Romania (1882) Paris (465)

De Wicri Chanson de Roland

Le Carmen de prodicione Gueronis et la légende de Roncevaux


 
 

   
Titre
Le Carmen de prodicione Gueronis et la légende de Roncevaux
Auteur
Gaston Paris,
In
Romania (revue), n°253, 1882. pp. 465-334.
Source
Gallica,
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k160207/f470.item

L'article

Le poème latin qui est ici publié pour la seconde fois se trouve aux folios 152-155 du manuscrit cottonien Titus. A. XIX du Musée britannique. Ce manuscrit, qui n'est que du XVe siècle, contient un grand nombre de morceaux latins en prose et en vers.

La première édition du Carmen a été donnée en 1837 par M. Francisque Michel, aux pages 228 et suivantes de sa publication de la Chanson de Roland. Un assez grand nombre des fautes de cette édition se laissait corriger sans peine  ; mais d'autres n'ont pu être connues ou réparées que par la comparaison du manuscrit  : cette comparaison a été faite pour moi une première fois par P. Meyer et une seconde fois, sur les épreuves de mon édition, par M. H. L. D. Ward, du British Muséum, dont bien d'autres que moi ont éprouvé l'obligeance, et dont trop peu ont pu apprécier le rare savoir  ; je le prie d'a{.;réer tous mes remerciements. Le manuscrit lui-même n'est pas irréprochable  ; mais parfois on est tenté de croire à une erreur de copiste là où il n'y a qu'une bizarrerie du poète. J'ai remédié, quand je l'ai pu, aux fautes que j'ai cru reconnaître  ; en plus d'un passage j'ai dû me borner à confesser que je ne comprenais pas le texte, sans être en état de l'améliorer.

Le poème me paraît appartenir à la première moitié du XIIe siècle  ; il a le style et la versification de cette époque, ce qui n'est pas à son éloge. Je n'insisterai pas sur l'appréciation de sa valeur  ;\ ce point de vue  : ce n'est pas par là qu'il nous intéresse. Avec son langage contourné et ses puérils tours de force, il n'en parait pas moins avoir suivi très fidèlement l'original français qu'il avait sous les yeux ou dans la mémoire. Il nous représente, non pour la forme, mais pour le fond, une chanson de geste sur le désastre de Roncevaux qui n'était pas assurément celle qui nous est parvenue. C'est par là que l'œuvre mérite d'être étudiée et c'est par là que je l'étudierai.

Je n'ai mis au bas du texte que quelques notes pour expliquer les passages particulièrement obscurs, signaler ceux que je ne comprends pas du tout et relever un très petit nombre de particularités de langage.

Les leçons du manuscrit qui ont été corrigées sont communiquées au pied du texte  ; quand il n'y a pas d'indication contraire, la première édition est conforme au manuscrit. Les leçons précédées de M sont propres à l'édition princeps et ne se trouvent pas dans le manuscrit.

Le poème

Incipit prologus in bello de Runcevalle (f° 153 r°)
Condita pro donis fraus hic manifesta Guenonis,
     Per quam decepit Gallos cum dona recepit.
 
Incipiunt versus de bello.
Rex Karolus, clipeus regni, tutela piorum,
Contemptor sceleris, sanctio juris erat  ;
5 Marte férus, stirpe presignis, corpore prestans,
Mente pius, rébus faustus, honore potens.
Talem, tam magnum, tam mirum, mirificabant
Gloria, fama, decus, maxima, digna, decens  :
Summa sit hoc laudis, sitfame, quod sua fama,
10 Quod sua laus fama sit mage, laude raagis.
Hispanis minitans regno successit eorum  ;
Idem miliciis evacuavit idem  ;
Adnichilans regnum regni rex adnichilavit
Vi populos, bello castra, rogoque domos.

Voir aussi

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