Jarville hier (Geoffroy) 1985
Jarville-la-Malgrange hier - Des origines à la seconde guerre mondiale
Lucienne et Évelyne GEOFFROY
(image à insérer)
Photographie aérienne de Jarville-la-Malgrange (Meurthe-et-Moselle) en 1917. À droite, on distingue le crassier et les hauts fourneaux de l'usine sidérurgique. (Source : Centre image de Lorraine)
La rive droite de la Meurthe est restée agricole, couverte de champs et de prés. Le crassier émerge au-dessus des terres, symbole de l'industrie triomphante.
Sur la rive gauche industrialisée et urbanisée, les trois cheminées des Aciéries du Nord-Est fument activement. Au premier plan se dessine la gare de triage.
Sommaire
- 1 INTRODUCTION
- 2 CHAPITRE I : LE PASSÉ HISTORIQUE
- 3 CHAPITRE II
- 4 CHAPITRE III
- 4.1 LE BOIS DE JARVILLE
- 4.2 L'ÉDIFICATION D'UNE PREMIÈRE PROPRIÉTÉ
- 4.3 LE SÉMINAIRE
- 4.4 UN ERMITAGE LORRAIN — COUVENT D'AUGUSTINS À MONTAIGU
- 4.5 UNE DEMEURE DU XVIIIème SIÈCLE
- 4.6 MONTAIGU ET LA FAMILLE PREVOST
- 4.7 LA PAROISSE
- 4.7.1 HEILLECOURT
- 4.7.2 APRÈS LA RÉVOLUTION
- 4.7.3 LA CHAPELLE
- 4.7.4 L'ÉGLISE DE HÉRÉ
- 4.7.5 JARVILLE-LA-MALGRANGE A UN LIEU DE CULTE SUR SON TERRITOIRE
- 4.7.6 L'ÉGLISE ANNEXE DE JARVILLE-LA-MALGRANGE DEVIENT ÉGLISE PAROISSIALE
- 4.7.7 LES LIMITES DE LA PAROISSE
- 4.7.8 L'ÉGLISE DU SACRÉ-CŒUR DE JARVILLE-LA-MALGRANGE
- 4.7.9 L'ŒUVRE DE CONSTRUCTION SE POURSUIT
- 4.7.10 LE CURÉ FONDATEUR
- 5 Notes et références
- 6 Notes et références
INTRODUCTION
Comment qualifier JARVILLE-LA-MALGRANGE
Si l'on dresse un tableau général, on peut décrire Jarville comme une commune d'agglomération intégrée dans le district de Nancy avec une relative petite superficie - 242 hectares - et très peu de terrains encore constructibles, où vit une population de près de 12.051 habitants (1982) qui occupent principalement des emplois du secteur tertiaire.
Cette banlieue, prolongeant le faubourg Saint-Pierre au sud de Nancy, est également enserrée par le quadrilatère des communes voisines de Tomblaine, Laneuveuville, Heillecourt et Vandœuvre.
Si l'on regarde son "cœur urbain", on découvre un centre sans place publique qui s'est développé tout en longueur de part et d'autre de la Route Nationale 4 "Paris - Nancy - Strasbourg". Cette voie de communication interurbaine envahie par la circulation aligne des façades et pignon en prise directe sur la rue avec des ateliers, des espaces imbriqués sur l'arrière, témoins d'une activité industrielle et artisanale. Parallèlement, se déroulent comme deux rubans, chacun dans leur couloir réservé, le chemin de fer avec sa gare pour quelques voyageurs, ses trains express à peine entrevus et le canal avec son port d'eau, ses chemins de halage et ses quais un peu désertés.
À l'ouest et à l'est de ce centre, se dressent quelques emplacements béants sur lesquels vont se greffer bientôt de nouveaux aménagements urbains dont une importante voie de liaison.
JARVILLE se transforme et modifie peu à peu son visage, mais quel était exactement son aspect original ?
Lorsque l'on n'est pas natif de JARVILLE, mais que l'on s'intéresse à la commune où l'on vit, que des liens familiaux vous y rattachent, on a envie de remonter dans le temps et d'approfondir les évocations que font naître la simple lecture des noms des rues, la vue de domaine préservés ou bien, au contraire, d'une ferme en ruine.
Ce document ne prétend pas faire œuvre de recherche exhaustive sur le passé de JARVILLE, mais modestement, il veut mettre en lumière certains aspects de l'histoire de JARVILLE oubliés pour certains ou inconnus pour d'autres.
JARVILLE
(image à insérer)
De gueules à la croix de Lorraine d'argent surmontant un briquet d'or, telle est la description héraldique des Armoiries de notre ville.
Le champ de gueules rappelle le sang versé à la bataille de Nancy, livrée en grande partie le 5 janvier 1477 sur notre territoire où la Lorraine, figurée par la croix blanche à double traverse, triomphe de la riche Bourgogne symbolisée par le " briquet " de la Toison d'or en forme de B majuscule; la branche de feuilles de chênes représente les forêts se trouvant à ce moment sur la commune et la branche de lauriers marque la victoire de nos armées.
La couronne murale enjolivant l'écusson rappelle le castel de Sans-Soucy existant avant la résidence royale de Stanislas.
TOPONYMIE
La Nancéïde[1] de Pierre de Blarru "fait état du nom de JARVILLA" (1519).
En 1536, le nom de la commune est orthographié " JAREVILLE " (source : Le trésor des chartes).
De DURIVAL, dans Description de la Lorraine et du Barrois, indique que l'ancien nom de la commune serait "GEIRVILLE "[2].
Pour l'édition de 1845 du " département de la Meurthe " d'Henri Lepage, ce serait JARCIVILLA[3].
On trouve même dans le " Nouveau plan de Nancy et ses environs " de 1937 cette présentation qui semble quelque peu surprenante : " JARVILLA ville de JARCUS ", compte tenu qu'à la différence de sa consœur Laneuveuville, on n'a pas trouvé trace de vestiges romains sur le sol jarvillois !
Commune de Jarville
(image à insérer)
CHAPITRE I : LE PASSÉ HISTORIQUE
===Un passé très lointain… JARVILLE ET SON CONTEXTE GÉOLOGIQUE===
Des fluctuations de climat se sont produites sur JARVILLE-LA-MALGRANGE comme le révèlent quelques modestes vestiges du passé. Les travaux du chemin de fer en 1850 mirent à nu des dépôts charbonneux connus sous le nom de lignites. L'analyse de ces lignites pétris de débris végétaux a permis de savoir qu'à l'ère quaternaire, Jarville-la-Malgrange était couverte par une forêt comparable à celle des plus hautes Alpes ou du nord de la Russie. Cette flore de haute montagne était constituée de bouleaux, aulnes verts, épicéas, mélèzes, pins de montagnes. L'étude des échantillons d'animaux a permis de recenser des insectes appartenant à des espèces septentrionales vivant habituellement dans les localités humides. La découverte, également au 19ème siècle, d'une marmotte fossilisée à Montaigu confirme l'hypothèse d'un climat froid. (source Est Rép. 03.01.1967). Ces lointaines époques glaciaires ont d'ailleurs marqué le paysage jarvillois de manière indélébile comme en témoigne le fossé séparant la Malgrange de Montaigu. Il a été creusé par le ruisseau du " Fonteno " qui drainait des quantités d'eau bien plus importantes qu'aujourd'hui. Du passage de l'homme pour la période préhistorique, nous avons quelques fragments d'outils et de silex. Mis à jour dans le potager de l'Institut des Jeunes Sourds, ils ont fait l'objet d'une étude dont Mr A. JANOT a rendu compte dans le bulletin municipal de 1981.
LES ORIGINES DE JARVILLE et les GRANDES LIGNES DE SON HISTOIRE
" Un château, quelques forêts, champs, fermes et granges. Ainsi naquit JARVILLE-LA-MALGRANGE ".
Le territoire de Jarville n'était avant le XVIème siècle que la campagne - à prédominance forestière - environnant le bailliage de Nancy (La province se divisait en bailliages. Le bailli était chargé de fonctions judiciaires)
LA PREMIÈRE MENTION DE JARVILLE se rencontrerait dans un acte de reprise de 1314 par lequel les dames prêcheresses (Religieuses de l'ordre des frères Pêcheurs, Dominicains voués à la prédication.) de Nancy obtinrent le bois dit " DES MALADES " (source H. Lepage). Selon la brochure de MM Hatton et Girard sur RENÉMONT, la plus ancienne citation du " BOIS DE JARVILLE " serait encore antérieure à cette date remonterait au mois de décembre 1211. A cette époque l'Abbé et le couvant de Saint Léon de Toul concédèrent aux Frères qui soignaient les lépreux dans la maladerie de Nancy, contre une redevance de 12 sous toulois, un alleu (propriété) à Jarville et " la moitié de la forêt ". En 1298, succédant aux Frères, les Dames Prêcheresses furent mises en possession de tous leurs biens. C'est ainsi qu'elles obtinrent le "Bois de Jarville" désormais dénommé du 13ème au 18ème siècle " LE BOIS DES DAMES PRÊCHERESSES ".
LA PLUS ANCIENNE MENTION DE LA MALGRANGE remonterait à l'année 1360. Au Moyen Age, le domaine s'appelait Mala-Grangia. On donnait le nom de Grangia à toute exploitation rurale. Le qualificatif de Mala, mauvaise, aurait indiqué que le sol était peu productif. A cette date écrit Christian Pfister dans son Histoire de Nancy, les religieux de l'abbaye de Clairlieu, dans la forêt de Haye, achetèrent une maison rue de la Poterne à Jean de Buissoncourt demeurant à la Malgrange. Un titre de transaction du 11 juillet 1401 mentionne le nom de VALGRANGE, mais selon H. Lepage, existait déjà auparavant une maison de campagne appelée le pavillon " SANS SOUCY ". Le nom de Valgrange aurait été celui des dépendances de cette maison de plaisance. Par la suite, VALGRANGE serait devenu le nom général de ce domaine.
AU XVème SIÈCLE, JARVILLE SERVIT DE THÉÂTRE À LA MÉMORABLE BATAILLE DE NANCY
Rectification du Plan de la bataille de Nancy en 1477 publié par le Congrès scientifique de l'an 1850 par F.J. B.N.A.N.H. & a. (source : Gallica).
Au vaste territoire que constituait déjà la Bourgogne proprement dite, Philippe le Bon avait su réunir la presque totalité de l'ancien royaume de Lothaire, petit-fils de Charlemagne, c'est à dire les comtés de Namur, Hainaut, Hollande, Zélande, Frise et les duchés de Brabant, Limbourg, Luxembourg et Liège. Cela pourtant sembla insuffisant à son fils Charles le Téméraire né en 1433, pour qui, la Lorraine, située entre deux parties de son domaine, était un objet de convoitise. Il lui fallait la prendre à son suzerain légitime René II. Il réussit à prendre Nancy en 1475. Mais dès l'année suivante, les revers du Téméraire en Suisse affaiblirent son prestige. Ce fut la révolte à Nancy. Le Téméraire revint à la charge fin octobre 1476 et fit le siège de la ville pendant deux mois. Le duc René II réussit à mettre sur pied une importante armée de 20.000 hommes (Suisses, Alsaciens, Autrichiens et Lorrains) qui opérèrent leur jonction à Saint-Nicolas de Port. A l'aube du dimanche 5 janvier 1477, alors que Charles le Téméraire rangeait son armée en travers de la route de Saint-Nicolas à Nancy, entre le ruisseau de Nabécor et le ruisseau de Jarville (ruisseau de Brichambeau) et face au village de ce nom, l'armée de René II quittait Saint-Nicolas. A 11 heures, elle dépassait Laneuveville et atteignait un petit bois, bordant à gauche, avant Jarville, la grande route. Là, il y eut arrêt (source Maurice Garçot, Nancy la Ducale). C'est en souvenir de cette halte que le domaine du " BOIS DE JARVILLE " fut baptisé RENÉMONT au 19ème siècle. René II et les chefs de corps se rassemblèrent et établirent le plan d'attaque. Les éclaireurs avaient exactement déterminé le front bourguignon. Aussi, furent-ils unanimement d'avis de ne pas attaquer directement. Ils décidèrent de se porter sur le flanc droit du Téméraire que des couverts permettraient d'atteindre sans être vu. Un mince détachement reçut l'ordre de suivre la grande route et d'attaquer le centre ennemi. Un autre plus nombreux, devait longer la Meurthe et se déployer face à la gauche. L'avant garde puis "la bataille" c'est à dire le gros de l'armée, flanqué de cavalerie, quittèrent le chemin de Nancy, franchirent, non sans peine, le ruisseau en crue d'Heillecourt et s'engagèrent entre le Bois de Jarville et celui de Saurupt. Ils atteignirent la ferme de la Malgrange, située en une sorte de vaste clairière. En cet endroit, la troupe fit halte - à nouveau - Un prêtre monta sur un tertre, tenant dans ses mains l'hostie sainte (source : Ch. Pfister, Histoire de Nancy). Dans une véhémente allocution, il engagea les soldats à bien se battre. Vers 1 heure d'après-midi, l'armée de René II longea la lisière ouest du bois, franchit le ruisseau de Jarville et par un chemin creux, attaqua l'armée bourguignonne sur sa droite. Ce fut la victoire pour l'armée de René II. On retrouvera le corps de Charles le Téméraire au bord du ruisseau Saint-Jean près de l'étang.
LA SEIGNEURIE DE JARVILLE
Par la suite, l'histoire de Jarville, dans ce que nous pouvons en connaître au regard des archives, se confond surtout avec les transactions relatives à la propriété de la seigneurie de Jarville et relatée par H. Lepage, dans les communes de la Meurthe.
Par acte daté du 16 novembre 1579 (ci-dessus), le duc Charles III et le sieur de Chassel, gentilhomme ordinaire de sa maison, font un échange par lequel le duc emporte le quart de la seigneurie de Jarville, par indivis avec les sieurs de Vignory et de Château-Brehain et en contr'échange le sieur de Chassel emporte la moitié du village d'Apremont ". On y apprend que les seigneurs de Vignory et de Chateau-Brehéain n'avait qu'un mayeur et un sergent; le mayeur était chargé de rapporter, chacun an, aux plaids annaux qui se tenaient le lendemain de la Saint-Martin, les amendes et confiscations échues dans le courant de l'année. Chaque ménage devait annuellement 5 sols à tous les seigneurs. On comptait 14 ménages en 1597. En 1591, une nommée Barbe la GROSSE-GORGE de JARVILLE fut brûlée comme sorcière.
" Le 27 août 1609, Balthazard de Rennel, auditeur en la Chambre des Comptes de Lorraine, reprend au duc Henri II une maison; gagnage et dépendances sis aux ban (1) et finage de Jarville-les-Nancy, qu'il avait plu au duc de lui ériger en fief ". " Le 16 novembre 1627, Balthazard de Rennel, seigneur de Brin, donne ses reversales (2) à cause de la vente à lui, faite par le duc de Lorraine, d'un quart des villages, ban et seigneurie de Jarville, moulin, colombier, création de mayeur (3), banalité (4) des habitants de la Neuveville pour maidre (moudre ?) audit moulin, etc… '" " Le 7 avril 1668, François de Rennel tant en son nom qu'en celui de Balthazard de Rennel de l'Escut, son frère, reprend du duc Charles IV, la maison forte de Jarville et le quart moins un sixième en la justice dudit lieu ". Quelques années plus tard, en 1698, le duc Léopold ayant recouvré les possessions de ses pères, décida de construire un palais à la Malgrange pour y établir sa résidence. Estimant la propriété trop réduite, il entreprit de l'étendre sur le voisinage et engagea des transactions. " Le 9 avril 1701, Françoise CUNY, veuve de Nicolas Philebert, conseiller auditeur en la Chambre des Comptes de Lorraine, fait ses foi et hommage pour un fief à Jarville ". " Le 19 avril 1713, Cahterine Huyn, veuve de Jean Sigisbert de Rennel vend au duc Léopold le quart en la haute justice de Jarville et d'autres immeubles sis au même lieu, pour la somme de 16.000 f. Le 1er septembre de la même année, Jean-Baptiste Henri de Rennel, seigneur de Jarville, Capitaine aux Gardes de Son Altesse Royale cède aussi au Souverain ce qu'il avait en cette seigneurie ". A son tour, le Duc fait bientôt don à Marc, Marquis de Beauvau et de Craon, de la terre acquise sur Jean Sigisbert Rennel. (Quelques années plus tard, le Duc de Lorraine accordera aussi au grand connétable de Lorraine, la terre d'Haroué, d'où surgira le prestigieux château). (1) " ban " unité territoriale sur laquelle s'exerçait l'autorité du seigneur. Sur cette terre, il possédait des droits éminents sur les choses et sur les hommes qui s'exerçaient à différents niveaux. En règle générale, le seigneur était à la fois haut, moyen et bas justicier, cette distinction reposant sur la nature et la gravité des délits. (2) lettres par lesquelles on fait une concession. (3) Le mayeur percevait pour le compte du seigneur contribution et taxes. (4) A l'époque féodale, servitude consistant dans l'usage obligatoire et public d'un objet appartenant au seigneur : four, moulin, pressoir… " Par contrat passé en 1714, les recteur et gouverneur du Collège des Jésuites de Nancy abandonnent au même Duc le 24e en la haute, moyenne et basse justice de Jarville en échange d'autres héritages situés près de Nabécor et de Sainte-Marie ". " Le 30 décembre 1776, Didier Comte d'Ourches, Marquis de Tantonville, etc., premier chambellan du Comte de Provence… fait ses foi et hommage pour la seigneurie de Jarville ".
JARVILLE PENDANT LA RÉVOLUTION
CAHIER DE DOLÉANCES
Les élections des députés aux États Généraux qui réunissaient trois ordres : clergé, noblesse et tiers état commencèrent en février 1789. Suivant la coutume les électeurs de chaque ordre dans chaque paroisse rédigèrent des cahiers de doléances. Ceux-ci constituent un précieux témoignage sur les aspirations des français à la veille de la Révolution. " Les électeurs devaient être âgés d'au moins 25 ans et payer un impôt direct". Ils étaient des "citoyens actifs ". Le "tiers état de la communauté de Jarville " réunit, le 15 mars 1789, une assemblée de 40 personnes. Voici quelques griefs et remontrances qui ont été consignées : - les impositions ont été portées pour les 3 laboureurs et 60 habitants chargés de famille (la plupart dans l'indigence et la plus grande misère) à la somme exorbitante de 1563 livres, argent au cours de France, c'est à dire plus de deux tiers au dessus de la somme que la communauté payait en 1713, - ladite communauté n'a aucun bois communal, ni portion, soit en terre, soit en prés; elle a simplement tant pâquis que mauvaise terres dix huit jours dont le produit est modique et sert à payer la cire pour l'église et gages de maître d'école et blanchissage des linges d'église, etc. En outre, il es observé que le seigneur en tire 1/3, - les communautés ont contribué par argent pour les fortifications de Bitche et la construction des casernes de Nancy et de la Pépinière Royale, ce qui a fait beaucoup de dépenses au pauvre peuple. Pour faire disparaître l'esprit de nationalité régionale qui existait dans beaucoup de provinces (dont la Lorraine) l'Assemblée Constituante dès janvier 1790, divisera la France en départements districts et cantons. JARVILLE appartint désormais au département de la Meurthe. Des cérémonies se déroulèrent dans tout la France pour célébrer la fête de la Fédération (14 juillet 1790), épisode éphémère de réconciliation des parties divisées. Il s'agissait de consacrer "l'alliance de tous les français et la disparition des intérêts locaux qui les avaient divisés sous l'Ancien Régime ". Pour ce jour de liesse, les officiers municipaux et les citoyens formant la Garde Nationale de Jarville se rendirent à l'église d'Heillecourt. Avec leurs collègues respectifs de la commune d'Heillecourt, ils assistèrent à une messe commune célébrée par Sébastien DROUVILLE, curé de la paroisse. (Jarville et Heillecourt formaient deux municipalités distinctes mais une seule paroisse). Après l'office religieux, les participants prêtèrent le serment civique.
« Nous jurons de rester à jamais fidèles à la nation, à la loi et au roi, de maintenir de tout notre pouvoir la Constitution décrétée par l'Assemblée nationale et acceptée par le roi et de protéger conformément aux lois la sûreté des personnes et des propriétés, la circulation des grains et des subsistances dans l'intérieur du royaume, la prescription des contributions publiques sous quelque forme qu'elle existe, et de demeurer unis à tous les Français par les liens indissolubles de la fraternité ».
A quoi, chacun des chefs de la Garde Nationale a répondu : " Je le jure et le promets " et les gardes ensemble : " Nous le jurons et promettons ".
LA GUERRE DE 1870
Le 12 août 1870, Nancy et son agglomération furent occupées sans combat. Des régiments de cavaleries ennemies, épuisés par les fatigues, refluèrent pour se reposer. Les chevaux furent dispersés dans les villages voisins comme Jarville, Houdemont et Vandœuvre. Quelques soldats les accompagnaient pour en prendre soin. (Journal d'un habitant de Nancy). Le collège de la Malgrange fut réquisitionné; il devint ambulance militaire allemande. Après le traité de Francfort, les arrondissements restés français de Moselle et de Meurthe furent réunis dans un nouveau département " Meurthe-et-Moselle ".
L'émigration des Alsaciens-Lorrains qui optèrent pour la France fut bénéfique pour Nancy qui vit l'arrivée de familles aisées transférer une part de leur fortune et créer des entreprises.
JARVILLE jouit également de ce flux de population.
A cette époque, elle fut surnommée
" La petite Prusse"
2 août 1914 MOBILISATION GÉNÉRALE
LA BATAILLE DU GRAND COURONNÉ ET LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE
C'est le 1er août 1914 qu'a été déclaré la mobilisation générale. La Croix Rouge dut s'organiser. La Malgrange devint un hôpital dont l'administration fut confiée à MM. Vinvienne et Hottenger (Le pays lorrain n° 4, 1984) tous deux anciens élèves du Collège. Le médecin-chef était le docteur Achille Levy. Une grande animation régnait à Jarville avec les allées et venues des troupes, particulièrement avec le 60ème d'artillerie et ses 300 à 400 artilleurs cantonnant à la Malgrange. La bataille du Grand Couronné (série de hauteurs boisées en demi-cercle, allant de Pont-à-Mousson à Dombasle par Amance) fit rage à partir du 4 septembre : le canon ne cessait pas de tonner tout près de Jarville, du côté de Dombasle surtout au Rambêtant. En hâte, des voitures garnies de paille étaient réquisitionnées à Jarville. On s'attendait à voir les allemands entrer à Nancy avant quarante huit heure. Les nancéiens affolés se ruaient vers les gares de Champigneulles et de Jarville car aucun train ne partait plus de Nancy. Les blessés affluaient en transit à l'hôpital de la Malgrange avant d'être évacués sur l'arrière. L'embarquement à la gare de Jarville se faisait après de longues heures d'attente, les trains ayant souvent du retard.
APPEL À LA GÉNÉROSITÉ
Fin 1915, " une journée du poilu " était organisée dans toute la France pour collecter des fonds au profit des combattants du front. Il s'agissait d'améliorer le sort des défenseurs du pays qui nuit et jour sous la pluie et dans la boue, embusqués dans les tranchées, veillaient au maintient de l'inviolabilité du front. Le théâtre et les cinématographes de Nancy donnèrent des représentations dont les bénéfices allèrent à cette œuvre charitable. Insignes, broches, épingles de cravate furent proposés à la population. Des cartes postales avec tombola furent vendues 10 centimes.
Les bombardements commencèrent et plusieurs obus tombèrent près des bâtiments de la Malgrange dont l'un d'eux creusa un trou profond dans le parc. Le 10 septembre, l'exode se poursuivait avec, plus que jamais des bousculades à la gare de Jarville. L'ordre était donné aux hôpitaux d'évacuer les blessés, mais le 11 septembre les allemands ayant battu en retraite, Nancy et sa banlieue était sauvé!
Dans les années de guerre qui suivirent, le Gouvernement ouvrit à Jarville des usines de grenades et d'obus ainsi que des scieries pour baraquements.
Jarville a été bombardée à plusieurs reprises : bombes et taubes ("Taube" signifie pigeon en allemand - non donné aux avions monoplans allemands pendant la première guerre mondiale en raison de la ressemblance des ailes et de la queue de l’avion avec celle d’un oiseau) tombèrent les 12 septembre 1915, 3 août 1916 et 4 avril 1917. Entre le 26 février et le 26 juin 1918, les projectiles redoublèrent sur Jarville et les communes voisines de Laneuveville et Bosserville.
D'UNE GUERRE À L'AUTRE
Jarville subit à nouveau les affres de la longue guerre de 1939-1945 et le cortège habituel de réquisitions en tout genre : vivres, chevaux, matériels, véhicules. On procéda aux creusements de tranchées, à l'agencement des abris. Les caves des écoles furent dotées de trappes… Vint l'action des F.F.I. qui prirent part à la libération de la cité en 1944. Un poste d'observation allemand était installé sur un des crassiers. Grâce aux indications apportées par des jarvillois qui se portèrent devant des américains, le poste fut aussitôt anéanti. Le soir du 15 septembre, chants et danses marquèrent l'explosion de joie. Pour le dernier Noël de guerre, le 24 décembre 1944, " La Croix de l'Est " publiait un petit poème dont l'auteur était signalé sous le pseudonyme " Marie Joseph de Jarville ".
"Noël des sinistrés. Vous tous qui fléchissez sous l'amère souffrance, Qui n'avez plus de gîte et qui manquez de pain, Accourez à Jésus : c'est la sainte espérance Pour mieux vous accueillir, il tend ses bras divins ! ……… Venez chers sinistrés, offrez votre souffrance; Chantez votre Noël près du royal berceau! Vous êtes la rançon de notre belle France. " ………..
CHAPITRE II
LE DOMAINE DE LA MALGRANGE LE CHÂTEAU DE LA MALGRANGE L'INSTITUTION DE LA MALGRANGE LA MAISON DE SANTÉ DE LA HAUTE MALGRANGE LA VOCATION AGRICOLE DE LA MALGRANGE L'INSTITUT DES JEUNES SOURDS (SOURDS-MUETS)
Comme le laisse deviner le nom de notre commune JARVILLE-LA-MALGRANGE, c'est surtout avec le domaine de la Malgrange, propriété de la Maison Ducale de Lorraine, que l'on peut évoquer les plus éblouissants moments d'un passé révolu. Agréablement situé sur un coteau peu élevé d'où l'on jouissait de toutes parts d'une vue magnifique, la Malgrange offrait aux Ducs de Lorraine un séjour commode pour jouir de la vie champêtre, non loin de la capitale.
Le château de la Malgrange
S'il n'est pas possible d'assigner une date précise quant à la fondation de la Malgrange, les premières mentions connues concernant l'origine du domaine, remontent au 14ème siècle. Au milieu du 16ème siècle, la Malgrange est la propriété de Nicolas de Lorraine, comte de Vaudémont, fils du Duc Antoine. Dom Calmet, dans son histoire ecclésiastique et civile de Lorraine, note l'événement de la naissance à la Malgrange (dit le pavillon Sans Soucy) de Charles, fils de Nicolas de Lorraine le 20 avril 1561. Le 15 juin 1563, Nicolas de Lorraine et Jeanne de Savoie sa femme, vendent au Duc Charles III, le pavillon et maison neuve de la Malgrange (domaine, bâtiments, grange, bergerie, jardins, bois…) pour la somme de "cinquante mil frans monnoye de Lorraine". Le Duc se soucie de l'agrément du domaine. En 1565, des hérons sont introduits dans les bois de la Malgrange. Un fauconnier est allé les quérir à Einville. Une note des comptes du receveur du domaine, pour 1569, mentionne l'existence à a Malgrange d'une tour dite "de l'horloge". D'autres pièces d'archives nous apprennent que, dès l'époque de Charles III, il y eut un haras.
EN 1559, LA MALGRANGE QUI JUSQU'ALORS N'ÉTAIT GUÈRE QU'UN VASTE BIEN DE CAMPAGNE, UN RENDEZ-VOUS DE CHASSE, DEVINT DEMEURE PRINCIÈRE. Catherine de Bourbon, sœur du roi de France Henri IV, venait d'épouser à 40 ans, le fils ainé de Charles III, Henri, marquis de Pont à Mousson et duc de Bar, héritier présomptif du duché de Lorraine. La princesse était protestante. Henri était catholique. Comme elle ne pouvait, à cause des répugnances du peuple nancéien, pratique à Nancy le culte calviniste, ni recevoir à la cour de Charles III, les honneurs dus à son rang, on lui offrit la Malgrange qui fut embellie. Catherine s'y plut fort bien. Elle installa quelques ministres du culte protestant et fit venir à tour de rôle les "prédicants" les plus réputés. A la grande déception de la famille ducale qui lui envoya des prêtres catholiques pour l'instruire, elle ne se convertit pas. Elle reçut la visite du Roi de France en mars 1603. Victime d'une tumeur que les médecins ignares avaient pris pour une grossesse, elle mourut le 13 février 1604.
Vieille et Neuve Malgrange (dessin de J.Callot)
Une note de 1619 fait état à la Malgrange d'une ferme-ménagerie avec des "animaux rares de diverses espèces". Le domaine accueillait aussi un élevage de faisans. En 1641, Charles IV ayant recouvré la souveraineté de la Lorraine, moins la possession de sa capitale (Nancy) voulut s'acquitter d'un vœu qu'il avait fait à Notre Dame de Bonsecours. Il vint de Fléville à la Malgrange où il fut accueilli en chemin par une foule de nancéiens.
XVIIIème SIÈCLE. — L'ÉPOQUE GLORIEUSE DE L'HISTOIRE DE LA MALGRANGE En 1700, la Malgrange devint Château Royal, puisque c'est au mois d'octobre 1700 que l'Empereur Léopold 1er accorda un diplôme, le titre d'Altesse Royale au Duc Léopold. Dès les premières années de son règne, la Malgrange fut le théâtre de fêtes. Le carnaval de 1702 fut extrêmement brillant. Le duc y établit en 1703 et 1704 des conférences de la conciliation au sujet du code Léopold, cause de démêlés entre lui et l'église (renoncement, sauf cas d'exemption, à la torture. Les accusés peuvent être défendus et les plus pauvres bénéficient de l'assistance gratuite d'un avocat).
Le 17 août 1706, dans la chapelle du château de la Malgrange eut lieu, en présence du Duc et de la Duchesse de Lorraine, du prince Camille de Lorraine, du prince Alexis de nassau, le MARIAGE de Charlotte Érardine d'ANGLURE avec Georges de LAMBERTYE, Maréchal de Lorraine et du Barrois, Conseille d'État, Commandant et bailli de Nancy.
Peu d'années après, la Malgrange fut entièrement transformée. Le site plaisait à Léopold. En 1711, à côté de la Vieille Malgrange à l'aspect médiéval, un nouveau château, d'ordre composite, fut mis en chantier sous la direction de l'architecte Germain Boffrand. De beaux jardins furent dessinés par Yves de Hours (Nancy La Ducale, M. Garçot). De nombreux artistes de talents, sculpteurs, marbriers, peintres œuvrèrent à la réalisation du palais. Les travaux furent menés activement.
Boffrand présenta deux projets à Léopold qu'il devait plus tard publier
dans son livre d'architecture en 1745.
Malheureusement, l'Électeur de Bavière en visite à la Malgrange début 1715, ayant trouvé que le château était trop près de Nancy pour être une maison de campagne et trop loin pour servir de résidence habituelle, Léopold fit discontinuer les travaux (Histoire Inst. Malgrange). La Malgrange n'abrita plus alors, pour quelques années, qu'une manufacture. Dans les dépendances du château, Charles MITTÉ produisait des tapisseries pour les demeures ducales et notamment pour le château d'Haroué. Il faisait ensemencer des terrains de guède et autres herbes pour obtenir les couleurs à teindre les laines et soies de ses tapisseries.
En 1723, c'est JOSSE BACOR qui était chef de la manufacture de tapisserie de Son Altesse Royale à la Malgrange. Propère sous Léopold, l'industrie de la tapisserie ne fut plus guère en honneur sous le règne de Stanislas.
Lors du départ de la maison de Lorraine en 1737, on transporta à Bruxelles la superbe orangerie de la Malgrange.
1737 - 1766 RÈGNE DE STANISLAS. LA MALGRANGE ENTIÈREMENT RENOUVELÉE, CONNUT SON APOGÉE Le 21 mars 1737, La Galaizière, Chancelier et Garde des Sceaux, prit solennellement possession de la Lorraine au nom de Stanislas, ex-roi de Pologne et beau-père de Louis XIV. Le 3 avril 1737, vit l'arrivée et l'installation de Stanislas au château de Lunéville qui devint sa résidence principale. Obligé de venir souvent à Nancy, Stanislas décida, après sa première visite le 7 août 1737, de faire de la Malgrange son pied à terre. Le bâtiment construit par Boffrand fut entièrement détruit et les matériaux servirent à la construction de la nouvelle église de Bonsecours dont Stanislas posa la première pierre le 14 août 1738. A quelque distances de l'ancien château et face à l'avenue que Stanislas venait de créer, Emmanuel HÉRÉ construisit La MALGRANDE DE STANISLAS. A cette époque, tous les terrains dépendant de la Malgrange, non compris les jardins et maisons, contenaient ensemble 235 arpents 3/4. Le bois le plus étendu vers Heillecourt était le bois dit "LA BRICOTTE" (79 arpents). Près de la Basse-Malgrange, vers Jarville, le "BOIS DES CHÊNES" était de 14 arpents environ (H. Lepage. Les communes de la Meurthe). L'ensemble comprenait un édifice central appelé "Le Château de Faïence", à cause de la décoration de carreaux de faïence de Hollande qu'on lui avait donné. De ce corps de logis, on accédait par des galeries ouvertes d'un côté à la salle à manger et à la salle de jeu; de l'autre côté "au commun", seule partie qui subsiste actuellement. Le parc royal situé entre le bâtiment du commun et la route d'Épinal était rempli de parterres, de bosquets et de pièces d'eau. De nombreux canaux servaient à alimenter les fontaines jaillissantes (un tableau représentant le château est conservé au Musée Lorrain). A l'extrémité du parc, sur la route d'Épinal, le Roi de Pologne fit planter, à la clôture de la Mission faite à Nancy en 1739, une grande CROIX DE MISSION placée sous un baldaquin couvert d'écailles. Douze chapelles furent bâties représentant les stations de la Passion. A côté, fut construit un couvent entretenu par trois capucins. Ce lieu devint un pèlerinage célèbre et fréquenté. Le 14 septembre était le jour de l'Exaltation de la Sainte Croix : chaque année, une procession se déroulait de l'église de Bonsecours aux chapelles. Tous les embellissements firent de la Malgrange un séjour délicieux. Stanislas s'y plaisait. La promenade, sous les grands arbres, pipe aux lèvres, en compagnie du nain BÉBÉ (1) était si douce!.. Le duc Ossolinski, grand maison du Roi, dont l'épouse était la cousine germaine de Stanislas, mourut à la Malgrange le 1er juillet 1756. Il fut inhumé dans le caveau royal à Bonsecours (source G. Cabourdin : Quand Stanislas régnait en Lorraine). La maison de campagne qu'il s'était fait bâtir dans la partie la plus élevée du domaine à la Petite Malgrange revint à Madame de Boufflers (2) favorite de Stanislas. Stanislas reçut à la Malgrange des hôtes illustres : Son petit-fils, le Dauphin - Sa fille, Marie Leczinska, Reine de France - Ses petites-filles : Mesdames Henriette, Victoire et Adélaïde (3). Le 11 juin 1749, la Maréchal de Saxe vint à la Malgrange d'où il se rendit à Dresde. Montesquieu et Voltaire y furent également reçus. De ce dernier, on a deux lettres datées de la Malgrange, 4 octobre 1748 (Hist. de l'Institution de la Malgrange). Le dernier séjour de Stanislas à la Malgrange fut du 1er au 4 février 1766. Retourné à Lunéville, il expira le 23 du même mois.
Après la grandeur ce fut le déclin L'éclat du passé ne nous parvient souvent que sous forme de ruines, biens propres à nous montrer que les œuvres humaines ne sont pas éternelles. Après la mort de Stanislas, par arrêt du Conseil d'État du 4 avril 1766, le château fut affecté à la place du Commandant Général de la Province de Lorraine. Le Comte de Stainville, parent du Ministre Choiseul, nommé le premier à ce poste, jusqu'en 1788 devint, en sa qualité, usufruitier du domaine de la Malgrange. Il ne respecta ni les bâtiments, ni les décorations, ni les ornements des jardins, ni le Calvaire… On démolit pareillement les douze chapelles du Calvaire et on transporta le 14 septembre 1766, la grande CROIX célèbre sous le nom de "BELLE CROIX" (4) au bas de l'avenue de la Malgrange, sur la route de Saint-Nicolas-de-Port. Tout le parc fut dégradé, les pièces d'eau furent comblées. Mr de Stainville fit clore le bois et entretint un haras assez considérable… Hélas! De la Malgrange de Stanislas, il ne resta plus que le bâtiment du commun. Son successeur, le marquis de Choiseul la Baume devint à son tour usufruitier de la Malgrange jusqu'à la Révolution où il périt sur l'échafaud en 1794.
Le démembrement de la propriété Déclaré bien national, la Malgrange fut destinée à la vente. L'opération débuta en 1796 et se fit par lots. De la Malgrange naquirent plusieurs propriétés : 1. — LA GRANDE MALGRANGE avec le château et 37 hectares de terre échut le 6 juillet 1798 (18 messidor an VII) à Jean Baptiste Petit qui recéda le tout le même jour à la famille Monnier.
(1) Nicolas Ferry dit BÉBÉ était né dans les Vosges le 11 novembre 1741. Quand Stanislas le prit à sa Cour, il avait 5 ans. Il mourut vers l'âge de 22 ans.
(2) Marie Catherine (1711-1786) épouse de François Louis de Boufflers, fille de Madame de Craon, elle-même favorite pendant un quart de siècle du Duc Léopold. (3) En allant prendre les eaux à Plombière et au retour, les deux petites filles de Stanislas - Victoire et Adélaïde - rendirent visite au Roi de Pologne, au cours des étés 1761 et 1762. En leur honneur, le château fut entièrement illuminé le 28 mai 1762 par Richard Mique, successeur de Héré comme intendant contrôleur général des constructions de Stanislas. (4) Au cimetière de Jarville, il existe deux tombes de la famille Monnier-Ney. Le 26 juin 1809, Claude Monnier, beau-frère du Maréchal Ney vendit la GRANDE MALGRANGE au couple Aertz-Masson. La cession de la Grande Malgrange par Catherine Masson (Vve Aertz) à la comtesse de Choiseul ne fit qu'accentuer la dégradation de ce domaine. En effet, la nouvelle propriétaire surnommée "La Folle" par les paysans des alentours fit abattre la plupart des arbres séculaires qui décoraient le parc et le jardin. La Comtesse excentrique ne s'étant pas acquittée de sa dette, la Veuve Aertz reprit son bien qu'elle revendit en 1821 à Mr Gillet, rentier à Jarville. A l'état d'abandon, les bâtiments furent réparés et le parc remis en état. En 1839, les restes du château de Stanislas reçurent une nouvelle et définitive affectation en abritant le Pensionnat de la Malgrange. Devenue établissement diocésain en 1846, l’Institution obtient en 1849 du ministre de l'Instruction Publique, le Comte Falloux, le titre de Collège, ce qui lui permet de fonctionner avec les mêmes prérogatives que les Collèges royaux. Au cours des décennies, l’audience de La Malgrange ne cesse de grandir et c’est par centaines que les élèves se succèdent dans ses murs. Elle accueille presque exclusivement des pensionnaires, et son recrutement s’étend à toute la Lorraine et aux départements voisins (une mention particulière doit être faite pour les très nombreux jeunes Alsaciens-Lorrains qui y ont trouvé, pendant et après l’annexion, une éducation prouvant l’attachement de leurs familles à la France). Outre les guerres qui ont interrompu son fonctionnement "ambulance" bavaroise en 1870-71; hôpital auxiliaire français de 1914 à 1918) La Malgrange a connu des moments difficiles après les lois de séparation des Églises et de l’État de 1905. Mise sous séquestre en 1911, mais autorisée à fonctionner, elle a échappé à "l’attribution" au département de Meurthe-et-Moselle parce que le Directeur et le Supérieur (les abbés Jacques et Pertusot) ont pu, grâce à l’intervention d’un ancien élève devenu ministre, Louis Marin, racheter la propriété au Conseil Général en août 1920. Au fil du temps, la Grande Malgrange fut morcelée en particulier au profit de la foire-exposition.
2. — LA PETITE MALGRANGE jadis résidence de Madame de Boufflers et LA FERME DE LA MÉNAGERIE furent adjugés à Nicolas Gengoult qui les revendit bientôt à Augustin Monnier. Son fils Claude, qui avait cédé la GRANDE MALGRANGE, conserva longtemps cet ensemble ainsi que les terres longeant l'avenue de la Malgrange. Le Maréchal Ney fixa son domicile politique à la PETITE MALGRANGE et son père Pierre Ney y mourut en 1826. A son tour Marguerite Ney, Veuve Monnier, sœur du Maréchal Ney y décéda le 10 décembre 1855. La maison - Propriété pendant un temps de la famille Roth-Anclin disparut en 1953 lorsque le lotissement de la Petite Malgrange s'érigea entre la route d'Heillecourt et la rue Maréchal Ney.
3. — La Vieille Malgrange propriété contiguë à la Grande Malgrange, abrita, à partir de 1885, l'Institu des Sourds-Muets.
4. — LA HAUTE MALGRANGE propriété de Mr Gillet accueillit à partir de 1839 une maison de santé (devenu Centre Éducatif et Professionnel).
Si du château de la Malgrange subsistent, hélas ! peu de vestiges ; le nom de la Malgrange n'est pas pour autant tombé dans l'oubli, grâce à la réputation de eux établissements d'enseignements : - le Collège de la Malgrange, - l'Institut des sourds-muets de la Malgrange (aujourd'hui Jeunes Sourds).
L'ex propriété ducale fut égtalement reconvertie, pendant un temps, en Maison de Santé et en Ferme-École.
LA MALGRANGE DE LÉOPOLD
LA MALGRANGE DE STANISLAS
Lors de sa venue, le Roi de Pologne fit détruire la construction toute neuve pour faire édifier un nouveau château plus conforme a ses goûts, se prêtant à l'agrément et à la fête.
L'INSTITUTION DE LA MALGRANGE
LE PENSIONNAT SAINT-PIERRE - LES DÉBUTS C'est en 1839 que le domaine de la Malgrange devint une Institution d'enseignement privé connue désormais sous le vocable de "Pensionnat" puis de "Institution St Pierre". La naissance de l'Institution elle-même remonte à 1836 et c'est dans les locaux du Pensionnat Saint Pierre que furent accueillis les 22 premiers élèves par l'Abbé Jean-Baptiste MIRGUET, premier maître de pension. Opiniâtre artisan dans la création de l'Institution, l'Abbé MIGUET mérite de partager avec Mgr DONNET le titre de Fondateur de l'École.
Il convient de relater les circonstances de la création : En 1835, l'Évêque Mgr de FORBIN-JANSON délagua ses pouvoirs à Mgr DONNET, dénommé coadjuteur de Nancy. Celui-ci conçut le projet de créer une "institution particulière, où l'on fût sûr de faire donner aux enfants une éducation à la fois forte, chrétienne et nationale". Son choix se porta sur la maison MARIN, du nom de l'un de ses propriétaires au 18ème siècle, et sise au faubourg Saint-Pierre (n° 92, rue de Strasbourg). Mgr DONNET décida d'en confier la direction à l'Abbé MIRGUET, né à Favières le 4 juin 1795, Chanoine de la Cathédrale et ex-supérieur du petit Séminaire de Pont-à-Mousson. La querelle scolaire faisait déjà rage et l'ouverture d'écoles privées était contrôlée. Mgr DONNET obtint du gouvernement l'autorisation d'ouvrir un Pensionnat. Mgr MIRGUET passa pour la circonstance son baccalauréat, diplôme que devait posséder tout chef d'institution. Mgr MIRGUET n'avait pas subi les épreuves du baccalauréat à la fin de ses études classiques; les séminaires, bien que l'on y fit de fortes études, n'avaient pas le droit de présenter leurs élèves au baccalauréat. Il fut reçu le 3 août 1836 par la Faculté de Nancy; il avait 41 ans. En 1838, le Pensionnat comptait 80 élèves, mais le recteur de l'Académie de Nancy entendait que les instructions du Ministre de l'Instruction Publique, Mr de SALVANDY soient appliquées, à savoir : " Dans les villes où existe un Collège royal ou communal, les élèves des institutions et pensions, âgés de plus de 10 ans, doivent être conduits aux classes de Collèges". Pour échapper à cette règle qui imposait des contraintes d'intendance et de transport, l'Abbé MIRGUET décida de sortir du territoire de Nancy et de s'installer en banlieue.
LE DOMAINE DE LA MALGRANGE Le 30 mai 1839, M. Mirguet et les maîtres COLLIN, LALLEMAND, THILLOT achetère à M. GILLET le domaine de la Grande Malgrange pour la somme de 120.000 francs dont 40.000 à verser aussitôt et le reste en 10 annuités. Le 28 aout 1839, les élèves quittèrent définitivement le Pensionnat Saint-Pierre et se rendirent à la Malgrange pour assister à la distribution des prix. C'est ce jour là que fut pris solennellement possession de la Malgrange. Transférée à la Malgrange, l'Institution conserva le patronage de l'Apôtre Saint-Pierre. Pour assurer l'avenir du Pensionnat, les acquéreurs de la Malgrange décidèrent en 1846 de placer directement la Maison sous l'autorité épiscopale. Le Collège devint établissement diocésain.
L'INSTITUTION SE DÉVELOPPE En 1846, la Malgrange fondait à Nancy sa première succursale l'école Saint-Léopold, destiné à recevoir les élèves qui, selon les dispositions législatives en vigueur, devaient suivre les cours du Collège Royal pour passer leur baccalauréat ou accéder aux diverses écoles de l'État. En 1850, fut votée la loi Falloux sur la liberté de l'enseignement secondaire. La fin du monopole universitaire fut bénéfique pour la Malgrange. Les classes de rhétorique et de philosophie furent transférées au Collège et celui-ci se dessaisit de ses plus jeunes pensionnaires qui allèrent occuper Saint-Léopold. L'année 1851 vit l'agrandissement des bâtiments à la Malgrange (le corps principal du logis fut exhaussé) et la construction d'un manège d'équitation qui subsista jusqu'à la première guerre mondiale. En 1858, fut édifiée une chapelle. Mgr MENJAUD vint la bénir en présence d'un grand nombre de prêtres et d'une imposante assistance. En 1864, de nouveau les bâtiments furent agrandis. On créa la galerie d'entrée. Le jardin fut transformé. La même année, Mgr LAVIGERIE fonda à Nancy la "Maison des Étudiants", cercle de rencontre. En 1870, dès le 14 août, Nancy fut submergée sous le flot des régiments ennemis et l'administration allemande réquisitionna le Collège qui devint l'ambulance n° 3. On comptait 250 lits et la dépense était à la charge de Nancy, Jarville et des communes environnantes. Des prêtres et religieuses allemands vinrent seconder leurs collègues français. Suit à une intervention auprès de Rome, le 1er novembre 1879 eut lieu, dans la chapelle de la Malgrange, la translation des reliques du martyr romain "Saint Eleuthère".
L'Institution acquiert une grande renommée. En 1881, la Maison des Étudiant élargit son activité, prit le nom d'École Saint Sigisbert et l'on y mena de front la préparation de l'école polytechnique, l'école centrale, Saint-Cyr et l'école forestière. Saint Sigisbert acquit, dans tout le pays, une grande réputation. L'Abbé CHARBONNIER, Professeur à la Malgrange, forma le projet en 1882 d'édifier dans les bosquets du Collège une grotte de Lourdes. La bénédiction eut lieu le lundi 16 juillet 1883 sous la présidence de Mgr TURINAZ. Une procession aux flambeaux couronna les cérémonies. Après la promulgation de la loi de 1905 sur la séparation des églises et de l'État, les Trois Maisons (Malgrange, Saint-Léopold, Saint-Sigisbert) furent mises sous séquestre. En 1907, l'État repris les locaux des écoles Saint-Léopold et Saint-Sigisbert. Les deux établissements fusionnèrent et s'installèrent Cours Léopol. En 1911, la Malgrange faillit devenir une maison "de cure d'air" pour les tuberculeux mais le bail de location consenti au Collège et renouvelé en 1908 continuera de courir. La Malgrange devint l'hôpital auxiliaire n° 15 en 1914. En 1916, à cause des bombardements de Nancy, par canon à longue portée, les services chirurgicaux de l'hôpital Sédillot furent transférés à la Malgrange. Bientôt, le centre ophtalmologique de la 20ème région fut aussi établi à la Malgrange. En 1917, après le départ des services chirurgicaux, c'est le Centre O.R.L. de la 8ème armée qui s'installa. Au cours de la grande guerre, le nombre total des hospitalisés fut de 9.268. Racheté en 1920 par MM. JACQUES & PERTUSOT, directeur de l'Institution de la Malgrange, le Domaine fut géré désormais, par une association qui se constitua en régime juridique, type loi 1901. En 1936, des fêtes marquèrent le centenaire de l'Institution qui comptait alors 800 élèves. En 1939, surgit une Salle des fêtes qui, depuis, accueillit souvent les festivités de groupes jarvillois : Scouts, villages d'enfants etc… et en 1963 "l'Athénée"bâtiment des classes, études et laboratoires, dû à l'architecte Prouvé.
Sur le fronton de l'ex-bâtiment des communs du château de la Malgrange, on retrouve l'horloge chère au Roi de Pologne. Le bâtiment initial se présentait formé de deux étages construits sur une terrasse. L'ensemble fut surélevé en 1851.
ANNEXES COLLÈGE DE LA MALGRANGE UN TEMPS FORT DES ACTIVITÉS EXTRA SCOLAIRES : LE THÉÂTRE Le théâtre est un moyen d'expression et de créativité. - Nombre de représentations furent données par les élèves de l'Institution de la Malgrange. Dans le manège transformé en salle de théâtre la pièce de Racine "ATHALIE" fut jouée le 11 mars 1878, devant une grande assistance. - Deux milles autiteurs - Aux côtés de Mgr FOULON et de Mr Voinot vicaire général, on voyait deux généraux, des matgistrats, le doyen de la Faculté des Lettres, le marquis de Lambertye, le proviseur du lycée, les curés de Nancy, les supérieurs de Pont-à-Mousson, Châtel, Lunéville, le directeur du convict de Luxembourg avec une députation de ses élèves… (source : Hist. Institution de la Malgrange).
La semaine religieuse mentionne à cette occasion : "Éclatant succès. L'Espérance et le journal de la Meurthe et des Vosges ont fait ressortir suivant leurS impressionS propres, l'ÉCLATANT SUCCÈS de cette solennité. Ils ont cité les noms des principaux acteurs et distriubé à chaque mérite sa louange. "Honneur à tous" dit l'Espérance en terminant jusqu'aux simples prêtres et lévites : Honneurs aux chœurs qui ont magnifiquement interprété l'œuvre de MENDELSOHN ! Voix et instruments ont marché d'unison, tout a été parfait et fait le plus grand honneur aux professeurs zélés qui ont préparé cette délicieuse fête dont il sera longtemps parlé à Nancy."
La nouvelle salle de la Foucotte à Nancy inaugurée en 1883 acceillit nombre de tragédeiens et de comédiens en herbe.
LA GROTTE NOTRE DAME. DE LOURDES
Bénédiction d'un monument élevé à N.D. de Lourdes dans le bosquet du Collège de la Malgrange, le lundi 16 juillet 1883 (25ème anniversaire de la 18ème et dernière apparition de Marie immaculée).
Ce même jour, Lourdes voyait une cérémonie splendide. La Fête de la Malgrange qui se passait en même temps a été une miniature de celle-là.
… Nous avons la grotte, très ressemblante, la fontaine, la statue et pour la cérémonie de l'inauguration, nous avons eu de la vraie eau de Lourdes. (Six hectolitres avaient été demandés et, par les quatre robinets installés, soit au fond de la grotte, soit en avant du rocher, les personnes présentes à la cérémonie pouvaient prendre, à leur dévotion, de l'eau de Lourdes et l'emporter).
… A 8 heures du soir, la procession se forma au seuil du Collège. Mgr Turinaz en crosse et en mitre accompagné de Mr l'Abbé Noël, vicaire général honoraire, curée archiprêtre de Lunéville, de l'Abbé Lorrain, chanoine secrétaire de Mr le Supérieur de la Malgrange et Mr le Supérieur de B.P. Fourier, tous quatre en habit de chœur, prirent place sur l'estrade.
Autour de Sa Grandeur un grnd nombre de prêtres dont Mgr Régnier prélat de Sa Sainteteé, Mr le Chanoine Fourcaulx, Mr l'Abbé Noël, professeur au Grand Séminaire de Saint-Dié, directeur du pèlerinage lorrain, Mr l'Abbé Marchal, secrétaire de Mgr de Briey, Mr l'Abbé Spitz, curé d'Epfig au diocèse de Strasbourg…
Un prêtre se leva aux manières distinguées et simples. C'était Mr l'Abbé de Musy, un miracle vivant de N.D. de Lourdes. Mr de Musy était venu du diocèse d'Autun, de la paroisse de Chagny dont il est le curé pour assister à cette inauguration. Sa guérison survenue le 15 août 1873 a fait le tour du monde…
" Pris des yeux, des jambes, de la vois, de tout le corps, Mr de Musy ne pouvait ni lire, ni écrire, ni marcher, ni presque parler.
Malade depuis 20 ans, paralysé depuis 11 ans, il n'avait célébré la messe que deux fois en cet espace de onze années.
Maigre, ruiné par une maladie de la moelle épinière, incapable de faire entendre aucun son bien articulé, on le traînait sur une chaise roulante"…
Mr de Musy fit le récit de sa guérison - depuis lors, Mr l'Abbé de Musy jouit d'une santé excellente. Il en faisait le récit avec une simplicité et une humilité qui tiraient les larmes aux yeux.
Après cette allocution Mgr l'Évêque vint bénir la grotte puis la procession s'organisa. Alors, comme on voit dans le firmament poindre une à une les étoiles, s'allumèrent quantité de cierges (1000 cierges avaient été expédiés de Lourdes; ils n'auraient pas suffit. On évalue à 2.000 personnes le nombre des assistants). A ce moment les ombres de la nuit s'étaient répandues dans le parc.
Combien cette procession eut le charme, avec ses méandres de lumière… Plusieurs vénérables prêtres de la Collégiale de Bon Secours venus avec Mr le Curé suivaient les rangs, appuyant leurs 80 ans sur leur canne ou un bras charitable, en chantant les quantiques.
Sitôt que la procession se fut de nouveau réunie aux pieds de l'estrade, Mgr l'Évêque interpréta la cérémonie. Il expliqua l'apparition de Lourdes, son sens merveilleur, la beauté et les attraits de Marie… enfin le rosaire…
La cérémonie touchait à sa fin. On entonna la Magnificat et chacun le chantait de toute son âme.
Des feux de bengale achevaient de donner à l'illumination un aspect féerique. La Vierge surtout apparaissait doucement et richement éclairée. On se retrouvait ravi, comme pour lui donner le dernier salut de la piété filiale.
Extrait de la Semaine religieuse 1883.
LA GROTTE DE LA MALGRANGE : C'est un artiste de la Creuse, Mr RATINET qui réalisa la grotte de Notre Dame de Lourdes dans les bosquets du collège de la Malgrange en 1883. Ce même jour, Lourdes voyait une cérémonie splendide. La Fête de la Malgrange qui se passait en même temps a été une miniature de celle-là.
LA TOUR : Le quatrième centenaire de la bataille de Nancy fut célébré en 1877; à cette occasion, l'Institution de la Malgrange conçut l'idée d'édifier une TOUR SURMONTÉE DE CRÉNEAUX et percée de meurtrières. L'architecte Jacquemin en dressa les plans. Outre sa valeur de symbole, la tour se prêta avant l'électrification à une utilisation pratique. De 1877 à 1900, elle abrita une fabrique de gaz. Auparavant, le Collège n'avait comme moyen d'éclairage que de vieilles lampes fumeuses.
LA MAISON DE SANTÉ DE LA HAUTE-MALGRANGE
Mr Gillet, ancien directeur de l'asile de Maréville, lorsqu'il acheta la Grande Malgrange à Madame Aertz en 1821, établit une maison de santé qui reçut des pensionnaires des deux sexes atteints d'aliénation mentale. La vente du domaine de la Malgrange en 1839 pour l'établissement d'un Collège compromit par l'existence de la maison de santé qui fut déplacée sur la dépendance de la Haute Malgrange. Les docteurs Valentin, Breune, Brasseur puis Picard (1) en furent les propriétaires-directeurs. En 1856, le registre des délibérations du Conseil Municipal nous apprend que les pensionnaires étaient enterrés à Heillecourt, bien que les décès soient inscrits sur les registres d'état-civil de Jarville. Entre les deux guerres, l'établissement devint MAISON DE RETRAITE, puis il se transforma par la suite en CENTRE ÉDUCATIF DE RÉINSERTION pour les jeunes délinquants, avant de prendre l'appellation de CENTRE D'ACTION MÉDICO-SOCIAL PRÉCOCE. __________ (1) Émile Picard, directeur de la maison de santé mourut en novembre 1914 à l'âge de 72 ans après une longue et brillante carrière.
LA VOCATION AGRICOLE DE LA MALGRANGE
La Malgrange fut une maison de plaisance, une résidence "secondaire" pour les familles ducales, mais elle fut aussi, comme la dénomination nous l'indique, une "grangia", une exploitation rurale. Les deux états sont intimement liés. Comme toute propriété digne de ce nom, la Malgrange comprenait, outre les habitations, des dépendances productives. Ferme, écurie, basse-cour, bois, terres labourables, vergers, vignes, vivier, potager, melonnière (1)… étaient des sources de revenus et par intermittence, lorsque la Cour s'installait, toutes ces annexes fonctionnelles permettaient de pourvoir au ravitaillement et à la subsistance des habitants. Cette vocation fut conservée après le démantèlement du domaine. Le parc fut, en partie, reconverti en champ de culture.
DE 1868 À 1876, une FERME-ÉCOLE fut instituées sur le domaine de la Malgrange Propirété de Mr Monnier, la ferme était exploitée depuis 1848 par Mr Brice qui avait su mettre en valeur une terre épuisée en très mauvais état de culture. A son arrivée, elle ne produisait que du seigle et des pommes de terre. Mr Brice pratiqua des opérations de drainage et de chaulage. Véritables galets, les terrains longeant l'avenue de la Malgrange étaient dépourvus de terre végétale; il les améliora considérablement avec l'apport de 8.000 tombereaux d'excellente terre provenant de la fouille de la rigole alimentaire du Canal de la Marne au Rhin située dans la prairie de Jarville. Les cultures furent diversifiées : blé, avoine, colza, trèfle, pommes de terre, tabac etc… Les rendements augmentèrent. Ces excellents résultats démontrèrent la compétence de Mr Brice et ils ne furent pas étrangers à la raison du choix de cette exploitation comme établissement d'enseignement agricole. Quelques travaux de conformité furent menés, afin d'obtenir l'agrément du Ministère de l'Agriculture. Rappelons que c'est de Lorraine, qu'est partie l'initiative de l'enseignement agricole. C'est MATHIEU DE DOMABSLE (1777-1843) qui créa la première école d'agriculture française dans sa ferme de ROVILLE. A partir du 4 mai 1868, la ferme-école de la Malgrange dispensa une formation étalée en deux ans à une vingtaine d'élèves âgés de plus de 16 ans. Sous la direction de Mr BRICE qui exploitait à ses risques et périls le domaine (pour une dépense moyenne de chaque apprenti qui variait entre 480 et 550 francs par an, l'État accordait 270 francs par élève) les futurs agriculteurs, chefs de culture et contremaîtres ruraux s'exercèrent aux travaux du sol sur 120 hectares de terres et s'initièrent à l'Administration d'une ferme… La botanique, la géologie, la zoologie, la mécanique agricole, l'horticulture, etc… figuraient au programme des études. Un an après sa création, la ferme-école retint l'attention des membres du Congrès Agricole qui siégea à Nancy en 1869, sous les auspices de la Société des Agriculteurs de France et sous la présidence de son Excellence Mgr DROUYN DE LUYS, ancien ministre des affaires étrangères et membre du Conseil Privé de l'Empereur. ________ (1) Stanislas était particulièrement friand de melons. Ses prédécesseurs étaient eux aussi gourmands et gourmets. Aux archives départementales, est conservé l'acte d'achat "d'une contrée de prés, sous le village de Jarville, pour planter melons, concombres, semer riz et autres légumes pour le plaisir du duc (1605). Les organisateurs du Congrès se rendirent en visite au château de Rémicourt, à Varangéville et à la Malgrange. Un concours hippique et une superbe exposition d'horticulture marquèrent le déroulement des fêtes qui s'échelonnèrent sur 4 jours. Mr BRICE figura en bonne place dans la distribgution des prix. Une médaille d'or fut attribuée pour son élevage porcin. Des médailles d'argent et de bronze lui furent accordées pour les animaux de basse-cour. Des mentions honorables complétèrent le palmarès pour les catégories "animaux reproducteurs" et "juments non suitées". A la mort de M. Émile BRICE en 1876, l'École fut déplacée. Cette tradition d'enseignement agricole et horticole s'est perpétuée lorsqu'en 1907, l'Institut des Sourds-Muets acheta la ferme. La majorité des enfants venant de la campagne, il était normal de les orienter vers le travail des champs. En 1960, la ferme fut transformée en atelier.
L'INSTITUT DES JEUNES SOURDS
Avec l'Institut des Jeunes Sourds de la Malgrange, Jarville compte un établissement connu de toute la région de l'Est et au delà… Le 30 novembre 1976, la première Dame de France, Madame Valéry Giscard d'Estaing vint à Jarville pour inaugurer le Centre d'Éducation Précoce et de Guidance Parentale qui accueille en sessions les déficients auditifs de moins de 4 ans avec leur famille. Centre de rééducation de l'ouïe et de la parole mettant en œuvre des moyens techniques évolués et des méthodes pédagogiques solides, mais aussi établissement d'enseignement et de formation professionnelle, l'Institut des Jeunes Sourds voit sa création remonter à 1828.
La fondation. Joseph PIROUX, fondateur et premier directeur de l'Institut des Sourds-Muets est né à Épinal. En 1824, le hasard le fit rencontrer des Sourds-Muets. Il chercha à les instruire. Aucun établissement n'existait dans le Nord-Est et il décida de se consacrer à cette tâche. Il acquit, pendant deux ans, une formation spécialisée en devenant élève-professeur à l'Institut Royal des Sourds-Muets de Paris. Revenu à Épinal, il choisit de fonder le 1er février 1828 son établissement à Nancy, ville plus avantageusement située pour obtenir une audience régionale. M. PIROUX s'installa dans une grande salle de l'Hôtel de Ville, puis au 10, faubourg Stanislas près de la place Thiers, grâce à la générosité de parents, de protecteurs, de Préfets, de Maires et en particulier de la Ville de Nancy. Aidé par sa famille, des répétiteurs, des surveillants, il accueillit aux frais des familles ou à ceux de l'Administration Publique, des pensionnaires des deux sexes âgés de 7 à 17 ans internes ou externes, originaires de la Meurthe, de la Meuse, des Vosges, de la Moselle et bientôt de la Haute-Marne, de la Côte d'Or, de l'Aube, des Ardennes… M. PIROUX enseigna outre les disciplines habituelles - morale, arithmétique, histoire, géographie, écriture… - la dactylologie (art de converser par le moyen des doigts), la parole artificielle et des spécialités comme la menuiserie, la vannerie, la couture, etc… Il édita une publication mensuelle "L'AMI DES SOURDS-MUETS", organe de liaison entre les parents, les instituteurs et les éducateurs (1).
Les visiteurs célèbres. Le 14 juin 1831, le Roi Louis Philippe 1er visita l'établissement. Le 17 juillet 1866, ce fut l'Impératrice Eugénie que M. Piroux accueillit dans le cadre des fêtes marquant la commémoration de la Réunion de la Lorraine à la France. Le plus cher désir du directeur était que l'école qui avait formé 700 élèves depuis 1828, devienne une Institution Impériale et bénéficie, bien sûr, d'une participation financière étatique plus importante… Le devenir de l'Institut le préoccupait. Mais l'expansion de l'école se poursuivit après sa mort survenu le 26 juillet 1884. L'installation à la Malgrange. Constituée en Société Anonyme présidée par Henri de Bouvier, l'école trop à l'étroit, fut transférée pour la rentrée 1885, dans une partie de l'ancien domaine des Ducs de Lorraine, à la Vieille Malgrange, au milieu d'un parc de 4 hectares. Les Sœurs de Saint-Charles (2) en co-direction avec le Conseil d'Administration veillèrent aux destinées de l'établissement. Les classes et les dortoirs furent établis dans des constructions nouvelles. Des ateliers professionnels y furent annexés pour préparer les élèves à subvenir à leur existence par le travail manuel. Il fut décidé de remplacer la méthode d'enseignement mimique par les méthodes orales. La Semaine Religieuse de 1886 relate la première communion et la confirmation aux Sourds-Muets de la Malgrange. En 1897, grâce à des dons généreux et à une souscription ouverte par les religieuses, une chapelle fut édifiée à l'entrée du parc sous le vocable de Saint-Pierre Fourrier. Lors des deux guerres mondiales, l'Institut des Jeunes Sourds devint comme son voisin le Collège de la Malgrange, hôpital militaire. Ayant retrouvé ses fonctions propres, l'œuvre connut un essor sans cesse grandissant (280 en 1969 contre 115 en 1949); le nombre croissant des élèves appelant l'aménagement des anciens locaux et l'implantation de nouveaux bâtiments et équipements. _________ (1) Joseph Piroux était membre honoraire de l'Académie de Stanislas, Chevalier de la légion d'honneur et de l'Ordre de Pie IX, Officier d'Académie. (2) En 1662, fut fondée à Nancy une maison de charité dirigée par des religieuses "Les sœurs de Saint Charles". Leur vocation première était de servir les malades. Assez vite, elles étendirent leurs activités à l'enseignement. En 1789, elles possédaient 45 maisons en Lorraine.
ANNEXES LA PREMIÈRE COMMUNION ET LA CONFIRMATION AUX SOURDS-MUETS DE LA MALGRANGE Extrait de la Semaine Religieuse 1886 C'était une grande fête chez les Sourds-Muets de la Malgrange ce jeudi 26 août : 17 enfants faisaient leur première communion et recevaient la confirmation après une retraite de 3 jours avec instructions en mimique et en parole, avec méditations et prières. Cette fête a eu lieu en présente de Mgr, accompagné de M. Picard, maire de Jarville et de Messieurs les membres du Comité. Ce même jour, la confirmation leur a été donnée et aussitôt après, la distribution des prix fut faite à 30 petites filles des 3 classes de parole et à 35 garçons des 4 classes de parole… Mgr n'a pas voulu quitter cette maison sans adresses ses plus vifs remerciements à tous ceux qui s'occupent avec zèle de cette œuvre intéressante…
Avant de quitter l'établissement, j'ai fait la visite de quelques parties du bâtiment, préaux des cours de récréation et les ateliers reproduits par les élèves ainsi que des meubles et outils de la maison, ce qui prouve une enseignement pratique très utile, exposition d'ouvrages de couture, de broderies, de crochets… En traversant le magnifique parc qui s'étend à perte de vue devant la maison, j'ai jeté un coup d'œil sur le potager et le verger créés par les élèves, sous la direction d'un jardinier et j'ai compris après avoir vu tout cela, ce que me répétait beaucoup de parents à savoir : que les élèves quittent à regret ce beau séjour et désirent promptement y revenir. J'ai compris que plusieurs anciens élèves de M. PIROUX qui aurait vu avec tant de satisfaction cette heureuse transformation de l'œuvre de sa vie, ont demandé et obtenu de revenir passer un an ou deux à la Malgrange pour essayer d'apprendre la parole. J'ai compris enfin les éloges donnés à la Malgrange des Sourds-Muets par Mrs les conseillers généraux qui l'ont visité, par M. Volland, maire de Nancy, par M. Schnerb notre Préfet et en dernier lieu par M. Hément, Inspecteur de l'Enseignement Primaire. La Malgrange des Sourds et Muets fait, en effet, honneur aux hommes qui l'ont établie et organisée et au personnel qui le dirige ; elle fait honneur à Nancy et à toute la Lorraine. Elle mérite les sympathies et les encouragements de tous les amis des Sourds et Muets et surtout la confiance des diverses administrations et des familles.
X…
Partie de COLLIN-MAILLARD pour les jeunes filles en collerette blanche
Hôpital 15B de 1914 à 1917
CHAPITRE III
Outre La MALGRANGE, Jarville peut s'enorgueillir d'avoir sur son territoire deux autres domaines qui méritent l'attention du lecteur.
RENÉMONT ET MONTAIGU Des fluctuations de climat se sont produites sur JARVILLE-LA-MALGRANGE comme le révèlent quelques modestes vestiges du passé. RENÉMONT (autrefois Sauvageon)
Des fluctuations de climat se sont produites sur JARVILLE-LA-MALGRANGE comme le révèlent quelques modestes vestiges du passé.
LE BOIS DE JARVILLE
Ce lieu-dit appelé " BOIS DE JARVILLE " dès le haut moyen-âge, puis du 13ème au 18ème siècle " BOIS DES DAMES PRÊCHERESSES ", vit passer l'armée de René II, lorsque le 5 janvier 1477, elle s'élança sur les troupes de Charles le Téméraire et les défit. Plus tard en 1633, c'est une autre armée, française celle là, sous les ordres immédiats de Richelieu et de Louis XIII, qui établit son campement à proximité du bois, à Laneuveville. Les relations entre le Duc Charles IV et Gaston d'Orléans ont déclenché l'intervention royale. Autour de la capitale lorraine une immense ligne de circonvullation (1) fut dessinée. Elle contournait la foret de Jarville, mais les soldats en corvée ou en maraude venaient y faire des provisions de chauffage. Et l'habitude en fut si bien prise qu'après la chute de Nancy, les troupes continuèrent leurs dépradations. Le terrain fut ruiné. Les Dames Prêcheresses proposèrent un arrangement aux Augustins de Saint-Charles qui desservaient la chapelle de Montaigu. Elles leurs louèrent à perpétuité 30 jours dudit bois, à charge pour eux de remettre en état les vignes et les terres labourables (1658). En 1698, Léopold décida de construire un nouveau château à la Malgrange. Désirant agrandir sa propriété, il proposa aux Dames Prêcheresses d'échanger contre 40 arpents de bois près de Clairlieu les 37 arpents et demi du BOIS DE JARVILLE (1725). Le bois fut donc annexé au parc du domaine. Désirant agrandir sa propriété, la Malgrange devint bien national. Après bien des vicissitudes, le bois fut vendu en 1803 par adjudication publique à Jean Baptiste Lambert HUBERT, dit LACOUR tailleur d'habits à Nancy. Il passa ensuite entre les mains de François AERTZ négociant propriétaire de la GRANDE MALGRANGE. Il acheta également des terres labourables - dont le pré Tendu ou Teint - raccordant par une suite ininterrompue, comme au temps de Léopold, le BOIS DE JARVILLE aux terres de la Malgrange.
L'ÉDIFICATION D'UNE PREMIÈRE PROPRIÉTÉ
Après la mort de François AERTZ, sa femme (née Catherine MASSON) vendit la GRANDE MALGRANGE et, conservant le BOIS DE JARVILLE, y fit construire en 1817 une première maison. __________ (1) tranchée avec redoutes que font les assiégeants autour d'une place investie pour se garder contre les entreprises d'une armée extérieure. Le domaine probablement à cause de son état fut dénommé " SAUVAGEON ". Le 22 février 1823, François GOUY avocat à NANCY et Marie Anne Sophie NOËL son épouse, acquirent la propriété. Fervent d'histoire, François GOUY rebaptisa le parc " RENÉMONT " en souvenir des événements de 1477. Après sa mort survenue en 1839, son fils Jules agrandit l'héritage vers Fléville et dota le château de son plus bel ornement : une façade sculptée de style renaissance italienne. Cette décoration architecturale ornait une vieille demeure, l'hôtel " LUNATI - VISCONTI " sis au n° 6 rue de Guise à Nancy et dont l'existence s'explique ainsi : Issu d'une famille italienne originaire du Milanais, le Marquis Ferdinand avait suivi le Duc de Lorraine Léopold, rentrant dans ses états en 1698. En 1842, craignant la démolition de l'œuvre d'art, Jules GOUY la racheta et la fit remonter par l'architecte VIVENOT en en modifiant l'ordonnance sur la façade du château de RENÉMONT. On peut lire de chaque côté de celle-ci, deux inscriptions latines, l'une commémorant le passage de René II, l'autre expliquant la présence surprenante, en ce lieu, d'une ornementation architecturale datant de la Renaissance.
SUB FAUSTO RENATI NOMINE OB HISCE LOCIS VICTORIAM INCHOATAM AUSPICATUM NOMIS JANVARII MCDLXXVII DUX LORHARINGLÆ URBEM LIBERATURUS HIC, IN SYLVIS, AGMINA ABDIDIT
Dédié au nom glorieux de René A cause de la victoire qui eut ses débuts en ces lieux Le jour des nones de janvier 1477 Le duc de Lorraine marchant à la délivrance de sa capitale Cacha ses troupes ici même dans ces forêts.
AB ÆVO EXCESUM IGNOTI SED INSIGNIS ARTIFICIS OPUS HOC MONUMENTUM PRIMUM IN URBE NANCEIO SŒCULO DECIMO SEPTIMO INEUNTE EXSTRUCTUM VETERIS INGENII CULTOR IN PATRIÆ ARTIS MEMORIAM JULIUS GOUY RESTAURATI ET REÆDIFICARI CURARIT ANNO MDCCXLII
Alors qu'il était déjà blessé par le temps Ce momument Sculpté par un artiste inconnu mais non sans mérite Et construit d'abord à Nancy Au début du XVIIème siècle A été restauré et réédifié Par un ami du passé Fidèle aux gloires artistiques de sa patrie Jules Gouy En l'année 1842. En 1868, le journal de la Société d'Archéologie et du Comité du Musée Lorrain publiait la lettre de remerciement que le Prince de Metternich, Ambassadeur d'Autriche à Paris avait adressé à Mr Jules Gouy. On y apprenait que " Sa Majesté Impériale et Royale Apostolique avait apprécié de recevoir de Mr GOUY un dessin représentant le monument élevé à Renémont, 26 ans plus tôt, en mémoire de la victoire remportée par le Duc René II, son ancêtre… " N'oublions pas en effet que l'Empereur François Joseph 1er appartenait à la dynastie des Habsbourg-Lorraine fondée par l'union de Marie Thérèse avec François III, ancien duc de Lorraine.
LE SÉMINAIRE
En 1936, l'Association diocésaine de Nancy achetait à Madame de CREVOISIER D'HURBACHE, fille de Camille GOUY DE BELLCOQ-FEUQUIÈRES, petite-fille de Jules GOUY, les 16 hectares de RENÉMONT pour faire construire à côté du château, un PETIT SÉMINAIRE. Le 18 mai 1939, Mgr FLEURY bénit la première pierre.
Interrompue par la guerre (occupation par les Allemands et séjour des Américains), la construction en fut terminée qu'en 1949, après lancement de souscriptions et organisation de kermesses. Mr le Curé BIRCKEL lança de nombreux appels à la générosité des Jarvillois. Les nouveaux bâtiments du Séminaire furent bénis par le Cardinal TISSERANT. Du 6 au 10 juillet 1949, se déroula à Nancy un CONGRÈS EUCHARISTIQUE NATIONAL qui mobilisa un grand nombre de croyants. Le 8 juillet — JOURNÉE DES PRÊTRES et note dominante du rassemblement - 800 participants venus de tous les diocèses de France se retrouvèrent à RENÉMONT où un autel avait été dressé dans la Cour d'honneur. L'inauguration du Séminaire — futur centre de formation — rentrait bien dans le cadre des fêtes du Congrès. Elle précéda la messe dite par Mgr CAZEAUX et sonorisée à l'intention de tous les clercs et laïcs mêlés en un parterre attentif. Quand la messe fut finie et avant de donner la bénédiction papale, le Cardinal TISSERANT tira les conclusions de la cérémonie dans un discours où il laissa passer — en nancéien d'autrefois — l'attachement gardé au diocèse.
Séminaire de Renémont
En novembre 1950, quittant alors la Chartreuse de Bosserville, le PETIT SÉMINAIRE s'installa à RENÉMONT. Placé sous le vocable de Sainte-Thérèse, il fut chargé de la formation secondaire et de l'initiation à la vie spirituelle des futurs prêtres. En 1972, RENÉMONT fut reconverti en Centre de Formation Professionnelle des Transports.
Un enfant de Jarville
Pendant près de 50 ans, professeur puis supérieur au Petit Séminaire, Mgr KALTNECKER, enfant de Jarville, forma de nombreuses générations de futurs prêtres. Son talent musical, unanimement apprécié n'avait d'égal que sa grande simplicité. Volontiers, Mgr Kaltnecker apportait son concours à la paroisse. Il fut artiste, auteur de cantiques, homme de lettres. Le 11 septembre 1957, il fêtait ses 50 ans de sacerdoce au Petit Séminaire de Renémont.
La messe fut célébrée par S.E. le Cardinal Tisserant ordonné prêtre la même année que lui. Le 8 janvier 1959, mourait Mgr Kaltnecker.
UN ERMITAGE LORRAIN — COUVENT D'AUGUSTINS À MONTAIGU
Une dévotion est à l'origine du domaine et du nom de Montaigu. Au XVème et XVIème siècle, en Belgique, province de Brabant près de Sichem, au lieu appelé Montaigu, on vénérait la Vierge. Une statue de Notre Dame de Montaigu parvint à Nancy en l'église du noviciat des Jésuites. La ferveur religieuse pour cette protectrice se développa. Raphaël Hanzelin et Jean Marchal obtinrent une statue venue de Belgique et, grâce à la générosité de Jean HENRIET, laboureur à Laneuville qui leur céda une pièce de terre, ils fondèrent un ermitage à Montaigu. La chapelle (1) qu'ils construisirent fut bénite en 1625; elle devint un lieu de pélérinage si fréquenté que les ermites en remirent le service à des Augustins (ermites) venus de Bar le Duc. Par la suite, Bonsecours supplanta Montaigu dans le cœur des pèlerins et la chapelle ne fut plus fréquentée que par les châtelains voisins.
UNE DEMEURE DU XVIIIème SIÈCLE
Simple rendez-vous de chasse, propriété de la famille De Rennel, c'est à BON PRÉVOST, premier fermier (2) général de Stanislas que le château doit l'essentiel de sa physionomie actuelle et dont la première pierre fut posée en 1757. C'est pour que sa fille Adelaïde-Edmée soit élevée à l'air pur de la campagne que BON PRÉVOST fit édifier un corps de logis, flanqué de deux pavillons avec des ferronneries légères sorties de l'atelier de Jean Lamour. Bon Prévost menait large train de vie et il ne manquait pas de recevoir le roi de Pologne venant du château de la Malgrange tout proche. Le décès prématuré de Bon Prévost survenu en 1762 (?) obligea sa famille à vendre Montaigu qui changea plusieurs fois de propriétaires. C'est lors de la tourmente révolutionnaire que furent remis au château heureusement préservé, la chapelle et les terres dépendant de l'ermitage vendues comme biens nationaux en 1791. En 1793, la statue de Notre Dame fut détruite et la chapelle eut beaucoup à souffrir. Au XIXème siècle, Nicolas POUPILLIER (3) releva le petit sanctuaire, il y fut enterré en 1823. Peu de temps après, d'après la tradition, Montaigu aurait été aux mains de la Comtesse d'Alopeux et c'est elle qui aurait acquis les vases et statues provenant du domaine dévasté de la Malgrange. Le parc fut fortement amoindri lors de la création de la ligne de chemin de fer. Vers 1869, le Marquis de VAUGIRAUD y entreprit des travaux importants avec l'architecte Jasson tout en respectant l'essentiel de l'habitation. Un violent incendie ravagea le château en 1921, peu après son acquisition par Édouard SALIN (4), maître de forge et archéologue, qui en fut le restaurateur. Il eut aussi à cœur de rendre la chapelle au culte. Devenue semi-publique, elle fut bénite le 2 septembre 1921 par Mgr AVOOLENT, alors vicaire général de l'Archevêché de Paris. ________ (1) Frère Hanzelin mourut à Montaigu le 7 avril 1639. Son cœur fut inhumé dans la chapelle. (2) Ancien receveur des finances, financier sous l'ancien Régime qui prenait à ferme, le droit de percevoir l'impôt. (3) Négociant à Moyeuvre et propriétaire du domaine. (4) Né en 1899 à DAMMARIE SUR SAULX (Meuse), mort en 1975, Édouard Salin fut membre de l'Institut et Président de la Société d'archéologie lorraine de 1945 à 1970.
Menaçant de s'effondrer sur la voie ferrée Paris-Strasbourg qu'il surplombait, il fallut se résoudre à transporter ailleurs le petit édifice. Sont transport fut opéré pierre à pierre. Le 11 septembre 1931, Mgr Hurault vint bénir la chapelle transportée. Les anciens jarvillois se souviennent des processions où cheminots, chasseurs jarvillois, scouts, membres des fraternités de Jarville et Nancy… vinrent hommage à Notre Dame sous les arbres séculaires de Montaigu. Pendant la seconde guerre mondiale, à deux reprises, en 1940 et 1944, Montaigu fut sauvegardé contre toute attente. Les précieuses collections évacuées en 1940 avec le patrimoine du Musée Lorrain regagnèrent le domaine en 1946. Édouard Salin créa en 1950 le laboratoire d'archéologie des métaux, centre qui étudie la structure des objets métalliques anciens. C'est tout naturellement à son initiative, à proximité du domaine, avenue du Général de Gaulle, que vint s'implanter en 1966 un musée de l'histoire du fer.
Grâce et élégance s'allient à la simplicité. Les Vases et groupes sculptés :
Amours pêcheurs
Amours chasseurs
Amours géographes
l'Amour à la folie,
Vénus et l'Amour
Gladiateurs combattant
Deux vases avec amour et chimère
proviennent du château de la Malgrange (18ème siècle).
Le château de Montaigu et la chapelle sont classé parmi les sites et monuments historiques ainsi que les statues, la pièce d'eau, les arbres du 18ème siècle ; ceci depuis 1934, 1936 et 1938.
MONTAIGU ET LA FAMILLE PREVOST
Adélaïde Edmée, l'enfant chérie… pour qui fut construit le château.
Issu d'un milieu modeste, BON PRÉVOST s'éprit à Paris de Marie LEMAITRE, jeune fille courageuse, dont une maladie disgrâciait le visage. Par les soins d'un guérisseur que Bon Prévost connaissait, elle recouvrit la santé. Mais la belle-famille appartenant à la haute bourgeoisie s'opposa au mariage. Les amoureux après avoir contracté un mariage secret en 1745, attendirent patiemment cinq ans jusqu'au jour où la situation se dénoua grâce au frère de la jeune femme, Jean LEMAITRE. Celui-ci avait acquis par un riche mariage la charge de trésorier général des fortifications. Ses appuis permirent à BON PRÉVOST d'obtenir la place de receveur général des fermes de Lorraine. Après l'installation du ménage à Nancy, Madame PRÉVOST donna naissance à un fils, désiré depuis longtemps. Malheureusement, à la suite d'un accident, celui-ci mourut deux heures après sa naissance. Trois ans après, le 9 décembre 1755, Madame PRÉVOST eut une fille nommée Adélaïde-Edmée. C'est pour son enfant, joie de son foyer, que BON PRÉVOST acheta Montaigu et transforma l'ancien rendez-vous de chasse. Il pensait que l'air de la campagne coviendrait mieux à Adélaïde que celui de Nancy. Après la mort prématurée de BON PRÉVOST, survenue semble-t-il en 1763, la famille connut des difficultés financières, vendit Montaigu et retourna vivre à Paris. Adélaïde-Edmée, l'enfant chère au cœur paternel, épousa en 1780, Alexis LALIVE DE LA BRICHE, l'und es fils du fermier général Louis Denis LALIVE de BELLEGARDE et devint la belle-sœur de la célèbre femme de lettres Madame d'Épinay (1). Suivant son exemple, tout naturellement, Adélaïde tint, elle aussi un salon…
________ (1) Mme d'Épinay (1726-1783) : elle fut la protectrice de J.-J. Rousseau pour qui elle fit construire l'Emritage, et l'amie de Francueil, de Crime et de l'Abbé Galiani. Elle a rédigé des mémoires intéressants. CHAPITRE III
LA PAROISSE
La paroisse de Jarville la Malgrange est relativement récente, du début du siècle seulement. C'est par décret présidentiel du 15 août 1901 que l'église annexe de Jarville la Malgrange a été érigée en chapelle paroissiale indépendante. Auparavant, la pratique religieuse n'était pas absente bien sûr; mais les catholiques jarvillois, faute d'avoir une église sur le territoire de Jarville, furent rattachés dès le 15ème siècle à la paroisse d'Heillecourt, puis à partir de 1844 à celle de Note Dame de Bonsecours.
HEILLECOURT
L'église d'Heillecourt est très ancienne; une des cloches de la tour date du 12ème siècle. Heillecourt était le chef-lieu d'une paroisse très étendue dont dépendait la Malgrange, Jarville, Fléville et la métairie de Frocourt. L'éloignement de l'église mère était d'ailleurs source de conflit. H. Lepage, dans les communes de la Meurthe à la rubrique Heillecourt, rapporte les plaintes du curé d'heillecourt en 1632. « Les habitants de Jarville négligent de se rendre dans la paroisse, par suite de l'établissement des Minimes à Bonsecours, des Augustins à Montaigu et de la construction des 3 chapelles ou oratoires à Jarville. L'Evêque Mgr de Gournay menace alors les habitants qui seraient trois dimanches consécutifs sans assister à la messe paroissiale ou qui négligeraient d'envoyer leurs enfants au catéchisme, d'être sans sépulture en terre sainte ». Presque 200 ans plus tard, en 1831, c'est un retournement de situation. Cette fois, c'est le Conseil Municipal de Jarville qui fait une démarche auprès du Grand Vicaire du diocèse de Nancy pour que Mr le Curé d'Heillecourt reprenne un usage interrompu par lui depuis deux ans et demi : à savoir, celui de se déplacer jusqu'à Jarville lorsqu'un décès survient et de se mettre à la tête du convoi funèbre. La Malgrange était, quand à elle, plus proche d'Heillecourt et Stanislas Leszczynski honora, plusieurs fois, de sa présence royale les offices de l'église paroissiale.Stanislas ne "voulant pas qu'il restât des malheureux dans aucun des lieux honorés de sa présence e de son séjour ", par édit de 1748, assura une rente perpétuelle de 100 livres en faveur des pauvres de chacun des villages d'Heillecourt, Vandœuvre et Jarville.
APRÈS LA RÉVOLUTION
— Le découpage de circonscriptions ecclésiastiques délimita le territoire de la paroisse d'Heillecourt avec Jarville pour seule annexe.
Le 31 mars 1844, la chapelle de Bonsecours étant érigée en église succursale, Jarville dépendait alors de cette nouvelle paroisse avec comme nouveau curé Nicolas Jules Morel, officiellement nommé le 6 mai. Quelques jours plus tard, le conseil de fabrique était constitué. Jules Gouy, Maire de Jarville en faisait partie. Antérieurement à la séparation, la commune de Jarville participait au financement des réparations de l'église d'Heillecourt et versait une partie de l'indemnité de logement à Mr le Curé. Quelques mois après l'incorporation à la paroisse de Bonsecours, quelques démêlés se produisirent entre les municipalités d'Heillecourt et de Jarville. La première demandant à la seconde de continuer à financer des dégradations anciennes. Le 2 juin 1844, le conseil municipal de Jarville s'empressait de rejeter les prétentions du conseil municipal d'Heillecourt. BONSECOURS L'origine de Bonsecours remonte à l'époque de la Bataille de Nancy. Sur une éminence étaient campés les Bourguignons qui, le 5 janvier 1477, essuyèrent une cuisante défaite. Les morts furent enterrés à cet endroit.
LA CHAPELLE
Vue et perspective de la Chapelle des Bourguignons (source : La Lorraine Illustrée). Le 25 octobre 1484, il fut donné permission à frère Jean VILLEY DE SESSE d'ériger une chapelle avec une maisonnette pour sa demeure, de clore de murailles le lieu où les Bourguignons et gens de Charles le Téméraire avaient été ensevelis et de prier pour les trépassés.
Oratoire de bonsecours sous René II La modeste chapelle fut alors dénomée NOTRE DAME DE BONSECOURS. En 1498, le sanctuaire fut dédié par l'Évêque de Toul OLRY, sous le nom de NOTRE DAME DE LA VICTOIRE ET DES BOIS, mais le peuple l'appela toujours communément la chapelle des Bourguignons. Le 18 octobre 1609, le duc HENRI II donna l'administration de Bonsecours aux minimes qui installèrent un ermite. Bientôt l'oratoire devint insuffisant pour contenir la foule des fidèles de plus en plus nombreux. En 1629, CHARLES IV fit doubler la bâtisse. « Par dons et échanges, les minimes agrandirent leur domaine foncier autour de la chapelle. Plus tard au 18ème siècle, il s'accrut encore de quelques parcelles de terrain que les Jarvillois abandonnèrent gracieusement aux religieux le long du ruisseau. La communauté de Jarville leur donna également le droit d'établir une écluse sur le même ruisseau pour alimenter leur vivier.
En témoignage de leur gratitude, les minimes s'engagèrent à dire une messe chaque année pour les parents défunts des habitants de Jarville » (Extrait l'Église et le pélérinage de N.-D. de Bon Secours).
En 1703, fut enterré dans l'église de Bonsecours Marie Nicole de Baillivy, âgée de 32 ans, épouse de Jean-Baptiste de RENNEL, seigneur de Jarville. A l'avènement de Stanislas, l'église et le couvent de Bonsecours tombaient en vetusté.
L'ÉGLISE DE HÉRÉ
Le roi de Pologne fit édifier, par Héré, une nouvelle construction avec les pierres de démolition du château de la Malgrange. Sur la façade on réintégra les colonnades rapportées. Deux niches latérales accueillirent les saints patrons de Stanislas et de son épouse Catherine Opalinska. L'église achevée fut consacrée le 7 septembre 1741. Catherine Opalinska y fut ensevelie le 21 mai 1747, Stanislas le 3 mars 1766 (1) et le cœur de Marie Leszcinska, leur fille, déposé dans le même tombeau le 22 septembre 1768. En 1788, les Dames du Chapitre de Bouxières, ayant été autorisées à transférer leur maison à Bonsecours près des Minimes, firent construire à la suite de la chapelle, le chœur de leur église. Une large brèche fut pratiquée en conséquence. La révolution suspendit les travaux ; les ordres religieux furent expulsés, le caveau de Stanislas fut violé. Devenus biens nationaux, les bâtiments furent adjugés pour la somme de 100.000 frs sous la condition de rétablir le chœur de l'église, ouvert à tous les vents. Redevenue paroisse pour le faubourg Saint-Pierre, l'église de Bonsecours vit la réintégration, le 17 janvier 1807, des monuments funèbres de Stanislas et de sa famille, lesquels avaient été provisoirement déposés dans la rotonde de la Visitation en 1793. Le 25 mars 1941, près de l'église fut érigé un Chapitre collégial en faveur des prêtres du diocèse, infirmes ou trop âgés, pour vaquer aux soins ordinaires du Ministère.
________ (1) Le lundi 3 mars au soir, le convoi avec la dépouille mortelle du Roi de Pologne quitta Lunéville et arriva à Bonsecours à une heure du matin. Ce fut un spectacle grandiose que celui de ces magnificences funèbres se déroulant au milieu des ombres de la nuit, à la lueur des torches, à travers les campagnes puis dans les rues de Jarville et Nancy.
Mausolé de Stanislas
Mausolé de la Reine de Pologne
Bonsecours actuel
JARVILLE-LA-MALGRANGE A UN LIEU DE CULTE SUR SON TERRITOIRE
En 1875, la population de Jarville la Malgrange s'était accrue dans des proportions considérables et en raison de l'éloignement de l'église paroissiale, on songea pour faciliter aux habitants l'accomplissement de leurs devoirs religieux, à leur construire une chapelle de secours. Le projet vit le jour, grâce à la générosité de quelques personnes charitables, notamment Mlle Émilie Sommeillier-Carré, de Mr Albert Gouy de Bellocq Feuquières alors maire de Jarville, du comte de Lambel, du marquis de Vaugiraud. Mr Jules François Gouy et son épouse firent don, sur leur propriété de Renémont, d'un terrain de 13 ares 18 ca, au lieu-dit " AUX CANNETRICHES " pour la construction d'un oratoire public. Cette transaction fut enregistrée à Nancy, le 16 décembre 1876. Les travaux furent menés avec activité et le samedi 14 septembre 1878, jour de l'Exaltation de la Sainte-Croix, Mgr Foulon, Évêque de Nancy, bénissait la chapelle et la dédiait au SACRÉ CŒUR en présence d'un groupe considérable d'ouvriers venus en habit de travail, des usines voisines (Prôné par Saint Jean Eudes, le culte du Sacré-Cœur fut étendu à tout le rite romain par Pie IX en 1856. La fin du 19ème siècle vit l'érection du Sacré-Cœur de Montmartre et celui de Nancy. Juin est considéré comme le mois du Sacré-Cœur). La chapelle se composait uniquement de ce qui est la nef aujourd'hui avec deux sacristies à l'intérieur et un campanile au dessus du portail. Mr le Curé de Bonsecours se chargeait de la faire desservir, non sans difficultés : " Jarville est le boulet de ma paroisse, il n'y a presque rien à y faire ", disait de sainte mémoire l'Abbé Boulanger, curé de Notre Dame de Bonsecours. Les faits détrompèrent ce pessimisme. La chapelle, jadis trop grande devenait trop petite. Le 15 janvier 1898, Jarville la Malgrange était séparée de fait de Bonsecours et devenait un centre paroissial distinct. La population jarvilloise eut droit à son premier curé résidant à Jarville et ce fut Fulgence, Jean-Marie Stref qui présida aux destinées spirituelles de la communauté des fidèles. Tout était à créer : église, presbytère et même paroisse.
L'ÉGLISE ANNEXE DE JARVILLE-LA-MALGRANGE DEVIENT ÉGLISE PAROISSIALE
Le Conseil Municipal de Jarville, par délibérations en date des 13 mars 1898 et 4 juin 1899, sollicitait la création officielle de la paroisse de Jarville. Mais pour que l'oratoire soit érigé en paroisse de la commune de Jarville, il fallait mettre fin à un imbroglio juridique. L'arrêté préfectoral du 16 novembre 1876, en vertu duquel avait été acceptée la donation du terrain, s'étant avéré irrégulier, les héritiers de Mr et Mme Jules Gouy, à savoir Camille Albert Gouy de Bellocq - Feuquières et Marie-Louise, Henriette Gouy Vi-Comtesse de Chambrun durent faire en bonne et due forme, une nouvelle donation, laquelle fut enregistrée à Nancy le 25 février 1901. Le décret présidentiel du 15 aôut 1901, en son article premier, légalisa l'acte d'impédance : « L'église de la commune de Jarville, arrondissement de Nancy M. & M. est érigé en chapelle paroissiale. La circonscription de cette chapelle comprendra le territoire entier de la commune ». Consacrant à son tour l'impédance de l'église, Mgr Turinaz rendit son ordonnance qui fut lue en chaire dans les églises de Bonsecours et de Jarville, le dimanche 1er septembre. Aux termes d'un acte notarial, le 7 novembre 1901, le trésorier de la fabrique nouvellement créée et le maire de Jarville acceptèrent les donations de la famille Gouy. Encore chapelle plutôt qu'église… sans clocher et sans statue du Sacré-Cœur, le clocher sera inauguré en 1903. Le ruisseau du Fonteno dans le lit duquel est installé le lavoir passe sous la route au moyen d'un pont de 3 mètres de largeur.
LES LIMITES DE LA PAROISSE
Depuis la fondation de la paroisse en 1901, des changements sont intervenus. La paroisse n'épouse plus exactement les limites de la cité jarvilloise : elle ne commence qu'au passage à niveau qui coupe la rue de la République et mord à l'opposé sur le territoire de Laneuveville pour des questions de rationalité évidente quant à la proximité des églises pour les fidèles : En 1955, la nouvelle paroisse de Saint François d'Assise à Brichambeau a enlevé à celle de Jarville quelques catholiques des rues Poincaré et Émile Zola.- en 1965, les habitants des rues d'Alsace; Kéber, Impasse des Jardins, du début de la rue de la République, ainsi que les premiers numéros, côté pair de l'avenue de la Malgrange ont été rattachés à la paroisse Notre Dame de Bonsecours — un retour aux sources, en quelque sorte, à la paroisse mère.
L'ÉGLISE DU SACRÉ-CŒUR DE JARVILLE-LA-MALGRANGE
La petite chapelle était bien modeste. Le bulletin paroissial de janvier 1937 rappelle que les jarvillois de la fin du 19ème siècle étaient peu fiers. « Surtout, disaient ceux qui allaient mourir, ne faites pas passer mon corps par cette grange ». L'œuvre du curé fondateur. Bientôt, sous l'impulsion de son curé fondateur l'Abbé STREFF, l'humble chapelle se transformait au fil des ans, en un véritable édifice culturel. Elle s'enrichissait d'abord d'un portail monumental où un clocher à coupole surmonté de la statue du Sacré-Cœur s'érigeait entre deux petites chapelles à coupole. Le clocher de style romano byzantin, élégante reproduction du Sacré-Cœur de Montmartre était l'œuvre de Mr Rougieux, architecte à Nancy. La statue du Sacré-Cœur bénissant - dont de Melle Hortense Marchal - sortit de la fonderie de Mr Robert, rue Pichon à Nancy. C'est également les ateliers de Mr Robert qui produisirent la magnifique sonnerie de 4 cloches, lesquelles furent baptisées le dimanche 13 septembre 1903, en même temps qu'eut lieu l'inauguration du clocher. A 4 heures de l'après-midi, les cloches annonçaient à toute la paroisse que leur rôle était désormais commencé. Les 3 petites cloches fournies en 1898 se voyaient remplacées par quatre morceaux de bronze totalisant ensemble 4.700 kilos. La plus grosse - un vrai bourdon - retenait pour elle seule, 1900 kilos (donnant do dièse) — la 2ème 1300 kilos (donnant ré dièse) — la 3ème 950 kilos (donnant fa) — la 4ème 550 kilos (donnant sol dièse). L'église, ensuite, s'allongea pour recevoir un spacieux avant-chœur, un transept et unE abside romane. Sous cette nouvelle partie de l'église unE crypte était aménagée avec une chapelle pour les congrégations et des salles de réunion pour les œuvres paroissiales. Avec ces agrandissements, l'église comptait désormais 46 m. de long sur 13 m. de large, 10 m. de hauteur sous lambris et 662 m2 de superficie. Le transept large de 7 m. 50 avait une longueur de 28 m. Le dimanche 17 mars 1912, Mgr l'Évêque bénissait le grand et beau sanctuaire achevé. 420 croix, souvenir de ce jour, étaient distribuées. Quelques années auparavant, le zélé Curé Stref avait fait construire une grande salle de patronage et un presbytère. Ce dernier était antérieurement situé rue Varry (dénomée actuellement rue des 5 Frères Geller). L'autel dédié à Notre Dame des Ermites était terminée en 1913. Jeanne d'Arc est allée en pèlerinage à Saint-Nicolas de Port venant de Nancy; elle serait passée par Jarville. Un vitrail célébrant cet événement était apposé à l'église en 1913. La guerre apporta son cortège de destructions et les bombardements de 1918 endommagèrent l'église. Une torpille tombée dans le jardin du presbytère brisa la plus grande partie des vitraux occasionnant des dégâts pour 51.197 frs. Le sentiment religieux est pendant les guerres pour bon nombre d'hommes un refuge et un réconfort. La paroisse n'oubliait pas ses poilus et vice-versa : en octobre 1917, Mr le Curé et Mr l'Abbé avaient déjà répondu à 3.684 lettres! Peu après, la paroisse décidait de perpétuer le souvenir des morts de 1914-1918. Un premier tableau des morts recevait les noms des Enfants de Jarville morts en héros, lequel en 1932 était remplacé par un autre constitué de plaques de marbres de Carare. En 1923, on décidait de placer sous le grand vitrail de l'Assomption de la Sainte Vierge, dans le transept de gauche, un autel dédié à la BIENHEUREUSE THÉRÈSE DE L'ENFANT JÉSUS. La canonisation de la Sainte, en 1925, coïncida avec la mise en place de l'autel. Aux pieds de la statue furent logés deux anges adorateurs, œuvre du sculpteur Desvergnes, grand prix de Rome. La cérémonie de la bénédiction fut programmée pour le 20 septembre, dimanche précédent le jour de la fête de la nouvelle Sainte, fixé par le Pape au 30 septembre. Tous les assistants reçurent un souvenir. C'est à cette occasion qu'étaient mis en marche pour la première fois, quatre autosonneurs, appareils destinés à mouvoir les cloches. Cette installation simplifiait grandement la tache des personnes chargées de leur sonnerie et obligées de faire l'ascension du clocher. Tous les travaux de boiserie, chaire, autels de l'église ont été accomplis par Mr Boyon, ébéniste jarvillois. A sa mort survenue le 11 décembre 1926, le Chanoine STREF curé-fondateur était inhumé dans l'église à titre d'hommage public.
L'ŒUVRE DE CONSTRUCTION SE POURSUIT
Le nouveau curé, l'abbé BIRCKEL prenait ses fonctions en février 1927 et poursuivait, pendant 24 ans, l'œuvre entreprise si bien commencée par son prédécesseur : C'est ainsi que le petit orgue à cinq jeux était remplacé par un orgue en comptant 20, que le chauffage central était installé, que la nef était remise à neuf et que le dispensaire était créé. Construit sur le petit jardin, derrière l'église, en 1938, sa gestion était confiée aux Petites Sœurs de la Providence. L'église présentait désormais aux regards, une façade symétrique avec les deux annexes en encadrement — les salles d'œuvres Saint-Joseph et Saint-Paul : Rasée complètement, la vétuste salle de pmatronnage Saint-Joseph faisait place à une autre en 1933, répondant mieux aux nouvelles exigences. La salle Saint-Paul, avant et après le second conflit mondial, abritait la salle de gymnastique et pendant la guerre la cantine scolaire. Sa façade était ramenée au niveau du clocher en 1948. L'autel dédié au « CURÉ D'ARS » était érigé en 1939. Les années d'après guerre virent les indispensables travaux de réfection de modernaisation et d'entretien. En 1955, le clocher était remis en état pour braver victorieusement pluies et tempêtes. En 1957, la Maison Gény de Nancy faisait de gros travaux aux cloches. La même année, la mise en place d'une horloge électrique permettait de commander l'horloge du clocher depuis la sacristie. Auparavant, une personne devait faire l'ascension du clocher (6 ou 7 étages) pour remonter la pendule. L'électrification était réalisée en 1960 et avec le renouveau liturgique préconisé par Vatican II, des transformations intérieures étaient opérées quant à la position de la chaire, de l'autel, etc. Les lampadaires inutiles depuis l'électrification étaient enlevés ainsi que la grille séparant les fidèles des officiants.
Fulgence, Jean-Marie STREF Paul Eugène BIRCKEL Paul Émile Henry DEBEVER André COLIN Claude Mey jusqu'en 1927 1951 1971 1980 1926 1951 1971 1980
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LE CURÉ FONDATEUR
Fulgence, Jean-Marie Stref Né le 5 avril 1862 à Morey, ordonné prêtre le 23 août 1885. Professeur à l'École Saint-Sigisbert (1885) — vicaire à Saint-Laurent de Pont à Mousson (1889) — curé de Jarville (1898) — chapelain de la Cathédrale (1919) — chanoine honoraire (1923). Il demeura à Jarville jusqu'à sa mort survenue le 11 décembre 1926 e fut enterré dans son église. Le mercredi 15 décembre 1926, la paroisse de Jarville rendait les devoirs funèbres à M. le Chanoine Stref, Curé-fondateur de la paroisse, à laquelle il se dévoua pendant vingt huit années jusqu'à l'épuisement complet de ses forces.
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Extrait du bulletin paroissial (Janvier 1927) Quelques traits, qui rappelleront à ceux qui l'ont connu, une physionomie sacerdotale singulièrement attachante et édifiante. Mgr Turinaz avait chargé l'Abbé Stref de fonder une paroisse à Jarville, qu'il voulait détacher de Bonsecours. C'était une entreprise difficile et délicate. Sous l'impulsion de ce curé l'humble chapelle subit une transformation merveilleuse. L'Abbé Stref ne se contenta point de bâtir, il consacra tous ses efforts à élever cet édifice spirituel, complexe et vivant que forme une grande paroisse moderne. A son ardeur intrépide, répondirent les sympathies d'une population ouvrière heureuse de voir qu'on s'occupait d'elle. On vit successivement germer et fleurir les confréries religieuses, il apportait partout avec sa chaude parole et son joyeux sourire, l'entrain et la confiance. Il se plaisait surtout avec les jeunes gens et les hommes. Il ne manquait pas une réunion du soir et s'attardait volontiers avec ces ouvriers qui se sentaient honorés par la conversation du prêtre. De là venait la popularité de bon aloi dont il jouissait à Jarville… F. Ségault
Notes et références
- ↑ Accéder à la présentation de l'ouvrage sur le site du Musée lorrain.
- ↑ M. Durival l'aîné, Description de la Lorraine et du Barrois, Vve Leclerc, 1779. L'édition consultable sur Google Books de cet ouvrage mentionne Jarville et non Geirville.
- ↑ Ni dans l'édition de Le département de La Meurthe : statistique, historique et administrative, Volume 1, Peiffer, 1845, ni dans le Dictionnaire géographique de la Meurthe, Nancy, 1860, ni dans le Dictionnaire topographique du département de la Meurthe, Paris, Imprimerie impériale, 1862 ne figure l'indication d'un quelconque Jarcivilla.