Chanson de Roland (1922) Bédier/Page 72

De Wicri Chanson de Roland
< Chanson de Roland (1922) Bédier
Révision datée du 1 décembre 2024 à 15:46 par Jacques Ducloy (discussion | contributions) (Jacques Ducloy a déplacé la page Chanson de Roland (1922) Bédier/page 72 vers Chanson de Roland (1922) Bédier/Page 72)
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)

Le document original

La chanson de Roland (1922) Bédier I. A. page 72.jpg La chanson de Roland (1922) Bédier I. A. page 73.jpg

Transcription

 

905Carles li magnes velz est e redotez :
Recreanz ert de sa guerre mener,
Si nus remeindrat Espaigne en quitedet. »
Li reis Marsilie mult l’en ad merciet. AOI.

affranchie. » Le roi Marsile lui rend maintes grâces.

 
LXXIII

Uns almaçurs i ad de Moriane ;
910N’ad plus felun en la tere d’Espaigne.
Devant Marsilie ad faite sa vantance :
« En Rencesvals guierai ma cumpaigne,
.XX. milie ad escuz e a lances.
Se trois Rollant, de mort li duins fiance.
915Jamais n’ert jor que Carles ne se pleignet. » AOI.

LXXIII

Un almaçour est là, de Moriane : il n’y a pas plus félon sur la terre d’Espagne. Devant Marsile il fait sa vanterie : « A Roncevaux je conduirai ma gent, vingt mille hommes, portant écus et lances. Si je trouve Roland, il est mort, je lui en jure ma foi : chaque jour Charles en dira sa plainte. »

 
LXXIV

D’altre part est Turgis de Turteluse,
Cil est uns quens, si est la citet sue.
De chrestiens voelt faire male vode,
Devant Marsilie as altres si s’ajustet,
920Ço dist al rei : « Ne vos esmaiez unches !
Plus valt Mahum que seint Perre de Rume :
Se lui servez, l’onur del camp ert nostre.
En Rencesvals a Rollant irai juindre,
De mort n’avrat guarantisun por hume.
925Veez m’espee, ki est e bone e lunge :
A Durendal jo la metrai encuntre ;
Asez orrez laquele irat desure.
Françeis murrunt, si a nus s’abandunent ;
Carles li velz avrat e deol e hunte.
930Jamais en tere ne porterat curone. »

LXXIV

D’autre part voici Turgis de Tortelose : il est comte et la cité de Tortelose est sienne. Aux chrétiens il souhaite male mort. Il se range devant Marsile près des autres et dit au roi : « Ne craignez rien ! Plus vaut Mahomet que saint Pierre de Rome. Si vous le servez, l’honneur du champ nous restera. À Roncevaux j’irai joindre Roland : nul ne le garantira contre la mort. Voyez mon épée, qui est bonne et longue. Contre Durendal je veux l’essayer. Laquelle aura le dessus ? Vous l’entendrez bien dire. Les Français périront, si contre nous ils s’aventurent. Charles le Vieux en aura douleur et honte. Jamais plus sur terre il ne portera la couronne. »