Bull. Soc. sci. Nancy (1883) Millot : Différence entre versions

De Wicri Nancy
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(Formations des orages)
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(Formations des orages)
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[[A pour auteur de citation::Ludwig Friedrich Kaemtz|Kaemtz]]<ref group="NDLR">Kaemtz (Ludwig Friedrich), méteorologiste né à Treptow le 11 janvier 1801, mort à Saint-Pétersbourg le 20 décembre 1867.</ref> a  dépeint  avec  beaucoup  de  vérité  les  signes  précurseurs  de  ce  météore  :  
 
[[A pour auteur de citation::Ludwig Friedrich Kaemtz|Kaemtz]]<ref group="NDLR">Kaemtz (Ludwig Friedrich), méteorologiste né à Treptow le 11 janvier 1801, mort à Saint-Pétersbourg le 20 décembre 1867.</ref> a  dépeint  avec  beaucoup  de  vérité  les  signes  précurseurs  de  ce  météore  :  
  
::«Souvent  l'orage  se  forme  plusieurs heures  avant  d'éclater.  Le  matin,  le  ciel  est  complètement  pur  ;  vers  midi,  on remarque  des  cirrus  isolés  qui  donnent  au  ciel  un  aspect  blanchâtre  ;  le  soleil  est pâle  et  blafard,  il  y  a  des  parhélies  ou  des  couronnes  autour  du  soleil. Plus tard,  les  cumulus    apparaissent,  et  en  s'étendant  ils  se  confondent  avec  la  couche  supérieure.  Peu  de temps avant  que  l'orage  éclate,  on  voit  une  troisième  couche,  que  l'on  remarque  surtout  dans  les pays de montagnes:  toutefois, je  l'ai aussi  aperçue  dans  les  plaines  de  l'Allemagne,  quoique  moins  bien  que sur  les  Alpes.»
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::«Souvent  l'orage  se  forme  plusieurs heures  avant  d'éclater.  Le  matin,  le  ciel  est  complètement  pur  ;  vers  midi,  on remarque  des  ''cirrus''   isolés  qui  donnent  au  ciel  un  aspect  blanchâtre  ;  le  soleil  est pâle  et  blafard,  il  y  a  des  parhélies  ou  des  couronnes  autour  du  soleil. Plus tard,  les  cumulus    apparaissent,  et  en  s'étendant  ils  se  confondent  avec  la  couche  supérieure.  Peu  de temps avant  que  l'orage  éclate,  on  voit  une  troisième  couche,  que  l'on  remarque  surtout  dans  les pays de montagnes:  toutefois, je  l'ai aussi  aperçue  dans  les  plaines  de  l'Allemagne,  quoique  moins  bien  que sur  les  Alpes.»
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::« La  formation  des  orages  est  précédée  d'une  baisse  lente  et  continue  du baromètre,  comme  cela  doit  être  quand  des  cirrus  occupent  le  ciel.  Le  calme  de  l'air  et  une  chaleur  étouffante,  qui  tient  au  manque  d'évaporation  de  la  surface  de  notre  corps,  sont  des  circonstances  tout  à  fait  caractéristiques.  Cette  chaleur  n'af-fecte  pas  proportionnellement  le  thermomètre  ;  elle  est  propre  aux  couches  inférieures  de  l'air,  car  elle  décroît  rapidement  avec  la hauteur.  » 
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C'est  au  décroissement  rapide  de  la  température  dans  la  verticale  que  M. Renou  attribue  la  plus  grande  visibilité  des  montagnes  éloignées  quand  un  orage menace  :  « Par  cet  état  de  l'atmosphère,  l'échange  d'air  qui  a toujours  lieu  plus ou  moins  entre  les  différentes  couches  superposées,  éclaircit  l'air  du  côté  où  il  est  le  plus  chaud  et  le  trouble  profondément  du  côté  où  il  est  le  plus  froid  ;  de  là  des nuées  très  épaisses  et  nettement  circonscrites,  à  de  grandes  hauteurs,  et,  dans  les  couches  inférieures,  une  transparence  plus grande  que  d'habitude.  Cet  état  atmosphérique  est  précisément  celui  qui  a  lieu  pendant  les  orages  *. ».
  
 
===''Notes de l'article''===   
 
===''Notes de l'article''===   

Version du 29 février 2020 à 10:09

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Étude sur les orages dans le département de Meurthe-et-Moselle


 
 

Titre
Étude sur les orages dans le département de Meurthe-et-Moselle
Auteur
Charles Millot
In
Bulletin de la Société des sciences de Nancy.
Dates
  • création : 1883
  • mise en lecture 25 février 2020
En ligne
http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/32172/ALS_1883_6_16.pdf

Le texte

Les sous-titres sont de la rédaction de Wicri/Nancy[NDLR 1].

La Commission météorologique départementale, qui fonctionne depuis 1878, n'a cessé, au milieu de ses différentes occupations, de porter une attention toute particulière à l'étude des orages.

Motivation régionales : l'été 1883

Dans le but d'arriver un jour à armer les agriculteurs contre les pertes, heureusement toutes locales, mais trop souvent désastreuses, que leur font subir ces météores, elle a rassemblé le plus grand nombre de données qu'elle a, pu se procurer en faisant appel aux instituteurs du département. Elle a trouvé dans ces observateurs instruits un concours empressé et éclairé; c'est ainsi que, pour le seul mois de juillet 1883, la Commission a reçu, de différents points du département, 357 bulletins d'orages. Aussi, grâce aux hommes dévoués qui représentent la science dans nos campagnes, espérons-nous un jour pouvoir dissiper les ténèbres dont cette question des orages est encore enveloppée.

Notre intention n'était pas de prendre, si tôt la parole, mais d'attendre l'appoint de connaissances que nous auraient encore fourni plusieurs années d'observations. Le désastre éprouvé par plusieurs communes des cantons de Lunéville-Nord et de Saint-Nicolas, et en particulier par la malheureuse ville de Rosières, nous a décidé à ne pas différer plus longtemps la publication de ce que nous savons au sujet des orages, sauf à rectifier et à compléter plus tard ce que nos conclusions auraient de trop hâtif et d'incomplet.

Influence de l'Atlantique Nord

On sait que, dans nos latitudes, existe, au-dessus de l'Atlantique nord et de l'Europe occidentale, la branche septentrionale d'un vaste circuit aérien, véritable gulf-stream atmosphérique, comme l'a appelé M. de Tastes, se mouvant de gauche à droite autour d'une zone de calmes et de hautes pressions. Ce fleuve aérien; qui traverse la France de l'O.-S.-O. à l'E.-N.-E., est par-semé de mouvements tournants qui sont une conséquence mécanique du frottement de l'air en marche contre l'air calme ou moins rapide situé sur sa rive gauche. Ce sont ces mouvements tournants qui nous amènent les tempêtes en hiver et les orages en été; ils sont animés d'un mouvement de rotation en sens in-verse des aiguilles d'une montre, c'est-à-dire de droite à gauche, et la force centrifuge engendre une dépression à leur centre. C'est dans leur demi-cercle méridional que souffle la tempête, parce que le mouvement de rotation dirigé dans le même sens que le mouvement de translation s'ajoute à celui-ci ; dans le demi-cercle septentrional, au contraire, ces deux mouvements, dirigés en sens inverse, se contre-balancent en partie et l'on y jouit souvent du calme, malgré la baisse barométrique.

Aussi la tempête étant rarement circulaire, préférons-nous donner à ces mouvements tournants le nom de dépression, de préférence à celui de cyclone, qu'on leur applique souvent, et qui doit, selon nous, être réservé aux ouragans ou tempêtes tournantes complètes des régions tropicales.

Les dépressions sont rarement isolées, elles se suivent généralement à la file en formant une sorte cle chapelet, ce qui constitue une série de mauvais temps. Le vaste courant aérien qui les en-traîne se déplace lui-même avec la zone des hautes pressions qu'il entoure, et les fluctuations de cette masse centrale et de son circuit déterminent les variations de notre climat[1].

En hiver, à cause de la différence de température entre nos latitudes et les latitudes plus méridionales, le gulf-stream aérien a une grande force et les dépressions y sont considérables. S'il passe sur nos contrées, les tempêtes du S.-O. nous donnent un hiver doux et pluvieux. Si, au contraire, notre pays est dans la zone des calmes et des hautes pressions, où règne ce que l'on a improprement appelé un anticyclone, on a un hiver froid et sec, comme celui de 1879-1880, par exemple.

En. été, à cause du peu de différence de température entre nos régions elles latitudes plus méridionales, le circuit aérien a une force moindre, les dépressions y sont peu considérables (à peine de quelques millimètres) ; par conséquent, pas de grandes tempêtes comme en hiver, mais en revanche la chaleur et les actions chimiques et physiologiques qui en sont la conséquence engendrent l'électricité et donnent naissance aux orages.

Si le fleuve aérien passe sur nos contrées, on a un été orageux, pluvieux et de température variable comme celui de 1883 ; si, au contraire, notre pays se trouve dans la zone des calmes et des hautes pressions, on a un été chaud, sans orages, mais aussi très sec.

« Dans nos contrées occidentales, dit M. de Tasles, président de la Commission météorologique d'Indre-et-Loiré,. on constate des orages en toute saison. Mais les rares orages de la saison d'hiver, qui n'ont jamais lieu que par des bourrasques océaniques de l'Ouest ou du Sud-Ouest, présentent des caractères bien différents de ceux de la belle saison. Du sein de grosses nuées chassées par un vent violent, retentissent un ou deux coups de tonnerre  : ce sont les dernières manifestations électriques'd'un orage formé fort au large de nos côtes et qui ne sont signalées souvent que par un petit'nombre de communes. Des orages semblables sont aussi observés dans'la belle saison, sur le bord méridional des mouvements tournants dont le centre suit ordinairement une trajectoire passant sur les Iles Britanniques, dans la direction S.-O.-N.-E. Mais les véritables orages d'été, ceux qui offrent le spectacle le plus imposant et sont accompagnés de phénomènes électriques d'une grande intensité, ont une allure bien différente. Lorsque la zone des hautes pressions, des calmes et des temps secs et chauds a recouvert nos contrées pendant quelques jours, et que le régime des vents marins du Sud ou du S.-O.' s'établit chez nous, ces cou-rants arrivent par les régions supérieures, où leur présence nous est signalée par l'apparition de cirrus nombreux, animés d'un mouvement apparent, très lent du S.-O.au N.-E. et formant de bizarres et charmants dessins • (on. pourrait les désigner sous le nom de cirrus-dentelles). Un orage se forme bientôt surplace et le même fait se produit sur plusieurs points différents; quand l'orage se forme et éclate, il lui arrive souvent de planer sans dé-placement sensible pendant quelque temps, puis il se dirige len-tement dans la direction du courant qui en a provoqué la forma-tion, c'est-à-dire du Nord au N.-E.; il parcourt ainsi un espace plus ou moins étendu jusqu'à ce qu'il ait épuisé son action. Ces différents groupes orageux, formés à des altitudes différentes et suivant des trajectoires qui ne sont pas toujours parallèles, se rencontrent, se superposent et ces points de recoupement sont fréquemment le théâtre des phénomènes les plus violents, grêle, tourbillons de vent, coups foudroyants, etc. Ce régime orageux se prolonge rarement au delà de trois ou quatre jours, et, quand les courants du S.-O. sont franchement établis, les manifestations électriques cessent et on passe par une.période simplement plu-vieuse; si la direction générale du transport de l'air persiste de l'Ouest à l'Est pendant une longue période, les orages deviennent rares et insignifiants  : ils affectent alors le caractère des orages d'hiver[2].  »

Formations des orages

Ajoutons que les orages d'été sont fréquemment soumis à une influence horaire, c'est-à-dire que, dans une période orageuse, ils éclatent à la même heure pendant plusieurs jours consécutifs.

Kaemtz[NDLR 2] a dépeint avec beaucoup de vérité les signes précurseurs de ce météore  :

«Souvent l'orage se forme plusieurs heures avant d'éclater. Le matin, le ciel est complètement pur  ; vers midi, on remarque des cirrus isolés qui donnent au ciel un aspect blanchâtre  ; le soleil est pâle et blafard, il y a des parhélies ou des couronnes autour du soleil. Plus tard, les cumulus apparaissent, et en s'étendant ils se confondent avec la couche supérieure. Peu de temps avant que l'orage éclate, on voit une troisième couche, que l'on remarque surtout dans les pays de montagnes: toutefois, je l'ai aussi aperçue dans les plaines de l'Allemagne, quoique moins bien que sur les Alpes.»
« La formation des orages est précédée d'une baisse lente et continue du baromètre, comme cela doit être quand des cirrus occupent le ciel. Le calme de l'air et une chaleur étouffante, qui tient au manque d'évaporation de la surface de notre corps, sont des circonstances tout à fait caractéristiques. Cette chaleur n'af-fecte pas proportionnellement le thermomètre  ; elle est propre aux couches inférieures de l'air, car elle décroît rapidement avec la hauteur.  »

C'est au décroissement rapide de la température dans la verticale que M. Renou attribue la plus grande visibilité des montagnes éloignées quand un orage menace  : « Par cet état de l'atmosphère, l'échange d'air qui a toujours lieu plus ou moins entre les différentes couches superposées, éclaircit l'air du côté où il est le plus chaud et le trouble profondément du côté où il est le plus froid  ; de là des nuées très épaisses et nettement circonscrites, à de grandes hauteurs, et, dans les couches inférieures, une transparence plus grande que d'habitude. Cet état atmosphérique est précisément celui qui a lieu pendant les orages *. ».

Notes de l'article

  1. De Tastes
  2. Rapport sur les orages de l'année 1879 dans le département d'Indre-et-Loire.

Voir aussi

Notes de la rédaction
  1. Ils peuvent donc être modifiés en vue d'améliorer la lisibilité de l'article.
  2. Kaemtz (Ludwig Friedrich), méteorologiste né à Treptow le 11 janvier 1801, mort à Saint-Pétersbourg le 20 décembre 1867.