Bull. philol. hist. (1901) 146
Sommaire
Le texte
SEANCE DE CLOTURE.
Le samedi 13 avril a eu lieu, à Nancy, dans la salle Poirel,
sous la présidence de M. Decrais, Ministre des colonies, l'assemblée
générale qui clôt chaque année le Congrès des Sociétés savantes
de Paris et des départements.
Les participants
Le Ministre est arrivé à deux heures, accompagné de MM. Joucla-Pelous, préfet de Meurthe-et-Moselle; Liard, membre de l'Institut, directeur de l'enseignement supérieur, conseiller d'Etat; Rabier, directeur de l'enseignement secondaire; Gasquet, recteur de l'Académie de Nancy; Corbier, chef adjoint du cabinet au Ministère des colonies; de Saint-Arroman, chef du bureau des travaux historiques et des sociétés savantes. Il a été reçu par M. le docteur Friot, premier adjoint, représentant le maire de Nancy. M. Decrais a pris place sur l'estrade, ayant à sa droite : MM. Mascart, membre de l'Institut; le général Langlois, commandant du 20e corps d'armée; le général de Cornulier-Lucinière, commandant la 11e division; le docteur Friot; Bouquet de La Grye, membre de l'Institut; ; à sa gauche : MM. le directeur de l'enseignement supérieur, le recteur de l'Académie de Nancy, le directeur de l'enseignement secondaire; MM. Levasseur, Héron de Villefosse, le docteur Hamy, Haller, Babelon, Philippe Berger, membres de l'Institut.
MM. J. de Laborde, Cordier, Davanne, Vidal de la Blache, Baguenault de Puchesse, Prou, Lefèvre-Pontalis, Bruel, le doc- leur F. Ledé, de Saint- Arroman, membres du Comité des tra- vaux historiques et scientifiques; Georges Harmaud, Salefranque, secrétaires adjoints de la section des sciences économiques et so- ciales; Bleicher, directeur de l'Ecole supérieure de pharmacie: Bichal, Gross, Krantz, Lederlin, doyens des facultés de l'Université de Nancy; Binet, Bernheim, Charpentier, Cuénot, Floquet, God- frin, Held, membres du conseil de l'Université de Nancy; Chaudey, inspecteur d'académie; Gallet, Daum, Hornestein, proviseur du lycée de Nancy ; Rovel, secrétaire de l'Académie de Nancy, G. de Bar, Bonnardot, Barrois, Léon Coutil, Konarsky, Aubain, lieutenant
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abrège le temps, fournit à l'industrie les merveilles inépuisables de sa fécondité; elle multiplie les relations internationales dans une proportion incalculable et devient ainsi un instrument puissant de civilisation, de progrès et de paix.
« Sur le terrain purement métaphysique, l'électricité a tranformé les sciences voisines au point de les absorber, élargi nos connais- sances, élevé les idées et, si je n'ai pas été trop inférieur à ma tâche, j'espère que vous emporterez la conviction qu'elle est vérita- blement la science maîtresse.
«J.-B. Dumas traduisait cette pensée, sous une forme poétique, dans la dernière séance du congrès des électriciens :
«La mythologie grecque, personnifiant avec bonheur les forces « de la Nature, avait rangé les vents, les flots et le feu sous les ordres «de divinités secondaires. Elle avait fait du dieu de la poésie et des «arts le représentant, céleste de la lumière; par une admirable «prescience, elle avait réservé la foudre à Jupiter.»
Discours de Christian Pfister
M. le Ministre donne ensuite la parole à M. Pfister, qui s'exprime en ces termes :
«MONSIEUR LE MINISTRE,
«En convoquant dans notre cité la réunion des Sociétés savantes, M. le Ministre de l'instruction publique nous a fait un grand hon- neur; il nous a aussi procuré un vif plaisir, celui de recevoir les érudits, les littérateurs, les artistes de toutes les régions de la France, de nous instruire à leur école, de resserrer avec eux les liens de cordiale confraternité. Ces assises de la science qui viennent de se tenir marquent, pour Naucy, une date et ajoutent un glorieux cha- pitre à son histoire littéraire.
«MESDAMES, «MESSIEURS,
«Je désirerais esquisser en ce moment, devant vous, cette histoire littéraire et vous raconter — oh! bien brièvement — les origines et les développements de nos sociétés savantes locales.
«La plus ancienne est l'Académie de Stanislas. Comme son nom l'indique, elle doit sa naissance au roi de Pologne, qu'un caprice de la fortune fit duc de Lorraine. Stanislas avait le goût des arts et des lettres. Entouré d'architectes et de sculpteurs de haute valeur,
cuments et des travaux originaux sur l'archéologie et sur l'histoire du pays.
«La société jeta aussitôt les yeux, pour son musée, sur le palais ducal ou du moins sur ce qui restait de ce palais après tant de destructions. Mais en quel triste état il se trouvait! Le plus véné- rable monument de Nancy était alors une écurie, et la galerie des Cerfs, où autrefois s'étaient tenus les états généraux de Lorraine, était un grenier à foin. Les archéologues conquirent ce palais pièce à pièce, y mettant toute la ténacité qu'on veut bien reconnaître à nos compatriotes; et, après quatorze années de luttes; ils purent enfin, le 18 mai 1862, inaugurer, en ces salles restaurées, le Musée lorrain.
«Mais, dans la nuit du 17 juillet 1871, à cette époque néfaste où l'ennemi restait campé en notre ville, l'incendie détruisit en quelques heures le fruit de tant d'efforts. Le palais n'était plus qu'une ruine et, seule, restait intacte au milieu des décombres, la Porterie, cette magnifique page de Mansuy Gauvain. Au lendemain même du dé- sastre, la société, sans aucun découragement, reprenait sa tâche. Grâce à la subvention du Gouvernement français, grâce à celle de S. M. l'empereur d'Autriche, descendant direct de nos anciens ducs, sous la direction d'un architecte de talent, le palais se releva, plus brillant que jamais; les collections perdues furent reconsti- tuées, et le musée lorrain, aujourd'hui à l'étroit sous ses vastes galeries, recevra bientôt une nouvelle extension.
«La Société d'archéologie n'a pas mis un moindre zèle à remplir sa seconde mission. Elle a fait paraître jusqu'à ce jour cent dix-sept volumes de Mémoires, de Journal ou de Documents. Elle a signalé tous les débris et monuments laissés sur le sol par les plus anciens habitants de la région : silex, haches de pierre, armes en bronze et en fer, camps, retranchements à demi calcinés sur les promon- toires qui commandent les cours de la Moselle et de la Meurthe. Elle a étudié les vestiges de la civilisation romaine dans les grands centres de Scarpone, de Soulosse, de Naix ou de Grand. Elle a recueilli les oeuvres de nos chroniqueurs du moyen âge et des temps modernes, raconté l'histoire des anciennes communes ou seigneuries, des abbayes ou des villages du duché. Entre tant d'ar- ticles, il ne m'est pas permis de faire un choix; mais j'ai le devoir de rappeler ici le souvenir de l'homme qui a été, pendant trente- six ans, le président de la société. Ce fut un travailleur infatigable
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que Henri Lepage, et, du dépôt d'archives dont il avait la garde, il a tiré une foule de documents avec lesquels il a renouvelé l'histoire de Nancy et de la Lorraine; et ce fut un savant très modeste pour qui l'étude et la découverte de la vérité étaient une fin en elles-mêmes.
«Cependant Nancy arrache aux pouvoirs publics, morceau par morceau, son Université. En 1854 les Facultés des sciences et des lettres, en 1864 la Faculté de droit s'ajoute à son école de méde- cine. En 1871, après les malheurs de la guerre, la Faculté de mé- decine de Strasbourg est transportée en bloc dans notre ville et absorbe l'ancienne école; peu de temps après, est créée l'École de pharmacie. Ainsi se sont formés en notre ville de nouveaux foyers de libre recherche scientifique. Les membres des sociétés locales ont fait aux professeurs l'accueil le plus empressé et le plus cour- tois; les uns et les autres se sont communiqué les résultats de leurs travaux et, de cet échange, tous ont tiré profit. Mais cette collabo- ration est devenue encore plus intime le jour où sont nées les Uni- versités régionales. Nos Facultés, jusqu'alors isolées, ont formé ce jour un corps unique, ayant sa vie propre : l'Université; et celle Université a jeté ses racines dans la région même où elle est placée : elle est l'Université de Nancy. Bien avant le vote de la loi du 10 juillet 1896, les maîtres de Nancy se sont préparés à mériter ce titre; et, depuis, ils se sont appliqués à le justifier.
«Encouragés par la bienveillance publique, ils consacrent une partie de leur enseignement à la géologie, à.la géographie, à l'an- cien droit, à l'histoire de la Lorraine; dans leurs conférences, ils invitent les étudiants à choisir parmi ces questions locales les sujets de leurs thèses. Il y a mieux : en ces instituts dont les bâtiments viennent d'être achevés, ils font porter leurs recherches sur les industries mêmes de la région lorraine; pour elles ils préparent de jeunes savants; pour elles, fis s'efforcent de trouver de nouvelles applications. De plus en plus notre Université forme corps avec la ville de Nancy et le pays de Lorraine, son ambition est de les re- présenter dans le domaine des sciences et d'en résumer l'esprit. Nos industriels, nos agriculteurs, nos sociétés n'ont-ils pas pro- clamé que cette Université était la leur, puisque en partie, avec leurs deniers généreusement octroyés, ont été construits nos instituts et notre école de brasserie? Et cette fête d'aujourd'hui, où l'Université et les sociétés savantes de Nancy reçoivent en commun les travail-