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Annales de l'Est (1951) Bossuat

De Wicri Lorraine
Bandeau Annales de l'Est.jpg


Les prisonniers de guerre au XVe siècle la rançon de Jean seigneur de Rodemack


 
 


Informations sur l'article
Auteur : André Bossuat
Période historique : Moyen-Âge
Discipline : Histoire militaire
Type : {{{Type}}}La propriété « A pour type article AdE » (comme le type de page) avec la valeur d’entrée « {{{Type}}} » contient des caractères non valides ou est incomplète, et donc peut provoquer des résultats inattendus lors d’une requête ou d’un processus d’annotation.
Informations de publication
Année : 1951
Numéro : 3


Dans l'armée de René d'Anjou qui, le 2 juillet 1431, fut écrasée à Bulgnéville par les forces coalisées du maréchal de Bourgogne, Antoine de Toulonjon, et d'Antoine de Lorraine, comte de Vaudémont, figurait un contingent de 300 combattants conduits par Jean, seigneur de Rodemack. Ceux-ci firent brillamment leur devoir car, pour la plupart, ils furent tués ou pris. Le seigneur de Rodemack tomba lui-même aux mains de l'ennemi, avec un de ses fils. Ce malheureux événement allait avoir pour la famille de Rodemack les plus graves conséquences.

Jean de Rodemack appartenait à une des premières familles du Luxembourg[1]. Son père, également prénommé Jean, était seigneur de Rodemack, d'Hespérange, de Chassepierre. Sa mère, Mahaut de Grancey, avait apporté à son mari un certain nombre de seigneuries situées en Champagne et en Barrois comme Ancerville, Eclaron, Ambrières, Haironville[2]etc… et grâce à cet apport, les Rodemack qui se prétendaient alleutiers souverains en Luxembourg[3]étaient devenus vassaux du duc de Bar et du roi de France. D'autres unions matrimoniales, sagement combinées, leur avaient permis l'acquisition d'autres terres à proximité des leurs, comme la seigneurie de Boulay, ou leur avaient procuré d'utiles relations parmi les familles nobles de Lorraine, de Champagne, de Bourgogne ou de l'Empire[4].

Leur fortune passait pour être considérable. Au début du XVe siècle, les terres de Jean de Rodemack et de Mahaut de Grancey produisaient un revenu de 14.000 à 15.000 florins, auxquels il fallait ajouter 3.000 à 4.000 florins de rente venus de nouveaux acquêts faits par les deux époux pendant leur mariage[5]. Ce qui est remarquable, c'est que leur fortune ne se composait pas seulement d'immeubles. Leur richesse mobilière était évaluée à 50.000 florins. Un frère de Jean, Gillequin de Rodemack tirait de ses terres, 12.000 florins et possédait en meubles 100.000 florins. Il put ainsi acquérir Montmédy que lui engagea la duchesse de Lorraine pour 18.000 florins qu'elle lui avait empruntés et qui ne furent jamais remboursés[6]. Gillequin mourut sans enfants en 1427 et sa fortune vint grossir celles de ses neveux et nièces.

Bien que leur résidence fût dans l'Empire, installés, comme ils étaient, aux confins du royaume de France, les Rodemack se trouvèrent rapidement engagés dans les luttes qui agitèrent la France au début du XVe siècle. Sous le règne de Charles V, déjà, un seigneur de Rodemack recevait en fief du Roi une pension[7]. En 1388, le duc de Bourgogne, Philippe le Hardi, avait pensé de son côté s'attacher le seigneur de Rodemack, « son cousin » comme il disait, par le don d'une pension de 300 francs, à condition qu'il se reconnût son homme lige[8]. Mais cette sujétion ne fut certainement pas de longue durée. Quand Louis d'Orléans manifesta ses prétentions sur le duché de Luxembourg, les Rodemack le soutinrent. L'un d'eux, Roland, s'intitule en 1402 son conseiller et en 1405 on le voit joindre ses forces aux siennes[9]. Jean de Rodemack est l'allié du duc d'Orléans contre la ville de Metz. Vassaux du duc de Bar et du roi de France, ils suivirent le parti de leurs nouveaux seigneurs. Le damoiseau de Rodemack, sans doute le futur combattant de Bulgnéville, figurait en août 1429 dans le contingent que René d'Anjou, duc de Bar, avait conduit à l'armée royale qui marchait sur Paris[10] et cette fidélité à la cause française ne s'était plus démentie. À Bulgnéville, les Rodemack venaient une fois encore d'en témoigner.

La capture du seigneur de Rodemack était donc pour les Bourguignons de première importance. Non seulement il s'agissait d'un adversaire redoutable, mais encore d'un captif dont on pouvait tirer une fructueuse rançon. On sait que le maréchal de Bourgogne, Antoine de Toulonjon, à l'instigation de Philippe le Bon, se réserva non seulement l'honneur, mais les profits de la victoire. Malgré les protestations d'Antoine de Vaudémont, il s'attribua la propriété de tous les prisonniers faits à Bulgnéville sous prétexte qu'il était le chef de l'armée victorieuse. Jean de Rodemack et son fils furent conduits à Dijon en compagnie de René d'Anjou et d'autres prisonniers de marque. Le fils fut donné par le duc à son conseiller, Antoine seigneur de Croy et de Renty[11]. Le père fut prisonnier d'Antoine de Toulonjon qui lui imposa l'énorme rançon de 18.000 florins d'or du Rhin[12]. Selon l'usage observé par les gens de guerre, le chiffre de la rançon devait correspondre à une année de revenus du captif. La règle en fait n'avait rien d'absolu. Ici cependant la somme exigée représentait à peu près le revenu annuel que la renommée attribuait à la famille de Rodemack. Bien que le contrat de rançon ne nous soit pas parvenu, nous savons par ailleurs que le prisonnier dut s'engager sur son honneur à payer sa rançon par parties, à termes fixes et que sa dette était garantie par une hypothèque générale sur tous ses biens. Mais avant de le laisser aller, il était également d'usage d'exiger d'un prisonnier bien d'autres garanties. Il devait livrer des otages qui répondaient, dans leurs personnes, de l'exécution de ses engagements. C'était là un service qu'on pouvait demander à des parents, à des amis. À défaut, le captif pouvait constituer comme otages sa femme ou ses enfants et ce cas-là n'était pas rare. Ici, il n'est pas parlé d'otages. Il est très probable que Jean de Rodemack laissait à Dijon des compagnons prisonniers comme lui, qui durent jouer ce rôle et la présence de son fils dans les prisons d'Antoine de Croy pouvait également rassurer ceux dont il dépendait. Mais plus importants encore que les otages, étaient les cautions, pièges et fidéjusseurs que le captif devait trouver. En effet, le « maître » du prisonnier pouvait toujours douter de sa bonne foi, et plus encore de sa solvabilité. Il était donc indispensable que l'engagement du prisonnier fût appuyé, consolidé par l'engagement de ceux qui se portaient cautions pour lui. C'était là aussi un service qu'on pouvait demander à des parents ou à des amis pourvu qu'ils fussent solvables. Le seigneur de Rodemack eut, paraît-il, quelque peine à en trouver. Il arriva pourtant à intéresser à son sort, trois seigneurs bourguignons : Claude de Beauvoir, seigneur de Chastellux ; Jean de Neufchâtel, seigneur de Montagu et Bernard de Châteauvillain, seigneur de Thil. Claude de Beauvoir, dont les Anglais avaient fait un maréchal de France, par son mariage avec Marie de Savoisi, fille d'Yolande de Rodemack, était le neveu du prisonnier, Bernard de Châteauvillain, par sa mère, Jeanne de Grancey, était son cousin germain. Quant à Jean de Neufchâtel nous n'avons pu déterminer sa parenté. Finalement ces trois Bourguignons consentirent à garantir la dette de Jean de Rodemack vis-à-vis d'Antoine de Toulonjon et cela, sur leur honneur et sur tous leurs biens[13]

C'était là une obligation très grave et en s'engageant ainsi les pièges couraient de gros risques. L'engagement sur l'honneur n'était pas une vaine formule. Les créanciers pouvaient agir contre eux comme sur le débiteur principal par la voie du déshonorement, procédure archaïque certes et brutale, mais fort appréciée des gens de guerre qui voyaient là la plus aisée et la plus noble manière de se faire payer. Elle consistait à faire représenter celui qui ne tenait pas ses promesses, pendu par les pieds à un gibet et à faire afficher ces placards vengeurs à la porte du château de l'intéressé ou tout au moins dans les localités où il avait des chances d'être connu. Ce procédé était recommandé et normalement appliqué en matière de capture et de rançon. En effet, en période d'hostilité, les parties adverses, appartenant à des obédiences différentes, n'avaient pas la possibilité de s'adresser à un tribunal. Entre ennemis, la voie de droit était impossible. Seul subsistait l'appel à l'honneur et le reproche d'honneur était le seul recours. C'est ainsi, par exemple, que les capitaines français qui avaient capturé Guillaume de Châteauvillain avaient agi d'abord[14]. En ce qui concerne l'affaire de Jean de Rodemack, les parties furent d'accord pour écarter cette procédure désagréable. Il fut décidé qu'en cas de contestation, la compétence serait attribuée aux tribunaux bourguignons. Ainsi on agirait par les voies régulières du droit.

Mais si, comme lui-même, les pièges du seigneur de Rodemack pouvaient être assurés de ne pas être un jour pendus par les pieds, en effigie, leur situation n'en restait pas moins pleine de périls. Ils engageaient, en effet, la totalité de leurs biens. Certes Jean de Rodemack était riche. Le roi de Sicile, René d'Anjou, avait promis avant la bataille, «la doloreuse besongne de Bulligneville », de l'indemniser de toutes les pertes qu'il y pourrait faire. Mais le roi René était lui-même prisonnier, et dans ces conditions pouvait-on beaucoup compter sur lui ?

Contre les risques que pouvait leur faire courir leur « plégerie », les trois fidéjusseurs essayèrent de se garantir en suscitant l'engage¬ment d'un seigneur plus puissant qui accepterait, le cas échéant, de se substituer à eux, une sorte d' « arrière fidéjusseur » comme disent nos textes. Ils cherchaient au fond une contre-assurance. Ils s'adressèrent au rival de René d'Anjou, à Antoine de Vaudémont lui-même. Celui-ci refusa d'abord. Il n'avait aucune raison de prêter ses bons offices à Jean de Rodemack qui avait été son adversaire acharné et de s'intéresser au paiement d'une rançon qui, finalement, irait remplir les coffres d'Antoine de Toulonjon qui l'en avait frustré. Mais « dolose et captiose », nous dit-on, ils firent tant que le comte consentit enfin à les garantir. Par acte du 28 juillet 1431, il s'engagea sur son honneur et sur ses biens à les indemniser de tout ce qu'ils auraient déboursé, tant en principal qu'en dépenses annexes. De son côté, Jean de Rodemack promettait à Antoine de Vaudémont de le rembourser le cas échéant ou à revenir se constituer prisonnier entre ses mains. Ainsi entre le captif et son « maître », venait s'interposer toute une série de garants : les trois fidéjusseurs, le comte de Vaudémont que Jean de Rodemack garantissait, après avoir obtenu lui-même la garantie du roi René.

Après une courte captivité, Jean de Rodemack, libéré, se mit en quête de sa finance. Son premier soin fut, paraît-il, de s'adresser au roi René, cause initiale de ses malheurs. Il allégua l'engagement général que le Roi avait pris de l'indemniser de toutes ses pertes, et, en même temps, il rappela que le duc Charles de Lorraine, à qui René succédait, lui devait les arrérages d'une pension qu'il lui avait promise en 1423[15]. Mais la défaite plaçait le roi René dans une position difficile. Il devait songer à sa propre rançon et beaucoup de prisonniers de Bulgnéville comptaient sur lui pour obtenir leur libération. Il ne put promettre qu'une somme de 10.000 florins payable en plusieurs termes; mais il est très probable qu'il s'engagea à faire libérer le fils du seigneur de Rodemack, Jean, prisonnier d'Antoine de Croy et dont la rançon n'était pas encore fixée.

En tout cas, dès 1432, le roi versait à Jean de Neuchâtel, seigneur de Montagu, 6.000 florins à valoir sur la rançon de Jean de Rodemack[16] ; mais ce fut tout ce qu'il en paya. Le seigneur de Rodemack en fut réduit à trouver de l'argent ailleurs. Il vendit de sa chevance et rassembla ainsi 8.000 florins qu'il versa[17]. Il restait dû 4.000 florins auxquels vint s'ajouter bientôt un supplément de 714 florins pour dépenses diverses : voyages, envois de messagers, etc. Jean de Rodemack se déclarait incapable d'un nouvel effort financier.

Mais déjà l'affaire ne se débattait plus entre les mêmes personnes. Antoine de Toulonjon était mort en 1432, et son fils Jean avait hérité de sa créance. Le seigneur de Montagu avait disparu à son tour, laissant pour héritier son neveu Thibaud, seigneur de Neufchâtel et de Châtel-sur-Moselle, qui trouva dans la succession l'obligation de servir de piège à Jean de Rodemack[18]. Or c'est à Thibaud de Neufchâtel que Jean de Toulonjon réclama les 4 714 florins qui restaient à payer. Le créancier choisissait à son gré celui qu'il préférait poursuivre. Ni Claude de Beauvoir, ni Bernard de Châteauvillain ne semblent avoir été inquiétés. Il est vrai que Bernard de Château-villain qui était également caution de son frère Guillaume, pris par les Français aux environs de 1430, avait assez à faire à se défendre contre ses créanciers, et le poursuivre n'eût servi à rien.

Thibaud de Neufchâtel, attaqué par Jean de Toulonjon devant les juges bourguignons siégeant à Dôle, fut condamné par arrêt du 7 mai 1436 à payer ce qui restait dû. Il put réunir avec peine 714 florins. Il en manquait 4.000. Il se libéra comme il put en cédant à Jean de Toulonjon une rente de 400 livres sur la saunerie de Salins qu'il tenait en fief du duc de Bourgogne. Jean de Toulonjon se déclara satisfait et hors du jeu. En ce qui le concernait la rançon était payée et tout était terminé[19].

Il ne restait plus aux pièges qu'à se débrouiller entre eux et à s'entendre avec le débiteur principal. Dès le début des poursuites, Thibaud de Neufchâtel avait sommé Antoine de Vaudémont de tenir ses engagements. Antoine de Vaudémont somma à son tour Jean de Rodemack de faire le nécessaire pour le libérer et le tenir à l'abri des poursuites. Il en résulta entre eux une correspondance assez active dont quelques lettres nous sont parvenues. Ce qui compliquait encore la situation, c'est qu'à tout instant, des incidents imprévus et étrangers à l'affaire venaient envenimer les rapports entre les parties. Ainsi depuis 1433, la petite place de Narcey, qui appartenait au comte de Vaudémont, seigneur de Joinville, avait été occupée par un certain Englebert de Dale qui se disait à la solde de Jean de Rodemack[20]. Celui-ci, sommé par Antoine de Vaudémont de faire cesser les pillages commis sur ses terres et d'évacuer la place, s'était engagé à faire tout son possible pour lui donner satisfaction et, en tout cas, à lui livrer son château d'Ancerville pour lui permettre de réduire Narcey plus facilement. Mais le capitaine d'Ancerville refusa d'obéir. L'affaire durait encore en 1436, quand Thibaud de Neufchâtel relança Antoine de Vaudémont à propos de la rançon de Jean de Rodemack à qui le comte envoya la requête de Thibaud de Neufchâtel, en y joignant des observations assez aigres. Il le menaça d'attaquer son honneur en publiant « en cours de seigneurs et de princes et ailleurs les foy, sermens et promesses » qu'il lui avait faits[21]. À la fin, le 30 juillet 1436, Jean de Rodemack se décida à expliquer sa conduite à propos de Narcey, mais sans souffler mot de la rançon[22]. Cela lui valut une réponse plus sèche encore, mais qui resta sans résultat. Le 22 décembre 1437, Antoine de Vaudémont revenait à la charge et cette fois rappelait à Jean de Rodemack, qu'entre autres choses, il avait promis, au cas où sa rançon resterait impayée, de se constituer prisonnier à Dijon ou ailleurs et il l'invitait à « rentrer son corps prisonnier entre les quatre murs de Vaudémont »[23]. Jean de Rodemack ne se rendit pas à l'invitation. Il avait bien d'autres soucis. Cette même année 1437, il entrait en guerre contre la duchesse de Luxembourg, Elizabeth de Gôrlitz, et avec l'aide de Charles de Cervoles, il poussait une pointe à trois lieues de Trèves, jusqu'à Echternach[24].

Enfin, au début de l'année, son fils Jean avait été libéré. Or la rançon de Jean de Rodemack, le fils, avait donné lieu à des négociations compliquées. Le prisonnier avait été jusque-là gardé à Dijon, et Antoine de Croy avait enfin consenti à le libérer pour 10.000 écus d'or, somme qui représentait le principal de la rançon et les dépenses annexes. Mais cette rançon ne greva pas les finances des Rodemack. Le 7 février 1437, étant à Lille, le roi René s'engagea à payer la somme exigée en deux termes, le second en mai 1438[25]. En gage de sa promesse, il livrait ses deux places de Clermont en Argonne et de Neufchâteau en Lorraine. Mais il dut fournir lui-même des cautions parmi lesquelles figurait Jacques de Sierck, chancelier de Lorraine, futur archevêque de Trèves, qui finalement paya les 10.000 écus[26]. Dans ces conditions, il est compréhensible que le roi René, malgré sa bonne volonté, n'ait pu fournir à Jean de Rodemack, le père, les florins qui lui manquaient pour satisfaire Thibaud de Neufchâtel[27].

Aussi, quand le 1er octobre 1439, Jean de Rodemack eut été emporté par une épidémie, ses créanciers n'étaient toujours pas payés[28]. Il laissait trois enfants : Gérard, Jean et Marguerite[29]. Jean reçut sans doute la seigneurie de Boulay, mais sa longue captivité avait der altérer sa santé car il était placé sous le gouvernement de son frère et dans les procès qui suivirent, il ne joue aucun rôle[30]. C'est Gérard, l'aîné, qui devint à son tour seigneur de Rodemack. Le 5 novembre 1439, il prêta hommage par procureur à René d'Anjou, duc de Bar, pour ses seigneuries d'Ancerville et d'Éclaron, car il était, disait-il, fort empêché par l'exécution du testament de son père et par la récep¬tion des hommages de ses propres vassaux[31] ; mais la rançon de Jean de Rodemack qui figurait au passif de la succession allait lui procurer bien d'autres embarras.

Il était aussi incapable que son père de payer ce qu'on lui réclamait. Les seigneuries de Barrois dont les revenus étaient auparavant estimés 14.000 florins, n'en rapportaient plus que 4.000 à peine. Gérard était à présent aux prises avec Claude de Beauvoir et toute la lignée des Savoisi, sous prétexte, qu'héritiers d'Yolande de Rodemack, ils avaient des droits sur Ancerville et Éclaron[32]. Enfin, la guerre allait commencer en Luxembourg contre les Bourguignons.

C'est alors que Thibaud de Neufchâtel, las de multiplier en pure perte les requêtes amiables et les sommations comminatoires, perdit patience et voulut employer la violence. Il céda à son fils Thibaud, seigneur de Blâmont, une partie de sa créance, soit 1.000 florins. Ce Thibaud de Blâmont était un homme de guerre, peu disposé à se laisser arrêter par les artifices de procédure. Il se rua, bien accompagné, sur les biens des Rodemack, pilla et dévasta Boulay et les terres de Barrois, comme Ancerville et Baillon, et détruisit pour bien plus que la valeur de sa créance[33]. Gérard demanda à Charles VII de mettre ses domaines sous sa protection. Il était en effet conseiller du roi qui l'appelait son cousin. Par lettres du 23 avril 1442, le roi plaça Ancerville, Ambrières et Éclaron sous sa sauvegarde entre les mains du bailli royal le plus rapproché, celui de Chaumont à son siège de Wassy[34]. Une mention spéciale précisait que la sauvegarde royale ne pouvait en rien préjudicier aux droits du duc de Bar. Elle s'appliquait seulement « aux pilleurs et larrons qui par envie de guerre vorroient grever les terres du seigneur de Rodemack ».

L'équipée de Thibaud de Blâmont pouvait servir d'argument à Gérard qui prétendit alors que les Neufchâtel s'étant indemnisés eux-mêmes, il ne leur devait plus rien. Mais son adversaire ne l'entendait pas ainsi. Thibaud de Neufchâtel continuait à poursuivre le comte de Vaudémont qui, à son tour, sommait Gérard de Rodemack de le garantir. On essaya de s'entendre et en 1442 une journée fut tenue devant le chancelier de Bourgogne ; ce fut en pure perte[35]. Gérard, poursuivi à Dole, puis à Dijon, amusait son adversaire en le traînant de délai en délai. Il multipliait les excuses, discutait sur la valeur des quittances, éternisait les enquêtes. Tantôt le bailli de Nancy, dont on avait besoin, se trouvait occupé en Allemagne, tantôt, s'il était là, se montrait incompétent ou partial. La guerre continuait avec Thibaud de Blâmont et Gérard déclarait qu'il ne pouvait s'exposer sur les chemins sans saufs-conduits ou mieux, si une trêve n'était pas conclue. C'était enfin l'époque où s'engageait la guerre de Luxembourg. Gérard de Rodemack, prenant parti pour Guillaume et Frédéric de Saxe, entrait en campagne contre les Bourguignons. Plus tard, Olivier de la Marche affirmait « que le plus de résistance que trouva le duc avec les deux villes de Luxembourg et de Thionville fut le damoiseau de Rodemack qui est un grand seigneur en icelle marche. »[36].

Sa plus grosse habileté fut de faire passer la cause, des tribunaux bourguignons, au Parlement de Paris. C'était sans doute, pour lui, un moyen de gagner du temps. En 1445, il obtint du Roi des lettres d'état, c'est-à-dire la possibilité de laisser les choses en suspens pendant un temps plus ou moins long. Il présenta ces lettres royaux au conseil du duc, à Dijon, qui refusa d'y obtempérer. Il est évident que les juges bourguignons virent là une tentative d'immixtion de la justice royale en Bourgogne. Gérard, sans crainte de soulever un conflit entre les deux puissances, en appela du conseil du duc au Parlement qui prudemment, le 17 mai 1446, rejeta l'appel et renvoya les parties à Dijon, tout en accordant une prolongation de l'enquête[37]. En 1448, Gérard revint à la charge et sur un nouvel appel, le Parlement évoqua la cause principale et à partir de ce moment, le procès, échappant aux juges bourguignons, se déroula à Paris. L'affaire fut plaidée le II mars 1448 (3). Gérard se défendit en se retranchant derrière le roi René qui n'avait pas tenu ses promesses, tandis que Thibaud insistait sur la mauvaise volonté de sa partie adverse qui n'avait cherché qu'à faire traîner les choses en longueur. Finalement, le Parlement rendit son arrêt sur le fond, le Ier avril 1450 (4). Il condamnait Gérard de Rodemack à payer à Thibaud de Neufchâtel le reste de la rançon, soit 4.714 florins, augmenté des arrérages de la rente sur la saunerie de Salins depuis le 19 novembre 1437 et des dommages-intérêts évalués à 400 livres parisis et 86 florins. On arrivait ainsi à un total de 10.000 florins. Le Parlement avait seulement retranché les 1.000 livres cédées au seigneur de Blâmont et dont celui-ci avait su se faire rembourser.

Mais un arrêt n'est rien. Il s'agissait d'en obtenir l'exécution, et alors d'autres difficultés se présentaient. Or, c'est la façon dont l'exécution est conduite qui fait l'intérêt de ces sortes de procès. On sait, en effet, que jusqu'à la fin du XIVe siècle environ, seuls les meubles répondaient des dettes. Au XVe siècle, les meubles représentent une part si faible des fortunes, surtout quand il s'agit de familles nobles, que l'exécution aboutit presque fatalement à la vente des immeubles, solution qui n'est souhaitée par personne, ni par le débiteur, ni par le créancier qui, en général, la considère comme un pis aller, car la vente des immeubles est longue et aléatoire. On s'y résigne quand on ne peut faire autrement[38]

Ici l'exécution ne pouvait porter que sur les terres situées dans le royaume, celles qui venaient de Mahaut de Grancey. Le premier acte consistait dans la mise sous séquestre. Un conseiller du Parlement, Me Étienne Ythier, se transporta à Ancerville et à Éclaron et fit à ceux qui gardaient ces places, au nom de Gérard de Rodemack, une dernière sommation d'avoir à payer. Ils répondirent que leur maître était à ce moment hors du royaume et qu'ils ne pouvaient rien faire sans ses ordres. Étienne Ythier mit alors les deux seigneuries sous le séquestre royal en faisant apposer les panonceaux royaux. Il s'agissait à présent de procéder à la mise en criées.

Cette fois, l'affaire devenait sérieuse et justement inquiet, Gérard alla trouver en Normandie le roi René, occupé avec Charles VII à la reconquête de la province. Cela se passait en juillet 1450. Il lui rappela sa promesse, mais René répondit que pour le moment il ne pouvait rien faire et le roi de France se contenta d'accorder au solliciteur, de nouvelles lettres d'état qui permettraient de surseoir pendant un an à la vente des biens séquestrés[39].

Gérard présenta ces lettres au bailli de Vitry ; mais Étienne Ythier refusa d'y obtempérer sous prétexte que ces lettres ne lui étaient pas adressées et que pour avoir une valeur exécutoire, elles auraient dû être entérinées par le Parlement. Il y avait si longtemps que l'affaire durait qu'il fallait en finir. Thibaud de Neufchâtel fit assigner le comte de Vaudémont et Gérard au 15 avril 1451 devant le Parlement de Paris pour s'entendre sommer une dernière fois de payer : sinon les criées seraient poursuivies et les terres adjugées. Il y eut un nouvel échange de lettres ; le comte de Vaudémont insistait auprès de Gérard pour être enfin débarrassé de sa « plègerie »[40]. « Sy vous pry, lui disait-il et neantmoins requeir ceste foys pour toutes que de ladicte plesgerie poursuite et proçes me veullez acquitter entierement et a plain avec les dommages et interests que desja y ay eu et soustenu… » Il ajoutait quelques bons conseils : il aurait dû depuis longtemps s'entendre avec son adversaire pour éviter la perte de ses biens. Gérard fit intervenir son beau-frère, Jean, comte de Sarrebruck et de Nassau[41]. Il était prêt à négocier avec Thibaud de Neufchâtel et priait le comte de Vaudémont de servir d'intermédiaire. Cela, avouait-il cyniquement, permettrait au moins de gagner du temps[42].

Dans cette dernière intention, il avait appelé d'Étienne Ythier au Parlement, sans grand espoir d'ailleurs, car le Parlement voyait d'un mauvais oeil les obstacles que certains plaideurs mettaient à l'exécution de ses arrêts et, à juste titre, il considérait avec méfiance, les lettres que la chancellerie royale distribuait à tort et à travers, sans souci de démêler le vrai du faux, et de distinguer le juste de l'injuste. Ainsi les procès s'éternisaient. Le 15 septembre 1451, le Parlement, par un nouvel arrêt, refusa d'entériner les lettres royaux et ordonna de poursuivre l'exécution de l'arrêt précédent[43].

Au débiteur récalcitrant, forcé ainsi dans ses derniers retranchements, il restait une ressource suprême : Il pouvait déclencher les oppositions d'autres créanciers, réels ou supposés, et mettre ainsi le créancier principal en compétition avec tant d'autres concurrents, qu'il lui paraîtrait plus avantageux de transiger. A la même époque et dans des circonstances analogues, quand les biens de la famille de Châteauvillain avaient été mis en vente, on avait vu apparaître 80 opposants parmi lesquels figurait, d'ailleurs, Gérard de Rodemack qui, dans la circonstance, venait simplement aider ses parents. Ici nous n'avons rencontré que trois opposants, ce qui laisserait supposer, d'abord que la situation de la famille de Rodemack était encore satisfaisante, qu'elle avait peu de dettes et que ses biens n'étaient pas lourdement hypothéqués, mais aussi que les appuis manquaient à Gérard. Les opposants furent Raymond de Villars, sénéchal de Beaucaire, qui était un créancier véritable[44], Jean, seigneur de Châteauvillain, qui, en tant que lignager, pouvait prétendre avoir des droits sur les biens mis en vente qui venaient de la famille de Grancey à laquelle il appartenait lui-même (3). Le dernier opposant connu fut René d'Anjou qui prétendit qu'en 1445, il avait confisqué Ancerville et Éclaron pour cause de désobéissance (4). Il s'agit évidemment d'une opposition de complaisance. Dans une lettre qu'il écrivait le 3 avril 1451, au comte de Vaudémont, Gérard déclarait, en effet, qu'il envoyait à Paris son « gouverneur » d'Ancerville, Lucot Colon, pour faire opposer le Roy de Sicile et son propre frère Jean de Rodemack « au vandange de mes terres de par dela pour delaté la cause affin de plus Gisement povoir venir a traitié ». La manœuvre apparaît donc clairement[45].

Ainsi Gérard, selon sa tactique, s'efforçait par tous les moyens de reculer l'échéance. La vente elle-même fut poursuivie sans beaucoup d'ardeur. Nous n'avons trouvé qu'un seul enchérisseur : Henri de Lorraine, fils du comte de Vaudémont, qui offrit pour Ancerville, Ambrières et Éclaron, 6.000 livres et ajouta ensuite 8.000 livres[46]. Les terres pourtant ne lui furent pas adjugées. Mais il est significatif de voir apparaître comme acheteurs éventuels les membres de la famille de Vaudémont. On peut se demander si l'attitude du comte et les bons conseils qu'il avait prodigués à Gérard de Rodemack, ne cachaient pas une arrière-pensée. Antoine de Vaudémont était, en effet, seigneur de Joinville et comme tel il se prétendait sénéchal héréditaire de Champagne. Sa seigneurie de Joinville confinait, aux environs de Saint-Dizier et de Wassy, à celles que les Rodemack possédaient dans la région et nous avons vu que son château de Narcey avait eu à souffrir de ce voisinage. L'occasion se présentait d'étendre la main sur Ancerville et sur Éclaron. Sa « plègerie », comme il disait, pouvait comporter des périls. Jusqu'à présent il les avait évités. À présent elle pouvait lui fournir le moyen de conclure une affaire avantageuse.

Le 18 décembre 1451, devant Pierre de Morancourt, garde du scel de la prévôté de Wassy assisté de deux notaires, Gérard vendit à Antoine de Lorraine et à sa femme Marie d'Harcourt « la ville, chaste' et chastellenie, prévôsté, justice et seigneurie d'Esclarron » avec toutes leurs appartenances soigneusement énumérées. La vente était faite pour le prix de 6.000 florins vieux du Rhin, dont 5.000 seraient payés comptant à Thibaud de Neufchâtel. Gérard recevrait le reste[47].

Ainsi Gérard de Rodemack aliénait volontairement une partie de ses biens. C'était un sacrifice nécessaire. Les 5.000 florins qu'il recevait feraient patienter Thibaud de Neufchâtel et le rendraient plus accommodant[48]. La moitié de la dette était éteinte ; mais il restait encore 5.000 florins à trouver et la seigneurie d'Ancerville était toujours mise en criées. Gérard tenta de la sauver en s'entendant enfin avec son créancier. Le 21 mars 1452, par acte passé devant le prévôt de Troyes, il constituait ses procureurs, en tête desquels figu¬rait Robert de Baudricourt, bailli de Chaumont, afin de négocier avec Thibaud de Neufchâtel et de s'entendre en même temps avec les héritiers Savoisi qui ne cessaient de le harceler[49].

Il en résulta un accord conclu le 20 juin, et ratifié en forme d'arrêt par le Parlement[50]. Sur la créance de Thibaud de Neufchâtel fixée en 1450 à la somme de 10.000 florins, 5.000 avaient été versés dont Thibaud avait donné quittance au comte de Vaudémont en renonçant à ses droits sur Éclaron. Gérard de Rodemack s'engageait à lui payer le reste dans un délai de six mois. Pour la sûreté de ce paiement, Ancerville resterait sous séquestre royal entre les mains de Robert de Baudricourt comme bailli de Chaumont jusqu'en 1453. Si à cette date, Thibaud n'était pas payé, il recevrait en gage la seigneurie d'Ancerville qui devrait lui fournir un revenu de 400 « bons florins du Rhin » correspondant aux arrérages de la rente sur la saunerie de Salins qui était toujours entre les mains des héritiers d'Antoine de Toulonjon. Il garderait Ancerville pendant douze ans à partir de Noël 1452, en y faisant strictement les réparations indispensables et durant cette période, Gérard et ses héritiers pourraient recouvrer la terre en payant 5.000 florins auxquels il faudrait ajouter le remboursement des frais d'entretien, et les arrérages de la rente de 400 florins, si Ancerville n'avait pas fourni un revenu équivalent. Si au bout de douze ans la dette n'était pas éteinte, Ancerville deviendrait la propriété de Thibaud de Neufchâtel. Des garanties étaient prises contre l'opposition et le droit de reprise du seigneur féodal, en l'espèce, le roi René, duc de Bar. Cet accord compliqué et dont les détails mériteraient une étude plus complète, laissait donc à Gérard de Rodemack un espoir de conserver Ancerville. Il avait douze ans pour se libérer; mais il perdait en attendant les revenus de la terre qui fournissaient à Thibaud de Neufchâtel l'intérêt des sommes qu'il réclamait. Le contrat pignoratif était fort onéreux pour le débiteur, mais dans sa situation, Gérard ne pouvait espérer mieux.

Les années passèrent et rien ne fut payé. Ancerville était encore, en 1457, entre les mains de Thibaud de Neufchâtel et il était à présumer que c'était bien pour toujours. Or la famille de Vaudémont n'abandonnait pas l'espoir de s'y installer. Le comte de Vaudémont était toujours partie dans l'affairé, car le contrat de plègerie conclu en 1431, n'avait rien perdu de sa valeur. Le fils du comte, Ferry de Lorraine, son futur héritier, proposa à Gérard de Rodemack de lui vendre purement et simplement Ancerville ; un accord assez étrange fut négocié entre eux[51]. Le 14 juin 1457, le bailli de Vitry, Thierry de Lenoncourt, vint trouver Gérard et lui proposa la combinaison suivante : Ferry achèterait la forteresse, terre et seigneurie d'Ancerville pour 13.000 florins vieux. Sur cette somme, Gérard recevrait 5.360 florins et 500 florins serviraient à désintéresser Raymond de Villars qui avait obtenu un arrêt du Parlement en sa faveur. Le reste serait versé à Thibaud de Neufchâtel. Mais pendant sept années, Gérard aurait la possibilité de recouvrer sa terre en remboursant 13.000 florins. Pendant tout ce temps, Ferry toucherait les revenus d'Ancerville, si bien qu'une fois encore, l'interdiction du prêt à intérêt était tournée.

Il ne s'agissait malgré tout que d'un projet dont les modalités restaient assez surprenantes, car Gérard, en acceptant de vendre Ancerville, disposait d'un bien mis en gage et il aurait fallu, pour que ce fût réalisable, le consentement de Thibaud de Neufchâtel. Or celui-ci n'avait pas de raison d'approuver une combinaison qui lui enlevait ce qui était sa seule garantie, et les difficultés qu'il avait rencontrées jusque-là devaient l'avoir rendu sceptique sur la valeur des promesses. Il refusa de se dessaisir des titres exécutoires qui étaient en sa possession et comme cela était à prévoir, rien n'aboutit.

Mais le comte de Vaudémont et son fils ne renonçaient pas au désir de s'approprier les terres de Rodemack qui complétaient si bien leur seigneurie de Joinville. Ils s'entendirent directement avec Thibaud de Neufchâtel et lui demandèrent de leur vendre ses droits sur Ancerville. Thibaud y consentit « en faveur et consideracion des personnes desdis Ferry monseigneur et de monseigneur le conte de Vaudemont son père… et mesmement heu regart a la proximité de lignaige qui est entre eulx et que a iceulx pere et fils desire… bien complaire de tout son povoir… » Il entendait ainsi, disait-il, libérer le comte de Vaudémont de l'obligation et plègerie qu'il avait consentie autrefois pour le feu seigneur de Rodemack[52]. Bref, moyennant la somme de 7.000 florins du Rhin payable en trois termes, le dernier étant fixé à Noël 1459, il renonçait à tous ses droits. Le 16 novembre 1457, son procureur fit remettre au procureur du comte, les titres, arrêts et accords qui établissaient ses droits[53]française la plus rapprochée de sa résidence actuelle[54].

La dame Richemont de Rodemack, Marguerite de Nassau, tenta de faire reculer l'échéance maintenant inévitable. En février 1465, Gérard parlait même d'aller à Nancy s'entendre avec Ferry de Lorraine[55]. Qu'espérait-il encore? Les Vaudémont étaient arrivés à leurs fins. Les terres que la famille de Rodemack possédait autour de Saint-Dizier étaient à présent entre leurs mains. Mais pour payer la rançon du prisonnier de Bulgnéville, ses héritiers avaient dû abandonner une grande partie de leurs de leurs seigneuries de Champagne et de Barrois, malgré tant d'efforts poursuivis pendant trente-cinq ans. Gérard de Rodemack cependant n'avait pas perdu tout espoir de les recouvrer un jour. Il était tenace. Profitant des difficultés du duc de Lorraine, René II, successeur de Ferry, qui disputait péniblement son duché aux ambitions du Téméraire, il obtint de Louis XI, complaisant ou mal informé, la restitution d'Ancerville et d'Éclaron et s'y réinstalla[56]. Après tout, le seigneur de Rodemack défendait dans la région les intérêts français.

En 1457, au moment même où ses créanciers impitoyables le poursuivaient avec âpreté, il négociait le mariage de Ladislas de Hongrie avec Madeleine de France, et Charles VII mettait ses biens sous sa sauvegarde[57]. En 1459 il appuyait fortement les tentatives de Charles VII sur le Luxembourg[58]. En lui donnant satisfaction, il est évident que Louis XI récompensait des services rendus.

Mais en 1482, mieux informé des droits de la duchesse douairière de Lorraine et de son fils René Hou craignant, par des mesures inopportunes, de jeter le duc de Lorraine dans le parti de Maximilien, il ordonnait au bailli de Sens de leur restituer Ancerville et Éclaron, tant de fois vendus et cédés par Gérard de Rodemack qu'il était fort improbable qu'il ait pu y conserver quelque droit[59]. Gérard mourut l'année suivante.

Mais avant sa mort, n'ayant, semble-t-il, plus rien à ménager,il pillait indifféremment le Luxembourg, la Lorraine et le Barrois, si bien qu'en mai 1483 le duc de Luxembourg et René II de Lorraine, aidés par ceux de Metz, s'alliaient contre lui[60], s'emparaient de Richemont et de Rodemack qui furent démantelées et Maximilien pour punir les Rodemack de leur attachement à la France, confisqua tous leurs biens[61].

La ruine des Rodemack pouvait être attribuée évidemment aux événements politiques auxquels ils avaient été mêlés et aux guerres multiples qu'ils avaient soutenues. Mais, incontestablement, la perte de leurs seigneuries de Champagne et de Barrois avait pour origine la capture de Jean de Rodemack en 1431. À la même époque, la famille de Châteauvillain s'était trouvée plongée, elle aussi, dans des difficultés du même genre et pour une cause analogue. Ce n'était pas là des cas exceptionnels. Ce qui ressort des faits que nous venons d'exposer c'est qu'une famille puissante et riche voit sa situation empirer dans des proportions considérables parce qu'un de ces membres a eu le malheur de tomber aux mains de l'ennemi. Entre 1431 et 1465, ni Jean de Rodemack, ni son fils n'ont pu se procurer les quelques milliers de florins qui auraient suffi à les tirer d'embarras.

Certes ils ont pu se montrer négligents, imprudents ou maladroits, mais le fait est là : ils n'ont eu d'autre moyen de se libérer que de laisser vendre leurs terres. Il est bien évident qu'ils auraient volontiers évité ce désastre s'ils avaient pu faire autrement. Les combinaisons plus ou moins maladroites de Gérard de Rodemack pour retarder l'inévitable, l'accumulation des délais, l'espoir de racheter un jour les terres engagées et qui n'avait jamais été réalisé, montrent bien que la famille de Rodemack ne possédait pas de moyens financiers suffisants pour faire face à ses obligations. Pourtant la liste de ses possessions territoriales est impressionnante. Gérard de Rodemack peut se dire seigneur de Rodemack, de Cronenberg, de Neubourg, d'Hesperange, d'Usseldange, de Richemont, de Boulay, d'Ancerville, d'Ambrières et d'Éclaron, pour ne parler que des seigneuries les plus importantes et sans doute nous en oublions. Mais cette richesse foncière ne doit pas faire illusion. Ces terres situées dans des régions où la guerre a sévi, ne fournissent plus les revenus qu'on en tirait autrefois. Dans l'accord du 20 juin 1452, il est noté que peut-être Ancerville ne pourra pas donner 400 livres de revenu. Le capital immobilier lui-même a perdu une partie de sa valeur. Il est spécifié que si le prix des terres mises en vente n'atteint pas le chiffre de la créance de Thibaud de NeufChâtel, le comte de Vaudémont ne sera pas libéré de sa plègerie, et qu'il sera tenu de fournir la différence. Mais ce qui est beaucoup plus grave c'est que les meubles font presque complètement défaut.

C'est là le point essentiel et les actes de procédure, aussi fastidieux qu'ils paraissent, ont pourtant le mérite de montrer de manière éclatante à quel point les familles nobles du XVe siècle manquent de capitaux mobiliers. Jean de Rodemack a pu, à grand peine, réunir tout juste 8.000 florins. Il ne peut trouver les 4.000 qui le libéreraient complètement et son fils Gérard en est aussi incapable. Mais Thibaud de Neufchâtel n'est pas en meilleure posture. Sur 4714 florins qu'on lui réclame, il peut en payer tout juste 714 et pour le reste il abandonne une rente. Il est très probable que si, en 1457, il vend au comte de Vaudémont ses droits sur Ancerville, c'est qu'il préfère toucher une somme en espèces dont il a besoin pour désintéresser ses propres créanciers. Lui-même l'affirme[62]. Or il ne s'agit que de 7.000 florins et le comte de Vaudémont de son côté ne peut les payer qu'en échelonnant les paiements sur trois ans.

L'intérêt des procès de rançon est de montrer que les difficultés du noble ne tiennent pas seulement à la diminution de la valeur écono-mique de la seigneurie, mais plus encore, sans doute, au fait que les espèces, que les capitaux mobiliers lui manquent et qu'il a peu de possibilités d'en acquérir. La guerre évidemment peut lui en fournir, comme elle risque d'ailleurs d'accélérer sa ruine. Car la course aux rançons est une spéculation aux résultats variables. Tel qui croit prendre peut être pris et, le prisonnier incapable de payer la rançon énorme, dont le chiffre est fixé d'après une réputation de richesse illusoire, se trouve plongé dans des embarras inextricables qui compromettent irrémédiablement non seulement sa situation personnelle, mais celle de tout son lignage.

NOTES

  1. Sur la famille de Rodemack, voir : Jean Bertholet, Histoire ecclésiastique et civile du duché du Luxembourg, 1743, tome V, p. 218 et suiv.; Louis Schaudel, Les anciens seigneurs de Rodemack, Longuyon, 1935; H. de Baillon, « Notes sur l'histoire d'Éclaron, Les sires de Rodemack », Cahiers haut-marnais, n° 3, nov. 1946. Plusieurs pièces concernant cette famille se trouvent dans : Wurth-Paquet, Table chronologique des chartes et diplômes relatifs à l'histoire du Luxembourg. Publ. de la sect. hist. de l'institut grand-ducal de Luxembourg, 1872-1873, tomes XXVII et XXVIII.
  2. Ancerville, Meuse, arrondissement de Bar-le-Duc ; Ambrières, Marne, arrondissement de Vitry-le-François ; Écloras, Haute-Marne, arrondissement de Saint-Dizier ; Haironville, Meuse, arrondisse¬ment de Bar-le-Duc.
  3. Arch. Nat. X1A 4801, f' 410: Plaidoirie du 29 févr. 1448 entre Claude de Beauvoir et consorts et Gérard de Rodemack, «…or pretand Rodernac que le lieu de Rodernac est de franc alleu et n'en a fait ne voulu faire foy et hommage au duc de Bourgongne et de Lucembourg… ».
  4. Jean de Rodemack, le prisonnier de Bulgnéville, avait épousé Irmengarde, fille de Gérard, seigneur de Boulay. Sa soeur, Yolande, avait épousé Charles de Savoisi, seigneur de Seignelai. Elle fit son testament le 3 août 1420, en désignant comme exécuteur testamentaire son frère, le seigneur de Rodemack. « Inv. de la Coll. de Chastellux », Bull. soc. hist. de Yonne, 1904.
  5. Arch. Nat. X1A 4798, f° 327 v°. Plaid. du 3 avril 1441 entre Claude de Beauvoir et consorts et Gérard de Rodemack.
  6. Arch. Nat. X1A 4801, f° 410. Plaid. du 29 févr. 1448. — Le 5 avril 1418, Giles ou Gilequin, en com¬pagnie du bailli de Saint-Mihiel, annonça la conclusion d'une trêve entre la duchesse de Luxembourg et le cardinal de Bar. Bibi. Nat. Coll. de Lorraine, 212, n° 18.
  7. Bibi. Nat., Pièces originales 2524, Rodemack, n° 3 : 15 mai 1378. Mandement de Charles V au receveur de Troyes de payer à Gilles, seigneur de Rodemack. (sans doute le grand-père du prisonnier de Bulgnéville), les arrérages de la pension qu'il tient en fief du Roi.
  8. Aubrée, Mémoires pour servir à l'histoire de Bourgogne, 1724, tome II, p. 24.
  9. Bibl. Nat., Pièces originales 2524 Rodemack, n° 18, 21, 22.
  10. Chron. du héraut Berri, cité par Quicherat. Procès de Jeanne d'Arc, éd. Soc. hist. de France, tome IV, p. 47.
  11. Lecoy de la Marche, Hist. du roi René, tome l.r. p. 100, en suivant Dom Calmet, Hist. de Lorraine, tome II, col. 801, a confondu le père et le fils. Une lettre de Jean, seigneur de Rodemack, en date du 25 févr. 1437, n. st. apporte sur ce point des précisions : « …nostre trés amé fils Jehan de Rodemach chevalier, à la bataille de Bullegneville ehust esté prins… prisonnier et en aprés mis es mains de mondit seigneur de Bourgongne et depuis par icellui bailliez et mis es mains de messire Anthoine sei¬gneur de Croy et de Renti… »
  12. Le florin du Rhin qui circulait dans la région rhénane avait perdu une grande partie de sa valeur. Dans nos textes, il est toujours précisé qu'il s'agit de « florins vieux ». Cf A. Dieudonné, « Les espèces de circulation internationales depuis saint Louis », Mélanges numismatiques, 3° série, 1923, p. 15.
  13. Arch. Nat. X1A 79, f' 180. Arrêt du Ier avril 1450.
  14. A. Bossuat, « La rançon de Guillaume de Chateauvillain », Annales de Bourgogne, 1951.
  15. Dans une requête non datée, mais vraisemblablement de la fin du XVIe siècle, présentée au duc de Lorraine par Hermann, comte de Moers et Philippe de Montmorency, il était rappelé qu'en 1431 « le mercredy apres la conception Nostre-Dame », soit le 12 décembre, le roi René avait promis à Jean de Rodemack 22.000 florins ; un peu plus loin il est parlé d'une somme de 7.000 florins promise en 1423 par le duc Charles. Arch. Meurthe-et-Moselle B 496, n. 56. Cf. Hist. gén. de Metz par les Bénédictins de Saint-Vannes, 1775, tome 11, p. 628: le seigneur de Rodemack à qui le duc Charles avait donné 3.000 francs pour l'engager sans son parti, vint défier les bourgeois de Metz.
  16. Bibl. Nat., Coll. Lorraine 212, n° 128 et 129: 10 juillet 1432, Quittance de Jean de Neufchatel, seigneur de Montagu, au duc de Bar et de Lorraine de la somme de 6.000 florins.
  17. Arch. Nat., XIA 4803, f° 84 y'. Plaid. du 13 avril 1451 : « le duc... lui accorda de payer Xm florins forts, combien que le tout il deust payer par sa promesse, (Jean de Rodemach) paya les VIII m restons du sien et vendi de sa chevance... ».
  18. Thibaud VIII de Neufchâtel, de Chastel-sur-Moselle et de Chaligny, grand maître d'hôtel du Roi, chevalier de la Toison d'Or, mort en 1458.
  19. Arch. Nat. XIA 79, f° 180 y'. Arrêt du Ier avril 1450.
  20. Narcey ou Narcy. Haute-Marne, arr. de Wassy. — Bibl. Nat. Coll. Lorraine 212, 20 : 3 juillet 1433. Engagement de Jean, seigneur de Rodemack, envers Antoine de Lorraine, comte de Vaudémont, de contraindre Englebert de Dale et autres à évacuer Narcy et sinon à remettre au comte, le château d'Ancerville. Autres documents sur la même affaire n°• 131 à 138 et 146.
  21. Bibl. Nat. Coll. Lorraine 212, n" 133: 10 juin 1436. Lettre d'Antoine, comte de Vaudémont à Jean, seigneur de Rodemack.
  22. Bibi. Nat. Con. Lorraine 212, n' 134. Boulay, lundi après la Saint Jacques et Saint Christophe, 1436. Lettre de Jean, seigneur de Rodemack, à Antoine, comte de Vaudémont.
  23. Bibl. Nat. Coll. Lorraine 212, 139. Vaudémont 22 décembre 1437. Lettre d'Antoine comte de Vaudémont à Jean, seigneur de Rodemack à qui le comte proposait de tenir une «journée » à Metz ou à Toul. Mais un nouvel incident venait de se produire. Des « Picquars » aux ordres du comte s'étaient installés à Ancerville malgré les protestations de Jean de Rodemack.
  24. Cf. Chron. du doyen de Saint-Thiébaut de Metz dans Dom Calmet, Hist. de Lorraine, tome Il, p. CXXV.
  25. Dom Calmet, op. cit., t. 11, p. 801, et Lecoy de la Marche. Le Roi René, t. I, p. 100. Le règlement de la rançon de Jean, fils du seigneur de Rodemack, ne fut définitif qu'aux accords de Chalons, passés le 6 juillet 1445 entre le roi René et la duchesse de Bourgogne.
  26. Le 25 février 1437, Jean, seigneur de Rodemack, après avoir rappelé les conditions de la capture et de la délivrance de son fils, promettait que « pour cause… de la prinse de nostredit filz, de sa longue detencion de prison, de sa raençon et finance… nous ne ferons ou pourchasserons, ne souffrerons faire ne pourchacier couvertement ne en appert, ores ne en temps avenir, aucun mal, grief, desplaisir ou dommaige… a mondit seigneur de Bourgongne, ses pays, gens, officiers et subjez, audit seigneur de Croy, ses parens, serviteurs et subgez… ».
  27. LM document provenant sans doute de la Chambre des Comptes de Lorraine et d'une date postérieure à 1437 énumère les sommes versées par le roi René au seigneur de Rodemack : 2.000 florins du Rhin dont quittance du 14 janvier 1435 n. st.-I.500 florins pour indemniser ses compagnons des pertes subies par eux à Bulgnéville, dont quittance du 21 décembre 1435 (ces deux quittances existent en copie à la Bibl. Nat., Coll. Lorraine 212, n° 125. 500 florins payés en 1437 sur une somme de 3.000 florins qui lui étaient dus « par appoinctement fait par le bailly d'Almaigne, le mareschal et autres… ». — 6.000 florins payés au seigneur de Montagu pour la rançon. — 10.000 florins que le roi René a payés à monseigneur de Trèves ou « du moins a fait son propre debit » pour la rançon du fils du seigneur de Rodemack. Bibl. Nat., Pièces originales, 2524, Rodemach, n° 23.
  28. « …l'an que dessus (1439) le premier jour d'octembre fut mort Jehan de Rodemach, 'sire de Boulay, de l'epidimie. « Chron. du doyen de Saint Thiébaut de Metz, dans Dom Calmet, Hist. de la Lorraine, tome II, p. CCXXXV.
  29. Jean Bertholet, Hist. du Luxembourg ajoute Françoise qui aurait épousé Guillaume, comte de Vernembourg.
  30. Dans le procès soutenu en 1441 contre les héritiers Savoisi, les enfants de Jean de Rodemack sont ainsi désignés : « Jehan de Roudemac chevalier, Girart et Marguerite de Roudemac, enfans de feu Jehan seigneur de Roudemac et se mestier est led. Girart comme aiant le gouvernement dudit messire Jehan et Marguerite… » Arch. Nat. XIA 4798, f° 327 v°.
  31. Arch. Meurthe-et-Moselle, B 496, n° 16.
  32. Yolande de Rodemack, fille de Jean de Rodemack et de Mahaut de Grancey, donc tante de Gérard, avait épousé vers 1410 Charles de Savoisi. Ses héritiers étaient ses deux filles, Marie, mariée à Claude de Beauvoir, seigneur de Chastellux, Isabelle, mariée à Blanchet d'Estouteville et son fils Philippe, seigneur de Seignelai. Arch. Nat. XIA 4798, f° 327 y' et XIA 4801, I' 401 y', 410 et XIA 4808, t• 125 v°.
  33. Thibaud de Neufchâtel, seigneur de Blâmont, maréchal de Bourgogne dès 1458, mort en 1469. Sur ses démêlés avec Gérard de Rodemack, cf. Arch. Nat. XIA 79, fc> 180 v° et Bibl. Nat., Coll. Lor¬raine 212, n° 142: 14 mai 1443, Lettre de Thibaud de Neufchâtel au comte de Vaudémont pour l'informer qu'une trêve a été négociée entre les adversaires.
  34. Arch. Meurthe-et-Moselle, 13 496, n° 19.
  35. Bibl. Nat., Coll. Lorraine 212, 140 : 30 décembre 1442. Procuration donnée par Thibaut de Neufchâtel à ses fils Thibaud, seigneur de Blamont, et Jean, seigneur de Montagu, et autres pour traiter et accorder avec le comte de Vaudémont «des pertes, dommages et interests qu'ils ont encourus et soutenus à l'occasion de la finance et raençon du feu seigneur de Rodemach ». Le 24 mars 1443, Gérard de Rodemack constituait à son tour ses procureurs.
  36. Olivier de la Marche, Mémoires, éd. Soc. hist. de France, tome 11, p. 19. Olivier de la Marche lui reproche d'avoir été « mauvais bourguignon en couraige ». Il ajoute : « mais il garda sa maison et fit petite guerre, car il escoutoit qui en auroit du meilleur. »
  37. Arch. Nat. XIA 4801, f° 116 v°. Plaid. du 17 mai 1446.
  38. Cf. A Bossuet, « La rançon de Guillaume de Chateauvillain », Annales de Bourgogne, 1951.
  39. Arch. Nat. XIA. 4803, f° 84 v°. Plaid. du 13 avril 1451.
  40. Bibl. Nat., Coll. Lorraine, 212, n° 143. Vézelise, 24 mars 1451. Lettre d'Antoine, comte de Vaudé-mont à son « neveu », Gérard de Rodemack.
  41. Bibl. Nat., Coll. Lorraine 212, n° 145. 28 mars 1451 n. st. Lettre de Jean, comte de Sarrebruck et de Nassau, à Antoine, comte de Vaudémont. Gérard de Rodemack avait épousé Marguerite de Nassau.
  42. (Bibli. Nat., Coll. Lorraine 212, n° 144 et 148, 30 mars et 3 avril 1451. Lettres de Gérard de Rode-mack au comte de Vaudémont.
  43. Arch. Nat. XIA 80, f' 113. Arrêt du 15 septembre 1451.
  44. Arch. Nat. XIA 4803, f° 72. 30 mars 1451 n. st. Opposition de Garnier Aubry, procureur de Raymond de Villars.
  45. Bibl. Nat., Coll. Lorraine 212, n' 148. 3 avril 1451. Lettre de Gérard de Rodemack au comte de Vaudémont.
  46. Arch. Nat. XIA 8304, f' 511, juillet 1451. Henri de Lorraine, fils d'Antoine de Lorraine, comte de Vaudémont, enchérit les terres d'Ancerville, Éclaron et Ambrières « de la somme de six mille livres t. outre la somme de huit mille a laquelle led. Henry les avoit auparavant.» Peut-être le greffier a-t-il confondu Henry et Ferry.
  47. Arch. Meurthe-et-Moselle, B 337, f° 25 v°.
  48. Le 25 mai 1452 les procureurs de Thibaud de Neufchâtel donnèrent quittance au comte de Vaudémont de la somme de 5.000 florins provenant de la vente d'Éclaron. Bibl. Nat., Colla Lorraine 212, n. 151.
  49. Arch. nat. XIC 182 (coté X1C 181 13), pièce 276 bis. Le 19 juin, Robert de Baudricourt délégua ses pouvoirs à M• Jean du Moustier, procureur en Parlement. Thibaud de Neufchâtel constitua ses procureurs le 14 mai, m. c., pièce 175.
  50. Arch. Nat. X1C 182. pièce 271 et copie aux Arch. Meurthe-et-Moselle, B 337, n' 46.
  51. Arch. Meurthe-et-Moselle B 496, n° 65, p. 7.
  52. Arch. Nat. X1C 192, pièce 148. 16 septembre 1457. Accord conclu entre Antoine et Ferry de Lorraine et Thibaud de Neufchâtel.
  53. Arch. Nat. Xie 192, p. 192. Il s'agissait des lettres obligatoires du comte de Vaudémont pour le paiement de la rançon de Jean de Rodemack données le 28 juillet 1431, de deux arrêts du Parlement en date du Ier avril 1450 et du 15 sept. 1451, de l'accord du 20 juin 1457, des lettres de consentement du roi de Sicile données le 26 juin 1455.
  54. Arch. Meurthe-et-Moselle, loc. cit.
  55. Arch. Meurthe-et-Moselle, B 496, pièce 11. Rodemack, 14 février [1465]. Lettre de Gérard de Rodemack à Colart Rohault, bailli de Vaudémont et de Joinville.
  56. Cf. H. de Baillon. « Notes sur l'histoire d'Éclaron. Les sires de Rodemack », Cahiers haut-marnais, n°3, 1er novembre 1946.
  57. Du Fresne de Beaucourt, Hist. de Charles VII, t. VI, p.165-167.
  58. Cf. Instructions données par le Roi au bailli de Vitry pour disposer les princes allemands en sa faveur dans les revendications qu'il voulait faire du duché de Luxembourg contre le duc de Bourgogne, publ. par Quicherat à la suite de la Chron. de Thomas Basin., éd. Soc. hist. de France, t. IV, p. 356.
  59. Arch. Meurthe-et-Moselle, B 496, p. 34 et copie dans B 337, f° 33 v°. Plessis-du-Parc. 9 octobre 1482. Mandement de Louis XI au bailli de Sens de faire rendre, après enquête sur ses droits, à la duchesse douairière de Lorraine et à son fils les seigneuries d'Ancerville et d'Éclaron. Sur cette affaire voir H. de Baillon, op. cit.
  60. Bibl. Nat., Coll. Lorraine 212, p. 30. 1483. Traité passé entre le duc de Lorraine et le duc du Luxembourg pour lutter contre Georges de Vernembourg qui avait été commis par Gérard de Rodemack à la garde de Richemont et Neufchâtel. — Coll. Lorraine 165, re 62. Saint-Mihiel.
  61. Cf. Jean Bertholet, Hist. du Luxembourg, t. V, p. 218 et suiv. Les terres des Rodemack auraient été données à Christophe, marquis de Baden, gouverneur du Luxembourg. Au XVIe siècle, les descendants des Rodemack revendiquèrent encore les biens perdus, en particulier Ancerville et Éclaron, qui appartenaient à ce moment à la maison de Guise. Cf. Arch. Meurthe-et-Moselle, B 496, p. 56.
  62. Arch. Meurthe-et-Moselle, B 496, 65, p. 13. 5 janv. 1459 n. st. Lettre de Thibaud de Neufchâtel à Ferry de Lorraine «…et sur l'assurance de vous et d'estre payer audit jour et terme de lad, somme j'avoye assurez a plusieurs mes crediteurs payer a premier jour an grantes sommes en quoy suis tenus et y poray avoir grant dommaige ».