Société des sciences de Nancy/1883/11-17 : Différence entre versions

De Wicri Nancy
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(IL Météorologie.)
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(IL Météorologie.)
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Elles  méritent  le nom de hache  plutôt  que celui  de grattoir  ou de couteau,  sont  taillées  à  grands  éclats  et présentent  souvent un talon. Un  échantillon  d'arme  du  type  couteau  trouvé  dans  les mêmes  gise-ments,  également  de grès  voisin  de la  quartzite,  semble  à M. Bleicher appartenir  au type  plus  perfectionné  du mousiier.    11 présente  enfin un fragment  assez  grand  d'andouilier  de cerf,  travaillé des deux côtés  vers  la  pointe  par un instrument  tranchant  grossier,  qui a été trouvé  à en-viron lm,50  dans  des  alluvions  essentiellement  composées  de cailloux jurassiques,  dans  le  voisinage  de  Barisey-la-Côte.  M. Bleicher,  qui  a  visité  avec  M.  Olry  ces  divers  gisements,  appelle  l'attention  de  la So-ciété sur ces  faits  qui démontrent  l'existence  de stations  préhistoriques  très  anciennes  en dehors  des cavernes.  
 
Elles  méritent  le nom de hache  plutôt  que celui  de grattoir  ou de couteau,  sont  taillées  à  grands  éclats  et présentent  souvent un talon. Un  échantillon  d'arme  du  type  couteau  trouvé  dans  les mêmes  gise-ments,  également  de grès  voisin  de la  quartzite,  semble  à M. Bleicher appartenir  au type  plus  perfectionné  du mousiier.    11 présente  enfin un fragment  assez  grand  d'andouilier  de cerf,  travaillé des deux côtés  vers  la  pointe  par un instrument  tranchant  grossier,  qui a été trouvé  à en-viron lm,50  dans  des  alluvions  essentiellement  composées  de cailloux jurassiques,  dans  le  voisinage  de  Barisey-la-Côte.  M. Bleicher,  qui  a  visité  avec  M.  Olry  ces  divers  gisements,  appelle  l'attention  de  la So-ciété sur ces  faits  qui démontrent  l'existence  de stations  préhistoriques  très  anciennes  en dehors  des cavernes.  
 
===IL  Météorologie. ===
 
===IL  Météorologie. ===
[[A pour intervenant::Charles Millot (météorologue)|{{Petites capitales|M. Millot}}]]  lit  un  mémoire  relatif  à ses  Observa-tions  sur  les  orages  clans  le  département    de    Meurthe-et-Moselle.    Les  orages  sont  amenés  dans nos contrées par  la branche  équatoriale  du  vaste  circuit  aérien  qui  tourne  de  gauche  à  droite  autour  d'une  zone  de calmes et de hautes  pressions.  Us  sont  de  deux  sortes:  les  orages  d'hiver    et  les  orages    d'été.  Les  premiers,  indifférents  à  l'agriculture,  prennent  naissance  dans  la  partie  méridionale  des mouvements tournants  (ou  dépressions)  qui  sont  engendrés  sur  la  rive  gauche  du courant  équatorial  parle  frottement  de  l'air  en marche  contre  l'air  calme  ou moins  rapide.  Les  orages  d'été,  accompagnés  de  phénomènes  électriques  d'une  grande  intensité,  sont  situés  au contraire sur la rive  droite  du courant équatorial ; ils nous  arrivent  quand,  après  une  série  de beau  temps et de hautes  pressions, le régime  des vents  de S.-O. s'établit  sur nos  con-.  trées.  Après  quelques  jours  d'orages,  les  manifestations  électriques  cessent  et l'on traverse  une période  simplement  pluvieuse.  Les  orages  n'éclatent,  le  plus  souvent,  que  quand  il  y  a deux ou plusieurs  couches  de nuages ;  cependant  il existe  une forme  nuageuse  qui  semble,  à  elle  seule,  renfermer  la  foudre  dans  son sein  : c'est le grain    arqué:    Parmi  les arbres  qui bordent  les routes,  ceux  qui sont le  plus  fré-quemment  atteints  par la foudre  sont  ceux  qui se trouvent  à un coude ou  une  bifurcation  du  chemin  ;  et,  au* point  de vue des essences, le peuplier  est le  plus  menacé.  Aussi  peut-il  servir  de  paratonnerre, à condition  que ses racines  soient  en communication  avec un sol humide. La  grêle  tombe  généralement  sur une bande  comprise  entre  deux  bords  parallèles  et presque  droits  dont  la position  dépend  d'un  centre  de dépression  éloigné.  Elle  a une tendance à suivre  les vallées,  notam-ment  celles  dont  la direction  est comprise  entre  l'Ouest  et le Sud vers l'Est  et le Nord;  ainsi  qu'a  éviter  les  côtes  et  les  plateaux  élevés qui divisent  le météore.  Dans  les vallées  transversales, la zone grêlée  s'élarit  de  part  et  d'autre  au  point  de  faire  croire  aux  observateurs  que  l'orage  descend  ou  remonte  la vallée  qu'ils  habitent.  Dans  le  département  de  Meurthe-et-Moselle,  la  plupart  des  orages  nous  arrivent  par  le,  plateau  de  Colombey,  suivent  les  côtes  jusqu'à  Toul  et  la  vallée  de  la  Moselle  vers  Pompey  et  gagnent  ensuite  la  Seille. Le  promontoire  occidental  du  plateau  de  Haye  divise  en  deux  les  orages  venus  de  l'Ouest  par  Foug  et  la  vallée  de l'Ingressin.  Une  bran-che  va  de Toul  à  Pompey  et  à  la  Seille  par  la  route  précédente,  l'autre  remonte  la  Moselle  jusqu'à  Pont-Saint-Vincent,  gagne  la Meurthe  par  le  col  du  Mauvais-Lieu,  et  continue  son  chemin  vers  l'Est  en  passant  au  Nord  de  Lunëville.  D'autres  orages  nous  arrivent  du  Sud  par  les  vallées  du  Brénon  et  du  Madon. Plus  au  Nord,  ce  sont  les  vallées  de l'Ache, du  Rupt-de-Mad,  de l'Orne  et  de  la  Ghiers  qui  servent  de  trajectoires  aux  météores  à  grêle.  Enfin,  l'angle  S.-E.  du  département  est  visité  par  les  orages  qui  longent  le  versant  occidental  des  Vosges  du  S.-S.-O.  au  N.-N.-E. Tous ces  orages  peuvent  se  rencontrer  aux  confluents  des  vallées  et  donner  lieu  à  des  tourbillons  locaux  qui  causent  de  grands  dégâts.  On  a remarqué  que  la  grêle tombe le plus  souvent  sur  le  versant  des  coteaux,  à  mi-côte  à peu  près,  ainsi  que  dans  les  localités  où  le sous-sol,  peu  accidenté  et  imperméable,  entretient  la  couche  superficielle  dans  un  certain  état  d'humidité  ; ce dernier  cas est celui des campagnes au  Nord  de  Lunéville,  si  souvent  éprouvées.  Que  peut-on  faire  pour  se  garantir  du  fléau?  Des  auteurs  sérieux  croient  que  les  bois  de  sapins  changent  en  pluie  un  orage  de  grêle.  C'est  dans  les  Vosges  que  cette  question doit  être  étudiée.  Si l'on  ne  peut  empêcher  la grêle  de  tomber,  on  pourrait  peut-être  annoncer  les  orages  avec  plus  d'exactitude.  ïl  est  impossible au Bureau central  de Paris  de  préciser  quelle  est  la  vallée  plus  particulièrement  menacée, mais les  commissions météorologiques  départementales  pour-raient  le  faire  en procédant  dans  leur  rayon  d'action  de  la  même  façon  qu'à  Paris  :  étudier  la marche  des  orages,  multiplier  les  stations,  cen-traliser  au  chef-lieu  les  observations  télégraphiées  deux  fois  par jour, etc.  Enfin,  il  faudrait  que  les  commissions  voisines  s'avertissent  mu-tuellement  quand  il  y  a  lieu.  C'est  là  malheureusement  une. solution très  coûteuse  et  une  décentralisation  du  service  des  avertissements,  pour  laquelle  la  météorologie  n'est  pas  mûre,  cette  science  ne  comp-tant  pas  un  assez  grand  nombre  d'adeptes.  (Cette  étude  paraîtra  in  extenso    dans  le  Bulletin    de  la    Société.)    'Le    Secrétaire    annuel,    J.    WOHLGEMUTH.     
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[[A pour intervenant::Charles Millot (météorologiste)|{{Petites capitales|M. Millot}}]]  lit  un  mémoire  relatif  à ses  Observa-tions  sur  les  orages  clans  le  département    de    Meurthe-et-Moselle.    Les  orages  sont  amenés  dans nos contrées par  la branche  équatoriale  du  vaste  circuit  aérien  qui  tourne  de  gauche  à  droite  autour  d'une  zone  de calmes et de hautes  pressions.  Us  sont  de  deux  sortes:  les  orages  d'hiver    et  les  orages    d'été.  Les  premiers,  indifférents  à  l'agriculture,  prennent  naissance  dans  la  partie  méridionale  des mouvements tournants  (ou  dépressions)  qui  sont  engendrés  sur  la  rive  gauche  du courant  équatorial  parle  frottement  de  l'air  en marche  contre  l'air  calme  ou moins  rapide.  Les  orages  d'été,  accompagnés  de  phénomènes  électriques  d'une  grande  intensité,  sont  situés  au contraire sur la rive  droite  du courant équatorial ; ils nous  arrivent  quand,  après  une  série  de beau  temps et de hautes  pressions, le régime  des vents  de S.-O. s'établit  sur nos  con-.  trées.  Après  quelques  jours  d'orages,  les  manifestations  électriques  cessent  et l'on traverse  une période  simplement  pluvieuse.  Les  orages  n'éclatent,  le  plus  souvent,  que  quand  il  y  a deux ou plusieurs  couches  de nuages ;  cependant  il existe  une forme  nuageuse  qui  semble,  à  elle  seule,  renfermer  la  foudre  dans  son sein  : c'est le grain    arqué:    Parmi  les arbres  qui bordent  les routes,  ceux  qui sont le  plus  fré-quemment  atteints  par la foudre  sont  ceux  qui se trouvent  à un coude ou  une  bifurcation  du  chemin  ;  et,  au* point  de vue des essences, le peuplier  est le  plus  menacé.  Aussi  peut-il  servir  de  paratonnerre, à condition  que ses racines  soient  en communication  avec un sol humide. La  grêle  tombe  généralement  sur une bande  comprise  entre  deux  bords  parallèles  et presque  droits  dont  la position  dépend  d'un  centre  de dépression  éloigné.  Elle  a une tendance à suivre  les vallées,  notam-ment  celles  dont  la direction  est comprise  entre  l'Ouest  et le Sud vers l'Est  et le Nord;  ainsi  qu'a  éviter  les  côtes  et  les  plateaux  élevés qui divisent  le météore.  Dans  les vallées  transversales, la zone grêlée  s'élarit  de  part  et  d'autre  au  point  de  faire  croire  aux  observateurs  que  l'orage  descend  ou  remonte  la vallée  qu'ils  habitent.  Dans  le  département  de  Meurthe-et-Moselle,  la  plupart  des  orages  nous  arrivent  par  le,  plateau  de  Colombey,  suivent  les  côtes  jusqu'à  Toul  et  la  vallée  de  la  Moselle  vers  Pompey  et  gagnent  ensuite  la  Seille. Le  promontoire  occidental  du  plateau  de  Haye  divise  en  deux  les  orages  venus  de  l'Ouest  par  Foug  et  la  vallée  de l'Ingressin.  Une  bran-che  va  de Toul  à  Pompey  et  à  la  Seille  par  la  route  précédente,  l'autre  remonte  la  Moselle  jusqu'à  Pont-Saint-Vincent,  gagne  la Meurthe  par  le  col  du  Mauvais-Lieu,  et  continue  son  chemin  vers  l'Est  en  passant  au  Nord  de  Lunëville.  D'autres  orages  nous  arrivent  du  Sud  par  les  vallées  du  Brénon  et  du  Madon. Plus  au  Nord,  ce  sont  les  vallées  de l'Ache, du  Rupt-de-Mad,  de l'Orne  et  de  la  Ghiers  qui  servent  de  trajectoires  aux  météores  à  grêle.  Enfin,  l'angle  S.-E.  du  département  est  visité  par  les  orages  qui  longent  le  versant  occidental  des  Vosges  du  S.-S.-O.  au  N.-N.-E. Tous ces  orages  peuvent  se  rencontrer  aux  confluents  des  vallées  et  donner  lieu  à  des  tourbillons  locaux  qui  causent  de  grands  dégâts.  On  a remarqué  que  la  grêle tombe le plus  souvent  sur  le  versant  des  coteaux,  à  mi-côte  à peu  près,  ainsi  que  dans  les  localités  où  le sous-sol,  peu  accidenté  et  imperméable,  entretient  la  couche  superficielle  dans  un  certain  état  d'humidité  ; ce dernier  cas est celui des campagnes au  Nord  de  Lunéville,  si  souvent  éprouvées.  Que  peut-on  faire  pour  se  garantir  du  fléau?  Des  auteurs  sérieux  croient  que  les  bois  de  sapins  changent  en  pluie  un  orage  de  grêle.  C'est  dans  les  Vosges  que  cette  question doit  être  étudiée.  Si l'on  ne  peut  empêcher  la grêle  de  tomber,  on  pourrait  peut-être  annoncer  les  orages  avec  plus  d'exactitude.  ïl  est  impossible au Bureau central  de Paris  de  préciser  quelle  est  la  vallée  plus  particulièrement  menacée, mais les  commissions météorologiques  départementales  pour-raient  le  faire  en procédant  dans  leur  rayon  d'action  de  la  même  façon  qu'à  Paris  :  étudier  la marche  des  orages,  multiplier  les  stations,  cen-traliser  au  chef-lieu  les  observations  télégraphiées  deux  fois  par jour, etc.  Enfin,  il  faudrait  que  les  commissions  voisines  s'avertissent  mu-tuellement  quand  il  y  a  lieu.  C'est  là  malheureusement  une. solution très  coûteuse  et  une  décentralisation  du  service  des  avertissements,  pour  laquelle  la  météorologie  n'est  pas  mûre,  cette  science  ne  comp-tant  pas  un  assez  grand  nombre  d'adeptes.  (Cette  étude  paraîtra  in  extenso    dans  le  Bulletin    de  la    Société.)    'Le    Secrétaire    annuel,    J.    WOHLGEMUTH.     
  
  

Version du 29 février 2020 à 16:37

Séance du 17 novembre 1883 de la Société des sciences de Nancy
Début : 17 novembre 1883
Ville : Nancy

Cet article a publié en 1883 dans le Bulletin de la Société des sciences de Nancy [NDLR 1].

Procès verbal

Présidence
Gustave-Marie Bleicher
Membres présents
MM.. Jaquiné, Humbert, Le Monnier, Floquet, Herrgott, Hasse, Vuillemin, Lernaire, Thouvenin, Barthélémy, Mulot, de Metz-Noblat, Ritter, Friant, Fliehe, Hecht, Blondlot et Wohigemuth.

M. Marty, de Toulouse, offre à la Société une brochure qu'il vient de publier, et sollicite le titre de membre correspondant.

M. Bleicher est chargé du rapport sur cette candidature.

M.Te Président annonce que M. le Dr Mangenot offre sa démission de membre titulaire, par suite de son départ.

M. Le Monnier a la parole pour une demande de modification aux statuts. Faisant remarquer que la Société atteint presque actuellement le nombre maximum de membres permis par ses statuts, M. Le Monnier estime qu'il serait bon de supprimer l'article qui limite ainsi le nombre des membres. Après une discussion à laquelle prennent part MM. Fliehe et Hecht, la Société décide que cette proposition sera mise à l'ordre du jour de la prochaine séance.


Communications

I. Géologie préhistorique

M. BLEICHER fait une communication sur la Découverte d'armes préhistoriques du type le plus ancien aux environs de Golombey (Meurthe-et-Moselle), par M. Olry, instituteur à Àllain. Ces armes sont en roches du pays, silex de l'oolithe inférieure ou du corallien, grès métamorphique passant à la quartzite provenant des allu-vions quaternaires. Elles ont été trouvées dans les couches les plus superficielles du sol, mais appartiennent au type chelléen de M. de Mortillet, anciennement achéuléen.

Elles méritent le nom de hache plutôt que celui de grattoir ou de couteau, sont taillées à grands éclats et présentent souvent un talon. Un échantillon d'arme du type couteau trouvé dans les mêmes gise-ments, également de grès voisin de la quartzite, semble à M. Bleicher appartenir au type plus perfectionné du mousiier. 11 présente enfin un fragment assez grand d'andouilier de cerf, travaillé des deux côtés vers la pointe par un instrument tranchant grossier, qui a été trouvé à en-viron lm,50 dans des alluvions essentiellement composées de cailloux jurassiques, dans le voisinage de Barisey-la-Côte. M. Bleicher, qui a visité avec M. Olry ces divers gisements, appelle l'attention de la So-ciété sur ces faits qui démontrent l'existence de stations préhistoriques très anciennes en dehors des cavernes.

IL Météorologie.

M. Millot lit un mémoire relatif à ses Observa-tions sur les orages clans le département de Meurthe-et-Moselle. Les orages sont amenés dans nos contrées par la branche équatoriale du vaste circuit aérien qui tourne de gauche à droite autour d'une zone de calmes et de hautes pressions. Us sont de deux sortes: les orages d'hiver et les orages d'été. Les premiers, indifférents à l'agriculture, prennent naissance dans la partie méridionale des mouvements tournants (ou dépressions) qui sont engendrés sur la rive gauche du courant équatorial parle frottement de l'air en marche contre l'air calme ou moins rapide. Les orages d'été, accompagnés de phénomènes électriques d'une grande intensité, sont situés au contraire sur la rive droite du courant équatorial ; ils nous arrivent quand, après une série de beau temps et de hautes pressions, le régime des vents de S.-O. s'établit sur nos con-. trées. Après quelques jours d'orages, les manifestations électriques cessent et l'on traverse une période simplement pluvieuse. Les orages n'éclatent, le plus souvent, que quand il y a deux ou plusieurs couches de nuages ; cependant il existe une forme nuageuse qui semble, à elle seule, renfermer la foudre dans son sein  : c'est le grain arqué: Parmi les arbres qui bordent les routes, ceux qui sont le plus fré-quemment atteints par la foudre sont ceux qui se trouvent à un coude ou une bifurcation du chemin  ; et, au* point de vue des essences, le peuplier est le plus menacé. Aussi peut-il servir de paratonnerre, à condition que ses racines soient en communication avec un sol humide. La grêle tombe généralement sur une bande comprise entre deux bords parallèles et presque droits dont la position dépend d'un centre de dépression éloigné. Elle a une tendance à suivre les vallées, notam-ment celles dont la direction est comprise entre l'Ouest et le Sud vers l'Est et le Nord; ainsi qu'a éviter les côtes et les plateaux élevés qui divisent le météore. Dans les vallées transversales, la zone grêlée s'élarit de part et d'autre au point de faire croire aux observateurs que l'orage descend ou remonte la vallée qu'ils habitent. Dans le département de Meurthe-et-Moselle, la plupart des orages nous arrivent par le, plateau de Colombey, suivent les côtes jusqu'à Toul et la vallée de la Moselle vers Pompey et gagnent ensuite la Seille. Le promontoire occidental du plateau de Haye divise en deux les orages venus de l'Ouest par Foug et la vallée de l'Ingressin. Une bran-che va de Toul à Pompey et à la Seille par la route précédente, l'autre remonte la Moselle jusqu'à Pont-Saint-Vincent, gagne la Meurthe par le col du Mauvais-Lieu, et continue son chemin vers l'Est en passant au Nord de Lunëville. D'autres orages nous arrivent du Sud par les vallées du Brénon et du Madon. Plus au Nord, ce sont les vallées de l'Ache, du Rupt-de-Mad, de l'Orne et de la Ghiers qui servent de trajectoires aux météores à grêle. Enfin, l'angle S.-E. du département est visité par les orages qui longent le versant occidental des Vosges du S.-S.-O. au N.-N.-E. Tous ces orages peuvent se rencontrer aux confluents des vallées et donner lieu à des tourbillons locaux qui causent de grands dégâts. On a remarqué que la grêle tombe le plus souvent sur le versant des coteaux, à mi-côte à peu près, ainsi que dans les localités où le sous-sol, peu accidenté et imperméable, entretient la couche superficielle dans un certain état d'humidité  ; ce dernier cas est celui des campagnes au Nord de Lunéville, si souvent éprouvées. Que peut-on faire pour se garantir du fléau? Des auteurs sérieux croient que les bois de sapins changent en pluie un orage de grêle. C'est dans les Vosges que cette question doit être étudiée. Si l'on ne peut empêcher la grêle de tomber, on pourrait peut-être annoncer les orages avec plus d'exactitude. ïl est impossible au Bureau central de Paris de préciser quelle est la vallée plus particulièrement menacée, mais les commissions météorologiques départementales pour-raient le faire en procédant dans leur rayon d'action de la même façon qu'à Paris  : étudier la marche des orages, multiplier les stations, cen-traliser au chef-lieu les observations télégraphiées deux fois par jour, etc. Enfin, il faudrait que les commissions voisines s'avertissent mu-tuellement quand il y a lieu. C'est là malheureusement une. solution très coûteuse et une décentralisation du service des avertissements, pour laquelle la météorologie n'est pas mûre, cette science ne comp-tant pas un assez grand nombre d'adeptes. (Cette étude paraîtra in extenso dans le Bulletin de la Société.) 'Le Secrétaire annuel, J. WOHLGEMUTH.



Voir aussi

Notes
  1. Cette société, installée à Nancy en 1870, a pris la suite de la Société des sciences naturelles de Strasbourg. Elle est devenue l'Académie lorraine des sciences.
Source
http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/32172/ALS_1883_6_16.pdf (page XXXI).