Histoire Nancy (1811) Lionnois/Palais ducal/Porterie

De Wicri Histoire de la Lorraine
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Cette page reprend en fait la note de la page 44.

Avant-propos

Le texte a été légèrement modernisé.

Il a été enrichi par des images cliquables qui ne font pas partie du texte original. Quelques sauts de paragraphes ont été introduits pour faciliter le positionnement des images par rapport au texte.

La porterie du Palais

Histoire Nancy (1811) Lionnois, tome 1, f66.jpg[44]

Cette Porterie est la plus belle Porte de la Cour qui subsiste encore dans la grande rue, vis-à-vis la Place Saint Epvre, et sur laquelle est la statue équestre du duc ANTOINE[NDLR 1]. Nancy Palais Ducal Antoine 01.jpg Cette Porte cintrée a deux pilastres gothiques chargés de trophées d'armes. Le Prince est placé dans une niche fort profonde, accompagné de divers ornements ; il tient l'épée nue et a le bras élevé couvert de son brassard, qui se découvre sous la manche de sa cotte d'armes en forme de tunique richement brodée, et semée de croix de Lorraine et de quadruples C entrelacés , avec cette devise en plusieurs endroits : J'espère avoir. Cette devise particulière au duc ANTOINE, ne laisse aucun lieu de douter que ce ne soit sa statue. Le cheval qui paroît galopper et franchir un rocher escarpé, a sous les pieds de devant un chardon tigé et feuillé comme celui des armes de Nancy. Il est superbement enharnaché et caparaçonne , portant les mêmes ornements Nancy - Porterie du Palais des Ducs de Lorraine (10459606356).jpg que la cotte d'armes du Prince.

Sur cette niche il en est une autre moins profonde dans laquelle se voit l'écu de Lorraine aux armes pleines , telles que les portoit encore le duc ANTOINE , c'est-à-dire, avec les quatre royaumes en haut et 'les seuls duchés d'Anjou et de Bar en bas. ayec le casque et ses lambrequins, la couronne Ducale , et pour cimier un aigle couronné.

Histoire Nancy (1811) Lionnois, tome 1, f67.jpg[45] Sur l'ornement qui enferme cet écu , s'élève une tige , à laquelle est attaché d'un côté un génie qui donne du corps , et de l'autre un aigle qui tient dans ses serres et dans son bec une trompette antique. Depuis la couverte ou corniche de la Porte , aux extrémités , s'élèvent deux pilastres placés sur une aiguille quadrangulaire , dont un des angles sépare chacun des pi- lastres en deux parties , qui sont terminées par des ornemens goti- ques , et finissent au niveau de la corniche de la toiture du bâtiment. Du côté des Cordeliers , sur la première partie de ce pilastre , est placée une chaire , et dans cette chaire un bœuf très-bien fait ; sut la seconde partie est un aigle ; du côté de la petite Carrière , sur la première partie de l'autre pilastre , toujours dans la direction de la corniche du bâtiment, on voit un homme assis le coude appuyé sur le genou, et soutenant sa tête de sa main ; sur la seconde partiel est un lion accroupi. L'aiguille quadrangulaire s'élève fort au-dessus de la corniche ; celle qui est du côté des Cordeliers est brisée en partie ; celle qui est du côté de la petite Carrière est terminée par un très-beau lion. Au-dessus de la seconde niche il y a une espèce de balcon , surmonté d'un quarré divisé en quatre parties par une Croix de pierre. Les deux supérieures sont remplies des tètes coëffées selon le costume des guerriers du temps des ducs RENE et ANTOINE, qui ont fait faire cet ancien Palais. Une vaste coquille et une pira- mide font le dernier ornement de ce portail.

La porte et l'ours Masco

Palais Ducs Lorraine - Nancy (FR54) - 2022-02-26 - 6.jpg A côté de cette grande porte il en est une petite, au-dessus de laquelle deux génies soutiennent l'écu de Lorraine, aux mêmes armes, qui sont sur la porte principale. Sur une tige fleuronnée est assis un singe habillé en Moine, avec le capuce et le scapulaire, et tenant un livre d'une main sur son genou. On prétend que le sculpteur mécontent d'un Religieux, fit cette figure pour s'en venger. A chaque coté de la porte principale est un balcon terminé en cul-de-lampe, et soutenu, d'un côté par deux monstres marins, moitié hommes et moitié poissons, de l'autre par deux hommes forts et. rigoureux, qui paraissent souffrir du fardeau qu'ils portent.

Le peuple appelle cette porte que nous venons de décrire, la Porte Masco, parce que sous cette porte était placée la huche de l'Ours du duc Léopold, nommé Masco. On sait que depuis RENÉ II, les ducs de Lorraine ont toujours entretenu à leur Cour, un Ours, en reconnaissance du service que le Canton de Berne, qui porte l'effigie de cet animal dans ses armes, rendit à ce Prince, en pressant efficacement les autres Suisses à lui donner du secours contre le duc de Bourgogne.

« Ce Prince, dit la Chronique, étant à Zurich , avoit avec luy ung Ours qui toujours le suivoit, quand au Conseil venoit. Ledict Ours quand à l'huis (la porte ) vint, commence à gratter, comme s'il vouloit dire, laissez-nous entrer ; les dictz du Conseil lui ouvrirent. Le Duc moult humblement les salua ; grande révérence firent audiet Prince. Le maistre Eschevin à tous a demandé Histoire Nancy (1811) Lionnois, tome 1, f68.jpg[46]si c'étoit de par eux ce qu'il diroit.au duc RENÉ. Tous ont répondu que ouy, c'est leur volonté. Adoncq a dict : Monsieur, ne vous esbachissez, secours nous vous voulons donner, et au plus bref que nous pourrons. Le Duc tout réjouy fust , leur remercia fort gracieusement. »

Pendant l'hiver de 1709 , un petit Savoyard, Brehm oursmasco.jpg mourant de froid dans la grange où une bonne femme le couchait avec quelques—uns de ses camarades, s'avisa d'entrer un soir dans la huche de Masco, ne pensant pas au danger qu'il pouvait courir, en se livrant à la mercy de l'hôte qui l'occupait. Masco, bien loin de faire" aucun mal à cet enfant , pour le réchauffer, le prit entre ses pattes et le serra près de sa poitrine jusqu'au lendemain matin , qu'il lui laissa la liberté d'aller courir la Ville. Le savoyard retourna le soir à la huche , et fut reçu avec la même affection. Les jours suivans il n'eut pas d'autre retraite ; mais il fut bien plus joyeux de voir que l'Ours lui avoit réservé une partie de sa portion. Plusieurs jours se passèrent sans qu'on s'apperçùt de rien. Un jour que le valet vint apporter le souper de son maître plus tard qu'à l'ordinaire , il fut fort étonné de voir l'animal rouler des yeux furieux, et lui indiquer de faire moins dé bruit, de peur d'éveiller un en- fant qu'il tenoit sur sa poitrine. L'animal fort glouton ne parut au- cunement touché des mets qu'on lui présentoit. La nouvelle s'en ré- pandit bientôt à la Cour , et parvint aussitôt aux oreilles de LÉOPOLD, qui voulut être témoin . avec une partie de ses courtisans, de l'acte de générosité de Masco. Plusieurs y passèrent la nuit , et virent avec surprise que cet Ours ne remua pas tant que son hôte put dormir. Au point du jour l'enfant éveillé fut fort honteux de se voir dé- couvert , et craignant d'être puni de sa témérité , demandoit pardon. L'Ours le caressoit , et l'engageoit à manger ce qu'on lui avoit ap- porté la veille ; ce qu'il fit sur l'invitation des spectateurs qui lé conduisirent au Prince. Ayant appris cette singulière alliance , et le temps qu'elle avoit' duré , il prit soin de ce petit Savoyard , qui , sans doute , auroit fait fortune , si la mort ne l'eût enlevé peu de temps après.


Voir aussi

Notes de la rédaction
  1. La description qui suit est relative à la statue initiale (qui a été détruite pendant la révolution) et non à celle qui a été réalisée en 1850 et actuellement visible.