Romania (1933) Ewert
L'accident du vers 2242 de la Chanson de Roland
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Sommaire
L'article d'Alfred Ewert
81 Tous ceux qui se sont occupés du texte d'Oxford se rappellent la transposition du vers 2242, que M. Bédier qualifie d'accident inexpliqué '. Je crois qu'on peut en donner une explication, et beaucoup plus simple que celle qu'en donne M. Ch. Sama¬ ran dans sa précieuse étude paléographique sur le manuscrit Digby 23 2. Le raisonnement de M. Samaran, qui a le tort de n'expliquer qu'à demi cet étrange accident, l'amène à émettre l'opinion qu'il y avait peut-être «de véritables ateliers de scribes en train d'exécuter des copies de la Chanson sur des modèles formés, comme le voulaient l'usage, la commodité et la rapidité du travail de cahiers non cousus ensemble ». Cette hypothèse nous semble très plausible, mais l'accident du vers 2242 lui est d'un faible appui.
On se rappelle les faits : le vers 2242 (Moi\ est Turpin le guerreier Charlun ), qui devrait être le dernier du feuillet 40 verso, a été inséré par le copiste après le vers 1823 et se trouve ainsi être le dernier vers du feuillet 33 recto. Ces deux feuillets constituent la feuille double extérieure du cinquième cahier. Il nous sçmble évident que le copiste, ayant rempli ce cahier, à l'exception du dernier vers du feuillet 40 verso (= v. 2242), a interrompu son travail pour une raison quelconque ; ce sera, si l'on veut, parce que le vers 2241 était le dernier d'un cahier non relié de son modèle, et que le copiste a dû pour lire 2242 et la suite prendre le cahier suivant. En reprenant son travail, le copiste se seta bien rappelé qu'un vers manquait toujours à la dernière page du cahier (depuis le commencement du cahier il n'avait pas manqué une seule fois d'écrire 28 vers à la page),
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