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Annales de l'Est (1887) Collignon

De Wicri Lorraine
Bandeau Annales de l'Est.jpg


Une lettre inédite de Beaurepaire


 
 


Informations sur l'article
Auteur : Albert Collignon
Période historique : Contemporaine
Discipline : Histoire militaire
Type : Correspondance de guerre
Informations de publication
Année : 1887
Numéro : 1
Nous empruntons à la collection d'autographes de la Bibliothèque de Nancy une courte lettre de Beaurepaire que nous avons tout lieu de croire inédite. M. A. Chuquet, l'auteur du savant ouvrage sur la Première Invasion prussienne (Cerf, 1886) ne l'a trouvée citée nulle part.

On possède une lettre datée du même jour, qui faisait partie de la collection Dubois et a été vendue en mars 1866. Elle a été reproduite dans la notice de M. Th. Lhuillier sur Nicolas Beaurepaire, rééditée à l'époque où fut érigée à Coulommiers la statue du défenseur de Verdun. (Meaux, Le Blondel, 1884.)

La lettre que nous donnons a été écrite dans le courant de la journée du 24 août 1792, et, comme l'indique le contenu, pendant une reconnaissance poussée jusqu'à Consenvoye et à Vilosnes. A l'heure où Beaurepaire l'adresse au général de Ligniville, la prise de Longwy n'était pas officiellement connue et il ne circulait à ce sujet que de vagues rumeurs. C'est en rentrant dans la soirée à Verdun que le commandant de la place recevra la confirmation de cette nouvelle, à laquelle il ne voulait pas ajouter foi. Il écrit alors à M. de Ligniville, à onze heures et demie du soir, la lettre publiée par M. Lhuillier. Il y complète ses renseignements sur les postes avancés de Consenvoye et de Vilosnes, sur la marche de l'ennemi, sur les mesures à prendre, et affirme de nouveau qu'on peut compter sur sa fermeté et sur son courage.

Nous respectons l'orthographe de Beaurepaire qui trahit la précipitation avec laquelle il a écrit ce billet :

A Monsieur,
Monsieur de Ligniville, maréchal de camp, commandant sur les frontières de la Meuse. Pressé.
A Consenvoye, le 24 aoust 1792.
L'an 4 de la liberté.
MON GÉNÉRAL
J'ai reçû l'ordre que vous m'avez fait l'honneur de m'adresser hier à 9 heures du soir. Le Rgt de Castella est party sans contre ordre. J'ay rencontré le Bataillon de la Charente inférieure à Consenvoye. Après avoir pris connaissance avec les gens du pays et l'avis du commandant, j'ay fait laisser une compagnie à Dun, une à Villoisne[1] et deux à Consenvoye à cause de l'importance du passage. Il se joindra dans chaque poste environ de 60 à 80 garde national citoyenne qui feront le service et seront payé comme les volontaires. L'on fait courir le bruit que Longwi s'étoient rendû hier à 9 heures. Je n'ajoute pas foy à cette nouvelle. Si vous croyé absolument nécessaire de placer deux compies à Dun, d'après votre réponse j'en enverray une de plus. La crainte règne dans les campagnes et gangne jusqua, Verdun. C'est pourquoy il est bien instant d'avoir une force imposante dans la ville pour contenir les faibles et les malveillant. Au reste mon général si nous sommes attacqué vous pouvez être sure que je ne rendray pas la place sans coup ferir quoy que nos moyens soient médiocres. Notre courage y suppléera.
Le commandant militaire de Verdun,
BEAUREPAIRE.

En haut de la lettre se lisent ces quelques mots de M. de Ligniville :

Il fauderoit savoir qui a pu retirer un Bon de Verdun, tandis qu'il fallait y en envoyer.
LIGNIVILLE.

Cet autographe faisait partie de la collection de M. Dumont, juge à Saint-Mihiel, qui a été acquise par la Bibliothèque de Nancy en 1879.

Notes et références

  1. Vilosnes.