La Chanson de Roland/Léon Gautier/Édition populaire/1895/Partie 1/Saragosse : Différence entre versions
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La Chanson de Roland Vingt-deuxième édition Édition populaire - 1895 Préface - Introduction - Traduction et commentaires - Éclaircissements - Appendices |
Cette page introduit le premier chapitre de la première partie de La chanson de Roland, édition populaire, publiée en 1895.
Conseil tenu par le roi Marsile
Sommaire
- 1 Les couplets (laisses)
- 2 Notes originales
- 2.1 1. Charles
- 2.2 1. Notre grand empereur
- 2.3 7. Marsile
- 2.4 8. Mahomet
- 2.5 9. AOI
- 2.6 14. À ses ducs, à ses comtes
- 2.7 16. France la douce
- 2.8 31. Mille auteurs qui aient mué.
- 2.9 36. En France à Aix.
- 2.10 37. A la fête de saint Michel.
- 2.11 52. A sa chapelle d'Aix.
- 2.12 58. La vie
- 2.13 62. Couplets similaires
- 3 Voir aussi
Les couplets (laisses)
I
Charles le roi, notre grand empereur, | |
Sept ans entiers est resté en Espagne ; | |
Jusqu’à la mer, il a conquis la haute terre. | |
Pas de château qui tienne devant lui, | |
5 | Pas de cité ni de mur qui reste encore debout. |
Hors Saragosse, qui est sur une montagne. | |
Le roi Marsile la tient, qui n’aime pas Dieu, | |
Qui sert Mahomet et prie Apollon ; | |
Mais le malheur va l’atteindre : il ne s’en peut garder. [AOI] |
II
10 | Le roi Marsile était à Saragosse. | |
Il est allé dans un verger, à l'ombre; | ||
Sur un perron de marbre bleu se couche ; | ||
Autour de lui sont plus de vingt mille hommes. | ||
Il adresse alors la parole à ses ducs, à ses comtes : | ||
15 | « Oyez, seigneurs, » dit-il, « le mal qui nous accable : | |
« Charles, l'empereur de France la douce, | ||
« Pour nous confondre est venu dans ce pays. | ||
« Plus n'ai d'armée pour lui livrer bataille ; | ||
« Plus n'ai de gent pour disperser la sienne. | ||
20 | «Comme mes hommes sages, donnez- moi un conseil | |
« Et préservez-moi de la mort, de la honte. » | ||
Pas un païen, pas un qui réponde un seul mot , | ||
Hors Blancandrin, du château de Val-Fonde. [AOI] |
III
Blancandrin, parmi les païens, était l'un des plus sages, | |
25 | Chevalier de grande vaillance, |
Homme de bon conseil pour aider son seigneur : | |
« Ne vous effrayez point, dit-il, au Roi. | |
« Envoyez un message à Charles, à ce fier, à cet orgueilleux ; | |
« Promettez-lui service fidèle et très grande amitié. | |
30 | « Faites-lui présent de lions, d'ours et de chiens, |
« De sept cents chameaux, de mille autours qui aient mué ; | |
« Donnez-lui quatre cents mulets chargés d'or et d'argent , | |
« Tout ce que cinquante chars peuvent porter. | |
« Bref, donnez-lui tant de besants d'or pur, | |
« Que le roi de France enfin puisse payer ses soldats. | |
35 | « Mais il a trop longtemps fait la guerre en ce pays |
« Et n'a plus qu'à retourner en France, à Aix. | |
« Vous l'y suivrez, — direz -vous, -- à la fête de saint Michel. | |
« Et là, vous vous convertirez à la foi chrétienne, | |
« Vous serez son homme en tout bien, tout honneur. | |
40 | « S'il exige des otages, eh bien! envoyez-en |
« Dix ou vingt, pour avoir sa confiance. | |
« Oui, envoyons-lui les fils de nos femmes. | |
« Moi, tout le premier, je lui livrerai mon fils, dût-il y mourir. | |
« Mieux vaut qu'ils y perdent la tête | |
45 | « Que de perdre, nous, notre seigneurie et notre terre , |
« Et d'être réduits à mendier. » | |
El les païens de répondre : « Nous vous l'accordons volontiers. » Aoi. |
IV
« Par ma main droite que voici, » dit Blancandrin, |
V
Le conseil de Marsile est terminé. |
VI
Le conseil de Marsile est terminé. |
VII
Marsile lit alors amener dix mules blanches | |
90 | Que lui envoya jadis le roi de Sicile. |
Notes originales
1. Charles
Au moment où s'ouvre l'action du Roland, le Charlemagne de la légende est maître de toute l'Espagne du nord : et c'est la seule que connaissent nos épiques. Un poème du commencement du XIVe siècle, mais qui a des racines dans la tradition, la Prise de Pampelune, nous raconte la prise de Pampelune par les français de cette ville, du Groïng (Logrono) et de la Stoille (Estella) puis celle de Tudèle, de Cordoue, de Charion, de Saint-Fagon, de Masele, de Léon et d'Astorga. Un autre poème (du XIIe siècle, mais moins traditionnel et qui n'a aucun lien avec le Roland), Gui de Bourgogne, nous fait assister à la conquête imaginaire de Carsaude, de Montorgueil , de Montesclair, de la tour d'Augorie, de Maudrane et de Luiserne. Bref, il ne reste alors devant Charlemagne qu'un seul adversaire en Espagne, c'est Marsile, et une seule ville à emporter, c'est Saragosse. = L'histoire est plus modeste que la légende. En 778, Charles conduisit, en effet, une expédition en Espagne. 11 passa les Pyrénées, s'empara de Pampelune, mais échoua, semble-t-il, devant Saragosse. et conquit seulement le pays jusqu'à l'Èbre. C'est au retour de celle expédition qu'eut lieu le grand désastre de Roncevaux. (Éginhard, Vita Caroli, ix ; Annales faussement attribuées à Egin- hard, année 778: l'Astronome limousin, Vita Hludovici, dans les Scriptores de Pertz, m, 608, etc.)
1. Notre grand empereur
7. Marsile
8. Mahomet
L'auteur du Roland ne connaissait pas l'islamisme et s'imaginait, avec nos autres poètes, que les Sarrasins adoraient des idoles, tout comme les Grecs et les Romains. Les trois principales idoles des infidèles au- raient élé ; d'après nos Chansons de geste, Mahom (Mahomet), Apollin (Apollon), Tervagan (?); et c'est ainsi que nos pères mettaient sur le compte du mahométisme toutes les erreurs des paganismes anciens.
9. AOI
Cette notation esl demeurée inexpliquée. 11 est inadmissible qu'aoi soit pour avoi, lequel viendrait d'ad viam et signifierait: « Allons en route. ».
Il suffit, pour renverser cette opinion de M. Génin, de remarquer qu'ad viam aurait donné dans notre dialecte, non pas avoi, mais à veie.
C'est à tort que M. Michel a d'abord 'assimilé ce mot à notre euouae liturgique {saeculorum amen), et plus tard « au saxon abeg ou à 1'anglais away. exclamation du jongleur pour avertir le ménétrier que le couplet finit ».
M Alex, de Saint-Albin traduit AOI par « Dieu nous aide » et y voit (!) le verbe «adjuder » ; mais on trouve, dans la Chanson, que les formes ait et aiut venant du subjonctif adjuvet.
Une troisième opinion de M. Michel vaut mieux que les deux premières : « Aoi, suivant lui, serait un neume. Les neumes sont, comme on le sait la notation musicale qui a précédé la notation, sur portée ou notation guidonienne. Mais cette théorie n'a encore été appuyée d'aucune preuve.
Le mot aoi ne peut, suivant nous, être expliqué que comme une interjection analogue à notre ohé! Ahoy est encore eu usage dans la marine anglaise., où l'on dit : Boat ahoy, comme nous disons Ho, du canot.
14. À ses ducs, à ses comtes
Nos poètes qui n'avaient aucune connaissance réelle des institutions des peuples musulmans, et qui d'ailleurs n'avaient pas le moindre sentiment de la couleur locale, prêtent aux infidèles la même organisation politique qu'aux chrétiens.
Ils leur attribuent les mêmes lois, les mêmes usages, les mêmes costumes, etc.
16. France la douce
31. Mille auteurs qui aient mué.
Des faucons ont plus de prix après avoir fait leur mue, qui est une véritable maladie, parfois mortelle. Cf. Frédéric II, Liber de Venatione, xlvi , el Ducange . .m mol Muta.
36. En France à Aix.
37. A la fête de saint Michel.
52. A sa chapelle d'Aix.
58. La vie
62. Couplets similaires
Voir aussi
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