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À la recherche des publics populaires 2012 Nancy

De Wicri Lorraine
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Le second volet du colloque international et interdisciplinaire À la recherche des publics populaires, organisé par le Centre de recherche sur les médiations, se déroule à Nancy le 22 et 23 novembre 2012.

Après l'édition 2011, la thématique retenue pour 2012 est : "Être peuple (Being people)"

Présentation du colloque

L'objectif de ce colloque est de croiser les regards scientifiques sur les publics populaires, tour à tour célébrés (pendant le "printemps arabe", par exemple), redoutés (à propos de la montée des populismes dans l'Europe contemporaine, entre autres), ou niés (la consommation et le vote étant selon certains de moins en moins tributaires de l'appartenance sociale). Qu’il s’agisse d’électeurs ou d’usagers de dispositifs médiatiques, artistiques, institutionnels ou techniques, les publics populaires sont au cœur des débats sur les évolutions contemporaines de nos sociétés. En témoignent entre autres les préoccupations engendrées par l’essor dans toute l’Europe, au tournant des XXe et XXIe siècles, de formes nouvelles de populisme, souvent associées à des revendications régionales ou à un paradigme nationalitaire, en réaction à la mondialisation économique et culturelle. De même, des genres médiatiques en vogue, comme la télé-réalité ou le people en presse écrite ou à la télévision, d’une part, et les réseaux sociaux sur Internet, d’autre part, contribuent à ériger la popularité en valeur souveraine. Ils mettent en scène un succès mesuré au nombre de SMS envoyés, d’« amis » enregistrés ou de visionnements effectués, par-delà toute distinction de genre, sexualité, classe sociale, revenus ou origine. Ainsi promettent-ils une visibilité potentielle à tout type de citoyens, conditionnée par la seule vox populi. Au point que certains analystes suggèrent que les formations partisanes traditionnelles s’inspirent du style populaire de tels dispositifs participatifs et encouragent les mêmes formes d’ « intelligence affective » pour promouvoir l’engagement politique et redynamiser l’espace public (Van Zoonen, 2004, 2005 ; Corner, Pels, 2003). Reste que, savants ou profanes, les regards sur les publics populaires oscillent entre la célébration – pour autant que le populaire soit un gage d’authenticité ou de démocratie – et la dépréciation – les publics populaires étant, dans une perspective critique, confondus avec des masses aliénées tantôt craintes, tantôt plaintes. Depuis près de deux siècles, la définition du public fait l’objet de multiples débats en histoire, philosophie ou sociologie. De plus, depuis les trois dernières décennies surtout et grâce, notamment, aux Cultural Studies, des efforts ont été déployés dans divers champs scientifiques pour mieux prendre en compte les publics en général, en tentant de « faire entendre [leur] voix », au lieu de se contenter de parler d’eux ou en leur nom (Dayan, 1992). Aussi le temps est-il non seulement venu de dresser un bilan interdisciplinaire des connaissances accumulées sur les publics en général mais de questionner plus précisément la notion de « public populaire ». Cette dernière mérite une analyse spécifique car elle combine deux termes radicalement équivoques :

  • le « public », politique, culturel et/ou médiatique, qui ne peut être saisi en antécédence ou en extériorité aux performances qui le visent (Pasquier, Cefaï, 2003) ;
  • le « populaire », tour à tour référé au « grand » public, dans une logique de marché, essentiellement, assigné aux couches les moins favorisées (économiquement, socialement, ou en termes de capital scolaire) dans le cadre d’une sociologie de la domination (Bourdieu, 1979), ou suivant une inspiration gramscienne, défini sur un mode contrastif par des jeux d’alliances contre-hégémoniques, constamment renégociés (Hall, 1977 ; Fiske, 1987, 2000).

En adéquation avec le programme d’étude des publics initié par le Centre de recherche sur les médiations (CREM), l’objectif de ce colloque en deux parties est donc de dénaturaliser la notion de « public populaire » en la mettant à l’épreuve des différentes approches disciplinaires qui l’ont prise en charge : sociologie des médias, science politique, histoire, analyse du discours, théories de l’argumentation, analyse des usages des TIC, esthétique, ethnographie, sciences de l’information et de la communication, sociologie et histoire de l’art ou de la littérature. Mais il s’agit en outre de l’interroger à nouveaux frais, eu égard aux évolutions économiques, sociales et technologiques récentes, à l’heure où l’éclatement des modèles culturels et la fragmentation des modèles de consommation semblent annoncer la fin des « masses » et dès lors que les usages de l’Internet brouillent la division entre producteurs et consommateurs de contenus, promeuvent des « communautés virtuelles » dont la nature même peut être interrogée (Allard, 2008) et suggèrent un élargissement de la participation « profane » aux propositions politiques, artistiques ou informationnelles.

Le second volet du colloque envisage les publics populaires en eux-mêmes, dans leur composition ou du point de vue de leurs membres :

  • suivant une perspective diachronique, quelles transformations des publics populaires peut-on observer ? En d’autres termes, quels ont été et quels sont aujourd’hui les publics populaires ? À quoi se reconnaît un public populaire ? N’est-il tangible qu’à des moments historiques précis, lors d’épisodes insurrectionnels par exemple, à l’instar, dernièrement, de la révolution tunisienne de janvier 2011 ? Ou des publics populaires peuvent-ils concrètement se constituer et perdurer à partir de sollicitations médiatiques (dans le cas des fans d’un feuilleton, par exemple), culturelles (dans une logique de démocratisation de l’art) ou politiques (de la part de leaders ou de formations ou se voulant proches du peuple) ?
  • à travers leurs interprétations et leurs attitudes, quelles réponses les usagers apportent-ils aux stratégies de mobilisation d’un ou des public(s) populaire(s) ? Autrement dit, que font exactement les publics populaires ?
  • quelles sont les types d’auto-reconnaissance des publics populaires ? Et quels sont les enjeux économiques, politiques ou sociaux de cette reconnaissance d’un public populaire par lui-même ?

Ainsi pourra-t-on s’intéresser, entre autres, à la façon dont, à partir d’un centre d’intérêt commun, des internautes peuvent développer des formes de sociabilité spécifiques par le biais de forums, groupes de discussion, sites collaboratifs (de « fanfictions » par exemple) ou invitations au partage d’expériences de tous ordres par le biais des réseaux sociaux. Il conviendrait du coup de se pencher sur les tentatives déployées par des acteurs économiques ou politiques pour se greffer, avec plus ou moins de bonheur, sur ces nouvelles formes de sociabilité.

  • la constitution de publics populaires est-elle ou non remise en cause par l’augmentation supposée des individualismes de tout crin, d’un côté, et par l’affirmation de « communautés virtuelles » de l’autre ?
  • quels rôles les publics populaires remplissent-ils dans l’espace médiatique et social ? Les restitutions d’études empiriques originales seront les bienvenues, sachant que les propositions comparatives interdisciplinaires seront plus logiquement en adéquation avec la transversalité scientifique de cette manifestation. De plus, compte tenu des questions épistémologiques soulevées par le thème retenu, le comité scientifique de ce colloque sera particulièrement sensible à toute approche épistémologique pouvant contribuer à une réflexion commune sur les méthodes, outils et modèles théoriques les plus adaptés pour penser, aujourd’hui, les publics populaires.

Programme

Jeudi 22 novembre

  • 8h30 : Ouverture du colloque, par Jamil Dakhlia - Université Paris 3
  • 9h00 - 12h00 : Être peuple – Les publics populaires au regard de l'histoire, sous la présidence de Didier Francfort - Université de Lorraine
    • 9h00 - 10h00 : Le lecteur « populaire » au miroir déformant du regard « savant » : 50 ans de recherches littéraires sur les fictions de grande consommation, entre constantes et mutations, par Piero Ignazi - Université de Bologne (Italie)
    • 10h00 - 10h30 : Typologie des réactions des publics populaires républicains lors des grands meetings politiques 1871 – 1882, par Aude Dontenwille-Gerbaud - Université Paris-Est Créteil
    • 10h30 - 11h00 : Le lecteur « populaire » au miroir déformant du regard « savant » : 50 ans de recherches littéraires sur les fictions de grande consommation, entre constantes et mutations, par Jacques Migozzi - Université de Limoges
    • 11h15 - 11h45 : Des succès « incompréhensibles » - les entreprises de qualification des « succès » de théâtre auprès des classes populaires, dans les années 60-70, par Marie-Amélie Lauzanne - Centre européen de sociologie et de science politique - Paris
    • 11h45 - 12h15 : Hollywood et ses publics, par Emmanuel Plasseraud - Université Lille 3
  • 13h45 - 17h00 : Être peuple – Peuples politiques, sous la présidence de Marieke Stein - Université de Lorraine
    • 13h45 - 14h15 : Le peuple des élections : l’annonce faite au public et ses figures, par Stéphanie Kunert, Frédéric Lambert et Beatriz Sanchez - Université Paris II
    • 14h15 - 14h45 : La peopolisation des profanes ? La mise en scène du peuple souverain dans les émissions politiques de TF1 (2007 et 2012), par Sheila Perry - Université de Nottingham (Royaume-Uni)
    • 14h45 - 15h15 : Les « siens » et les « autruis » : la représentation de l’opposition dans le discours de la télévision étatique russe, par Ilya Kiriya et Anna Novikova - Université nationale de la recherche – Haut Collège d'Économie (Russie)
    • 15h15 - 15h45 : La construction médiatique du « peuple français » dans l'épreuve d'un conflit avec l'État : le cas de la mobilisation du Réseau éducation sans frontières contre les expulsions de familles sans-papiers en 2006, par Lise Jacquez - Université Lyon 2
    • 16h00 - 17h30 : Le tea party et le wall street occupy : deux formes d'activisme dans la société américaine, par Mathias Babic - Université de Bruxelles (Belgique)
    • 16h30 - 17h00 : Les revendications médiatisées Kanak et l'autoreprésentation, par Léonie Marin - Université Paris VII

Vendredi 23 novembre

  • 9h00 - 12h15 : Être peuple – Peuples culturels, sous la présidence de Cécile Bando - Université de Lorraine
    • 9h00 - 10h00 : « May the force be with you » : proposition de typologie des activités de fans, par Mélanie Bourdaa - Université Bordeaux 3
    • 10h00 - 10h30 : La fabrique d’un public populaire dans le festival d’Avignon contemporain : le cas du « groupe miroir » de 2007 à 2011, par Caroline Saugier - Université de Caen
    • 10h30 - 11h00 : Le cirque : un art populaire ? De la popularité quantifiée à l’authenticité revendiquée, par Magali Sizorn et Pascal Roland - Université de Rouen
    • 11h30 - 12h00 : Chasse au trésor, découvertes culturelles et pratiques sociales, immersion dans la microsociété du géocaching, par Adeline Clerc - Université de Lorraine
    • 12h00 - 12h30 : Un regard sur les amateurs de musique rock. Entre « public émotionnel » et « producteur de culture », par Laure Ferrand - Université Paris 5
    • 12h30 - 13h00 : Le public des lecteurs-fans de Marc Levy et Guillaume Musso comme un nouveau type de public populaire, par Adam Knapik - Université de Silésie à Katowice (Pologne)
  • 14h40 - 17h15 : Être peuple - Peuples numériques, sous la présidence de Luc Massou - Université de Lorraine
    • 14h30 - 15h00 : Internet, un miroir pour le lectorat populaire, par Magali Bigey - Université de Franche-Comté
    • 15h00 - 15h30 : Publics populaires en ligne et cinéma : les enjeux portés par les avis - cinématographiques - d’internautes, par Stéphanie Marty - Université Paul Valéry Montpellier
    • 15h30 - 16h00 : Grey’s Anatomy : une série populaire à l’ère du web 2.0, par Barbara Laborde - Université Paris 3
    • 16h15 - 16h45 : Les supporters de football sur internet : réseaux de communication et nouvelles formes d'action, par Bérangère Ginhoux - Université Saint-Etienne
    • 16h45 - 17h15 : La réception transmédiatique de la fiction télévisuelle à l’Espagne, par Charo Lacalle - Université de Barcelone (Espagne)
  • 17h15 : Clôture du colloque

Comité scientifique

  • Cécile Bando - Centre de recherche sur les médiations, Université de Lorraine
  • Eduardo Cintra Torres - CECC, Université catholique portugaise de Lisbonne (Portugal)
  • Jamil Dakhlia - Université Paris 3
  • Peter Dalghren - Université de Lund (Suède)
  • Annik Dubied - Université de Genève (Suisse)
  • Béatrice Fleury - Centre de recherche sur les médiations, Université de Lorraine
  • Vincent Goulet - Centre de recherche sur les médiations, Université de Lorraine
  • Ernesto Laclau - University of Essex (Royaume-Uni)
  • Delphine Le Nozach - Centre de recherche sur les médiations, Université de Lorraine
  • Cécile Méadel - École des Mines/CSI
  • José Luis Rojas Torrijos - Université de Séville (Espagne)
  • Céline Ségur - Centre de recherche sur les médiations, Université de Lorraine
  • Sylvie Thieblemont-Dollet - Centre de recherche sur les médiations, Université de Lorraine
  • Bénédicte Toullec - Université Rennes 1
  • Isabelle Veyrat-Masson - LCP/CNRS
  • Jacques Walter - Centre de recherche sur les médiations, Université de Lorraine

Comité d'organisation

  • Nathalie Conq - Centre de recherche sur les médiations, Université de Lorraine
  • Jamil Dakhlia - Université Paris 3
  • Delphine Le Nozach - Centre de recherche sur les médiations, Université de Lorraine
  • Nallely Salgado-Ruiz - Centre de recherche sur les médiations, Université de Lorraine
  • Céline Ségur - Centre de recherche sur les médiations, Université de Lorraine
  • Bénédicte Toullec - Université Rennes 1

Modalités pratiques

  • Lieu : Salle G04 - Campus Lettres et Sciences Humaines et Sociales - 3 place Godefroy de Bouillon - 54000 Nancy

Voir aussi

  • Le colloque sur le site de l'Université de Lorraine.
  • L'appel à communications relayé dans FRAMONDE, lettre électronique des départements de français dans le monde du 1e juin 2012.