction, comme en témoigne une lettre de Villeroy à au prince de Condé, le 21 juillet :

« Monseigneur, suivant l'ordre que vous m'avez donné, j'ay desja mis tous les ordres nécessaires pour la desmolition de ceste place-cy. M. Le Camus, intendant de Champagne qui y est venu, a promis donner 2,500 paysans à M. de Combault… Si tout cela vient, ceste bicoque sera bientôt achevée »[34].

Si l'on suit Monglat dans ses Mémoires, « cette prise donna grande joie à tous les peuples du Bassigny, qui contribuèrent avec plaisir à la faire raser selon l'ordre de la cour, et le peuple s'acharna avec tant d'affection à cet ouvrage, que non seulement les fortifications, mais même les maisons et les églises furent démolies et rasées d'une telle sorte que présentement on ne connaît plus où était La Mothe, dont il ne reste aucun vestige »[35]. Les habitants sont eux-mêmes appelés par Louis XIV à contribuer à la destruction de leur propre ville, dans l'espoir de récupérer au moins des matériaux :

« J'ai jugé à propos de leur [aux habitants] en donner les matériaux, et pour cet effet, je vous escris celle-cy par l'avis de la Reyne régente, Madame ma mère, pour vous dire que vous ayez à recevoir les offres qui vous seront faites par les habitants dudit lieu de La Mothe et démollir eux-mêmes leurs maisons. A la condition qu'ils vous donneront promesse de le faire dans un temps compettent et tel que vous jugerez qui se puisse exécuter, et de transporter leurs mathériaux ailleurs où bon leur semblera, leur en ayant fait don par préférence à tous autres pour rebastir leurs maisons aux environs, aux endroicts que vous jugerez le plus convenables »[36].

La fin de la ville est rapide, malgré la tentative par Du Boys de Riocourt de se faire entendre à la Cour. Le 19 juillet a lieu le dernier baptême à La Mothe, comme l'indique le curé Vigneron le 8 septembre : « Voilà le dernier des enfants baptizé à La Mothe par le soubsigné curé, vicaire de MM. les Vénérables, la-ville ayant esté rendue aux Français pour la seconde fois et razée jusques aux fondements comme elle se voit à présent nonobstant le traité fait entre M. le marquis de Villeroy commandant l'armée du Roy et le sieur de Cliquot commandant la ville au nom de son Altesse »[37].

L'image de la destruction rapide et totale est déjà bien présente peu d'années après le siège. Un poète contemporain écrit alors :

« Toy qui cherches La Mothe au milieu d'elle-même, Et qui n'y trouves rien de ce qu'elle a été, Voys ces rochers, ces murs, qui sont de tout côté Les honteux monuments d'une rigueur extrême. Voys ces affreux monceaux de pierres et de bois Qui semblent dans leur ombre, et jusqu'en leur ruine, Pouvoir encor donner à la gent mazarine A défaut de remords, de paniques effrois. Ce séjour désolé, ce vaste cimetière, C'est La Mothe, aujourd'hui, mis à bas tout entière, Elle se fait encor reconnaître en un point : C'est d'inspirer la peur… et de n'en avoir point »[38].

Les habitants sont ainsi voués à la dispersion : certains s'installent à Outremécourt et à Soulaucourt, jetant certainement les premières traces d'une mémoire vive, et redonnant vie à ces deux villages. D'autres se rendent à Bourmont, Gendreville et Médonville ; enfin plusieurs familles notables se fixèrent à Aingeville.

LES MÉMOIRES DE LA MOTHE[39]

La destruction devient le moteur du souvenir puis d'une activité mémorielle autour de La Mothe jusqu'à la première moitié du XXe siècle. La première strate du souvenir est à lire dans le récit même des événements de la fin de La Mothe. La Gazette de France et le Mercure Français relatent les sièges et la reddition définitive, tout en travaillant à la justification de l'intervention française et à la glorification du roi de France ; de même, les mémoires des généraux français conservent le souvenir des événements, même si, pour eux comme pour les journaux français, la prudence reste de mise quant à la fiabilité des données et des détails énoncés. Les souvenir de La Mothe est particulièrement entretenu par Nicolas Du Boys de Riocour (1610-1692). Lieutenant général du duc de Lorraine pour le Bassigny, il devient intendant général des armées de Charles IV (1650) puis conseiller en la Cour souveraine de Lorraine et Barrois (1651). Il est également appelé à des missions diplomatiques dans le contexte agité des duchés occupés avant de devenir commissaire ducal puis président des Grands Jours à Commercy (1665). La nouvelle occupation française, à compter de 1670 met fin à sa carrière : c’est alors qu’il débute la rédaction de sièges de La Mothe. Son récit traite avant tout du premier siège de La Mothe, de 1634, et constitue un substrat important pour le développement de la mémoire de la forteresse et de cette histoire lorraine.

Le souvenir de la cité détruite n'est pas, dans l'immédiat, entretenu par les habitants dispersés dans les villages alentours. Des disputes ont lieu suite à l'attribution des privilèges de la cité disparues au village d'Outremécourt (1661) mais aussi des terres : les anciens habitants n'entretiennent pas le souvenir de l'unité et adoptent le point du vue des nouvelles communautés qui les ont accueillis à Outremécourt, Bourmont et Soulaucourt.

Toutefois, c'est une entreprise individuelle qui donne la première inscription matérielle du souvenir de La Mothe. Nicolas de Landrian, chanoine de La Mothe (1667) et aussi curé d'Outremécourt (1675) S'il officie dans une simple chapelle, annexe de l'ancienne paroisse de La Mothe, une nouvelle église est bâtie à compter de 1698, avec les pierres de La Mothe et aussi selon le plan de l'ancienne collégiale ou de l’ancienne ville : elle est de plan hexagonal. De même, l'enceinte du cimetière reprend le tracé de la seconde enceinte de la ville. Le dallage de la nouvelle église est constitué de stèles funéraires de l'ancienne collégiale. Enfin, l'église détient alors un reliquaire de la collégiale, contenant trois fragments de la couronne du Christ, ainsi que deux statues (saint Roch et une Vierge à l'Enfant). Face à l'église, un calvaire qui aurait orné une des places de l’ancienne cité. Voici des éléments qui ne manquent pas de rappeler le passé de l'ancienne collégiale et, indirectement, celui de la ville disparue. De même, un autre calvaire à Germainvillers viendrait aussi de La Mothe.

Au XVIIIe siècle, quelques éléments permettent de voir que le souvenir de La Mothe n'est pas complètement perdu. En 1739, un poème anonyme appelle à ne pas oublier la ville détruite. Pour le centenaire de la destruction, les élèves du collège de Bourmont se rendent en excursion sur le site de la ville, peut-être à l'instigation d'un enseignant. Mais l'on ne sait s'il y eut la mise en place d'autres visites pour les élèves. L'étendard du gouverneur d'Ische surgit à nouveau en 1775[40], comme symbole du dévouement à la patrie, lors des marchés publiques et processions. Le texte de Du Boys de Riocour est aussi redécouvert et résumé par le curé d'Outremécourt, Charles Joseph Palquois (1726-1761) et aurait servi de base à la lecture et au dessin de jeunes enfants. Enfin, La Mothe n'est pas oubliée par Dom Calmet, qui utilise d'ailleurs Du Boys de Riocour, pour définir la cité comme une « forteresse imprenable » et une « forteresse autrefois très fameuse »[41].

Le passé ressurgit réellement au cours du premier quart du XIXe siècle à l'occasion d'un conflit d'attribution du plateau de La Mothe entre l'État et les villages d'Outremécourt et de Soulaucourt. En 1824, l'État s'approprie les terres de l'ancienne ville mais l'espace même de la ville est concédé aux deux villages. Dans ce contexte, des articles sont publiés, notamment dans la Feuille d'annonce et d'agriculture du département de la Haute-Marne, dont des extraits de Du Boys de Riocour. L'auteur des articles, le 2 mars 1826, note entre autres qu'il n'y a pas de monument sur place pour rappeler le passé de La Mothe. Un tournant mémoriel est alors pris. En 1837, le texte de Du Boys de Riocour est publié entre septembre et octobre dans la Chronique de Champagne, puis une autre édition apparaît en 1841. Le texte résumé du l'abbé Palquois est lui-même imprimé en 1856 dans La Haute-Marne, revue champenoise. En 1841, Antoine Nicolas François, un descendant de Du Boys de Riocour, livre une édition complète du texte des Relations ; vingt ans plus tard, il entreprend une nouvelle édition, avec des compléments et le travail d’édition est mis en œuvre pas Jules Simonnet[42].

Le souvenir de La Mothe est dès lors réactivé et plusieurs personnages y travaillent. Jules Eugène Marchal, juriste, qui publie dans les Annales de la Société d'émulation des Vosges le fruit de ses recherches. L'abbé Liébaut, qui travaille à l'histoire de La Mothe par le biais de l'église d'Outremécourt[43] mais aussi par des écrits qui rappellent les sièges[44]. Enfin, Alcide Marot, avec son Chasseur de La Mothe (1894) et ses contributions au Pays Lorrain. Ces auteurs et les sociétés savantes de Lorraines, la Société d'émulation des Vosges et le Musée historique lorrain de Nancy, deviennent les vecteurs du renouveau du souvenir de La Mothe. Le Pays Lorrain, fondé en 1904, livre son premier article sur la ville en 1904 et lui en consacre douze autres jusqu'en 1939. Le Société d'Archéologie lorraine lui consacre un gros article[45].

De toute évidence, le mouvement lotharingiste et aussi la défaite de 1870 ont eu un impact sur le ressurgissement du souvenir de La Mothe et une véritable réactivation mémorielle. Le chêne de La Mothe, qui aurait été le lieu de rassemblement des défenseurs de la ville contre les Français est devenu le point de ralliement des partisans en 1870.

« Mais Strasbourg est tombée comme La Mothe… et la Lorraine était devenue comme l'Alsace, si bien française, que tous les cœurs saignent en songeant qu'elles sont aujourd'hui allemandes »[46].

Surtout, c'est la mise à jour d'une voûte souterraine en 1894 qui déclenche un regain d'intérêt. Un membre de la famille Landrian contacte la Société d'Archéologie Lorraine qui veut faire cesser l'exploitation des pierres du site et faire connaître le site. Elle propose même d'élever un monument, lequel est inauguré le 7 juin 1897[47]. Cette journée est l'occasion de rappeler le souvenir de La Mothe mais aussi d'exalter la résistance patriotique des habitants, transposition des Lorrains aux Français dans ce contexte de la perte de l'Alsace-Moselle. Alcide Marot ne dit-il pas dans son poème : « La Mothe, sans soldats, sans tours, puissante cime, sera la forteresse invaincue et sublime, et le rempart français de la fidélité »[48] ? Maurice Barrès lui-même se rend plusieurs fois sur place. Des velléités de classement du site apparaissent avant la Grande Guerre mais ce n'est que le 10 août 1923 que le ministère accède au classement au titre des monuments historiques. Un comité, dans lequel figurent Lyautey et R. Poincaré, décide d'animer pour valoriser La Mothe. En 1934, notamment, pour le tricentenaire du premier siège, une grande cérémonie a lieu, dernier épisode du souvenir de La Mothe avant de sombrer à nouveau dans l'oubli.

CONCLUSION

La Seconde guerre mondiale sonne le glas du renouveau de La Mothe. Ce n'est qu'à compter des années 1960 qu'un modeste regain d'intérêt se fait jour, à l'occasion de fouilles archéologiques. Dans les années 1970, l'Association historique et archéologique de La Mothe est réactivée : elle fait visiter les lieux et cherche à mieux faire connaître l'histoire du site[49], en particulier par ses Cahiers. Enfin, si La Mothe a été une forteresse lorraine, elle est presque totalement oubliée de la mémoire lorraine. En effet, actuellement située dans le département de la Haute-Marne, seule une exposition organisée en 1996 par les Archives de Haute-Marne, des Vosges et le Musée historique lorrain[50], le roman de Gilles Laporte l'année suivante[51], ainsi qu'un Itinéraire du Patrimoine[52] ont contribué à faire sortir, un instant, de l’oubli lorrain cette cité qui avait résisté à l'envahisseur français au XVIIe siècle. La destruction matérielle de la forteresse a favorisé l’oubli, de même que sa situation très en marge des duchés, dans le Bassigny. Pourtant, La Mothe, l'un des fleurons du bastionnement moderne, a été l’un des marqueurs de la frontière avec la France et de la résistance lorraine ; cette incarnation moderne de l'identité du petit État ducal lorrain a disparu, de même que les belles fortifications de Nancy, autre emblème de cette indépendance.

NOTES

  1. L'abbé Liébaut indique que l'on peut même apercevoir les tours de la cathédrale de Langres du haut de La Mothe (Abbé Liébaut, La Mothe, ses sièges, sa destruction, Nancy, 2e édition, 1904, p.14).
  2. Ibid., p.17. L'auteur indique que la ville a été fondée dès 1225 mais sans préciser sur quelles sources il étaye cette idée (p.19). Sur cette fondation, voir Alain Girardot, « La fondation d'une ville au XIIIe siècle : La Mothe en Bassigny », Cahiers Haut-marnais, 191, 1992, p.56-85.
  3. Voir Jean-Luc Fray, Villes et bourg de Lorraine. Réseaux urbains et centralité au Moyen Âge, Presses Universitaires Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand, 2006, p.360-361.
  4. Cité d'après « Les trois sièges de la ville et forteresse de La Mothe, ès années 1634, 1643 et 1645 par un officier de la garnison de cette place », La Chronique de Champagne, 1ère année, volume 2, 1887, p.174-190, ici p.174.
  5. Voir la retranscription d'une partie d'entre eux dans Documents rares ou inédits de l'histoire des Vosges, tome 7, 1882, p.99-110.
  6. C'est au cours de ces décennies que le nom de La Mothe s'impose en remplacement de Saint-Hilairemont : en 1272, dans un acte d'hommage au comte de Champagne, c'est le « chastel de La Mothe » qui est désigné (Abbé Liébaut, op. cit., p.16).
  7. Ibid., p.19.
  8. Voir Nicole Villa-Sébline, La sénéchaussée de La Mothe et Bourmont des origines à 1645, Thèse de l'École des Chartes, 1947.
  9. Une confirmation de charte par Charles III de Lorraine, datée du 9 avril 1576, indique que « noz predecesseurs et nous avons trouvé bon de faire fortifier ledit lieu de La Mothe, et y tenir, pour la garde et tuition d'iceluy, quelque nombre de soldatz,… » (Documents rares ou inédits, op. cit., p.106). Du Boys de Riocourt indique quant à lui que « René Ier d'Anjou […], Yolande, sa fille, mariée à Ferry III de vaudémont, qui succéda audit duché, et René II leur fils, firent commencer à diverses reprises quelques fortifications, mais qui furent discontinuées, tantôt par la prison du vieux duc René […] tantôt par les troubles survenus pendant le règne de Yolande et de René II, son fils » (p.11).
  10. Voir Jean Charles, « L'enceinte urbaine et le château de La Mothe-en-Bassigny. L'apport des plans de l'Architettura Militare de Turin », Lotharingia, XII, 2004, p.159-207, ici p.164s.
  11. Ibid., p.170 pour les hypothèses de placement de ces portes.
  12. Jean Charles, op. cit., p.166. Pour l'ensemble des détails sur l'adaptation et les travaux des fortifications médiévales au cours du premier XVIe siècle, nous renvoyons à l'étude détaillée, appuyée par des plans, de Jean Charles déjà citée.
  13. Ibid., p.170 ; A.D.55, B 2335.
  14. Du Boys de Riocourt, op. cit., p.11.
  15. Chapelier, Les défenseurs, op. cit., p.191.
  16. Cet ingénieur italien a également travaillé pour Charles Quint en Bourgogne : en 1541, l'empereur a fait appel à ses services pour réédifier l'enceinte de Dole, rasée en 1479 sur ordre de Louis XI ; en 1551, Precipiano réaménage l'enceinte de la ville de Gray, pourvue de 7 bastions, achevée en 1587 (www.culture.gouv.fr, base Mérimée). Voir également l'article de Raphaël Tassin
  17. Stéphane Gaber, Quatre siècles de fortifications en Lorraine. Des premiers bastions à la ligne Maginot, Metz, Éditions Serpenoise, 2012, p.21.
  18. Jean-Charles. Chapelier, « Les défenseurs de La Mothe. Notices biographiques et historiques », Annales de la Société d'émulation des Vosges, tome XI, 1862, p.189-299, ici p.191.
  19. Pour les détails de la fortification, consulter l'article de Jean Charles, op. cit.
  20. C'est sur ce pont qu'a été tué le gouverneur d'Ische, M. de Choiseul, en 1634.
  21. Ibid., p.108.
  22. Ibid., p.109.
  23. Abbé Liébaut, op. cit., p.31.
  24. Clauses détaillées dans Ibid., p.59-60.
  25. « Vers l'automne de 1642, on donna un corps de troupes à M. Arnauld, avec lesquelles il eut ordre de bloquer La Mothe, la meilleure place qui restait à M. de Lorraine, et dont la garnison incommodait fort, par ses courses, toutes les provinces voisines. Il m'écrivit à Verdun, me proposant fort honnêtement de venir servir auprès de lui, en une occasion où il avait besoin de personnes de confiance […]. Peu de temps après, il prit ses quartiers à l'entour de La Mothe et la bloqua si bien tout l'hiver qu'on ne fut plus incommodé des courses de sa garnison et qu'elle-même le lut beaucoup. Ce ne fut pas sans d'extrêmes fatigues de noire part. Nous étions presque continuellement à cheval par les neiges et un froid extrême : mais il est vrai que ces peines étaient adoucies par la bonne compagnie que nous trouvions en ce pays-là, et à la campagne et à Chaumont, y ayant alors de fort jolies femmes » (Mémoires de l'abbé Arnauld, contenant quelques anecdotes de la cour de France de 1634 jusqu'à 1675, première partie, Amsterdam, 1756, p.229s).
  26. Lettre d'Arnauld à Mazarin, mai 1643 (cité d'après Abbé Liébaut, op. cit., p.66).
  27. Philippe Martin, Une guerre de Trente Ans en Lorraine, Metz, 2002, p.182.
  28. Léonce de Piépape, Histoire militaire du pays de Langres et du Bassigny, Langres, 1884, p.224.
  29. Mémoires du Marquis de Beauvau, p.87.
  30. Ibid., p.84-85.
  31. Jules Simonnet, Relation des sièges et du blocus de La Mothe (1634, 1642, 1645), par Du Boys de Riocour, Langres, 2008 (fac-similé de l'édition de 1861), p.203.
  32. Mémoires du Marquis de Beauvau pour servir a l'histoire de Charles IV. Duc de Lorraine et de Bar, Pierre Marteau, Cologne, 1690, p.87.
  33. Abbé Liébaut, op. cit., p.96.
  34. Cité d'après Ibid., note 1 p.96.
  35. D'après Jules Simonet, op. cit., p.211.
  36. Lettre du roi à l'intendant Gombaut, du 29 juillet 1645 (cité d'après Abbé Liébaut, op. cit., note 2 p.96).
  37. Cité d'après Abbé Liébaut, op. cit., p.98.
  38. Ibid., p.100-101.
  39. Cette partie est entre autres issue du travail de Fabrice Fontaine, La mémoire de La Mothe, Mémoire de Maîtrise (dir. Philippe Martin), Université de Nancy 2, 2003.
  40. Philippe Martin, op. cit., p.348.
  41. Dom Calmet, Notice de Lorraine, 1973, tome 1, p.917-924.
  42. Jules Simonnet, Relation des sièges et du blocus de La Mothe (1634, 1642, 1645), par Du Boys de Riocour, Langres, 1861.
  43. Outremécourt ou l'héritage de La Mothe, Langres, 1883.
  44. La Mothe, ses sièges, sa destruction, Nancy, 1904.
  45. Amédée Cagnat, « Le premier siège de La Mothe », Mémoires de la Société d'archéologie lorraine, 1914-1919, p.5-120.
  46. Le Guillois, Le chêne des partisans. Épisodes de la conquête de la Lorraine par la France, Neufchâteau, 1886, p.202.
  47. Pierre Marot, Le monument de La Mothe. Souvenir offert aux souscripteurs, Nancy, 1897.
  48. Cité d'après Ibid., p.38.
  49. http://lesamisdelamothe.wordpress.com/
  50. Dont un catalogue a été tiré : La Mothe, citadelle lorraine aux confins de la Champagne, Nancy, 1996.
  51. Les dernières violettes de La Mothe, Paris, 1997.
  52. Jean Charles, Jacques Philippot, La Mothe-en-Bassigny, Haute-Marne - Place forte de la Lorraine face à la France, Langres, 2002.


  Pour citer cet article :
Laurent Jalabert - La forteresse de La Mothe en Bassigny - Projet Empreinte militaire en Lorraine
Consulté en ligne le <date du jour> - Url : http://ticri.inpl-nancy.fr/wicri-lor.fr/index.php?title=Empreinte_militaire_en_Lorraine_(06-2014)_Laurent_Jalabert

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