Roland ou La chevalerie (1845) Delécluze/Tome I/Préface

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Préface

Roland ou la chevalerie (1945) Lécluze Gallica T1 page f8.jpg[VII] Sous le titre de Roland ou la Chevalerie, j'offre aujourd'hui le sujet qui ouvre la série de ceux, dont se composera l'ensemble de l'ouvrage que j'ai entrepris sur la renaissance des lumières et de la civilisation en Europe.

Entre les diverses institutions dont le concours a donné aux moeurs de l'Europe moderne le caractère qui leur est propre, l'une des plus anciennes et, sans aucun doute, la plus étrange et la plus vivace, est la chevalerie. Son action a commencé à se faire sentir dès la fin du onzième siècle, et elle influe encore aujourd'hui sur nos lois, sur nos mœurs et nos littératures.

Les préjugés chevaleresques sont, à l'égard de l'Europe, ce que l'accent d'un dialecte provincial est pour les personnes élevées loin des capitales : une habitude, devenue une seconde nature, que la volonté et l'art répriment et adoucissent, sans pouvoir l'anéantir jamais.

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Roland ou la chevalerie (1945) Lécluze Gallica T1 page f16.jpg[XV]

agréables à l'esprit ; mais ce que je désire surtout, c'est qu'en combattant des erreurs dangereuses, comme l'ad- miration vague pour la chevalerie, et en mettant dans tout son jour, un préjugé funeste tel que le duel, je puisse contribuer à éclairer quelques esprits et à faire disparaître ce qui reste encore de cruel et de barbare dans nos moeurs.

J'ai cru reconnaître, par ma propre expérience, que les citations tronquées interrompent plutôt les opéra- tions de l'esprit du lecteur, qu'elles ne les facilitent. Aussi, dans mon premier volume, n'ai-je mis à mon texte que des notes courtes, et quand elles sont tout à fait indispensables ; quant au second, il ne renferme que des pièces justificatives, mais qui, j'en suis cer- tain, seront lues avec autant d'intérêt que de plaisir.

On y trouvera d'abord la Chanson de Roland, ou le poème de Roncevaux, du trouvère Turold. Cet impor- tant et bel ouvrage, cité fréquemment par Ducange, signalé par Thomas Tyrwhitt dans une note sur le 43 711e vers des contes de Canterbury, de Chaucer, de- vint, en 1832, l'objet des études de M. H. Monin, élève de l'école normale ; ce jeune savant publia alors une excellente dissertation sur le poëme de Roncevaux, dont il fit ressortir l'importance et les beautés. Enfin, en 1837, M. Francisque Michel, l'un de nos plus savants éditeurs, a donné, pour la première fois, le texte de ce poème intéressant, imprimé en entier.

On estime que ce livre a été écrit dans les premiè- res décades du douzième siècle, ce qui fait que la lec- ture en est trop difficile pour qu'elle laisse saisir tout à la fois les détails, en suivant rapidement la mar- che de l'action. J'en donne donc une traduction