Nuvola apps important.png Attention, suite à une faille de sécurité, la plupart des liens vers les serveurs d'exploration sont désactivés.

-

Annales de l'Est (1888) Debidour

De Wicri Lorraine
Bandeau Annales de l'Est.jpg


Le général Grangeret, gouverneur de Longwy


 
 


Informations sur l'article
Auteur : Antonin Debidour
Période historique : Contemporaine
Discipline : Histoire militaire
Type : Biographie
Informations de publication
Année : 1888
Numéro : 1






LE GÉNÉRAL GRANGERET
GOUVERNEUR DE LONGWY
D'APRÈS SA CORRESPONDANCE INÉDITE


On croit, et l'on répète que la Révolution n'eut pour généraux que des jeunes gens. Certes, il en fallut beaucoup pour remplacer du jour au lendemain ceux des anciens officiers qui avaient déserté leurs postes en présence de la coalition et passé à l'ennemi. Hoche, Marceau, Masséna, cent autres encore, soldats de la veille, furent improvisés chefs de corps et sauvèrent la France ; mais ils ne la sauvèrent pas seuls. A côté d'eux l'histoire doit un rang honorable à ceux des survivants de la vieille armée qui versèrent, eux aussi, leur sang pour la République et pour la patrie, mais qui, pour avoir trop vécu dans l'obscurité, n'eurent plus le temps de devenir illustres. Presque tous étaient de ces officiers de fortune, pauvres roturiers sans appui, que l'ancien régime dédaignait et retenait systématiquement dans les grades inférieurs. Le patriote auquel nous consacrons ces lignes sortait de cette classe. C'était un vaillant homme, que ses contemporains ont oublié, que la postérité ne connaît pas et dont le nom serait peut-être à jamais ignoré du public si quelques débris de sa correspondance, fidèlement conservés grâce à une alliance de famille[1], ne nous permettaient de retracer sommairement sa glorieuse existence et sa fin lamentable.

Jean Grangeret était fils de paysans et appartenait à une province où en plein dix-huitième siècle, la féodalité pesait encore bien lourdement sur le laboureur. Il était né, le 30 août 1737, dans un village de Franche-Comté[2], où il ne resta guère. A quinze ans et demi, séduit sans doute par quelque racoleur, il quitta les champs pour la caserne. Le métier de soldat valait mieux, à tout prendre, que celui de cultivateur dans un pays où le manant, écrasé de corvées, se voyait enlever chaque année par le roi, par la noblesse et par l'Église, soixante-dix ou quatre-vingts pour cent de son maigre revenu. Mais il ne devait le mener ni à la fortune ni aux honneurs, réservés alors dans l'armée presque exclusivement aux gentilshommes. Grangeret, inconnu, pauvre, ignorant, ne se recommandait que par son patriotisme, sa droiture, sa bravoure, son aptitude pour tous les détails du service. C'était plus qu'il n'en fallait pour assurer à un noble le plus rapide avancement. Ce n'était pas assez pour un roturier. On le lui fit bien voir. C'est au commencement de 1753 qu'il était entré comme soldat au régiment de Rouergue, et ce n'est que dix ans après qu'il obtint le grade de sergent. Dans l'intervalle il avait fait cinq campagnes, bataillé trois ans dans le Hanovre et reçu deux blessures. Envoyé plus tard en Guyane, puis en Corse, il prit part, de 1768 à 1770, à la conquête de cette île. Elle lui valut deux coups de feu, et rien de plus. Il avait près de quarante ans quand on le jugea digne du titre de sergent-major. Il fut enfin, vu ses beaux services, nommé porte-drapeau (1779) et, peu après (1780), promu au rang de sous-lieutenant, juste à temps pour n'être pas arrêté par le fameux règlement royal de 1781, qui interdisait l'épaulette aux aspirants dépourvus de titres de noblesse[3].

Dès lors, il dut se regarder comme arrivé, et tout fait supposer qu'il ne serait jamais allé plus loin sans la Révolution. Vainement se distingua-t-il encore en 1782 et 1783 dans l'expédition de Gibraltar. La chute seule de l'ancien régime lui permit de s'élever d'un degré dans la hiérarchie militaire. En 1791, il était lieutenant et servait avec son régiment à la Martinique, où des troubles graves venaient de se produire. Au retour, un naufrage lui fit perdre le peu d'économies qu'il avait pu réaliser pendant quarante années de privations et de misère[4]. Mais l'argent était pour lui peu de chose. La gloire semblait enfin vouloir lui sourire. La France libre était menacée. La guerre allait s'allumer sur toutes nos frontières. Les officiers nobles désertaient en masse, passaient à l'ennemi. Grangeret n'eut pas une minute d'hésitation. Le devoir d'un Français était de faire face à l'étranger. Il resta. Nulle épreuve, on va le voir, ne devait faire fléchir cette âme simple et droite de vieux soldat dans son dévouement à la cause nationale.

Au mois de mai 1792, les premiers coups de canon étaient tirés. L'attaque de la Belgique était manquée et nos départements de l'Est voyaient se former l'armée de Brunswick. L'ancien régiment de Rouergue existait toujours et servait sous Luckner. Mais, comme les autres corps de l'ancienne armée, il avait perdu par l'émigration la presque totalité de son état-major. Grangeret y fut maintenu avec le grade de capitaine, dans le temps même où Lazare Hoche, naguère sergent aux gardes françaises, y entrait en qualité de lieutenant. Peu après, en septembre, enfermés l'un et l'autre à Thionville, ces deux hommes de cœur apprenaient à s'estimer et à s'aimer en combattant côte à côte les Prussiens de Hohenlohe. La suite de ce récit montrera quelle opinion Hoche, devenu célèbre et puissant, garda du vétéran sous lequel lui-même avait fait ses premières armes.

Les événements se précipitaient. En mars 1793, le régiment de Rouergue, devenu le 58e régiment d'infanterie de la République, appartenait à l'armée du Nord. Grangeret, maintenant chef de bataillon, se couvrait d'honneur à Neerwinde. Quelques semaines plus tard, pendant que Dampierre, successeur du traître Dumouriez, se faisait noblement tuer a la tête de ses troupes, il était lui-même mis hors de combat devant Valenciennes (8 mai). Combien de temps demeura-t-il éloigné du théâtre de la guerre ? Nous ne savons au juste. Mais les documents d'après lesquels nous racontons sa vie permettent d'affirmer qu'au commencement d'octobre il était de nouveau en pleine activité de service. En novembre, le Comité de salut public récompensait sa vaillante conduite en le nommant général de brigade, sans doute sur la proposition de Hoche ; et ce dernier, mis à la tête de l'armée de la Moselle, appelait auprès de lui son ancien capitaine pour lui donner le commandement de son avant-garde.

On sait ce que fut cette campagne d'hiver de l'an II, si rudement menée par le jeune général en chef au milieu des neiges et à travers les Vosges ; comment Brunswick et Wurmser, qui tenaient la Sarre, la Lauter, et qui commençaient à dévaster l'Alsace et la Lorraine, furent tournés, culbutés, poussés tambour battant jusqu'au Rhin par quelques poignées de soldats enrôlés de la veille, sans souliers et sans pain ; comment Landau fut débloqué, comment Spire, Worms furent prises et quelle éclatante rentrée la République française fit sur le sol de l'Allemagne. On sait que c'est principalement à l'initiative et à l'audace de Hoche que furent dus ces glorieux résultats. Mais on ignore que Grangeret eut sa bonne part dans l'exécution d'un plan qui sauva la France ; qu'il fut partout au premier rang ; qu'il enleva d'assaut la plupart des redoutes qui formaient les lignes de Wissembourg et que, trois mois durant, il ne passa presque pas un jour sans combat.

Le commandant de l'armée de la Moselle récompensa noblement son vieil et vaillant auxiliaire. Du côté du Palatinat, la France n'avait pour le moment plus rien à craindre. Mais il n'en était pas de même du côté de Luxembourg, forteresse importante occupée par les Autrichiens à quelques lieues de notre frontière et qui pouvait servir de base d'opérations aux armées coalisées pour une nouvelle campagne offensive. Contre une attaque venant de cette direction, le territoire français n'était protégé que par les deux petites places de Longwy et de Thionville, qui avaient déjà subi les premières atteintes de l'ennemi en 1792. Hoche résolut de confier au chef de son avant-garde la défense de la première, poste d'honneur dont la chute avait naguère permis à Brunswick de s'avancer en quelques jours jusqu'à Verdun. Et voici en quels termes il l'informa de sa nouvelle destination :

Au quartier-général de l'armée de la Moselle, à Bousonville,
le 11 ventôse, l'an 2me de la République française, une et
indivisible.
Le citoyen L. Hoche, commandant l'armée de la Moselle, au général Grangeret.
Tu voudras bien partir dans le plus court délai pour aller à Longwy prendre le commandement de la place au lieu du général Mousin, auquel tu remettras la lettre ci-incluse.
Tu te feras en arrivant rendre un compte exact de l'état et de la situation de la place, à la propreté de laquelle tu veilleras. Le citoyen Chasseloup, ingénieur, possède les premières connaissances en son art ; confère souvent avec lui. Songe bien que mes intentions sont que ce soit toi qui commandes la place et non d'autres. En conséquence, entre dans les plus scrupuleux détails, particulièrement pour la partie secrète dont tu m'enverras copie à chaque rapport.
Défends bien le dépôt que je te confie ; il est précieux à la République, à laquelle tu dois toujours être fidèle.
L. HOCHE.

Les recommandations particulières que renferme la fin de cette lettre s'expliquent pour qui se rappelle l'attitude qu'une partie de la population de Longwy avait eue en présence de l'ennemi au mois d'août 1792. Les royalistes de cette ville, regardant les Prussiens comme des libérateurs, avaient, comme un peu plus tard ceux de Verdun, paralysé la défense et, au bout de vingt-quatre heures d'attaque, sommé le colonel Lavergne, qui commandait la place et qui aurait pu longtemps la défendre, de la livrer à Brunswick. Cet officier, qui haïssait au fond la Révolution, avait cédé presque sans résistance, par une faiblesse criminelle qui, plus tard, lui coûta la tête[5]. Depuis, Longwy avait été repris[6], mais toute notre frontière de l'Est avait été trop menacée vers la fin de 1793 pour que les menées du parti contre-révolutionnaire n'y fussent pas de nouveau à craindre. Les succès éphémères de la coalition en Alsace et en Lorraine avaient enflé le cœur des royalistes. Les émigrés, les agents de corruption et les espions de l'ennemi pullulaient dans toutes nos places frontières[7]. Il fallait non seulement frapper les coupables par une impitoyable justice, mais prévenir la trahison par une surveillance incessante.

Dans ces circonstances, le choix d'un gouverneur de Longwy était chose extrêmement délicate. Il fallait un homme clairvoyant, ferme et d'une intégrité à toute épreuve. C'est ce que fut Grangeret. A peine était-il à son poste que l'ennemi s'efforça de le circonvenir et de le séduire, comme Lavergne. A ce moment, les coalisés attachaient à l'occupation de Longwy plus d'importance encore qu'en 1792. On était en mars 1794. Hoche, quelques jours après avoir écrit la lettre citée plus haut, venait de perdre le commandement de l'armée de la Moselle[8]. Jourdan (le vainqueur de Wattignies), qui lui avait succédé, avait reçu l'ordre de se rabattre vers la Sambre, par Arlon et Neufchâteau, avec la plus grande partie de ses troupes, pour concourir avec l'armée des Ardennes et l'aile droite de l'armée du Nord à la grande opération dont le résultat devait être la victoire de Fleurus. Il lui fallait donc, pendant que son principal lieutenant, René Moreaux[9], tiendrait tête aux Prussiens dans le Palatinat et sur la Sarre, concentrer rapidement sa colonne de marche à proximité du Luxembourg et pénétrer dans cette province. Longwy devenait, par suite, son point de départ et le pivot de son mouvement. C'est sous les murs de cette ville qu'il campait alors et qu'il avait établi son quartier général. Aussi, entrer dans Longwy était-il plus que jamais un coup de partie pour l'ennemi. Occuper cette ville, c'était retenir Jourdan, ou, s'il était en marche, couper sa principale communication avec la Moselle. Dans les deux cas, l'attaque de la Sambre échouait. Fleurus devenait impossible.

Mais comment prendre Longwy ? Par force ? On n'avait pas le temps. On essaya donc de la corruption. Les généraux ennemis, bien stylés sans doute par les émigrés, n'imaginèrent pas qu'un pauvre officier sorti du rang après quarante ans de services et sans aucune fortune, pût résister à l'appât de quelques centaines de mille livres. Aussi ne craignirent-ils pas de lui adresser, sans la signer, la proposition suivante, que nous reproduisons textuellement et dont l'orthographe et le style ont une saveur véritablement tudesque :

Monsieur,
Deux vaillans et genereux chefs[10], charmans de corps et d'esprits, singulierement Riche et bienfesans, onts jettées leurs regards sur une dame veuve quon dit être en votre pouvoir.
Elle ora la libertée du chois de maniere que celui qui nora pas fixé son attantion félicitera encore son ami de son bonheur. Toujour et dans tous les instants vous éprouveres monsieur les avantages de leurs reconnaissances et de leurs puissantes protections.
Affin que vous nen doutiés nulement ces deux messieurs me chargent de vous offrir des secours suffisans pour vivres parmis eux, ensuite un poste beaucoup plus avantageux que celui que vous occupée maintenant et même une gratifications de trois cents mils livres à partager entre vous monsieur et ceux qui vous aiderons efficacement a flechire et a mettre la belle dans leurs puissances.
La connessances certaine que jai de vos principes, de vos fonctions minspire toutes confiance.
Vous etes a lantrée du chemin de l'honneur, dans huit jours de marche vous pouvez lavoir parcouru en déployant votre courage et votre energie.
Comme jespere que vous daiguerés, Monsieur, monorer dune reponce il vous suffira de la faire en ses termes :
« Jai vu votre lettre en date du 24 mars. Jen suivrais lintention. »
Cela suffira dautant plus que je garde les copie de mes lettres.
Si cependant vous jugé a propos que je dusse vous aller trouver envoyes moi sur le champ un passeport general en bonne forme a raison des services randu et a randre aux armées et a la nations, et je me rendrées aussi tot au lieu que vous mindiquerez, alors nous dirons le reste de vive voix.
Marques moi aussi, Monsieur, si vous souhaites qu'un des deux messieurs en question vous ecrive parce quils sont empresses a posseder l'objet de leurs embissions et dont la possession fera votre joye votre gloire votre bonheur et la consolation avec vos concitoyens favorisé des dons de la paix et dun gouvernement sage, paisible, protecteur des personnes et des propriétés.
Je suis avec des sentimens tres distingues
Monsieur votre tres humble et tres obeissant serviteur
L.. T....
du 24 mars 1794.

Cette grossière tentative d'embauchage n'eut d'autre effet sur l'ancien soldat de Rouergue que de l'affermir dans son devoir. Les porteurs de la lettre que l'on vient de lire furent arrêtés par ses ordres. Grangeret tint à les interroger, en présence d'un commissaire de la Convention et du général Jourdan, et les livra loyalement à la justice.

« Je vous adresse cy-joint (écrivait-il le 13 germinal aux membres du Comité de salut public) une lettre sans adresse que m'ont apportée deux étrangers habitant la frontière entre cette place et Luxembourg, le 9 de ce mois. J'ai fait mettre ces hommes en état d'arrestation et les ai interrogés en présence du représentant du peuple Gillet, envoyé par la Convention nationale pour l'embrigadement de l'infanterie, et du général en chef de l'armée de la Moselle, auxquels je l'ai communiquée.

« Il résulte de cette interrogation que la lettre a été remise à l'un d'eux par un habitant du territoire ennemi, qu'il dit être son parent. Ce dernier, sous prétexte de venir voir son ...[11] s'en est chargé pour me la remettre. Les porteurs de ladite sont en état d'arrestation et bien gardés. J'attends vos ordres pour savoir ce que j'en dois faire. Salut et fraternité. »

Nous ne savons quelle suite eut cette enquête et ce que devinrent les coupables. Ce qu'il y a de certain, c'est que Longwy continua d'être bien gardé. La fermeté loyale de Grangeret permit à Jourdan d'achever sans encombre la concentration de ses forces et de commencer sa marche en avant. A la fin d'avril, il était déjà parvenu à Arlon[12] ; en mai, il passait la Sambre ; le 26 juin, il battait Cobourg à Fleurus ; en juillet, la Convention formait de toutes les troupes qu'il venait de mener à la victoire l'armée de Sambre-et-Meuse et lui en donnait le commandement en le chargeant d'occuper la Belgique orientale et de refouler jusqu'au Rhin l'ennemi éperdu.

Pendant qu'il se dirigeait vers l'Ourthe et vers la Roër, où l'attendaient d'autres succès, l'armée de la Moselle, renforcée par de nouvelles levées, passait sous les ordres de René Moreaux. On sait que ce hardi capitaine, combinant ses mouvements avec ceux de Michaud, qui était à la tête de l'armée du Rhin, eut la gloire d'enlever, en moins de trois mois, Trèves et Coblentz et, parvenu au Rhin, put, vers la fin de 1794, donner la main à Jourdan, également victorieux. A ce moment, il ne restait plus aux Français, pour préserver leur frontière de toute attaque et compléter la conquête du pays rhénan, qu'à déloger les Autrichiens de Luxembourg[13]. En novembre, Moreaux vint investir cette place formidable et dut naturellement s'appuyer sur celle de Longwy, qui en est si voisine. Grangeret commandait toujours cette dernière. Ses forces, il est vrai, commençaient à décliner et à trahir son courage. L'âge, la fatigue, les blessures l'avaient contraint de demander un congé de trois décades, qu'il était allé passer à Thionville. Mais au bruit du siège de Luxembourg, il demanda instamment à reprendre son poste. Moreaux, qui, depuis deux ans, le voyait à l'œuvre et qui avait conçu pour lui la plus haute estime, l'y renvoya sans objection[14]. Grangeret put donc encore contribuer, au moins indirectement, pendant une campagne, aux succès de l'armée de la Moselle. Luxembourg, étroitement bloqué, résista désespérément, mais finit par succomber et capitula le 8 juin 1795.

La chute de cette forteresse, le seul point par lequel l'ennemi menaçait encore notre frontière du Nord et de l'Est, permettait à la République de ne plus se préoccuper de la défense des villes qui lui font face et notamment de Longwy. L'armée de la Moselle fut réunie à celle du Rhin et plusieurs places d'Alsace et de Lorraine durent être momentanément déclassées. Grangeret fut avisé dès le mois de juin qu'il allait perdre son commandement, la ville qui lui était confiée ne devant plus avoir pour gouverneur qu'un simple chef de bataillon. C'était dur, mais il n'avait qu'à se soumettre. Il espérait bien, du reste, obtenir un emploi à l'armée du Rhin, que le Comité de salut public réorganisait à cette heure et qui allait entrer en campagne sous Pichegru. Ses compagnons d'armes appelaient sur lui la bienveillance du gouvernement. C'est ce qui ressort d'un certificat daté du 24 prairial an III[15], par lequel les officiers de son ancien régiment (devenu la 116e demi-brigade d'infanterie) attestent, après avoir énuméré ses glorieux services, « qu'il s'est toujours comporté avec l'honneur, le zèle et l'intelligence qui caractérisent le vrai militaire et n'a cessé de donner des preuves de son civisme et de son patriotisme le plus pur, de manière à mériter l'estime de tous ses frères d'armes et bons républicains. »

Ses espérances furent cruellement déçues. A Paris, les bureaux de la guerre ne le connaissaient pas. Les jeunes généraux, plus remuants, mieux recommandés, obtenaient maintenant toutes les places dans les armées. Grangeret n'avait jamais eu que deux protecteurs, Hoche et Moreaux. Le premier, qui commandait en Bretagne, était trop occupé pour songer à lui ; le second était mort pendant le siège de Luxembourg. Aussi n'obtint-il point la compensation qu'il souhaitait. Le 11 messidor[16], le général Liébert, chef d'état-major de l'armée du Rhin, lui notifiait la suppression de son commandement et l'invitait à se pourvoir auprès du Comité de salut public pour le règlement de sa pension de retraite. Le 15 thermidor[17] il remettait la place de Longwy à son successeur et rentrait plein de tristesse dans la vie privée et dans le repos.

Ce qui l'humiliait et le navrait, c'était d'être renvoyé en pleine guerre, comme un soldat inutile. Nous trouvons dans ce qui nous reste de sa correspondance le brouillon d'une lettre touchante qu'il adressait à cette époque à un de ses parents, dont le nom ne nous est pas connu :

« Je viens, mon cher ami », écrivait-il le 17 thermidor, « de recevoir l'ordre de ma retraite. Je ne puis vous cacher la peine que j'ai ressentie en le recevant. Il est vrai que je n'ai plus ni l'âge ni la vigueur d'un homme de 30 ans, mais j'ai l'expérience d'un militaire qui croit avoir honorablement servi sa patrie pendant l'espace de 43 années et 17 campagnes de guerre, tant sur mer que sur terre. Mon service est sans interruption.

« Les blessures dont je suis couvert sont des titres pour moi et j'aurais cru ne devoir point être réformé pendant une guerre entreprise pour la défense de ma patrie, que j'aime, que j'ai défendue jusqu'à ce jour par goût et par devoir et que je servirais encore avec le dernier dévouement, s'il m'était permis.

« J'ai donc ma retraite et la paix n'est pas faite. O mon cher ami, voilà mon chagrin. Conseillez-moi, dites-moi, je vous prie, si je dois faire des réclamations, si elles seraient accueillies.

« Si je suis forcé de prendre ma retraite, n'ayant point assez de fortune pour vivre de mes faibles revenus, je serai donc à charge à l'État, pouvant lui être utile... »

Ce n'était pas seulement dans l'intimité que le malheureux général exprimait ainsi sa mâle douleur et ses patriotiques désirs. « Je vous prie », écrivait-il au Comité de salut public, ... « de vous rappeler les soumissions que je fais de marcher au premier ordre qu'il vous plaira me donner pour la cause de la liberté. Mes forces ne sont pas celles d'un jeune homme de vingt ans, mais mon courage y suppléera et je me croirais heureux si mes services pouvaient encore servir à l'affermissement de la République. »

C'est en vain que Grangeret renouvela vingt fois ses assurances. Les pouvoirs publics étaient sourds à sa voix. Il frappait à toutes les portes et toutes restaient fermées. Plusieurs mois s'étaient écoulés. Le 16 nivôse an IV[18], il s'adressait à Hoche, devenu général en chef de l'armée de l'Océan : « Vous me connaissez, général. Si vous aviez quelques places à votre disposition, rappelez-vous un de vos anciens camarades et concitoyens. Je suis encore en état de rendre des services à ma patrie et je sacrifierais le peu de jours qu'il me reste à servir sous vos ordres. » Quatre mois plus tard, Hoche n'ayant encore rien fait pour lui, l'ex-gouverneur de Longwy voyait, le cœur serré, se préparer cette campagne de l'an IV qui allait être si glorieuse pour les armées de Sambre-et-Meuse et du Rhin. « ...Voici », écrivait-il le 22 floréal[19] à son camarade le général Dalesme[20], « la campagne qui va s'ouvrir. Je mourrai de chagrin si je ne puis, soit de près ou soit de loin, contribuer aux succès qu'elle nous prépare, ou, dans un cas contraire, en partager les dangers. Daignez m'aider auprès du général Jourdan à sortir de l'engourdissement honteux auquel, je ne sais pourquoi, je suis condamné. Si le général ne peut m'employer de suite à l'armée, il peut me donner un commandement quelconque. Le service ne m'est point étranger, puisque je l'ai exercé longtemps sur cette frontière qui m'est bien connue. Adieu, mon cher camarade. Je ne puis me sentir les bras croisés. Je voudrais avoir non une retraite, mais une activité quelconque. Je ne sais auprès de qui l'obtenir. Si vous pouvez m'aider à contenter mon unique envie, vous obligerez, n'en doutez pas, le plus reconnaissant des hommes et votre ancien ami. »

Son désir de reprendre du service allait jusqu'à lui faire offrir l'abandon de son grade. « Je ne me croirais point déçu dans ma carrière militaire », écrivait-il au ministre de la guerre[21], quand j'occuperais un grade inférieur a celui dont j'ai été revêtu, s'il ne pouvait en être autrement... »

Mais toutes ces démarches étaient sans effet, toutes ces demandes restaient sans réponse. L'au IV s'achevait, nos armées se couvraient de gloire en Allemagne et en Italie. Grangeret, condamné à l'inaction, demeurait à Longwy en simple particulier et devait se contenter d'éclairer officieusement de ses avis l'officier qui lui avait succédé dans le gouvernement de cette ville. Un jour, il vit ce dernier remplacé par un général de division. Et on lui avait enlevé à lui son commandement sous prétexte qu'il était trop peu important pour un général de brigade ! Dès lors, frappé au cœur, il ne fit plus que languir et sentit venir lentement cette mort qu'il souhaitait, mais qu'il aurait voulu aller chercher sur un champ de bataille.

L'agonie de ce vieux soldat fut un spectacle lamentable. Grangeret ne mourut pas seulement de chagrin. Il mourut aussi de misère. Le gouvernement, malgré ses réclamations réitérées, ne semblait pas se douter qu'il n'avait pas de pain. Le pauvre général, qui n'avait que sa solde, s'était marié, vers la fin de 1793, avec une demoiselle Burthe, sans fortune comme lui, et qui, en deux années, lui avait donné deux enfants. Après la suppression de son commandement, il se trouva sans ressources et dut vivre d'emprunts, en attendant la pension de retraite que lui assurait formellement la loi du 21 février 1793. Les mois succédèrent aux mois, le Directoire succéda au Comité de salut public, le ministère de la guerre changea plusieurs fois de titulaire, les représentants Loizel et Bar, d'autres encore s'efforcèrent de hâter le règlement d'une dette qui devait être sacrée pour la République. Rien ne put triompher de l'inertie et de l'insouciance des bureaux. Le 20 ventôse an IV[22], Grangeret était réduit à écrire en ces termes au citoyen Petiet[23], ministre de la guerre :

« Jusqu'à quand frapperai-je en vain à la porte de la justice ? J'ay tout sacrifié pour ma patrie et mon sang, citoyen, mon sang qui n'a point été épargné, n'a plus longtemps à couler dans mes veines. J'avais lieu d'attendre du règne des lois le maintien de ma vie et en la perdant mon cœur n'était sensible qu'au regret de ne pas revivre pour les défendre encore. J'ay donc fait mon devoir. J'avais juré de mourir ou de vaincre et j'ai plus d'une fois prouvé qu'un guerrier ne jure point en vain.

« Mais qu'est devenue la promesse faite au nom du peuple et de la loi de donner et d'assurer une retraite avantageuse aux militaires qui ont fait leur devoir en reconnaissance de leurs services ?

« En conséquence, je demande ou à être employé ou à obtenir dans un bref délai non pas une promesse, mais l'effectif d'une pension qui puisse encore retenir cette vie prête à s'échapper par la douleur et la misère où je me vois abandonné, si ce n'est par mépris, du moins par insouciance.

« Quelle que soit la réponse, je la demande et l'attends avec autant de fermeté que j'ay montré d'audace à repousser la mort. Je veux être réinstallé dans mes anciennes fonctions avec les traitements qui en dépendent. Et ce n'est qu'à ce prix que je me désiste des droits que je réclame. Néanmoins la soumission que je voue à votre décision vous garantit de la confiance que j'ai à obtenir justice. Salut et fraternité. »

Dix fois encore, le général dut renouveler de pareilles suppliques. Le ministre de la guerre ne lui répondait pas ou ne le payait que de mots. En fructidor an IV[24], il était sans solde depuis treize mois. Il reprend la plume et écrit à Petiet : « ... Mes cheveux blancs, mes longs et loyaux services, l'état de détresse où je me trouve sont les seuls objets qui réclament justice. Je les mets sous vos yeux pour toute recommandation. Je ne suis plus d'un âge à attendre longtemps l'effet de tant de promesses. Je sens que, si vous n'en hâtez l'exécution, je mourrai dans la plus affreuse misère, emportant avec moi mon amour pour la patrie et le respect pour les autorités... »

Une demi-année s'écoule encore. La vie se fait chaque jour plus sombre pour Grangeret et pour les siens. Enfin, vers le commencement de 1797, l'infortuné général reçoit avis qu'il va être admis à jouir des appointements de commandant temporaire de 3e classe réformé, en attendant le règlement de sa retraite. Mais quatre, cinq semaines se passent encore. Le général, qui n'a reçu aucun traitement depuis près de deux ans et qui se sent mourir, adresse cet appel désespéré au directeur Carnot :

« ... Ayant vendu tous mes chevaux et tout ce que j'avais d'effets pour vivre, n'ayant d'autre fortune que la récompense de 60 années de services, compris mes campagnes, si la nation ne vient promptement à mon secours, je serai donc réduit aux deux dernières extrémités, qui sont d'aller mendier ou [25]... Grand Dieu ! quel état déplorable !

« Ce n'est point là ce que l'on m'a promis lorsque je commandais une division, que l'on me disait : Continue, général, de faire connaître ton nom aux despotes coalisés et je me charge de ta récompense par la République. Le général Hoche, qui commandait pour lors, m'écrivait en ces termes : Continue, général, à bien servir ta patrie ; je regarde ta jonction faite avec Taponier[26] comme un coup de maître. C'est lorsque j'ai enlevé de vive force et à la bayonnette les redoutes de ...[27] Limbach...[28], de Niederbronn, que l'on me félicitait. J'ai cependant toujours continué à donner des preuves non équivoques de ma valeur...[29]. »

Le grand homme de guerre dont l'ancien commandant de Longwy invoquait le souvenir était peut-être le seul de ses compagnons d'armes qui voulût et pût en même temps lui venir en aide. Grangeret, près d'expirer, comptait toujours sur son appui et ne désespérait pas de faire encore une campagne sous ses ordres. On était en mars 1797. Hoche venait d'être mis à la tête de l'armée de Sambre-et-Meuse ; il occupait les provinces du Rhin, il allait franchir ce fleuve, marcher sur Vienne. C'est à lui que Grangeret, après lui avoir exposé sa détresse, demande à ce moment un emploi qu'il se croit encore de force à remplir. « Vous, mon général, qui avez tant de places..., veuillez donc bien vous rappeler..., quoique je n'aie plus la force d'un jeune homme de trente ans, j'en ai toujours le courage, et malgré mon grand âge je préférerais encore combattre à vos côtés et y contribuer à votre gloire. Je compte sur vos bontés, mon général. Vous ne souffrirez pas qu'un de vos anciens camarades soit davantage dans l'oubli et dans la misère. »

Cet appel fut entendu. Six jours après, le général en chef répondait à son vieil ami par la lettre suivante, aussi honorable pour son auteur que pour son destinataire.

ARMÉE DE SAMBRE-ET-MEUSE
Au quartier-général à Cologne, le 21 ventôse,
5e année républicaine.
Le général en chef au citoyen Grangeret,
J'ai reçu, mon cher Grangeret, la lettre que vous m'avez écrite le 15 de ce mois. J'y vois avec la plus vive peine l'état cruel de dénuement dans lequel vous vous trouvez. Je ne puis prendre sur moi de vous donner de l'emploi dans l'armée que je commande. Mais je viens d'exposer aux yeux du ministre votre situation, votre âge, vos longs services et vos blessures. J'espère que tout cela l'intéressera en votre faveur et qu'il vous accordera la place que je demande pour vous avec instances. Je vous l'annoncerai avec bien du plaisir.
L. HOCHE.

Le jour de la justice semblait donc approcher, et le malheureux Grangeret, si injustement traité, se croyait sur le point d'obtenir une honorable réparation mais elle devait arriver trop tard. Deux années de mécomptes et de misère avaient achevé d'user le corps de ce soldat affaibli par tant de guerres et qui aspirait encore aux combats. Moins d'un mois après avoir reçu la lettre qui précède, le 26 germinal an V[30], il mourait à Longwy, sans avoir encore obtenu ni sa pension de retraite, ni le commandement que Hoche avait sollicité pour lui.

Sa triste fin fut annoncée par sa veuve à son protecteur : « Vous pouvez disposer du grade que vous lui destiniez », lui écrivit-elle le 15 floréal. « Il n'est plus. Absorbé par de noirs chagrins et accablé sous le poids des infirmités, la mort vient de l'enlever à la veille de la plus affreuse indigence. Son plus grand regret en mourant était de ne point finir sa carrière à vos côtés, au milieu des bataillons ennemis... » La malheureuse femme exposait ensuite au général son propre dénuement. Hoche, désespéré de n'avoir pu adoucir les derniers jours de son vieux camarade, se crut engagé d'honneur à assurer l'avenir de la veuve et des orphelins. La lettre que l'on va lire est le témoignage le plus touchant de l'estime et de l'affection qu'il avait eues pour l'ancien gouverneur de Longwy.

Au quartier-général, Friedberg, 30 floréal an V.
Le général commandant en chef l'armée de Sambre-et-Meuse au ministre de la guerre.
Citoyen ministre,
Le général Grangeret, ancien militaire, vient de mourir accablé sous le poids des infirmités que lui ont occasionnées une longue suite d'années de service, plusieurs campagnes de guerre et des blessures. Il était sans fortune. La longue maladie qui a terminé ses jours avait achevé d'absorber le peu de moyens qui lui restaient, et il a laissé une veuve réduite à la plus affreuse indigence. Il ne lui reste absolument de ressources que dans la bienfaisance nationale. Elle a donc aujourd'hui recours à votre sollicitude pour le malheur afin d'obtenir les secours que la loi accorde aux veuves des défenseurs de la patrie et le remboursement de vingt-deux mois d'appointements. Vous trouverez dans l'état des services de feu son époux qu'elle vous fera passer elle-même avec une pétition les titres sur lesquels sont fondées ses justes réclamations. Vous voudrez bien, citoyen ministre, les prendre en considération et donner vos ordres pour que le brevet de la pension à laquelle sa misérable position lui donne lieu de prétendre lui soit délivré et qu'elle puisse en même temps toucher l'arriéré des appointements qui restaient dus à son époux à l'époque de sa mort.
Je partage bien sensiblement avec elle la reconnaissance qu'elle vous aura pour ce bienfait.
L. HOCHE.

Ce dernier appel devait encore rester sans réponse. Trois mois après avoir écrit les lignes que l'on vient de lire, Hoche mourait à son tour. La veuve et les enfants du général Grangeret n'avaient plus de protecteur. Ils continuèrent à souffrir et nul ne plaida plus leur cause auprès des ministres. Nous avons sous les yeux le certificat d'indigence que la malheureuse mère se fit délivrer une année plus tard (le 29 thermidor an VI[31]) par le commissaire des guerres et la municipalité de Thionville. Et que résulta-t-il pour elle de cette constatation ? Rien que de nouvelles espérances et de nouvelles déceptions.

C'est ainsi que la République, si reconnaissante et si généreuse envers ses jeunes généraux, récompensa les services d'un vieux soldat qui lui avait donné tout son cœur et n'avait d'autre tort que d'être né trop tôt. L'ancien régime l'avait méconnu ; le nouveau l'oublia. Certes, Jean Grangeret ne fut pas un homme supérieur. Mais il était bon de rappeler les exemples qu'il donna et l'ingratitude dont il fut payé. L'histoire n'a pas à lui faire une grande place, mais elle doit réparation à la mémoire d'un patriote qui refusa la fortune pour conserver une ville à son pays et que son pays laissa mourir de misère.

A. DEBIDOUR.

Notes et références

  1. Par M. Loitière, juge de paix à Wassy (Haute-Marne), que nous tenons à remercier de l'obligeance avec laquelle il à mis à notre disposition les papiers du général. Le recueil de documents inédits qu'il a bien voulu nous communiquer comprend, à côté de quelques pièces sans rapport avec notre sujet, trois lettres de Hoche (qui seront reproduites plus loin), plusieurs dépêches des généraux Molitor, Moreaux et Liébert, du ministre de la guerre Petiet, du représentant Bar, etc., les états de services de Grangeret, la copie de la lettre qui lui fut adressée par les généraux ennemis pendant qu'il commandait à Longwy, les brouillons de vingt-une lettres écrites par lui-même au Comité de salut public, aux généraux Hoche, Liébert, Dalesme, au ministre Petieit, au directeur Carnot, etc., son acte de décès, une lettre de sa veuve et un certificat d'indigence délivré à cette dernière.
  2. A Vézet (arr. de Gray, Haute-Saône).
  3. Règlement portant que nul ne pourra être proposé à des sous-lieutenances s'il n'a fait preuve de quatre générations de noblesse. (Isambert, Recueil général des anciennes lois françaises, t. XXVII, p. 29.)
  4. Lettre de Grangeret au citoyen Loizol, représentant du peuple, 15 fructidor an III (1er septembre 1795).
  5. Il fut condamné à mort par le tribunal révolutionnaire et exécuté le 31 mars 1794.
  6. En octobre 1792, quelques semaines après la bataille de Valmy. L'Assemblée Législative, en apprenant que cette ville s'était rendue aux Prussiens, avait porté un décret qui ordonnait de la démolir ; mais la Convention en suspendit ¡'exécution.
  7. Voir sur ce sujet l'intéressant et édifiant rapport du représentant Baudot à la Convention, Moniteur du 27 ventôse an II (17 mars 1794).
  8. Il fut envoyé à l'armée d'Italie et, fort peu après, mis en arrestation. Il ne recouvra la liberté qu'après le 9 thermidor.
  9. Qu'il ne faut pas confondre avec Moreau, alors lieutenant de Pichegru à l'armée du Nord, plus tard général en chef de l'armée du Rhin et rival de Bonaparte sous le Consulat.
  10. L'empereur d'Allemagne et le roi de Prusse.
  11. Il manque ici un mot dans le texte.
  12. Grangeret le suivit au moins jusque-là et prit personnellement part à la victoire que Jourdan remporta devant cette ville et qui lui en ouvrit les portes le 18 avril 179., Le soir de ce furieux combat, les officiers français mangèrent le dîner que l'état-major autrichien avait forcé les habitants à lui préparer, pour bien célébrer notre défaite.
  13. Il avait bien aussi à reprendre Mayence mais c'était la tâche de l'armée du Rhin.
  14. Par un ordre de service, daté du 6 nivôse an III (26 décembre 1794), que nous avons sous les yeux.
  15. 12 juin 1795.
  16. 29 juin.
  17. 2 août.
  18. 5 janvier 1796.
  19. 11 mai.
  20. Né en 1763, mort en 1832. Ce général se distingua dans les armées de Sambre-et-Meuse et d'Italie, fit partie du Corps législatif sous l'Empire et reçut le commandement de l'île d'Elbe de Napoléon en 1815.
  21. Le 9 germinal an IV (29 mars 1796).
  22. 11 mars 1796.
  23. Né en 1749, mort en 1806. Ancien commissaire des guerres, puis membre du Conseil des Anciens, il fut appelé au ministère de la guerre en février 1796 et y resta jusqu'en juillet 1797. On le retrouve en 1799 au Conseil des Cinq-Cents. Il fut plus tard conseiller d'État (1800), gouverneur de la Lombardie, intendant général de l'armée de Boulogne et sénateur.
  24. Septembre 1796.
  25. Ici un mot effacé.
  26. Ce général commandait une des colonnes d'attaque que Hoche dirigea en décembre 1793 contre les lignes de Wissembourg.
  27. Ici deux mots illisibles ou inexplicables.
  28. Ici deux mots illisibles ou inexplicables.
  29. Lettre du 29 ventôse an V (19 mars 1797).
  30. 15 avril 1797.
  31. 16 août 1798.