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Annales de l'Est (1887) Pfister

De Wicri Lorraine
Bandeau Annales de l'Est.jpg


Jean-Daniel Schœpflin


 
 


Informations sur l'article
Auteur : Christian Pfister
Période historique : Moderne
Discipline :
Type : Biographie
Informations de publication
Année : 1887
Numéro : 1


Note concernant les biographes de Schœpflin[1]


AVANT-PROPOS

Goethe, en retraçant dans Vérité et Poésie ses souvenirs d'élève à l'ancienne Université de Strasbourg, a écrit ces lignes : « Schoepflin, sans que je l'aie fréquenté, a eu sur moi une influence considérable ; car les hommes éminents, nos contemporains, peuvent être comparés à des étoiles de première grandeur vers lesquelles notre œil se dirige, tant qu'elles sont au-dessus de l'horizon on se sent fortifié, lorsqu'il vous est donné de contempler une telle perfection[2]. » Si le poète exalte Schœpflin à ce point, par quels mots les historiens exprimeront-ils leur reconnaissance envers celui qui a réuni pour eux une si riche moisson de documents ; si le citoyen de Francfort témoigne tant d'enthousiasme, en quels termes les Alsaciens célébreront-ils la gloire de celui qui a voué au passé de l'Alsace la plus grande partie de sa longue existence ? Sans Schoepflin, l'histoire de l'Alsace, qui reste une entreprise très difficile, ne saurait être écrite, même de nos jours, et peut-être surtout de nos jours, où un nombre si considérable de documents a péri. Nous accomplissons donc comme un devoir, en racontant la vie de Schœpflin, en appréciant ses travaux, dès les premiers numéros de ce recueil, qui sera avant tout consacré à l'histoire de l'Alsace et de la Lorraine. Que les Annales de l'Est paraissent sous ses auspices. Si l'on excepte dom Calmet, je ne sais pas d'homme plus digne auquel elles puissent être dédiées.

I.

Jean-Daniel Sehœpflin n'était pas né en Alsace. Il vit le jour dans le margraviat de Bade-Dourlach, à Sulzbourg, 6 septembre 1694. Son père, dont il porta les prénoms, était originaire de Roeteln[3], petit bourg au sud du pays de Bade. Sa mère, Anne-Marguerite Bardolle, était de Colmar elle avait apporté en dot à son mari une maison, sise en cette.ville, dans la rue des Têtes, qui fut vendue plus tard, le 7 novembre 1722[4]. Schœptiin se rattachait donc, par ses parents, et au margraviat de Bade et à l'Alsace; il aima l'une et l'autre contrée et il prouva son affection, en écrivant la plus remarquable histoire de Bade et la plus remarquable histoire de l'Alsace.

Jean-Daniel fit de bonnes études. Son père, qui était un modeste employé du margrave, s'imposa quelques sacrifices et envoya son fils au Gymnase de Dourlach, qui fut plus tard transporté à Carlsruhe, après la création de cette ville par Charles-Guillaume. Schœpflin y resta cinq années, puis alla terminer ses études secondaires à Bâle. En 1707, à l'âge de treize ans, il entra à l'Université, dans la Faculté de philosophie. L'un des maitres les plus éminents de Bâle, Christophe Iselin[5], professeur d'histoire et d'éloquence, était son parent. Il lui fit suivre ses cours, l'aida de ses conseils et décida de sa vocation. Ce n'est pas que Schœpflin se vouât dès lors à l'étude exclusive de l'histoire et eût pour unique souci l'art de bien tourner une phrase latine. Il ne négligea pas le grec, que lui apprit Samuel Battier; il prit même goût aux mathématiques, qui lui furent enseignées par Jean Bernouilli. Mais, dès ce moment, Iselin avait mis, pour ainsi dire, son empreinte sur lui. Le jeune étudiant aimait avant tout à déchiffrer des inscriptions romaines ou des chartes du moyen âge et à tirer de ces documents quelques conclusions générales; il apportait à la lecture des auteurs anciens le même esprit critique qu'a celle des inscriptions ou des chartes dans les uns et dans les autres, chaque phrase, chaque mot devenait pour lui comme un problème difficile. S'il ne saisissait pas toujours l'enchaînement des faits, s'il lui était impossible de faire revivre une époque dit passé, en revanche il savait rapprocher des textes épars et en tirer des déductions historiques. Mais en même temps qu'il se livrait à ces études minutieuses, il avait une autre ambition. Il se plaisait à composer des périodes latines bien sonores, à disposer dans un ordre régulier les différentes parties du discours. Il rêvait d'acquérir la gloire de beau diseur et d'entraîner un auditoire académique par des mouvements oratoires empruntés Cicéron. Il devint très fort en discours latin. Ce n'est pas tout. Iselin possédait une riche bibliothèque qu'il mit à la disposition de son élève. La bibliothèque universitaire, d'autre part, renfermait de nombreux volumes. Schoepflin puisait dans l'une et dans l'autre. Il apprit à aimer les livres, il sentit naître en lui pour les in-folio une passion qui ne le quittera plus, pendant toute sa vie.

En 1711, il soutint, sous la présidence d'Iselin, diverses thèses sur une inscription de l'empereur Auguste qui avait été fort mal publiée dans une Histoire de Trieste[6]. Il y apporta quelques bonnes corrections malheureusement il n'avait pas vu l'original et il ne sut pas changer quelques fautes assez graves. Quoi qu'il en soit, ce travail témoigne qu'il avait une idée assez nette des institutions romaines; il disserta fort bien sur les titres de consul et de père de la patrie que prit Auguste; il montra quel intérêt il avait à garder toujours pour lui la puissance tribunitienne. Sans doute la dissertation n'est pas son œuvre exclusive et Iselin aurait pu en revendiquer une bonne part mais l'élève soutint les thèses avec une telle chaleur et répondit avec une telle précision à quatorze questions d'histoire ancienne, qu'il s'attira des applaudissements unanimes. Son professeur de mathématiques composa à cette occasion des pentamètres latins: « Schœpflin, nous croyons l'histoire, et nous savons les mathématiques…; mais toi qui joins les mathématiques à l'étude de l'histoire, je crois et je sais que tu es un vrai historien. » Selon toute apparence, Schœpflin prit peu de temps après le titre de docteur en philosophie ou maître ès arts ; mais nous n'avons pas à ce sujet des renseignements très positifs.

Cependant le père de Schœpflin avait quitté Sulzbourg. Sept enfants lui étaient nés et sa place chez le margrave ne lui suffisait plus pour nourrir sa nombreuse famille. Il vint chercher fortune en Alsace et il s'installa à Riquewihr, petite seigneurie qui dépendait du comté de Montbéliard. Dans ce bourg, il devint receveur des biens de l'Église protestante. Schœpflin passa donc désormais ses vacances au cœur même de l'Alsace. Il dut souvent concevoir l'idée d'écrire l'histoire de ces châteaux dont il voyait les ruines à l'horizon, et, lorsqu'on lui montrait au loin la cime du Tænnichel et qu'on lui parlait de l'antique muraille se développant sur le sommet, il était transporté par l'imagination dans le passé. Ce fut à Riquewihr qu'il perdit sa mère, le 21 décembre 1723[7] plus tard, son père, devenu vieux, alla chercher asile chez un autre de ses fils, Jean-Frédéric, qui avait fondé, dans la vallée de Munster, la papeterie de Luttenbach[8]. Il y mourut le 12 juin 1739, à l'âge de 76 ans et fut enterré dans le petit cimetière de Mühlbach. Son fils Daniel, déjà alors très célèbre, y éleva, un monument sur lequel il inscrivit une épitaphe, écrite en un style tout à fait cicéronien[9].

Au moment où son père s'établissait à Riquewihr, Jean-Daniel quitta la Faculté de philosophie de Bâle et se rendit à l'Université de Strasbourg. Après avoir prêté serment entre les mains du recteur, il fut immatriculé le 2 juillet 1711[10]. Il se fit inscrire comme étudiant à la Faculté de théologie. Pour faire bien comprendre quels furent ses travaux pendant les années qui vont suivre, il nous faut entrer ici dans quelques considérations générales et expliquer quel était le cours des études à Strasbourg, au XVIIIe siècle.

On y commençait les études très jeune. À peine un enfant avait-il atteint l'âge de six ans, qu'il était envoyé au Gymnase ; il parcourait successivement les classes depuis la sexta. jusqu'à la prima. Il subissait alors le rite de la déposition, cérémonie singulière qui avertissait le béjaune de déposer, de laisser de côté tous les défauts propres au jeune âge. On le revêtait d'accoutrements bizarres, on le coiffait d'un bonnet d'âne ; on approchait de ses tempes un immense cure-oreilles, ce qui signifiait, paraît-il, qu'il devait cesser d'écouter les propos frivoles ; on lui mettait dans la bouche une dent de sanglier qu'on arrachait au moyen de pinces énormes, ce qui lui indiquait de se garder de tout propos mordant[11], etc. À la fin de la cérémonie, le bonnet d’âne, les habits ridicules étaient enlevés l'enfant devenait un jeune homme. Après la déposition, on entrait dans la classe selecta, où l'on passait encore une année. À quatorze ans, on sortait d'ordinaire du Gymnase et l'on se faisait immatriculer à l'Université[12].

De nos jours, en France, aussitôt après le lycée, les études cessent d'être communes. Les jeunes gens se vouent immédiatement soit aux lettres, soit aux sciences, soit à la médecine ou au droit. Il en était autrement à Strasbourg. Avant d'aborder les cours du droit, de la médecine, de la théologie, il était nécessaire d'avoir étudié cinq années à la Faculté de philosophie et l'on sait que l'enseignement de cette Faculté comprenait les lettres et les sciences. On passait devant cette Faculté un double examen la prima laurea, qu'on subissait d'ordinaire au bout d'une année d'études la seconda laurea' ou maîtrise ès arts qui ouvrait la porte des Facultés supérieures. Mais alors même qu'on appartenait a la Faculté de théologie, de droit ou de médecine, on ne rompait pas tout lien avec la Faculté de philosophie. Tout jeune homme distingué avait à cœur de conserver des relations avec ses anciens maîtres et continuait bien souvent de suivre leurs leçons. De même, l'étudiant d'une des Facultés supérieures était libre de suivre les cours des autres Facultés. Lorsque Goethe était étudiant en droit, il fit surtout de la médecine. On était inscrit sur le registre de sa Faculté que tenait le doyen, mais aussi sur celui de l'Université que tenait le recteur. Il n'y avait pas à Strasbourg quatre Facultés juxtaposées, il y avait réellement une Université qui formait un corps homogène.

Ces réflexions étaient utiles pour expliquer comment Schœpflin, étudiant en théologie, continua de se livrer, avant tout, à l'éloquence latine et à l'étude de l'histoire. Il était protestant sincère, croyons-nous: il pratiquait les préceptes de sa religion; mais il ne se sentait nullement porté vers les discussions subtiles de la théologie. Il avait l'habitude de peser l'autorité de chaque écrivain et de ne jamais regarder un texte comme un article de foi. Aussi, le seul collège de théologie qu'il suivit, fut celui de Jean-Henri Barth[13], qui enseignait l'histoire ecclésiastique. Au droit, il écouta les leçons de Joseph-Henri Bœcler[14], qui expliquait le droit public et spécialement celui de l'Allemagne. À la philosophie, il devint le disciple de Jean-Georges Scherz[15], professeur de morale, qui lui fit connaître les œuvres de Grotius et de Pufendorff. Mais il s'attacha surtout à la personne et à renseignement de Jean-Gaspard Kuhn[16] professeur d'histoire et d'éloquence. Kuhn développa les heureuses qualités de Schœpflin et acheva en lui l'œuvre commencée à Bâle par Iselin.

Kuhn fut pour Schœpflin plus qu'un maitre. Frappé du zèle du jeune étudiant, charmé par son caractère, il l'attira dans sa maison et lui confia l'éducation de son fils unique. Pendant plus de huit années (l711-1720), Schœpflin remplit cet office de précepteur qui lui permit d'achever sans grands frais le cours de ses études. Il mangeait à la table de son professeur, vivait dans son intimité les leçons commencées dans les colléges se continuaient par des conversations familières ; et bientôt le disciple n'eut pas de désir plus cher que celui de devenir un jour semblable au maitre. Il rêvait sans doute d'expliquer, comme lui, le développement des faits historiques à de nombreux élèves ; mais une autre gloire l'attirait bien davantage. Les succès oratoires de Kuhn l'empêchaient de dormir. Lorsque celui-ci prononçait le discours solennel en l'honneur de Louis XIV[17], Schœpflin était au premier rang des auditeurs et il aspirait, lui aussi, à donner des preuves publiques de son éloquence latine et à recueillir des applaudissements. Aussi travailla-t-il sans relâche ; tout en s'appliquant à l'histoire, il relisait les auteurs anciens, surtout Cicéron, et cherchait à s'approprier ses expressions, ses élégances, le mouvement de ses périodes.

Schæpflin débuta véritablement à l'Université de Strasbourg, par un double discours latin et par une thèse d'histoire. Tout Schœpfiin est 1à. Pendant sa vie entière, alors qu'il semblera absorbé par les travaux sérieux qu'exige l'histoire, il voudra cueillir le laurier de l'orateur et se revêtira des défroques de Cicéron.

Il était d'usage, à l'Université de Strasbourg, de produire en public le jeune homme qui av ait fait de grands progrès dans la langue latine. Le professeur d'éloquence adressait au Magistrat de la ville et aux membres de l'Université un programme, par lequel il les invitait à honorer de leur présence cet exercice oratoire, dans le brabeulerion (c'était le nom donné à 1a grande salle de l' Université, contiguë au Gymnase et au Temple-Neuf).

En même temps, il faisait l'éloge de l'orateur et esquissait le sujet qui devait être développé. Ces discours étaient assez suivis les étudiants venaient applaudir leur camarade et, après la cérémonie, célébraient son succès en latin et en allemand, en prose et en vers. Le 9 novembre 1717, Schœpflin, de 23 ans, affronta la tribune universitaire. Il avait choisi un sujet qui n'était certes pas actuel l' éloge de Germanicus. Kuhn fit le programme. On y lisait « Germanicus, fort de la conscience de son mérite, prévit bien que sa mémoire serait honorée de la postérité, lorsqu'en mourant il se tourna vers ses amis et leur dit : Des inconnus même pleureront Germanicus. Mais il ne pouvait prévoir qu'un jeune homme barbare, comme il semblait alors aux Latins, dans une assemblée d'hommes très doctes et très savants, célébrera un jour ses vertus dans un langage et un style dignes d'un orateur romain. C'est pourtant ce que fera mon élève chéri Schæpflin. » Les applaudissements furent très vifs. La harangue est écrite dans une langue qui, sans être exempte de certaines incorrections, aurait fait envie à nos anciens lauréats du concours général ; elle contient une ou deux belles images[18].

Mais l'ensemble reste froid. Ce n'est encore qu'un bon devoir d'écolier. Quelque temps après, le 14 novembre 1719, Schœpflin célébra au même lieu l'éloge de son professeur Henri Barth qui venait de mourir subitement, enlevé, à peine âgé de trente-neuf années, par une fièvre violente. Nous voudrions dire beaucoup de bien de cette oraison funèbre mais il nous faut bien reconnaître que, si le style, très travaillé, atteint parfois à l'élégance, le sentiment paraît être absent. L'orateur parle beaucoup de lui, de la difficulté du sujet, du souci qu'il a de célébrer dignement un si vénérable professeur. Sans doute, toutes ses déclarations partent d'un coeur sincère et réellement désolé ; mais tandis qu'il courait après l'expression latine, la véritable émotion s'était enfuie[19].

Au début de l'année suivante (1720), il fit œuvre d'historien, en soumettant au jugement de l'Université une dissertation sur les destinées et la succession du royaume de Navarre. C'était un écrit de circonstance. Le Régent venait d'envahir l'Espagne et nos armées s'étaient emparées de Fontarabie et de Saint-Sébastien. Or, Schœptiin voulait prou ver que la France avait des droits sérieux sur la ~avarre espagnole. Il démontra qu'en 1512 Ferdinand le Catholique avait enlevé, au mépris des traités de paix et des promesses solennelles, la Navarre à Jean d'Albret, l'ancêtre par les femmes de Henri IV. Il réfuta les auteurs espagnols, Nebrissensis[20], Mariana[21] qui avaient approuvé l'invasion de Ferdinand et voulu justifier cette violence par des arguments empruntés à 1'histoire. Il excita, en manière de péroraison, le Régent à unir la basse Navarre à la France. Encore que la dissertation soit avant tout une œuvre de polémique, elle témoigne de connaissances sérieuses et d'études profondes. L'auteur avait puisé aux sources et n'avait négligé aucun écrit qui prit jeter quelque lumière sur le sujet. En même temps qu'il présentait à ses maîtres cette dissertation, il soutient douze thèses sur l'histoire et sur l'éloquence latine. Voici une des thèses d'éloquence : Scaliger, dans sa Poétique, a eu tort de blâmer le vers d'Ovide :

In nova fert animus mutatas dicere formas Corpora.

Les thèses d'histoire étaient beaucoup plus compliquées. Elles portaient sur l'Assyrie, sur la guerre de Troie, sur les divisions de 1'histoire universelle, sur la légion thébaine, sur la consultation du pape Zacharie par Pépin[22]. La soutenance de semblables thèses sur des sujets aussi divers augmentait la réputation de Schœpflin et déjà partout à Strasbourg, on le désignait comme un autre Kuhn.

La dissertation et les thèses furent imprimées et dédiées à toutes les autorités de la ville ait préteur royal, aux stettmeisters et ammeisters, aux Chambres des XIII, des XV et des XXI. Le Magistrat, qui cherchait à plaire à la Cour, fut très sensible à cette dédicace. Le 25 septembre l720, il vota pour Schœpflin un gratiale de 100 florins, soit 200 livres ce qui ne laissait pas d'être, à cette époque, pour un jeune étudiant une somme considérable.

Cependant un coup terrible vint frapper Schœpflin. Le 7 octobre l720 mourut son bienfaiteur. L'avenir lui paraissait à ce moment assez sombre mais la perte même de Kuhn, qui semblait briser à jamais ses espérances, devait assurer son sort. Le 22 octobre, la Faculté de philosophie, sur la proposition des scolarques, se réunit pour désigner un titulaire à la chaire vacante d'éloquence et d'histoire. Henri Lederlin, l'illustre professeur d'hébreu et de grec, le savant commentateur d'hébreu, remplissait alors les fonctions de doyen. Il annonça à ses collègues que trois candidats s'étaient déjà présentés Ulric Geisler, professeur de langue latine à la division supérieure du Gymnase ; J. J. Witter, professeur de cinquième au même établissement ; enfin J. Léonard Frœreisen, pasteur[23]. Mais il pensait que Jean-Daniel Schœpflin ne tarderait pas à poser sa candidature ; et dès ce jour la Faculté désigna l'élève chéri, le « genuinus discipulus », de Kuhn comme le plus digne et le plus capable de succéder au maître[24].

Cette nouvelle apporta quelque consolation à Schœpflin ; mais il avait hâte de remplir un devoir sacré. Il voulait faire pour Kuhn ce qu'il avait fait l'année précédente pour Barth ; il avait à, cdœur de louer, devant toute l'Université réunie, en beau langage cicéronien, les mérites de son maître et de son ami. Le 25 octobre, il annonça à Lederlin son intention de célébrer les « parenatalia », la « parentation » de Kuhn, comme on disait dans ce langage moitié allemand, moitié latin et quelque peu français alors en usage à l'Université. Lederlin, après avoir pris avis de la Faculté[25] écrivit le programme, le fit afficher devant les « valvæ academicæ », et le 12 novembre Schœpflin monta dans la chaire du grand auditoire. Nous ne pouvons nous empêcher de faire à son discours les mêmes reproches que nous avons faits aux harangues précédentes. Il est certain qu'à la lecture il paraît un peu froid[26]. Mais il est certain aussi de nombreux témoins nous l'attestent qu'il fut dit avec âme et avec une chaleur communicative et qu'il produisit un immense effet. Bartenstein, professeur de mathématiques et beau-père de Kuhn, en envoya, avec de grands éloges, un exemplaire à Montfaucon, qui apprit dès lors à connaître le nom de Schœptlin[27] ; et bien plus tard, Jean-Michel Lobstein s'écriera « O jours à jamais mémorables où Schœpflin prononça les éloges funèbres de ses illustres maîtres Comment peindre ces larmes amères qu'il fit répandre à tout un nombreux auditoire, surpris de l'enthousiasme touchant et de la vertu du jeune orateur ? Il semblait leur avoir transmis son âme tout entière. Les sanglots qui se font entendre de tous côtés l'obligent à s'interrompre lui-même, pour laisser un libre cours à ses propres larmes. Silence éloquent, dont les âmes sensibles connaissent tout le prix[28]. » Par un semblable discours, Schœpflin prit véritablement possession de la chaire de Kuhn. Le choix de la Faculté de philosophie fut ratifié par l'Université et pur le collège des scolarques, le 22 novembre 1720[29]. Le même jour, Schœptlin fut introduit au convent académique, prêta serment sur les statuts, et prit place « in subseliis professorum ». A 26 ans, il était professeur ordinaire public d'éloquence et d'histoire il l'Université de Strasbourg. Dans son oraison sur Kuhn, il avait dit a « Illustre maître, nous pouvons te dire ce qu'autrefois Pline, plein d'admiration pour son héros, dit à l'Empereur Trajan Tu as accablé tes successeurs. » Schœpflin sut prouver que le fardeau lui était léger.

II.

A partir de ce moment, durant cinquante années, la vie de Schœpflin fut intimement unie il celle de l'Université de Strasbourg. On ne saisirait pas le caractère, on ne s'expliquerait pas les qualités et quelques-uns des défauts de l'homme, si l'on ne connaissait pas un peu l'institution. Il nous faut donc entrer dans quelques détails sur cette Université tour à tour trop louée ou trop calomniée. Il faut savoir ce qu'elle a fait réellement pour la grandeur de l'Alsace et de la France, sans se dissimuler les vices de son organisation.

L'Université avait un caractère confessionnel. C'était une Université protestante ou, pour être plus exact, luthérienne. Sans doute les élèves de tous les cultes pouvaient être immatriculés et suivre les cours on vit des seigneurs français catholiques s'asseoir sur les mêmes bancs que les nobles allemands luthériens. }lais tout professeur devait appartenir à la Confession d'Augsbourg et était moralement tenu de suivre à Saint-Thomas les exercices du culte. Dans les registres de l'Université, l'on signale toujours la présence du corps enseignant au sermon de Noël et de Pâques. Les protestants eurent donc à Strasbourg leur école secondaire, le Gymnase, Et leur Université. Le gouvernement français ne vit pas ces institutions luthériennes d'un œil très favorable. L'évêque, rentré dans la cité, créa, un séminaire dont la direction fut confiée aux pères jésuites et, en 170l, Louis XIV transféra à Strasbourg l'Université catholique qui végétait à Molsheim[30].

L'Université protestante avait ses Facultés au complet l'Université catholique ne posséùait que les Facultés de philosophie et de théologie. Comme bien l'ou pense, les deux Universités étaient jalouses rune de l'autre et se surveillaient réciproquement avec inquiétude. La catholique réclamait une Faculté de droit, la protestante ne voulait pas qu'on touchât à son monopole. Il y eut une science protestante et une science catholique, au grand détriment de la vraie instruction. Aussi, duel que soit le degré de gloire auquel soit parvenue l'Université protestante, son enseignement conserva toujours, il faut bien l'avouer, un certain caractère d'étroitesse religieuse. L'Université protestante était une corporation qui, au premier abord, paraît avoir joui d'une indépendance complète. Elle avait ses biens propres, son assemblée générale oit l'on discutait les questions intéressant tout le corps, ses assemblées particulières oit chaque Faculté gérait ses affaires propres. Deux fois par an, après la 8aint-Marc (25 avril) et après la Saint-Luc (l8 octobre), les professeurs élisaient le chef de l'Université, le rector magnificus, successivement pris dans la Faculté de théologie de droit, de médecine et de philosophie. Tous les semestres, aux mêmes époques, les quatre Facultés nommaient leur doyen de telle sorte que chaque professeur, jeune ou vieux, pouvait aspirer à cet honneur quand son tour était venu. Le commandement se renouvelait donc sans cesse et l'on n'avait, en apparence, craindre nulle oppression. Mais l'Université appartenait à une ville dont les droits avaient été solennellement proclamés dans la capitulation de 1681 et qui forma, jusqu'en 1790, une petite république autonome au sein de la France. Or, la ville exerçait sur elle la tutelle administrative de là une première ingérence qui ne se bornait pas à la gestion financière et ait bien-être matériel, mais qui cherchait à s'étendre à l'enseignement et à la prospérité morale. La ville déléguait son autorité à une commission de trois membres protestants qui formaient le collège des scolarques. A la tête de ce collège était l'un des six stettmeisters, c'est-à-dire l'un des magistrats nobles de la ville ; il portait le nom de chancelier, gardait les sceaux de la corporation et donnait aux diverses Facultés la permission de conférer les grades académiques. Sous lui étaient deux membres plébéiens, un ammeistre et un assesseur de la Chambre des XIII ou des XV[31]. Entre les professeurs et les scolarques les conflits étaient assez fréquents. Sans doute les professeurs négligeaient parfois leurs devoirs et oubliaient que leur mission était avant tout d'enseigner et de former des élèves. Mais, d'autre part, les administrateurs n'out-ils pas un peu l'habitude de juger un enseignement par ses résultats les plus immédiats, et de mesurer le travail du professeur il l'aune, par le nombre d'heures de service On verra plus loin que Schœpflin eut vivement à se plaindre des scolarques.

Un autre personnage devait intervenir d'une façon plus malencontreuse que les scolarques dans les affaires intérieures de l'Université. C'était le représentant de l'État dans la ville de Strasbourg, le préteur royal. Des lettres patentes du 21 mai 1685 lui avaient assuré le droit de protection sur l'Université, « Le préteur, y est-il dit, doit veiller et s'employer au rétablissement et maintien des droits de l'Université, et des privilèges et immunités d'icelle, pourvoir pour cette fin à l'administration des biens et revenus qui lui appartiennent… Voulons en outre qu'il prenne soin de tout ce qui regarde la doctrine et la jurisprudeuce, médecine, arts, sciences et belles-lettres, même de la bibliothèque publique, des imprimeurs et libraires et, au surplus, qu'il se conforme à nos intentions au sujet de ladite Université[32]. » En vertu de ces lettres, le délégué du roi, catholique, imposait sans cesse ses ordres aux maîtres de l'Université ; nul d'entre eux ne pouvait quitter Strasbourg sans avoir obtenu sa permission ; de là des dissensions perpétuelles. Quand la querelle était devenue trop violente, il ne restait plus aux professeurs que d'avoir recours à la chancellerie de Paris. Empressons-nous d'ajouter que le chancelier de France, affranchi des passions locales, donnait d'ordinaire raison aux professeurs, et rappelait d'une façon assez dure le préteur au respect qu'on doit aux lettres. « Apprenez, écrivit d'Aguesseau à François-Joseph de Klinglin, apprenez à traiter avec un peu plus d'indulgence des hommes libres et qui, se consacrant au service public par l'étude des lettres, méritent de recevoir des marques de considération de la part des magistrats[33]. »












































NOTES

  1. Schœpl1in a eu de sou vivant, les biographes. À une époque où il n'avait pas encore publié l' Alsatia illustrata, J. Brucker fit graver par J. Haid son portrait dans le Bildersaal heutiges Tages Lebender berühmter Schrifisteller, Augsbourg, in-fol., et composa une notice bibliographique qui nous mène jusqu'en 1744. Plus tard, un de nos élèves, F. D. Ring, conseiller du marquis de Bade-Dourlach, lut, à l’ouverture de la Société la Lille de Carlsruhe, un éloge de l'illustre professeur de Strasbourg et le publia sous le titre Vita Joannis Daniehs Schœpflini, Franciæ historiographi, Carlsruhæ, Stern, 1767 in-12, 82 pages. En 1769, il mit cette biographie légèrement retouchée en tète des Œuvres oratoires de Schœpl1in, dont il donna une édition à Augsbourg (chez H. Stage, 2 Vol- in-40). C'est surtout à cette source que puisa Théophile-Christophe Harles : De vitis philologorum nostra œtate clarissimorum, dont le troisième volume renferme quelques pages consacrées à Schœpflin (Brème, 1768, in-12). À la mort do Schœpflin, le recteur Jean Beyckert, professeur do théologie, adressa, suivant l'usage, aux membres de l'liuiversité, un programme où il retraçait la vie de son ancien collègue (Argontorati, 1771, in-fol.); Jean-Michel Lobstein prononça en français son éloge funèbre (Francfort, 1775, 23 p. in-12) Leboau lut eu son honneur un discours à l'Académie des inscriptions et belles-lettres (Histoire, t. XXXVIII, p, 257), reproduit en tête de la traduction de l' Alsace illustrée par Ravenez; Lamey célébra sa gloire à l'Académie Tbéodoro-palatino de Mannheim (Acta Academiœ Theodoro-Palatinœ, t. IV, p. 2). La biographie faite par Ring servit de base à tous les travaux suivants, dont voici la liste : G. W. Zapf, Das Bild erhabener Fürsten aus dem Verdienste um die Gelchrsamkeit, besonders aus dem verdientvollen Leben Herrn Bath und Prof. J. D. Schœpflins erwiesen, Schwabach; in-4°, s.d. Chr. Saxius, Onomasticon literarium, sive nomenclator historico-criticua prœstantissimorum scriptorum, t. VI, p. 183. Trajecti ad Rhenum, 1788. Hirsching et Ernesti, Historisch-litterarisches Handbuch berühmter und denkwürdiger Personen, welche im XVIII. Jahrhundert gelebt haben (t. XI). J- G. S. (J. G. Schweighæeser),Notice sur la vie de M. Schœpflin, in-8°, s.1, s.d. (Elle avait d'abord paru en article dans le Moniteur, messidor an XII). Friese, Kurze Schilderung des Lebens Schœpflin' und Hermann's. Strassb., s.d., in-12. (La notice sur Schœpflin est reproduite dans Ed. Dolfus : Biographieen berühmter Elsässer, Mülhausen, 1873, in-8°, 2, p.87). Spach (L.), Éloge de Schœpflin, lu, le 1er mai 1850, à la Société des sciences, agriculture et arts du Bas-Rhin. (Reproduit dans ses Œuvres choisies, t.I, p.143). Scheube, Deutscher Geist und deutsche Art im Elsass, Berlin, 1872, in-8°, p.267. Ein Strassburger Professor. Elsass-Lothringische Zeintung, 31 mars et 2 avril 1882. Feuilleton : Johann Daniel Schœpflin. Ein Beitrag zur Strassburger Gelehrtengeschichte.La plupart de ces biographies sont assez courtes et ne sont pas exemptes d'erreurs. Nous citerons, comme beaucoup plus importantes, des publications de lettres inédites de Schœpflin : la première laite par M. Crueger (Strassburgische Studienien, t. Il, p.440), Briefe von Schœpflin an Bodmer und Breitinger; la seconde par C.Schmidt (Bulletin du musée historique de Mulhouse, t. VIII, année 1883, p.1), Documents inédits pour servir à la biographie de J.D. Schœpflin. Nous avons consulté, en outre, pour notre étude, aux archives du séminaire de Saint-Thomas les divers registres de l'ancienne Université, au cabinet des manuscrits de Paris la correspondance des bénédictins, où nous avons trouvé diverses lettre de Schœpflin. Nous nous servirons beaucoup des programmes imprimés de l'ancienne Université (programme de cours, programme funéraires, programmes invitant aux leçons d'ouverture ou à quelque autre cérémonie scolaire).
  2. Dichtung und Wahrheit, XIe livre.
  3. Épitaphe de D. Schœpflin : Teguntur hic ossa D. Schœpflini Roetelensis. Opera oratoria (éd. Ring), II, 236. - Lamey, Acta Academiœ Theodoro-Palatinœ, IV, 2.
  4. Dans une supplique adressée au Magistrat de Colmar, il est dit que « par contract passé en la chancellerie de cette ville le 7 novembre 1722, … NN … auraient acheptés, chacun pour la moitié, la maison de feus J. Daniel Schœpflin et Anne Marguerite Bardolle, sa femme, size rue de Schædelgass » Communication M. Walz.
  5. Iselin était associé-correspondant de l’Académie des inscriptions. Voir son éloge dans l' Histoire de l'Académie, t.XII, p. 345.
  6. F.Irenæus della Croce, Historia della cita di Trieste, Venezia, 1698; in-fol. Cette inscription se trouve encore aujourd'hui au musée de Trieste; elle a été découverte à Aquilée. Elle est publiée dans le Corpus inscript. lat., t.V, n° 852 : IMP. CAESARI DIVI F. AVGVSTO PONTIF. MAXIM. TRIB. POTEST XXVII COS XIII P P SACRUM. La dissertation d'Iselin et de Schœpflin parut sous ce titre : Dissertatio, qua Antiquus Lapis Tergestinus declaratur. Basilæ, 1711, in-4°, 62 p. Une partie a été reproduite dans les Commentationes historicæ et criticæ, Bâle, 1741, in-4°, p. 485.
  7. Kirchenbuch de Riquewihr, année 1723. Frau Anna Margaretha Schœpflin, geborne Bardoulin, des wohledlen fest - und grossachtbaren Herrn Johann Daniel Schœpflin ehr - und tugendbegagabte Ehefrau, stard den 21. December 1723 an einem Schlag - und Steckfluss. Cf la note de M. Ensfelder dans l' Alsatia de Stœber, 1873-1874, p.238.
  8. Jean-Frédéric Schœpflin fut immatriculé à l'Université de Strasbourg comme étudiant en philosophie le 23 1719. Cf. Barack, Badische Studenten auf der Strassburger Universität von 1616 bis 1791. (Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins, t. XXXVIII, 1884, p. 157.) - Plus tard, il épousa Susanne-Dorothée Decker, qui appartenait à la grande famille des imprimeurs de Colmar. Son beau-père, qui avait le titre de typographe du roi, l'engagea probablement à fonder la papeterie de Luttenbach où Voltaire se réfugia en 1753. M. Mossmann nous a communiqué une pièce, déposée en l'étude de M. Bencker, aux termes de laquelle Voltaire prêta, le 27 décembre 1753, à Jean-Frédéric Schœpflin et à son épouse la somme de douze mille livres, laquelle devait être restituée sans intérêt le 1er octobre 1755. « Et au cas que ladite somme de douze mille livres ne fût pas acquittée au jour de son échéance, s'engagent et se soumettent l'un pour l'autre le dit Sr J.F Schœpflin et Dame S. D. Decker à payer, selon l'usage, les intérêts à raison de cinq pour cent de ladite somme à compter du jour du présent contract. » Schœpflin avait un second frère dont nous ignorons la destinée. Quant à ses quatre sœurs, l'une, Sophie-Élisabeth, resta célibataire et habita toujours avec lui. Une seconde épousa Jean-Charles Eccard, pasteur à Munster, en eut un fils qui fut un des meilleurs élèves de son oncle, et qui prononça en 1740, sous sa direction, le discours solennel, pour célébrer le 300e anniversaire de la découverte de l'imprimerie. Une troisième se maria avec Andreas Brauer, vicaire à Munster, puis successivement pasteur à Sundhoffen, à Hunawihr où il composa quelques traités de viticulture, couronnés par l'Académie de Mannheim, enfin superintendant de Riquewihr. Le sort de la quatrième sœur nous est inconnu. Cf Julius Rathgeber, Münster im Gregorienthal, Strassburg, 1874, in-8°, p. 101. Acta Academiœ Theodoro-Palatinæ, t. II.
  9. Opera oratoria (éd. Ring), II, 236.
  10. Registres de la Faculté de théologie. Archives de Saint-Thomas.
  11. Cf Ritus depositionis, Argent, 1666, avec 20 gravures représentant les diverses épreuves de cette espèce d'initiation. Strobel, Histoire du Gymnase protestant, Strasbourg, 1838, in-8°, p. 133. Voir aussi le titre XXXI des statuts de l'ancienne Université de Strasbourg. Ces statuts dont il reste douze exemplaires aux archives de Saint-Thomas et un treizième dans la collection Heitz, aujourd'hui à la bibliothèque universitaire de Strasbourg, sont restés longtemps manuscrits. M. Rodolphe Reuss en donna enfin une analyse en 1873, dans la Revue d'Alsace (nouvelle série, t. II, p. 432-484). M. Julius Rathgeber en publia le texte en 1876 dans la Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins (t. XXVIII, p. 195-286).
  12. Ces faits résultent des programmes funéraires de l'Université de Strasbourg. Rang, plus tard professeur de logique et de métaphysique, se rendit aux leçons publiques, comme on disait alors, dès l'âge de onze ans.
  13. Jean-Henri Barth était né à Lampertheim, le 2 septembre 1680; il fait ses études au Gymnase et à l'Université de Strasbourg. Il devint professeur de théologie le 21 février 1710, fut nommé docteur de l'année suivante. Il fut trois fois doyen de sa Faculté et une recteur. Il mourut le 21 septembre 1719.
  14. Joseph-Henri Bœcler ne doit pas être confondu avec Jean Bœcler qui, au même moment, était professeur à la Faculté de médecine. Sur les Bœcler, médecins, voir Wieger, Geschichte der Medizin und ihrer Lehraustalten in Strassburg, 1885, in-4°, p. 62 et sq.
  15. Scherz, Jean-Georges, né le 31 mars 1678 à Strasbourg, professeur de morale, passa plus tard à la Faculté de droit et mourut le 1er 1754.
  16. Kuhn était né à Sarrebrück, le 15 juillet 1655. Il fit ses études à l'Université de Strasbourg et visita diverses Universités d'Allemagne. Il fut nommé d'abord professeur de sixième au Gymnase ; puis y enseigna l'art poétique dans les hautes classes. Le 28 octobre 1695, il fut élu à l'Université comme professeur de morale, et, six ans après, à la mort de Christophore Artopæos, il obtint la chaire d'histoire et d'éloquence.
  17. Les discours académiques de Kuhn ont été réunis dans le volume suivant : Johannis Caspari Khunni Orationes panegyricœ quibus accedunt aliœ varii argumenti cum aliquot programmatibus, Argentorati, Dulssecker, 1712 ; in-4°. Le volume est dédié à Jean-Paul Bignon, président de l'Académie des inscriptions.
  18. Schœpflin dit, par exemple, sur la mort de Germanicus : Tum enim profecto solis instar maximus apparuit Germanicus, cum occideret. Le discours fut publié à Strasbourg en 1717, sous ce titre : Oratio, qua sistitur Germanicus, rarum Principi ad spem imperii nati exemplar, Argent, in-4°, 22 p. Il a été réimprimé par Ring dans les Opera oratoria de Schœpflin, II, 3.
  19. Oratio conscerandre memoriæ Joh. Henr. barthii, Doctoris Theologi Argentinensis, in-4°, 20 p. Cf Opera oratoria, II, 35.
  20. Nebrissensis, Delli Navariensis libri II, 1545, in-folio.
  21. Mariana, Histoire de rebus Hispaniæ libri XX, Toleti, 1592, in-fol.
  22. Ces thèses ont été publiées de nouveau par Ring, Opera oratoria, II, 292.
  23. J. Ulric Geisler, de Brickensohl dans la Marche, resta jusqu'en 1733 professeur au Gymnase, où il jouissait d'une grande réputation. J. J Witter devint, en 1726, professeur professeur de logique et de métaphysique à l'Université ; c'était un sujet fort dinstingué qui arriva par lui-même. Léonard Frœreisen fut nommé plus tard professeur à la Faculté de théologie. Un autre concurrent se mit sur les rangs après cette séance du 22 octobre : c'était Joseph-Michel Lorenz qui depuis enseigna de même à la Faculté de théologie.
  24. Nous donnons ici le compte rendu de cette séance, copié dans les Acta Facultalis philosophicæ, aux archives de Saint-Thomas. On verra quel singulier style était alors usité à l'Université strasbourgeoise. Proponirte Pro-Decanus dass magnificus Dn. Rector ihm comntission gegeben im Nahmen hochgb. Hr. Scholarcharum mit seiner Facultœt von Wieder setzung der vacirenden professionis eloquentiæ et historiarum des seel. verstorbenen senioris Dn. Prof. Joh. Caspari Khunii vorläuffig zu reden, damit Ampliss. facultos philosophica im bald bevorstehenden conventu solemni ihr votum deliberativum, wie bräuchlich, zu erœffnen bereit sein mœge. Pro-Decanus setzte bei,dass bei ihm dato sich angemeldet haben um die vacirende Professionem J.U. Geisler, præceptor primæ classis superioris Gymnasii, J.J. Witter und L. Froœreisen und dass er äusserlich vernommen dass H. Joh.
  25. Acta Facultatis philosophiæ. Séance du 25 octobre.
  26. Oratio consecrandæ memoriæ Jo. Casp. Khunii, histor. et eloq. professoris ; in-4°, 22 p. Cf Opera oratoria, II, 48.
  27. Biblioth. nationale, manuscrits français, 17, 702, fol. 186.
  28. Éloge funébre de Jean-Daniel Schœpflin, Francfort, 1775
  29. Acta Universitatis, manuscrits aux archives de Saint-Thomas, Séance du 22 novembre 1720.
  30. Ordonnances d'Alsace, I, 326. L'histoire de l'Université de Strasbourg reste encore à écrire. Jusqu'à présent on a surtout composé des tableaux d'ensemble, sans entrer dans le détail. Cf. August Schricker, Zur Geschichte der Universität Strassburg, Strassburg, 1872. - Seinguorlet, Strasbourg pendant la Révolution, 1881, p. 276.
  31. Statuta Academiæ Argentinensis, tit I
  32. Ordonnances d'Alsace, t.I, p. 149.
  33. Extrait d'une lettre inédite de d'Aguesseau à Klinglin aux archives de Saint-Thomas. Linck, professeur de droit, avait demandé au prêteur la permission de se rendre à Paris, pour lire à M.Amelot un mémoire sur les affaires étrangères. Le préteur avait refusé. Ce fut au sujet de ce refus que d'Aguesseau écrivit la lettre citée, le juin 1739.